• Time of israel : Gaza : Des images de soldats israéliens jouant avec de la lingerie féminine deviennent virales Reuters

    Des soldats de l’armée israélienne ont publié des photos et des vidéos les montrant en train de s’amuser avec de la lingerie féminine trouvée dans des habitations de Gaza.

    Dans une vidéo, un soldat est assis dans un fauteuil, souriant, une arme à la main et un sous-vêtement en satin blanc dans l’autre, qu’il tient au-dessus de la bouche ouverte d’un camarade allongé sur un sofa.

    Sur une autre, un militaire est assis sur un char avec un mannequin de femme simplement vêtu d’un soutien-gorge noir et d’un casque. Il dit : « J’ai trouvé une belle femme, une relation sérieuse à Gaza, une femme formidable ».

    Ces deux vidéos tournées par des soldats israéliens figurent parmi des dizaines de posts où des soldats, à Gaza, présentent des pièces de lingerie, des mannequins et parfois les deux dans certains cas. Ces images ont été vues des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux – une a glané plus d’un demi-million de vues – après avoir été signalées et partagées par Younis Tirawi, qui se dit être un journaliste palestinien.

    Interrogé sur les images qu’il a partagées à l’attention de ses plus de 100 000 abonnés sur X, entre le 23 février et le 1er mars, Tirawi a fourni les liens des publications originales, téléchargées sur internet par les soldats. Reuters a pu vérifier huit de ses photos et séquences qui avaient été postées sur Instagram ou sur YouTube.

    « La publication de telles images est humiliante pour les femmes palestiniennes comme pour toutes les femmes », a estimé Ravina Shamdasani, porte-parole du Bureau des Droits de l’Homme des Nations unies.

    Reuters a transmis à l’armée israélienne tous les renseignements qui ont pu être obtenus sur les huit publications vérifiées sur YouTube et sur Instagram, demandant d’éventuels commentaires.
    . . . . .
    Parmi les posts qui ont été authentifiés, la photo d’un militaire tenant un mannequin de femme, nue, de derrière, la main posée sur ses seins. Une autre montre un soldat tenant une poupée à moitié dénudée.

    Sur une image, un militaire pose avec son arme, levant le pouce, devant un lit double sur lequel des sous-vêtements féminins ont été éparpillés.

    YouTube a annoncé avoir supprimé l’une des vidéos trouvées par Reuters, estimant qu’elle contrevient aux politiques sur le harcèlement de la plateforme qui interdisent des contenus susceptibles de révéler des informations personnelles identifiables. Instagram, de son côté, n’a fait aucun commentaire.
    . . . . .
    Au mois de février, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi, la procureure-générale militaire, avait indiqué qu’elle avait « rencontré des cas de conduite inacceptable, qui nient les valeurs et les protocoles de tsahal ».

    Tomer-Yerushalmi avait expliqué qu’il y avait, parmi ces cas, « des déclarations inappropriées qui encouragent des phénomènes inacceptables ; un usage injustifié de la force, notamment contre les détenus ; des pillages, ce qui comprend l’utilisation ou la saisie pure et simple de biens privés à des fins non-opérationnelles et des actes de destruction de biens civils, ce qui est contraire au protocole ».

    « Certains incidents vont au-delà du domaine disciplinaire et franchissent le seuil du pénal », avait-elle averti.

    Également au mois de février, le chef d’état-major, le général Herzi Halevi, avait expliqué aux troupes que « nous agissons comme des êtres humains et, contrairement à notre ennemi, nous conservons notre humanité. Nous devons prendre garde à ne pas utiliser la force quand elle n’est pas requise ; nous devons prendre garde à faire la distinction entre les terroristes et ceux qui ne le sont pas ; à ne pas prendre quelque chose qui ne nous appartient pas – un souvenir ou des armes – et à ne pas filmer de vidéo à des fins de vengeance ».

    Les propos tenus par Halevi et par Tomer-Yerushalmi étaient survenus quelques semaines après la publication d’un article paru dans le New York Times qui était intitulé : « Ce que révèlent les vidéos filmées par les soldats : Acclamation des destructions et railleries à l’encontre des Gazaouis ». L’article montrait des vidéos filmées par les troupes israéliennes, leurs pairs prononçant des paroles méprisantes à l’égard des Palestiniens, commettant des actes de vandalisme chez les particuliers et souriant à la caméra alors qu’ils conduisaient des bulldozers ou qu’ils utilisaient des explosifs.

    L’article avait publié une déclaration de l’armée qui avait estimé que les séquences étaient « déplorables ».

    Le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, avait aussi, à l’époque, appelé les militaires à ne pas se filmer si les images n’avaient pas une visée opérationnelle, évoquant une violation des ordres militaires.

    #femmes #palestiniennes #Palestine #Gaza #Gazaouis #tsahal #violences #pillages #YouTube #palestine_assassinée #bds #occupation #apartheid #racisme #sexisme #culture_du_viol #israel

    Source : https://fr.timesofisrael.com/gaza-des-images-de-soldats-jouant-avec-de-la-lingerie-feminine-dev

    • Il est peu probable, cependant, que la hiérarchie militaire israélienne sanctionne ces entorses au règlement, de manière systématique et sévère. Le cas d’Elor Azaria est parlant. Ce soldat qui, en 2016, avait achevé un #Palestinien à terre, blessé, sans défense, qui venait d’attaquer des militaires israéliens au couteau, a vu sa peine réduite de dix-huit mois à quatre mois. L’homme est, depuis, devenu un héros pour une partie de la société israélienne, apparaissant même dans la campagne d’un membre du Likoud.

      https://justpaste.it/3a6vg

      #Gaza #Israël

  • « #Bye_Bye_Tibériade » : #Lina_Soualem convoquée #Au_Poste

    https://www.auposte.fr/bye-bye-tiberiade-lina-soualem-convoquee-au-poste

    #dav_duf #palestine #cinéma

    Brel avait un mot. Aller voir. Il faut aller voir. Cette maxime, Hiam Abbass aurait pu la faire sienne. Il y a 30 ans, l’immense actrice a quitté son village #palestinien pour l’Europe, et son cinéma, puis les Etats-Unis, et leur folie. Avec sa fille Lina Soualem, #réalisatrice (son « #Leur_Algérie », il y a trois ans, fut un bijou d’humanité et de drôlerie), #Hiam_Abbass retourne sur les traces des lieux disparus et des #mémoires dispersées de quatre #générations de femmes #palestiniennes.

  • Le vol de la délivrance : dans l’avion qui évacue des jeunes Gazaouis, malades et blessés, vers Abou Dhabi
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/24/le-vol-de-la-delivrance-dans-l-avion-qui-evacue-des-jeunes-gazaouis-malades-

