• #Charles_Stépanoff, #anthropologue : « Notre #nature_humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’altérité »
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/09/11/charles-stepanoff-notre-nature-humaine-si-elle-existe-n-est-pas-renfermee-su

    Charles Stépanoff, anthropologue : « Notre nature humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’#altérité »
    L’anthropologue précise quelques points-clés de sa réflexion sur le fonctionnement des sociétés humaines élaborée dans son essai « #Attachements ».

    En rassemblant les résultats de ses enquêtes ethnologiques, l’anthropologue Charles Stépanoff compose avec Attachements une vaste fresque remettant en cause bien des acquis sur l’exceptionnalité humaine et la naissance des sociétés hiérar­chisées. Il répond aux questions du « Monde des livres » dans son bureau parisien, à côté du Collège de France.

    Lire aussi la critique | Article réservé à nos abonnés « Attachements » : habiter le monde autrement avec Charles Stépanoff

    Vous mettez en question l’idée que l’#Etat et la #hiérarchisation des ­sociétés humaines soient le fruit du passage à l’#agriculture, voire d’une « #révolution_céréalière ». Quel modèle alternatif proposez-vous ?
    Il ne s’agit pas de renverser tous les modèles explicatifs précédents, mais plutôt de les affiner, d’essayer de comprendre si les grands mécanismes qui établissent une corrélation directe entre la culture des céréales et les Etats sont valides. Or, on trouve des sociétés à Etats sans céréales, comme celles des steppes fondées sur le pastoralisme avec un impôt basé sur une ressource sauvage, à savoir les peaux des écureuils et des renards. Le plus grand Etat de la planète, la Fédération de Russie, s’est ainsi édifié sur la ­collecte des fourrures, héritage de la domination mongole, que les Russes ont ­ensuite retournée sur les peuples asiatiques. Les Etats à Hawaï sont fondés sur des économies à base de tubercules ou de cochons, donc sans céréales.

    Dans Attachements, je développe l’idée que notre nature humaine, si elle existe, n’est pas renfermée sur elle-même mais s’ouvre sur l’altérité. L’émergence des systèmes hiérarchiques passe par une altération des formes d’attachement. Chez les Indiens de la côte nord-ouest des Etats-Unis, par exemple, les nobles sont « hyperattachés » et possèdent l’exclusivité sur les liens avec l’invisible, les esprits de l’ours, du corbeau, des baleines. A l’inverse, à l’extrême bout de ­l’organisation sociale, on trouve les esclaves, qui sont « détachés » au sens où ils n’ont pas accès au monde spirituel et n’ont de rapport au monde que matériel. Selon la terminologie que j’emploie, les esclaves entretiennent un rapport « métabolique » avec le monde, qui relève de l’énergie, tandis que la noblesse acquiert le monopole sur les rapports « intersubjectifs » avec l’invisible ou les autres espèces. Ainsi, la différenciation ne s’opère ni par l’alimentation ni par l’économie, mais par la réorganisation des façons de s’attacher.

    Comment comprendre, dès lors, l’émergence de la domination ?
    On constate que l’homme a certes une tendance hiérarchique, mais également une tendance à l’égalité. On l’observe dans les sociétés humaines qui valorisent le partage et l’équité ; on le voit même chez les petits enfants, et cela a l’air d’être enraciné dans notre psychologie. Il n’en va pas de même avec les autres grands singes, chez qui on voit des formes d’organisation uniquement despotiques, des « mâles alpha » qui s’approprient une grande partie des femelles et toute la nourriture. Ce comportement tyrannique se retrouve en particulier chez les chimpanzés. Le chef, dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, n’est pas celui qui tape ou crie le plus fort, mais celui qui organise le partage et prétend assurer le bien-être grâce à ses relations avec les esprits et les dieux. Les humains ont besoin de s’appuyer sur quelque chose d’autre que le rapport de force interhumain afin d’asseoir des systèmes hiérarchiques pérennes.

    Dans l’ensemble de votre œuvre, vous insistez sur le rapport à ­l’invisible, aux dieux. Cherchez-vous à retrouver la vérité aussi dans le ­mythe ?
    Il ne s’agit pas de considérer que le ­mythe aurait raison sur la science. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt d’observer des convergences entre celui-ci et les recherches les plus complexes, par exemple en génétique, en archéologie ou en botanique, qui nous parlent de coévolution entre les humains et les espèces animales ou végétales ainsi qu’avec les paysages. En réalité, la science académique et la science vernaculaire peuvent renouer des dialogues, parce que chez l’une et chez l’autre il y a une prise en compte des relations écosystémiques.

    Dans la pensée mythique, l’« agentivité », l’initiative d’entités autres qu’humaines, est toujours manifeste. D’où le « #pacte_domestique » conçu comme une forme d’alliance passée entre humains et #non-humains, ce qui implique que les premiers ne peuvent outrepasser leurs droits, sinon il y aurait un risque de rupture de ce pacte. Il s’agit d’un engagement réciproque.

    Concevez-vous votre livre comme une critique de la modernité ?
    Oui, et cette critique est présente dans beaucoup de sciences sociales, et en particulier dans l’anthropologie, à cause du simple fait que celle-ci remet en cause ce que l’on croit être des universaux et qui sont en fait des provincialismes de nos sociétés occidentales modernes. Je distingue néanmoins un universel dans ­notre capacité d’adopter et de créer des liens de parenté avec d’autres êtres vivants. Ce côté « pot de colle » des hommes est peut-être plus universel que le langage rationnel, le logos, la raison.

    REPÈRES
    1978 Charles Stépanoff naît à Paris.

    1999 Etudes de lettres et de philosophie à l’Ecole normale supérieure.

    2001 Il étudie un an à ­l’université Herzen de Saint-Pétersbourg (Russie).

    2002 Il commence une série d’enquêtes ethnologiques chez les Touvas et les Khakasses, peuples ­turcophones de Sibérie du Sud.

    2007 Thèse sur le ­chamanisme chez les Touvas.

    2008 Maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études, à la chaire Religion de l’Asie septentrionale et de l’Arctique.

    2019 Voyager dans l’invisible (La Découverte).

    2021 L’Animal et la Mort (La Découverte).

    2021 Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, ­membre du Laboratoire d’anthropologie sociale fondé par Claude Lévi-Strauss.

    Nicolas Weill

  • #pacchetto_sicurezza. Una camicia di forza per i movimenti
    https://radioblackout.org/2024/09/pacchetto-sicurezza-una-camicia-di-forza-per-i-movimenti

    La stretta securitaria imposta dal nuovo pacchetto sicurezza, la cui discussione in aula è cominciata oggi, è un ulteriore tassello nel mosaico repressivo del governo. Colpi sempre più duri a chi lotta nei CPR e nelle carceri, a chi si batte contro gli sfratti, a chi occupa, a chi osa fare scritte su caserme e […]

    #L'informazione_di_Blackout #ddl_1660 #diritto_penale_del_nemico #repressione #stato_di_polizia
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/09/2024-09-10-vitale-pacchetto-sicureza.mp3

  • Alt geworden, isoliert, empathielos – woran scheitert die Friedensbewegung ?
    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/altgeworden-isoliert-empathielos-woran-scheitert-die-friedensbewegu

    Pourquoi vie-t-on le déclin du mouvement pour la paix ? Cet article est le témoignage d’ancien membre du mouvement qui a marqué l’histoire de l’Allemagne de l’Ouest et constitue le point de départ du parti vert depuis mué en acteur politique belliciste.

    C’est très intéressant quoique incomplet. L’auteur néglige l’impact des mesures prises par le pouvoir depuis 2014 et avant afin d’étouffer l’opposition ouverte à sa politique agressive. Sa vue sur l’e développement intérieur du mouvement par contre est sans doute juste. Il est composé de vieux épuisés.

    1.9.2024 von Hans-Joachim Olczyk - Heute vor 85 Jahren begann der Zweite Weltkrieg. Unser Autor war auf vielen Anti-Kriegs-Demos. In einem persönlichen Rückblick analysiert er den heutigen Niedergang der Friedensbewegung.

    Heute jährt sich der Beginn des Zweiten Weltkriegs zum 85. Mal. Über Jahre hinweg war ich selbst aktiv in der Friedensbewegung in Bremen und Oldenburg. Ich war immer dabei, am 01. September oder bei den Ostermärschen.

    Am 01. September 1982, auf dem Höhepunkt der Friedensbewegung gegen die Stationierung neuer Mittelstreckenraketen vom Typ Pershing II waren die Plätze voll und die Reden laut. Es gab eine vielfältige Massenbewegung.

    Der völkerrechtswidrige Einmarsch von Putins Armee in die Ukraine hätte ein Fanal werden können für die Friedensbewegung in Deutschland. Doch in den vergangenen 30 Monaten hat es die deutsche Friedensbewegung nicht geschafft, größere Aktivitäten auf die Beine zu stellen. Der politische Niedergang scheint besiegelt.

    Aus meiner Sicht gibt es verschiedene Ursachen:

    Die Friedensbewegung ist eine alt gewordene, analoge Bewegung in einer zunehmend digitalisierten Welt. Die Bezeichnung „alt geworden“ ist dabei wörtlich zu nehmen: In den Friedenszusammenhängen wird allenthalben darüber lamentiert, dass die Jugend sich für das Thema Frieden nicht interessiere. In den Friedensgruppen und auf den Friedensveranstaltungen, die ich besuche, ist das Durchschnittsalter deutlich über 60 Jahre. Diese alt gewordene Bewegung ist weder analog noch digital gut vernetzt; es fehlt ein organisierendes Zentrum und eine zentrale gemeinsame Positionierung.

    Dazu kommt die fehlende Anbindung der Friedensbewegung in den Parteien. Hatte die Friedensbewegung der 80er-Jahre noch eine klare Verankerung im linksbürgerlichen politischen Spektrum – also im rotgrünen Lager – so wird heute oft das Argument bemüht, dass die Grünen und die SPD eben zu den Bellizisten gehörten, und daher die Politik nur schwer erreichbar sei.

    Entscheidend für die Isolation der Friedensbewegung ist aus meiner Sicht aber ihre ambivalente Grundhaltung gegenüber der russischen Aggression: Natürlich wird der Angriffskrieg abgelehnt. Aber gleichzeitig gibt es Verständnis für eine angeblich notwendige Widerständigkeit der Russischen Föderation gegen den Dominanzanspruch des westlichen Kapitalismus. Und der Völkerrechtsbruch wird oftmals wegrelativiert mit einem Verweis auf die schlimmeren Völkerrechtsbrüche von USA und Nato.

    In den 1980er-Jahren wurden die Menschen mobilisiert mit der Feststellung: Der Atomtod bedroht uns alle. Keine Atomraketen in Europa. Der Appell richtete sich ausschließlich an die Bundesregierung, die die Zustimmung zur Stationierung neuer Raketen zurückziehen sollte. Es war eine bewusste Entscheidung, keine Forderung an die UdSSR zu stellen. Das war damals richtig, denn es gab objektiv keine Bedrohungssituation. Dies konnten wir zweifelnden Bürgerinnen und Bürgern am Infostand mit Zahlen, Daten und Fakten erläutern und begreiflich machen. Wir mussten dazu viel lernen – nicht nur Zahlen, Daten und Fakten. Sondern auch erklären, warum neue Raketen keine Lösung sind.

    30.03.2024: Der traditionelle Berliner Ostermarsch.epd/imago

    Fehlende Empathie

    Seit dem Angriff von Putins Armee auf die Ukraine hätte die zentrale Forderung sein müssen: Putin go home. Dass darauf nicht lautstark gepocht wurde, ist der zentrale Fehler, den die Friedensbewegung nun gemacht hat. Sie fordert nichts vom Angreifer. Sie blendet bis heute die Situation in der Ukraine aus: Angriffe auf die zivile Infrastruktur, Angriffe auf Wohngebiete. Die Friedensbewegung ignoriert auch die innenpolitische Situation in der Russischen Föderation: Die Unterdrückung der Proteste gegen den Krieg in der Ukraine genauso wie die Gesetze, die verbieten, einen Krieg auch so zu nennen.

    Ich würde inzwischen sogar sagen: Der heutigen Friedensbewegung fehlt es schlicht an Empathie. So richtig es Anfang der 80er-Jahre war, keine Forderungen an die sowjetische Regierung zu stellen, so falsch war es nach dem Einmarsch Russlands in die Ukraine, sich nicht konsequent auf die Seite der Ukraine zu stellen. Gleich nach dem Einmarsch der russischen Armee gab es in der Friedensbewegung lange und ausführliche Erklärungen, warum es zu diesem Einmarsch kommen musste: Die Einkreisung der Russischen Föderation durch die Nato ist dabei das Hauptthema. Ein völkerrechtswidriger Angriff wurde und wird so letztendlich oft zwischen den Zeilen auch legitimiert.

    Ich habe mich an vielen internen Debatten beteiligt. Eine Diskussion ist mir besonders im Gedächtnis geblieben. Dort fielen Sätze wie: „Da werden sie dann im Fernsehen jetzt wieder Fotos zeigen mit toten Kindern“. Erst dachte ich, ich hätte mich verhört. Aber der Satz war so gefallen und er sollte ein Argument untermauern, das den ganzen Abend über schon im Raum war: Der Angriffskrieg der russischen Föderation, auf den ausdrücklichen Befehl von Putin, würde in den deutschen Medien als etwas Schreckliches dargestellt werden, um Stimmung zu machen gegen „die Russen“, die sich mit dem Angriffskrieg nur verteidigen würden gegen einen aggressiven Westen.

    Ich finde, hier zeigt sich deutlich die fehlende Empathie für die Opfer in der Ukraine. Ich bemerkte das auch anhand der ausbleibenden Reaktion auf den mutmaßlich russischen Angriff auf das Kiewer Kinderkrankenhaus im Juli 2024. Da war keine Stellungnahme in irgendeiner Form zu finden. Wer es nicht schafft, den Aggressor als solchen zu benennen, und ihn aufzufordern, nach Haus zu gehen, wird niemanden überzeugen können, auf die Straße zu gehen.

    Hans-Joachim Olczyk (Jahrgang 1961) ist seit seinem 15. Lebensjahr politisch aktiv. Er versteht seine Publikationstätigkeit als Beitrag zur demokratischen Diskussionskultur.

    #Allemagne #mouvement_pour_la_paix #pacifisme #politique

  • Où a disparu le mouvement pacifiste ?
    https://italienpcf.blogspot.com/2024/08/ou-disparu-le-mouvement-pacifiste.html?m=1

    par Heribert Prantl

    Quarante ans plus tard. Il y a un silence, un grave silence. Des missiles de croisière Tomahawk, des missiles SM-6 et des missiles hypersoniques sont déployés en Allemagne, le pays reste silencieux, l’Europe est silencieuse. Pas de protestations, pas de manifestations

    Il Manifesto 21 août 2024

    Il y a un silence, un silence de pierre. Des missiles de croisière Tomahawk, des missiles SM-6 et des missiles hypersoniques sont déployés en Allemagne, le pays reste silencieux, l’Europe est silencieuse. Pas de protestations, pas de manifestations.

    L’Allemagne est le seul pays d’Europe auquel ces systèmes d’armes américains sont destinés. Ils sont dirigés contre la Russie.

    Pourquoi est-ce si calme ? Est-ce l’été, est-ce les vacances ? Pourquoi la déclaration américano-allemande sur le déploiement est-elle si incroyablement concise et sèche ? Elle ne fait que neuf lignes. Le silence a-t-il quelque chose à voir avec le fait qu’il semble y avoir encore du temps ? Après tout, le déploiement ne commencera pas avant 2026. Ou est-ce parce que l’on est convaincu que ces missiles « n’apporteront que la paix » ?

    À l’avenir, seule la paix sortira du sol allemand" : telle est la promesse faite par les deux États allemands en 1990 avec le traité « Deux plus quatre ». La RDA et la République fédérale étaient les deux ; les quatre étaient la France, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Ce traité a ouvert la voie à la réunification de l’Allemagne. La paix viendra-t-elle donc de ces nouveaux missiles, qui pourraient être équipés d’armes nucléaires ? Ou bien cette promesse a-t-elle pris un autre sens après la guerre en Ukraine, parce que la dissuasion est désormais plus importante que le désarmement ? Les temps sont-ils devenus tellement guerriers que parler de désarmement n’a plus de sens ? Le mot « paix » a-t-il perdu de son attrait ? Derrière ces points d’interrogation se cache le silence.

    Le président russe Vladimir Poutine a annoncé qu’il réagirait en miroir. Lorsque l’on répond à une action menaçante par une menace encore plus grande et que les adversaires ont des contre-réactions qui se nourrissent les unes des autres, on parle d’escalade. L’escalade signifie que les missiles à longue portée, qui peuvent être dotés de l’arme nucléaire en théorie, le seront également en pratique. Bertold Brecht a mis en garde contre cette course au réarmement il y a plusieurs décennies. La grande Carthage, écrivait-il en 1951, a mené trois guerres. Après la première, elle était encore puissante, après la deuxième, elle était encore habitable. Après la troisième, elle était introuvable". Dans une troisième guerre mondiale, l’Europe serait comme Carthage, ou pire. Les cavaliers de l’apocalypse sont désormais dotés d’armes nucléaires.

    Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié la décision d’installer les nouveaux missiles américains en Allemagne de « très bonne décision ». Doit-il dire cela parce que, dans son serment, il a promis d’éviter de nuire au peuple allemand ? Quelle est l’ampleur du risque de voir l’Allemagne devenir un champ de bataille ? C’est la crainte qui a marqué les manifestations contre le réarmement dans les années 1980, lorsque les missiles Pershing II ont été installés en République fédérale.

    La guerre nucléaire, disait-on à l’époque, devenait « plus précise et plus contrôlable » avec les missiles Pershing ; le seuil d’inhibition à leur utilisation serait alors abaissé. Les Tomahawk actuellement déployés méritent vraiment le qualificatif de « précis ». Et, contrairement aux Pershing, ils peuvent atteindre Moscou. Cela augmente-t-il ou diminue-t-il le risque que Moscou tente d’éliminer ces missiles de manière préventive ?

    Le silence est tel en Allemagne que l’on peut encore entendre les échos des anciennes manifestations, celles de l’époque, lorsqu’il y avait un mouvement pacifiste dans toute l’Europe. C’était il y a quarante ou quarante-cinq ans. À l’époque, des millions de personnes sont descendues dans la rue avec le slogan « Non à la mort nucléaire » et ont protesté contre la « double décision » de l’OTAN d’installer des missiles et d’entamer des négociations avec Moscou. En Allemagne, ce fut le thème central des protestations, avec la manifestation pacifiste au Hofgarten de Bonn en octobre 1981, suivie des nombreux blocages contre les transports de missiles à Mutlangen. Parmi ceux qui ont barré la route aux missiles, on trouve des écrivains comme Günther Grass et Heinrich Böll, des hommes et des femmes d’église, des artistes et des universitaires, puis de grandes masses de personnes anonymes.

