#p

  • Un pays qui aime le sport | Aude Vidal
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Un-pays-qui-aime-le-sport

    Celles et ceux que fatigue l’overdose actuelle de sport ne sont pas au bout de leurs peines. La France macroniste est un pays profondément divisé politiquement et dans lequel les entrepreneurs en politique n’ont de cesse de nier à leurs adversaires la simple existence ou d’appuyer à leur profit sur tout ce qui clive. Cette France-là a bien besoin de sport, cet objet qui réconcilie à moindre coût, et Emmanuel Macron s’en empare avec enthousiasme. Source : Écologie politique

  • Ariane Lavrilleux : « C’est notre droit à tous d’être informés qui est en jeu »

    La journaliste d’investigation, placée en garde à vue suite à une enquête sur l’Égypte, évoque ses inquiétudes sur les menaces qui pèsent sur liberté de la presse en France.
    https://www.politis.fr/articles/2023/10/ariane-lavrilleux-cest-notre-droit-a-tous-detre-informes-qui-est-en-jeu
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/24/en-soutien-a-ariane-lavrilleux-pour-une-protection-sans-faille-du-secret-des-sources/#comment-58960

    #presse

  • 🛑🛑 TEMOIGNAGE. « J’ai eu une seule proposition en deux ans » : bien que prioritaires, ces familles démunies face à la crise du logement social

    Fin 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d’un logement social - dont 1,63 million pour une première attribution (...)

    #logementsocial #précarité...

    https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/immobilier-indigne/temoignage-j-ai-eu-une-seule-proposition-en-deux-ans-bien-que-prioritai

  • Actes de barbarie contre Hedi : les vidéos enfin révélées
    https://contre-attaque.net/2023/10/03/actes-de-barbarie-contre-hedi-les-videos-enfin-revelees
    https://video.twimg.com/amplify_video/1708905633099984896/vid/avc1/1272x720/_4HvHOhpd334r6z7.mp4?tag=14

    Le 1er juillet au soir, une bande de 4 policiers de la BAC croisent Hedi et un ami dans une rue de Marseille. Ils lui tirent dessus : une balle en caoutchouc en pleine tête. Hedi s’effondre, gravement blessé. Les policiers le traînent au sol pour aller" le tabasser dans une ruelle et l’abandonnent là. Laissé pour mort.
    Hedi est sauvé de justesse par un ami qui l’emmène à l’hôpital et par une prise en charge en urgence. Il sombre dans le coma, les médecins doivent lui retirer une partie du crane pour que son cerveau reste fonctionnel et qu’il ne décède pas la nuit même. Les médecins pensent qu’il ne se réveillera pas. Hedi est un miraculé, mais il garde des séquelles extrêmement graves et devra être réopéré.

    La mise en examen des policiers tireurs a provoqué un mouvement inédit dans la profession : les tabasseurs ont été massivement soutenus, une cagnotte a été créée, des milliers de policiers se sont mis en arrêt maladie en solidarité… Jusqu’au sommet de la police et du ministère de l’Intérieur qui ont défendu le tireur.

    Pourtant, les vidéos des faits ne sortaient pas, malgré la gravité de l’affaire. L’enquête avait pourtant recueilli plusieurs vidéos dès le début de l’été : deux caméras de surveillance et celle d’une habitante. Pourquoi un tel vide dans l’affaire ? Pourquoi cacher ces preuves ? L’IGPN avait même exigé auprès d’une témoin auditionnée de ne pas diffuser la vidéo.

    Médiapart vient d’y remédier. Grace à une précieuse investigation, la journaliste Pascale Pascariello dévoile et analyse les images. Un document accablant pour la police et qui en dit long sur l’état d’esprit des forces de répression. Dans la police française, de tels actes de barbarie en bande ne sont pas seulement couverts, ils sont encouragés.

    « Ils furent applaudis par leurs collègues à la sortie de leur GAV. Des syndicats ont relayé. Des centaines se sont fait porter pâle. Un ministre, un DGPN ont abdiqué. Voici les images de cette police. » David Dufresne
    #haine-raciale #police

  • La Pétroleuse : une police d’écriture vintage et inclusive inspirée d’une fonte des années 1880
    https://mastodon.art/@lokigwyn/111165199665013520

    🔥Et voilà La Pétroleuse : une police d’écriture vintage et inclusive inspirée d’une fonte des années 1880.
    Avec la Pétroleuse, on fait fondre les caractères entre eux et on fait fondre les cerveaux des réac, des mascus et de toustes celleux qui détestent l’écriture inclusive !

  • Science économique ? Vous avez dit « science » ?

    « Portrait du pauvre en habit de vaurien » se voulait le premier opus d’un programme de recherche de Michel Husson portant sur les dispositifs de légitimation de la pauvreté (au 19e) puis du chômage aux siècles suivants « en soulignant les similitudes et les inflexions », comme il l’écrivait en 2021. Il s’agit donc de rendre compte de la manière dont l’économie politique traite les questions de « surnuméraire » – pauvre ou chômeur -, en explicitant les soubassements idéologiques pour comprendre les types de réponse proposés.

    Le résumé est facile et bien connu : si les pauvres sont pauvres, les chômeurs chômeurs c’est de leur faute, de leur responsabilité individuelle. La politique de l’État doit donc les forcer à travailler en diminuant toutes les dépenses sociales, l’assistanat. Ainsi la politique économique de Macron ne vise pas seulement à diminuer les dépenses publiques mais répond à des considérants idéologiques plus profonds.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/03/science-economique-vous-avez-dit-science

    #politique

  • L’épizootie hémorragique bovine, une maladie « purement commerciale » ? – Par Yann Faure
    https://www.les-crises.fr/epizootie-hemorragique-bovine-une-maladie-purement-commerciale

    Cette fois, on ne pourra pas reprocher aux pouvoirs publics d’avoir manqué de vigilance ou de réactivité vis-à-vis d’une menace sanitaire. Par Yann Faure Ce mercredi 20 septembre, la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) des Pyrénées Atlantiques a brusquement sonné l’alarme : « Le virus provoquant la maladie hémorragique épizootique chez les […]

    #Politique

  • il existe désormais un test pour détecter la prise d’une pilule abortive
    https://www.neonmag.fr/societe-politique/avortement-il-existe-desormais-un-test-pour-detecter-la-prise-dune-pilule-ab

    En Pologne, où l’avortement est interdit, un test de laboratoire permet de détecter si une personne a pris ou non une pilule abortive, rapporte le New York Times. Le test aurait déjà été utilisé dans quelques enquêtes. Et il pourrait s’exporter dans d’autres pays, comme les États-Unis.

    il pourrait s’exporter aussi en france si macron décide de lutter contre la baisse de la natalité à sa facon « démocratique » et la grosse marine ou le nabot zemmour et son mâitre Bolloré seront bien partant pour imposer ce test.
    #IVG #backlash #avortement

  • Climat : et si l’écologie, c’était plutôt de rouler avec nos vieilles voitures ?
    https://www.sudouest.fr/economie/transports/climat-et-si-l-ecologie-c-etait-plutot-de-rouler-avec-nos-vieilles-voitures

    Dans une large majorité, les propos des usagers de vieilles automobiles expriment une rhétorique du réemploi opposée à la production et la consommation de masse. Il s’agit de promouvoir une écologie priorisant l’usage d’outils fonctionnels (ou réparables) au recours à du neuf. Dans leurs discours, cette écologie du réemploi apparaît comme davantage réaliste parce qu’elle se veut plus accessible financièrement, et correspondrait à un mode de vie sobre déjà dont l’expertise existe déjà dans les catégories populaires qui la développent au quotidien.

    Jérôme Denis, David Pontille, Le soin des choses. Politiques de la maintenance
    https://journals.openedition.org/lectures/58828

    #voiture #occasion #écologie #réutilisation #réparation

    • Si tu veux savoir ce que fait la production de voitures électriques à l’environnement va regarder ce seen :
      https://seenthis.net/messages/1018906

      Après ce qui est essentiel pour l’impact sur l’environnement de ton utilisation de ta voiture c’est le nombre de kilomètres que tu roules avec et sa consommation de carburant sur une certaine distance.

      Prenons le cas de l’utilisateur moyen d’une vouture neuve. D’après les chiffres utilisées comme base de calcul par les ingénieurs développeurs de Volkswagen il faut compter avec 20.000 km par an et voiture neuve. Alors si moi, amateur de bagnoles classiques je roule entre 6000 et 10.000 km par an je rends inutile la fabrication d’un monstre à propulsion électrique et je contribue à la réduction de la consommation de carburants et d’autres ressources.

      Comment est-ce que c’est possible ?

      D’abord qui choisit de rouler en voiture classique le fait en sachant que ce n’est pas un outil fiable pour l’utilisation quotidienne. On le fait parce qu’on aime bien et parce qu’on aide à préserver une mémoire culturelle. On a donc fait le choix, d’utiliser les transports en commun dont les taxis modernes et peu polluants pour ses déplacements quotidiens et professionnels à moins de faire partie des quelques très riches collectionneurs dont la vie n’est qu’un gaspillage extrême et permanent de ressources et de sacifices de vies d’autrui. Ces gens là et leurs pratiques ne rentrent pas dans le cadre d’une réflexion sur la culture ou les transports pour tous.

      Pourquoi ne pas choisir une voiture moderne pour ses quelques kilomètres annuels ?

      Il serait vraiment idiot et peu rentable de faire fabriquer une voiture qui ne roule que si peu. Ceci est sans doute vrai et pour le coût de production et pour le gâchis de ressources nécessaires.

      A mi-terme cette pratique de rouler en voiture ou moto classique (classique pour moi signifie avant l’arrivée des systèmes numériques ou avant l’arrivée des circuits intégrés dans la construction automobile et de motos, alors avant l’an 1995 ou 1980 respectivement) va se rarifier avec la difficulté croissante de se procurer des pièces détachées, huiles et d"autres fluides requises pour faire rouler un véhicule classique. La disparition des mécaniciens compétants rendra cette occupation de moins en moins abordable hors contexte associatif de collection. Le coût de l’entretien sera de plus en plus élevé, alors cette pratique sera de plus en plus réservée aux heureux capables de se permettre un hobby comme la navigation maritime en voilier ou la collection d’oeuvres d’art.

      C’est donc un sujet temporaire qui fait partie des autres efforts de conservation d’artefacts culturels et historiques. C’est une occupation qui mérite notre appréciation et notre soutien. Elle n’a rien à faire avec une politique des transports et ce n’est pas un facteur économique important.

      Il faut pourtant faire attention à ne pas tomber dans le piège des voitures et surtout motos neuves qui imitent le look des véhicules classiques. Là il s’agit de tentatives de l’industrie polluante à profiter de la nostalgie des personnes sans ambitions culturelles et sans réflexion aprofondie.

      Nous b’avons plus besoin de nouvelles voitures individuelles. On devrait en finir avec l’industrie automobile.

      L’avenir des transport est public et peu polluant. Les transports motorisés individuels n’ont qu’un avenir comme solution d’appoint et temporaire.

