• En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
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  • « La #forêt_amazonienne est habitée depuis toujours »

    Sous ses dehors sauvages, la forêt amazonienne est habitée depuis des millénaires par des populations qui ont su l’exploiter tout en la préservant, comme le raconte le géographe François-Michel Le Tourneau dans ce 4ᵉ volet de notre série d’été consacrée à la forêt.

    On imagine la forêt amazonienne comme un espace vierge de présence humaine. Mais c’est loin de la vérité. Vous êtes spécialiste de la région amazonienne, notamment dans sa partie brésilienne. Pouvez-vous nous dire qui habite cette forêt aujourd’hui ?
    François-Michel Le Tourneau1. Depuis une trentaine d’années, le concept de forêt vierge appliqué à l’Amazonie est en train de voler en éclats. L’histoire de la région a été dominée jusqu’aux années 1970 par des archéologues occidentaux, qui avaient imposé l’idée d’une forêt impénétrable, produisant peu de ressources, en particulier peu de protéines animales, où ne pouvaient subsister que quelques tribus nomades. Mais c’est faux ! D’abord, le peuplement de cette région remonte au moins à 11 000 ans avant notre ère. Différentes populations ont peu à peu domestiqué des plantes comme le riz et le manioc. Elles ont par ailleurs développé des civilisations denses et quasi-urbaines dans les siècles qui ont précédé la colonisation européenne, comme le montre l’apport récent du lidar, une technique de télédétection laser qui traverse la canopée et révèle le modelé exact du sol.

    Mais à cause de l’arrivée des Européens et, avec eux, des épidémies, 80 % à 90 % de cette population a été décimée. Les Portugais ont alors importé de la main-d’œuvre depuis l’Afrique et une partie de ces esclaves, les quilombolas, appelés aussi « Noirs marrons », se sont échappés pour vivre en forêt. Par ailleurs, des métissages ont eu lieu entre Amérindiens et Européens, dont sont issus les caboclos, des paysans qui ont formé petit à petit le gros de la population du bassin amazonien. Le peuplement de la forêt amazonienne est donc le fruit d’une histoire où se sont succédé et mélangées des populations d’origines très différentes.

    Les Amérindiens ne sont donc pas les seuls habitants de cette forêt ?
    F.-M. Le T. Non, en effet. Et l’histoire ne se termine pas là ! Au XIXe et au XXe siècle, deux grandes vagues d’immigration ont entraîné des afflux de population du Nord-Est. À la fin du XIXe siècle, quand la demande de latex a explosé dans le monde, 500 000 seringueiros sont venus pratiquer en forêt la saignée des hévéas (seringueira en portugais, Ndlr). L’euphorie liée au commerce du caoutchouc n’a pas duré longtemps, car la Malaisie a repris cette exploitation à grande échelle. Comme dans le conte de Cendrillon, la région amazonienne s’est rendormie pour plus d’un siècle. Jusqu’à ce que le régime militaire brésilien arrivé au pouvoir en 1964 décide de développer une région considérée – toujours à tort ! – comme vide et arriérée et de l’arrimer au reste du pays, craignant une prise de contrôle par d’autres puissances. Il organise alors un grand plan de colonisation agricole par des populations paysannes sans terre, ce qui lui permet en même temps d’éviter une réforme agraire dans le reste du pays.

    Plusieurs millions de personnes arrivent ainsi dans les années 1970-1980, profitant des routes qui sont construites dans le même temps à travers la forêt. La population urbaine commence à dépasser la population rurale… au point que la géographe brésilienne Bertha Becker qualifiait dès 2000 cette Amazonie brésilienne de « forêt urbanisée » ! Aujourd’hui, environ 25 millions de personnes vivent en Amazonie brésilienne, dont 753 000 Amérindiens. Parmi elles, 350 000 habitent au cœur même de la forêt.

    La population amérindienne est à nouveau en progression ?
    F.-M. Le T. Oui, elle a fortement augmenté depuis trente ans au Brésil en général et en Amazonie en particulier. Depuis les années 1970, une meilleure prise en charge sanitaire, notamment vaccinale, a amélioré la santé des Amérindiens. Surtout, une convergence est apparue à partir de 1985 entre la montée des préoccupations environnementales d’une part et les luttes sociales des populations autochtones d’autre part.