    Le vol de la délivrance : dans l’avion qui évacue des jeunes Gazaouis, malades et blessés, vers Abou Dhabi
    Par Ghazal Golshiri (Envoyée spéciale à A Al-Arish et Abou Dhabi)
    Alors que le soleil se couche sur l’aéroport international d’El-Arich, dans la péninsule égyptienne du Sinaï, une dizaine d’ambulances et quelques bus sont garés côte à côte. Ce mardi 20 février, dans le hangar de la base aérienne, quelque deux cents Palestiniens, évacués de Gaza, terminent des démarches administratives avant de monter dans un Boeing 777 de la compagnie aérienne émiratie Etihad, à destination d’Abou Dhabi. Parmi eux : des enfants blessés, accompagnés d’au moins un proche, des malades atteints du cancer et des résidents des Emirats arabes unis (EAU).
    Depuis mi-novembre 2023, environ cinq cents Palestiniens de Gaza ont été accueillis et pris en charge dans la pétromonarchie du Golfe. Une goutte dans un océan de besoins, alors que selon les autorités de santé de l’enclave, la guerre a fait près de 30 000 morts et 70 000 blessés, côté palestinien. A la mi-février, seuls onze des trente-six hôpitaux de la bande de Gaza était encore en service.
    De plus en plus de rapports font état de familles qui luttent pour nourrir leurs enfants et d’un risque croissant de morts dues à la faim, notamment dans le nord de Gaza, quasiment hors d’atteinte des convois de ravitaillement. « La faim et la maladie forment une combinaison mortelle », a prévenu Mike Ryan, directeur exécutif du programme d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le 19 février.
    Le vol de ce 20 février entre El-Arich et Abou Dhabi est le douzième affrété par les Emirats depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. (...) Quelques semaines après le début de la guerre à Gaza, les Emirats ont annoncé leur intention de recevoir mille enfants blessés de Gaza et autant de malades du cancer, de tous les âges. Les candidats à l’évacuation sont proposés par les équipes médicales dans la bande côtière, puis les noms sont soumis aux autorités israélienne et égyptienne pour validation. « Le plus grand défi est ensuite pour ces gens d’arriver au poste-frontière de Rafah, côté Gaza. Parfois, les patients sont beaucoup trop malades pour pouvoir l’atteindre. Souvent, les ambulances transportant les patients sont bloquées sur la route à cause des combats », explique Maha Barakat, la vice-ministre d’Etat au ministère des affaires étrangères émirati, qui chapeaute ces évacuations en personne.
    Certains jours, la frontière reste fermée, comme ce 20 février. Ceux qui sont évacués ce jour-là avaient quitté Gaza il y a quelques jours. « Parmi les patients, beaucoup souffrent de complications secondaires, par exemple une infection des os après une première amputation, qui, parfois, demande une amputation supplémentaire du membre affecté », regrette Maha Barakat. Dans ces vols affrétés par les Emiratis, des Gazaouis, évacués plus tôt aux Emirats, font parfois le chemin inverse et retournent à Gaza. Le 20 février, c’est le cas d’une mère de famille d’une cinquantaine d’années, souffrant de leucémie, qui, pendant deux mois, a pu être traitée à Abou Dhabi. « Contrairement aux conseils des médecins, elle a décidé de revenir auprès de ses enfants restés à Gaza, alors qu’il lui restait encore six mois de traitements », explique Maha Barakat. Elle se souvient d’une autre mère de famille qui a accompagné aux Emirats son fils, atteint de leucémie, pour qu’il y suive une chimiothérapie. Sa maladie étant trop avancée, l’enfant est mort. La mère est retournée à Gaza pour l’y enterrer. A côté de ces évacuations, les Emirats ont mis en place un hôpital de campagne de deux cents lits dans la bande de Gaza et ont construit une unité de désalinisation de l’eau de mer à la frontière entre Gaza et l’Egypte, fournissant de l’eau potable à 600 000 habitants de la bande côtière.
    Ces opérations humanitaires ne vont pas sans arrière-pensées politiques. Le massacre des Palestiniens de Gaza, retransmis en quasi direct sur la chaîne Al-Jazira et sur les réseaux sociaux, bouleverse l’opinion publique arabe. De l’Atlantique au golfe Persique, les populations exigent de leurs dirigeants qu’ils se mobilisent pour leurs frères palestiniens. L’attitude des EAU est particulièrement scrutée, en raison de l’accord de normalisation diplomatique qu’ils ont signé avec Israël, à l’été 2020. Une décision vue comme une trahison dans une large partie du monde arabe, où la Palestine constitue une cause identitaire, quasi sacrée. D’où les efforts déployés par Abou Dhabi pour venir en aide à la population de Gaza et pour le faire savoir.
    (...) Lorsque les bombardements israéliens ont commencé, les deux filles ont été privées de tout traitement. Finalement, début décembre 2023, accompagnées de leur mère et de leur sœur aînée, elles ont pu franchir le terminal de Rafah et pénétrer en Egypte. Leurs trois frères sont restés avec leur père dans le sud de Gaza. Fin janvier, dans un hôpital d’El-Arich, un médecin émirati s’intéresse au cas de May. (...) Il y a quelques jours, elle a demandé au médecin supervisant les soins de May ce qui adviendra d’elle après la guerre. Le praticien lui a dit : « Tant que la guerre se poursuit, vous restez ici et May reçoit son médicament. » Et après ? Le médecin a été franc : « Désolé ! Je n’ai pas de réponse pour vous. » Même pour les Palestiniens sortis de Gaza, l’avenir ressemble à un gigantesque point d’interrogation.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#egypte#Emiratsarabesunis#sante#evacuation#conflit#humanitaire#palestinien

  • Guerre Israël-Hamas : Des exécutions et des viols de femmes palestiniennes ont eu lieu à Gaza, estiment des experts La Libre - Belga

    Des experts indépendants liés aux Nations unies sont profondément préoccupés par des “allégations crédibles” d’exécutions et de viols de filles et de femmes par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. C’est ce qu’a annoncé lundi un groupe d’experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    Ces experts, dont la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem, ont dit avoir reçu des informations sur des exécutions “ciblées” de femmes palestiniennes dans la bande de Gaza, souvent en compagnie de membres de leur famille et d’enfants.

    Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, des centaines d’autres Palestiniennes, dont des défenseures des droits de l’homme, des journalistes et des travailleuses humanitaires, auraient également été détenues arbitrairement à Gaza et en Cisjordanie.

    ”De nombreuses femmes auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et gravement maltraitées. Lors d’un incident au moins, des femmes palestiniennes de Gaza auraient été détenues dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture”, dénoncent ces experts dans un communiqué de presse.

    Un nombre inconnu de femmes seraient par ailleurs portées disparues après avoir été en contact avec l’armée israélienne.

    Les experts, qui travaillent bénévolement pour les Nations unies, se disent particulièrement préoccupés par les “multiples formes d’agression sexuelle” dont sont victimes les prisonnières palestiniennes de la part des forces israéliennes. Elles seraient notamment fouillées nues.

    Selon les informations disponibles, au moins deux prisonnières palestiniennes auraient été violées et d’autres menacées de viol et de violence sexuelle.

    On ignore d’où proviennent les informations relayées par ce groupe d’experts et s’il les a vérifiées de manière indépendante.

    Ces experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies appellent en tous les cas à une enquête indépendante sur ces allégations et demandent à Israël d’y coopérer.

    #Femmes en #cage et leur #Filles #Palestiniennes #génocide #violence #viols #exécutions #agressions #disparitions #ONU #Gaza #israel

    Source : https://www.lalibre.be/international/moyen-orient/2024/02/20/guerre-israel-hamas-des-executions-et-des-viols-de-femmes-palestiniennes-ont

  • « C’est inhumain » : témoignage d’une infirmière qui a soigné les blessés sous les bombes à Gaza
    https://www.youtube.com/watch?v=Zgh8TRvNEAU

    16 févr. 2024
    France 24 a rencontré Imane Maarifi, infirmière de retour de Gaza. Elle livre un témoignage glaçant et des vidéos qu’elle a tourné elle même avec son téléphone au sein de l’hôpital européen de l’enclave. « C’est inhumain, même les animaux on ne les soignerait pas comme ça », réagit elle.
    #Gaza #témoignage #Palestiniens

  • Une projection de « La Zone d’intérêt » présentée par un collectif de militants juifs antisionistes suscite la controverse

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/05/une-projection-de-la-zone-d-interet-presentee-par-un-collectif-de-militants-

    #antisionnisme

    Johann Chapoutot, spécialiste du #nazisme, a annulé sa participation à une soirée prévue mardi 6 février autour de la #projection de La Zone d’intérêt, le film de #Jonathan_Glazer sur la vie quotidienne de Rudolf Höss, le commandant d’#Auschwitz. Organisée au Grand Action, dans le 5e arrondissement de Paris, une rencontre entre l’historien et la chercheuse en langues, littératures et cultures arabes et #hébraïques Sadia Agsous-Bienstein devait être animée par le #collectif_juif_antisioniste Tsedek !.

    « Je ne peux pas, en conscience, participer à vos activités », a écrit, le 1er février, Johann Chapoutot à Samuel Leter, membre de Tsedek ! chargé de ce ciné-club. En cause : le communiqué du collectif publié le 7 octobre 2023. Dans ce message, toujours en ligne sur Instagram, le groupe écrit : « Il ne nous appartient pas de juger de la stratégie de la résistance palestinienne. Mais il est de notre responsabilité de rappeler sa légitimité fondamentale. »

    M. Chapoutot n’en avait pas connaissance avant la parution, le 1er février, d’un article de Télérama consacré à une première annulation de cet événement, lequel aurait dû se tenir le 30 janvier au Majestic Bastille, à Paris, avec Sadia Agsous-Bienstein (#Johann_Chapoutot ayant eu une contrainte d’agenda). « Ce n’était pas possible pour moi, explique le chercheur. Je suis spécialiste du nazisme et de la Shoah, le #Hamas est un mouvement #négationniste. Tuer des enfants et violer des femmes ne sont pas des actes de #résistance. Il s’agit d’un massacre de nature #terroriste, dont la dimension #antisémite ne peut pas être contestée. »

    Simon Assoun, un des porte-parole de Tsedek !, dénonce « une lecture malhonnête de ce communiqué », citant également celui que le collectif a publié le 12 octobre : « L’ampleur et la brutalité des massacres commis (…) doivent être dénoncées pour ce qu’ils sont : des crimes de guerre. Les centaines de vies israéliennes et palestiniennes arrachées nous meurtrissent. »

    « La Shoah fait partie de notre histoire »
    Samuel Leter affirme ne pas comprendre la réaction tardive de l’historien : « Dans le mail où il a accepté de participer à la rencontre, il dit qu’il admire notre courage ! » Dans ce message du 10 janvier 2024, Johann Chapoutot fait notamment référence à l’avocat Arié Alimi : « Je connais bien votre collectif, dont j’admire le courage, tout comme celui d’Arié, qui est, je crois, des vôtres. »

    En réalité, l’historien a cru dialoguer avec #Golem, le mouvement cofondé par Arié Alimi dans la foulée de la marche contre l’antisémitisme du 12 octobre. « J’ai fait l’erreur de répondre spontanément, sans vérifier, afin d’aider ce qui me semblait devoir l’être : un collectif de juifs de gauche qui s’était opposé à la participation du RN [Rassemblement national] à la manifestation contre l’antisémitisme, le RN-FN [Front national] ayant été fondé, rappelons-le, par des vétérans de la Waffen-SS et de la Milice », explique-t-il.

