• « Charlie Hebdo » sourd au rap et aux cités - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/12/16/charlie-hebdo-sourd-au-rap-et-aux-cites_966955

    Dans un montage vidéo l’opposant à l’un des interprètes du morceau, Disiz, le directeur de Charlie Hebdo, Charb, dénonçait une chanson « communautariste, fasciste » réalisée par des rappeurs « branleurs millionnaires ». Face à lui, Disiz défendait la liberté d’expression au nom de « sa carte de rappeur ».

    L’incompréhension manifeste entre les deux personnages peut être lue comme la cristallisation d’une #rupture_sociale et politique plus large entre certaines élites médiatiques et politiques de gauche d’un côté, et l’univers social et culturel de référence d’une grande partie des enfants de l’immigration des années 2000, dont les rappeurs ne constituent qu’une figure médiatique. Les enquêtes que je mène sur le terrain auprès des acteurs associatifs du hip-hop dans les quartiers populaires m’amènent à partager un constat dressé par d’autres observateurs depuis une vingtaine d’années : une partie de ces enfants d’#immigrés, filles et garçons confondus, affirment de plus en plus la part #musulmane de leur identité. Cette affirmation passe par le respect de normes religieuses, de traditions familiales et, parfois, par des signes plus ou moins visibles de croyance (voiles, barbes, prières, etc.). Cependant, à y regarder de plus près, cette affirmation musulmane déborde bien souvent la simple question de foi et englobe l’expression d’éléments propres à l’univers #socio-territorial des cités : densités des liens entre voisins et entre familles, dimension collective de l’éducation des enfants, cloisonnement relatif des garçons et des filles, etc. Bref, dans bien des cas, on pourrait remplacer « nous les musulmans » par « nous les gens des cités » sans trahir le sens des propos de ceux et celles qui les tiennent. Et l’affirmation en apparence musulmane peut alors être comprise comme le conglomérat d’une appartenance à la fois sociale, territoriale, économique et religieuse.

    On comprend alors mieux pourquoi, chez bon nombre de ces enfants de l’immigration et des cités, la moindre critique qui touche à l’islam est perçue comme une critique de leur être social dans sa globalité. D’autant plus que, pour beaucoup, l’affirmation musulmane est la seule #identité_positive disponible puisque la mémoire #coloniale et #ouvrière de leurs parents est celle de l’#humiliation, qu’ils subissent des #discriminations croissantes dans l’accès à l’#emploi stable et que « les valeurs du hip-hop » ont échoué à fédérer culturellement les jeunes des cités au tournant des années 90. Le rap, en tant que musique majoritairement pratiquée par adolescents et jeunes adultes issus des quartiers populaires, est un espace usuel d’expression de cette affirmation. Et les canaux d’expression traditionnels ont perdu de leur centralité avec la désertification politique des quartiers par la gauche et par l’éducation populaire. Beaucoup de rappeurs, qu’ils soient ou non de confession islamique, partagent l’hypersensibilité de leurs pairs (copains d’enfance, voisins, collègues) sur cette question, comme la phrase de Nekfeu en atteste. Chez eux, comme l’écrivait le sociologue Philippe Bourgeois au sujet des enfants d’ouvriers portoricains des ghettos de East Harlem, « la quête du respect s’est métamorphosée en crainte de l’irrespect ».

    Dans ce contexte, les propos de Charb sonnent particulièrement faux. D’abord par leur méconnaissance de l’univers du rap en France, assimilant les interprètes de ce morceau à des millionnaires lorsque le montant de leurs revenus est sans doute bien inférieur au sien. Ensuite par leur mépris. Sans chercher à convaincre, Charb donne le sentiment de s’adresser à un entre-soi de ses lecteurs, supposés détester par principe ce qu’incarnent le rap et les rappeurs à leurs yeux : religiosité, violence, machisme, individualisme, consumérisme, etc. Ce faisant, son propos met en lumière l’opinion d’une génération d’#athées #militants de gauche, les « #laïcards », devenus autant hypersensibles à la religiosité que les musulmans des cités à sa critique. Contrairement aux militants de terrain, leur distance - sociale, économique, culturelle, géographique - avec l’univers des quartiers populaires les empêche de voir le sens de cette affirmation identitaire musulmane. Chez nombre d’entre eux, la lutte politique historiquement portée par la gauche contre l’#aliénation_religieuse, son emprise et son #conservatisme - lutte qui n’est ni « #islamophobe » ni « #raciste » en soi - semble céder la place à une posture de principe aveuglante. La religion devient un mal à combattre en tant que tel. Et les personnes revendiquant une religion des conservateurs, des aliénés, des frustrés, bref, des #ennemis imbéciles de la (leur ?) liberté. Dans un tel système idéologique borné, toute remise en cause de ce « #laïcardisme » condescendant est immédiatement taxée de « #communautariste », comme le fait #Charb.

    Quid alors de l’argument de la liberté d’expression invoqué par Disiz ? Celui-ci est peu convaincant, invoquant son statut d’artiste et la culture de la punchline - formule choc, propre au rap - pour minimiser le propos. Refuge confortable qui permet à son auteur de faire l’économie d’une analyse de la portée politique des discours tenus par les rappeurs et les artistes en général. Comme si les mots n’avaient pas de pouvoir de prescription. Il est donc aisé de comprendre que l’appel à l’autodafé évoqué par Nekfeu a été interprété par les journalistes de #Charlie_Hebdo comme une attaque virulente. Mais la réponse par l’insulte et le mépris social qu’y oppose Charb est une négation de la portée politique du contenu du journal qu’il dirige. Car cette virulence trouve son origine dans le #ras-le-bol d’une majorité de musulmans et de leurs pairs face aux provocations répétées et à l’obsession de l’islam dont Charlie Hebdo et une part croissante de la presse se sont fait une spécialité depuis une dizaine d’années.

  • « Tumeurs et Silences » autour de l’étang de Berre
    http://www.dailymotion.com/video/x1cp4qy_tumeurs-et-silences-autour-de-l-etang-de-berre_news

    Comment expliquer l’omerta entretenue depuis un demi-siècle sur les cancers qui se développent dans un territoire proche de Marseille, Fos-étang de Berre, où vivent quelque 500 000 habitants ? Jacques Windenberger, photojournaliste, assemble dans ce film de 20 minutes, les pièces accablantes du puzzle.