      #voiture #pollution #technoligie #climat

  • Tracking the Pact : Derogations all round in Council’s latest crisis Regulation edit

    Of the five legislative proposals in the EU’s Pact on Migration and Asylum, there is only one for which the Council has not so far adopted a negotiating position: the crisis and force majeure Regulation. The main purpose of the law is to set out derogations from other measures in the Pact, which are all due to be approved by next spring. The latest version of the text (published here) was up for discussion yesterday at the Justice and Home Affairs Council, which failed to reach agreement on it. Another attempt will reportedly be made on Monday.

    While there were major diplomatic efforts to reach agreement on the text (https://www.statewatch.org/media/4055/eu-council-force-majeure-mandate-13499-23.pdf), reports indicate that Italy joined Hungary and Poland in vetoing it during Thursday’s meeting.

    However, “the Coreper, the grouping of 27 national ambassadors to the EU, will meet Monday to approve the deal, and now with Germany’s support, a majority will be clinched on rules that define what a ’migration emergency’ is,” says a report in Malta Today.

    If that is the case, the path will be open to negotiations with the European Parliament.

    Earlier this week the rapporteur for the file in the civil liberties committee, Juan Fernando Lopez Aguilar, said there would be a halt to talks on the other files in the Pact “unless the Council makes up its mind on the Crisis Regulation because the element of solidarity, binding solidarity when needed.”

    The solidarity foreseen by the crisis Regulation will involve other EU member states and EU agencies stepping up to support the country deemed to be facing a “crisis” or a situation of “instrumentalisation of migrants.”

    This particular form of solidarity is for states, rather than people, and measures can include “return actions” and “strengthened actions and cross-sectoral activities in the external dimension of migration.”

    https://www.statewatch.org/news/2023/september/tracking-the-pact-derogations-all-round-in-council-s-latest-crisis-regul

    #crise #force_majeure #dérogations #solidarité #migrations #asile #réfugiés

    –—

    ajouté à la métaliste sur le #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile :
    https://seenthis.net/messages/1019088

  • The world’s poorest people won’t be able to migrate to escape climate disasters

    Climate change-driven heat waves, droughts, and floods will push vulnerable people into more extreme poverty, Harvard researcher says.

    Climate change will cause more intense droughts, extreme flooding, and crippling heat waves in many parts of the world.

    In response, some people may become climate refugees.

    But Hélène Benveniste of Harvard University found that as conditions become more extreme, it will get harder for many of the world’s poorest and most vulnerable people to move. So some will be unable to escape.

    “It’s costly to move, particularly if you’re going to move further away, and especially if you’re going to move across borders,” she says.

    Climate-change-driven heat waves, droughts, and floods can damage crops and destroy houses — pushing low-income people even further into poverty.

    Extreme weather could also make it more difficult for just one or two family members to move away and send money back home.

    “What that means is kind of a double whammy,” Benveniste says. “You have climate change impacts in origin communities in those locations … but you also have limited options of having access to credit that is being sent back to origin communities because migrants are not being able to leave in the first place.”

    So Benveniste says that as much as the world is focused on climate refugees, we also need to pay attention to people who cannot afford to escape climate disasters at all.

    https://yaleclimateconnections.org/2023/09/the-worlds-poorest-people-wont-be-able-to-migrate-to-escape-

    #réfugiés_climatiques #réfugiés_environnementaux #pauvreté #migrations #vulnérabilité

    • Climate change increases resource-constrained international immobility

      Migration is a widely used adaptation strategy to climate change impacts. Yet resource constraints caused by such impacts may limit the ability to migrate, thereby leading to immobility. Here we provide a quantitative, global analysis of reduced international mobility due to resource deprivation caused by climate change. We incorporate both migration dynamics and within-region income distributions in an integrated assessment model. We show that climate change induces decreases in emigration of lowest-income levels by over 10% in 2100 for medium development and climate scenarios compared with no climate change and by up to 35% for more pessimistic scenarios including catastrophic damages. This effect would leave resource-constrained populations extremely vulnerable to both subsequent climate change impacts and increased poverty.

      https://www.nature.com/articles/s41558-022-01401-w

  • La chute du Heron blanc, ou la fuite en avant de l’agence #Frontex

    Sale temps pour Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières : après le scandale des pushbacks dans les eaux grecques, qui a fait tomber son ex-directeur, l’un de ses drones longue portée de type Heron 1, au coût faramineux, s’est crashé fin août en mer ionienne. Un accident qui met en lumière la dérive militariste de l’Union européenne pour barricader ses frontières méridionales.

    Jeudi 24 août 2023, un grand oiseau blanc a fait un plongeon fatal dans la mer ionienne, à 70 miles nautiques au large de la Crète. On l’appelait « Heron 1 », et il était encore très jeune puisqu’il n’avait au compteur que 3 000 heures de vol. Son employeur ? Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes chargée depuis 2004 de réguler les frontières européennes, avec un budget sans cesse en hausse.

    Le Heron 1 est désigné dans la terminologie barbare du secteur de l’armement comme un drone MALE (Medium Altitude Long Endurance) de quatrième génération, c’est-à-dire un engin automatisé de grande taille capable de voler sur de longues distances. Frontex disposait jusqu’au crash de seulement deux drones Heron 1. Le premier a été commandé en octobre 2020, quand l’agence a signé un contrat de 50 millions d’euros par an avec Airbus pour faire voler cet appareil en « leasing » – Airbus passant ensuite des sous-contrats, notamment avec le constructeur israélien IAISystem
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    – pour un total de 2 400 heures de vol, et avec des dépassements qui ont fait monter la facture annuelle. En clair, le coût de fonctionnement de ce drôle d’oiseau est abyssal. Frontex rechigne d’ailleurs à entrer dans les détails, arguant de « données commerciales sensibles », ainsi que l’explique Matthias Monroy, journaliste allemand spécialisé dans l’aéronautique : « Ils ne veulent pas donner les éléments montrant que ces drones valent plus cher que des aéroplanes classiques, alors que cela semble évident. »
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    La nouvelle de la chute de l’onéreux volatile n’a pas suscité beaucoup de réactions publiques – il n’en est quasiment pas fait mention dans les médias autres que grecs, hormis sur des sites spécialisés. On en trouve cependant une trace sur le portail numérique du Parlement européen, en date du 29 août 2023. Ce jour-là, Özlem Demirel, députée allemande du parti de gauche Die Linke, pose la question « E-002469/2023 » (une interpellation enregistrée sous le titre : « Crash of a second long-range drone operated on Frontex’s behalf »), dans laquelle elle interroge la fiabilité de ces drones. Elle y rappelle que, déjà en 2020, un coûteux drone longue distance opéré par Frontex s’était crashé en mer – un modèle Hermes 900 cette fois-ci, tout aussi onéreux, bijou de l’israélien Elbit Systems. Et la députée de demander : « Qui est responsable ? »

    Une question complexe. « En charge des investigations, les autorités grecques détermineront qui sera jugé responsable, explique Matthias Monroy. S’il y a eu une défaillance technique, alors IAI System devra sans doute payer. Mais si c’est un problème de communication satellite, comme certains l’ont avancé, ou si c’est une erreur de pilotage, alors ce sera à Airbus, ou plutôt à son assureur, de payer la note. »
    VOL AU-DESSUS D’UN NID D’EMBROUILLES

    Le Heron 1 a la taille d’un grand avion de tourisme – presque un mini-jet. D’une envergure de 17 mètres, censé pouvoir voler en autonomie pendant 24 heures (contre 36 pour le Hermes 900), il est équipé de nombreuses caméras, de dispositifs de vision nocturne, de radars et, semble-t-il, de technologies capables de localiser des téléphones satellites
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    . Détail important : n’étant pas automatisé, il est manœuvré par un pilote d’Airbus à distance. S’il est aussi utilisé sur des théâtres de guerre, notamment par les armées allemande et israélienne, où il s’est également montré bien peu fiable
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    , sa mission dans le cadre de Frontex relève de la pure surveillance : il s’agit de fournir des informations sur les embarcations de personnes exilées en partance pour l’Europe.

    Frontex disposait de deux drones Heron 1 jusqu’au crash. Airbus était notamment chargé d’assurer le transfert des données recueillies vers le quartier général de Frontex, à Varsovie (Pologne). L’engin qui a fait un fatal plouf se concentrait sur la zone SAR(Search and Rescue
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    ) grecque et avait pour port d’attache la Crète. C’est dans cette même zone SAR que Frontex a supervisé plus ou moins directement de nombreux pushbacks (des refoulements maritimes), une pratique illégale pourtant maintes fois documentée, ce qui a provoqué un scandale qui a fini par contraindre le Français Fabrice Leggeri à démissionner de la tête de l’agence fin avril 2022. Il n’est pas interdit de penser que ce Heron 1 a joué en la matière un rôle crucial, fournissant des informations aux gardes-côtes grecs qui, ensuite, refoulaient les embarcations chargées d’exilés.

    Quant à son jumeau, le Heron positionné à Malte, son rôle est encore plus problématique. Il est pourtant similaire à celui qui s’est crashé. « C’est exactement le même type de drone », explique Tamino Bohm, « tactical coordinator » (coordinateur tactique) sur les avions de Sea-Watch, une ONG allemande de secours en mer opérant depuis l’île italienne de Lampedusa. Si ce Heron-là, numéro d’immatriculation AS2132, diffère de son jumeau, c’est au niveau du territoire qu’il couvre : lui survole les zones SAR libyennes, offrant les informations recueillies à ceux que la communauté du secours en mer s’accorde à désigner comme les « soi-disant gardes-côtes libyens »
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    – en réalité, des éléments des diverses milices prospérant sur le sol libyen qui se comportent en pirates des mers. Financés en partie par l’Union européenne, ils sont avant tout chargés d’empêcher les embarcations de continuer leur route et de ramener leurs passagers en Libye, où les attendent bien souvent des prisons plus ou moins clandestines, aux conditions de détention infernales
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    .

    C’est ainsi qu’au large de Lampedusa se joue une sorte de guerre aérienne informelle. Les drones et les avions de Frontex croisent régulièrement ceux d’ONG telles que Sea-Watch, dans un ballet surréaliste : les premiers cherchant à renseigner les Libyens pour qu’ils arraisonnent les personnes exilées repérées au large ; les seconds s’acharnant avec leurs maigres moyens à documenter et à dénoncer naufrages et refoulements en Libye. Et Tamino d’asséner avec malice : « J’aurais préféré que le drone crashé soit celui opérant depuis Malte. Mais c’est déjà mieux que rien. »
    BUDGET GONFLÉ, MANDAT ÉLARGI

    Tant que l’enquête sur le crash n’aura pas abouti, le vol de drones Heron 1 est suspendu sur le territoire terrestre et maritime relevant des autorités grecques, assure Matthias Monroy (qui ajoute que cette interdiction s’applique également aux deux drones du même modèle que possède l’armée grecque). Le crash de l’un de ses deux Heron 1 est donc une mauvaise nouvelle pour Frontex et les adeptes de la forteresse Europe, déjà bien éprouvés par les arrivées massives à Lampedusa à la mi-septembre et l’hospitalité affichée sur place par les habitants. À l’image de ces murs frontaliers bâtis aux frontières de l’Europe et dans l’espace Schengen – un rapport du Parlement européen, publié en octobre 2022 « Walls and fences at EU borders » (https://www.europarl.europa.eu/thinktank/en/document/EPRS_BRI(2022)733692), précise que l’on en est à 2 035 kilomètres de barrières frontalières, contre 315 en 2014 –, matérialisation d’un coûteux repli identitaire clamant une submersion fantasmée, il est évident que la démesure sécuritaire ne freine en rien les volontés de rejoindre l’Europe.

    Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent. Lors de sa première année d’opérations, en 2005, Frontex disposait d’un budget de 6 millions d’euros. Depuis, celui-ci n’a cessé d’enfler, pour atteindre la somme de 845,4 millions d’euros en 2023, et un effectif de plus de 2 100 personnels – avec un budget prévisionnel 2021-2027 de 11 milliards d’euros et un objectif de 10 000 gardes d’ici à 2027 (dont 7 000 détachés par les États membres).

    Depuis 2019, Frontex dispose d’un mandat élargi qui autorise l’acquisition et la possession d’avions, de drones et d’armes à feu. L’agence s’est aussi géographiquement démultipliée au fil de temps. Ses effectifs peuvent aussi bien patrouiller dans les eaux de Lampedusa que participer à des missions de surveillance de la frontière serbo-hongroise, alors que son rôle initial était simplement d’assister les pays européens dans la gestion de leurs frontières. L’agence européenne joue aussi un rôle dans la démesure technologique qui se développe aux frontières. Rien que dans les airs, l’agence se veut novatrice : elle a déjà investi plusieurs millions d’euros dans un projet de #zeppelin automatisé relié à un câble de 1 000 mètres, ainsi que dans le développement de drones « #quadcopter » pesant une dizaine de kilos. Enfin, Frontex participe aussi à la collecte généralisée de #données migratoires dans le but d’anticiper les refoulements. Elle soutient même des projets visant à gérer les flux humains par #algorithmes.

    Traversée comme les armées par une culture du secret, l’agence s’est fait une spécialité des zones grises et des partenariats opaques, tout en prenant une place toujours plus importante dans la hausse de la létalité des frontières. « Frontex est devenue l’agent de la #militarisation_des_frontières européennes depuis sa création, résume un rapport de la Fondation Jean-Jaurès sorti en juillet 2023. Fondant son fonctionnement sur l’#analyse_des_risques, Frontex a contribué à la perception des frontières européennes comme d’une forteresse assiégée, liant le trafic de drogue et d’êtres humains à des mouvements migratoires plus larges. »

    « VOUS SURVEILLEZ LES FRONTIÈRES, NOUS VOUS SURVEILLONS »

    Dans sa volonté d’expansion tous azimuts, l’agence se tourne désormais vers l’Afrique, où elle œuvre de manière plus ou moins informelle à la mise en place de politiques d’#externalisation des frontières européennes. Elle pèse notamment de tout son poids pour s’implanter durablement au #Sénégal et en #Mauritanie. « Grâce à l’argent des contribuables européens, le Sénégal a construit depuis 2018 au moins neuf postes-frontières et quatre antennes régionales de la Direction nationale de lutte contre le trafic de migrants. Ces sites sont équipés d’un luxe de #technologies de #surveillance_intrusive : outre la petite mallette noire [contenant un outil d’extraction des données], ce sont des #logiciels d’#identification_biométrique des #empreintes_digitales et de #reconnaissance_faciale, des drones, des #serveurs_numériques, des lunettes de vision nocturne et bien d’autres choses encore », révèle une enquête du journal étatsunien In These Times. Très impopulaire sur le continent, ce type de #néocolonialisme obsidional se déploie de manière informelle. Mais il porte bien la marque de Frontex, agence agrippée à l’obsession de multiplier les murs physiques et virtuels.

    Au Sénégal, pour beaucoup, ça ne passe pas. En août 2022, l’association #Boza_Fii a organisé plusieurs journées de débat intitulées « #Pushback_Frontex », avec pour slogan : « Vous surveillez les frontières, nous vous surveillons ». Une manifestation reconduite en août 2023 avec la mobilisation « 72h Push Back Frontex ». Objectif : contrer les négociations en cours entre l’Union européenne et le Sénégal, tout en appelant « à la dissolution définitive de l’agence européenne de gardes-frontières ». Sur RFI, son porte-parole #Saliou_Diouf expliquait récemment son point de vue : « Nous, on lutte pour la #liberté_de_circulation de tout un chacun. […] Depuis longtemps, il y a beaucoup d’argent qui rentre et est-ce que ça a arrêté les départs ? »

    Cette politique « argent contre muraille » est déployée dans d’autres États africains, comme le #Niger ou le #Soudan. Frontex n’y est pas directement impliquée, mais l’Europe verse des centaines de millions d’euros à 26 pays africains pour que des politiques locales visant à bloquer les migrations soient mises en place.

    « Nous avons besoin d’aide humanitaire, pas d’outils sécuritaires », assure Mbaye Diop, travailleur humanitaire dans un camp de la Croix-Rouge situé à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, dans l’enquête de In These Times. Un constat qui vaut de l’autre côté de la Méditerranée : dans un tweet publié après le crash du Heron 1, l’ONG Sea-Watch observait qu’avec les 50 millions alloués à Airbus et à ses sous-traitants pour planter son Heron dans les flots, « on pourrait faire voler pendant 25 ans nos avions de secours Seabird 1 et Seabird 2 ».

    https://afriquexxi.info/La-chute-du-Heron-blanc-ou-la-fuite-en-avant-de-l-agence-Frontex

    #drones #Heron_1 #frontières #surveillances_des_frontières #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés #drone_MALE (#Medium_Altitude_Long_Endurance) #crash #Airbus #complexe_militaro-industriel #IAI_System #coût #prix #budget #chute #fiabilité #Hermes_900 #Elbit_Systems #données #push-backs #refoulements #AS2132 #Libye #guerre_aérienne_informelle #biométrie

  • ★ Sur le temps scolaire comme en dehors : non à la militarisation de la jeunesse ! – CNT-SO Educ

    Le 19 septembre, la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du Service national Universel l’a réaffirmé par voie médiatique : le SNU doit devenir « un passage républicain pour toute une génération ». La Macronie veut toujours généraliser le SNU !
    Derrière les phrases creuses de Prisca Thévenot, sur la supposée « perte des repères » de la jeunesse et la « cohésion nationale », pas d’annonces concrètes ni de calendrier de la future obligation. Pour l’instant, le SNU garder sa formule actuelle qui peine toujours autant à susciter l’adhésion de la jeunesse (moins de 50 000 volontaires sur 800 000 jeunes éligibles). Face à ce désintérêt, c’est bien par le biais de l’Éducation Nationale que le gouvernement cherche à imposer le dispositif !
    Laissons la jeunesse libre de ses engagements !
    Dès cette rentrée, le ministère lance les labels « classes et lycées engagés » avec des appels à candidature jusqu’au 20 octobre. Ce label sera attribué, après examen par des commissions académiques, à des classes de seconde et de première année de CAP. Le label « lycée engagé » pourra aussi être attribué à des établissements qui feront de l’engagement un axe central de leur projet d’établissement et comporteront au moins deux « classes engagées ». Les projets pourront être renouvelés sur 3 ans (...)

    🛑 #jeunesse #embrigadement #SNU #militarisme #nationalisme #patriotisme #autorité #domination #Étatisme... #antimilitarisme ... #NonauSNU !...

    https://educ.cnt-so.org/sur-le-temps-scolaire-comme-en-dehors-non-a-la-militarisation-de-la-jeu

  • Was der Kaupert nicht weiß - Museum für Meereskunde, Georgenstraße 34–36
    https://www.openstreetmap.org/way/22972454#map=19/52.51978/13.38989

    Ungefähr am Ort der Keuzung der heutigen Planckstraße (Hausnummer 4?) mit der Georgenstraße befand sich das Ozeanograhische Museum Berlin an der Prinz-Louis-Ferdinand-Straße.

    Museum für Meereskunde (Berlin) ehemaliges Museum in Berlin
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Museum_f%C3%BCr_Meereskunde_(Berlin)

    Das Institut und Museum für Meereskunde (IMfM bzw. MfM) wurden 1900 als gesonderte Einrichtungen der Berliner Universität gegründet. Die Eröffnung des Museums fand am 5. März 1906 im Beisein von Kaiser Wilhelm II. statt. Das Museum wurde im Zweiten Weltkrieg durch Bomben stark zerstört und nicht wieder aufgebaut.
    Bronzeschild des Museums für Meereskunde an der Fassade des Deutschen Technikmuseum Berlin
    Entstehung, Aufbau und Aufgabe Bearbeiten
    Nachbau der Kommandobrücke des Linienschiffes Braunschweig (1904) im Lichthof
    Schüler im Museum, 1925

    Das Konzept fußt auf einer Marine-Modell-Ausstellung von 1897/98, welche das Reichsmarineamt und das preußische Kulturministerium initiiert hatten. Ziel der neuen Einrichtung war es, „das Verständnis für die mit der See und dem Seewesen zusammenhängenden Wissenszweige zu heben und den Sinn für die nationale und wirtschaftliche Bedeutung der Seeinteressen zu wecken.“ Das Museum war von Anfang an sowohl für das akademische als auch für das nichtakademische Publikum konzipiert. Es befand sich in der Georgenstraße 34–36, in den Räumen des ehemaligen chemischen Laboratoriums. Das Institut hatte eine enge Verbindung zum Geographischen Institut der Universität, nicht zuletzt auch durch den Gründungsdirektor Ferdinand von Richthofen, der die Eröffnung vorbereitete und Albrecht Penck, der lange Zeit Direktor des Instituts und des Museums war.

    Zwischen der Gründung und der Eröffnung der Einrichtung lagen sechs Jahre, was unter anderem an der schleppenden Objektbeschaffung lag: Die Schenkungen und der Ankaufsetat waren zu gering, um das Konzept rascher umzusetzen. Zudem sollten Präparate durch zeitaufwendige Expeditionen gewonnen werden. Auch die Beschaffung der vom deutschen Kaiser in Aussicht gestellten Objekte verlief keineswegs reibungsfrei. Der Kaiser wies an, dass die bestehenden Sammlungen seiner Marine grundsätzlich erhalten bleiben sollten und nur „entbehrliche“ Objekte an das Museum zu übergeben seien. Schließlich wünschte Admiral Alfred von Tirpitz, seit 1897 Staatssekretär des Reichsmarineamtes, keine übermäßig offensive Flottenpropaganda, um keinen britischen Präventivschlag zu provozieren. Der aus Kostengründen kontinuierlichen – statt forcierten – Flottenrüstung sollte eine ebenso behutsame „Volksaufklärung“ entsprechen. Diese Strategie ging auf, das Museum leistete den ihm zugedachten Beitrag zur „Marinebegeisterung“. Es war unter der Bevölkerung beliebt und auch in internationalen Fachkreisen geschätzt.