    À cette époque, à l’heure des mouvements pacifistes, le désarmement atteint également le système judiciaire allemand : en 1995, la Cour constitutionnelle fédérale juge que les blocages effectués par les sit-in ne constituent pas des actes de violence. Les jugements prononcés à l’encontre de ceux qui avaient bloqué les missiles ont donc dû être annulés. C’était il y a longtemps. Mais en 2010, le Bundestag a décidé à une large majorité que le gouvernement Merkel devait faire campagne « vigoureusement » pour le retrait de toutes les armes nucléaires américaines d’Allemagne. C’était également il y a longtemps. Les missiles Tomahawk d’aujourd’hui sont-ils moins dangereux parce qu’ils sont plus précis et plus rapides que les missiles Pershing d’autrefois ? Ou bien la situation mondiale est-elle si dangereuse que nous devons accepter de vivre avec la crainte que, si le pire devait arriver, il ne resterait pas une seule pierre debout en Allemagne ?

    Aujourd’hui, la peur paralyse. À l’époque, elle alimentait les protestations, mais aujourd’hui, elle absorbe leur énergie. Beaucoup de gens s’éteignent complètement lorsqu’il s’agit de guerre, d’armement et d’armes, parce qu’ils ont l’impression d’être face à une montagne qu’ils ne peuvent pas voir parce qu’elle est de plus en plus haute. C’est ce qu’on appelle le désespoir. Et certains évitent de lutter pour le désarmement parce qu’ils ne veulent pas être considérés comme des amis de Poutine.

    Le ministre de la défense, Boris Pistorius, affirme qu’il existe un « déficit de capacités » pour justifier le renforcement des forces armées. Mais le mouvement pacifiste souffre également d’un « déficit de capacité ». Il a perdu la capacité de protester au nom de l’espoir.

    En Europe, nous devons réapprendre ce qu’est la paix. Il n’y a pas de sécurité avec encore plus de dépenses militaires, encore plus de chars ou encore plus d’ogives nucléaires. La sécurité ne double pas si l’on double les dépenses militaires et les armes. Elle ne sera pas réduite de moitié si les dépenses et les armes sont réduites de moitié. Elle augmentera si les deux adversaires apprennent à se regarder l’un l’autre. C’est ainsi que nous pourrons réapprendre à faire la paix.

    –-

    Heribert Prantl est chroniqueur au journal allemand Süddeutsche Zeitung.

    #Allemagne #histoire #pacifisme

    • La Russie de Poutine a envahi plusieurs pays, a rasé la Tchetchenie.
      Poutine doit être dissuadé de nuire par des armes de dissuasion.

      Il n’y a aucun parallèle à faire avec les Palestiniens qui subissent une occupation de plus de 70 ans et qui actuellement, subissent un génocide.

    • La dissuasion fonctionne bien et depuis longtemps.

      Maintenant ce sont les populations des états non nucléarisés qui se font massacrer par les états nucléarisés.

      L’Ukraine a eu le grand tort de rendre ses armes nucléaires ...

    • La dissuasion unilatérale, à la façon dont les occidentaux l’envisagent nous mène à une nouvelle course aux armements. Les occidentaux ont sapé tous les outils de déconflictuation mis en place au cours de la guerre froide pour éviter un holocauste nucléaire impromptu.

      Annoner « poutine, poutine, poutine » n’y changera pas grand chose ; à une autre époque, c’était « sadam sadam sadam », ou « kadafikadafikadafi ». Faire comme si la désintégration des outils internationaux de déconflictuation (ONU, Convention de Genève...), du fait en premier lieu des occidentaux eux mêmes, telle qu’elle a lieu en Israël, d’une façon si éloquente et odieuse, ou telle qu’elle a lieu en Arménie, ou telle qu’elle a eu lieu en Syrie ou telle qu’elle a eu lieu en Irak, faire comme si ces actes de tyrannie et d’ultra-violence étaient tous séparés les uns des autres, et tous imputables à quelques diables de circonstance, quand la source est unique et aveuglante (les occidentaux/le capitalisme), ce n’est pas à proprement parler une façon de faire avancer les choses.

      Les pacifistes sont aujourd’hui criminalisés dans nos contrées des « Lumières ». Tout est lié.

    • C’est cela : les pacifistes sont en prison et les missiles sont partout. Les instances de domination de l’occident global ont appris à se « bunkeriser » et des conflits à dominante nucléaire les impacteront très peu. Cela sera aussi, selon leur vision, une opportunité pour éliminer quelques milliards de surnuméraires, les fameux « animaux humains ».

    • Pour nous faire une idée de la question si une comparaison entre l’Ukraine et Gaza est possible, et si on doit y livrer des armes, rappellons nous de ce qu’est l’Ukraine.

      Voilà onze points qu’on peut considérer comme confirmés malgré le brouillard de guerre .

      1. Dans le courant de la dissolution de l’URSS les oligarques régionaux s’emparent de la Crimée et des riches terres qui ont plus ou moins constitué l’Ukraine historique. Ces exploiteurs dominent le peuple dit ukrainien dépourvu de pouvoir réel.

      2. Ces gens puissants s’arrangent pour s’enrichir sur le dos du peuple déshérité et transforment l’état d’Ukraine en celui avec la population la plus pauvre d’Europe.

      3. Un jour les habitants de la Crimée en ont ras le bol et optent pour le retour à la Russie plus prospère et culturellement plus proche. Manque de bol, ce n’est pas prévu dans la loi internationale, mais c’est possible quand même à cause de la convergence d’intérêts avec le pouvoir russe dit « Poutine ».

      4. Une alliance plus ou moins ouverte entre une fraction des oligarques d’Ukraine et leurs confrères aux États Unis (la bande à Biden ;-) destitue le président du pays par un coup d’état et fait élire un candidat plus incliné à la cause « occidentale ».

      5. Commence une guerre des nationalistes ukrainiens contre la population du Donbas envieuse des habitants de la Crimée désormais rattachée à la Russie prospère.

      6. Les ukrainiens portent au pouvoir un comédien qui promet de régler leurs problèmes. Pourtant la pauvreté et le régne des oligarques persistent, et le nouveau président sous influence « occidentale » fait tout pour saboter le processus de paix connu sous le nom protocole et accord de Minsk.

      7. Suite au refus de l’Ouest de retirer ses missiles et d’en finir avec l’expansion de l’OTAN vers l’Est la Russie invahit l’Ukraine.

      8. La majorité des Ukraniens ne comprend pas qu’ils ne sont depuis la dissolution de l’URSS que des pions sur le grand échequier de Zbigniew Brzeziński et ses apprentis sorciers. Aveuglé par les discours nationalistes ils se lancent dans une guerre perdue d’avance qui sert d’abord à l’impérialisme états-unien. Ces impérialistes occidentaux gèrent la stratǵie et la tactique ukrainienne, alimentent ses amées et en ce faisant profitent du sang versé. Les oligarques d’outre-mer et d’Ukraine continuent à se remplir les poches.
      J’observe tous les jours à Berlin les grosses bagnoles de luxe des sbires d’oligarques ukrainiens qui y complètent leurs fins de mois avec le « Bürgergeld » , qui est une sorte d’argent de poche de +/- €1000 mensuels que l’Allemagne leur paye sans condition. Tout le monde sait qu’il n’y a pas de petit bénéfice .

      9. Le peuple d’Ukraine meurt s’il n’a pas réussi de fuir les combats. Les rescapés d’Ukraine construiront leur avenir en Allemagne ou en France où le patronat leur a souhaité la bienvenue comme « immigration de qualité ». Je suis d’accord avec ce point du vue car il faudra bien quelqu’un qui paie ma retraite qui ne sera assurée ni par les allemands autochtones ni par les réfugiés peu qualifiés d’Afrique.

      10. Une fois la guerre terminée l’Ukraine appartiendra ou à la Russie (d’une manière ou d’une autre) ou aux États Unis qui s’empareront des terres fertiles du pays pour se faire rembourser les frais de la guerre provoquée par eux mêmes.

      11. Cette guerre a déjà détruit l’Ukraine à un point où une reconstruction suivant l’exemple allemand ( Wirtschaftswunder ) est exclue. Les peuples d’Ukraine ont tout perdu et les habitants du pays ne récupèreront quoi que ce soit uniquement s’ils font déjà maintenant partie des profiteurs de cette guerre absurde.

      Conclusion : On ne peut pas comparer la guerre contre Gaza et la guerre en Ukraine car les palestiniens n’ont pas d’Allemagne pour les acceuillir. Du point de vue d’Israel il faut donc ĺes éliminer pour se débarasser de la menace arabe.

      Dans l’absolu la guerre en Ukraine est plus déstructive et meurtrière que celle contre l’état palestinien in statu nascendi mais la brutalité de la politique et des forces armées juives dépasse de loin celle de la campagne militaire russe.

      Alors l’unique point commun des conflits est le fait qu’on assassine des êtres humains pour s’emparere de la terre qui devrait leur appartenir.

      Alors est-ce qu’on doit soutenir un des partis belligerants en Ukraine par des livraisons d’armes ? Je pense que ce n’est pas justifiable quand on se place du côté des populations souffrantes. Les livraisons d’armes ne sont justifiées que du point de vue de celui qui par espoir de gains matériels se rallie aux instigateurs des conflits.

      C’est ce que fait le gouvernement bourgeois allemand. Ses membres misent sur le succès de son partenaire d’outre-mer et essaient d’ecarter toute voix dissédente. Je considère donc les membres de ce gouvernement comme des criminels responsables pour l’hécatombe en Ukraine.

      Le temps est loin quand les représentants du camp bourgeois modéré comme Heribert Prantl pouvaient se rallier à la cause pacifiste. Aujourd’hui il n’y a plus que le peuple même pour se montrer solidaire avec les victimes des guerres des riches. Voilà l’explication pour la disparition du mouvement pacifiste reconnu.

      A vous de choisir votre camp.

      #Ukraine #Gaza #Russie #Israel #guerre #pacifisme

    • Oh, apparemment je me suis mal exprimé. Malheureusement le sujet de la guerre interdit chaque forme d’ironie alors qu’il est insupportable sans y ajouter une prise d’humour. Alors continuons sur un ton sachlich .

      D’abord je m’attendais un peu au reproche malhonnête de poutinisme vu qu’actuellement chaque voix susceptible de pacifisme se fait traiter ainsi.

      Pour le dire clairement - on ne peut que diffcilement nier le fait que l’Ukraine et ses population soient un pion sur l’échequier états-unien. Ceci est vrai aussi pour l’Allemagne et d’autres pays même si les pions se montrent parfois réticents aux ordres du joueur d’outre mer.

      Argument

      Au moment de l’invasion russe le gouvernement d’Ukraine avait le choix entre la guerre totale et la solution gaulliste. Au lieu de s’exiler à Londre il a opté pour le sacrifice de son peuple, qui l’a naturellement suivi .

      Je comprend les simples gens qui pensent défendre leur pays alors qu’ils ne défendent que les intérêts de leurs exploiteurs. Les gouvernements et les intellectuels de tous les pays belligérants par contre devraient le savoir, et à mon avis ils le savent pertinemment. C’est une tromperie qu’on pratique partout pour entraîner les peuples dans les guerres, en Ukraine, en Russie, aux États Unis et ailleurs.

      Opinion

      Vivement qu’on nous épargne la mobilisation générale en Europe de l’Ouest.

      Argument

      Je sais aussi qu’il y un courant idéologique qui prend le gouvernment de Russie pour une bande d’impérialistes qui ont déclenché la guerre afin de faire avancer leur projet de rétablissement d’une grande russie, un peu comme le gouvernement turc sous Erdogan qui aimerait rétablir l’Empire ottoman.Si on part de cette position chaque voix qui n’est pas pour la guerre contre la Russie se ressent comme une voix de traitre. Mais ceci n’a pas d’importance pour mon argument.

      Opinion (du point de vue de classe prolétaire)

      Dans une guerre entre pays capitalistes on ne peut que s’opposer aux meurtres et se prononcer pour la fin immédiate des hostilités, le cas échánt pour la désertion ou la révolte contre le gouvernement de son propre pays.

      Opinion (du point de vue humain)

      Il est déjà inacceptable que les puissants d’un pays gâchent sa richesse pour la production d’armes. Soutenir leur export équivaut à la participation aux boucheries.

      J’espère avoir éclairci mon point de vue.

      #propagande_de_guerre

    • Oui c’est plus clair....

      Au moment de l’invasion russe le gouvernement d’Ukraine avait le choix entre la guerre totale et la solution gaulliste. Au lieu de s’exiler à Londre il a opté pour le sacrifice de son peuple, qui l’a naturellement suivi .

      C’est vrai que laisser son peuple se faire envahir par la Russie de Poutine c’est pas du tout un sacrifice. Faut demander aux biélorusses ce qu’ils en pensent tiens...

    • Opinion (du point de vue de classe prolétaire)

      Anatole France (qui avait réussi à s’extirper de sa condition de prolétaire en devenant un « intellectuel engagé » pour son époque) avait déjà compris bien des choses :
      https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4004637/f1.item.texteImage.

      En fait, on en revient toujours au même : si tu ne prends pas fait et cause pour un camp, tu deviens automatiquement un « traître ».

      #campisme #bellicisme

    • Les accords de Minsk I et II n’ont pas été appliqués par la partie Ukrainienne. C’est un fait, pas un complot ni une vue de l’esprit.

      L’armée Ukrainienne préparait la reprise en main du Donbass fin 2021, sous la supervision des occidentaux et de l’Otan, c’est un fait, confirmé par deux signataires des accords de Minsk I et II, Merkel et Hollande. Ces deux là ont confirmé qu’ils ont signé ces accords pour gagner du temps et qu’il n’était pas question de faire le moindre compromis avec les habitants du Donbass.

      Ces compromis, l’application des accords de Minsk, qui consistaient en une fédéralisation de l’Ukraine, auraient permis d’éviter la guerre que l’on a aujourd’hui.

      Mais on continue de faire comme si cette guerre n’avait qu’un seul fautif.

    • Les accords de Minsk I et II n’ont pas été appliqués par la partie Ukrainienne. C’est un fait, pas un complot ni une vue de l’esprit.

      Oui et le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre donc Israël a bien le droit de mener la guerre qui est menée (puisque apparemment on peut faire ce genre de parallèles, pourquoi se priver).

      Mais sinon les Russes ont vachement bien respecté le truc aussi ? Et attendez, ça venait d’où déjà ce besoin d’avoir des accords de Minsk ? Ce serait pas la Russie qui aurait financé des barbouzes (et non « les habitants du Donbass ») pour conquérir des territoires ukrainiens (et même envoyé ses propres militaires, ce qu’elle a reconnu ultérieurement) ?

      Petit conseil : arrêtez de lire le diplo sur le sujet car ils sont ridicules.

      Les dirigeant ukrainiens sont probablement critiquables, à peu près autant que les notre. Les dirigeants Russes actuels sont un peu un cran au dessus, entre les camps d’internement et les assassinats politiques mon choix est vite fait de préférer un Zelensky à Poutine. L’armée Russe enlève des enfants ukrainiens pour les emmener en Russie, pour les « rééduquer », rien que ce fait doit glacer le sang et amener à réagir.

      Le pacifisme, ça a du sens quand 2 pays (enfin surtout leurs bourgeoisies) à peu près égaux veulent se mettre sur la gueule en utilisant les prolos comme chair à canon. Quand il y a un agresseur à l’idéologie mortifère qui veut conquérir ses voisins, je pense que ça mérite d’y réfléchir à 2 fois avant de demander la paix, et on a quand même quelques exemples dans l’histoire (et encore actuellement).

    • Sur mes réseaux Mastodon, j’ai pleins de gens toute la journée, qui publient les éléments de langage pour voter pour Harris. Et toute la journée, tu constates que le parti Démocrate continue de soutenir le génocide de Gaza. Mais si tu es un bon petit occidental qui sait que Poutine est méchant, alors, tu sais que Trump est méchant, et qu’il faut lui préférer Harris. Ou Biden. Ou un autre. Peu importe. Il est démocrate et pro-occidental. Donc il est gentil. Et comme tu le dis « ça doit glacer le sang et amener à réagir ». En votant et se mobilisant pour Harris. Du camp des génocidaires. Avec des boussoles de ce genre, forcément, on finit tous dans les poubelles de l’Histoire sans crier gare.

    • L’inventaire des horreurs des uns et des autres ne suffit pas à expliquer comment on en est arrivé à une situation

      Oui c’est vrai parce que, comme cela a été dit, expliquer c’est excuser hein.

      Mais sinon je trouve ça assez cocasse de venir pleurnicher des accusations de traîtrise après avoir dit que les ukrainiens auraient soit disant mieux fait de se laisser envahir et en même temps de sous-entendre que les discours anti-poutine viendraient plus ou moins de gens qui sont pro-génocide israélien (pourtant Poutine est un bon pote de Netanyahou, c’est à n’y rien comprendre).

    • Poutine, bon pote de Netanyahou ? Arrête ton délire @alexcorp ...
      De toute façon, ton analyse est biaisée depuis le départ avec ton soutien indéfectible de l’Ukraine corrompue contre la Russie autocratique et autoritaire (oui, la Russie est un état dirigée par un autocrate mafieux mais Zelensky qui ne passe pas encore pour un autocrate est lui aussi passé maître en matière de corruption).

      Pour rappel, le pacifisme n’est pas se coucher devant un adversaire belliqueux (être « munichois ») mais surtout permettre aux parties belligérantes de se rencontrer pour négocier un arrêt des hostilités. D’aucuns nomment cela « diplomatie ». Cette notion est cruellement absente des confrontations de ce premier quart du 21e siècle, chacun préférant montrer ses muscles et pousser du menton virilement en prouvant aux médias qu’il aboie le plus fort. Fin de la blague.

    • Ah si, un dernier truc : qui était derrière la « révolution orange » et le mouvement Maïdan en 2013-2014 ?
      Du coup, Poutine a entrepris la « dénazification » de la Crimée et a encouragé la sédition dans le Donbass. C’est con, hein ?

    • @sombre https://www.lopinion.fr/international/le-lien-personnel-entre-poutine-et-netanyahu-permet-de-sauver-la-relation-r

      Les Israéliens n’appliquent pas, pour l’instant, de sanctions à l’égard de la Russie et ne fournissent pas l’Ukraine en armes. Les relations économiques restent modestes, mais ont progressé pour atteindre 2,7 milliards de dollars en 2023. Le lien personnel entre Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu, bien qu’ils aient réduit leurs échanges, permet de sauver la relation russo-israélienne et d’éviter les dérapages.