    #Tsedek ! comme Golem sont marqués à gauche. Tsedek !, #décolonial, affirme « lutter contre le racisme d’Etat en France et pour la fin de l’apartheid et l’occupation en Israël-Palestine ». Golem milite contre tous les racismes et dénonce l’instrumentalisation de la lutte contre l’#antisémitisme. « Tsedek ! est une organisation qui ne dénonce pas l’antisémitisme de la gauche ou de la #France_insoumise, décrypte l’historien #Tal_Bruttmann, proche de Golem. Ils servent de paravent à des gens qui sont ouvertement antisémites et ils dénoncent l’instrumentalisation de la #Shoah dans une seule direction. »

    La rencontre du 6 février animée par Tsedek ! au Grand Action est annulée. Le #cinéma explique que « des pressions extérieures ont conduit à l’annulation de la participation des intervenant.e.s prévue.e.s ». Samuel Leter juge que ces annulations équivalent à de la censure : « Nous sommes #juifs, la Shoah fait partie de notre histoire. Il ne peut y avoir de #monopole_de_la_mémoire de la Shoah. »

    La pertinence d’un échange avec une spécialiste des littératures #palestinienne et #israélienne au sujet d’un film sur la Shoah a été débattue avant la première annulation du ciné-club, ce que déplore Sadia Agsous-Bienstein : « Tsedek !, que je connais, m’invite à parler d’un film sur la Shoah, un film sur la banalité de la vie d’une famille allemande à côté d’un #camp d’extermination. J’ai travaillé sur la Shoah et c’est un film sur la Shoah. En quoi ne suis-je pas #légitime sur la question ? Parce que je suis #algérienne ? » L’une de ses recherches, « La Shoah dans le #contexte_culturel #arabe », a été cofinancée par le #Mémorial de la Shoah.

    Ce n’est pas la première fois qu’un événement animé par Tsedek ! suscite la #controverse. En décembre, une conférence coorganisée par le collectif a été annulée par la #Mairie_de_Paris. Raison invoquée : la présence parmi les organisateurs de l’#association #Paroles_d’honneur, dont est membre la #militante_décoloniale #Houria_Bouteldja.

    #Zineb_Dryef

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jonathan Glazer, cinéaste de « La Zone d’Intérêt » : « Nous avons besoin que le génocide ne soit pas un moment calcifié de l’histoire »

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « La Zone d’intérêt » : à côté d’Auschwitz, une obscène tranquillité

  • « Nous, Françaises juives et Français juifs, appelons à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza »

    Après cinquante-sept années d’occupation accompagnée d’humiliations, d’expulsions de leurs maisons et de leurs terres, d’emprisonnements arbitraires, de meurtres multiples, d’implantation de colonies et d’échecs de différentes actions pacifiques, on peut comprendre que de nombreuses Palestiniennes et de nombreux Palestiniens refusent de condamner l’action du Hamas du 7 octobre en la considérant comme un acte légitime de résistance à la colonisation et au terrorisme d’Etat d’#Israël.

    On peut aussi comprendre qu’après les 1 200 meurtres, les viols, les violences sexuelles et l’enlèvement de près de deux cents otages, dont une majorité de civils, de nombreuses Israéliennes et de nombreux Israéliens soutiennent les actions meurtrières de l’armée en les considérant comme une réponse légitime aux actions du Hamas.

    Toutefois, nous condamnons tous ces actes terroristes.
    Ce n’est pas parce que juives et juifs que nous condamnons les actes terroristes et les crimes de guerre que constituent les meurtres, les viols, les violences sexuelles et les enlèvements de civils perpétrés par des commandos du Hamas. Ce n’est pas bien que juives et juifs que nous condamnons les actes terroristes et crimes de guerre que sont les bombardements, destructions et massacres massifs, en très grande majorité de femmes et d’enfants, commis par l’armée israélienne et les colons à Gaza et en Cisjordanie depuis plus de trois mois.

    C’est parce que nous sommes attachés à la dignité de toute personne humaine que nous les réprouvons, sans considérer que les Palestiniens ou les Israéliens seraient criminels ou terroristes par nature.

    Au nom de ce passé

    Cette condamnation n’est pas sans liens avec notre judéité, une composante parmi d’autres de nos identités multiples, un héritage familial qui rattache certains des signataires à l’histoire du génocide des juifs d’Europe. Une grande partie des familles de celles et ceux d’entre nous qui sont originaires d’Europe centrale et orientale a été assassinée par les nazis et leurs collaborateurs locaux au cours de la Shoah.

    Certains d’entre nous, de nos parents et de nos grands-parents ont survécu à la chasse aux juifs menée par la Gestapo et la police de Vichy. Refusant d’obéir aux injonctions à se déclarer juifs et à porter l’étoile jaune, ils ont choisi de résister, de se cacher et de cacher leurs enfants. Beaucoup parmi eux ont échappé à la mort grâce à la solidarité et à la désobéissance civile de Français non juifs qui les ont cachés au péril de leur propre vie, sans demander qui ils étaient, ni d’où ils venaient.

    C’est aussi au nom de ce passé que nous affirmons qu’il est illégitime et ignoble de justifier le massacre de dizaines de milliers de civils gazaouis et cisjordaniens au nom du génocide des juifs d’Europe, auquel le peuple palestinien n’a en rien participé. Avec beaucoup de juives et de juifs à travers le monde, y compris en Israël, nous dénions au gouvernement Nétanyahou et à ses soutiens le droit, en se prévalant de la Shoah, d’agir à #Gaza et en #Cisjordanie en notre nom et en celui de nos ancêtres.

    Pour autant, comprendre ce que ressentent les deux peuples, ce n’est ni excuser ni justifier les crimes de guerre. Rien n’excuse ni ne justifie le choix du Hamas de cibler délibérément des civils. Si nous soutenons le peuple palestinien quand il revendique, y compris par la lutte armée contre l’armée israélienne ou les colons armés, ses droits nationaux face à Israël, et auparavant contre le colonisateur britannique, cette juste fin ne légitime pas tous les moyens. L’histoire montre que ceux qui se livrent à de tels actes dans leur combat pour l’indépendance en arrivent ensuite à les reproduire contre leur propre peuple.

    A égalité de dignité et de droits

    Rien ne peut davantage excuser ni justifier le traitement par Israël des #Palestiniens comme des « animaux humains ». Rien ne peut justifier la destruction de maisons, d’hôpitaux, d’écoles, de routes, de quartiers voire de villes entières, la privation de nourriture, d’eau et de soins, les déplacements forcés, ni les assassinats en masse. Rien ne peut justifier les encouragements et les soutiens aux colons armés qui exproprient et tirent à vue sur des Palestiniens de Cisjordanie.

    Rien ne justifie ou n’excuse l’antisémitisme, le racisme anti-arabe, l’apartheid. On ne peut ni justifier ni excuser la négation de l’existence et des droits des peuples palestinien et israélien. La haine sans cesse alimentée, le fondamentalisme religieux et le recours au terrorisme que partagent les dirigeants du Hamas et les dirigeants israéliens actuels ne peuvent qu’engendrer la guerre sans cesse recommencée.

    En transformant leur « Terre sainte » en charnier, ils se renforcent réciproquement. Ils empêchent toute solution politique, la seule issue, même si sa forme est difficile à prévoir, pour que ces peuples puissent un jour vivre en paix, à égalité de dignité et de droits. La recherche d’une paix juste et durable est la seule alternative à l’épuration ethnique à laquelle aspirent les fous de Dieu des deux camps.

    Nous sommes solidaires des familles des otages israéliens comme des familles des prisonniers palestiniens, solidaires de celles et ceux qui, en Israël, combattent la sale guerre en cours, et solidaires de celles et ceux qui subissent les massacres à Gaza et en Cisjordanie. Comme des millions de personnes à travers le monde, nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.

    Nous appelons le gouvernement français à œuvrer, notamment au sein des instances internationales, au #cessez-le-feu immédiat et durable.

    Auteurs : Edgar Blaustein, militant associatif ; Dominique Glaymann, professeur émérite de sociologie, université d’Evry, université Paris-Saclay ; Claude Szatan, militant associatif.
    Premiers signataires : Sophie Bessis, historienne ; Rony Brauman, ex-président de Médecins sans frontières ; Régine Dhoquois-Cohen, juriste, militante associative ; Alain Cyroulnik, syndicaliste FSU ; Laura Fedida, militante antiraciste ; Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic ; Danièle Lochak, universitaire ; Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme ; Véronique Nahoum-Grappe, chercheuse en sciences sociales, Paris ; Dominique Vidal, journaliste et historien.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/30/nous-francaises-juives-et-francais-juifs-appelons-a-un-cessez-le-feu-immedia

  • Cour internationale de justice – Ordonnance du 26 janvier 2024 - Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/justice-internationale/evenements/article/cour-internationale-de-justice-ordonnance-du-26-janvier-2024

    La France est profondément attachée au respect du droit international et réaffirme sa confiance et son soutien à la Cour internationale de justice.

    La France relève que, dans son ordonnance de ce jour, la Cour indique des mesures conservatoires sur le fondement de l’article 41 de son Statut, dans l’attente d’un jugement sur sa compétence et sur le fond.

    Dans ce cadre, la Cour va prochainement informer les parties à la Convention génocide de la faculté qui leur est ouverte de présenter des observations sur l’interprétation de la Convention. La France envisage de se prévaloir de cette faculté et de déposer des observations sur l’interprétation qu’elle fait de la Convention comme elle l’a fait dans les affaires Ukraine/Russie et Gambie/Myanmar. Elle indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention. Comme le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a eu l’occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens.

