Au début de l’année 2014, les tensions entre l’EIIL et les autres groupes (y compris Jabhat an-Nuṣrah) prirent la forme d’une guerre ouverte. En passe de se faire expulser du district de Jisr Ash-Shughur, l’EIIL opéra une retraite stratégique, emportant, en guise de butin, cinq membres du personnel international de MSF qu’il avait arrêtés le 2 janvier 2014. En dépit des soins prodigués à ses soldats blessés et de la parole donnée, l’EIIL exigea une importante somme d’argent pour leur libération. Les membres du personnel international de MSF qui ne l’avaient pas encore fait quittèrent le nord de la Syrie en février 2014, à l’exception de ceux qui opéraient dans le gouvernorat d’Al-Hassaka dans une zone contrôlée par les forces kurdes.
Une fois l’équipe libérée en mai 2014, MSF mit progressivement un terme à ses activités dans les zones contrôlées par l’EIIL, devenu entretemps État islamique (EI) suite à la proclamation du califat le 29 juin 2014.
Depuis, les autorités de l’EI du district d’Al-Bab ont recontacté MSF en demandant à recevoir des donations en médicaments et matériel médical. Des requêtes du même type ont été formulées auprès d’autres représentants de l’association en Syrie et en Irak. Lorsqu’en réponse, nous demandons que les dirigeants de l’EI s’expliquent sur l’arrestation, la détention et le racket de notre équipe, nos interlocuteurs rétorquent qu’il est trop dangereux pour eux-mêmes de transmettre nos griefs et nos exigences à leurs supérieurs.
Quand nous leur expliquons qu’avant de considérer leur requête, nous demandons aux dirigeants de l’EI d’inviter officiellement MSF à travailler sur son territoire et de s’engager publiquement à garantir notre sécurité, les représentants locaux de l’EI répondent qu’il est irréaliste d’attendre de leurs chefs une telle décision. Ils réclament simplement d’être approvisionnés en médicaments et matériel médical en déclarant que si MSF ne s’y résout pas, cela confirmera son alignement sur la politique menée par « l’Occident ».