      Poutine et Netanyahu sont du même moule et s’entendent fort bien.

      D’aucuns nomment cela « diplomatie ». Cette notion est cruellement absente des confrontations de ce premier quart du 21e siècle, chacun préférant montrer ses muscles et pousser du menton virilement en prouvant aux médias qu’il aboie le plus fort. Fin de la blague.

      Ah mais je suis tout à fait d’accord, le problème c’est quand l’autre en face ne veut pas négocier, tu fais comment ? Et ça vaut pour Poutine et Netanyahu (là y avait 200 000 personnes dans les rues d’Israël lui demandant de négocier, il s’en fout complètement).

      Ah si, un dernier truc : qui était derrière la « révolution orange » et le mouvement Maïdan en 2013-2014 ?

      Faut pas faire du suspens comme ça, tu peux donner ta version des faits.

    • @sombre je l’avais lu à l’époque, je signale quand même que Berruyer est connu pour relayer le narratif russe (en point d’orgue, il avait été invité par Lavrov en 2019 à l’ambassade de Russie) et ce qui est clairement absent de son analyse c’est justement toutes les manipulations russes en arrière plan (et au passage, ça parle beaucoup de l’extrême droite ukrainienne, à raison hein, mais quid de l’extrême droite russe ? (qui, rappelons le, est en grande partie au pouvoir ou dans des forces paramilitaires type Wagner)).

      Bref, Maïdan est parti du fait que les russes ont mis la pression sur l’Ukraine pour qu’elle ne se rapproche pas de l’UE. En gros ça faisait 5 ans que l’Ukraine négociait un accord, les états membres de l’UE se mettant enfin d’accord (on peut être pour ou contre c’est pas la question, et les points soulevés par Berruyer sont pas déconnants), tout d’un coup t’as le président ukrainien qui dit « euh non en fait je veux plus, on va bosser avec les russes » (tiens donc...). Cela a abouti au renversement d’un président vu comme une marionnette des russes et les ukrainiens ont commencé à flipper de se retrouver dans un truc à la biélorusse (le mouvement est massif, c’est pas juste des fachos qui s’excitent). Suite à cela le président suivant (Porochenko) a signé l’accord avec l’UE. Ensuite la Russie a financé des barbouzes dans l’est de l’Ukraine et envahi la Crimée (je suppose bêtement que ça devait être la menace qui avait fait reculer le président renversé). Maintenant, évidemment que tout un tas de capitalistes trouvent un intérêt à cette guerre, en premier lieu l’industrie d’armement des Etats-Unis (mais ça n’a échappé à personne que depuis très longtemps les Etats-Unis aiment fourrer leur nez dans les affaires des autres, surtout si ça emmerde un de leurs ennemis).

    • Les pressions américaines sur Nord Stream 1 et 2 datent de bien avant 2014. Mais tout est bien qui finit bien, les américains vendent enfin leur gaz de schiste sous forme de GNL à l’Europe.

      Les magouilles entre capitalistes russes et américains pour prendre pied en Ukraine datent de bien avant 2014, d’où les instabilités de pouvoir dans ce pays, et les manœuvres choquantes, de part et d’autres.

      Tu as un article cette semaine qui évoque le fait que les affrontements entre capitalistes sont à l’origine des instabilités du monde. Et d’ailleurs, tu pourras constater que dès que Milei est arrivé au pouvoir, il s’est empressé de faire revenir le FMI et tous les fonds vautours, qui œuvraient depuis 20 ans pour un retour aux affaires, depuis qu’ils avaient été mis à la porte par quelques gauchistes, dont les gens bien centristes comme il faut savent t’expliquer comment et pourquoi ces gauchistes n’ont pas su se montrer suffisamment doués pour garder le pouvoir (on a les mêmes partout, ils parviennent systématiquement à t’expliquer que les gauchistes sont des nuls, et que les gens de droite sont méchants, ok, mais bon, y-a pas le choix ; sérieux les centristes, vous fatiguez).

    • @klaus : même si @alexcorp est prompt à dégainer un argumentaire « ad poutinum », je me réserve le droit de continuer à « ferrailler » avec lui parce qu’il en va de l’intelligence collective où « intelligence » signifie traitement pertinent de l’information dans ce cas précis. Bon mais là maintenant, j’ai pas trop le temps ...

    • @sombre après 30+ ans d’internet je ne vois plus beaucoup d’intelligence collective (Wisdom of Crowds cf. https://en.wikipedia.org/wiki/The_Wisdom_of_Crowds) sauf pour les spider #AI qui collectent la connerie des foules afin de nous construire les nouveaux mondes à la con.

      J’aime les échanges ouverts avec des gens qui ne sont pas forcément d’accord avec moi surtout quand elles /ils me font découvrir des choses. La découverte de parti pris et d’arguments ad hominem n’en font pas partie. Pourtant je ne m’en fache pas. Lors ce que tu te prononces sur la toile, tu sais ce que tu fais ;-)

    • Il y a parfois un certain relativisme vis à vis du régime russe (ou au moins une minimisation du problème) qu’on ne retrouve pas quand il s’agit de parler des américains ou des israéliens (le meilleur exemple mainstream sur le sujet étant Mélenchon et sa clique, ce premier ayant par exemple dit que la Russie faisait du « bon boulot » en Syrie). Bon, j’aurais quand même lu ici que les Ukrainiens auraient mieux fait de se laisser envahir... (et c’est moi le troll...)

      Heureusement le NPA ou UCL ont des positions un peu plus réfléchies (cf par exemple ce communiqué au moment de l’invasion russe : https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Ukraine-Retrait-immediat-des-troupes-d-occupation )

    • Oh ben tiens ! Je me permets une petite digression qui n’en est pas vraiment une en l’occurrence :

      La disputatio est une méthode ancienne qui présente de nombreux avantages. Parmi les missions de l’Institut Ethique et Politique, il en est une qui est de cultiver le doute face aux certitudes et de valoriser la liberté de chacun à penser différemment, sans qu’aucun point de vue ne soit présenté comme définitif. Il est vrai que grande est la tentation de rechercher le consensus par le ralliement à une position majoritaire pour mettre un terme à la discorde. De premier abord, cela nous semble le prix à payer pour garantir l’unité. Pourtant il serait dommage de faire taire ou d’étouffer l’expression d’opinions peut-être plus réconciliables qu’il n’y parait..

      https://www.ethique-politique.fr/disputatio-debat-contradictoire

      Maintenant concernant l’interprétation d’@alexcorp sur un soit-disant assentiment à l’invasion russe de l’Ukraine dans cette discussion :

      Bon, j’aurais quand même lu ici que les Ukrainiens auraient mieux fait de se laisser envahir...

      je répondrai en premier lieu par cette sorte d’oracle :
      « Ce n’est pas quand quand on a chié dans les draps qu’il faut commencer à serrer les fesses ».

    • @sombre
      C’est par rapport à cette phrase que je disais ça, je ne trouve pas que mon interprétation est si dingue :

      Au moment de l’invasion russe le gouvernement d’Ukraine avait le choix entre la guerre totale et la solution gaulliste. Au lieu de s’exiler à Londre il a opté pour le sacrifice de son peuple, qui l’a naturellement suivi .

  • Vers l’#écologie_de_guerre. Une #histoire_environnementale de la #paix

    L’étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la #nature et le #climat, c’est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d’une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l’axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d’exploiter la nature, d’échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s’effacent, il fallait d’abord lutter contre la rareté des #ressources_naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l’humanité, qui sera celui des #sciences, des #techniques, du #développement.
    Ces idées, que l’on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la #productivité. Ainsi, la paix, ou l’équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des #fossiles, notamment du #pétrole.
    Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les #limites_planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C’est dans ce contexte qu’émerge la possibilité de l’écologie de guerre, selon laquelle #soutenabilité et #sécurité doivent désormais s’aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de #gaz_à_effet_de_serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu’ils apprennent à parler le langage de la #géopolitique.

    https://www.editionsladecouverte.fr/vers_l_ecologie_de_guerre-9782348072215
    #guerre #environnement #livre

    • Ainsi, la paix, ou l’équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis,

      Bon, c’est pas vraiment des synonymes, il me semble qu’on appelait même ça la guerre froide. Bonneuil et Fressoz appellent aussi ça le thanatocène, parce que c’est une période marquée par une destruction fulgurante, produite par les outils servant à faire la guerre (pas la paix).

      Je peux comprendre qu’après l’invasion de l’Ukraine par la Russie on ait pu espérer que la sobriété énergétique serait un truc rassembleur. Ce que les écologistes et les scientifiques n’avaient pas réussi à accomplir, peut-être que le soutien à l’Ukraine et un certain patriotisme allaient réussir à le concrétiser. Sauf qu’il est vite apparu qu’on allait se noyer sous le GNL et ses nouvelles infrastructures, que les échanges de fossiles continuaient bon train, et que, la guerre continuant elle aussi en laissant les négociations s’essouffler toutes seules, la destruction généralisée continuait tranquille.

      Il y a quelques années, le changement climatique était régulièrement retraduit dans les mots de la sécurité : la rareté des matières premières allait amener des guerres, l’abondance des matières premières (en Arctique dégelé) allait amener des guerres, les guerres allaient amener des migrants, la chaleur avait provoqué la guerre en Syrie, etc. Bref, le changement climatique était un "accélérateur de menaces". Maintenant, on a le complément qui t’enferme dans le cercle vicieux de la sécurité : la lutte contre les menaces sont retraduites dans le langage de l’écologie, de la lutte contre le réchauffement. Pour lutter contre la Russie, il te faut une #économie_de_guerre_climatique : des mines de lithium qui produiront des ev et des microprocesseurs pour des armes sophistiquées ; des éoliennes et des réacteurs qui produiront ton chauffage et des rafales.

      (Charbonnier a pu être moqué en « penseur du vivant » inoffensif ; j’ai l’impression qu’une même posture viriliste se manifeste là aussi.)

      L’étrange hypothèse qui structure ce livre a été succinctement discutée par Durand & Keucheyan
      https://shs.cairn.info/revue-green-2022-1-page-55

      l’écologie de guerre peut-elle être efficace du point de vue de l’avènement d’une économie bas carbone ? Et est-elle conforme aux valeurs d’une politique d’émancipation ?

      tldr : Ils répondent poliment non aux deux questions.

      Après, faudrait évidemment lire le livre.

    • Pour le philosophe, qui reprend les critiques du #pacifisme formulées par le juriste allemand (et nazi) Carl Schmitt, l’expression du rapport de force entre nations demeure indépassable. Par conséquent, un déplacement de l’écologie sur le terrain du « #réalisme » politique s’impose (soit une rupture franche avec une tradition libertaire importante au sein des mouvements écologistes contemporains). Ainsi, il aboutit à l’idée, essentielle, que, faute de gouvernance mondiale crédible, seuls les Etats les plus puissants, réunis en une coalition dominante, pourront imposer une transition aux acteurs ayant intérêt à défendre l’infrastructure fossile (qu’il s’agisse d’industriels, d’investisseurs, de travailleurs des secteurs menacés, d’Etats pétro-gaziers ou de nations dépendantes du charbon). A la lecture, on s’interroge néanmoins sur la façon dont cette coalition devrait « imposer » la transition aux acteurs en question. On aurait également apprécié des précisions sur la stratégie que devraient adopter les démocraties dans cette perspective (l’Europe devrait-elle s’associer à la dictature chinoise pour composer une coalition « post-carbone » ? Devrait-elle se rapprocher des Etats-Unis ?)

      Analysant la situation géopolitique depuis 2020, Pierre Charbonnier se réjouit de certains « bougés » de la part des grandes puissances, qui associent désormais écologie et questions stratégiques. L’Europe, réagissant à l’agression russe, promeut les énergies décarbonées dans une logique de sécurité (et pas uniquement protéger l’environnement). Après la Chine, les Etats-Unis de Joe Biden financent massivement leur industrie verte dans le but d’affirmer leur leadership. Ce changement de paradigme, à peine initié et toujours fragile, représente un espoir majeur selon l’auteur : celui de mettre en branle des puissances capables de gagner la guerre du climat, celui d’une écologie réellement (géo)politique.

      https://www.liberation.fr/culture/livres/lecologie-le-vert-de-la-guerre-selon-pierre-charbonnier-20240828_MQBVF5KB

  • Procedura di frontiera: dall’UE arrivano le quote massime per ciascun Paese

    La Commissione Europea ha stabilito, nella Decisione di esecuzione (UE) #2024/2150 del 5 agosto 2024, il numero massimo di domande che uno Stato membro è tenuto a esaminare con procedura di frontiera ogni anno. L’Italia si attesta la quota più alta con 16.000 domande di asilo.

    Tra le principali novità del Patto per l’immigrazione e l’asilo adottato ad aprile 2024, vi è la procedura di frontiera obbligatoria, che prevede una rapida valutazione alle frontiere esterne dell’Ue delle domande di asilo infondate o inammissibili, con preclusione alle persone sottoposte a questa procedura di entrare nel territorio Ue.

    Proprio a proposito di questa procedura la Commissione ha stabilito, a inizio agosto, che tra il 12 giugno del 2026 e il 12 giugno del 2027 l’Italia potrà esaminare un numero massimo di 16.032 domande d’asilo con procedura di frontiera, la quota più alta nell’intera Ue pari al 26,7% del totale. Dal 13 giugno 2027 al 14 ottobre 2027, l’Italia potrà invece al massimo esaminare con tale procedura 24.048 domande di asilo.. La Decisione prevede inoltre che i Paesi dovranno stabilire una capacità adeguata, in termini di accoglienza e di risorse umane. Raggiunta la quota di domande da vagliare, scatterà il meccanismo di solidarietà.

    Tra le categorie di richiedenti asilo che saranno sottoposti alla nuova procedura obbligatoria di frontiera, ci sono quelli provenienti da paesi con bassi tassi di riconoscimento del diritto di asilo. Dunque, il rischio di questa procedura, ha sottolineato ASGI, è quello di favorire esami standardizzati delle domande di asilo e togliere la dovuta attenzione alla storia personale dei singoli migranti, in aperta violazione degli articoli 10 e 3 della Costituzione.

    Dopo l’Italia, sarà l’Ungheria – con 15.432 richieste da analizzare tra giugno 2026 e giugno 2027 e 23.148 l’anno successivo – il Paese ad avere la quota più alta da domande da trattare sul totale. Seguono la Spagna, con rispettivamente 6.602 e 9.903 richieste annue da esaminare, la Grecia (4.376 e 6.564) e la Polonia (3.128 e 4.692).

    https://viedifuga.org/procedura-di-frontiera-dallue-arrivano-le-quote-massime-per-ciascun-paese

    #procédure_à_la_frontière #Italie #frontières #migrations #réfugiés #asile #pacte #pacte_européen #quotas

    –-

    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile:
    https://seenthis.net/messages/1019088

  • 200 milliards : le #coût exorbitant des #aides_publiques_aux_entreprises

    Près de 200 milliards d’euros. C’est le montant des #aides_publiques versées aux grandes #entreprises_privées sans aucune contrepartie. Ce montant a été révélé par une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et du Clersé (groupe de chercheurs de l’université de Lille). Il s’agit du premier #budget de l’État : plus de 30% de son budget total, et deux fois plus que le budget de l’Éducation nationale. #Subventions_directes, #niches_fiscales et sociales en tout genre ou encore #aides régionales et européennes, ces 200 milliards prennent des formes diverses, mais ont une même finalité : partir en poussière chez des intérêts privés, plutôt qu’au service de la collectivité.

    Le #capitalisme français est sous #perfusion, selon le titre même de l’étude de l’Ires. Il ne survit qu’avec l’aide d’un État qui lui donne tout sans rien attendre en retour. Une histoire d’amour et de dépendance donc ; au détriment d’une #politique_économique sensée. Toutes les études, y compris celles des services ministériels eux-mêmes, le montrent : les effets de ces milliards d’aides sont faibles voire inexistants. Pour la dernière étude de l’Ires : « L’#efficacité des allègements du coût du travail se trouve sans doute ailleurs : dans le soutien apporté aux marges de l’entreprises« . La puissance publique utilise donc l’argent du contribuable pour augmenter le profit du secteur privé.

    Résultat : pas de création d’emplois, pas de hausse des salaires, pas de relocalisations de l’industrie, mais une augmentation des dividendes des actionnaires. Pourtant, Emmanuel Macron et son gouvernement refuse toujours fermement de s’attaquer à ce premier poste de dépense. Il a même augmenté les niches fiscales de 10 milliards d’euros pour 2024, le même montant qu’il a retiré aux #services_publics. Une politique qui entraîne la #France droit dans le mur. Notre article.

    D’où viennent ces 200 milliards ?

    Le gâteau des #aides_aux_entreprises a considérablement grossi ces dernières années : l’État accorde 3 fois plus d’aides au #secteur_privé qu’en 1999. Et ce gâteau se découpe en plusieurs parts. Le magazine Frustration fournit un graphique de la répartition de ces aides (https://www.frustrationmagazine.fr/subvention-capitalisme). C’est environ 20% de #subventions directes de l’État ou des collectivités, 40% d’#exonérations de #cotisations_sociales, et 40% de niches fiscales et #baisses_d’impôts.

    Ces milliards d’aides ne tombent pas du ciel. Ils résultent très nettement des politiques des gouvernements libéraux depuis les années 2000. En particulier, des politiques d’Emmanuel Macron depuis 2017 et même avant, à la tête de l’Économie de François Hollande. Avant lui, les politiques de réduction des #cotisations_patronales des entreprises ont pavé le chemin sous Nicolas Sarkozy. Ensuite, le grand bond en arrière : la mise en place du #Crédit_d’Impôt_Compétitivité_Recherche (#CICE), qui a coûté à l’État plus de 100 milliards depuis 2013.

    Sa suppression permettrait de rapporter 10 milliards d’euros, a minima. La baisse pérenne des cotisations sociales est venue remplacer le CICE en 2019 par Macron, pour le même effet. D’autres dispositifs encore : le #Crédit_impôt_recherche (#CIR : sa suppression pour les grandes entreprises rapporterait 1.3 milliard), ou encore le #Pacte_de_Responsabilité (un ensemble de différents crédits d’impôts mis en place en bloc par François Hollande).

    Sous Macron, ces dispositifs perdurent et s’étendent. Ils cohabitent surtout avec d’autres milliards tendus par Macron aux entreprises. Par exemple, Macron a décidé seul de supprimer la #cotisation_sur_la_valeur_ajoutée_des_entreprises (#CVAE), qui bénéficiait aux collectivités territoriales, et de les rendre dépendantes aux recettes de la #TVA, l’impôt le plus injuste. Ce nouveau cadeau aux grandes entreprises coûte cette année 12 milliards d’euros, et coûtera 15 milliards en 2027.