    #industrie #cancers #étang_de_berre #pollution #air #eau #sol #paysage #chimie #sidérurgie #santé #travail #ouvriers

  • week 30 – Qatar World Cup Memorial | 1 WEEK 1 PROJECT
    http://www.1week1project.org/2014/11/25/qatar-world-cup-memorial

    Le projet ”#Qatar_World_Cup_Memorial” est un bâtiment évolutif qui interroge sur le nombre d’ouvriers décédés durant la construction des stades de la coupe du monde de football 2022 au Qatar. Il s’agit d’une tour constituée de modules de béton représentant chacun un ouvrier défunt. Plus le nombre d’ouvrier est important, plus la tour prend de la hauteur.

    Ce bâtiment offre aux familles népalaises, indiennes et d’autres nationalités un lieu de recueillement éloigné des villes et des gratte-ciels du Qatar. Sur une base de 4 modules par étage et de 2 escaliers par module, le projet possède une multitude de trajets possibles. Les grues du chantier se positionnent en partie haute jusqu’en 2022.

    Si le rythme de décès ne diminue pas, Qatar World Cup Memorial pourrait atteindre 1,5km de hauteur.

    De prime abord, la construction évoque les édifices en kapla de notre enfance. La vague de nostalgie se dissipe une fois sa mission lugubre dévoilée. « Il s’agit d’un tour mémorielle », explique Axel de Stampa, architecte français qui, avec son acolyte Sylvain Macaux, a co-imaginé ce bâtiment virtuel. « Chaque module en béton représente un ouvrier mort sur les chantiers des stades de la Coupe du monde 2022 », poursuit-il.

    Confiscation des passeports, travail de titan sous 50°C, salaires de misère – avoisinant les 210 euros mensuels pour soixante heures de travail hebdomadaires – et logements indignes : sur les chantiers qataris, les conditions de travail des ouvriers, immigrés pour 94% d’entre eux, sont proches de l’esclavage. En 2012 et 2013, près d’un millier de travailleurs népalais, indiens et bangladais y ont perdu la vie. Avec les grands travaux engagés en vues de la Coupe du monde 2022, ce macabre compteur risque de s’emballer. Les seuls chantiers engagés en vue de l’événement ont déjà entraîné la mort de 382 ouvriers népalais et 500 indiens, selon les ambassades de ces deux pays à Doha. De son côté, le Qatar se garde de recenser les accidents. Mais la Confédération syndicale internationale (CSI) craint que la barre des 4 000 victimes soit franchie d’ici à 2022. « Si l’hécatombe se poursuit à cette vitesse, notre tour virtuelle fera 1,5 km de haut », traduit Axel de Stampa dans son langage d’architecte.

    http://www.terraeco.net/Morts-pour-la-Coupe-du-monde-2022,57646.html
    #ouvriers_du_bâtiment #exploitation

  • « Albako dukeak horrenbeste lur eta hiltzen zarenean bi metrorekin nahikoa izan du » - La Duchesse d’Albe qui avait tellement de terres, une fois morte deux mètres carrés lui suffisent
    Diego Cañamero Valle
    http://www.argia.eus/albistea/horrenbeste-lur-eta-hiltzen-zarenean-bi-metrorekin-nahikoa

    Sur cette terre nous avons un travail à faire. Malgré plus de 30 ans de gouvernement PSOE, nous nous trainons une structure archaïque. 50% des terres d’Andalousie sont entre les mains de 2% de sa population. La Maison d’Albe a onze « cortijos » (sept dans la province de Séville et quatre dans celle de Cordoue). Elle touche 3 millions d’euros de la #Politique_Agricole_Commune (PAC), c’est de l’argent qui va à la maison d’Albe et aux autres maisons de propriétaires fonciers, comme si c’étaient des dépenses courantes. Cela n’a aucun sens. On ne leur exige pas de création d’emplois, ni de transformation de produits agricoles, ni de respecter l’environnement. Rien du tout. Elle ne respecte aucun accord avec les ouvriers, car il n’y a pas de contrat. Aujourd’hui en Andalousie, la plupart des contrats d’ouvriers agricoles sont oraux.


    #accaparement #oligarchie #latifundia #agriculture #droit_du_travail
    Diego Cañamero Valle est un des porte-paroles du syndicat SAT défendant les ouvriers agricoles (la plupart journaliers) aux côtés de Juan Manuel Sanchez Gordillo, maire de la célèbre commune de Marinaleda.
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520
    http://seenthis.net/messages/205656

  • Quand le centre-gauche brise les « tabous » de la gauche... - Mémoire des luttes
    http://www.medelu.org/Quand-le-centre-gauche-brise-les

    Pourquoi, dans la mesure où l’efficacité de ces #réformes en termes de croissance, d’#emploi et de maîtrise des comptes semble si douteuse, leurs promoteurs y sont pourtant si attachés ? La réponse est à rechercher dans leur caractère symbolique. A chaque fois, il s’agit de « briser les tabous » de la gauche. L’objectif consiste à bien montrer que les fins, comme les moyens de l’action publique, ne sont plus déterminés en fonction des principes et des conquêtes passées du mouvement #ouvrier. Cette #entreprise poursuit un double objectif, interne et externe. D’une part, les dirigeants entendent prouver à l’opinion publique leur sérieux gestionnaire, leur audace réformatrice, leur indépendance vis-à-vis des #syndicats. D’autre part, ils donnent clairement des gages aux milieux d’affaires et/ou à Bruxelles, dont ils souhaitent s’attirer le soutien ou éviter les foudres. La suppression de l’article 18 par les parlementaires italiens devait ainsi coïncider avec la tenue à Milan d’un Sommet européen sur l’emploi des jeunes. Quant au gouvernement français, ses multiples annonces de réformes structurelles, qui incluent également les récents « ballons d’essais » sur l’#assurance-chômage, sont à lire au regard des prévenances de la Commission européenne envers son budget 2015.

    En somme, les dirigeants de centre-gauche qui portent ces réformes ont donc pleinement intériorisé leur rôle de gouvernants « responsables » dans une #mondialisation dont la double #contrainte (commerciale et actionnariale) n’est plus discutée. Dans ce cadre, la représentation des intérêts populaires dans l’Etat et les politiques publiques devient une tâche complémentaire, voire subordonnée à d’autres obligations envers des « tiers » non souverains qui disposent, en revanche, d’une influence décisive sur la #politique menée.

  • Le #PCF a-t-il abandonné les #classes_populaires ?
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3942

    Cette question est au cœur du livre de Julian Mischi, Le Communisme désarmé, dont nous présentons ici quelques extraits. « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Ce principe hérité de Karl Marx a longtemps été au cœur du projet de la gauche communiste française. Il implique …

    #S'organiser #exclusion_politique #militantisme #ouvriers #partis

  • Les #ouvriers #chinois, trop chers, remplacés par des #robots

    #Foxconn, le sous-traitant tristement célèbre d’ #Apple et d’autres compagnies high-tech, entend remplacer ses travailleurs par un million de robots. Une véritable nouvelle crise de l’ #emploi se profile.