    En 1988, une nouvelle constitution a reconnu leurs droits et leurs langues, et leur a restitué de larges pans de territoires : aujourd’hui, sur 3,3 millions de kilomètres carrés de forêt amazonienne brésilienne, environ 1,3 million de kilomètres carrés (trois fois la France métropolitaine environ) sont exclusivement réservés aux Amérindiens. À cela s’ajoutent les terres allouées à d’autres populations traditionnelles, comme les seringueiros. Confrontés dans les années 1970 à l’arrivée de propriétaires qui défrichent massivement, ils ont obtenu une gestion communautaire de ces terres. Même chose pour les ribeirinhos vivant sur les berges du fleuve, qui ont récupéré des réserves de développement durable et des droits spécifiques dans la préservation de ces écosystèmes.

    On oublie trop souvent que des centaines d’espèces et de variétés étaient cultivées en forêt par les Amérindiens avant le contact avec les Européens, sans entraîner de dégradation de la fertilité des sols, au contraire ! Là où les grandes entreprises agricoles défrichent d’immenses surfaces pour ne faire pousser que quelques espèces à grand renfort d’intrants chimiques.

    De quelle façon ces populations vivent-elles de la forêt ?
    F.-M. Le T. Les Amérindiens pratiquent pour la plupart un système mixte qui repose sur une agriculture rotative par abattis-brûlis, la collecte de ressources végétales (graines, semences, lianes), ainsi que la pêche et la chasse. Pour fonctionner, ce système impose d’avoir accès à de vastes surfaces qu’ils parcourent en fonction des saisons et des besoins.

    Les autres populations traditionnelles ont repris certaines bases des Amérindiens, notamment l’agriculture rotative, mais elles utilisent souvent plus intensivement d’autres ressources car elles tirent une partie de leur subsistance de la vente de ces produits (noix, fibres, semences, etc.) sur les marchés. Dans les deux cas, de plus en plus, les allocations sociales et les salaires participent aussi aux économies des familles, entraînant des changements de régimes alimentaires pas toujours heureux.

    Ces populations traditionnelles sont-elles un rempart contre la déforestation ?
    F.-M. Le T. En partie oui. Le gouvernement brésilien considère d’ailleurs que les territoires amérindiens participent au réseau des unités de conservation de l’environnement. Dans le même temps, les politiques de développement se pensent toujours face à une nature sauvage qu’il s’agirait de domestiquer, avec des plantations monospécifiques, des pâturages destinés aux élevages ovins et bovins, des grandes cultures, qui ne laissent aucune place aux processus naturels. L’idée perverse d’une profusion inépuisable de la forêt n’est pas remise en question...

    Mais les peuples autochtones deviennent aussi, pour certains, prisonniers d’une injonction à sauver la forêt. Or, leur projet de développement dans le futur n’est pas forcément de conserver un mode de vie traditionnel. De nouveaux besoins se font jour, qui nécessitent souvent l’accès à des revenus monétaires. Certains, pour subsister, acceptent de faire des coupes à blanc (abattage sur de très grandes surfaces de la totalité des arbres d’une exploitation forestière, Ndlr) dans la forêt afin d’y créer des pâturages pour de l’élevage. Doit-on les en empêcher ? Il faut noter enfin que la plupart ne résident plus seulement dans leurs territoires d’origine mais pratiquent des mobilités circulaires entre ville et forêt, utilisant l’espace périurbain pour continuer leurs activités agricoles et de collecte tout en profitant des avantages de la ville, comme l’accès à la scolarité ou à des emplois rémunérés.

    Le sujet est compliqué. En réalité, ce devrait être à l’État de protéger cet environnement, tout en acceptant le droit à l’autodétermination de ces populations et leur aspiration à une prospérité matérielle équivalente à celle du reste du Brésil.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-foret-amazonienne-est-habitee-depuis-toujours

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  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • Stockez du carbone ! - Institut de recherche pour le développement (IRD)
    http://www.ird.fr/la-mediatheque/dossiers-thematiques/desertification-et-degradation-des-terres/a-lire/stockez-du-carbone

    Afin d’apporter une approche factuelle et scientifique à cet engagement, les initiateurs de l’étude « Soil Carbon 4 per mille » [1] ont sélectionné 20 pays possédant des bases de données disponibles. « L’ Afrique du Sud présente un potentiel élevé de #séquestration_de_carbone dans les #sols. Ses stocks sont en effet fortement dégradés du fait de la mauvaise gestion des #pâturages couvrant 50 % de la surface du pays,souligne le pédologue à l’IRD, Vincent Chaplot. Auparavant, un équilibre existait de par le broutage par les troupeaux qui se déplaçaient constamment. Mais l’homme a rompu cette harmonie en cloisonnant et brûlant ces espaces, ce qui a conduit à un appauvrissement du sol et des émissions massives de gaz à effet de serre vers l’atmosphère. »