    Erste Exponate des Museums waren eine Schenkung des Tiefseeforschers Karl Chun, der Bodenproben vom Meeresgrund im Rahmen der Expedition des Schiffes Valdivia gesammelt hatte. Die Materialien wurden in der ozeanologischen Museums-Abteilung so aufbereitet, dass damit die Beziehung zwischen den Meersalzen und der Bildung von Steinsalzlagern dargestellt werden konnte. Die bei den Seeforschungen verwendeten Instrumente wurden in einer weiteren Abteilung ausgestellt, eines der ersten Ansichtsexemplare war eine Sigsbee-Lotmaschine (benannt nach deren Konstrukteur Charles Dwight Sigsbee). Zudem gab es eine Abteilung für Küsten- und Hafenwesen, die zwei besondere Stücke präsentierte: ein Reliefbild des Swinemündeer Hafens im Maßstab 1:7500 und ein Anschauungsbild zur Befeuerung der Fahrstraße Kaiserfahrt–Swinemünde. Weitere Museumsabteilungen waren: Schifffahrt, Wasserrettungswesen, Meeresbiologie, Fischerei und wirtschaftliche Verwendung der Meeresprodukte (besonders hervorhebenswert ein Schauschrank mit Bernsteinfunden), die Reichsmarine-Sammlung.
    Organisation

    Ende und Verbleib der Sammlungen

    Literatur

    Weblinks

    Einzelnachweise

    Planckstraße 10117 Berlin-Mitte
    https://m.kauperts.de/Strassen/Planckstrasse-10117-Berlin

    Name seit 5.10.1953 vorher, Prinz-Louis-Ferdinand-Straße (1893-1951) , Max-Planck-Straße (1951-1953)

    Georgenstraße
    https://m.kauperts.de/Strassen/Georgenstrasse-10117-Berlin

    Die Straße wurde benannt nach George, Benjamin, 22.11.1739 Berlin, † 13.1.1823 Berlin, Unternehmer.Der Nachfahre aus Metz eingewanderter Hugenotten, mit der preußischen Adelsfamilie von Treskow durch die Heirat seiner Tochter familiär verbunden, erwarb in Berlin beträchtliches Vermögen mit der Branntweinbrennerei. Der durch seine Wohltätigkeit beliebte Unternehmer ließ mit einem Teil seines Geldes Gebäude errichten und leistete damit einen wichtigen Beitrag zur Stadtentwicklung. Ein Nachruf in der „Vossischen Zeitung“ am 16.1.1823 würdigte ihn u. a. mit den Worten: „Durch große Bauten und Anlagen trug er vieles zur Verschönerung der Stadt bei, wofür ihm die ehrenvolle Auszeichnung wurde, daß man eine Straße nach seinem Namen benannte.“ George wurde auf dem Französischen Friedhof an der Chausseestraße beigesetzt.

    Das Gebiet dieser Straße bestand im 18. Jahrhundert aus moorigen Wiesen, über die von der späteren Universitätsstraße bis zur späteren Neustädtischen Kirchstraße der Katzenstieg (Katzensteig) führte. Der Weg war an seinen Enden mit Gittertüren abgeschlossen. Benjamin George erwarb 1785 das große Gelände nördlich des Steiges zwischen Friedrichstraße und Spree und ließ eine Straße anlegen, die seit 1799 Georgenstraße heißt. Er ließ an Georgen- und Friedrichstraße große Wohnhäuser errichten, in die 1826 das königliche medizinisch-chirurgische Friedrich-Wilhelms-Institut einzog. Durch den Bau der Stadtbahn, die 1882 eröffnet wurde, veränderte sich das Gesicht der Straße vollkommen, da die Bahn die gesamte Nordseite der Straße einnimmt

    #Berlin #Mitte #Prinz-Louis-Ferdinand-Straße #Planckstraße #Georgenstraße

  • JO de Paris : Punaises 1 - 0 Beaune

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/lutte-contre-les-punaises-de-lit-ca-fait-longtemps-que-ca-nous-demange-20

    à un an des Jeux olympiques, les punaises font les gros titres de la presse internationale. La mairie de Paris exhorte l’Etat à s’emparer de ce problème de santé publique et à proposer un plan d’action « à la hauteur de ce fléau ». Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, a réagi vendredi et compte réunir les opérateurs de transports cette semaine pour coordonner une contre-offensive.

    mais que fait Darmanin ? C’est clairement un coup des eco-terroristes :-)

  • California’s struggle for clean water is getting harder - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/environment/story/2023-09-27/californias-struggle-for-clean-water-is-getting-harder

    “The issue is, [the human right to water] is a moral obligation more than a legal obligation,” said Mark Gold, director of water scarcity solutions for the Natural Resources Defense Council. “That’s why you see the results that we’ve had. Unless there’s a legal obligation to clean up the water supply and provide it to your residents, then we end up perpetuating the system that we have, which is environmental racism.”

    #eau #eau_potable #toxiques #états-unis #priorités #milliers_de_milliards #leadership #racisme_environnemental

  • L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/28/l-ukraine-au-defi-de-l-exode-des-femmes-et-des-adolescents_6191386_3210.html

    L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    Le départ des mères avec leurs enfants risque de creuser le déficit d’hommes mobilisables côté ukrainien dans les prochaines années, à mesure que l’affrontement avec les Russes se mue en guerre d’usure.
    Par Emmanuel Grynszpan
    Publié le 28 septembre 2023 à 10h05
    L’Ukraine mène un combat existentiel contre un ennemi numériquement quatre fois supérieur, tout en subissant une hémorragie d’une part de sa population, les femmes et les enfants, qui fuient vers des cieux plus cléments. La population du pays était estimée entre 38 et 42 millions le 24 février 2022. Entre 5 et 8 millions d’individus ont émigré, dont une proportion importante risque de s’installer définitivement à l’étranger, où les conditions d’accueil sont inégales mais où certains pays offrent des perspectives d’intégration alléchantes. Une émigration essentiellement féminine et infantile, car la loi martiale interdit aux hommes valides âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire national.
    Du fait qu’aucun recensement de la population n’a été réalisé depuis l’an 2000, les démographes ne disposent que d’estimations. Les flux migratoires très importants, qui ont commencé bien avant l’invasion russe, compliquent encore le tableau. « Les données officielles de la statistique ukrainienne ne sont pas utilisables, tant elles reposent sur des évaluations fondées sur une méthode remontant à l’époque soviétique », quand les autorités disposaient d’instruments de contrôle social rigides, note Alain Blum, démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques.
    Alors qu’en 1991 l’Ukraine se classait au 22e rang mondial sur la liste des pays les plus peuplés, elle est déjà tombée au 41e rang. « Nous avons déjà perdu 10 millions de personnes en trois décennies. C’est un rythme très rapide », note Oleksandr Gladoune, démographe et directeur du département de modélisation et de prévision démographiques de l’Institut Ptoukha à Kiev. Sa collègue Ella Libanova, directrice de ce même institut, fait remarquer que « la fécondité était déjà tombée à 1,2 enfant par femme en 2021. Ce qui est très loin du taux de remplacement (2,15 enfants par femme), compte tenu des taux de mortalité ukrainiens. » La guerre a accéléré la chute de la fécondité : 0,9 en 2022 et Ella Libanova estime l’indicateur à 0,7 en 2023 et 2024.
    Outre l’impact direct de la guerre (mortalité, émigration, déportations vers la Russie), d’autres facteurs auront un impact négatif, bien qu’indirect et différé, sur la situation démographique de l’Ukraine. Les démographes s’attendent à une poussée du taux de mortalité en Ukraine et à une détérioration de la santé des citoyens ukrainiens. Parmi les raisons, la dégradation des conditions de vie, le sentiment d’insécurité et de stress permanent, la perte de domicile, d’emploi ou de revenus ; la pénibilité des hivers causée par les bombardements russes sur les infrastructures énergétiques ; un accès plus restreint aux services de santé et aux médicaments ainsi qu’à une nourriture de bonne qualité. La guerre a un impact dévastateur sur la santé mentale, provoquant des syndromes post-traumatiques, et faisant basculer les plus fragiles vers la dépression.
    « En termes de dynamique et de structure, les pyramides des âges russe et ukrainienne se ressemblent beaucoup. La différence est bien sûr numérique, mais j’en vois une autre plus inquiétante : l’émigration féminine, analyse Alain Blum. Près de 80 % des départs concernent des femmes et des enfants et des adolescents bientôt en âge d’être enrôlés. Les mères ont tendance à vouloir les mettre à l’abri, ce qui va encore creuser le déficit d’hommes mobilisables dans les trois ans à venir. D’autre part, étant donné que les femmes jouent un rôle important à l’arrière, pour faire tourner l’économie, pour soutenir leurs maris combattants, leur départ massif aura des conséquences à moyen et long terme, en affaiblissant le pays. Cela pourrait dégrader le système de santé avec des effets sur la mortalité et la prise en charge des blessés. »
    La sociologue Ioulia Shukan, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre, observe que « les femmes ukrainiennes circulent beaucoup, font des allers-retours entre l’Ukraine et leurs pays d’accueil. Mon interrogation porte surtout sur les enfants, qui, en s’intégrant dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil, sont susceptibles à terme de fixer avec eux les mères. »
    L’évolution démographique dépend donc en partie des politiques d’intégration des pays d’accueil à l’égard des réfugiés ukrainiens. Certains, pour résoudre leurs propres problèmes démographiques, sont susceptibles de chercher à les retenir, ce qui pourrait devenir une source de tensions entre Kiev et ses alliés européens. « C’est à ce niveau que le gouvernement peut agir : en offrant des conditions décentes après-guerre, en adoptant un modèle européen de développement démocratique et économique, et par ailleurs une politique migratoire attractive », explique Oleksandr Gladoune.
    Sollicité de son propre aveu par le gouvernement et l’état-major, ce spécialiste des projections démographiques avance une hypothèse alarmiste de 30 à 31 millions d’habitants à l’horizon 2037. « Sachant qu’il est impossible de poser une hypothèse sans poser un cadre, nous avons choisi de construire notre scénario sur la reconquête complète du territoire, revenu aux frontières de 1991 [donc incluant la Crimée et le Donbass], et sur la fin de la guerre au début 2025. » Sa collègue Ella Libanova descend jusqu’à 24 millions d’Ukrainiens au cours de la prochaine décennie.
    Ce scénario est supposé sonner l’alarme sans sombrer dans le fatalisme. Dans les moments critiques, le peuple ukrainien a déjà fait preuve d’une étonnante résilience et d’une capacité à inverser des dynamiques qui semblaient inarrêtables. Face à l’adversité actuelle, les Ukrainiens ont fait montre d’une cohésion, d’une capacité à se défendre et d’un patriotisme insoupçonnables il y a encore dix ans. Des qualités cruciales pour rebondir après-guerre.