    Pas si vertueuse, la flambante entreprise « Taïwanaise ». Et ça vient donner des leçons de démocratie en exploitant à outrance ses frères de Chine Continentale...on se moque encore de qui au fait ? #Taiwan

    http://www.humanite.fr/les-ouvriers-chinois-trop-chers-remplaces-par-des-robots-549110#sthash.gK7H

  • Les ouvriers chinois, trop chers, remplacés par des robots | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/les-ouvriers-chinois-trop-chers-remplaces-par-des-robots-549110

    La question qui se pose ici est, est-ce que cette nouvelle révolution industrielle par le numérique, qui pousse bien plus loin l’automatisation des tâches, ne va pas créer une sérieuse crise de l’emploi. Le discours convenu explique que les robots remplacent les tâches pénibles et répétitives et poussent les hommes vers des emplois plus qualifiés, plus gratifiants. Ce qu’on entend depuis les premiers robots. Lorsque les pompistes ont disparu, que les caissières ont été remplacées par de caisses automatiques… Le million d’ouvriers chinois en passe de perdre leur emploi ne va pas va pas devenir cadre, créatif ou autre. Il va perdre son emploi car il ambitionne d’être payé plus de 300 euros par mois et qu’un robot et plus productif et moins cher.

    #RdB

  • #Mohamed_Bouazizi, l’ouvrier agricole : relire la « #Révolution » depuis les campagnes tunisiennes

    On pourrait commencer l’histoire au début des années 2000. Mohamed, orphelin de son père, devient responsable de sa fratrie et doit subvenir aux besoins de sa famille. Lorsque son oncle maternel, Salah, achète une #terre_agricole de 18 hectares dans la région de #Regueb (gouvernorat de Sidi Bouzid, Tunisie), Mohamed commence à travailler sur l’exploitation. Lui, Salah et d’autres membres de la famille ainsi que des #ouvriers_saisonniers s’occupent des #oliviers et des #cultures_maraîchères irriguées (tomates, melons). Le projet semble bien lancé, profitant de l’#eau_souterraine de bonne qualité et du #micro-climat qui fait la réputation de cette région et de ses cultures primeurs.
    Après trois années, Salah doit commencer à rembourser les premières échéances du #crédit_agricole qui lui a permis de lancer son exploitation. Mais à partir de 2006, il rencontre des difficultés financières, et ses revenus de préparateur dans une pharmacie de Sidi Bouzid ne lui permettent pas d’éviter son #endettement auprès de la #Banque_nationale_agricole.


    http://irmc.hypotheses.org/1572

    #Tunisie #agriculture #dette

    cc @odilon

  • #Pesticides : « Je mets ma #santé en danger pour 1 100 euros par mois »
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/07/10/le-combat-contre-les-pesticides-d-une-salariee-de-la-vigne_4453404_3244.html

    Marie-Lys Bibeyran a lancé une pétition qu’elle a adressée au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll. Signée par 3 600 personnes, elle demande l’adoption de douze mesures permettant de mieux protéger les salariés de la vigne.

    Parmi elles : retirer du marché tous les produits phytosanitaires dangereux pour la santé, qu’ils soient cancérigènes, mutagènes, neurotoxiques ou perturbateurs endocriniens ; interdire de pulvériser des pesticides à une distance inférieure à 100 mètres des salariés agricoles ; empêcher l’entrée des salariés dans les parcelles pendant 48 heures après le traitement ; ou encore obliger les employeurs à remettre chaque année aux ouvriers exposés une liste des pesticides utilisés.

    « INFRACTIONS QUOTIDIENNES »

    « Je constate quotidiennement des infractions et des manquements à la protection des salariés », assure Marie-Lys Bibeyran, qui travaille dans les vignes en tant que saisonnière depuis l’âge de 16 ans. Concernant les conditions d’épandage tout d’abord. Un arrêté de 2006 stipule que la pulvérisation de pesticides est interdite quand les vents soufflent à plus de 19 km/h. « Cette réglementation n’est jamais respectée par les domaines viticoles », assure-t-elle. Une réalité confirmée tant par les riverains que certains viticulteurs.

    #ouvriers_agricoles

  • De la liberté d’entreprendre à la fraude, retour sur le conflit #Molex.
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3643

    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/wp-content/plugins/readers-from-rss-2-blog/wpsmartapps-lic/images/ico-tag.png

    La fermeture de l’usine #Molex, située à #Villemur-sur-Tarn, à une quarantaine de kilomètres au Nord de #Toulouse, a bénéficié d’une couverture médiatique conséquente. A la veille du jugement en cassation concernant leur licenciement économique, deux anciens salariés de l’usine, Jean Marzorati, cadre au service qualité, et Guy Pavan, délégué #CGT, … Tags : #CGT, #délocalisations, #fermeture_d'usine, #lutte_syndicale, Molex, #ouvrier, #Syndicalisme, #Toulouse, #Villemur-sur-Tarn Del.icio.us De la liberté d’entreprendre à la fraude, retour sur le conflit Molex. « > Facebook TweetThis De la liberté d’entreprendre à la fraude, retour sur le conflit Molex. »> Digg De la liberté d’entreprendre à la fraude, retour sur le conflit (...)

    #délocalisations #fermeture_d'usine #lutte_syndicale #ouvrier #Syndicalisme

  • Chris #Hedges Interviews Noam #Chomsky (1/3)

    Pulitzer Prize-winning journalist Chris Hedges speaks with Professor Noam Chomsky about working-class resistance during the Industrial Revolution, propaganda, and the historical role played by intellectuals in times of war - June 17, 14

    https://www.youtube.com/watch?v=bwRf5HHm2Mo

    – chez TRNN avec une trace écrite: http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=12006

    [...]

    [I]n the early 19th century, the business world recognized, both in England and the United States, that sufficient freedom had been won so that they could no longer control people just by violence. They had to turn to new means of control. The obvious ones were control of opinions and attitudes. That’s the origins of the massive public relations industry, which is explicitly dedicated to controlling minds and attitudes.

    The first—it partly was government. The first government commission was the British Ministry of Information. This is long before Orwell—he didn’t have to invent it. So the Ministry of Information had as its goal to control the minds of the people of the world, but particularly the minds of American intellectuals, for a very good reason: they knew that if they can delude American intellectuals into supporting British policy, they could be very effective in imposing that on the population of the United States. The British, of course, were desperate to get the Americans into the war with a pacifist population. Woodrow Wilson won the 1916 election with the slogan “Peace without Victory”. And they had to drive a pacifist population into a population that bitterly hated all things German, wanted to tear the Germans apart. The Boston Symphony Orchestra couldn’t play Beethoven. You know. And they succeeded.