    La dégradation de ces zones de pâturage a ainsi généré une perte pouvant aller jusqu’à 90 % du stock de carbone. A l’échelle du pays, la mise en place du pâturage intensif éphémère – passage dense d’herbivores durant une courte période – augmenterait le stock de carbone de 80 millions de tonnes à 110 millions de tonnes par an. Soit un accroissement de 35 pour mille par an, pour un objectif mondial de 4 pour mille.

    Outre cette nouvelle pratique de pâturage, l’apport d’amendements organiques (+ 0,5 tonne de carbone par hectare par an), la rotation des cultures (+ 0,2 tonne de carbone par hectare par an), le
    reboisement (+0,6 tonne de carbone par hectare par an) et la diminution du labour (+0,3 tonne de carbone par hectare par an) sont autant d’outils en réponse à l’initiative « 4 pour mille ».

    Soil carbon 4 per mille
    http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0016706117300095

    • #pastoralisme

      Vincent Delargillière (Dairy) livre ses techniques de pâturage tournant
      http://www.web-agri.fr/conduite-elevage/alimentation/article/dairy-devoile-ses-techniques-pour-realiser-des-economies-grace-a-l-herbe-11

      « Grand Calife » du forum de Web-agri depuis près de dix ans, celui qui se fait surnommer « Dairy » sur la toile est éleveur non loin de Beauvais dans l’Oise. Avec son père et son frère, Vincent Delargillière élève 85 vaches laitières, une trentaine de bœufs et cultive 200 hectares, dont 75 ha de prairies.

      En 1999, Vincent effectue son stage six mois dans une ferme de 700 vaches en Nouvelle-Zélande : pas de stabulation, des vaches dehors toute l’année, pas de concentré, des lactations synchronisées avec la saison de l’herbe et parfois jusqu’à 50 vêlages dans la même journée. Avec un lait payé moins de 200 €/t, les Néo-zélandais parvenaient à tirer un revenu. Vincent retient les enseignements : ce qui compte ce n’est pas tant la production par vache, mais bien la marge sur coût alimentaire et le nombre de litres de lait par hectare d’herbe.
      […]
      « L’objectif, c’est d’avoir un fort chargement instantané avec toujours de l’herbe fraîche disponible au bon stade. J’utilise environ 80 ares d’herbe par 24 heures avec 85 vaches. Au total, cela représente 25 ares d’herbe accessibles par vache, ce n’est pas énorme, mais le #pâturage_tournant_intensif permet de vraiment valoriser l’herbe disponible. Ça ne coûte quasiment rien, quelques abreuvoirs et du fil électrique, par contre on a beaucoup à y gagner, en argent comme en temps de travail ! » En avril par exemple, avec de l’herbe de qualité, le troupeau a produit 60.000 litres de lait avec moins de 3 tonnes de tourteau de colza acheté au prix fort à 340 €/t. Alors qu’en hiver avec du maïs et de l’enrubannage, la consommation avoisine plutôt les 15 tonnes de tourteau par mois pour un litrage équivalent.

    • L’Afrique du Sud n’est pas un pays souffrant de la faim si ce n’est à cause des inégalités mais pas par manque de ressources. C’est un gros producteur de viande dont une partie est destinée à l’exportation. Le ranching qui est pratiqué a détruit les sols, ce n’est donc pas un luxe de mieux gérer ces sols, de les restaurer, c’est une nécessité...

