DĂ©truire le capitalisme avant quâil ne nous dĂ©truise (Ă propos de Lubrizol) | FrĂ©dĂ©ric Lordon
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On se croyait en start-up nation. On se retrouve Ă Tchernobyl. Quâen un instant tout le glamour de pacotille de la Station F et des Ă©crans tactiles sâĂ©croule pour faire revenir dâun coup des images dâURSS nâaura pas Ă©tĂ© le moindre des paradoxes de lâexplosion Lubrizol. Il faut pourtant sây rendre : des pompiers envoyĂ©s en toute mĂ©connaissance de ce qui les attendait, avec pour tout Ă©quipement « spĂ©cial » de pauvres masques de bricolage pareils Ă ceux des manifestants, Ă piĂ©tiner des heures dans la sauce qui troue les bottes et leur promet des pieds comme des choux-fleurs — et tout ceci, parfaite ironie, alors que la sĂ©rie Chernobyl venait de remporter un succĂšs de visionnage bien fait pour consolider la commisĂ©ration rĂ©servĂ©e aux rĂ©gimes soviĂ©tiques et le sentiment de supĂ©rioritĂ© capitaliste (au prix tout de mĂȘme de devoir oublier que Tchernobyl Ă©tait en sandwich entre Three Miles Island et Fukushima).
Mais plus encore que les bottes et les masques, il y a le mensonge, le mensonge Ă©norme, le mensonge partout, sans doute le propre des institutions en gĂ©nĂ©ral, mais la marque de fabrique de ce gouvernement qui, en tous domaines, lâaura portĂ© Ă des sommets inouĂŻs. Jusquâau stade de la rodomontade obscĂšne : si elle avait Ă©tĂ© rouennaise, nous assure Sibeth Ndiaye, « elle serait restĂ©e ». On croirait entendre un secrĂ©taire rĂ©gional du PCUS dâUkraine juste avant de fourrer dâurgence sa famille dans un autocar — mais les images de CRS en masque Ă gaz pendant que le prĂ©fet assurait de la parfaite normalitĂ© de la situation avaient dĂ©jĂ tout dit...
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