    D’innombrables niches sont encore en vigueur : la niche « #Copé » (5 milliards d’euros) ou les niches fiscales défavorables au climat (19 milliards d’euros selon l’Institut d’étude pour le climat) pour ne citer qu’elles.

    200 milliards pour licencier ?

    Problème majeur : ces milliards d’aides aux entreprises se font sans contrepartie aucune. Bien souvent, elles permettent et encouragent même les attaques sociales des entreprises envers leurs salariés : baisses des salaires, #licenciements, #délocalisations, etc. Un exemple récent : l’entreprise #Forvia (ex-Forecia), fabricant français d’équipements automobiles. Depuis son lancement dans la filière de l’hydrogène, elle a touché 600 millions de subventions – et ce, hors CICE. Pourtant, le 19 février 2024, le directeur annonce d’une pierre deux coups le retour des bénéfices pour 2023 et la suppression progressive de 10.000 emplois pour les quatre prochaines années.

    Douche froide pour les salariés, dont l’entreprise annonce le même jour des bénéfices records et un grand #plan_de_licenciement qui ne dit pas son nom. L’Insoumission s’est entretenue avec des travailleurs de Forvia mobilisés contre la décision de leur direction. Ils dénoncent d’une même voix l’hypocrisie de leur direction mais aussi de la puissance publique :

    « On leur a donné 600 millions d’argent de l’Etat. Non seulement ils n’ont pas créé d’emplois mais en plus ils en suppriment. Ils touchent de l’agent pour virer les travailleurs, aussi simple que ça. C’était 600 millions pour un seul site de 300 salariés : ça fait 2 millions par salarié, et ils se permettent de fermer des sites. Juste pour leur marge. Et honnêtement, on a même l’impression que c’est nous qui payons le licenciement de nos collègues, puisqu’on va travailler plus pour compenser leur départ.« 

    Résultat direct et rationnel de l’absence de conditionnement social (et écologique) de ces aides publiques, les entreprises font ce qu’elles veulent de cet argent. Et Forvia est loin d’être la seule à profiter des aides d’entreprises pour augmenter ses marges au détriment des salariés, comme le soulignait l’étude de l’Ires. En 2019, le groupe #Michelin s’était déjà par exemple servi d’un crédit d’impôt (CICE) de 65 milliards d’euros pour délocaliser sa production en Pologne, en Roumanie et en Espagne.

    Et ces quelques exemples ne sont très certainement que l’arbre qui cache la forêt, au vu de l’ampleur des sommes engagées. D’une manière générale : beaucoup d’#argent_public pour les #actionnaires, qui aurait pu être consacré aux grands chantiers de #politiques_publiques. Combien d’écoles, d’hôpitaux, de lignes ferroviaires auraient pu être construits avec ces 200 milliards ? Combien de personnels soignants, de professeurs et d’AESH dans les écoles auraient pu être rémunérés ?

    Pour continuer d’arroser les entreprises, le Gouvernement fait les poches aux français

    Alors que le chantage à la dette et à la compression des dépenses repart de plus belle avec l’annonce des 5.5% de PIB de déficit, la #responsabilité de ces 200 milliards d’aides est immense. Le Gouvernement détourne les yeux de cette responsabilité et préfère concentrer ses attaques ciblées sur les dépenses sociales et les services publics. Les conséquences de ce récit politique sont déjà à l’oeuvre : moins 10 milliards d’euros passés par décret en février, multiples réformes de l’assurance-chômage, etc. Et d’autres coupes sont à venir pour atteindre les 3% de déficit d’ici 2027, jusqu’à 80 milliards d’euros de coupe selon Bruno Le Maire.

    Selon les mots de l’étude de l’Ires, « un État-providence caché en faveur des entreprises » se développe à l’heure où le Gouvernement détricote l’Etat-providence social. Romaric Godin résume la situation dans un article sur le chantage à la dette pour Mediapart : « L’épouvantail de la dette a pour fonction de démanteler ce qui reste de l’État social pour préserver les transferts vers le secteur privé et soutenir sa rentabilité face à une croissance stagnante.« 

    Plus encore, pour Benjamin Lemoine, sociologue et auteur de l’ouvrage L’Ordre de la dette (2022) : « Le maintien de l’ordre de la dette demande un dosage incessant entre le soutien au capital privé et une capacité à assurer sans chocs politiques le service de la dette, et depuis des années cette capacité repose entièrement sur le sacrifice de l’État social.« (https://www.editionsladecouverte.fr/l_ordre_de_la_dette-9782707185501)

    Derrière le refus du Gouvernement de s’attaquer aux aides aux entreprises, c’est donc tout un #modèle_économique qui ne veut être remis en cause par les macronistes. Le #capitalisme_français repose tout entier sur ce système de #soutien_public_au_capital. 200 milliards, cela commence à faire cher le fonctionnement de l’#économie.

    #Conditionnement_des_aides, suppression des niches fiscales inutiles : les recettes fiscales existent

    Un autre modèle est pourtant possible. Toutes les études sur les aides aux entreprises parlent d’une même voix : il faut conditionner les aides. Elles rejoignent ainsi les revendications de la France Insoumise depuis des années. La suppression du CICE est au programme de l’Avenir en Commun dès l’élection présidentielle de 2017. De même pour le CIR, et toutes les niches « anti-sociales et anti-écologiques ». La France Insoumise a ainsi publié ce 28 mars ses « 10 mesures d’urgence pour faire face à l’austérité » dans un document intitulé « Moins de dépenses fiscales, plus de recettes fiscales !« .

    Au programme : rétablir l’#ISF (+15 milliards), taxer les superprofits (+15 milliards), supprimer le CICE (+10 milliards), supprimer le CIR (+1.3 milliards), supprimer les niches fiscales les plus polluantes (+6 milliards), rétablir la CVAE (+15 milliards), mettre en place une #imposition_universelle_sur_les_entreprises (+42 milliards), renforcer la #taxe_sur_les_transactions_financières (+10.8 milliards) et mettre fin à la #flat_tax (+1 milliards). Un large panel qui vise à montrer une chose : « Les seules dépenses à réduire sont celles en faveur des plus riches » écrit la France Insoumise, pour qui les 200 milliards d’aides seraient un bon premier ciblage.

    Une chose est certaine : il existe, effectivement, de nombreux postes de dépenses sur lesquels le Gouvernement pourrait se pencher pour réduire le #déficit_public. Conditionner les aides aux entreprises paraît être une étape essentielle.

    https://linsoumission.fr/2024/04/05/200-milliards-aides-entreprises

    #alternative

    –—

    Le rapport est probablement celui-ci, datant de 2022, à moins qu’un nouveau n’a pas été publié depuis :

    Un capitalisme sous perfusion : Mesure, théories et effets macroéconomiques des aides publiques aux entreprises françaises

    La pandémie apparue à l’hiver 2019-2020 a souligné avec une acuité spectaculaire le rôle des aides publiques pour maintenir sur pied les entreprises face à la mise en arrêt artificiel de l’activité. Il ne s’agit cependant que d’une partie d’un processus plus ample et ancien de développement, par la puissance publique et depuis maintenant plusieurs décennies, de dispositifs de soutien des entreprises, dispositifs qui mobilisent les finances publiques et sociales (mêlant dépenses effectives et exonérations) mais qui ne sont pas recensés sous la forme d’une catégorie statistique dédiée.

    L’étude se penche sur cet enjeu des aides publiques aux entreprises en posant quatre grandes questions : Combien ? Pourquoi ? Pour quels effets ? Et enfin, à quelles conditions ?

    Les informations statistiques sur l’ensemble des mesures d’aide aux entreprises et leur évolution dans le temps existent, sont publiques mais souvent disséminées et parcellaires. En particulier, il n’existe pas de catégorie statistique qui les regroupe. Celles-ci sont constituées de trois composantes : les dépenses fiscales (avec notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et le crédit d’impôt recherche), les dépenses socio-fiscales (exonérations de cotisations sociales employeurs) et les dépenses budgétaires de subvention et d’aide à l’investissement. Comme le montre l’étude, alors qu’elles oscillaient en moyenne autour de 30 milliards d’euros par an dans les années 1990, elles représentaient un montant de plus de 100 milliards d’euros par an dès 2008, et culminaient à 157 milliards en 2019, avant même la mise en œuvre du « quoi qu’il en coûte ».

    Mises en place selon des arguments en termes de compétitivité, d’emploi, d’investissement ou d’innovation, la discussion autour des effets théoriques et la revue de la littérature empirique laissent subsister de sérieux doutes sur la pertinence de ces mesures. Ces politiques peuvent de surcroît entraîner des effets d’accoutumance et de dépendance pour les entreprises, assorti d’un coût permanent pour les finances publiques et sociales, ceci pour des effets réels, mais souvent transitoires. Il en ressort l’idée que notre système économique est de plus en plus « sous perfusion » d’aides publiques aux entreprises.

    L’étude met enfin en évidence grâce à un modèle macroéconomique les différentes (in)efficacités des mesures de baisse de prélèvements obligatoires sur les entreprises selon qu’elles s’accompagnent ou pas de contreparties (par exemple en termes d’investissement productif), comparativement notamment à la dépense publique directe. Elle envisage également une utilisation alternative des sommes dépensées.

    En conclusion, l’étude s’interroge sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises, en particulier l’application de critères sociaux et/ou environnementaux.

    https://ires.fr/publications/cgt/un-capitalisme-sous-perfusion-mesure-theories-et-effets-macroeconomiques-des-ai

  • Roland Simon - #Gaza 2024
    https://dndf.org/?p=21486

    Dans un texte publié sur « Lundi matin » on parle de Gaza mais on ne trouve rien sur Gaza, les Palestiniens, etc., on y trouve la boite aux outils dont l’utilisation est préconisée en toute circonstance, quels que soient les lieux, les sujets, les conflits, les classes ou fractions de classes en présence : l’occupation (il faut croire que cela les occupe). Et surtout, l’injonction de tout bon théoricien cultivé et dissident des classes dominantes, à être du « bon côté de l’histoire ». Toujours « l’Histoire » comme le totem de ceux qui s’imaginent en être les représentants en chair et en os. Mais ceux qui sont dans le coup, qui sont embarqués dans les entrelacs de toutes les luttes et des guerres se foutent complètement du bon et du mauvais côté de l’Histoire et de l’Histoire elle-même. Il n’y a que ceux qui s’imaginent, parce que c’est leur raison d’être, être, en toutes circonstances, l’incarnation de l’Histoire et donc de son « sens » qui se soucient d’une telle chose : être du bon côté ou nonIl est remarquable comme en très peu de temps les acteurs ont changé ainsi que le ton et la signification des réactions à l’extermination des Gazaouis (qui s’accompagne, c’est important de le souligner, d’une recrudescence des expéditions militaires en Cisjordanie). De réactions plus ou moins spontanées de ceux qui, toute proportion gardée, voit dans cette extermination le symbole de leur propre situation sans avenir, on est passé aux militants professionnels prêts à se faire tuer jusqu’au dernier Palesstinien. Je viens de lire dans le Diplo de Mai 2024, un article intitulé « La rue avec Gaza, les élites derrière Israël ». Que peut signifier maintenant « être avec Gaza » ? Tout au long de l’article, cette « rue » ce sont « l’opinion publique », les « sondages », des juristes, des universitaires, etc. Et il est vrai qu’il y a des manifestations massives qui appellent à un « cessez-le-feu ». Il ne s’agit plus, centralement, comme cela fut brièvement le cas de reconnaître dans Gaza la forme paroxystique d’une situation vécue, mais d’exprimer une « solidarité » sans enjeux. Le fondement de cette « solidarité », c’est le « droit », l’ « égalité des peuples », le « cessez-le-feu », la paix.

    #Israël #Palestine

    • Quand la majorité des Palestiniens soutient le Hamas et se reconnaît en lui (et ils ont leurs raisons de le faire), quand « l’Autorité palestinienne » est totalement discréditée allant même jusqu’à poursuivre, avec l’armée israélienne, les brigades armées « autonomes » de Cisjordanie, la solidarité avec la Palestine ne pouvant pas contourner ces faits ne peut que les surplomber et n’être qu’un appel à la paix ou un « Palestine vaincra » totalement hors-sol. « La Palestine de la rivière à la mer » sous-entendant un Etat multinational, si ce n’est multiconfessionnel, est totalement irréaliste à moins de vouloir officialiser les Palestiniens comme main-d’œuvre à bon marché de l’économie israélienne (c’est-à-dire officiellement « juive » depuis la réforme de la Constitution israélienne) qui demeurerait, avec l’appui de l’argent du Golfe, la structure dominante de cet Etat.

      Pourtant, là où se manifeste cette solidarité elle combine toujours le #pacifisme comme réelle expression de son impasse proprement politique et l’identification des exclus (effectifs ou menacés) ou « étrangers » au paradigme mondial palestinien. On ne peut négliger sur certains campus américains (pas les plus huppés) le rôle joué par les étudiants d’origine mexicaine ou centre-américaine.

      Il faut accepter, reconnaître, exposer l’impasse politique de la solidarité en même temps que souligner le paradigme mondial palestinien, au prix de construire une image idéologique de celui-ci, dénoncer et dans la mesure des moyens combattre la propagande de tous les Etats occidentaux dans leur complicité intéressée à l’extermination des Palestiniens, au moment même où toute leur politique concourt à la création d’exclusion et de misère dans chacune de leur aire nationale. Malgré l’impasse politique que cela manifeste, réclamer la paix et le premier acte nécessaire.

      Quand on parle de l’anéantissement de Gaza et qu’on le considère comme un événement/révélateur mondial, il faut aller à la racine : le « problème des surnuméraires » qui ne le sont jamais vraiment. Si Gaza est une crise mondiale, c’est que c’est la question qui traverse la crise actuelle de la mondialisation telle que présentement crise de l’articulation entre la valorisation du capital et la reproduction de la force de travail.

      [...]

      (...) l’islamisme, (...) un au-delà du nationalisme dans une « identification » de plus en plus abstraite au fur et à mesure que l’avenir se bouchait.

    • « L’Etat des Juifs » (c’est le titre) sera « l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie » (Herzl, 1896)

      En 1948, la guerre acta la faillite du pouvoir des oulémas, muftis et grands propriétaires absentéistes se prélassant à Damas, Alep, Aman ou Le Caire. La grande expulsion des Palestiniens fit place nette pour le développement des rapports sociaux spécifiquement capitalistes.

      1967, ce fut le premier acte de la faillite du développement nationaliste de tous les jeunes et beaux officiers à moustaches. Occupation des « Territoires » : apparition du salariat et des règles bourgeoises de la propriété foncière en Cisjordanie.

      1973 Leur faillite fut achevée au profit de l’islamisation rentière régionale et lors des guerres au Liban. En 1982, l’armée israélienne protège les Phalangistes lors des massacres de Sabra et Chatila. L’action fut poursuivie par l’expulsion de l’OLP de Beyrouth.

      1988 La première Intifada confirma le pouvoir sur la région d’Israël comme seul pôle capitaliste dynamique. Les Palestiniens furent mis au pas au profit des autres Etats de la région, Il ne faut pas oublier que la Jordanie s’était auparavant fait remarquer par quelques massacres de Palestiniens (Septembre noir)

      1991 -2003 Les deux guerres du Golfe marquent la fin de l’intégration rentière régionale autour des pays du Golfe.

      2006 L’intervention au Liban fignole les choses et maintient le pays, seul concurrent potentiel, dans un état de fractionnement et d’impuissance.

      2011 Les « printemps arabes » montrent l’incapacité des classes dominantes locales, dont la richesse procède plus du pillage que de la valorisation, de porter une restructuration endogène de la région.

      2020, les « Accords d’Abraham » sous l’égide américaine lient l’argent du Golfe à la puissance technologique et capitaliste d’Israël. En effet, il est bien beau d’avoir beaucoup d’argent venant d’une rente et d’une matière première surgie du sol, mais depuis l’Espagne et le Portugal des XVIe et XVIIe siècle, on sait que cela ne signifie pas la richesse comme l’exposa très bien Adam Smith.

      Dans tous ces épisodes (il y en eut bien d’autres comme les accords d’Oslo et de Paris qui, avec la complicité de l’OLP, enterrèrent pour trente ans la « question palestinienne ») Israël fut toujours le fer de lance et la contrainte au développement capitaliste régional. Jusqu’au début des années 2000, cela avait toujours été conflictuel et la question palestinienne revenait de part et d’autre sur le tapis.

  • I diritti negati e il trattamento dei cittadini stranieri all’#hotspot di #Pantelleria

    Sull’isola, in una condizione di totale invisibilità, è attivo un centro utilizzato come primo soccorso e identificazione. Ogni anno sbarcano quasi 5mila persone, soprattutto di nazionalità tunisina. L’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione ha visitato la struttura identificando una serie di gravi criticità: dal sovraffollamento alla mancanza di comunicazioni con l’esterno.

    Privazione della libertà personale, sequestro dei cellulari, impossibilità di presentare la domanda d’asilo. Sono solo alcuni dei diritti violati delle persone che sbarcano sull’isola di Pantelleria (Trapani) e che vengono trattenute nell’hotspot presente sull’isola per primo soccorso e identificazione.

    Prassi che presto potrebbero ulteriormente rafforzarsi in tutta Europa data la recente approvazione del Parlamento europeo del Patto per le migrazioni e l’asilo dell’aprile 2024. “Nelle modifiche previste nei nuovi Regolamenti sembrano recepite le più importanti e illegittime prassi viste nel centro e quindi la sistematica detenzione in frontiera, la sospensione delle garanzie costituzionali in termini di libertà personale, diritto alla libera comunicazione con l’esterno, di controllo giurisdizionale e reclamabilità immediata dei propri diritti e accesso alle procedure di asilo”, denuncia l’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi) che, in collaborazione con Spazi Circolari, nell’ambito del Progetto InLimine, ha pubblicato a luglio un report sulle criticità della struttura visitata a metà maggio.

    “L’esperimento Pantelleria’ si conferma di estremo interesse -scrivono i curatori dell’approfondimento-. Nell’ambito del nuovo assetto normativo e di fatto, riteniamo possibile che queste esperienze conosciute in Italia ormai da anni saranno implementate sempre più in altri luoghi”.