    Wilson set up a counterpart to the Ministry of Information called the Committee on Public Information. You know, again, you can guess what it was. And they’ve at least felt, probably correctly, that they had succeeded in carrying out this massive change of opinion on the part of the population and driving the pacifist population into, you know, warmongering fanatics.

    And the people on the commission learned a lesson. One of them was Edward Bernays, who went on to found—the main guru of the public relations industry. Another one was Walter Lippman, who was the leading progressive intellectual of the 20th century. And they both drew the same lessons, and said so.

    The lessons were that we have what Lippmann called a “new art” in democracy, “manufacturing consent”. That’s where Ed Herman and I took the phrase from. For Bernays it was “engineering of consent”. The conception was that the intelligent minority, who of course is us, have to make sure that we can run the affairs of public affairs, affairs of state, the economy, and so on. We’re the only ones capable of doing it, of course. And we have to be—I’m quoting—"free of the trampling and the roar of the bewildered herd", the “ignorant and meddlesome outsiders”—the general public. They have a role. Their role is to be “spectators”, not participants. And every couple of years they’re permitted to choose among one of the “responsible men”, us.

    And the John Dewey circle took the same view. Dewey changed his mind a couple of years later, to his credit, but at that time, Dewey and his circle were writing that—speaking of the First World War, that this was the first war in history that was not organized and manipulated by the military and the political figures and so on, but rather it was carefully planned by rational calculation of “the intelligent men of the community”, namely us, and we thought it through carefully and decided that this is the reasonable thing to do, for all kind of benevolent reasons.

    And they were very proud of themselves.

    There were people who disagreed. Like, Randolph Bourne disagreed. He was kicked out. He couldn’t write in the Deweyite journals. He wasn’t killed, you know, but he was just excluded.

    And if you take a look around the world, it was pretty much the same. The intellectuals on all sides were passionately dedicated to the national cause—all sides, Germans, British, everywhere.

    There were a few, a fringe of dissenters, like Bertrand Russell, who was in jail; Karl Liebknecht and Rosa Luxemburg, in jail; Randolph Bourne, marginalized; Eugene Debs, in jail for daring to question the magnificence of the war. In fact, Wilson hated him with such passion that when he finally declared an amnesty, Debs was left out, you know, had to wait for Warren Harding to release him. And he was the leading labor figure in the country. He was a candidate for president, Socialist Party, and so on.

    But the lesson that came out is we believe you can and of course ought to control the public, and if we can’t do it by force, we’ll do it by manufacturing consent, by engineering of consent. Out of that comes the huge public relations industry, massive industry dedicated to this.

    Incidentally, it’s also dedicated to undermining markets, a fact that’s rarely noticed but is quite obvious. Business hates markets. They don’t want to—and you can see it very clearly. Markets, if you take an economics course, are based on rational, informed consumers making rational choices. Turn on the television set and look at the first ad you see. It’s trying to create uninformed consumers making irrational choices. That’s the whole point of the huge advertising industry. But also to try to control and manipulate thought. And it takes various forms in different institutions. The media do it one way, the academic institutions do it another way, and the educational system is a crucial part of it.

    This is not a new observation. There’s actually an interesting essay by—Orwell’s, which is not very well known because it wasn’t published. It’s the introduction to Animal Farm. In the introduction, he addresses himself to the people of England and he says, you shouldn’t feel too self-righteous reading this satire of the totalitarian enemy, because in free England, ideas can be suppressed without the use of force. And he doesn’t say much about it. He actually has two sentences. He says one reason is the press “is owned by wealthy men” who have every reason not to want certain ideas to be expressed.

    But the second reason, and the more important one in my view, is a good education, so that if you’ve gone to all the good schools, you know, Oxford, Cambridge, and so on, you have instilled into you the understanding that there are certain things it wouldn’t do to say—and I don’t think he went far enough: wouldn’t do to think. And that’s very broad among the educated classes. That’s why overwhelmingly they tend to support state power and state violence, and maybe with some qualifications, like, say, Obama is regarded as a critic of the invasion of Iraq. Why? Because he thought it was a strategic blunder. That puts him on the same moral level as some Nazi general who thought that the second front was a strategic blunder—you should knock off England first. That’s called criticism.

    [...]

    #industrialisation
    #media #histoire #Geschichte #institution
    #USA #England #Angleterre
    #Grande-Bretagne #Great_Britain #Großbritannien
    #Allemagne #Germany #Deutschland

    #contrôle #Kontrolle
    #résistance #Widerstand
    #working_class #ouvriers #Arbeiterklasse
    #éducation #Bildung
    #intellectuels

    • Chris Hedges Interviews Noam Chomsky (2/3)

      http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=12016

      [...]

      Like a lot of people, I’ve written a lot about media and intellectual propaganda, but there’s another question which isn’t studied much: how effective is it? And that’s—when you brought up the polls, it’s a striking illustration. The propaganda is—you can see from the poll results that the propaganda has only limited effectiveness. I mean, it can drive a population into terror and fear and war hysteria, like before the Iraq invasion or 1917 and so on, but over time, public attitudes remain quite different. In fact, studies even of what’s called the right-wing, you know, people who say, get the government off my back, that kind of sector, they turn out to be kind of social democratic. They want more spending on health, more spending on education, more spending on, say, women with dependent children, but not welfare, no spending on welfare, because Reagan, who was an extreme racist, succeeded in demonizing the notion of welfare. So in people’s minds welfare means a rich black woman driving in her limousine to the welfare office to steal your money. Well, nobody wants that. But they want what welfare does.

      Foreign aid is an interesting case. There’s an enormous propaganda against foreign aid, ’cause we’re giving everything to the undeserving people out there. You take a look at public attitudes. A lot of opposition to foreign aid. Very high. On the other hand, when you ask people, how much do we give in foreign aid? Way beyond what we give. When you ask what we should give in foreign aid, far above what we give.

      And this runs across the board. Take, say taxes. There’ve been studies of attitudes towards taxes for 40 years. Overwhelmingly the population says taxes are much too low for the rich and the corporate sector. You’ve got to raise it. What happens? Well, the opposite.

      [...]

      #propagande
      #effectiveness #efficacité #Effizienz

    • Chris Hedges Interviews Noam Chomsky (3/3)

      http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=12018

      #ows #occupy
      #cooperatives

      [...]