    #Covid-19#migration#migrant#ukraine#guerre#emigration#mortalite#morbidité#santementale#demographie#femme#enfant#territoire#frontiere#politiquemigratoire#circulation

  • Nanon - Georges Sand - Etude critique - Extraits #paywall

    Nanon est l’un des derniers romans de George Sand. Tout du moins, c’est sa dernière œuvre majeure. Il est d’ailleurs assez étonnant de constater qu’il n’est pas vraiment considéré comme tel. Ecrit tardivement, Nanon paraît en 1872, peu après le traumatisme que la Commune a causé à George Sand., Ce roman est le plus souvent injustement limité à une idylle amoureuse et à un hymne champêtre à la gloire de sa campagne ou à une sorte de conte de fées révolutionnaire. Pourtant, Nanon, histoire de la réussite sans tache d’une jeune paysanne libérée par la Révolution représente bien plus que ça. Sorte de testament, et véritable apologue des idéaux sandiens, le roman est l’illustration parfaite que George Sand fait de la littérature autrement. La grande idée du progrès moral de l’humanité, inspirée de Rousseau, domine cette œuvre totale, qui multiplie les étiquettes avec brio. Quoi qu’il en soit, Nanon ne peut pas laisser de marbre. L’objet de cet avis argumenté sera de démontrer que Nanon doit être considéré comme une œuvre aux multiples facettes, qui est importante dans la bibliographie de George Sand. Il sera intéressant, dans un premier temps, de montrer à quel point George Sand s’est attachée à faire de Nanon un roman à la diversité très riche en multipliant les genres, avant de s’attarder plus précisément au savoureux mélange entre le réalisme contemporain, et son romantisme latent. Enfin, nous établirons que Nanon est avant tout un roman politique et social, empreint d’idéalisme et d’optimisme.

    - Diversité des genres
    - Entre réalisme et romantisme
    - Un roman politique et social empreint d’idéalisme et de positivisme

    Extraits

    [...] Peu importe le nom, Sand dépeint le monde dans sa réalité, comme le dit Sainte-Beuve. Le style très agréable des descriptions champêtres de Nanon, renforce d’une certaine manière son réalisme, parce que Sand nous donne véritablement l’impression d’accompagner les personnages dans une excursion, notamment lorsqu’au milieu du roman, Nanon, Emilien et Dumont s’installent, tels des Robinsons, dans une forêt déserte du Berry, près de Crevant. Les descriptions de la vie paysanne et de ses drames se font de la même manière. [...]

    [...] Enfin, Nanon est un roman qu’on pourrait qualifier de roman historique. À ceci près que l’Histoire est analysée de façon subjective dans l’autobiographie fictive d’une jeune paysanne, ce qui est tout à fait singulier. Contrairement à des romans historiques tels que Don Carlos qui mettent en scène des personnages réels, Sand choisit de faire une peinture de l’histoire à travers les yeux de cette petite fille non instruite, puis de la jeune femme future marquise, avec l’évolution que cela incombe. [...]

    [...] Nanon a toutes les qualités morales que Louise n’a pas. On peut citer Nanon à la page 281 qui dit que la femme donne toujours raison et autorité à celui qu’elle aime Grâce à sa fidélité, Nanon s’en sort. La consécration pour elle sera l’héritage du prieur, et le mariage avec Emilien. Toutefois, même Louise et Costejoux s’en sortent honorablement, preuve une fois de plus du positivisme du roman. Pour ces raisons, Nanon est peut être également un écho à la Cosette des Misérables de Victor Hugo, qui dans sa postface, dit : Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. [...]

    [...] Et par la suite il y’ aura une véritable émulation intellectuelle mutuelle entre eux deux traduite par de très nombreux débats sur lesquels nous reviendront plus tard. À l’époque, l’éducation est primordiale, et les paysans (et encore moins les femmes) ne sont pour la plupart pas instruits. Or, pour Sand, l’éducation est gage de réussite sociale. En outre lorsque que l’on voit, dans cette histoire l’efficacité toute relative du clergé, dont le rôle était, entre autres, de propager les nouvelles, on comprend la nécessité de savoir lire. [...]

    https://www.pimido.com/philosophie-et-litterature/litterature/fiche-de-lecture/nanon-g-sand-etude-critique-507307.html

    • Préface, notes et dossier de Nicole Savy

      Il faut nous débarrasser des théories de 93 ; elles nous ont perdus. Terreur et Saint-Barthélemy, c’est la même voie ”, écrit sans nuances George Sand à un jeune poète en octobre 1873.

      Cette lecture de la Terreur, la condamnation de la violence et le refus absolu de justifier les moyens par la fin viennent tout droit, pour elle, du traumatisme de la Commune qui est le point de départ décisif de l’écriture du roman. Nanon est un palimpseste : il suffit de se reporter à la correspondance de l’auteur pendant l’année terrible pour mesurer à quel degré elle superpose les violences de la Commune de Paris et la terreur révolutionnaire, qu’elle attribue de même non pas à la misère et à la colère populaire mais à une minorité dévoyée, et à la mise à l’écart complète de la France rurale dans un processus exclusivement parisien et ouvrier. “ Ce pauvre Paris représente-t-il encore la France ? L’Empire en avait fait un bazar et un égout. La Commune en a fait un égout et une ruine. Les cléricaux voudraient bien en faire un couvent et un cimetière ”, écrit-elle à son ami Henry Harrisse le 29 juin 1871.

      Flaubert et elle, à force de rage et de désespoir, ne parviennent même plus à s’écrire au printemps 1871, et pas seulement à cause de leurs désaccords politiques, lui haïssant la démocratie et elle la défendant malgré tout. “ Je suis malade du mal de ma nation et de ma race ”, lui écrit-elle le 6 septembre. George Sand a toujours été pacifiste et ennemie de la violence : mais pour la première fois elle se range dans le camp des modérés– bien plus que Hugo, dont elle juge inopportune l’offre d’asile aux communards poursuivis. Effrayée par “la boue et le sang de l’Internationale”, elle prend le parti désabusé d’une république bourgeoise. A la différence de Flaubert, elle ne désavoue pas le peuple : elle juge qu’il a été manipulé. Reste la province, “masse bête et craintive”, toujours attirée par la réaction quand Paris entre en convulsion. C’est dans une lettre à sa fille qu’elle résume le mieux son opinion sur la Révolution française et sur la Commune : “ Toute la révolution de 89 se résume en ceci, acquérir les biens nationaux, ne pas les rendre. Tout s’efface, se transforme ou se restaure, monarchie, clergé, spéculation. Une seule chose reste, le champ qu’on a acheté et qu’on garde. Les communeux comptent sans le paysan, et le paysan c’est la France matérielle invincible […], c’est le sauveur inconscient, borné, têtu ; mais je n’en vois pas d’autre. Il faudra bien que Paris l’accepte ou s’efface. ” Avec une conséquence littéraire directe : comme après son désespoir politique de 1848, qui avait été suivi de La Petite fadette et de François le champi , l’écrivain se remet au travail sur des sujets champêtres, ce qui ne veut certainement pas dire pour elle apolitiques. Réaction logique, puisque pour elle c’est là qu’est la vraie France.

      Pas plus que ses sentiments républicains, Sand n’a répudié son socialisme, mais elle le fonde sur un ordre social rassurant et sur l’acquisition par tous, en particulier par les paysans, de la propriété privée. Vision trop éloignée des masses urbaines et du mouvement ouvrier et syndical qui va se développer dans cette même fin du XIXe siècle pour que le roman n’ait pas été oublié, au moment où Zola développe la fresque du capital financier et de l’exploitation ouvrière dans Les Rougon-Macquart. En juillet 1872, c’est Le capital de Karl Marx qui est traduit en français : Nanon n’est vraiment pas dans l’air de son temps.

      C’est dans ce cadre qu’on peut comprendre l’itinéraire de Nanon, la bergère qui devient propriétaire de sa maison, puis exploitante de terres et de troupeaux qui lui permettent de s’enrichir et d’acquérir pour son compte, en empruntant et plaçant des fonds, un gros capital foncier qu’elle fait fructifier : non par goût de l’argent, dont elle n’a nul besoin personnel, mais parce que la Révolution lui en a donné le droit et la possibilité ; comme outil pour réaliser l’alliance de classes extrêmes que représente son mariage avec Emilien de Franqueville ; enfin par goût du travail bien fait, par souci de réussite dans toutes ses entreprises...

      http://excerpts.numilog.com/books/9782742755912.pdf

    • Communauté et sens du spectacle. La lecture dans Nanon

      Le roman de George Sand, Nanon (1872), comporte un passage consacré à un spectacle qui met en scène les tensions entre l’acte de voir et l’acte de lire dans le cadre de la Révolution française, posant ainsi les rapports entre le récit et la communauté. Dans le chapitre v, Nanon, qui est aussi narratrice de son histoire, relate la célébration de la fête de la Fédération à Valcreux, village fictif de la Creuse. Au cours de la cérémonie, tous les habitants sont doublement unis au sein de leur commune et avec le reste de la nation ; bouleversant les hiérarchies sociales, ils affirment dans le même temps des valeurs partagées. Un autel de gazon surmonté d’une inscription commémorative et dédié aux fruits de la nature et au travail de la terre constitue l’attraction principale de la cérémonie. Sobrement orné d’un arrangement de fleurs, de fruits, d’animaux et d’outils de labour, l’autel évoque l’allégorie d’une abondance à portée de main. Le message des symboles visuels diffère sensiblement de celui de l’inscription portée au bas de la croix d’épis de blé, qui couronne l’autel : « Ceci est l’autel de la pauvreté reconnaissante dont le travail, béni au ciel, sera récompensé sur la terre2. »

      2 La signification de l’autel, présentée de manière à la fois visuelle, par la mise en scène de symboles et d’objets, et de manière conceptuelle, par l’inscription-dédicace, pointe le décalage entre le petit groupe de ceux qui savent lire et la masse des spectateurs qui en sont incapables. Le sentiment euphorique d’union, associé à la fête de la Fédération, est ainsi troublé par le spectacle de l’autel qui sépare la communauté en deux groupes : d’un côté, les organisateurs du spectacle qui cherchent à transmettre des idées ; de l’autre, les spectateurs illettrés qui reçoivent passivement les informations. Cette communication, qui s’avère problématique durant tout le spectacle, notamment à l’endroit de l’autel, accroît paradoxalement le sentiment de communauté en ce que les habitants du village participent activement à la création du sens même de l’événement. En analysant le rôle du festival dans ce roman de Sand sur la révolution (qui inclut, dans le récit, les révolutions de 1789, de 1830 et de 1848), je montrerai comment les pratiques d’interprétation variées, voire concurrentes, permettent de construire une communauté démocratique, faisant de ce roman une réponse différée aux déchirements et à la violence de la Commune de 1871.