    A Pantelleria è attivo come detto un hotspot utilizzato per il primo soccorso e l’identificazione dei cittadini stranieri, quasi esclusivamente tunisini, che fanno ingresso sul territorio italiano sbarcando sull’isola. Ogni anno arrivano in media nel centro cinquemila cittadini stranieri e, in particolare, tra l’11 agosto del 2023 e il 18 marzo 2024 vi hanno fatto ingresso 3.234 migranti di cui 2.918 uomini e 316 donne, 228 nuclei familiari e 663 minori stranieri non accompagnati.

    Tutti i soggetti intervistati dall’Asgi hanno confermato che le persone ospitate nell’hotspot non possono uscire, salvo per motivi sanitari, nonostante non vi sia alcun provvedimento di arresto o di limitazione della libertà personale. Secondo quanto riportato dalla prefettura di Trapani il tempo di permanenza medio dei “trattenuti” è di due o tre giorni, tranne in caso di condizioni meteo avverse che non rendessero possibile il trasferimento via mare.

    La delegazione ha effettuato l’accesso all’hotspot, vuoto al momento del sopralluogo. La struttura, che secondo la prefettura di Trapani ha una capienza di 40 posti, è divisa in due ambienti separati da una cancellata. Nel primo spazio si trovano gli alloggi per gli uomini, la mensa, i bagni e le docce e alcuni uffici. Il secondo è invece dedicato a ospitare donne e minori non accompagnati. Il centro è inoltre in fase di ampliamento per un totale di 60 posti, che si prevede siano destinati a donne e minori. Una scelta dovuta alla necessità di combattere il sovraffollamento della struttura che il 20 settembre 2023 è arrivata a ospitare 416 persone.

    Secondo l’Asgi, le condizioni dei cittadini stranieri, in particolare dei minori, appaiono allarmanti. Nel periodo esaminato i minori non accompagnati ospitati nell’hotspot sono stati 663 per periodi anche lunghi nei casi in cui le condizioni del mare non ne permettevano un rapido trasferimento. Inoltre, secondo quanto riportato dalla prefettura, i loro spazi sono separati da quelli degli adulti solo quando le condizioni di affollamento lo consentono. Non vi sono, infine, procedure di verifica della minore età neppure in caso di dubbio, visto che gli accertamenti dell’età vengono svolti solo una volta trasferiti a Trapani.

    Un’altra criticità riguarda l’accesso ai servizi: allo sbarco le persone ricevono una prima visita da parte di personale medico dell’azienda sanitaria provinciale che serve a verificare l’idoneità a vivere in comunità ma non vi è una valutazione rispetto a eventuali vulnerabilità psicologiche. I colloqui di assistenza psicologica si tengono solo su base volontaria.

    Secondo l’Asgi, poi, il diritto alla corrispondenza è regolarmente compromesso: la struttura non dispone di telefoni fissi e i cellulari dei migranti sono sequestrati all’ingresso (senza che venga rilasciato alcun verbale). Le comunicazioni telefoniche possibili con l’esterno avvengono solo tramite un telefono gestito da un mediatore culturale e di conseguenza le conversazioni sono costantemente ascoltate e possono avvenire solo in orari prestabiliti.

    Una volta giunte a Trapani le persone migranti (incluse donne e minori) sono fotosegnalate o direttamente sul molo di sbarco o presso i locali del Cpr di Milo, in attesa di essere trasportati in centri di accoglienza o strutture di trattenimento. Il centro di permanenza per il rimpatrio è chiuso ormai da mesi a causa delle rivolte dei trattenuti di inizio anno che hanno reso inagibile la struttura e il trasferimento verso i centri di accoglienza non ha una durata prestabilita. Una procedura che lascia i migranti senza tutele per un periodo anche lungo.

    “Ciò viene confermato dalla prefettura di Trapani laddove le manifestazioni di volontà vengono registrate solo dopo la completa identificazione, successiva al trasferimento a Trapani, con conseguente grave mancanza di protezione per un tempo variabile- riporta l’Asgi-. Sembrerebbe che presso l’hotspot venga solo annotato, a fianco del nome, un simbolo con il quale riportare la volontà espressa di richiedere protezione internazionale, senza però riscontri effettivi sul recepimento di tali indicazioni a Trapani, dove al contrario alle persone viene fatto compilare un secondo foglio notizie. La procedura non è standardizzata e per questo risulta del tutto incontrollabile ed esposta al rischio di omissioni e ritardi”.

    https://altreconomia.it/i-diritti-negati-e-il-trattamento-dei-cittadini-stranieri-allhotspot-di
    #asile #migrations #réfugiés #Italie #migrants_tunisiens #réfugiés_tunisiens #privation_de_liberté #droits #laboratoire #expérimentation #pacte_européen #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile #île #îles

  • L’industrie des demandeurs d’asile : l’exemple de #Nauru

    Je présente ici une étude passionnante de Julia Caroline Morris, Asylum and Extraction in the Republic of Nauru, Cornell University Press, 2023, qui intéressera non seulement les chercheurs en anthropologie des migrations, ceux qui travaillent sur les politiques d’internement, de déplacement et d’externalisation des réfugiés, mais aussi les amateurs de Critical Geography Studies, ou spécialistes de l’extractivisme ou de néocolonialisme.

    La République de Nauru est un État insulaire de 21 km2, situé au Nord-Ouest des îles Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à plus de 1000 kms tout de même, et plus loin encore des Fidji (plus au sud). C’est aussi un des États les plus densément peuplés au monde : cela peut sembler paradoxal quand on prend la mesure de son #isolement. Plus étonnant encore est la fluctuation du revenu par habitants : au milieu des années 70, le #PIB par habitant de Nauru est le second après celui de l’Arabie Saoudite. Trente années plus tard, le pays frôle la #faillite. Avant de retrouver une forme de #prospérité ces dix dernières années (bien que l’avenir demeure très incertain). Autre palmarès dans lesquels il se fait remarquer : le pays n’a quasiment aucune #autonomie_alimentaire, les terres arables ayant été rendues impropres à toute forme de culture, et les zones côtières, ainsi que le corail, ayant été pollués pour une très longue durée. Il importe donc tout ce dont il a besoin pour nourrir le population et ses taux d’#obésité et de #diabète, sont parmi les plus élevés au monde. Sans parler des autres maladies, cardio-vasculaires, affections respiratoires, dues à la toxicité de l’environnement. Et, c’est le sujet du livre de Julia Morris, ces dernières années, c’est le territoire qui compte le plus pourcentage le plus élevé de demandeurs d’asile et de réfugiés rapporté à la population totale.

    Les premiers habitants de l’île, dont il est très difficile de dater l’arrivée, des mélanésiens et des micronésiens, auxquels s’ajoutèrent probablement des voyageurs venus des côtes Philippines ou Chinoises, vécurent fort longtemps avant le débarquement des européens. Les Nauruans, organisés en douze tribus, vivaient des ressources locales, noix de coco, bananes, pandanus ou takamakas, et de poissons qu’ils pêchaient dans les lagunes. Marshall Sahlins parlerait sans doute ici de “#société_d’abondance”. La vérité c’est que nous ne savons quasiment rien de l’histoire précoloniale des Nauruans, parce que l’environnement de l’île fut totalement dévasté par l’#exploitation_industrielle du #phosphate, rendant vain le travail des archéologues.

    Approchée par les premiers européens à la toute fin du XVIIIè siècle, c’est-à-dire assez tardivement comparée aux autres territoires du Pacifique, refuge ponctuel pour des déserteurs et des contrebandiers, l’île ne fut véritablement soumise à l’emprise coloniale qu’un siècle plus tard. D’abord par les allemands, qui, “négociant” avec les autochtones, inscrivent Nauru sur la carte des flux de marchandises internationaux en commercialisant le #coprah, issu de la #noix_de_coco.

    Mais c’est la découverte d’énormes gisements de phosphates qui changera à tout jamais le destin de l’île. “Le phosphate, clé de la vie. Un miracle de la nature exploité par l’ingéniosité de l’homme pour le bénéfice de tous.” déclarait le bureau philatélique de Nauru en 1983. “Bénéfice de tous“, il faut le dire vite. L’#extraction massive du phosphate devient un enjeu pour les empires coloniaux compte tenu de l’accroissement démographique : il permet d’accroître les rendements au point qu’on peut parler, avec la découverte des #engrais phosphatés, d’une véritable #révolution_agricole, et de nourrir les populations métropolitaines. Les conséquences de ce rush colonial vers le phosphate, qui aura permis d’assurer la prospérité des nations coloniales, y compris l’Australie voisine, seront amères pour les Nauruans. Julia Morris le résume ainsi :

    “Nauru est un pays où l’industrie du phosphate et son cortège de #pollutions#déchets_toxiques, maladies respiratoires et alimentaires, #dépendance – sont palpables. Les effets de l’extraction du phosphate ne sont pas seulement ressentis par les personnes directement employées dans les champs d’extraction et les usines de traitement, comme Tony, mais s’étendent bien au-delà du point de production à forte intensité de main-d’œuvre. Depuis 1906, le #minerai_de_phosphate de Nauru est exploité et exporté vers les agriculteurs du monde entier. Paradoxalement, cela a laissé peu d’écosystèmes viables pour le développement agricole de Nauru. La richesse en phosphate aurait pu industrialiser Nauru, mais elle a laissé un cycle de dépendance à l’égard des fast-foods importés. Le système de santé de Nauru est marqué par les conséquences de l’interventionnisme colonial. Le dernier rapport publié par le ministère de la santé de Nauru (2011) indique que 77,8 % de la population de Nauru est en surpoids et que 45,6 % est obèse. En 1975, la prévalence du diabète à Nauru était de 34,4 %. Les Nauruans se classaient ainsi au deuxième rang mondial pour le taux de diabète le plus élevé jamais enregistré, tout en se plaçant au deuxième rang mondial pour le PIB par habitant, derrière l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, le gouvernement consacrant environ 20 % de ses dépenses annuelles de santé au diabète, les chiffres ont légèrement baissé. Mais avec 30 %, Nauru conserve l’un des taux de diabète les plus élevés au monde. Ces taux sont associés à un éventail de maladies non transmissibles liées à l’alimentation, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques. Les #cancers évitables, notamment le cancer gastro-intestinal, le cancer du col de l’utérus et le cancer du poumon, sont importants au sein de la population locale. Une espérance de vie de cinquante-cinq ans est l’un des sous-produits du changement de mode de vie de l’ère coloniale et le coût humain d’une économie basée sur l’extraction.” (Julia Morris, op. cit. p. 69-70).


    Dès le début des années 90, les réserves de phosphate s’épuisent, l’extraction, ayant creusé de plus en plus profondément les terres, laisse l’île dévastée, et la manne économique diminue drastiquement. S’ensuit une période chaotique, politiquement et socialement, où les dirigeants du pays, devenu indépendant en 1968, font le choix de transformer Nauru en #paradis_fiscal, spécialisé dans le #blanchiment_d’argent. Jusqu’au nouveau miracle, qu’on appellera la “#solution_Pacifique“, c’est-à-dire la mise en place par le gouvernement Australien d’une politique de “#remigration_offshore”, suite à l’affaire du #Tampa, un navire Norvégien qui avait recueilli 433 migrants 433 migrants afghans et irakiens en route pour l’Australie dérivant sur un bateau de pêche indonésien, migrants auxquels le gouvernement Howard refuse d’accorder l’asile. Nauru devient alors un des centres de rétention externalisée par l’Australie (avec la base navale de Lambrum à Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée) : avec cette nouvelle manne économique, l’argent australien contre l’internement des réfugiés “en attente d’une régularisation (très) éventuelle”, une véritable #industrie_des_réfugiés se déploie sur l’îlot. Elle se poursuit jusqu’à aujourd’hui, avec des intensités variables, quel que soit d’ailleurs la couleur politique des gouvernements Australiens (conservateurs ou travaillistes). On y construit tout un réseau d’infrastructures complexes, destinés aussi bien au contrôle et à la surveillance des réfugiés qu’à l’accueil d’une population très importante d’intervenants étrangers, chargés de la logistique et de la #militarisation de l’île, mais aussi des avocats, des médecins, des officiels australiens, des interprètes et de nombreux experts envoyés par les ONG.

    La plupart des études portant sur les zones d’internement des migrants, par exemple en Méditerranée, portent sur les conditions d’existence des réfugiés. Plus rarement sur les acteurs institutionnels de ce qu’on peut appeler une véritable industrie de la re-migration offshore. Mais on oublie souvent de s’intéresser aux populations autochtones qui habitent les territoires où sont édifiés les infrastructures de l’internement. En donnant alternativement la parole aux trois groupes d’acteurs directement engagés dans cette société organisée autour de l’industrie des réfugiés, les réfugiés et demandeurs d’asile mais aussi les travailleurs de cette industrie, et surtout les Nauruans eux-mêmes, Julia Morris échappe à l’attraction des narratifs du gouvernement australien tout autant qu’aux récits sensationnalistes qui critiquent ces politiques de répudiation offshore en invoquant la figure racisée du Nauruan “sauvage, barbare, cruel, intéressé” (cet argument qui critique la relégation des migrants dans des pays tiers, en dénonçant la barbarie et l’inhumanité des hôtes autochtones, se retrouve actuellement par exemple en Grande-Bretagne, autour du projet de remigration offshore au Rwanda)

    C’est l’immense mérite du livre décapant de Julia Morris, qui n’épargne pas les discours “humanistes” des opposants à ces politiques d’internement offshore (notamment dans la gauche Australienne), de donner la parole aux Nauruans eux-mêmes, piégés dans ces récits produits par l’imaginaire politique occidental.

    https://outsiderland.com/danahilliot/lindustrie-des-demandeurs-dasile-lexemple-de-nauru
    #Australie #externalisation #asile #réfugiés #migrations #extractiviste #industrie_agro-alimentaire #pacific_solution

    ping @karine4

    • Asylum and Extraction in the Republic of Nauru

      Asylum and Extraction in the Republic of Nauru provides an extraordinary glimpse into the remote and difficult-to-access island of Nauru, exploring the realities of Nauru’s offshore asylum arrangement and its impact on islanders, workforces, and migrant populations. Drawing on extensive fieldwork in Nauru, Australia, and Geneva, as well as a deep dive into the British Phosphate Commission archives, Julia Caroline Morris charts the island’s colonial connection to phosphate through to a new industrial sector in asylum. She explores how this extractive industry is peopled by an ever-shifting cast of refugee lawyers, social workers, clinicians, policy makers, and academics globally and how the very structures of Nauru’s colonial phosphate industry and the legacy of the “phosphateer” era made it easy for a new human extractive sector to take root on the island.

      By detailing the making of and social life of Nauru’s asylum system, Morris shows the institutional fabric, discourses, and rhetoric that inform the governance of migration around the world. As similar practices of offshoring and outsourcing asylum have become popular worldwide, they are enabled by the mobile labor and expertise of transnational refugee industry workers who carry out the necessary daily operations. Asylum and Extraction in the Republic of Nauru goes behind the scenes to shed light on the everyday running of the offshore asylum industry in Nauru and uncover what really happens underneath the headlines. Morris illuminates how refugee rights activism and #RefugeesWelcome-style movements are caught up in the hardening of border enforcement operations worldwide, calling for freedom of movement that goes beyond adjudicating hierarchies of suffering.

      https://www.cornellpress.cornell.edu/book/9781501765841/asylum-and-extraction-in-the-republic-of-nauru

      #livre

  • L’UE veut encore renforcer #Frontex malgré l’accumulation des critiques et des scandales

    En dépit des attaques dont elle fait l’objet, l’agence de surveillance des frontières européennes a vu ses prérogatives constamment renforcées depuis sa création il y a bientôt 20 ans. Pour son nouveau mandat, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé vouloir tripler ses effectifs, mais sans évoquer de remise en question.

    "Nous devons renforcer Frontex pour la rendre plus efficace tout en respectant pleinement les droits fondamentaux", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi 18 juillet devant le Parlement européen, annonçant sa volonté de tripler le nombre de garde-frontières et de garde-côtes européens à 30 000.

    En près de 20 ans d’existence, Frontex, dont la mission est d’assister les États membres dans le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne (UE), n’a eu de cesse de voir ses prérogatives et son budget renforcés au fil de ses évolutions. Ses missions incluent l’analyse des risques, la surveillance et la gestion des frontières maritimes, aériennes et terrestres et la participation au financement des opérations de retour des migrants en situation irrégulière. Des opérations menées par des garde-frontières mis à la disposition de l’agence par les États membres. Elle peut par exemple participer à l’enregistrement des migrants à leur arrivée, comme depuis 2018 dans le cadre de l’opération Minerva en Espagne où elle aide les autorités espagnoles à contrôler les passagers arrivant en ferry du Maroc. Après le début de la guerre en Ukraine en février 2022, Frontex a aussi été mobilisée pour aider la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie ou encore la Roumanie à faire face à l’afflux de réfugiés. L’agence collabore également avec des pays tiers, comme l’Albanie ou la Tunisie.

    Après la crise migratoire de 2015 qui avait vu l’arrivée de plus d’un million de migrants en Europe, elle est devenue en 2016 l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes et ses missions comme ses moyens ont été étendus. En 2019, un nouveau règlement est encore venu accroître ses compétences. Il prévoit la possibilité pour l’agence d’intervenir même lorsqu’un État ne la sollicite pas.
    Un budget exponentiel, une efficacité contestée

    Avec cet engagement à un nouveau renforcement de Frontex, la présidente de la Commission européenne semble en tout cas répondre à la montée de l’extrême droite aux dernières élections européennes et donner des gages aux groupes ID et ECR, auquel la dirigeante italienne Giorgia Meloni est associée, mais aussi aux conservateurs du PPE dont la politique migratoire tend à se rapprocher de celle des eurosceptiques.

    Pour Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’Université Lyon 3 et membre de l’Institut Convergences Migrations, "ce renforcement de Frontex s’inscrit dans la logique du Pacte européen sur la migration et l’asile adopté au printemps dernier, qui se concentre sur le renforcement des frontières extérieures et prévoit l’externalisation du contrôle des migrations. La mise en œuvre de cette politique nécessite de développer les moyens de l’agence pour y répondre", analyse-t-elle.

    Avec un budget colossal de plus de 845 millions d’euros en 2023 contre 6 millions d’euros après sa création, c’est l’agence européenne la mieux dotée. Un montant qui prévoit le déploiement de 10 000 agents à l’horizon 2027 seulement. En comparaison, souligne Marie-Laure Basilien-Gainche, le budget de l’agence de l’Union européenne pour l’asile était de 174 millions d’euros en 2023. Un différentiel qui montre, estime-t-elle, que "l’objectif est bien la protection des frontières plus que la protection des réfugiés".

    Et si, rappellent d’ailleurs les spécialistes, comme le prévoit le droit international pour tous les navires, Frontex se doit de porter assistance aux embarcations en détresse, le sauvetage en mer ne fait pas partie de son mandat.