    Dans cette attente, nous rappelons aussi que, comme l’ont dit le président de la République et le Ministre, nous œuvrons à un cessez-le-feu et nous avons de nombreuses fois rappelé l’importance pour nous du respect strict du droit international humanitaire par Israël, comme la Cour vient de le faire également. Nous relevons que la Cour appelle comme la France à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus à Gaza, parmi lesquels trois de nos compatriotes.

    Cette décision de la Cour renforce notre détermination à œuvrer à de tels résultats.

    #FranceDiplo

    • La défense française d’Israël

      17/1/2023
      • Guerre Israël-Hamas : Stéphane Séjourné explique le refus de Paris de soutenir l’Afrique du Sud pour son action devant la CIJ
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/17/guerre-israel-hamas-stephane-sejourne-explique-le-refus-de-paris-de-soutenir

      https://seenthis.net/messages/1036959

      25/1/2023
      Justice internationale : « La France se doit d’intervenir à l’instance introduite par l’Afrique du Sud contre #Israël », Gérard Cahin, Professeur émérite de droit public de l’université Paris-Panthéon-Assas

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/25/justice-internationale-la-france-se-doit-d-intervenir-a-l-instance-introduit

      L’article 63 du statut de la Cour internationale de justice (#CIJ) offre à tout Etat la faculté de faire valoir son interprétation d’une convention multilatérale à laquelle il est partie lorsque cette convention est en cause dans un différend. L’Etat dit « intervenant » peut, ce faisant, influencer l’interprétation de cette convention par la Cour : elle sera alors obligatoire à son égard comme elle l’est par principe pour les parties au différend.
      Cette procédure connaît un vif succès avec le riche et récent contentieux suscité par l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de #génocide du 9 décembre 1948. Sept Etats se sont portés intervenants dans l’affaire Gambie c. Myanmar, et trente-deux dans l’affaire Ukraine c. Russie.
      Ce nombre ne saurait surprendre pour une convention dans laquelle « les Etats contractants n’ont pas d’intérêts propres (mais) seulement, tous et chacun, un intérêt commun, celui de préserver les fins supérieures qui sont la raison d’être de la convention » (avis consultatif du 28 mai 1951, « Réserves à la convention sur le génocide »). La #France compte parmi ces intervenants, conjointement avec cinq autres Etats dans la première affaire, individuellement dans la seconde.

      A l’instar de l’Allemagne qui l’a annoncé le 12 janvier, la France se doit d’intervenir aussi à l’instance introduite par l’Afrique du Sud contre Israël le 29 décembre 2023 à propos de l’application de la convention dans la bande de Gaza. La continuité et la logique de sa politique juridique l’imposent, d’autant qu’elle participera, comme de nombreux Etats, à la procédure consultative concernant les « Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », actionnée il y a juste un an par l’Assemblée générale des Nations unies.
      Mais c’est d’abord parce que « les mots ont un sens », comme l’a déclaré à l’Assemblée nationale le 17 janvier, le ministre des affaires étrangères [#Stéphane_Séjourné] lors des questions au gouvernement, que la France doit intervenir pour faire résonner ces mots dans les termes rigoureux du droit.

      D’autres conclusions raisonnables

      Les actes recensés par la convention de 1948 et les déclarations incendiaires des agents et organes suprêmes de l’Etat d’Israël, dont l’Afrique du Sud fait état pour apporter la preuve d’un génocide, s’inscrivent dans un contexte spécifique très différent de celui des Rohingyas de Birmanie : à savoir la riposte militaire massive déclenchée par Israël, en vertu de son droit de légitime défense contre l’agression armée caractérisée perpétrée contre lui par le Hamas le 7 octobre.

      Il n’est pas douteux qu’un crime de génocide dûment qualifié rendrait d’emblée illicite l’exercice de ce droit. Il est cependant impossible de qualifier un tel crime en faisant, comme la requête sud-africaine, abstraction des conditions concrètes de cet exercice.

      On sait que la difficulté cruciale est d’inférer d’une ligne de conduite « l’intention de détruire, en tout ou en partie » (dolus specialis), ici les #Palestiniens de #Gaza « en tant que partie du groupe national, racial et ethnique plus large des Palestiniens ». Pour y parvenir, estime la CIJ, « il faut et il suffit que cette conclusion soit la seule qui puisse raisonnablement se déduire des actes en cause » (arrêt du 3 février 2015, Croatie c. Serbie, § 148). Appuyée par la France, cette approche équilibrée garantit la spécificité du « crime des crimes » sans rendre impossible la preuve de sa commission.

      Or, d’autres conclusions raisonnables peuvent se déduire des conditions du recours à la force à Gaza. Conséquence de bombardements massifs et d’un blocus destinés à démanteler la capacité militaire du Hamas, le nombre historique de victimes civiles et l’ampleur des destructions ne suffisent pas à prouver l’existence d’un plan concerté en vue de détruire un groupe humain en tant que tel.
      Des attaques indiscriminées causées par des frappes à l’aveugle ou bombes non guidées, des dommages collatéraux excessifs par rapport aux avantages militaires attendus d’attaques visant des cibles licites, la soumission d’une population à un régime alimentaire et sanitaire inférieur au minimum vital, sont assurément des violations graves du droit international humanitaire, pas automatiquement les composantes d’un génocide.

      La voix du droit

      Les conséquences de la riposte israélienne auraient été moins catastrophiques pour les Palestiniens si le Hamas ne violait pas systématiquement ses propres obligations, en installant ses objectifs militaires dans des zones densément peuplés et des bâtiments civils, en s’abritant dans un vaste réseau de tunnels creusés sous eux, en incitant ou contraignant les civils à ignorer les avertissements donnés par Israël en cas d’attaques pouvant les affecter, afin de se camoufler parmi eux ou d’en user comme boucliers humains.

      Et si elle ne remplissait pas toutes les conditions exigées, l’évacuation de la population de Gaza du nord vers le sud a aussi été ordonnée par Israël en vertu de l’exception à l’interdiction des déplacements forcés prévue par la Convention IV de Genève de 1949.
      Sur l’application de la Charte des Nations unies et du droit international humanitaire, la CIJ ne peut cependant se prononcer : comme dans l’affaire Ukraine c. Russie, sa compétence est limitée par la convention de 1948, seule base sur laquelle elle est saisie. L’analogie s’arrête là.

      Pour l’Ukraine agressée par la Russie, la convention est le moyen de prendre cette dernière au piège du fallacieux motif d’un génocide avancé pour justifier son agression. Pour l’Afrique du Sud, il s’agit en revanche de focaliser l’attention sur une notion d’autant plus émotionnellement chargée, qu’elle vise cette fois un Etat créé pour accueillir les rescapés du plus grand crime de l’histoire et en protéger à tout jamais la population.
      La procédure judiciaire maintenant lancée, il est bon que la voix du droit s’élève dans le chaos des armes. Il le serait aussi que la France, membre permanent du Conseil de sécurité, fasse entendre la sienne, pour clarifier l’interprétation d’un texte ouvert à toutes les instrumentalisations.

    • [La France] indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention.

      #à_l'insu_de_son_plein_gré

      il s’agit d’une ordonnance de référé, pour le moment, le génocide, c’est juste plausible on verra sur le fond pour le franchissement du #seuil_moral, en attendant, bien sûr, nous ne ferons rien

      je comprends ton point de vue, @biggrizzly

    • 26 janvier 2024 | 17h55 | RFI
      https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240126-direct-guerre-isra%C3%ABl-hamas-khan-youn%C3%A8s-gaza-feu-incessant-d%C

      Washington réaffirme que les accusations de génocide contre Israël sont « sans fondement »

      Les États-Unis ont réaffirmé vendredi que les accusations de « génocide » à l’encontre d’Israël « sans fondement », en réaction à la décision de la Cour internationale de justice. « Nous continuons de penser que les accusations de génocide sont sans fondement et prenons note du fait que la Cour n’a pas conclu à un génocide ni appelé à un cessez-le-feu », a déclaré un porte-parole du département d’Etat, la Cour ne s’étant pas encore prononcé, à ce stade, sur le fond.

      17h34 | RFI

      Le crime de génocide nécessite « l’établissement d’une intention », insiste Paris

      La France a indiqué vendredi que la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) sur Gaza « renforçait sa détermination » à oeuvrer pour un cessez-le-feu, et ajouté que le crime de génocide, dont certains pays accusent Israël, nécessitait « l’établissement d’une intention ». Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères français indique envisager de faire part « d’observations » à la CIJ, dans lesquelles elle indiquera notamment « l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention ».

    • La France fait donc comme si l’intentionnalité n’avait pas été considérée dans l’ordonnance du tribunal, et qu’il serait nécessaire de le rappeler aux 15 juges contre 2 qui ont soutenu cette ordonnance. Alors que c’est l’un de ses longs développements. Dans le texte de l’ordonnance, lire les pages 15, 16, 17 et 18 :
      https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20240126-ord-01-00-fr.pdf

      Avec notamment la citation par la juge lors de l’énoncé de l’ordonnance, à haute voix donc, des déclarations génocidaires du président Herzog et du ministre de la défense israéliens, parlant d’animaux humains, du fait qu’il n’y a pas de civils innocents à Gaza, ou encore qu’aucune goutte d’eau d’entrera dans Gaza.

      On a vraiment un gouvernement de la post-vérité, qui s’en contrefout du rapport à la réalité, tout en répétant que ce sont les autres qui mentent.