      3 Œuvre de Sand peu connue du grand public, Nanon fut en effet publié en feuilleton un an après la Commune, dans le quotidien Le Temps, du 7 mars au 20 avril 1872. Le roman a inspiré de nombreuses études depuis l’importante réédition réalisée par Nicole Mozet en 19873. Récit à la première personne dans lequel la narratrice âgée entreprend, en 1850, l’histoire de sa jeunesse, pendant et après la Révolution française, ce roman offre une perspective peu conventionnelle sur les événements historiques. Dans un style simple et élégant, la narratrice raconte comment elle est parvenue à mettre sur pied un commerce florissant, n’ayant au départ pour toute possession qu’un mouton. Pour atteindre un tel succès, elle apprend à lire, à prendre soin des autres et épouse le marquis de Franqueville – Émilien, aristocrate et novice au moutier de Valcreux, qui deviendra soldat, républicain et fermier. Dans Nanon, Sand allie le réalisme des descriptions de la vie quotidienne paysanne à l’idéalisme des promesses de la Révolution. Comme Nicole Mozet le précise dans sa préface au roman, chaque élément de l’histoire est réaliste, même si l’ensemble du récit peut apparaître improbable, voire utopique (N, p. 7). De son côté, Nancy E. Rogers reconnaît que l’histoire de la Révolution française jouit d’une certaine véracité dans le roman, mais pointe un décalage entre la scène historique révolutionnaire et le quotidien des paysans, privés d’information :

      […] la disjonction entre l’exactitude historique et les effets que ces événements majeurs ont sur les paysans de Nanon, qui sont dans l’ignorance et privés d’accès aux informations fiables en provenance de la capitale, crée une distance, voire une attitude ironique, chez le lecteur4.

      4 Cependant, cette distance avec le déroulement de la Révolution à Paris, pour les paysans, et avec ce que le lecteur en connaît, permet de repenser l’essence de la révolution et les possibilités d’une future action collective. Pour interpréter les événements tels qu’ils sont reconstruits et représentés dans le roman, il faut ainsi prêter attention à l’ensemble du contexte historique et, plus précisément, aux éléments qui vont à l’encontre des faits établis, donc à la rupture avec l’histoire telle qu’elle est exposée par la fiction.

      5 Dans le chapitre v, la narration offre une description de la fête de la Fédération qui est exacte, sur le plan historique, mais innove dans sa complication et sa portée pour le reste du roman. La fête révolutionnaire, qui eut lieu dans toute la France le 14 juillet 1790, constitue l’apogée de la première phase de la Révolution française. Ce fut une période de tranquillité, entre la grand-peur à laquelle Nanon fait référence dans le chapitre iii (N, p. 63-65), et la Terreur de 1793 qui menacera son ami et futur époux, Émilien. Si la fête de la Fédération commémorait par sa date la prise de la Bastille, elle célébrait aussi, comme son nom le suggère, l’union entre les différents départements et communes composant la nation et rendait également hommage aux gardes nationaux locaux. Ces derniers prêtèrent serment lors de cérémonies organisées partout en France durant l’hiver 1789 et le printemps 1790 : il s’agissait de fédérer les troupes pour les unir dans la défense de la France révolutionnaire contre ses ennemis. À l’époque, la fête fut vécue non pas comme un événement commémoratif rejouant le passé, mais plutôt comme un nouveau départ5. Les directives des autorités de Paris insistaient sur la synchronisation de la fête sur l’ensemble du territoire, ainsi que sur le caractère soigné de ses rituels. On espérait ainsi produire un événement qui serait vécu à travers tout le pays, au même moment, et véhiculant un même message, à la fois euphorique et éducatif6.


      6 Bien que les fêtes fussent mandatées par le pouvoir central, la mise en scène en était laissée à la discrétion des communes, qui utilisèrent les ressources disponibles sur place et les coutumes traditionnelles pour exprimer à leur manière leur vision de la Révolution7. Dans Nanon, la fête de Valcreux célèbre la Fédération en insistant davantage sur le sentiment d’unité nationale, et moins sur le besoin d’une défense nationale, qui était pourtant l’objectif premier de la Fédération. Nanon le précise clairement : « […] l’on se réjouissait surtout d’avoir une seule et même loi pour toute la France, et il [Émilien] me fit comprendre que, de ce moment, nous étions tous enfants de la même patrie. » (N, p. 76) Pour la commune de Valcreux, comme dans de nombreux villages en France, la fête offrait l’occasion d’affirmer le nouvel idéal d’égalité prôné par la Révolution. Quel que soit leur rang social, tous les résidents du village de Nanon participent à l’événement, y compris les anciens seigneurs des fermiers, les moines du moutier, qui bénissent les festivités à contrecœur. Selon Mona Ozouf, la nature démocratique de la fête fut, en grande partie, une illusion puisque, dans la plupart des cas, la séparation entre les classes sociales fut maintenue, quand les femmes et le peuple n’en furent pas purement et simplement exclus8. En faisant de son Valcreux fictif un village très pauvre, sans bourgeois, et dirigé par des moines, Sand présente la fête de la Fédération comme un moment d’harmonie entre la rhétorique démocratique de la Révolution et l’expérience commune du peuple.


      7 Dans le roman, les festivités commencent par un banquet modeste au cours duquel les paysans apportent du pain et un peu de vin. Un imposant autel est ensuite dévoilé et Émilien prononce un discours. Enfin, le banquet s’achève avec l’annonce de la décision, prise par l’ensemble du village, de faire de Nanon la propriétaire de sa maison en guise de récompense pour son travail et sa bonté, geste qui permet aussi de faire un premier essai pour l’acquisition des biens nationaux9. Les étapes de la fête s’enchaînent et culminent avec la joie de Nanon qui ne peut croire à sa bonne fortune. Pourtant, c’est le dévoilement surprise de l’autel par Émilien, durant le banquet, qui constitue le moment central des festivités :

      [O]n vit une manière d’autel en gazon, avec une croix au faîte, mais formée d’épis de blé bien agencés en tresses. Au-dessous, il y avait des fleurs et des fruits les plus beaux qu’on avait pu trouver ; le petit frère [Émilien] ne s’était pas fait faute d’en prendre aux parterres et aux espaliers des moines. Il y avait aussi des légumes rares de la même provenance, et puis des produits plus communs, des gerbes de sarrasin, des branches de châtaigniers avec leurs fruits tout jeunes, et puis des branches de prunellier, de senellier, de mûrier sauvage, de tout ce que la terre donne sans culture aux petits paysans et aux petits oiseaux. Et enfin, au bas de l’autel de gazon, ils avaient placé une charrue, une bêche, une pioche, une faucille, une faux, une cognée, une roue de char, des chaînes, des cordes, des jougs, des fers de cheval, des harnais, un râteau, une sarcloire [sic], et finalement une paire de poulets, un agneau de l’année, un couple de pigeons, et plusieurs nids de grives, fauvettes et moineaux avec les œufs ou les petits dedans . (N, p. 77)

      8 Jacques, le cousin de Nanon, et Émilien, ainsi que quelques autres hommes fabriquent un autel de bric et de broc en trois jours, puis ils le recouvrent de branches et de fagots afin de le cacher jusqu’au banquet. Ce tableau plutôt humble correspond à une esthétique allégorique, typique de l’imagerie révolutionnaire, dans la mesure où il est composé des objets réels et naturels qu’il est censé représenter. La forme de l’autel peut également évoquer les nombreux autels érigés à l’occasion des fêtes tout au long de la Révolution, notamment les monticules couverts d’herbe ou les pyramides qui furent dressés à Paris ou à Lyon pour la fête de la Fédération.

      9 Sand fournit au lecteur quelques indices sur l’apparence de l’autel par l’énumération de la longue liste des objets variés qui le décorent. La concurrence entre les symboles chrétiens, ceux de la Révolution et ceux de l’Antiquité, le tout combiné à la banalité des matériaux utilisés, amène Nanon à suggérer qu’il y avait quelque chose d’un peu maladroit, ou du moins de comique, dans ce « trophée bien rustique ». Comme pour s’excuser, elle loue la manière dont il est orné et ajoute : « À présent que je suis vieille, je n’en ris point. » (ibid.) Cet autel rustique, et par certains côtés risible, que le lecteur est censé imaginer, est aussi l’objet qui incarne toutes les nobles idées de la Révolution.


      10 Si le lecteur demeure incertain quant à la manière d’interpréter cet autel, les paysans le sont encore plus. L’objectif même de ce « spectacle », selon Nanon, est d’organiser les pensées désordonnées du paysan pour son propre bien : « Il faut au paysan qui regarde avec indifférence le détail qu’il voit à toute heure, un ensemble qui attire sa réflexion en même temps que ses yeux et qui lui résume ses idées confuses par une sorte de spectacle10. » (ibid.) L’autel rassemble des objets tirés du quotidien du paysan, lui apprend à regarder (ou plutôt à ne pas être indifférent aux détails), et oriente sa pensée en lui offrant un miroir et une synthèse de ses idées qui, sans cadre représentatif, restent « confuses » pour lui. Et pourtant les paysans demeurent aussi perplexes devant le spectacle, que les lecteurs à la description de Nanon. Les spectateurs accueillent d’abord l’autel en silence, soit parce qu’ils sont surpris par son aspect pour le moins singulier, comme le précise Nanon, soit parce qu’ils n’en comprennent pas la signification. En tout cas, selon Nanon, ils ne sont en mesure de formuler aucun sentiment : « Il y eut d’abord un grand silence quand on vit une chose si simple, que peut-être on avait rêvée plus mystérieuse, mais qui plaisait sans qu’on pût dire pourquoi. » (ibid.)

      11 De son côté, Nanon interprète mieux le spectacle parce qu’elle peut lire l’inscription qui surmonte les objets : « Moi, j’en comprenais un peu plus long, je savais lire et je lisais l’écriture placée au bas de la croix d’épis de blé ; mais je le lisais des yeux, j’étais toute recueillie […]. » (ibid.) Nanon comprend mieux le spectacle, non pas parce qu’elle peut lire l’inscription, puisqu’elle « lisai[t] des yeux », étant « recueillie » et pensive, mais plutôt parce qu’elle sait tout simplement lire. Bien avant cet épisode, quand Émilien lui enseigne l’alphabet et les bases de la lecture, elle prétend pouvoir désormais tout voir différemment, même la nature, comme si la simple connaissance des signes linguistiques lui avait ouvert les portes de l’interprétation du monde naturel (N, p. 70). Nanon distingue deux manières de lire, ou plutôt deux interprétations : la lecture visuelle des objets et symboles de l’autel (« je lisais des yeux »), et la lecture graphique de l’inscription (« je lisais l’écriture »). Cette capacité à lire à deux niveaux, à évoluer entre les registres interprétatifs et sociaux, annonce la fonction de médiatrice que jouera Nanon et qui lui permettra de construire une communauté durable autour d’elle, à la fin du roman.

      12 Les paysans qui peuvent voir l’autel mais ne peuvent lire l’inscription, le lecteur qui peut lire la description mais ne peut voir l’autel, et Nanon qui peut faire les deux mais demeure prise dans l’émotion du moment et ne peut donc pas le comprendre complètement, tous obtiennent finalement une explication lorsque Émilien demande à Nanon de lire à haute voix l’inscription sur la plaque : « Ceci est l’autel de la pauvreté reconnaissante dont le travail, béni au ciel, sera récompensé sur la terre. » (N, p. 78) À l’occasion d’une fête révolutionnaire qui devait célébrer la prise de la Bastille (à sa date du 14 juillet) et la confédération des gardes nationaux, Émilien et ses amis consacrent quant à eux un autel à la pauvreté, au travail et à leurs récompenses sur terre. Après cette explication verbale, la foule laisse échapper un long « Ah !… » que Nanon décrit « comme la respiration d’une grande fatigue après tant d’années d’esclavage », mais qui pourrait aussi être un « ah ah ! » exprimant leur satisfaction de comprendre enfin la signification de l’autel (ibid.). La confusion du paysan – et celle du lecteur – se comprend, étant donné la difficulté à lier la signification de l’inscription, le symbolisme visuel de l’autel et le contexte politique de la fête. Pourquoi choisir de consacrer un autel au travail et à la pauvreté pendant une fête censée célébrer l’unité nationale ?