    "Le mandat de Frontex s’inscrit dans la politique sécuritaire et répressive de l’Union européenne", juge Brigitte Espuche, co-coordinatrice du collectif Migreurop qui a enquêté sur les pratiques de l’agence européenne depuis sa création. Pour elle, "le mandat de l’agence est en lui-même incompatible avec le respect des droits des personnes migrantes". En dépit des "éléments de langage" mettant en avant à chaque réforme le respect des droits fondamentaux, dénonce-t-elle, "on ne fait que renforcer une agence qui n’a pas permis de faire diminuer les flux migratoires et qui en plus attente aux droits des personnes exilées et met leur vie en danger". En 2021, rappelle-t-elle, la Cour des comptes avait d’ailleurs épinglé l’agence, la qualifiant de "pas assez efficace".

    De son côté, dans une réponse écrite adressée à RFI, Frontex indique que "l’annonce de la présidente von der Leyen fait partie d’un plan plus large visant à remodeler [ses] systèmes de gestion des frontières et à les adapter à l’avenir", à "renforcer [ses] capacités et à améliorer les aspects sécuritaires et humanitaires de [ses] opérations". Elle ajoute que l’objectif n’est pas seulement d’augmenter les effectifs mais aussi "d’améliorer les opérations grâce à des équipements de pointes, tels que des avions, des drones et des systèmes de surveillance".
    Mauvais traitements, refoulement, opacité...

    En revanche, "il ne s’agit pas d’une réponse aux critiques", affirme l’agence européenne. Ces dernières années, Frontex a été la cible d’accusations de plus en plus larges : depuis 2020, les enquêtes et les rapports se succèdent, documentant et dénonçant l’implication – directe ou indirecte – de l’agence dans des violations des droits, des mauvais traitements et surtout de pushbacks illégaux. Ces opérations consistant à renvoyer des personnes migrantes vers des pays hors de l’UE sans leur permettre de déposer une demande d’asile, en violation du droit international.

    En octobre 2020, une enquête de plusieurs médias, dont Der Spiegel et le New York Times, rapportait l’implication d’agents de Frontex dans des refoulements illégaux de migrants en mer Égée. Dans la foulée, en 2021, le Parlement européen avait demandé le gel d’une partie du budget 2022 de Frontex tant que des améliorations n’avaient pas été apportées en matière de contrôle des droits fondamentaux. En avril 2022, une enquête du Monde et Lighthouse Reports accusait l’agence d’avoir maquillé des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, en de simples "opérations de prévention au départ" en eaux turques.

    En 2022, un rapport de l’Office de lutte antifraude (Olaf) a conduit à la démission du patron de l’agence, Fabrice Leggeri, accusé, entre autres, de non-respect des procédures et du droit, et de refoulements illégaux de migrants en mer. Ce dernier est devenu député européen sous l’étiquette Rassemblement national (RN) après une victoire aux dernières élections de juin.

    Les appels à plus de transparence et de respect des droits humains n’émanent désormais plus seulement des ONG. Le 28 février dernier, c’est la médiatrice de l’UE qui a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport sur le naufrage de l’Adriana, en juin 2023, au large des côtes grecques. Un drame qui a coûté la vie à au moins 600 personnes, selon les estimations. Selon Emily O’Reilly, l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes est "dans l’incapacité de remplir pleinement ses obligations en matière de droits fondamentaux" en raison de sa dépendance vis-à-vis des États membres de l’UE lorsqu’un bateau de migrants est en détresse.

    Cet argument est aussi souvent celui derrière lequel s’abrite l’agence lorsqu’elle est accusée d’atteintes aux droits, rejetant la responsabilité sur les autorités nationales dont elle est tributaire, se défend-elle, et qu’elle ne fait qu’assister.

    "Plusieurs enquêtes officielles menées par le Parlement européen et le conseil d’administration de Frontex n’ont trouvé aucune preuve crédible de l’implication de Frontex dans les refoulements de migrants", se défend l’agence dans sa réponse par mail, assurant avoir mis en place des « mécanismes solides » pour garantir le respect des droits fondamentaux.
    Manque de contrôle et d’indépendance

    "Il y a eu des progrès", concède Léo Fontfrede, doctorant en droit européen et international et auteur d’une thèse sur les accords extérieurs de l’Union européenne en matière de migration, avec la mise en place d’un Forum consultatif pour les droits fondamentaux et d’un officier aux droits fondamentaux, ainsi que l’instauration d’un mécanisme de plainte. "Mais dans la réalité, ce mécanisme est supervisé par le directeur exécutif, qui juge s’il y a des suites à donner. De fait, très peu de plaintes aboutissent." Ces instruments sont aussi largement sous-dotés en termes de personnels et de budget, précise-t-il. Et le recrutement des agents aux droits fondamentaux a tardé, rappelle Brigitte Espuche, ce qui révèle, selon elle, un manque de volonté réelle de changer les choses.

    En février dernier, une nouvelle enquête publiée par Le Monde révélait que le bureau des droits fondamentaux de Frontex avait signalé, plusieurs mois durant, des témoignages portant sur des allégations de refoulements illégaux, de mauvais traitements et d’usage excessif de la force par la police des frontières en Bulgarie, alertant du risque de voir l’agence impliquée dans ces violations à la frontière turque. Ses demandes pour une enquête indépendante étaient restées lettre morte.

    Plusieurs recours ont été introduits devant la Cour de justice de l’UE concernant des violations des droits fondamentaux lors d’opérations de retour coordonnées par l’agence, mais aucun n’a abouti, indique Marie-Laure Basilien-Gainche, pour qui "cette impunité est problématique". En 2023, par exemple, le tribunal a estimé que Frontex ne pouvait être tenu responsable d’éventuels préjudices après que des réfugiés syriens arrivés en Grève en 2016 avaient dénoncé leur refoulement vers la Turquie, la situation en Syrie leur permettant pourtant selon eux de prétendre à la protection internationale.

    Pour Léo Fontfrede, il faut "repenser le mode de contrôle de l’agence, avec la mise en place d’un mécanisme externe. Même si la Commission européenne est l’institution de contrôle, pour l’heure, il y a un représentant de chaque État au sein du conseil d’administration et c’est eux qui donnent les orientations sans grand contrôle."

    "Cette agence n’est pas réformable, tranche Brigitte Espuche, pour qui "elle est hors de contrôle. Il faut la supprimer pour faire cesser les violations qui sont perpétrées au nom de la protection des frontières et en toute impunité".

    Malgré ces alertes répétées, l’Union européenne semble rester sourde aux critiques. En mars dernier, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Yvla Johansson, se disait pour sa part "assez satisfaite de la manière dont Frontex fonctionne", rejetant le "besoin d’une réforme majeure". Tout juste concédait-elle "des défis à relever" : "Nous avons besoin d’une meilleure formation pour son corps permanent […] et d’un personnel plus spécialisé ; nous avons besoin que les États membres soient plus rapides dans les déploiements, mais je ne crois pas que nous ayons un problème avec les droits fondamentaux", avait-elle ajouté.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/58592/lue-veut-encore-renforcer-frontex-malgre-laccumulation-des-critiques-e
    #UE #EU #militarisation_des_frontières #efficacité #droits_fondamentaux #contrôles_frontaliers #migrations #asile #réfugiés #effectifs #budget #pacte_européen #externalisation #frontières_extérieures #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile

  • #Décryptage du #pacte européen sur la migration et l’asile

    Le pacte UE sur la migration et l’asile est un éventail de mesures législatives et opérationnelles adopté par le Parlement européen le 10 avril 2024 puis par le Conseil de l’Union européenne le 14 mai 2024, qui vise à instaurer une réforme globale de la politique européenne en la matière.

    Il est présenté comme « un ensemble de règles qui contribueront à gérer les arrivées de manière ordonnée, à créer des procédures efficaces et uniformes et à répartir équitablement la charge entre les États membres »[1].

    Alors que des discussions avaient déjà été entamées lors de la précédente législature pour répondre à la « crise de l’accueil » de 2015, des désaccords majeurs entre les États membres avaient conduit à des projets de réformes non aboutis. Un nouveau projet était ainsi présenté à l’automne 2020 par la Commission européenne (ci-après Commission) dans une Europe en pleine crise politique sur les questions migratoires. Il fut l’objet d’intenses négociations aboutissant finalement à un accord le 20 décembre 2023 entre le Conseil et le Parlement européen sur une dizaine de textes.

    Ces trois années de négociations ont vu la question migratoire largement instrumentalisée au service des ambitions politiciennes des un∙e∙s et des autres, dans des débats devenant le théâtre des luttes intestines entre États membres. L’ensemble législatif finalement adopté se caractérise par une lourdeur procédurale qui cristallise les divergences entre États membres et pose la question de l’applicabilité concrète de ses dispositions. A défaut d’une évaluation préalable des dispositifs existants et d’une étude d’impact, pourtant sollicitée par le Parlement, les textes ont été construits en totale déconnexion avec les réalités migratoires.

    En effet, sur le fond, loin d’instaurer un bouleversement du système actuel, les mesures adoptées s’inscrivent dans la continuité de logiques déjà largement éprouvées. Elles sont fondées sur une approche répressive et sécuritaire au service de l’endiguement et des expulsions, au détriment d’une politique d’accueil qui s’attacherait à garantir et à protéger la dignité et les droits fondamentaux des personnes extra-communautaires. Cette approche des mouvements migratoires accroît les risques sur les routes sans pour autant empêcher les mobilités ni protéger réellement les droits des personnes. Encore une fois, des moyens très importants sont consacrés à financer l’édification de barrières physiques, juridiques et technologiques ainsi que la construction de camps sur les routes migratoires. Ces budgets pourraient utilement être redéployés pour permettre un accès inconditionnel au territoire européen pour les personnes bloquées à ses frontières extérieures afin que leurs situations soient examinées avec attention et impartialité ou encore pour permettre un accueil digne sur le territoire des États membres et assurer le respect effectif des droits de tou∙te∙s. Pourtant, les mesures du pacte risquent au contraire d’entrainer une multiplication des drames humanitaires et des violations des droits et libertés fondamentales des personnes exilées.

    Ce document de décryptage propose de contribuer à la compréhension des principaux enjeux des réformes européennes récemment adoptées et à faire connaître les analyses et positions de La Cimade et des réseaux auxquels elle participe sur ces sujets.

    https://www.lacimade.org/publication/decryptage-du-pacte-europeen-sur-la-migration-et-lasile

    #migrations #asile #réfugiés #pacte_européen #Cimade #La_Cimade

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    ajouté à la métaliste sur #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile :
    https://seenthis.net/messages/1019088

  • Keir Starmer, le nouveau premier ministre britannique, confirme vouloir abandonner le projet d’expulsion de migrants au Rwanda
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/07/06/keir-starmer-le-nouveau-premier-ministre-britannique-confirme-vouloir-abando

    Keir Starmer, le nouveau premier ministre britannique, confirme vouloir abandonner le projet d’expulsion de migrants au Rwanda
    Le Monde avec AP et AFP
    Le nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer, a confirmé samedi 6 juillet qu’il n’était « pas prêt » à poursuivre le projet du précédent gouvernement conservateur d’expulser des migrants au Rwanda. Ce projet « était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif (…), je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget », a affirmé Keir Starmer lors d’une conférence de presse organisée après le premier conseil des ministres du gouvernement travailliste.
    Fin juin, lors du dernier débat qui avait opposé M. Starmer à son prédécesseur, Rishi Sunak, le sujet avait provoqué un vif échange. M. Sunak avait défendu son projet et vivement attaqué Keir Starmer sur le manque de précision de son programme.Lorsqu’il était dans l’opposition, Keir Starmer avait déjà annoncé son intention de mettre fin à ce projet controversé des conservateurs, lancé en 2022 mais jamais mis à exécution. Il consistait à envoyer des migrants ou demandeurs d’asile au Rwanda, sans possibilité de revenir au Royaume-Uni.
    Rishi Sunak comptait faire démarrer les expulsions cet été et les autorités avaient commencé début mai à arrêter des migrants susceptibles d’être envoyés au Rwanda. Mais, avec l’incertitude que faisait peser le scrutin législatif, la justice avait ordonné la libération de dizaines d’entre eux.Le sujet de l’immigration a été un des principaux thèmes de la campagne électorale qui vient de s’achever au Royaume-Uni et qui a vu le Labour remporter une très large majorité à la Chambre des communes. Le nouveau gouvernement prévoit notamment de déployer des moyens inspirés de la lutte antiterroriste pour contrer les groupes de passeurs, ou encore de renforcer la coopération avec l’Europe, notamment la France.
    Il s’est aussi engagé à augmenter les moyens de traitement des demandes d’asile au Royaume-Uni, alors que le système est engorgé depuis plusieurs années. Depuis le début de l’année, plus de 13 500 migrants ont traversé la Manche pour arriver au Royaume-Uni.Lors d’un discours prononcé vendredi, M. Starmer avait par ailleurs mis l’accent sur plusieurs points, comme la remise en état du National Health Service, le service public de santé, la pauvreté ainsi que la sécheresse, les vagues de chaleur et les inondations imputées au changement climatique.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#pactemigratoire#election#sante#asile#politiquemigratoire

  • En Italie, l’accueil des demandeurs d’asile sous forte pression - InfoMigrants
    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/accents-d-europe/20240624-en-italie-l-accueil-des-demandeurs-d-asile-sous-forte-pression

    En Italie, l’accueil des demandeurs d’asile sous forte pression
    Par RFI Publié le : 25/06/2024
    L’émission Accents d’Europe retourne en Italie aujourd’hui, pour se pencher une fois de plus sur le sort réservé aux demandeurs d’asile.
    ACCENTS D’EUROPE 24-06-24
    Ils étaient plus de 130 000 en 2023 aux portes de l’Europe à entrer, après la Libye et la traversée de la mer, dans le parcours du combattant de la demande de protection internationale. Coincés dans les villes italiennes, ils sont contraints d’attendre des semaines, voire des mois, sans ressource, sans abri. Les associations qui leur viennent en aide s’alarment de cette vie impossible et de la violation de leurs droits. Et leur inquiétude a augmenté encore après l’adoption, par le Conseil européen, du « Pacte sur la migration et l’asile », le 14 mai 2024.
    Mais du côté des services de l’État italien, c’est la saturation. Les fonctionnaires en charge de ces milliers de dossiers sont même entrés en grève pour dénoncer les conditions d’exercice de plus en plus difficiles de leur métier. Mais leur donneur d’ordre, le gouvernement de Giorgia Meloni, leur impose quand même une accélération des examens des demandes d’asile. Un reportage à Rome de Blandine Hugonnet.
    Prenons à présent la direction de la frontière de l’Ukraine... Et plus précisément de la Pologne, devenue l’une des antichambres de la guerre, pour ce qui est des livraisons d’armes et de l’aide humanitaire. Alors que les vols commerciaux vers l’Ukraine sont suspendus et que certains soins sont impossibles dans les hôpitaux du pays, les blessés et les malades transitent par la Pologne avant de rejoindre des hôpitaux européens pour être soignés.
    Notre correspondant à Varsovie s’est, par exemple, rendu dans la localité de Rzeszow, près de la frontière de l’Ukraine, dans ce qui est appelé le « Medevak Hub », par où transitent les patients dans un état critique, avant de quitter le pays en avion médicalisé. Reportage d’Adrien Sarlat.
    Les suites des élections européennes… C’est désormais dans l’enceinte du Parlement que se jouent les équilibrent politiques qui vont gouverner l’Union, ces prochaines années. La présidente sortante de la Commission européenne, l’Allemande Ursula Von Der Leyen, a de grandes chances de voir son mandat renouvelé. Et ce malgré les polémiques qu’elle a suscitées, les critiques qui l’ont visée, y compris dans son propre camp politique, le groupe de droite du Parti populaire européen, le PPE. Ursula Van Der Leyen a donc aujourd’hui besoin de nouveaux alliés. Elle explore bien sûr du côté des socio-démocrates, mais aussi du côté de l’extrême-droite, en courtisant notamment la Présidente du Conseil italien Giorgia Meloni.
    Dès lors, une question se pose : où se situe politiquement Ursula Von der Leyen ? Et quel est son parcours ? Son portrait est dressé cette semaine par Franceline Beretti à travers son Œil européen…
    Il pourrait être celui qui va tourner la page de quatorze ans d’hégémonie des Conservateurs au Royaume-Uni : Rishi Sunak est notre Européen de la semaine. Le Premier ministre britannique a parié gros en appelant à des élections le 4 juillet 2024. Les éclaircissements de Julien Chavanne.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#UE#pactemigration#droit#sante

    • Politique économique : le Nouveau Front populaire dessine un #changement_de_cap

      Le programme du Nouveau Front populaire, présenté le 14 juin, indique une direction de politique économique claire : il s’agit de reprendre le chemin d’une #politique_sociale et d’investissement (public et privé), articulée à une #politique_fiscale qui vise à (re)remplir les caisses et à instaurer davantage de #justice_fiscale. C’est une #réorientation marquée par rapport à la politique actuelle.

      Est-ce que les #mesures sont crédibles ? Oui, les pistes de #financement aussi. Est-ce que tout pourra être mis en œuvre et selon quel calendrier ? On verra bien. Dans tous les cas, la situation économique est incertaine et ce, quel que soit le gouvernement qui sera nommé.

      La bonne question n’est pas celle du « #sérieux » – la politique actuelle à maints égards n’est pas sérieuse, ni socialement, ni économiquement, ni budgétairement – mais de savoir quel cap de politique économique nous choisissons pour faire face aux incertitudes et répondre aux questions écologiques et sociales qui se posent. Car oui, il y a le choix.

      Le débat sur le #réalisme est à côté du sujet

      On pourrait résumer le programme du NFP ainsi : suspendre l’application des réformes antisociales, redonner du pouvoir d’achat aux ménages, renforcer les #services_publics, récupérer de l’argent sur le #patrimoine, et générer en retour des #effets_économiques vertueux.

      Cette politique tourne le dos à celle mise en œuvre depuis 2017 dont l’orientation principale, revendiquée par Bruno Le Maire, est la baisse des prélèvements obligatoires et l’horizon la réduction du rôle de la #protection_sociale et des services publics. Cette politique menée à un rythme rapide, comme une fuite en avant, une recherche vaine d’un retour de la #croissance, ne récolte qu’une baisse de la #productivité.

      Une large partie des critiques sur le sérieux du programme du NFP provient de commentateurs pour qui le seul débat économique valable est de savoir s’il faut d’abord définancer les retraites, l’école, les deux en même temps, ou si on n’ajouterait pas encore un peu de baisse de prélèvements sur les entreprises, pour la route.