      Well, I think it’s a little misleading to call it a movement. Occupy was a tactic, in fact a brilliant tactic. I mean, if I’d been asked a couple of months earlier whether they should take over public places, I would have said it’s crazy. But it worked extremely well, and it lit a spark which went all over the place. Hundreds and hundreds of places in the country, there were Occupy events. It was all over the world. I mean, I gave talks in Sydney, Australia, to the Occupy movement there. But it was a tactic, a very effective tactic. Changed public discourse, not policy. It brought issues to the forefront.I think my own feeling is its most important contribution was just to break through the atomization of the society. I mean, it’s a very atomized society. There’s all sorts of efforts to separate people from one another, as if the ideal social unit is, you know, you and your TV set.

      HEDGES: You know, Hannah Arendt raises atomization as one of the key components of totalitarianism.

      CHOMSKY: Exactly. And the Occupy actions broke that down for a large part of the population. People could recognize that we can get together and do things for ourselves, we can have a common kitchen, we can have a place for public discourse, we can form our ideas and do something. Now, that’s an important attack on the core of the means by which the public is controlled. So you’re not just an individual trying to maximize your consumption, but there are other concerns in life, and you can do something about them. If those attitudes and associations and bonds can be sustained and move in other directions, that’ll be important.

      But going back to Occupy, it’s a tactic. Tactics have a kind of a half-life. You can’t keep doing them, and certainly you can’t keep occupying public places for very long. And was very successful, but it was not in itself a movement. The question is: what happens to the people who were involved in it? Do they go on and develop, do they move into communities, pick up community issues? Do they organize?

      Take, say, this business of, say, worker-owned industry. Right here in Massachusetts, not far from here, there was something similar. One of the multinationals decided to close down a fairly profitable small plant, which was producing aerospace equipment. High-skilled workers and so on, but it wasn’t profitable enough, so they were going to close it down. The union wanted to buy it. Company refused—usual class reasons, I think. If the Occupy efforts had been available at the time, they could have provided the public support for it.

      [...]

      Well, you know, a reconstituted auto industry could have turned in that direction under worker and community control. I don’t think these things are out of sight. And, incidentally, they even have so-called conservative support, because they’re within a broader what’s called capitalist framework (it’s not really capitalist). And those are directions that should be pressed.

      Right now, for example, the Steelworkers union is trying to establish some kind of relations with Mondragon, the huge worker-owned conglomerate in the Basque country in Spain, which is very successful, in fact, and includes industry, manufacturing, banks, hospitals, living quarters. It’s very broad. It’s not impossible that that can be brought here, and it’s potentially radical. It’s creating the basis for quite a different society.

      [...]

      #militarisation
      #Militarisierung #Aufrüstung

      #war_crime #Iraq
      #crime_de_guerre
      #Kriegsverbrechen
      #Nürnberg

      [...]

      Go back to the #Nuremberg judgments. I’m not telling you anything you don’t know, but in Nuremberg aggression was defined as “the supreme international crime,” differing from other war crimes in that it includes, it encompasses all of the evil that follows. Well, the U.S.-British invasion of Iraq is a textbook case of aggression. By the standards of Nuremberg, they’d all be hanged. And one of the things it did, one of the crimes was to ignite a Sunni-Shiite conflict which hadn’t been going on. I mean, there was, you know, various kinds of tensions, but Iraqis didn’t believe there could ever be a conflict. They were intermarried, they lived in the same places, and so on. But the invasion set it off. Took off on its own. By now it’s inflaming the whole region. Now we’re at the point where Sunni jihadi forces are actually marching on Baghdad.

      HEDGES: And the Iraqi army is collapsing.

      CHOMSKY: The Iraqi army’s just giving away their arms. There obviously is a lot of collaboration going on.And all of this is a U.S. crime if we believe in the validity of the judgments against the Nazis.

      And it’s kind of interesting. Robert Jackson, the chief prosecutor, a U.S. justice, at the tribunal, addressed the tribunal, and he pointed out, as he put it, that we’re giving these defendants a “poisoned chalice”, and if we ever sip from it, we have to be treated the same way, or else the whole thing is a farce and we should recognize this as just victor’s justice.

      [...]

  • Valérie Igounet, historienne : “Il faut attaquer politiquement le FN en déconstruisant calmement son discours”
    http://www.telerama.fr/idees/valerie-igounet-historienne-il-faut-attaquer-politiquement-le-fn-en-deconst

    Le tournant se situe en 1995. A la présidentielle, Jean-Marie Le Pen arrive pour la première fois en tête chez les ouvriers et les chômeurs. Jusque là, le discours du Front national était très libéral, mais fort de ce constat, le parti va lui en substituer un autre, anticapitaliste et social, qu’il va amplifier au fur et à mesure de l’aggravation de la crise et de la montée du chômage, fustigeant la mondialisation et les inégalités qu’elle engendre. Et ça marche : les élections européennes ont confirmé le succès du Front national dans l’électorat ouvrier. Il ne faut pourtant pas être dupe, il s’agit à l’évidence d’un opportunisme politique. Il suffit d’observer les thèmes des campagnes électorales. A chaque région son discours ! Dans le Nord-Pas-de-Calais, on insiste sur le social et les injustices économiques, on est très critique vis-à-vis du #néolibéralisme, pendant que dans le Sud-Est on se focalise sur l’immigration et l’insécurité. C’est pourquoi on peut avoir des doutes sur leur sincérité. Le Front national surfe sur le contexte de crise et la faiblesse des partis de gouvernement. Marine Le Pen et son équipe savent ce qu’ils font et ne craignent pas la démagogie. Une partie des électeurs pensent que les outrances du père sont derrière nous, que ce parti a changé. Ils y mettent leurs espoirs.

    Il sera intéressant, à ce propos, de suivre les décisions des nouveaux maires FN. Une des premières mesures de Steeve Briois, à Hénin-Beaumont a été de supprimer la subvention de la Ligue des droits de l’homme. Franck Briffaut, le maire de Villers-Cotterêts, a refusé, le 10 mai, de célébrer l’abolition de l’esclavage. David Rachline, à Fréjus, s’oppose à la construction d’une mosquée. A Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN, recrute des policiers municipaux, interdit d’étendre le linge aux fenêtres et aux balcons dans le centre ville historique où vivent de nombreuses familles gitanes et maghrébines, impose un couvre-feu pour les enfants de moins de treize ans. D’ici les élections présidentielles de 2017, il ne sera pas si facile d’éviter les dérapages et de garder l’image de respectabilité souhaitée. D’autant plus que les nouveaux élus sont pour la plupart très jeunes, inexpérimentés et totalement néophytes en politique.