  • « Le cimetière du droit international que représente Gaza marque la fin d’un monde »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/25/le-cimetiere-du-droit-international-que-represente-gaza-marque-la-fin-d-un-m

    Dans le conflit israélo-palestinien, qui est marqué par la violence et le poids de considérations historiques, religieuses et géopolitiques, la voix du droit demeure encore largement inaudible. Dans un monde qui renoue dangereusement avec la pure logique de puissance, la rationalité juridique est pourtant plus légitime et nécessaire que jamais.

    La requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (#CIJ) [à La Haye, qui rendra sa décision le vendredi 26 janvier], qui accuse Israël de violer la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, représente, contrairement à ce qu’affirme le ministre des affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, un rappel salutaire : ce conflit, en général, et la sécurité d’#Israël, en particulier, ne sauraient échapper aux prescriptions du droit international. L’exercice du droit à la légitime défense n’autorise pas la commission de crimes internationaux et Israël ne jouit pas de jure d’un quelconque régime d’exception.

    Plus largement, la plainte sud-africaine ouvre un chapitre exceptionnel dans le dossier juridique du #conflit_israélo-palestinien. Cette « exceptionnalité juridique » est liée à l’extrême gravité de l’accusation : dans sa requête de 84 pages et durant ses plaidoiries devant la Cour, l’Afrique du Sud démontre rigoureusement pourquoi, selon elle, Israël commet un « #génocide » – une notion particulièrement chargée qui revêt un sens juridique bien établi.

    Pretoria a notamment rappelé que plus de 23 000 #Palestiniens de #Gaza – dont une majorité de femmes et d’enfants – ont été tués, plus de 60 000 blessés, et que l’entièreté de la population gazaouie, privée d’eau, de nourriture, de médicaments et de logements, est soumise à des conditions d’existence susceptibles d’entraîner sa disparition – actes potentiellement constitutifs d’un génocide.

    Caractère plausible du risque

    Les avocats sud-africains ont en outre mis en exergue, à travers de nombreux discours de hauts responsables politiques et militaires israéliens déshumanisant la population gazaouie dans son ensemble, ce qu’ils considèrent être une intention génocidaire manifeste. Ces actes et ces discours doivent aussi, rappellent les avocats sud-africains, s’interpréter dans un continuum plus large d’exactions et de violations des droits des Palestiniens depuis plus de soixante-quinze ans – une période durant laquelle Israël a conduit une politique d’apartheid, a occupé et colonisé le territoire palestinien et a exercé un blocus total de la bande de Gaza en violation du droit international.

    Si Israël s’est efforcé de démontrer qu’il n’existe aucune intention génocidaire, et que ses opérations militaires à Gaza sont exclusivement destinées à défendre sa population contre la menace existentielle que représenterait le Hamas, l’insistance de ses dirigeants à nier l’existence d’un « peuple palestinien » et à vouloir poursuivre une guerre aux conséquences catastrophiques pour la population pourrait pousser la Cour à reconnaître le caractère plausible du risque de génocide et à ordonner des mesures conservatoires en accord avec sa jurisprudence récente concernant le Myanmar et l’Ukraine.

    A cette « exceptionnalité juridique », s’ajoute une « exceptionnalité politique » liée aux conséquences possibles de la décision de la CIJ. La reconnaissance d’un risque de génocide de la population gazaouie constituerait une onde de choc mondiale. Juridiquement, non seulement Israël pourrait être contraint de mettre un terme à ses opérations meurtrières dans la bande de Gaza, mais ses principaux alliés, notamment les Etats-Unis, devraient reconsidérer leur soutien inconditionnel à un Etat désormais suspecté de génocide. Le non-respect par Israël de la décision (obligatoire) de la Cour pourrait donner lieu à des sanctions internationales.

    Cette évolution marquerait un tournant politique majeur tant Israël bénéficie d’une impunité de facto, en dépit de sa violation manifeste du droit international. La colonisation de la Cisjordanie, le blocus total de la bande de Gaza et la privation du droit du peuple palestinien à disposer de lui-même ont été condamnés par de multiples résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies.

    Contestation de l’hégémonie occidentale

    Plusieurs rapports des commissions d’enquête des Nations unies ont en outre dénoncé les crimes internationaux commis par Israël à l’encontre de la population palestinienne, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. La décision de la CIJ, qui pourrait aussi inciter la Cour pénale internationale à agir avec plus de célérité, marquerait en ce sens un changement de paradigme majeur.
    Enfin, cette requête constitue une exceptionnalité « symbolique » et géopolitique en raison de l’identité des deux parties impliquées. Israël est censé offrir un Etat aux juifs victimes d’un antisémitisme séculaire dont la dimension criminelle a atteint un niveau paroxystique avec la Shoah, et l’Afrique du Sud de Nelson Mandela (1918-2013) a vaincu l’apartheid et son idéologie fondée sur le « suprémacisme blanc » et la ségrégation raciale.

    Aujourd’hui, la requête de l’Afrique du Sud porte en elle le bouleversement du monde en cours : le discours sur l’universalisme des #droits_humains et le respect du #droit_international n’est plus assumé et incarné par l’#Occident mais par une démocratie du Sud. En cela, la guerre à Gaza nourrit de manière décisive la contestation de l’hégémonie occidentale et de sa prétention au magistère moral.

    La duplicité de l’Occident dès lors qu’il s’agit de respect du droit international par Israël sape l’édifice rhétorique et juridique qu’il a lui-même forgé à la fin de la seconde guerre mondiale. Le cimetière du droit international que représente Gaza marque la fin d’un monde.

    Béligh Nabli est professeur des universités en droit public à l’UPEC-Paris XII, auteur de Relations internationales. Droit. Théorie. Pratique (Pedone, 2023).
    Johann Soufi est avocat spécialisé en droit international et chercheur associé au Centre Thucydide de l’université Paris-II-Panthéon-Assas.

    • You’re welcome, @kassem. J’avais vu la publication. Que tu la signale m’a donné l’occasion de trouver et lire l’article. Ce qui n’a pas été sans désagrément.

      à l’est de Detroit, une autre enclave de la communauté arabe et une tout autre ambiance : Hamtramck, vingt-deux mille habitants et 40 % de la population née à l’étranger. Les courants migratoires viennent désormais essentiellement du #Yémen, où se déroule depuis des années une guerre civile dans laquelle les Etats-Unis ont longtemps apporté leur soutien à la coalition sunnite menée par l’Arabie saoudite. Et, comme à chaque fois, une guerre lointaine dépose un flot de #réfugiés pauvres sur les porches des petites maisons ouvrières américaines construites pour d’autres migrants, au début du XXe siècle.

      Le visage et le corps des femmes disparaissent sous le voile et la robe islamique, celui des hommes reste fermé, tandis que leurs enfants affichent un sourire inversement ­proportionnel à la discrétion de leurs parents. Ils ont défilé en famille dans les rues de Hamtramck pour un cessez-le-feu à #Gaza et pour la #Palestine. La petite ville, naguère majoritairement polonaise, a longtemps connu au sein de son conseil municipal la mixité des origines et des religions, sous la houlette d’une femme, Karen Majewski. La maire avait autorisé, il y a vingt ans déjà, les appels à la prière musulmane, puisque sonnent ici les cloches de l’église catholique.

      Mais, depuis les dernières élections locales, le conseil municipal est désormais exclusivement arabe, musulman et masculin. Et l’ambiance a radicalement changé. « Est-ce que l’Holocauste n’était pas une punition préventive de Dieu contre “le peuple élu” et sa sauvagerie actuelle contre les enfants et les civils palestiniens ? », a écrit Nasr Hussain, un proche du maire sur l’une des pages Facebook d’un groupe dédié à la ville. L’édile, Amer Ghalib, d’origine yéménite et sans étiquette politique, a refusé de se désolidariser de ces propos ouvertement antisémites.

      Une immense brèche s’était déjà ouverte, il y a six mois, quand le conseil municipal avait fait retirer du fronton des édifices publics et sur l’avenue centrale tous les drapeaux autres que celui des Etats-Unis. C’était en réalité pour éradiquer l’arc-en-ciel LGBTQ qui flottait dans la ville, parmi les bannières des pays d’origine de ses habitants. Des membres des minorités sexuelles sont venus s’embrasser sous les yeux horrifiés des élus, lors du temps de parole accordé au public par le conseil municipal.

      Des haines à géométrie variable

      Des plaintes pour discrimination ont été déposées contre la ville. Ce qui n’a pas empêché le maire, comme un immense bras d’honneur, de poser, en août et en septembre, avec l’ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump Michael Flynn. Ce républicain congédié par l’ancien président (qui l’a depuis publiquement regretté) pour ses liens avec la Russie en 2017, connu également pour sa proximité avec le groupe conspirationniste d’extrême droite QAnon, est aujourd’hui en tournée aux Etats-Unis pour lancer un mouvement chrétien et nationaliste. En d’autres temps, il dénonçait l’islam comme un « cancer vicieux », mais la politique a des frontières et des haines à géométrie variable. Et les religieux, des ennemis en commun.