  • La géographie humaine des régions montagneuses post-socialistes

    Matthias Schmidt
    Human Geography of Post-Socialist Mountain Regions [Texte intégral]
    An Introduction
    Géographie humaine des régions montagneuses post-socialistes [Texte intégral | traduction]
    Une introduction
    Alexey Gunya
    Land Reforms in Post-Socialist Mountain Regions and their Impact on Land Use Management : a Case Study from the Caucasus [Texte intégral]
    Les réformes foncières dans les régions de montagnes post-socialistes et leur impact sur l’aménagement du territoire – une étude de cas dans le #Caucase [Texte intégral | traduction]
    Jesse Quinn
    Gatekhili Mountains, gatekhili State : Fractured Alpine Forest Governance and Post-Soviet Development in the Republic of Georgia [Texte intégral]
    Montagnes gatekhili, État gatekhili : gestion fracturée de la #forêt alpine et développement post-soviétique en République de #Géorgie [Texte intégral | traduction]
    Aiganysh Isaeva et Jyldyz Shigaeva
    Soviet Legacy in the Operation of Pasture Governance Institutions in Present-Day Kyrgyzstan [Texte intégral]
    L’héritage soviétique dans les actions des institutions de gestion des #pâturages au #Kirghizistan [Texte intégral | traduction]
    Irène Mestre
    Quand les bergers creusent la montagne. Impact des activités minières artisanales sur les systèmes agropastoraux du #Kirghizstan. Étude de cas dans la région de #Naryn [Texte intégral]
    When Shepherds Mine Mountains : The Impact of Artisanal Mining on Agropastoral Systems in Kyrgyzstan. Case Study of Naryn Province [Texte intégral | traduction]
    Andrea Membretti et Bogdan Iancu
    Dai contadini operai agli amenity migrants. L’eredità del socialismo e il futuro del ruralismo montano in Romania [Texte intégral]
    From Peasant Workers to Amenity Migrants. Socialist Heritage and the Future of Mountain Rurality in Romania [Texte intégral | traduction]

    http://rga.revues.org/3555
    #soviétisme #post-soviétisme #post-socialisme #montagne #revue #Roumanie #mines

  • « En #Afrique, on n’a pas suffisamment investi dans le #pastoralisme ! » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/en-afrique-on-n-a-pas-suffisamment-investi-dans-le-pastoralisme_1415844?x

    Un demi-milliard de personnes à travers le monde sont nomades, à travers 75 pays du globe. Mais partout, même en Europe du Nord, ce sont des peuples marginalisés. On considère le pastoralisme comme une activité secondaire pas suffisamment rémunératrice. On n’a pas suffisamment investi dans ce secteur ! Les pouvoirs publics doivent assurer l’accès à des zones de #pâturages, à des points d’eau, et leur garantir une sécurité foncière. Les gouvernements, mais aussi la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international doivent investir dans ce secteur. Il représente une ressource économique, moins destructrice de l’environnement que l’activité agricole, qui épuise des sols fragiles, dans des zones climatologiques extrêmes. Quand on demande à la nature de produire ce qu’elle ne peut pas produire, on arrive à des situations d’aberrations environnementales, sociales et économiques.

    #agriculture

  • #Amazonie : stocks de carbone du sol en balance - Institut de recherche pour le développement (IRD)
    http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/actualites-generales/amazonie-stocks-de-carbone-du-sol-en-balance

    Avec les océans et les #forêts, les #sols constituent l’un des principaux réservoirs de carbone de la planète. Au cours du 20e siècle, ce stock a considérablement diminué du fait de la déforestation, de l’agriculture intensive et de mauvaises pratiques culturales associées. Autant de carbone émis vers l’atmosphère sous forme de #CO2 et contribuant au réchauffement climatique…

    Des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires viennent de publier une synthèse, dans la revue Global Change Biology , sur l’évolution des quantités de carbone dans les sols suite à la déforestation en Amazonie.

    Cependant, les chercheurs s’attendaient à des valeurs bien plus importantes dans les #pâturages, supposés offrir un grand potentiel de séquestration du carbone. De plus, l’augmentation des quantités de carbone provenant des graminées dans les pâturages atteint un seuil au bout d’une vingtaine d’années. Elle ne compense donc en aucun cas les émissions de #gaz_à_effet de serre globales de la déforestation...

    Enfin, cette synthèse révèle que, contrairement à ce que l’on observe ailleurs dans le monde, la quantité de précipitations n’a pas d’influence sur la plus ou moins grande capacité de stockage du carbone par le sol en Amazonie.