      Et lorsque ces réformes sont évaluées scientifiquement, qu’on en démontre le #coût_social ou le peu d’#efficacité_économique, le plus souvent ces personnes haussent les épaules et passent à la suivante. Evidemment, une autre politique économique est possible.

      Des mesures sociales tout à fait à portée de main

      Si on considère les principales mesures proposées par le Nouveau Front populaire, elles apparaissent tout à fait envisageables. Elles sont sans doute d’ailleurs un peu plus modérées que celles du programme de la Nupes en 2022, pour tenir compte de la dégradation depuis des comptes publics.

      Pour ne prendre que quelques mesures sur les sujets que je connais le mieux : suspendre la réforme des #retraites de 2023 pour revenir à 62 ans immédiatement est faisable, d’autant que la réforme a à peine commencé d’être appliquée. Cela représente environ 0,8 point de PIB en 2032 pour le système de retraite et c’est en grande partie financé par la hausse prévue des cotisations de 0,6 point pour les employeurs et 0,6 point pour les salariés, selon un chiffrage réalisé d’après le simulateur du COR.

      Il est prudent de ne pas s’engager trop avant sur le droit à la retraite à 60 ans pour toutes et tous, même s’il apparaît évident que pour certaines personnes et certains métiers pénibles qui ne sont aujourd’hui quasiment pas reconnus, la baisse de l’âge de départ devrait être appliquée rapidement.

      Annuler les réformes de l’#assurance_chômage est également très facilement réalisable, la précédente n’étant même pas encore complètement montée en charge et la prochaine n’étant pas encore appliquée.

      Revaloriser le #point_d’indice de la fonction publique de 10 % est un #choix_budgétaire non négligeable dont il s’agit de mesurer l’ampleur, à hauteur de 0,8 point de PIB, selon certaines estimations. Cette priorité constitue bien une partie de la réponse aux graves difficultés de recrutement que connaissent actuellement les services publics.

      C’est particulièrement vrai pour les deux plus importants que sont la santé et l’éducation, dont les concours ne font plus, du tout, le plein. Cela sera sans doute plus utile pour l’avenir que la baisse de la fiscalité pour les ménages les plus aisés.

      L’indexation des salaires, elle, existe sous une certaine forme chez nos voisins Belges, qui ne s’en plaignent pas, et cela mériterait qu’on s’y penche pour en affiner les caractéristiques techniques.

      Aller plus loin sur les recettes

      Côté recettes, là aussi les pistes sont claires : récupérer des moyens sur les patrimoines des millionnaires et milliardaires par le retour à un impôt sur la fortune et l’instauration d’un impôt élevé sur les très hautes #successions. Il est également urgent de revenir sur certaines #niches_fiscales ayant peu d’effet positif et très coûteuses.

      C’est peut-être de ce côté-là d’ailleurs que le programme mériterait d’être approfondi. Un passage en revue systématique de la politique fiscale depuis 2017 pourrait donner des pistes de financement utiles. En effet, depuis cette date, les baisses de prélèvements obligatoires décidées par les différents gouvernements s’élèvent à près de 70 milliards d’euros par an.

      Ces 70 milliards ont eu deux contreparties : une baisse (ou un ralentissement du financement) des protections collectives (retraite, chômage, services publics), mais également un creusement du #déficit_public. Selon l’OFCE, de l’ordre de 40 milliards d’euros de baisse de recettes n’ont jamais été compensés depuis sept ans. Alors que le déficit s’est élevé à 5,5 % du PIB en 2023, ces mesures non compensées représentent environ 1,4 point de PIB, ce qui n’est budgétairement pas très « sérieux ».

      Selon la même logique, revenir sur le #CICE et le #pacte_de_responsabilité, mis en place sous François Hollande, ou sur la baisse de la #cotisation_sur_la_valeur_ajoutée des entreprises (#CVAE) plus récente, pourrait donner davantage de marge de manœuvre. Certes, ce n’est pas parce que ces mesures fiscales étaient contestables, qu’on peut les supprimer toutes, et d’un coup : les entreprises, même si elles n’en avaient pas besoin, s’y sont accoutumées. Mais il y a de la marge pour commencer tout de suite, et récupérer des montants conséquents.

      C’est pour cela qu’une revue paraît opportune afin de savoir jusqu’où et à quel rythme on peut remonter la pente dévalée au cours des dernières années. De manière intéressante, certains amendements aux dernières lois de finances de la majorité présidentielle, le rapport Bozio-Wasmer en cours de rédaction, ou encore la Cour des comptes, esquissent déjà des pistes en ce sens.

      N’esquivons pas le débat démocratique sur la politique à mener

      Ce qui serait « sérieux », et démocratique, c’est que les médias d’information utilisent le temps de cette élection pour mettre en perspective les #visions de politiques économiques alternatives des trois pôles : la baisse des prélèvements et des dépenses sociales de LREM, espérant faire revenir de la croissance, sa version amplifiée par le RN assortie d’une politique économique xénophobe motivée par des orientations racistes, et le changement de cap proposé par le Nouveau Front populaire qui fait le pari d’une réorientation écologique et sociale, appuyée par la fiscalité et dans une perspective keynésienne.

      Si le Nouveau Front populaire gagne, il aura alors à sa disposition tous les moyens de l’Etat pour calibrer, orchestrer, séquencer les mesures de son programme, et proposer des décisions à arbitrer. La feuille de route est suffisamment explicite pour que cela démarre vite, l’administration sait faire. Un programme est là pour définir un cap, le début du chemin et un horizon. En l’espèce, celui du NFP trace des perspectives sans ambiguïtés et enthousiasmantes.

      https://www.alternatives-economiques.fr/michael-zemmour/politique-economique-nouveau-front-populaire-dessine-un-changement-de-cap/00111532
      #crédibilité

  • Madagascar, 1947
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#madagascar

    Pacification à la française – entre 11 000 et 100 000 morts, victimes directes ou indirectes – avec des troupes coloniales aux ordres d’un gouvernement composé de socialistes, de communistes et de centristes... Pour en savoir plus, écoutez l’émission « Affaire sensible » de France Inter...

    #Madagascar #colonialisme #libertaire #radio #médias #pacification

  • L’Europe dans les territoires ruraux : « je t’aime, moi non plus »
    https://metropolitiques.eu/L-Europe-dans-les-territoires-ruraux-je-t-aime-moi-non-plus.html

    Comment les Français perçoivent-ils les politiques européennes qui influencent leur vie quotidienne ? Alors que l’échelon européen semble ignoré, voire dédaigné, Xavier Laurière-Tharaud, agent de développement d’un Pays en milieu rural, témoigne de l’implication concrète de ces institutions, au plus près de la vie locale. L’action de l’Europe est peu perçue dans les territoires ruraux. Quand elle l’est, c’est surtout par les aides accordées aux agriculteurs par la Politique agricole commune (PAC), dont les #Terrains

    / #Europe, ruralité, #développement_rural, #alimentation, #politiques_publiques, #périurbain, (...)

    #ruralité #PAC
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_lauriere.pdf

  • https://aufstehen.de/web

    C’est chiant quand il n’y a qu’un seul parti politique dans ton pays qui se prononce sans réserve contre la guerre, surtout quand tu n’es pas d’accord avec plusieurs de ses autres positions.

    Link Presseerklärung der Initiative „Nie wieder Krieg – Die Waffen nieder“:
    https://machmit.aufstehen.de/mitmachen/images/Presse-InfoUkraine-IniAktionen_31.05.pdf

    Link „Flyer Kriegseskalation stoppen“:
    https://machmit.aufstehen.de/mitmachen/images/FlyerKriegseskalationStoppen_vonIsabelle.pdf

    Bon, il y a des discussions sur un nombre impressionnant de sujets...

    Aufstehen Manifest Diskussion - Ideensammlung
    https://aufstehen.pro/sam

    Gemeinsam das Bild einer neuen Gesellschaft erschaffen,
    zusammen alte Fehler vermeiden...
    und jetzt, alle miteinander, die Wege in die Gesellschaft der Zukunft finden.
    Wege, die wir gehen wollen!

    Erstmals seit es die Menschheit gibt, schreibt sich eine Bewegung ihr Manifest selbst!

    Was bisher geschah:
    Teil I
    Gemeinsam entwickeln wir das Bild einer Gesellschaft, wie wir sie uns vorstellen
    ▸ UNSERE VISION

    Teil II
    Was hätte in Deutschland besser laufen können (abgeschlossen)
    ▸ UNSERE ANALYSE

    Bedenkt, in früheren Zeiten war ein Graswurzel-Manifest zu schreiben unmöglich, weil vor allem die ärmeren lohnabhängigen Menschen zu ungebildet waren. Das änderte sich. Noch nie konnten so viele Menschen lesen und schreiben wie heute, hatten so viele Menschen Zugang zu Informationen und können dank Fremdsprachen auch weit über den Tellerrand schauen. Aber trotz dieser Entwicklung und Internet hatte noch keiner, keine Organisation die Idee, mit extra dafür geschaffenen Werkzeugen euch alle zu fragen: Wie soll unsere Zukunft aussehen? Wie wollen wir sie erreichen? Nutze nun diese Chance, bring dich ein! Es ist nicht schwer. Melde dich an ... und los geht es.

    Teil III
    WEGE ZUM ZIEL formulieren (und wenn nötig die Vision ergänzen)
    MACH MIT!
    Klicke oben rechts auf NEU REGISTRIEREN und schreib mit an UNSEREM MANIFEST!

    Topics

    Altersvorsorge und Rente
    Arbeit
    Außenpolitik
    Bildung
    Demokratie
    Digitalisierung und KI
    Eigentum
    Energieversorgung
    Ernährung und Landwirtschaft
    Europapolitik
    Familienpolitik und Senioren
    Finanzen und Steuern
    Freiheit
    Frieden
    Gesellschaft und Politik
    Gesundheit, Pflege
    Gleichberechtigung, Chancengleichheit
    Grundgesetz, Verfassung
    Infrastruktur und Verkehr
    Innenpolitik, Innere Sicherheit
    Justiz und Rechtssystem
    Kinder und Jugend
    Kultur, Kulturpolitik
    Landesverteidigung
    Medien und Journalismus
    Migrationspolitik
    Regional- und Stadtentwicklung
    Sozialpolitik, Gemeinwohl
    Tierwohl, Tierschutz
    Umwelt- und Klimaschutz, Ökologie und Nachhaltigkeit
    Verbraucherschutz
    Wirtschaft, Ökonomie
    Wissenschaft und Forschung

    #Allemagne #politique #Aufstehen #BSW #guerre #pacifisme

  • #pacchetto_sicurezza. Più galera per chi lotta
    https://radioblackout.org/2024/06/pacchetto-sicurezza-piu-galera-per-chi-lotta

    Innalzare fino a 25 anni di reclusione la pena per chi protesta in modo “minaccioso o violento” contro le grandi opere infrastrutturali è l’obiettivo di un emendamento della Lega, firmato dal deputato Igor #iezzi, al cosiddetto “pacchetto sicurezza“, il ddl approvato a novembre dal Consiglio dei ministri e ora in discussione nelle Commissioni Giustizia e […]

    #L'informazione_di_Blackout #repressione
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/06/2024-06-03-losco-pacchetto-sicurezza.mp3

  • L’UE interdit désormais la #destruction des #vêtements #invendus

    En 2020, la France a fait les gros titres en annonçant l’interdiction de destruction des invendus, un geste significatif dans la lutte contre le #gaspillage. L’#Union_européenne vient de lui emboîter le pas : un règlement sur l’#écoconception vient d’être adopté. Il prévoit d’instaurer un cadre réglementaire général afin d’éviter la destruction de certains produits de consommation invendus sur le territoire européen.

    Cette initiative, issue du #Pacte_vert pour l’Europe, prévoit des règles spécifiques à destination des entreprises quant à la gestion de leurs invendus. Ces nouvelles mesures marquent une étape importante dans les efforts de l’Union européenne pour promouvoir une approche plus responsable et contribuer à la construction d’une économie plus durable et respectueuse de l’environnement.

    Elle vise également à harmoniser les règles concernant la gestion des invendus afin d’éviter toute distorsion du marché. Les producteurs, distributeurs, détaillants et autres opérateurs économiques seront alors soumis à un même texte et pourront bénéficier d’incitations semblables dans tous les États membres.

    Lors de la dernière plénière avant les élections européennes, le Parlement européen a adopté en première lecture la proposition de #règlement sur l’écoconception initiée par la Commission européenne en mars 2022. Ce texte vient d’être approuvé le 27 mai dernier par le Conseil de l’Union européenne, organe réunissant les gouvernements des 27 États membres.

    La mode et la #fast_fashion dans le viseur

    La rédaction actuelle du texte ne prévoit d’interdire que les vêtements et #chaussures, les invendus textiles représentant en effet un problème environnemental particulièrement préoccupant dans toute l’Union européenne pour les fabricants, importateurs, distributeurs et revendeurs qui y sont confrontés.

    La montée en puissance du commerce en ligne aggrave la situation, du fait d’une augmentation des produits retournés par le consommateur dans le cadre de sa garantie légale ou commerciale. En Europe, le taux moyen de retour des vêtements achetés en ligne est estimé à 20 %, un vêtement vendu en ligne sur cinq est retourné et en moyenne un tiers de tous les vêtements retournés achetés en ligne finissent par être détruits.

    En comparaison avec la législation française, qui interdit la destruction de tous les produits invendus, sans distinction, cette réglementation européenne a un champ d’application plus restreint.

    La Commission européenne se réserve cependant la possibilité d’élargir ultérieurement la liste des biens concernés et pourra par la suite inclure d’autres catégories de produits, telles que les équipements électroniques ou les jouets par exemple. Pour l’heure, l’accent est mis sur l’une des industries les plus polluantes de la planète : la mode et en particulier la #fast-fashion, qui se caractérise par un renouvellement toujours plus rapide de collections d’articles éphémères et à bas prix.

    Des dérogations seront néanmoins prévues, lorsque la destruction des invendus apparaît comme l’opération la plus appropriée. Cela peut notamment être le cas pour des raisons liées à la santé, à la sécurité ou à la violation des droits de propriété intellectuelle, s’il est par exemple question de produits contrefaits… Cette liste d’exceptions sera adoptée par acte délégué. L’interdiction prendra effet deux ans après son entrée en vigueur. Les micro et petites entreprises en seront exemptées tandis que les moyennes entreprises disposeront d’un délai de six ans pour se mettre en conformité.

    Le #recyclage considéré comme une « destruction »

    Autre aspect à noter, le texte redéfinit la notion de « destruction ». Autrefois associée à des méthodes d’élimination telles que l’incinération ou encore la mise en décharge, cette notion désigne ici « la détérioration intentionnelle d’un produit ou sa mise au rebut en tant que #déchet, à l’exception d’une mise au rebut dont le seul objectif est de livrer un produit pour le préparer en vue d’un réemploi ou d’opérations de remanufacturage ».

    Elle englobe ainsi une gamme plus large de pratiques et inclut notamment le recyclage. Concrètement, les vêtements et chaussures invendus ne pourront plus, sauf exception, être brûlés, détruits, enfouis ou encore recyclés. Le recyclage de ces articles neufs constitue en effet une opération polluante et complexe en raison du faible taux de recyclabilité de ces produits en parfait état, jamais utilisés, parfois même toujours étiquetés.

    Les professionnels devront se tourner vers d’autres opérations, plus respectueuses de l’environnement et réemployer ou réutiliser leurs produits comme le #don, le #déstockage, la #location

    Vers plus de #transparence

    Au-delà de cette interdiction, l’UE souhaite instaurer une plus grande transparence en imposant aux entreprises de rendre compte de leurs pratiques en matière de gestion d’invendus. Elles devront fournir chaque année des informations détaillées sur le volume et le poids des invendus mis au rebut et communiquer sur la proportion de biens qui ont été réemployés, réutilisés, reconditionnés, recyclés… en expliquant les raisons qui les ont poussées à opter pour telle ou telle pratique.

    Ces informations devront être facilement accessibles au public sur une page de leur site Internet. Là aussi, les micro et petites entreprises seront exemptées de cette exigence, tandis que les moyennes auront six ans pour se mettre en conformité après l’entrée en vigueur de la réglementation.

    À l’heure actuelle, la quantification d’invendus générés chaque année est délicate. Peu d’entreprises communiquent sur le volume de leurs invendus. Les chiffres actuels manquent de transparence et sont basés sur les rapports des entreprises. Cette mesure permettra ainsi d’avoir une vue d’ensemble plus détaillée sur la quantité d’invendus engendrés chaque année.

    La Commission européenne devra publier tous les trois ans sur son site Internet des informations consolidées sur la destruction des produits de consommation invendus. En plus de présenter les statistiques sur le nombre de produits détruits, elle fournira également une analyse des incidences environnementales comparatives de cette destruction, ventilées par groupe de produits.