      Mais c’est sur l’autre versant que pleuvent les accusations d’antisémitisme. (...)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Arabes_américains

  • Enquête vidéo : à Gaza, des humiliations publiques de prisonniers palestiniens par Israël
    https://www.lemonde.fr/international/video/2024/01/17/enquete-video-a-gaza-des-humiliations-publiques-et-illegales-de-prisonniers-

    Le Monde fait un petit effort... Mais il lui échappe encore que de jeunes enfants et des personnes nettement âgées ont été photographiées dans ces circonstances. (C’était sur CNN il y a 15 jours, ce n’est pas monstrueux comme enquête ! https://edition.cnn.com/2023/12/27/middleeast/gaza-children-detained-idf-video/index.html)

  • Israël utilise un outil militaire bien connu pour arrêter ses propres citoyens palestiniens
    Par Baker Zoubi, le 8 janvier 2024 |+972 |Traduction ED pour l’Agence Média Palestine
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/01/09/israel-utilise-un-outil-militaire-bien-connu-pour-arreter-ses-p

    Dans l’ombre de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas et du bombardement continu de la bande de Gaza par Israël, les citoyens palestiniens d’Israël ont été confrontés à une vague de persécution. Des centaines d’entre eux ont été arrêtés ou interrogés, généralement sur la base de leur activité sur les médias sociaux ; des dizaines d’autres ont été suspendus ou renvoyés des institutions universitaires israéliennes ; et un amendement récent à la loi antiterroriste israélienne permet des niveaux de surveillance sans précédent.

    Dans le même temps, une mesure plus subtile mais tout aussi dangereuse visant à faire passer cette communauté pour des « ennemis internes » est passée inaperçue : depuis le 7 octobre, Israël a placé sept citoyens palestiniens en détention administrative. (...)

    #Palestiniens48

  • Le droit de parler pour nous-mêmes, Mohammed El-Kurd
    https://renverse.co/infos-d-ailleurs/article/le-droit-de-parler-pour-nous-memes-4308

    Permettez-moi de vous raconter une histoire. L’année dernière, le 11 mai, je me suis réveillé, comme beaucoup d’autres personnes dans le monde, en apprenant que la bien-aimée journaliste de télévision palestinienne Shireen Abu Akleh avait été abattue par les forces d’occupation israéliennes lors d’un raid dans le camp de réfugié-e-s de Jénine, en Cisjordanie occupée. Quelques minutes après l’annonce de la nouvelle, j’ai trouvé dans ma boîte de réception un courriel anonyme contenant un conseil. L’e-mail se lisait comme suit : « Très urgent et nécessaire, veuillez annoncer sur Twitter et Facebook que Shireen Abu Akleh est une citoyenne américaine. C’est un fait, pas une rumeur. Les Israélien-ne-s ont tué une journaliste américaine ». Bien entendu, je ne l’ai pas annoncé. Et lorsque j’ai écrit sur l’assassinat de Shireen Abu Akleh, j’ai veillé à ne pas la qualifier de citoyenne américaine, mais plutôt de détentrice d’un passeport américain. Mais cela n’a pas eu d’importance. Dans les heures qui ont suivi, on a appris que Shireen était américaine, et sa prétendue américanité l’a soudain rendue humaine.

    Cette anecdote est l’occasion de se poser trois questions : Dans l’esprit occidental dominant, qui est considéré comme endeuillable ? Qui est humanisé ? Et qui prend le micro ?

    [...]Regardez autour de vous – il y a environ 7 000 flics ici. Il y a eu de nombreux articles, déclarations et tracts protestant contre cette conférence avant même qu’elle ne commence. Je suis dangereux, apparemment.

    Alors, si je ne peux pas toujours obtenir le micro, qui le peut ? La personne que nous honorons aujourd’hui, Edward Saïd, l’un des intellectuels publics les plus célèbres de notre époque, peut certainement obtenir le micro. Eh bien, même Edward Saïd – une personne de sa stature, de sa renommée – n’a pas eu le micro à un moment donné. En 2000, Edward Saïd s’est rendu au Liban. Il a jeté, selon ses propres termes, « un caillou » sur un poste de garde israélien à la frontière. Tout le monde s’est mis en colère. Edward Saïd n’était plus humain. Il ne pouvait plus parler leur langue. Le titre d’un article du Columbia Daily Spectator à son sujet était le suivant : « Edward Saïd accusé de lapidation au Sud-Liban ». La Société Freud de Vienne a annulé une conférence qu’il devait donner. Le Washington Post a publié un article qui commençait par dire que Saïd était « un peu trop corpulent, un peu trop distingué pour lancer des pierres en direction des soldat-e-s israélien-ne-s…. ». Se pourrait-il qu’Edward Saïd ait rejoint les rangs des lanceurs-euses de pierres palestinien-ne-s ? Cet article est très accablant, mais d’autres personnes ont estimé qu’il ne l’était pas assez. Deux auteurs ont réagi dans le Daily Spectator : « La première phrase nous dérange, car elle semble impliquer que l’acte de lancer des pierres à travers une frontière internationale sur des civil-e-s et des soldat-e-s inconnu-e-s d’un pays voisin serait acceptable ou au moins compréhensible s’il était entrepris par des individus ordinaires plus jeunes, moins corpulents ou plus distingués ». Ils ont qualifié son acte d’ »acte gratuit de violence aléatoire ».

    Alors, si quelqu’un comme Edward Saïd ne peut pas toujours obtenir le micro, quel-le-s Palestinien-ne-s ont le droit de raconter ? Les Israélien-ne-s ! (...)

    #Palestiniens #Israël

  • #boycottcarrefourouniquele - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/boycottcarrefourouniquele-25515

    Dans la nuit du 21.12, à Lyon nous avons attaqué le #Carrefour Market de Grand Clément et celui de la rue Louise. En réaction au génocide du peuple #palestinien on ne restera pas les bras croises. On a vandalisé leurs vitres parce que carrefour est complice de la colonisation et de l’armée israélienne.

    #Gaza

  • Guerre Israël-Hamas : « Le gouvernement israélien poursuit résolument son projet nationaliste et annexionniste »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/19/guerre-israel-hamas-le-gouvernement-israelien-poursuit-resolument-son-projet

    Beaucoup l’ignorent, mais il y a quelques mois, le Parlement en offrait la possibilité juridique. Le 21 mars, les députés ont voté une loi mettant fin au plan de désengagement, ouvrant ainsi la voie à la reconstruction des colonies dans les zones concernées : la bande de Gaza et les quatre colonies en Cisjordanie. Alors que l’autorisation de « retourner à Gaza » paraissait purement symbolique, Orit Strock, ministre des missions nationales, déclara le même jour à un média de la droite radicale : « Le retour dans la bande de Gaza impliquera de nombreuses victimes, malheureusement (…), mais il ne fait aucun doute qu’en fin de compte elle fait partie de la terre d’Israël et qu’un jour viendra où nous y reviendrons. » Ses propos semblent plus que jamais d’actualité.

    L’expansion de la colonisation ne se limite pas à la bande de Gaza, mais concerne également la Cisjordanie. Bezalel Smotrich, ministre des finances, a appelé à « tirer des leçons des événements du 7 octobre » et à les appliquer en Cisjordanie en créant des « zones de sécurité dépourvues d’Arabes » autour de chaque colonie. Autrement dit, à étendre leur territoire. Bien que sa demande ne soit pas encore mise en œuvre, les colons et l’armée l’appliquent en menaçant les Palestiniens avec des armes, en les contraignent à quitter leurs foyers, causant la mort de 243 personnes selon l’OCHA.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Bezalel Smotrich, agent du chaos au sein du gouvernement israélien

    D’après l’organisation israélienne des droits de l’homme B’Tselem, entre le 7 octobre et le 30 novembre, 1 009 Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons en Cisjordanie, affectant seize communautés. Rappelons que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a battu des records en matière d’autorisation de construction dans les colonies, avec 13 000 accordées en sept mois (le record précédent étant de 12 000 pour toute l’année 2020), ainsi que la légalisation de 22 avant-postes, selon l’organisation La Paix maintenant.
    L’oppression s’accroît

    A l’intérieur du territoire israélien, d’autres processus importants se déroulent depuis le 7 octobre. Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, tire parti de l’anxiété ressentie par les Israéliens pour concrétiser plusieurs projets, notamment la distribution massive d’armes aux citoyens israéliens. Lorsqu’il a pris ses fonctions, il promettait d’introduire 30 000 nouvelles armes dans les rues.

    Depuis le 7 octobre, cet objectif a été largement dépassé avec 255 000 nouvelles demandes d’acquisition d’armes en seulement cinq semaines, selon le quotidien Haaretz. Pour cela, Ben Gvir a modifié les critères d’obtention, de sorte que les nouveaux demandeurs ne sont plus tenus de passer un entretien et que, pour certains, notamment ceux ayant effectué le service militaire obligatoire, aucun entretien n’est nécessaire (50 % selon le journal Calcalist). De plus, il organise chaque semaine des distributions d’armes dans de nombreuses villes du pays, encourageant les gens à faire de nouvelles demandes de permis.

    Outre ces distributions, Ben Gvir prévoit la création de 700 « unités prêtes », composées de citoyens possédant des armes et prêts à réagir en cas d’urgence. Cette initiative suscite de vives inquiétudes auprès de certains membres de la police, qui trouvent les citoyens recrutés « trop motivés » ou sont préoccupés par leurs positions politiques, en particulier de leur tendance raciste envers les Palestiniens citoyens de l’Etat israélien.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les Israéliens de plus en plus nombreux à vouloir détenir une arme

    Ici, il faut préciser que depuis le 7 octobre, cette même police surveille de près les réseaux sociaux des Palestiniens citoyens d’Israël et procède à un grand nombre d’arrestations pour chaque partage, publication ou même un simple like exprimant sa solidarité avec les Gazaouis ou sa critique envers la politique du gouvernement. Dans ce contexte, l’oppression envers eux ne cesse de s’accroître, alors que toute expression de solidarité avec les Gazaouis est considérée comme une trahison contre l’Etat.