      13 Le sens de l’inscription, comme celui de l’autel, s’éclairent alors dans la mesure où elle affirme que la Révolution a rendu possible la récompense de tout travail, par opposition avec l’Ancien Régime où les moines paresseux du moutier s’appropriaient les richesses produites par les paysans. Après la lecture de Nanon, la foule en liesse verse une libation sur l’autel, mais quelques « critiques » veulent parfaire le tableau en plaçant une « âme chrétienne » au-dessus des bêtes figurant dans l’autel. Émilien, bien sûr, choisit Nanon à la grande surprise de cette dernière, et la mène sous la croix, au sommet de l’autel, devenu « autel de la patrie » (la même formule désignant l’autel à Paris), plutôt que « reposoir », ce qui montre l’échange entre le sacré patriotique et le sacré religieux. À nouveau, les paysans sont déconcertés par le geste d’Émilien, mais cette fois, ils l’admettent ouvertement : « Il y eut un étonnement sans fâcherie, car personne ne m’en voulait [à Nanon], mais le paysan veut que tout lui soit expliqué. » (ibid.) Si l’autel, l’inscription et la fête constituent un ensemble peu cohérent, le choix de Nanon comme représentation allégorique du sacré est incompréhensible pour les paysans.

      14 Émilien justifie alors longuement son choix dans un discours où il explique que Nanon est la plus pauvre de la commune, qu’en dépit de son jeune âge, elle travaille « comme une femme » et surtout qu’elle apprend vite et enseignera à lire à d’autres. Depuis la mise en vente des biens nationaux, il était devenu indispensable de lire des documents de toute sorte. Nanon, en enseignant à lire aux autres, devrait permettre à chacun de bénéficier des fruits de la Révolution. Le discours d’Émilien parvient à convaincre les paysans du mérite de Nanon et de son droit à incarner les idéaux de l’autel. Ainsi, les membres de l’assemblée collectent un pécule qui permet à Nanon de devenir la propriétaire de sa maison et d’être la première « acquéreuse » d’un bien national dans son village.

      15 À mesure que se déroule la fête de la Fédération, les paysans acceptent les explications diverses d’Émilien par l’intermédiaire de Nanon qui lit l’inscription, puis incarne la signification allégorique de l’autel. Prise par la célébration de l’unité, l’assemblée oublie bien vite les divergences d’interprétation de l’autel, de la fête et du rôle symbolique de Nanon. Cependant, une lecture plus attentive du texte permet de montrer que la confusion initiale partagée par le lecteur et les spectateurs provient des contradictions inhérentes au spectacle même, à savoir la différence entre ses significations visuelle et écrite.


      16 En effet, la signification de l’inscription ne correspond que partiellement au spectacle de l’autel et à son incarnation allégorique en la personne de Nanon. Si l’on relit la description initiale de l’autel, avant même que Nanon ne lise l’inscription, on se rend compte que le travail est associé à des symboles peu pertinents dans l’autel décoré de jolies fleurs, de fruits, de quelques « légumes rares », tous dérobés par Émilien dans le jardin des moines, ainsi que par des branches d’arbres fruitiers sauvages : « tout ce que la terre donne sans culture aux petits paysans et aux petits oiseaux » (N, p. 77, je souligne). Au bas de l’autel, juxtaposés à ces produits naturels récupérés ici et là, se trouvent une charrue, une bêche, une pioche, une brouette, des chaînes et des fers à cheval. On note ainsi un décalage entre le haut et le bas de l’autel, car aucun de ces outils de labour n’a été nécessaire à la culture ou à la cueillette du trésor disposé sur l’autel. Enfin, des poulets, un jeune agneau, des pigeons et une variété de nids d’oiseaux sont placés à côté des outils de labour. Il ne s’agit donc pas de bêtes de somme telles que le cheval ou le bœuf, mais plutôt d’animaux dont on peut tirer de la nourriture sans trop de travail11.

      17 Tout comme l’autel d’Émilien ne remplit pas vraiment les deux buts politiques de la fête de la Fédération, l’incarnation en Nanon de la pauvreté, du travail et de la récompense bien méritée est problématique à certains égards. Au début du roman, l’héroïne est en effet une bergère n’ayant qu’un seul mouton, nommé Rosette. Nonobstant l’effort qu’exigeaient les tâches de la pastourelle, l’état de bergère était aussi associé, dans le contexte culturel du xviiie siècle, à la notion de loisir. Nanon est d’ailleurs bergère dans ce qui débute comme un roman pastoral. Bien entendu, le roman de Sand est plus réaliste que L’Astrée d’Honoré d’Urfé, mais le temps de la diégèse est contemporain du Hameau de Marie-Antoinette à Versailles. La pastorale exclut certes le travail pénible, mais cette exclusion permet justement à l’héroïne d’avoir un loisir productif. Nanon demande à Émilien, qui peut à peine lire lui-même, de lui enseigner tout ce qu’il sait. La vie de Nanon s’en trouve transformée ; elle peut désormais abstraire des idées à partir d’observations empiriques, faire de l’arithmétique, apprendre à lire aux autres, tracer un itinéraire sur une carte et, enfin, tenir les comptes de sa future fortune. Rien de cela n’aurait été possible sans le temps libre qu’autorise l’état de bergère. Dans La Nuit des prolétaires, Jacques Rancière a noté combien les activités intellectuelles auxquelles s’adonne l’ouvrier du xixe siècle pendant son temps libre déstabilisaient la hiérarchie des classes présentée comme naturelle ; Sand, qui avait vigoureusement soutenu les poètes ouvriers, comprenait bien l’importance sociale des pratiques culturelles des humbles et des ouvriers. Bien que le roman de Nanon soit situé dans le cadre paysan, l’analyse de Jacques Rancière est pertinente pour l’héroïne et sa promotion sociale. De pastorale, le texte de Nanon se transforme en roman sur la Révolution et le travail, tandis que le personnage éponyme utilise sa seule ressource, son temps libre (otium), pour s’investir dans le travail intellectuel des élites, le négoce (neg-otium) et l’écriture.

      18 La fête de la Fédération et son autel enseignent ainsi aux habitants de Valcreux comment un changement de perspective, produit par un nouveau moyen de lire et d’interpréter le monde, peut mener à l’émancipation. La définition du spectacle comme ensemble qui attire « en même temps » les yeux et la réflexion des paysans et lui « résume ses idées confuses » prend un tout autre sens lorsque Nanon en devient le symbole. Tout comme Nanon utilise le temps libre qu’offre son occupation pour s’instruire, l’autel met en scène des objets quotidiens et expose de nouvelles chances de prospérité puisque les biens du moutier, dont les terres, sont désormais disponibles pour tous : les fruits et les fleurs dérobés aux moines en attestent déjà la réalité. Par sa lecture et son incarnation, Nanon permet aux paysans de comprendre l’autel, comme elle leur enseignera plus tard à lire des textes. Ce n’est qu’en s’unissant que les habitants du village, officiellement nommé « commune » par la Révolution, pourront récolter les fruits du travail de tous. À travers le chapitre v, chacun des participants de la fête contribue à la compréhension de l’événement : les moines, avec leur bénédiction et leur tribut, involontaire, de fruits, fleurs et légumes pour l’autel ; Émilien, par la manière dont il a arrangé l’autel et inscrit le message sur la plaque, et par sa décision de choisir Nanon ; Nanon elle-même, grâce à sa lecture de l’inscription pour les paysans illettrés et son interprétation pour le lecteur, puis son rôle d’allégorie ; et surtout, le reste des paysans avec leurs demandes d’explication, leurs suggestions pour améliorer l’autel et leur réaction collective qui suggère qu’il y va de bien plus que d’une simple réponse affective à l’événement. Cette participation active de tous permet d’associer à la fête une variété de sens, à la fois politique, social et religieux. Conçues au départ pour dicter aux paysans quoi penser, la fête et ses étapes deviennent un texte ouvert à la lecture, à l’interprétation et à la discussion de chacun.

      19 La fête de la Fédération mise en scène dans Nanon, avec son spectacle construit sur le sentiment d’unité communautaire et sur un débat démocratique animé, trouve son origine non seulement dans la Révolution française, mais aussi dans la volonté de Sand de comprendre les victoires et les défaites de 1848 et la violence de la Commune de 187112. En rejouant ce qui est souvent considéré comme l’un des moments les plus exaltants de la première révolution, son roman suggère qu’une communauté ne peut se fonder que sur l’unité de but et sur la diversité d’opinion. Selon Arthur Mitzman, la description de la fête de la Fédération dans Nanon doit beaucoup au chapitre xi du livre III de l’Histoire de la Révolution française de Jules Michelet. Partageant le même style, les deux textes mettent l’accent sur l’inclusion démocratique qui caractérisent les diverses fêtes dans toute la France13. Dans un compte rendu lyrique, Michelet, qui assimile la fête de la Fédération à un « miracle », décrit la manière dont les jeunes et les moins jeunes, les riches et les pauvres, à travers toutes les régions, s’unirent pour l’événement afin de créer « la plus grande diversité (provinciale, locale, urbaine, rurale, etc.) dans la plus parfaite unité14 ». Pour Michelet, l’un des faits les plus remarquables est que les femmes, d’habitude exclues des rituels politiques, participèrent avec la plus grande passion, qu’elles fussent « appelées ou non appelées15 ». Ces femmes affirmaient ainsi avec force leur droit à jouer un rôle dans les célébrations politiques. Après un passage lyrique dans lequel il exprime la valeur universelle de la fête comme « solennel banquet de la liberté », l’historien termine son chapitre par de multiples anecdotes sur les fêtes dans toutes les régions et en commence un nouveau avec le récit d’une pratique qui eut lieu dans de nombreux villages, celle de placer sur les autels des enfants, ainsi « adoptés » par la communauté et couverts de cadeaux et de bénédictions16. Ces commentaires de Michelet permettent de mieux comprendre le personnage de Nanon qui, malgré son statut de jeune fille, se retrouve au cœur de l’attention publique par son rôle spirituel sur l’autel, avant de devenir une enfant adoptée par toute la communauté. Nanon est à la fois l’exception à l’égalité générale et la personne qui rassemble tous les êtres qui composent la communauté.