    A l’origine, l’électorat du FN était plutôt #bourgeois. Depuis 1995, les #ouvriers en constituent une composante importante. En 1973, moins de 3 % d’ouvriers ont déposé un bulletin FN dans l’urne. Aujourd’hui, ils sont près d’un tiers à le faire. Aux européennes, ils étaient même 43 %. Le #Front_national séduit également de plus en plus les jeunes. 30 % des moins de 35 ans qui ont voté aux européennes ont choisi le FN. Le parti soigne d’ailleurs son organisation jeunesse, le Front national de la jeunesse (FNJ), qui a été refondu après l’élection présidentielle de 2012. Son nouveau directeur national, Julien Rochedy, est à l’image de la mue opérée par Marine Le Pen, physique avenant, apparence lisse, propos policés.

    Enfin, le vote FN ne suscite plus la même réticence chez les femmes qu’à ses débuts. Depuis 2012, les femmes votent pour le FN autant que les hommes.

    C’est vrai que le Front national a des origines fascistes, mais le terme renvoie à une définition politique précise, à un moment précis de l’histoire. On n’agira pas efficacement contre le #FN en se limitant à des injures. Aujourd’hui, le FN est un parti d’#extrême-droite, mais il n’est pas fasciste. Il faut faire l’effort de le connaître, de décortiquer son programme. Et c’est là dessus qu’il faut l’attaquer politiquement, en analysant et en déconstruisant calmement son discours. Aujourd’hui, un grand nombre d’électeurs votent pour lui, en croyant qu’il peut apporter de bonnes solutions à la situation de crise que nous vivons. Il faut discuter, argumenter, leur montrer qu’ils se trompent. Il faut se mettre au travail.

    #dépolitisation aussi
    voir également http://seenthis.net/messages/263506
    le passage mis en gras confirme ce qu’on disait là http://seenthis.net/messages/261184#message261524 et là http://seenthis.net/messages/260456#message260602

  • L’alliance entre ouvriers et écologistes est possible - mais il faut la vouloir ! - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5852

    Dans un tract vite torché, « Pourquoi l’indifférence ? », à l’extrême fin du conflit, nous écrivions ceci, embrassant les aspirations vertes :

    « (…) Les machines ont permis, dans les usines de pneumatiques comme ailleurs, d’augmenter la productivité : c’est, au fond, une bonne nouvelle, qu’il faille moins d’hommes ou moins d’heures pour produire autant. La consommation de pneus baisse, un peu, pas énormément mais un peu, en France : c’est, au fond, une bonne nouvelle pour la planète. Mais de ces deux bonnes nouvelles, le système parvient à faire une très mauvaise nouvelle : la concurrence entre les travailleurs se renforce, entre eux et avec les pays à bas coût, et on les contraint soit à accepter des reculs, à casser encore davantage leur rythme de vie, leur sommeil, leur famille, soit à perdre leur gagne-pain. Le cas des Goodyear, leur « non » franc et massif, devrait être, pour nous, un point de départ vers autre chose, et qui ne relève pas du rêve : que le progrès technologique, le progrès écologique servent le progrès social. Que, par exemple, si on besoin de moins de pneus, et de moins de temps pour les produire, les ouvriers travaillent deux ou trois heures de moins, ou encore que cesse cette aberration, le travail de nuit. C’est une question essentielle que les Goodyear posent à chacun : de quelle société voulons-nous ? »
    Ce que ce tract signifiait, c’est qu’au fond, cette histoire portait en germe une lutte anti-productiviste. Encore fallait-il en dégager le sens à peine caché, le faire éclore, s’épanouir.

    Et alors, ce combat « catégoriel », « corporatiste » – car oui, pour les ouvriers, il s’agissait d’abord de ne perdre ni leur santé à eux ni leur boulot à eux – aurait pris une valeur plus universelle, plus politique. Des pans, non prolétariens, du pays se seraient interrogés, auraient rejoint la bataille. On se serait mobilisé non plus pour les Goodyear, par altruisme, par compassion, mais pour nous, pour nous à travers eux, parce qu’ils nous auraient représentés, parce qu’ils auraient incarné l’avenir que nous désirons à tâtons, et celui que nous rejetons. Tout comme des Picards, des Alsaciens, des Lyonnais, se mobilisent à Notre-Dame-des-Landes, non pour préserver le bocage nantais en lui-même, mais parce qu’il incarne un avenir que nous désirons à tâtons, et un autre que nous rejetons, parce qu’à travers lui, nous défendons les campagnes picardes, alsaciennes, etc.

    On a pondu ce tract, donc, « Pourquoi l’indifférence ? », quand même, en catastrophe et contre la catastrophe. On y présentait comme « une bonne nouvelle qu’il faille moins d’hommes ou moins d’heures pour produire autant », et comme une « autre bonne nouvelle » que « la consommation de pneus baisse », et on y souhaitait que « les ouvriers travaillent deux ou trois heures de moins, ou encore que cesse cette aberration, le travail de nuit ». Honnêtement, je me demandais comme ce machin serait reçu par les ouvriers eux-mêmes, et par la CGT-Goodyear, si on nous renverrait notre papelard à la gueule... Mais c’est l’inverse qui s’est produit. Les travailleurs l’ont lu en détail et, durant toute une semaine, ils ont eux-mêmes distribué le papier, ils l’ont photocopié comme s’il émanait de leurs rangs, ils l’ont diffusé à leurs rassemblements.

    Ça m’a ému, et ça m’attristé.

    Parce que ça venait trop tard.

    Parce que nous avions loupé le coche.

    Parce que, par timidité, par fatigue, nous n’avions pas rempli notre rôle de, disons-le, d’intellectuel : replacer cette lutte dans un contexte, offrir un regard plus large, en faire un « enjeu de société », bref, lui donner un sens qui échappe parfois à la conscience des acteurs eux-mêmes – et par là, par ces débats, par ces controverses, rallier des fractions de l’opinion, des Attac, des Verts pourquoi pas, des socialistes authentiques, des étudiants à cheveux longs, toute une classe éduquée en qui sommeille aussi une culpabilité, revendiquant souvent un papy mineur, et chez qui l’on peut réveiller une affection romantique pour le bleu de travail du Front populaire. Le sort de Goodyear en eût-il été changé ?

    J’en doute. Mais cette lutte aurait agité et ranimé les esprits, rapproché classes ouvrière et intermédiaire, combiné rouge et vert, semé des espérances pour la suite, bref, marqué un pas politique en avant – quand ça ne restera dans la petite histoire que comme un combat défensif, d’arrière-garde, un bastion prolétaire, un de plus, qui a fait de la résistance, une étonnante résistance, sept années, mais sans alliance, citadelle finalement prise d’assaut.

    Donner un sens à la lutte, c’est aussi la lutte. C’est un enjeu pour la suite, que cette alliance, un impératif. Car dans notre histoire, de 1789 à 1936, de 1793 à Mai 68, rien de grand, rien de beau, ne s’est fait, à gauche, sans cette jonction/ friction entre une fraction intellectuelle et les classes populaires. Et quelle classe peut se dire, aujourd’hui, assez puissante, numériquement, culturellement, politiquement, pour battre en brèche à elle seule l’#oligarchie ?