    Les actions entreprises par le gouvernement depuis le 7 octobre, en plus de l’attaque à Gaza, nécessitent une analyse minutieuse. Il semble presque cynique que ce dernier cherche à tirer profit du chaos et de la peur pour faire avancer des projets planifiés de longue date. Ils méritent d’être mis en lumière, car ils auront des conséquences majeures sur l’avenir, de plus en plus incertain, de la question israélo-palestinienne.

    Nitzan Perelman est doctorante en sociologie à l’université Paris Cité. Ses travaux portent notamment sur la société israélienne.

    • L’introduction

      Alors que les regards sont tournés vers Gaza où, après la libération épuisante des otages, l’attaque israélienne a repris, occasionnant plus de 19 400 morts selon l’OCHA (Coordination des affaires humanitaires des Nations unies), le gouvernement poursuit résolument son projet nationaliste et annexionniste. Depuis sa nomination en décembre 2022, son gouvernement, le plus à droite et le plus #suprémaciste qu’#Israël n’ait jamais connu, a mis en place d’importantes réformes concernant la fonction publique, le pouvoir judiciaire et la #colonisation.
      Au lendemain de l’attaque du #Hamas le 7 octobre, il a cherché à « saisir l’opportunité » pour faire progresser ses objectifs d’expansion territoriale et d’élargissement de la présence juive « de la mer au Jourdain » [de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain].
      Dans ce contexte, le discours sur le « retour à #Gaza » revêt une légitimité sans précédent. En 2005, sous le gouvernement d’Ariel Sharon, est mis en place un plan controversé de « désengagement ». Bien qu’il ait été un des principaux alliés du mouvement des #colons, Sharon ordonne la destruction du bloc de colonies Gush Katif dans la bande de Gaza ainsi que quatre autres colonies dans le nord de la Cisjordanie. Le « désengagement » constitue un profond traumatisme au sein du camp nationaliste israélien. Il est perçu comme une grande trahison du premier ministre et une erreur à corriger.

      Depuis le 26 octobre, l’opération terrestre israélienne à Gaza paraît en offrir l’opportunité. Alors que plusieurs ministres du gouvernement appellent à « profiter de l’occasion » pour conquérir et occuper la zone, tout en y érigeant de nouvelles #colonies, une grande partie de la société israélienne semble également encline à cette idée : selon un sondage de la chaîne Canal 12, 44 % des Israéliens sont favorables à la reconstruction des colonies à Gaza après la guerre, tandis que 39 % y sont opposés.

      #expansionnisme #Grand_Israël #Cisjordanie #militarisation #milices #racisme #Palestiniens

  • Transférer les chefs militaires du Hamas vers Alger : un plan saoudien soumis au Quai d’Orsay
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/20/transferer-les-chefs-militaires-du-hamas-vers-alger-un-plan-saoudien-soumis-

    Sur le dossier brûlant de la guerre à Gaza, l’Arabie saoudite joue une partition singulière. Elle préside le comité arabo-islamique, mis en place à l’issue d’un sommet à Riyad, à la mi-novembre, qui fait la tournée des capitales occidentales pour plaider la cause du #cessez-le-feu à Gaza. Dans le même temps, elle multiplie les envois d’#aide_humanitaire vers la bande côtière palestinienne. En deux mois et demi de guerre, trente-trois avions-cargos saoudiens, chargés à ras bord de matériel de première urgence, se sont déjà posés sur l’aéroport d’El-Arich, dans le Sinaï égyptien et quatre bateaux ont accosté à Port-Saïd, sur le canal de Suez.

    En coulisses, l’#Arabie_saoudite s’efforce aussi de trouver une solution au conflit, dont le bilan humain, côté palestinien, approche des 20 000 morts. Le Monde s’est procuré un document confidentiel, élaboré par Abdelaziz Al-Sager, le directeur d’un centre de réflexion saoudien, le Gulf Research Center, qui esquisse un plan de sortie de crise. Le texte a été élaboré dans la foulée d’une rencontre, le 19 novembre à Riyad, entre M. Al-Sager et Anne Grillo, la directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay. Il a été ensuite transmis au ministère des affaires étrangères français.
    Le document suggère des pistes pour arrêter les hostilités à Gaza et stabiliser l’enclave. La plus singulière est l’évacuation vers Alger « des dirigeants militaires et sécuritaires du Hamas », une formule qui désigne probablement Mohammed Deif, le commandant des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste, et possiblement aussi Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, très proche de l’aile militaire.

    Déploiement d’une force arabe

    L’Algérie est citée comme une possible destination d’exil pour ces hommes en raison de ses bonnes relations avec le Qatar et l’Iran, « les principaux partisans du mouvement Hamas », et de sa « capacité sécuritaire », qui lui permettrait de « contrôler les activités de ces dirigeants ». L’idée n’est pas sans rappeler l’évacuation en bateau, en 1982, de Yasser Arafat et des fedayins #palestiniens, de la ville de Beyrouth, alors assiégée par l’armée israélienne. Le chef de l’Organisation de libération de la Palestine et ses troupes avaient rallié Athènes, sous escorte de la marine française, avant de s’installer à Tunis.
    Parmi les autres points évoqués dans l’ébauche de plan de M. Al-Sager figure le déploiement dans #Gaza de forces arabes de maintien de la paix, sous mandat des Nations unies, et la création d’un « conseil de transition conjoint », réunissant les principaux partis de Gaza (#Hamas, Jihad islamique et Fatah), chargé de gérer l’enclave pendant quatre ans et d’organiser des scrutins présidentiel et parlementaire.

    Le statut exact de ce document pose question. A-t-il été approuvé par le pouvoir saoudien ou bien s’agit-il d’une initiative purement personnelle ? Quelle suite lui a-t-il été donné ? Ni Mme Grillo ni M. Al-Sager n’ont répondu aux questions du Monde. Le système policier et ultracentralisé mis en place par Mohammed Ben Salman, l’homme fort de la couronne, et le fait que M. Al-Sager ait transmis ses suggestions au Quai d’Orsay incitent à penser que le ministère des affaires étrangères saoudien n’est pas totalement étranger à sa démarche.

    « Il semble que la recherche d’un consensus saoudo-français puisse contribuer à l’élaboration d’une vision commune acceptable par toutes les parties et avoir une influence sur la décision de mettre fin à la guerre », affirme le document. Contacté, l’ambassadeur d’#Algérie à Paris n’a pas souhaité faire de commentaire.

  • Le monde d’après | Mona Chollet
    https://www.la-meridienne.info/Le-monde-d-apres

    Toute la circulation de la compassion est détraquée dans cette guerre. Le dispositif idéologique qui s’est mis en place exige constamment des soutiens des Palestiniens qu’ils fournissent des preuves de leur empathie pour les civils israéliens tués, tout en semblant s’acharner, simultanément, à essayer de décourager cette compassion. En la refusant obstinément aux Palestiniens, d’abord, et ce, depuis des décennies. Source : La méridienne

  • Avant la guerre, une filière d’émigration des Gazaouis vers l’Europe en plein essor
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/29/avant-la-guerre-une-filiere-d-emigration-des-gazaouis-vers-l-europe-en-plein