    From forest to cropland and pasture systems: a critical review of soil organic carbon stocks changes in Amazonia
    http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/gcb.12906/abstract

    The impact of deforestation on soil organic carbon (SOC) stocks is important in the context of climate change and agricultural soil use. Trends of SOC stock changes after agroecosystem establishment vary according to the spatial scale considered, and factors explaining these trends may differ sometimes according to meta-analyses. We have reviewed the knowledge about changes in SOC stocks in Amazonia after the establishment of pasture or cropland, sought relationships between observed changes and soil, climatic variables and management practices, and synthesized the δ13C measured in pastures. Our dataset consisted of 21 studies mostly synchronic, across 52 sites (Brazil, Colombia, French Guiana, Suriname), totalling 70 forest–agroecosystem comparisons. We found that pastures (n = 52, mean age = 17.6 years) had slightly higher SOC stocks than forest (+6.8 ± 3.1 %), whereas croplands (n = 18, mean age = 8.7 years) had lower SOC stocks than forest (−8.5 ± 2.9 %). Annual precipitation and SOC stocks under forest had no effect on the SOC changes in the agroecosystems. For croplands, we found a lower SOC loss than other meta-analyses, but the short time period after deforestation here could have reduced this loss. There was no clear effect of tillage on the SOC response. Management of pastures, whether they were degraded/nominal/improved, had no significant effect on SOC response. δ13C measurements on 16 pasture chronosequences showed that decay of forest-derived SOC was variable, whereas pasture-derived SOC was less so and was characterized by an accumulation plateau of 20 Mg SOC ha−1 after 20 years. The large uncertainties in SOC response observed could be derived from the chronosequence approach, sensitive to natural soil variability and to human management practices. This study emphasizes the need for diachronic and long-term studies, associated with better knowledge of agroecosystem management.

    #forêt #déforestation #agro-industrie

    • Agriculture intelligente face au climat

      Le modèle d’agriculture intelligente face au climat que la FAO s’efforce de promouvoir a trois grands objectifs :

      Accroître durablement la productivité et les revenus agricoles
      Aider les communautés rurales et les agriculteurs à s’adapter aux effets du changement climatique et à renforcer leur #résilience
      Réduire ou éliminer, si possible, les émissions de #gaz_à_effet_de_serre de l’#agriculture.

      La manière dont les agriculteurs affrontent ces objectifs varie selon les contextes locaux.

      L’aide de la FAO

      La FAO collabore avec les partenaires nationaux et locaux dans le monde entier pour les aider à mettre au point des solutions testées et adaptées à l’échelon local.

      Par exemple, sur les hauts plateaux du Kilimandjaro, l’Organisation a travaillé avec les agriculteurs pour relancer un système d’#agroforesterie vieux de 800 ans, connu sous le nom de Kihamba, qui fait vivre environ un million de personnes et une des populations rurales à plus haute densité d’Afrique.

      L’agroécosystème Kihamba, semblable à une forêt vierge tropicale de montagne, optimise l’utilisation de terres limitées, offre une grande variété d’aliments tout au long de l’année et maintient les eaux souterraines en bonne santé, entre autres services environnementaux.

      Pendant ce temps, un projet en Chine dispense aux éleveurs de yaks de nouvelles connaissances et de nouveaux outils pour restaurer les #pâturages dégradés, en améliorant l’efficacité et la productivité de leurs troupeaux tout en piégeant le #carbone de l’atmosphère.

      Dans les Andes péruviennes, la FAO encourage la conservation des variétés locales de maïs, de pommes de terre et de quinoa, qui sont cultivées avec succès depuis des siècles dans des conditions climatiques et d’altitude spécifiques. Garantir une vaste #biodiversité des cultures et des animaux sera déterminant pour adapter l’agriculture au #changement_climatique.

      Parmi les autres études de cas présentées dans la publication FAO success stories on climate-smart agriculture, citons :

      Au Kenya et en Tanzanie, le travail avec les agriculteurs dans des écoles de terrain, qui a permis d’identifier et de mettre au point des systèmes agricoles résilients, intelligents face au climat, adaptés aux conditions locales
      En Inde, un projet qui a exploité le potentiel des femmes en tant qu’agents de changement social pour promouvoir les pratiques agricoles intelligentes face au climat
      Au Nicaragua, une initiative visant à aider les communautés côtières à élaborer leur propre plan de gestion des ressources naturelles et stratégie de développement rural, pour inverser la dégradation de l’environnement et renforcer leur résilience
      Au Malawi, au Vietnam et en Zambie, une assistance aux décideurs pour concevoir des politiques nationales visant à promouvoir et à soutenir l’agriculture intelligente face au climat
      Au Nigeria, des projets qui ont introduit de nouvelles technologies d’engrais, et en Ouganda, des approches innovantes de gestion de l’utilisation des #sols dans le bassin du fleuve Kagera.

      #ruralité #paysannerie