    #ouvriers #guerre_aux_pauvres #gains_de_productivité #reconversion_écologique_et_sociale_de_l'économie #écologie #transition
    http://seenthis.net/messages/229767
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5792
    http://seenthis.net/messages/203725

  • Nous ne disions jamais « prolétariat ». Ce n’était pas les #ouvriers de Manchester, mais ceux de Detroit, qui étaient « nos » ouvriers. Ce n’était pas La condition de la classe ouvrière en Angleterre de Engels, mais la lutte du travailleur contre le travail, dans les Grundrisse de #Marx, qui nous avait conduits aux portes des #usines. Ce qui nous motivait n’était pas la révolte éthique contre l’exploitation que les ouvriers subissaient, mais l’admiration #politique pour les #pratiques d’insubordination qu’ils inventaient. Il faut nous donner acte que nous ne sommes jamais tombés dans le piège du tiers-mondisme, des campagnes qui assaillent les villes, des longues marches paysannes ; nous ne fumes jamais « chinois », et la « révolution culturelle », celle d’Orient, nous laissera froids, étrangers, lointains, plus que modérément sceptiques et, en réalité, fortement critiques. Le rouge était, et est encore, notre couleur préférée, mais quand il était porté par les « gardes » ou les « brigades », nous savions qu’il ne pouvait en résulter que le pire pour l’histoire de l’humanité. Ce qui nous plaisait, au contraire, était le fait que les ouvriers du vingtième siècle avaient rompu la continuité de la longue et glorieuse histoire des classes subalternes, avec leurs révoltes désespérées, leurs hérésies millénaristes, leurs tentatives généreuses répétées, toujours douloureusement réprimées, de briser les chaînes. Dans l’usine, dans la grande usine, le conflit était presque à armes égales, on perdait et on gagnait, jour après jour, dans une permanente guerre de position. Dans la lutte de classe, ce qui nous enthousiasmait c’était la classe en lutte. Sa forme, bien sûr, mais aussi les #rythmes qu’il fallait choisir, ou plutôt les moments qu’il fallait utiliser, les conditions qu’il fallait imposer, et donc les objectifs qu’il fallait poursuivre et les moyens mis en œuvre pour les atteindre : on ne peut rien demander de plus que cela, on ne peut rient obtenir de moins.

    #Tronti, nous opéraïstes

  • Les origines rurales du socialisme
    http://offensive.samizdat.net/spip.php?article461

    Les prolétaires de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle étaient d’une espèce bien particulière. Pensant sans entraves, manifestant une énergie naturelle et spontanée, mécontents de la perte de leur indépendance, ils avaient hérité leurs valeurs d’un monde artisanal disparu, de l’amour de la terre et de la #solidarité communautaire. C’est là que prend sa source l’esprit révolutionnaire des mouvements #ouvriers, depuis les barricades de juin 1848 à Paris, où une classe ouvrière formée en grande partie d’anciens artisans a brandi les drapeaux rouges de « la sociale », jusqu’aux barricades de mai 1937 à Barcelone, où une classe ouvrière socialement encore plus consciente levait les drapeaux rouges et noirs de l’#anarcho-syndicalisme. Ce qui a si remarquablement changé aujourd’hui et dans les décennies qui suivirent ce siècle d’agitation et son projet révolutionnaire, c’est la composition sociale, la culture politique, l’héritage et les buts du #prolétariat. Le monde agraire et les tensions culturelles avec le monde industriel qui nourrissaient la ferveur révolutionnaire sont tombés dans l’oubli de l’histoire, mais aussi les individus, le type de personnalité même, qui incarnaient ce passé et ces tensions. La classe ouvrière actuelle s’est complètement industrialisée, au lieu de s’être radicalisée comme l’espéraient pieusement les socialistes et les anarcho-syndicalistes. Elle n’a plus le sens du contraste, ne connaît plus l’affrontement des traditions ni les attentes millénaristes de celle qui l’a précédée. Non seulement les #mass_media l’ont complètement récupérée et définissent ses attentes (une explication commode si l’on veut tout renvoyer à la puissance des médias modernes), mais, en tant que classe, le prolétariat est devenu le partenaire de la bourgeoisie et non plus son antagoniste inflexible. […] Nous ne pouvons qu’assister non seulement à l’échec de la classe ouvrière comme « agent historique » du changement révolutionnaire, mais aussi à sa transformation en un produit fabriqué par le #capitalisme dans le cours de sa propre évolution.

    Murray Bookchin, Une société à refaire. Vers une écologie de la liberté, traduction de C. Barret, Montréal, Écosociété, 1993, p.191-194.

    je fais aussi le lien avec ces deux magnifiques bouquins de Simone Weil, La condition ouvrière http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/condition_ouvriere/la_condition_ouvriere.pdf et L’Enracinement http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/enracinement/weil_Enracinement.pdf notamment la partie « #déracinement ouvrier »

    et aussi #industrialisation et #système_technicien

  • La mort du travailleur | ARTE
    http://www.arte.tv/guide/fr/034580-000/la-mort-du-travailleur

    En cinq lieux à travers le monde, cinq situations exemplaires, ce film montre avec un sens époustouflant de la mise en scène les conditions de vie et de travail effarantes qui sont le lot des laissés-pour-compte du #libéralisme économique. En #Ukraine, des mineurs au chômage rampent dans les étroites galeries d’une mine désaffectée pour extraire quelques seaux de charbon ; là même où, en 1935, le héros soviétique Stakhanov avait battu tous les records de production, le glorieux combat pour l’énergie s’est mué en un travail illégal qui n’a d’autre objectif que la survie. En #Indonésie, dans l’est de #Java, des tâcherons exploitent le soufre au cœur d’un volcan en activité, dans les vapeurs toxiques et la chaleur étouffante ; pour certains d’entre eux, cela fait trente ans qu’ils descendent au fond du cratère pour remonter à dos d’homme une centaine de kilos de soufre, risquant leur vie à chaque voyage. Au #Nigeria, dans l’atmosphère empuantie des carcasses brûlées, les tueurs d’un abattoir en plein air s’arrachent les clients pour essayer d’égorger chaque jour le plus grand nombre de bêtes possible. Au #Pakistan, des hommes démantèlent à main nue un vieux cargo échoué sur la côte, sous la menace permanente des chutes et des explosions ; d’origine paysanne pour la plupart, ils doivent se faire démolisseurs d’épaves pour nourrir leur famille. En #Chine, les #ouvriers d’une usine sidérurgique redoutent l’implantation d’une nouvelle unité ultramoderne, pressentant qu’ils sont les derniers spécimens d’une espèce en voie d’extinction…

