#palais_du_peuple

  • Roumanie : L’Eglise orthodoxe ne connaît pas la crise

    La #Roumanie est l’un des États les plus pauvres de l’Union européenne. Voilà qui n’inquiète pas l’Église orthodoxe : des édifices religieux continuent de fleurir aux quatre coins du pays. Le plus imposant d’entre eux devrait bientôt voir le jour à Bucarest tout près du Palais du Peuple.

    Derrière le Palais du Peuple, sur un terrain de onze hectares offert par l’État, des dizaines de grues s’affairent. Dans quelques années, la plus grande cathédrale du pays se dressera ici. Dénommée « #Cathédrale_du_Salut_de_la_Nation », ce projet pharaonique a été lancé au début des années 2000 par le patriarche Teoctist, décédé en 2007.

    La cathédrale pourra accueillir plus de 5 000 fidèles et sa coupole sera plus haute que le #Palais_du_Peuple, bâti au temps de Ceaușescu, ce qui en fera l’édifice le plus élevé du pays. Elle sera aussi entourée d’une bibliothèque, d’un hôtel pour les pèlerins, ainsi que de la résidence du chef de l’Église orthodoxe roumaine. Le tout sur trois niveaux.

    Tout cela a un prix, qui n’est d’ailleurs pas encore bien fixé. Le budget initial prévoyait 400 millions d’euros, mais l’#Église_orthodoxe a depuis indiqué via des communiqués de presse que le coût serait plutôt de 200 millions d’euros, puis finalement de 100 millions, mais sans les finitions. Une somme impossible à vérifier, le secrétariat d’Etat aux cultes n’ayant pas su nous éclairer sur ce budget revu à la baisse, fait rare dans la construction.

    Une Sagrada Familia à Bucarest ?

    Ce qui est sûr, et qui agace les associations laïques, c’est qu’une partie de la somme sera payée par l’État roumain. Alexandru Toma Pătrașcu, vice-président de l’Association laïque et humaniste, s’indigne contre cette immixtion de l’État dans les affaires de l’Église. « Nous ne nous opposons pas à la construction de cet édifice, mais à la participation financière de l’État. Environ 32 millions d’euros ont été récoltés par l’État, les mairies et les conseils départementaux. Sans compter le terrain dont le prix est estimé à près de 200 millions d’euros. »

    Du côté des citoyens, les avis sont mitigés. Selon un sondage réalisé en 2011 par la fondation Soros, 61% des Roumains étaient favorables à la construction de cette cathédrale. Mais 58% refusaient la participation financière de l’État au projet.

    Pour les pratiquants, cette construction est surtout un bon moyen de faire rayonner un peu plus la capitale roumaine. « La cathédrale pourra accueillir énormément de fidèles, #Bucarest deviendra encore un peu plus une ville symbole de l’orthodoxie », se félicite Caterina, une grande blonde à la chevelure cachée sous un voile blanc, croisée à l’entrée d’une église. Même son de cloche du côté d’Alexandra, étudiante en musicologie. « On dit toujours qu’il y a beaucoup d’églises à Bucarest. Certes, il y en a pas mal mais elles sont souvent petites et vétustes. Cette cathédrale moderne va nous offrir un nouveau souffle. »

    Prêt à entrer dans une église de l’avenue Victoriei, Marius, la trentaine bien tassée, se montre quant à lui plus mitigé sur sa construction. « Je ne suis pas contre, mais j’ai peur que ça ne reste qu’une belle idée. Ca parait tellement démesuré qu’il ne faudrait pas que ça finisse comme la Sagrada Familia (cathédrale barcelonaise en chantier depuis 1882, NDLR). Ce serait dévastateur pour les fidèles car beaucoup d’entre eux l’attendent ».

    Deux fois le budget de la recherche

    Dans un pays où plus de 87% de la population est orthodoxe, l’influence de l’Église ne se limite pas à la seule sphère religieuse. Elle jouit aussi d’une vraie influence politique et sociétale, favorisée par son statut particulier.

    Ses activités économiques sont exemptées d’impôts et c’est l’État, bien que laïque, qui finance les salaires des popes et des professeurs d’éducation religieuse. Pour exemple, l’Église possède plus de 8 500 hectares de terres agricoles, pour lesquels elle a reçu 5 millions d’euros de subventions. Chaque année, elle reçoit de l’État l’équivalent de 0,4% du PIB, soit 540 millions euros. Deux fois plus que la recherche.


    L’Église intervient aussi sur les questions d’éducation. En 2009, elle a notamment réussi à faire supprimer la théorie évolutionniste des manuels de biologie. Sa capacité d’influence s’étend aussi à la politique. Très implantée dans les campagnes, elle se fait le relais des dirigeants politiques dans les endroits reculés. « Durant les périodes électorales, les politiciens rendent des visites intempestives au patriarcat. Ils ne le feraient pas s’ils n’avaient pas d’avantages directs à en retirer », lance Alexandru Toma Pătrașcu.

    Son association milite ainsi pour la création d’une loi de contribution volontaire pour l’Église. « Cela reviendrait à couper les financements publics, qui ne sont pas transparents. Et à les remplacer par une taxe payée volontairement par les croyants ». Une idée toujours au stade de projet, et qui pourrait bien le rester, tant l’Église orthodoxe semble inextricablement liée au pouvoir.
    http://balkans.courriers.info/article25899.html

    #courrier_de_balkan #Catedrala_Mântuirii_Neamului_Românesc