Mon passage préféré de Fair :
Heritage talking heads have been featured in North Korea stories in the Washington Post (2/28/27, 3/19/17), New York Times (3/16/17), AP (3/19/17), Christian Science Monitor (3/17/17), Boston Herald (3/9/17), BBC (3/17/17), Fox News (3/10/17), CNN (3/15/17), MSNBC (3/19/17), CNBC (3/7/17), Voice of America (2/24/17) and Vox (3/17/17).
Mais plus généralement, le problème de la plupart de ces cartes consiste à limiter la question à « Pouvons-nous être victimes des missiles Nord Coréen ? » (les Californiens doivent-ils commencer à paniquer ? est tout de même un grand moment).
Ce qui élude par exemple d’autres aspects bien plus importants :
– les armes nucléaires ne sont pas des armes de première attaque, mais d’annihilation mutuelle ; il n’y a aucune raison pour que la Corée du Nord se mette à bombarder soudainement la Californie, sauf à vouloir être elle-même instantanément vitrifiée ;
– de fait le problème central de l’accès à l’arme nucléaire n’est pas tant le danger que ces armes font peser directement sur leur entourage en tant qu’armes d’attaque, mais le fait que les régimes de ces pays deviennent intouchables, donc particulièrement dangereux, puisque même leur politique « conventionnelle » se trouve ainsi protégée. L’inquiétude (en admettant « notre » logique) n’est pas la portée d’armes nucléaires iraniennes, mais le fait que ces armes « protégeraient », ultimement, les guerres conventionnelles que mène l’Iran ;
– un risque central de la prolifération n’est pas directement d’être menacé par le Pakistan ou la Corée du Nord, mais le fait que de telles armes arrivent entre les mains de « groupes non-étatiques » (notamment clients des États nucléarisés) ; de fait, savoir d’où part tel missile de telle portée n’est pas très intéressant ;
– comme d’habitude, faire comme si chaque gros pays n’était pas dans un système d’alliances avec tel ou tel camp (et qu’on pourrait donc faire de l’agitation militaire en limitant les risques). Je veux dire : si ça pète avec la Corée du Nord, ça va péter avec qui aussi ? La Chine, la Russie ? À quoi sert de montrer la portée des missiles coréens si, en pratique, il faudra plutôt s’inquiéter de se prendre des missiles russes ou chinois sur le coin de la tronche si Trump décide d’aller bombarder la Corée ?
– le risque de banalisation des armes nucléaires et leur utilisation dans un cadre tactique (et plus seulement de destruction massive « stratégique ») sur des cadres d’opération « limités ». Et là encore, la portée de missiles intercontinentaux
n’a pas grand intérêt.
Tout ça pour dire que ces articles qui se focalisent sur la portée des missiles, les risques qu’encourraient les gentils citoyens américains, certes ça donne de plus ou moins jolies représentations graphiques, mais c’est du sensationnalisme qui passe (volontairement) à côté des enjeux (notamment le fait que l’enjeu du bellicisme « pour la bonne cause », c’est pas que tu dois craindre les missiles coréens, mais les missiles chinois et éventuellement russes) et sur le fait qu’un régime doté de telles armes devient intouchable et donc plus dangereux du point de vue strictement conventionnel.