  • Un antifascisme au service de la lutte des classes
    http://lahorde.samizdat.net/2014/05/10/un-antifascisme-au-service-de-la-lutte-des-classes

    Le site Travail contre Capital a publié plusieurs textes intéressants sur les rapports de l’extrême droite (et du #Front_National en particulier) avec le monde ouvrier. En voici un exemple, reproduit ici partiellement : L’extrême droite est une composante parmi d’autres du système capitaliste, alors pourquoi aujourd’hui rendre la lutte contre les nationalistes aussi primordiale [&hellip

    #Repères #capitalisme #ouvriers

  • Les travailleurs des déchets : pénibilité, virilité, « bricoles », et autonomie | NRT

    http://nrt.revues.org/586

    La seconde partie du livre est centrée sur les conditions de travail des éboueurs. (…) En présentant le Ripeur comme « un travail d’aujourd’hui », [Serge Volkoff et Valérie Pueyo] insistent sur le fait que ce métier n’est pas un anachronisme, mais au contraire très représentatif des contraintes dans le travail d’aujourd’hui, telles qu’elles seront déclinées de manière très convergente dans les chapitres suivants : sollicitations physiques, gestion complexe des contraintes de rythme, préservation d’une harmonie au sein de l’équipe, prégnance des inter-actions avec les usagers. En nous décrivant sa première journée de travail en tant qu’éboueur au sein d’une entreprise privée en Belgique, F. Michel nous livre un témoignage convaincant de son extrême pénibilité. Il nous montre le rôle majeur qu’y joue la virilité – le « courage viril » – comme valeur donnant sens à cet univers professionnel. L’une des fonctions de la virilité est de protéger les jeunes recrues, en dissuadant les moins solides de s’engager dans le métier. Quant à Nadine Poussin, elle [met] au jour les conditions de l’ « élaboration collective du geste de métier ». Dans certains cas, les « bricoles » ou astuces inventées par les travailleurs pour être plus efficaces dans leur activité, notamment par reconversion des déchets comme outils de travail – les « raclettes », qui sont des pelles faites avec des cartons, ou des « barrages » utilisés lors du lavage des rues et confectionnés avec des morceaux de moquettes – font l’objet d’usages variables et de discussions entre eux. (...)
    La troisième et dernière partie du livre traite plus frontalement des identités professionnelles : « comment peut-on être travailleur des déchets », c’est-à-dire faire avec la dévalorisation sociale associée à la catégorie de déchets ? Dans la ville de Sao Polo (Angelo Soares), ce sont des migrants venus du Nord Est du pays – les nordestinos – qui occupent généralement ces emplois quand « toutes les autres portes se sont fermées ». Mais ce n’est pas un emploi situé tout en bas de l’échelle : il a le double avantage relatif d’être formel (déclaré et donnant donc droit à protection sociale) et – argument avancé par ceux qui disent l’avoir choisi – offrant une certaine liberté : absence de surveillance hiérarchique, exercice à l’air libre, ces dimensions sont avancées par des éboueurs de divers pays. L’auteur insiste aussi sur le plaisir et la souffrance qui sont spécifiquement liés à l’exercice du métier dans l’espace public. (…) Isabelle Gernet et Stéphane Le Lay s’intéressent quant à eux aux effets de la pénétration des femmes, encore très marginale (3 % des effectifs), mais significative, et des accommodements nécessaires des conduites viriles, tant du côté des hommes que du côté des femmes. Chez ces dernières, il s’agit soit de se rendre invisible en tant que femme, au risque d’être perçue par les hommes comme une lesbienne « masculine », soit de bien faire son travail, « comme dans sa cuisine », au risque d’être dépréciée par les hommes.

    #travail
    #ouvriers
    #genre

  • #Chine : des dizaines de milliers d’ #ouvriers en #grève dans une #usine géante

    Des dizaines de milliers d’ouvriers étaient en grève mercredi dans une énorme usine du sud de la Chine fabriquant des #chaussures de #sport pour #Nike et #Adidas, un mouvement social qui a déclenché un imposant déploiement des forces de l’ordre, a rapporté une ONG.

    http://www.liberation.fr/economie/2014/04/16/chine-des-dizaines-de-milliers-d-ouvriers-en-greve-dans-une-usine-geante_

    D’autres images dans l’article d’Europe 1, impressionnant !

    http://www.europe1.fr/International/Voici-a-quoi-ressemble-une-greve-en-Chine-2095109/#

    Revue de Presse Hebdomadaire sur la Chine du 14/04/2014

  • « Des visages et des gestes au travail » Des Lejaby aux Atelières
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3148

    Des anciennes #ouvrières de Lejaby, licenciées, montent une #coopérative et revendiquent leur #savoir-faire. Elles font l’objet d’un documentaire intitulé « Chansons de gestes ». Tout a été très vite. En une semaine, « Les Atelières », parmi lesquelles 5 anciennes de Lejaby, ont annoncé leur liquidation faute de financement avant de rencontrer le ministre …

    #Nos_enquêtes #S'organiser #couture #jelaby #licenciement

  • Les ouvriers chinois d’ #IBM vent debout contre #Lenovo

    Depuis le début de la semaine, plus de mille #ouvriers d’une #usine IBM de #Shenzhen qui doit bientôt être reprise par le groupe #chinois Lenovo sont en #grève.

    A lire également : la douche froide à Hong Kong suite aux velléités démocratiques

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203358864890-cette-nuit-en-asie-les-ouvriers-chinois-d-ibm-vent-debout-con

    Revue de Presse Hebdomadaire sur la Chine du 03/03/2014

  • Marine et Nadine : Tentations Géméllaires
    de Sophie Broyet

    Décembre 2011, je commettais un billet « Marine et Nadine : tentations gémellaires ». Permettez-moi de le reproduire ici, réactualisé des dernières affres des deux soeurs jumelles.

    L’une a grandi à Saint-Cloud, l’autre à Nancy.
    L’une est issue de la #bourgeoisie, l’autre d’un milieu modeste et #ouvrier. Toutes deux sont divorcées, mères de 3 enfants.
    Toutes deux, enfin, vouent un amour immodéré à leur père. L’un borgne, l’autre paralysé.
    Deux hommes qui décidèrent à contre cœur d’envoyer leur progéniture au pensionnat. L’un pour se préparer à la #présidentielle de 1981, l’autre pour permettre à sa fille d’échapper à sa #condition #sociale....

    http://mes-bastilles.over-blog.com/article-marine-et-nadine-tentations-gemellaires-la-suite-10