• « Les géants pharmaceutiques font passer leur intérêt financier avant l’intérêt général » – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/les-geants-pharmaceutiques-font-passer-leur-interet-financier-avant-linte

    Les prix des vaccins auraient été gonflés artificiellement par les sociétés pharmaceutiques profitant de leurs monopoles. La France aurait ainsi payé au moins 4,6 milliards d’euros de surcoût et l’Europe 31. Cette situation handicape particulièrement la vaccination dans les pays pauvres, au point qu’Oxfam parle de « pénurie organisée ».

    31 milliards d’euros. C’est le montant que Pfizer et Moderna auraient engrangé sur le dos de l’Union européenne grâce aux contrats de livraison de vaccins qu’ils ont signés. Une enquête menée dans le cadre la People’s Vaccine Alliance, dont Oxfam est membre, a analysé les techniques de production des vaccins à ARN messager de ces deux géants pharmaceutiques pour en déterminer le coût réel de production. Il est estimé à 1,18 dollar (0,99 euro) la dose pour le Pfizer et 2,85 dollars pour le Moderna, tandis qu’ils sont vendus entre 16,25 et 19,50 dollars pour l’un et entre 19,20 et 24 pour l’autre.

    Si cette analyse ne prend pas en compte le coût de leurs investissements en recherche et développement, cela n’enlève rien aux profits faramineux que réalisent les groupes pharmaceutiques. En 2021, Pfizer devrait réaliser un chiffre d’affaires proche de 80 milliards d’euros. (...)

    #vaccins #pharma #pénurie_organisée

  • « Sommes-nous vraiment prêts à “trier” les enfants et adolescents suicidaires ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/24/sommes-nous-vraiment-prets-a-trier-les-enfants-et-adolescents-suicidaires_60

    Avec la crise sanitaire due au Covid-19, chez les plus jeunes, les actes ou idées suicidaires déferlent depuis l’automne, alerte un collectif emmené par Lisa Ouss, pédopsychiatre à l’hôpital Necker, et les membres du Conseil Scientifique de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées »

    Auteure : Lisa Ouss, Professeure Associée en pédopsychiatrie, Hôpital Necker, Paris, Membre du Conseil Scientifique de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, et des disciplines associées.

    Comment répondre à ce dilemme impossible : trier les enfants et adolescents que l’on va hospitaliser après un geste ou une intentionnalité suicidaire forte ? Si les actes ou idées suicidaires des jeunes ont diminué pendant le premier confinement, ils déferlent depuis l’automne, peut être à la faveur d’un discours fataliste sur une jeunesse sacrifiée. La seconde vague psychiatrique nous submerge, et nous les pédopsychiatres, psychiatres, psychologues, acteurs du soin psychique, avec l’aide précieuse des pédiatres, malgré les alertes lancées depuis longtemps, la mer qui se retire en alerte ultime avant le tsunami, écopons la catastrophe annoncée mais désormais quotidienne. Or, un geste ou une intention suicidaire, chez un enfant ou un adolescent, marque une détresse qui doit être immédiatement entendue, accompagnée, dans toute la complexité d’un environnement scolaire, familial, sociétal que le contexte actuel fragilise. Pour ce faire, il faut du temps, une écoute, un espace, et celui de l’hôpital est un nécessaire refuge, à l’abri des turbulences. Or, il devient extrêmement difficile, voire impossible d’hospitaliser rapidement un enfant ou un adolescent qui présente de telles pensées ou est passé à l’acte. Faut-il raconter la quête interminable et infructueuse d’un lit ? Faut-il raconter comment nous renvoyons chez eux ces adolescents et les revoyons tous les jours jusqu’à l’obtention du Graal, un lit en pédiatrie ou en pédopsychiatrie ? Faut-il détailler la réaction de leur environnement à l’annonce de leur retour à domicile ? Faut-il souligner le risque de transformer ce retour à domicile en un premier palier d’une escalade face à un acte qui n’est pas entendu dans toute sa gravité ? Faut- il raconter notre inconfort, notre inquiétude, et notre manquement à les laisser partir ? Faut- il rapporter les discussions pour savoir quelle « pire » situation nous allons choisir d’hospitaliser car nous n’avons qu’un lit et plusieurs patients ? Faut-il raconter que nous déprogrammons chaque semaine nos activités, depuis plusieurs mois, pour répondre à ces besoins urgents ? Faut-il rappeler que nous ne pouvons pas transférer en TGV vers des territoires meilleurs des adolescents qui doivent être, paradoxalement, éloignés de l’environnement qui a précipité leur geste, tout en en restant proches ? Faut-il attendre un inéluctable accident à venir, un autre fait divers, pour dire la souffrance et la détresse pourtant déjà si visibles qui étreignent notre jeunesse ? Nous ne voulons plus rentrer chez nous en nous disant que nous n’avons pas pu faire correctement notre travail.

    Koltes savait ouvrir ces horizons : « Je voudrais aller voir la neige en Afrique. Je voudrais faire du patin à glace sur les lacs gelés », dit la gamine. Une société qui ne laisse pas à ses adolescents le territoire du possible, à défaut de celui du rêve, est une société qui court à sa perte. Et nous, acteurs du soin psychique, qui sommes convoqués sans arrêt, pour soutenir les équipes médicales pendant la tempête déchaînée de la Covid, à chaque événement traumatique, face aux questions sociétales de la jeunesse, sans nous donner les moyens d’y répondre, refusons d’être les spectateurs muets d’une catastrophe que nous pouvons prévenir.