      20 Dans sa préface de 1868 à l’Histoire de la Révolution française, Michelet établit un lien explicite entre la fête de la Fédération de 1790 et les événements de 1848 : « Tel fut le cœur des pères aux Fédérations de 90, tel fut celui des fils à nos Banquets de Février. Journalistes, hommes politiques, professeurs, écrivains, nous eûmes l’élan désintéressé, généreux, clément et pacifique, humain17. » La lettre de Sand à son fils Maurice relatant sa participation au « spectacle » de la fête de la Fraternité (inspirée à plusieurs titres de la fête de la Fédération de 1790) du 20 avril 1848 anticipe à la fois la préface de Michelet de 1868 et le spectacle qu’elle imaginera dans Nanon en 1872 :

      La fête de la Fraternité a été la plus belle journée de l’Histoire. Un million d’âmes, oubliant toute rancune, toute différence d’intérêts, pardonnant au passé, se moquant de l’avenir, et s’embrassant d’un bout de Paris à l’autre au cri de Vive la fraternité, c’était sublime. […] Comme spectacle, tu ne peux pas t’en faire d’idée. [La fête] prouve que le peuple ne raisonne pas tous nos différends, toutes nos nuances d’idées, mais qu’il sent vivement les grandes choses et qu’il les veut. […] Du haut de l’arc de l’Étoile le ciel, la ville, les horizons, la campagne verte, les dômes des grands édifices dans la pluie et dans le soleil, quel cadre pour la plus gigantesque scène humaine qui se soit jamais produite ! (Corr., t. VIII, p. 430)

      21 Depuis le sommet de l’Arc de triomphe en 1848, comme Nanon sur son autel en 1790, Sand a une position privilégiée depuis laquelle elle peut voir un peuple unifié dans la célébration de la fraternité. Comme la romancière fera suggérer à Nanon narratrice que le « spectacle » organise les idées confuses des paysans, elle insiste en 1848 sur le fait que le peuple en fête n’a que peu d’intérêt pour les différences idéologiques (« tous nos différends »), mais qu’en revanche, il sent ce que les intellectuels républicains tels que Sand considèrent comme essentiel : la volonté innée du peuple lui paraît souveraine (« il les veut »). Cette différence fondamentale entre les discordes du « nous » politique et le peuple uni dans sa diversité sociale (« toute différence d’intérêts ») est accentuée par la séparation physique entre la foule et l’observatrice, jouissant d’une perspective élevée depuis le sommet de l’Arc de Triomphe. Symboliquement assise sur le siège du pouvoir, Sand exprime sa sympathie pour le peuple ; elle loue la force de ceux dont l’union spirituelle survivra aux fractures idéologiques : « Courage donc, demain peut-être, tout ce pacte sublime juré par la multitude sera brisé dans la conscience des individus ; mais aussitôt que la lutte essayera de reparaître, le peuple (c’est-à-dire tous) se lèvera et dira : “Taisez-vous et marchons !” » (Corr., t. VIII, p. 431)

      22 La prédilection de Sand pour le spectacle visuel d’un million de personnes unies, toutes classes sociales et toutes origines confondues – spectacle qu’elle oppose aux nuances verbales d’une certaine élite politique –, indique que la sensibilité politique de l’écrivaine n’a pas radicalement changé entre 1848 et 1872. À mesure que le roman progresse et que Nanon s’installe au moutier, elle crée une communauté qui n’est pas sans rappeler la manière dont Michelet caractérise la fête de la Fédération : « la plus grande diversité […] dans la plus parfaite unité ». Dans la communauté utopique de Nanon, paysans, domestiques, bourgeois, moines et aristocrates cohabitent, plus ou moins en paix, sans perdre leur diversité d’opinion ou d’identité. Dans quelques-uns des échanges les plus passionnés du roman, Nanon discute de la nature de la révolution, de la violence et du changement social avec plusieurs interlocuteurs : son oncle paysan, le moine Fructueux, le bourgeois révolutionnaire Costejoux et, bien sûr, son mari et ami, l’aristocrate libéral Émilien de Franqueville. Au cours de ces conversations, Nanon est capable de créer lentement et sans l’imposer, un consensus autour de l’idée que la fin ne justifie pas les moyens et qu’une révolution durable ne passe pas par la violence. Comme pour les spectacles de l’autel à la fête de la Fédération, ou la multitude à la fête de la Fraternité, le consensus naît de la diversité d’opinions et d’interprétations. Vers la fin du roman, Nanon explique qu’elle n’est plus impliquée dans les débats politiques :

      Il [Costejoux] est resté sous ce rapport aussi jeune que mon mari. Ils n’ont pas été dupes de la révolution de Juillet. Ils n’ont pas été satisfaits de celle de Février. Moi qui, depuis bien longtemps, ne m’occupe plus de politique – je n’en ai pas le temps – je ne les ai jamais contredits, et, si j’eusse été sûre d’avoir raison contre eux, je n’aurais pas eu le courage de le leur dire, tant j’admirais la trempe de ces caractères du passé […]. (N, p. 286)

      23 En ne participant plus à la vie politique, Nanon admet non seulement qu’elle n’a pas toujours raison (« si j’eusse été sûre d’avoir raison »), mais surtout, elle affirme son respect pour les opinions politiques de son mari et de Costejoux, tous deux valorisés par rapport aux hommes du présent. De plus, lorsqu’elle prétend ne plus avoir le temps de s’investir dans la politique, elle fait aussi allusion à son rôle de médiatrice et de négociatrice dans le roman.

      24 La fin de Nanon remet en jeu, indirectement, les questions soulevées par le spectacle de la fête de la Fédération : la communauté est construite et en même temps divisée par la lecture comme par le caractère délicat de l’équilibre entre les paysans et les citoyens instruits. Dans la dernière page du roman, le narrateur anonyme qui reprend le contrôle de la narration pour annoncer la mort de Nanon et ses contributions à la communauté, rapporte ce qui est advenu de ses cousins, Pierre et Jacques, qui représentaient ses derniers liens avec son passé humble. Jacques, à qui Nanon a appris à lire, comme l’indique le narrateur, devint officier militaire, mais « [se mit] en tête de supplanter » Émilien (N, p. 287). Ayant l’usage de ses deux bras (Émilien a perdu un bras à la guerre), Jacques est convaincu qu’il ferait un meilleur époux qu’Émilien et est aussi gradé que lui. Il est forcé de quitter le village et de s’installer ailleurs, après avoir perturbé l’harmonie collective. Le lecteur de Sand se souvient sans doute que Jacques a aidé Émilien à construire l’autel de la fête de la Fédération. On peut donc penser qu’il a cherché à imposer sa propre interprétation de la Révolution aux autres paysans. Apprendre à lire lui a non seulement permis de s’élever au rang d’officier, mais l’a aussi encouragé à faire passer ses propres désirs avant ceux de la communauté. L’autre cousin, Pierre, demeure un ami de la famille, et son fils, « sans cesser, quoique convenablement instruit, d’être un paysan », épouse l’une des filles de Nanon (ibid.). Dans ce roman, la classe sociale ne constitue jamais un obstacle au succès, et comme l’illustre Nanon, le bonheur et la fortune dépendent non seulement de la capacité à lire, mais aussi de la volonté de participer au bien de la communauté.

      25 Le spectacle idyllique de la fête de la Fédération porte à la fois les germes de la violence révolutionnaire (une division du public entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas lire) et sa possible résolution en une communauté unifiée dans sa diversité. Ceux qui ont planifié l’événement et qui savent lire partagent avec les participants illettrés les même objectifs patriotiques et égalitaires, mais échouent à les communiquer de manière efficace jusqu’à ce que Nanon médiatise une meilleure compréhension et incarne la valeur sacrée de l’autel, annonçant ainsi son rôle de fondatrice d’une nouvelle communauté. Dans ce dernier grand roman de Sand, le spectacle révolutionnaire ne propose pas de signification directe ou transparente, mais sa jouissance passe par des signes visibles et des symboles qui appellent l’interprétation et surtout la lecture. C’est une communauté nouvelle qui naît dans l’espace entre ce qui peut être seulement vu et ce qui ne peut être que lu.

      https://books.openedition.org/ugaeditions/4845

  • « C’est pourri, mais je n’ai pas le choix » : à Grigny, le paradis des marchands de sommeil, l’enfer pour les locataires
    https://basta.media/C-est-pourri-mais-je-n-ai-pas-le-choix-a-Grigny-le-paradis-des-marchands-de

    L’un des plus gros marchands de sommeil de Grigny est jugé en appel. Le procès emblématique d’un propriétaire sans scrupule et de l’exploitation de la misère humaine. Celle-ci prospère grâce à un marché de l’immobilier de plus en plus inaccessible.
    [...]
    Chaque mois, Dominique F. faisait le tour de ses quatre F5 pour récupérer ses loyers en petites coupures, qu’il rangeait dans son sac banane. 2000 euros par mois et par appartement. Avec ses quarante « appartements », l’homme gagnait en moyenne 600 000 euros par an, en plus de son salaire d’ingénieur et de celui de sa femme.

    #marchand_de_sommeil #locataires #logement #propriétaire #propriété_privée

    • Encore un coup de la macronie

      « Grigny 2 est minée par un sport national, celui de la division des logements loués ensuite à la découpe. La suroccupation qui en découle est souvent attentatoire à la dignité humaine et engendre de nombreux risques sanitaires », alerte le maire de Grigny, Philippe Rio. Depuis 2018, avec la loi Elan, le gouvernement a simplifié les divisions d’appartement , en les considérant comme légales dès lors qu’elles se font sous le couvert de la colocation à baux multiples. Cette disposition juridique a du sens quand il s’agit d’étudiants qui décident de vivre ensemble. Un peu moins quand il s’agit d’une situation imposée par un bailleur à des personnes qui ne se connaissent pas.

      Dans les petites chambres de 9m2, faute de cuisine privative, les occupants n’ont d’autres solutions que de brancher de nombreux appareils électroménagers sur des multiprises, créant des surtensions électriques pouvant mener au drame. En 2019, un incendie s’est déclaré au 4 rue Vlaminck, au beau milieu des 5000 logements de Grigny 2, dans un appartement divisé illégalement et occupé par 11 personnes, toutes demandeuses d’asile en grande précarité.

      Le feu, très probablement causé par une surcharge électrique, a ravagé trois appartements. En 2017, un autre incendie s’était déclaré à la même adresse, conduisant au difficile relogement de 252 habitants. Aujourd’hui encore, de larges traces noires balafrent la façade.

  • PORNOCRIMINALITE.

    Mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique !

    Le Haut Conseil à l’Egalité fait un constat accablant et exige du gouvernement qu’il agisse contre la pornographie

    Le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) sort ce mercredi 27 septembre un rapport sur la pornocriminalité, qui pose des constats accablants sur l’industrie pornographique qui violente femmes et filles et propage un discours de haine misogyne et raciste en toute illégalité.

    Osez le féminisme ! dénonce depuis plusieurs années le système pornocriminel, qui prospère sur la haine et la violence misogyne, dans l’indifférence générale et l’illégalité la plus totale. 90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales contre les femmes. La pornographie n’est pas du cinéma. Ce rapport du Haut Conseil à l’Egalité, à l’expertise indéniable, confirme par ses analyses l’importance du combat précurseur mené par notre association contre le système pornocriminel.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/01/pornocriminalite

    #féminisme #pornographie