    Cette évaluation comparative permettra de mieux comprendre les conséquences de la destruction des produits invendus sur l’environnement et de cibler les secteurs où des mesures supplémentaires sont nécessaires.

    https://theconversation.com/lue-interdit-desormais-la-destruction-des-vetements-invendus-230525
    #interdiction #industrie_textile

  • Cronache dalla polvere

    Nel 1936 l’esercito italiano conquista la capitale dell’impero etiope, Addis Abeba. Per quelle popolazioni un nuovo inizio: la #pace_romana, come la definì Benito Mussolini. Cronache dalla polvere racconta questa pagina di storia dell’Italia dimenticata e troppo a lungo taciuta: l’occupazione dei territori dell’Abissinia da parte delle truppe fasciste. Il regime ambiva a farne il fiore all’occhiello dell’Impero italiano ma si trovò a reprimere con atroce violenza la resistenza dei fieri guerriglieri arbegnuoc. Le truppe italiane insieme alle camicie nere si resero protagoniste di rastrellamenti, distruzioni e massacri di uomini, donne e bambini, abbandonando umanità e pietà. Perdute per sempre in quelle terre lontane da Roma. Le popolazioni locali non hanno mai dimenticato quel passato di inaudita violenza. Cronache dalla polvere è un’occasione per ricordare l’orrore della guerra e delle ideologie di superiorità della razza. Questa storia batte al tempo inesorabile dei tamburi di guerra, respira polvere e vento e ha gli occhi dei suoi protagonisti: soldati italiani, guerriglieri etiopi e alcune misteriose presenze. Fantasmi. Il paesaggio africano del secolo scorso rivive con una vena fantastica grazie al racconto corale del collettivo di scrittrici, scrittori e illustratori in tutta la sua spettacolare intensità e drammaticità.

    https://www.bompiani.it/catalogo/cronache-dalla-polvere-9788830100220
    #livre #colonialisme_italien #Italie_coloniale #colonialisme #Italie #histoire_coloniale #Abyssinie #fascisme #arbegnuoc #résistance #violence #Ethiopie #guerre_d'Ethiopie #Rodolfo_Graziani #massacre

    –-

    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • Après le Parlement, le Conseil de l’UE valide le Pacte asile et migration - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57069/apres-le-parlement-le-conseil-de-lue-valide-le-pacte-asile-et-migratio

    Après le Parlement, le Conseil de l’UE valide le Pacte asile et migration
    Par La rédaction Publié le : 14/05/2024
    À moins d’un mois des élections européennes, le Conseil de l’UE a formellement adopté mardi le Pacte asile et migration. Cette réforme, qui renforce les contrôles aux frontières pour décourager les entrées irrégulières, n’entrera en vigueur que courant 2026.
    Les pays de l’Union européenne (UE) ont donné mardi 14 mai leur feu vert au pacte sur la migration et l’asile, cette vaste réforme qui durcit le contrôle de l’immigration en Europe.À moins d’un mois des élections européennes pour lesquelles les sondages prédisent une poussée des partis d’extrême droite anti-immigration, le Conseil de l’UE (représentant les pays de l’UE) a formellement adopté cet ensemble de législations - déjà approuvées par le Parlement en avril.
    Sans surprise, la Hongrie et la Pologne ont voté contre tous les textes, qui ont été adoptés à la majorité qualifiée (55% des États membres représentant au moins 65% de la population de l’UE). L’Autriche et la Slovaquie, eux, ont voté contre certains textes seulement.Avec ce nouveau traité, l’objectif de Bruxelles est clair : remédier aux failles de la politique d’asile européenne actuelle, en renforçant les contrôles aux frontières - pour décourager les entrées irrégulières et inciter à une immigration légale - et en organisant la gestion de l’asile en particulier lors de situations de crise.Pour cela, la réforme met en place une procédure de « filtrage » des migrants aux frontières de l’UE pour les identifier et distinguer plus rapidement ceux qui ont des chances d’obtenir l’asile de ceux qui ont vocation à être renvoyés vers leur pays d’origine.
    Ceux qui ont statistiquement le moins de chances d’obtenir l’asile seront retenus dans des centres le temps que leur dossier soit examiné, six mois maximum. Les autres demandeurs d’asile suivront la procédure classique.
    Ce pacte établit aussi un mécanisme de solidarité entre les 27 pays dans la prise en charge des demandeurs d’asile.Les organisations de défense des droits humains, de même que des élus de gauche et écologistes, n’ont eu de cesse de dénoncer ce pacte, fustigeant la possibilité de placer en détention les familles avec enfants et une « criminalisation » des exilés. À l’inverse, l’extrême droite a dénoncé la « faiblesse » de la réforme.
    Contactée par InfoMigrants, l’eurodéputée Fabienne Keller a précisé que le Parlement européen avait obtenu des garanties sur un mécanisme de surveillance des droits fondamentaux, notamment sur les conditions d’accueil des familles avec jeunes enfants.
    À côté de cette réforme, qui s’appliquera courant 2026, l’UE multiplie les accords, controversés, avec les pays d’origine et de transit des exilés (Tunisie, Mauritanie, Égypte) pour tenter de réduire le nombre d’arrivées à ses frontières.Les Vingt-Sept font face à une hausse des demandes d’asile, qui ont atteint 1,14 million en 2023, soit leur plus haut niveau depuis 2016, selon l’Agence européenne pour l’asile. Les entrées « irrégulières » dans l’UE sont aussi en augmentation, à 380 000 en 2023, selon Frontex.
    L’Italie a conclu récemment avec l’Albanie un accord pour envoyer dans ce pays - candidat à l’UE - des migrants secourus dans les eaux italiennes, afin que leurs demandes d’asile y soient traitées.
    Or UE, le projet Royaume-Uni / Rwanda a aussi beaucoup fait parler de lui. Londres prévoit de faire décoller début juillet les premiers avions de migrants - arrivés illégalement sur son sol - à destination de Kigali.Autant de projets qui font des émules : un groupe d’États européens, emmenés par le Danemark et la République tchèque, s’apprêtent à envoyer une lettre dans laquelle ils plaident pour transférer des migrants hors de l’UE. Ces nouvelles propositions sont destinées à la prochaine Commission, qui prendra ses fonctions après les élections européennes

    #Covid-19#migrant#migration#UE#pacteasile#frontex#frontiere#immigration#politiquemigratoire#sante

  • Le « pacte migratoire » européen, sitôt voté, sitôt contesté
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/10/le-pacte-migratoire-europeen-sitot-vote-sitot-conteste_6232420_3232.html

    Le « pacte migratoire » européen, sitôt voté, sitôt contesté
    Philippe Jacqué, Bruxelles, bureau européen
    Mardi 14 mai, le conseil des ministres de l’économie de l’Union européenne (UE) doit ratifier le pacte sur la migration et l’asile. Un mois après le vote du Parlement européen, les Etats valideront cette dizaine de textes qui doivent permettre d’harmoniser la gestion de l’arrivée des migrants aux frontières du continent. Après huit ans de négociations, l’UE disposera enfin de règles communes en matière d’enregistrement et de filtrage des demandeurs d’asile, le plus souvent à la frontière dans des centres fermés, et de leur retour dans leur pays d’origine s’ils n’obtiennent pas le statut de réfugié.
    Un système de solidarité entre les Vingt-Sept sera également organisé pour alléger la tâche des pays en première ligne comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce, Malte et Chypre. En parallèle, la Commission européenne a multiplié les accords avec les pays du pourtour méditerranéen, comme la Tunisie, l’Egypte et dernièrement le Liban, pour qu’ils contrôlent mieux les départs de migrants, en échange de soutiens financiers.
    Le « pacte migratoire » et ces accords doivent permettre de réduire le nombre d’arrivées irrégulières en Europe. En 2023, quelque 380 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes, le nombre le plus élevé depuis la crise des réfugiés syriens, en 2015. Plus d’un million de personnes étaient alors arrivées sur le continent.Des chercheurs, organisations non gouvernementales et groupes politiques de gauche critiquent cette politique qui renforce l’« Europe forteresse », sans offrir pour autant assez de voies d’accès légales et sûres, qu’il s’agisse de visas d’étude, de travail, voire de visas humanitaires. Ils critiquent une approche de la question migratoire centrée sur le thème des entrées irrégulières, présentées comme une « menace » pour le continent.
    Alors que l’Europe a su accueillir près de 6 millions d’Ukrainiens, une partie du personnel politique se crispe à propos de 380 000 migrants irréguliers. Un nombre qui, rapporté aux 450 millions de citoyens européens, est nettement moins élevé qu’aux Etats-Unis (335 millions d’habitants), où 3,2 millions d’irréguliers sont arrivés en 2023. Tout débat rationnel, prenant en compte le savoir-faire européen en matière d’intégration ou l’importance démographique et économique de l’immigration, semble balayé pendant la campagne des élections européennes, qui se tiendront du 6 au 9 juin.
    Dans ce contexte électoral, le « pacte migratoire », sitôt adopté, est à la fois contesté comme trop répressif par la gauche et comme trop restrictif par la droite qui prône un nouveau durcissement. L’extrême droite n’hésite pas à demander un refoulement systématique des migrants qui tentent d’atteindre les côtes européennes, une pratique non seulement inhumaine, mais illégale. En Allemagne, le parti AfD est allé jusqu’à évoquer l’idée de « remigration », qui prévoit même d’expulser des citoyens allemands issus de l’immigration. Un concept qu’ils affirment ne plus soutenir.
    A droite, d’autres partis veulent chasser sur les terres de l’extrême droite. C’est le cas du premier parti du Parlement européen et qui devrait le rester, le Parti populaire européen (PPE, dont est membre Les Républicains), et sa tête de liste, Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la Commission. Dans son manifeste électoral, le PPE propose d’externaliser vers des pays tiers dits « sûrs » le traitement des dossiers des demandeurs d’asile arrivés irrégulièrement.
    Débat intense
    L’un des modèles ultimes est la « loi sur la sûreté du Rwanda » qu’a adoptée en avril le Royaume-Uni. Londres a passé un accord avec Kigali pour lui envoyer, contre financements, des demandeurs d’asile arrivés sur ses côtes. Si le système d’asile rwandais leur accorde le statut de réfugiés, ils pourront y rester. Sinon, ils pourraient être renvoyés vers leur pays d’origine selon les règles rwandaises.
    Une telle politique est illégale au regard de la réglementation européenne actuelle. Pour renvoyer une personne dans un pays tiers, il faut que ce pays soit jugé « sûr » – c’est-à-dire qu’il respecte certaines normes en matière de droits humains – et justifier un lien, par exemple familial, entre cette personne et ce pays tiers. Un verrou juridique qui empêche la mise en place de tout système d’externalisation généralisé au niveau européen. Les groupes libéraux, sociaux-démocrates, écologistes rejettent cette idée poussée par le PPE.
    Néanmoins, au niveau des Etats, le débat est intense. Plusieurs pays, dont le Danemark, dirigé par la sociale-démocrate Mette Frederiksen, déploient d’importants efforts diplomatiques pour promouvoir des « projets innovants » de gestion de la migration. Deux tiers des Etats membres, dont le Danemark, la République tchèque, l’Autriche ou l’Italie, préparent une lettre à destination de la prochaine Commission afin d’explorer toutes les options de partenariats, voire d’externalisation, respectant les droits et les conventions actuels.
    Le modèle imaginé par l’Italie avec l’Albanie est particulièrement mis en avant. En 2023, Rome a passé un accord avec Tirana pour y rediriger les migrants sauvés par la marine italienne en Méditerranée. Alors que les ONG de défense des droits humains ont appelé la Commission à dénoncer ce projet, cette dernière n’en a rien fait, car Rome affirme que le droit applicable dans le camp d’accueil des migrants installé en Albanie sera italien, et que toute la procédure sera menée par l’Italie. Rome serait donc dans les clous du droit international. La controverse ne fait que commencer. En 2023, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a marqué son opposition à toute externalisation en matière d’asile : « Celles-ci peuvent déclencher un effet domino et conduire à une érosion progressive de la protection internationale des réfugiés. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#pactemigratoire#albanie#liban#rawanda#droit#remigration#refoulement#externationalisation#refugie#HCR#sante

  • Pacte européen sur la migration et l’asile : « Un continuum de l’enfermement attend désormais les exilés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/06/pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile-un-continuum-de-l-enfermement-att

    Pacte européen sur la migration et l’asile : « Un continuum de l’enfermement attend désormais les exilés »
    Tribune Claire Rodier Juriste
    Parmi les dix textes adoptés par le Parlement européen le 10 avril, aucun n’a pour objet spécifique l’enfermement des étrangers. Pourtant, la détention est omniprésente dans le pacte européen sur la migration et l’asile – ce terme y figure plus de cent cinquante fois –, qu’il s’agisse de « filtrer » les arrivées de migrants aux frontières, de préparer le départ de ceux qui ne peuvent être admis sur le territoire européen, mais aussi d’instruire les demandes d’asile ou même d’organiser l’accueil des demandeurs. Comme si les Etats de l’Union européenne (UE) ne pouvaient répondre aux attentes de ceux qui frappent à leur porte, parmi lesquels un grand nombre fuit des pays en guerre ou en crise, autrement qu’en les mettant derrière des barreaux.
    Une directive européenne de 2008, dite « retour », fixe déjà des règles communes permettant que certains étrangers soient privés de liberté, sans avoir été condamnés pour un quelconque délit, si cette mesure est considérée comme nécessaire pour la gestion de leur situation administrative. Une pratique qui existe depuis longtemps en France, avec les centres de rétention, où sont placées des personnes en attente d’expulsion, et les zones d’attente aux frontières, où d’autres sont « maintenues » le temps d’examiner leur cas.
    Ces détentions se font sous le contrôle d’un juge et peuvent faire l’objet de recours, même si l’effectivité de ces garanties s’amenuise au fil des réformes législatives. En étendant la possibilité d’enfermer à toutes les étapes du parcours migratoire, le pacte consacre une présomption d’indésirabilité. Un soupçon qui vise principalement les exilés arrivant en Europe par ses frontières méridionales.
    Lire aussi la tribune (2023) | Article réservé à nos abonnés « Les centres de rétention sont devenus des lieux de violations systématiques des droits et d’atteintes graves à la dignité humaine »
    Car tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : lorsqu’en 2022 plus de quatre millions d’Ukrainiens fuyant l’agression russe se sont précipités aux frontières de l’UE, nul n’aurait songé à les mettre dans des camps ou à contrôler leurs déplacements. Dans tous les pays européens, où ils avaient libre choix de s’installer, un dispositif d’accueil a été mis en place en quelques jours pour leur offrir l’hospitalité, sans entraîner de bouleversement majeur.
    Au contraire, avec le pacte, pour faire face à ce que certains n’hésitent pas à qualifier de « submersion migratoire » venue du Sud – rappelons qu’on parle de quelque 270 000 personnes arrivées irrégulièrement aux frontières de l’Europe en 2023 et que l’UE accueille moins de 10 % du total des réfugiés dans le monde –, les mêmes ont choisi de généraliser l’« approche hot spot », inventée en 2015 pour bloquer les exilés débarquant alors en grand nombre aux frontières maritimes de la Grèce et de l’Italie.
    La combinaison des différents règlements du pacte aboutit à ce que toute personne se présentant, sans les documents exigibles, à une frontière extérieure de l’UE soit systématiquement maintenue sous autorité policière, pendant une période de huit jours destinée au « filtrage » (identification et évaluation de la situation). Cette règle s’impose à tous, demandeurs d’asile et enfants mineurs compris.
    A l’issue de cette première phase, elle sera orientée soit vers une procédure de renvoi, soit vers une procédure d’asile à la frontière. Dans les deux cas, la détention se poursuivra. Jusqu’à dix-huit mois, pour ceux qui doivent être expulsés, pendant de longues semaines pour de nombreux autres – alors même que, selon le droit international, la privation de liberté des demandeurs d’asile devrait rester une mesure exceptionnelle. Et si ces derniers sont « relocalisés » pour voir leur demande examinée dans un autre Etat membre de l’UE, c’est encore sous la contrainte que s’effectuera leur transfert dans ce pays.
    Sans compter que le respect des délais prévus par le pacte suppose un bon fonctionnement des instances chargées du filtrage, de l’examen des demandes d’asile et du contrôle de ces procédures. Il exige aussi des locaux adaptés à l’accueil des populations concernées. Or, l’expérience des « hot spots » italiens, et surtout grecs, fait craindre que l’impossibilité matérielle de gérer ces différentes contraintes ne perpétue un mécanisme aussi inefficace qu’inhumain.Faute de pouvoir procéder à des expulsions, faute de personnel compétent en nombre suffisant, faute de capacités d’hébergement décent, plusieurs îles grecques de la mer Egée sont devenues, avec l’« approche hot spot », des centres de triage où des dizaines de milliers de personnes – hommes, femmes, enfants, vulnérables et malades mélangés – sont entassées et souvent enfermées, pendant parfois plusieurs années, dans des conditions matérielles et sanitaires en deçà de tous les standards.
    En 2019, la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic [remplacée en avril par Michael O’Flaherty] rapportait, après une visite, avoir vu « une situation explosive [où] les soins médicaux et les installations sanitaires font cruellement défaut, [et où] les gens font la queue pendant des heures pour recevoir de la nourriture ». Depuis, de nombreux rapports, émanant tant d’organismes officiels que d’organisations non gouvernementales, confirment le caractère structurel des violations des droits dont sont victimes les occupants des « hot spots ».
    La massification de la détention instaurée par le pacte ne s’arrête pas aux frontières et n’épargne personne, dès lors qu’on a été obligé, faute d’accès à des voies légales pour voyager, d’emprunter la route de la clandestinité. Car un règlement du pacte sur les conditions « d’accueil » des demandeurs d’asile finalement admis sur le territoire européen prévoit qu’on pourra aussi détenir certains d’entre eux pour éviter les « risques de fuite ».
    Bien loin du « système (…) pleinement ancré dans les valeurs européennes et le droit international » qu’avait promis la Commission européenne en 2020 en présentant le pacte, c’est un continuum de l’enfermement qui attend désormais les exilés ayant réussi à franchir les remparts de la forteresse Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#hotspot#droit#detention#UE#pactemigratoire#asile#retour#sante#frontiere

  • Politiques migratoires : « Des dispositifs mortels, dont l’effet est de tuer pour dissuader »

    Les textes composant le Pacte migratoire européen devraient être votés à Bruxelles d’ici mercredi 10 avril. Ils pourraient réduire considérablement les droits des personnes en exil qui tenteraient de rejoindre l’Union européenne.

    Renforcer les contrôles aux frontières, procéder au tri des exilé·es aux portes de l’Union européenne, traiter les procédures d’asile en accéléré, expulser plus rapidement les « indésirables » ou encourager les logiques d’externalisation…

    Les textes qui composent le pacte migratoire européen sont actuellement débattus au Parlement européen et doivent être votés mercredi 10 avril. Censé répondre à la crise de l’accueil qu’a connue l’Europe en 2015, il est largement rejeté par la gauche et les ONG, mais a toutes les chances d’être adopté après plus de deux ans de tractations.

    Pourquoi a-t-il été aussi difficile d’aboutir sur un tel pacte ? Que va-t-il changer pour les personnes exilées ? Comment en contrer les potentiels effets négatifs ?

    Nos invitées pour en débattre :

    - #Rima_Hassan, candidate LFI aux élections européennes, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés ;
    - #Sophie-Anne_Bisiaux, membre du réseau Migreurop, spécialiste des questions liées à l’externalisation, notamment en Afrique du Nord ;
    - #Sophie_Djigo, philosophe, fondatrice du collectif Migraction59 dans le nord de la France, autrice de Penser avec la frontière (Éditions d’une rive à l’autre).

    https://www.mediapart.fr/journal/international/090424/politiques-migratoires-des-dispositifs-mortels-dont-l-effet-est-de-tuer-po
    #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile #pacte #Europe #pacte_migratoire #asile #migrations #réfugiés
    #pression_migratoire #management_migratoire #triple_win #répression #administration_des_flux #exclusion #récupération #humanité #fermeté #enfermement #tri #militarisation_des_frontières #racisme #règlement_filtrage #filtrage #frontières #frontières_extérieures #détention #enfermement #fichage #empreintes_digitales #procédure_d'asile #procédure_à_la_frontière #procédure_accélérée #pays_sûrs #fiction_juridique_de_non-entrée #non-entrée #fiction_juridique #encampement #encampement_généralisé #répartition #répartition_de_solidarité #paternalisme_colonial #externalisation #externalisation_des_frontières #refoulements #push-backs
    #vidéo