    Avant la guerre, une filière d’émigration des Gazaouis vers l’Europe en plein essor
    En 2023, les Palestiniens représentaient la population la plus importante parmi les nouveaux demandeurs d’asile sur les îles grecques. Ils passaient par la Turquie qui leur accordait des facilités pour obtenir un visa.
    Par Marina Rafenberg(Athènes, correspondance)
    Publié le 29 novembre 2023 à 14h00
    « La situation économique était dramatique. Je ne voyais plus d’autre solution que de partir pour l’Europe », raconte-t-il, une cigarette à la main. En seulement deux semaines et contre 220 dollars, il obtient son visa. Une seule agence de voyages à Gaza est autorisée à fournir ce précieux sésame. « Cette agence a un accord avec le consulat turc basé à Tel-Aviv et avec le Hamas. Nos empreintes digitales y sont prises », explique Gihad. D’autres documents sont requis pour bénéficier du visa : « Un certificat assurant que tu travailles à ton compte ou que tu es employé, un passeport à jour et un compte en banque avec au moins 1 000 dollars. » « Mais ces documents peuvent être falsifiés facilement par l’agence contre 100 dollars », avoue-t-il.
    Gihad montre sur son téléphone portable une photo de la foule qui attend devant l’agence. Elle est composée d’hommes qui n’ont pas plus de 30 ans et veulent échapper à une situation asphyxiante à Gaza, avant la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Début septembre, plusieurs médias palestiniens se sont fait l’écho de cette vague de départs. Le 19 septembre, la chaîne Palestine TV a diffusé une émission intitulée « L’émigration de Gaza. Ce dont personne ne parle ». Quelques jours auparavant, le 9 septembre, de violents affrontements entre de jeunes Palestiniens et des agents de sécurité avait eu lieu devant l’agence de voyages ayant le monopole des visas. Plusieurs personnes auraient été blessées, d’après les médias palestiniens, ce qui aurait obligé l’agence à fermer plusieurs jours. Le journal en ligne palestinien Al-Quds a rendu compte de l’incident et affirmé qu’en seulement quelques jours, avant cette altercation, plus de 18 000 jeunes Gazaouis avaient fait une demande de visa pour la Turquie.
    Hady, la vingtaine, se souvient de cette journée. « Le Hamas ne veut pas de mauvaise publicité, affirme-t-il. Dire que les jeunes partent en Europe pour un avenir meilleur, c’est évidemment le signe que des problèmes existent à Gaza. » Le jeune fermier qui élevait des poulets dans l’enclave est parti pour des « raisons économiques », mais aussi « pour vivre dans un pays qui respecte les droits de l’homme ».Après avoir obtenu leur visa, Hady et Gihad ont dû se rendre au Caire pour prendre l’avion. La première étape est le passage de la frontière, à Rafah. A partir de mai 2018, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a facilité l’accès au territoire égyptien pour les Gazaouis. Mais, dans les faits, les hommes de moins de 40 ans ne sont pas autorisés à quitter l’enclave, « sauf contre des bakchichs aux gardes-frontières égyptiens et aux membres du Hamas », précise Hady.
    Contre 400 dollars chacun, les deux acolytes ont pu franchir la frontière, puis se rendre à l’aéroport du Caire sous escorte policière. « A l’aéroport, une salle spéciale est conçue pour les Palestiniens voyageant hors de Gaza. Quand tu vas prendre ton billet d’avion, la police te suit et te surveille jusqu’à ce que tu montes dans l’avion », raconte Gihad, qui a encore dépensé 350 dollars pour son billet.
    Groupe le plus importantUne fois à Istanbul, les jeunes hommes entrent en contact avec un passeur arabe. Ils déboursent encore plus de 2 000 dollars chacun pour rejoindre une île grecque. Gihad est arrivé à Lesbos, dans un canot transportant vingt-trois personnes parmi lesquelles onze autres Palestiniens de Gaza. « Nous avons été chanceux, car nous n’avons pas été renvoyés en Turquie. De nombreuses personnes voyageant avec moi sur ce bateau avaient déjà tenté une fois de venir en Grèce et avaient été renvoyées de force vers les eaux turques », rapporte-t-il. Le gouvernement grec est accusé, depuis 2020, par les organisations non gouvernementales et des enquêtes journalistiques, d’avoir généralisé les refoulements illégaux de migrants aux frontières, ce qu’il nie.A Izmir, en Turquie, d’où il est parti pour Lesbos, Gihad assure qu’en septembre tous les hôtels étaient pleins de migrants, des Palestiniens plus particulièrement, voulant passer en Grèce. En 2023, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), les Palestiniens représentaient plus de 20 % des arrivées sur les îles grecques, le groupe le plus important parmi les nouveaux demandeurs d’asile. La hausse des arrivées de réfugiés palestiniens avait commencé en 2022, selon le HCR.
    Selon le ministère des migrations grec, « un peu moins de 3 000 demandeurs d’asile palestiniens se trouvent actuellement dans les camps [installés pour leur hébergement] ». « Il existait [avant l’attaque du 7 octobre] un petit flux de Palestiniens de Gaza qui passaient par Le Caire, puis par Istanbul, pour rejoindre certaines îles de l’est de la mer Egée, comme Cos, ajoute le porte-parole du ministère. Le désastre humanitaire à Gaza et le déplacement massif des Gazaouis du nord vers le sud de l’enclave nous inquiètent, mais il n’existe aujourd’hui ni réflexion ni projet pour l’accueil des réfugiés palestiniens dans le pays. » Gihad comme Hady n’ont maintenant qu’une idée en tête : que leurs familles puissent sortir de l’« enfer de la guerre » et les rejoignent en Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#palestinien#exil#emigration#turquie#grece#egype#HCR#sante#deplacement#refugie#demandeurdasile

    • C’est hallucinant :

      « Le Hamas ne veut pas de mauvaise publicité, affirme-t-il. Dire que les jeunes partent en Europe pour un avenir meilleur, c’est évidemment le signe que des problèmes existent à Gaza. » Le jeune fermier qui élevait des poulets dans l’enclave est parti pour des « raisons économiques », mais aussi « pour vivre dans un pays qui respecte les droits de l’homme ».

      Hallucinant

      La seule fois où il est question de l’état sioniste :

      Gihad montre sur son téléphone portable une photo de la foule qui attend devant l’agence. Elle est composée d’hommes qui n’ont pas plus de 30 ans et veulent échapper à une situation asphyxiante à Gaza, avant la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

      Trop c’est trop

      #sans_vergogne #MSM

  • Selon Israel Hayom, quotidien de droite pro-Netanyahou, le premier ministre a demandé à Ron Dermer (ministre des Affaires stratégiques) d’élaborer un plan de nettoyage ethnique de Gaza qui permettrait de contourner d’éventuelles objections américaines :
    https://www.israelhayom.co.il/magazine/hashavua/article/14889801

    לזה מצטרפת תוכנית נוספת. רוב שרי הקבינט לא יודעים עליה. גם לא שרי קבינט המלחמה. היא לא נידונה בפורומים אלה בשל נפיצותה הברורה: דילול אוכלוסיית עזה למינימום האפשרי. ביידן מתנגד בתוקף וכמוהו כל הקהילה הבינלאומית. גלנט, הרמטכ"ל וצמרת צה"ל טוענים שאין כל היתכנות כזאת. אבל נתניהו רואה בכך יעד אסטרטגי. הוא אף הטיל על נאמנו בקבינט המלחמה, השר רון דרמר, לגבש עבודת מטה בעניין.

    מדובר בתוכנית שתעקוף את ההתנגדות האמריקנית בלי עימות, את ההתנגדות הנחרצת של המצרים בלי שיתחילו לירות בפליטים שייכנסו לשטחם דרך ציר פילדלפי, ואת ההתנגדות הגלובלית הכללית שתקום כאשר ראשוני העזתים יעזבו את ביתם וינדדו למקום אחר.

    תופעת פליטות במוקדי מלחמה היא דבר מקובל. עשרות מיליוני פליטים עזבו אזורי קרבות על פני הגלובוס רק בעשור האחרון. מסוריה ועד אוקראינה. לכולם נמצאה כתובת במדינות שהסכימו לקבל אותם כמחווה הומניטרית. אז למה שעזה תהיה שונה?

    לא מדובר בטרנספר, אלא בשחרור טבעת החנק שבגבולות עזה. אמנם המעברים לישראל יישארו אטומים, אבל יש אפשרויות נוספות. רפיח זו אחת מהן, על אף ההתנגדות העזה של מצרים. המעבר הזה, בתקופות מסוימות, היה פרוץ ופתוח לחלוטין. גם היום מתנהל מעבר תת־קרקעי בין רפיח העזתית לזו המצרית בממדים של אוטוסטרדה. גם הים פתוח בפני העזתים. ברצונה, פותחת ישראל את המעבר הימי ומאפשרת בריחה המונית למדינות אירופה ולאפריקה.

    בהקשר עידוד ההגירה העזתית הפערים בין חברי הממשלה עצומים. בעוד סמוטריץ’, בן גביר ולא מעט משרי הליכוד רואים בכך הכרח, אחרים כמו גלנט, גנץ ואיזנקוט רואים בזה משהו בין פנטזיה לא מציאותית לתוכנית מתועבת ובלתי מוסרית.

    • Israël-Hamas : la fuite en avant dans la guerre de Benyamin Nétanyahou

      Le premier ministre israélien, obsédé par sa survie politique, refuse l’idée d’un Etat palestinien et n’offre que des solutions par défaut pour l’avenir de l’enclave côtière.

      En presque deux mois de guerre, le bilan est maigre. Moins de la moitié des otages sont rentrés et le Hamas, malgré des bombardements d’une ampleur inégalée – entre le 7 octobre et le 20 novembre, 27 000 munitions sont tombées sur l’enclave, selon les médias israéliens –, tient si bien Gaza que la trêve a tenu sept jours sans rupture significative. Avant que le mouvement palestinien, anticipant un échec des négociations visant à obtenir une reconduction de la « pause humanitaire » ne décide, vendredi 1er décembre au matin, d’envoyer ses roquettes sur le territoire israélien, montrant ainsi qu’il garde l’initiative. Avec 75 soldats morts côté israélien et plus de 15 000 côté palestinien, des civils dans l’immense majorité, cette confrontation est déjà la plus longue et la plus meurtrière de la série de guerres entre les deux camps, entamée en 2008. Si l’un des objectifs de cette guerre est de « détruire » le mouvement islamiste, le chemin sera encore difficile.

      Pendant ce temps, Benyamin Nétanyahou conforte son record de premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël. Malgré son impopularité, mise en évidence par les gigantesques manifestations contre la réforme de la Cour suprême, et malgré sa responsabilité dans le fiasco sécuritaire du 7 octobre, date de l’attaque initiale du Hamas, qui a causé 1 200 morts en Israël, rien ne garantit qu’il finisse par démissionner. « Il peut tout à fait résister à la pression publique. Il a tenu jusqu’à maintenant, malgré un procès, une mobilisation civile et des grèves générales sans précédent. La seule chose qui peut le faire plier, c’est de perdre sa majorité à la Knesset ou une rébellion au Likoud », estime l’analyste politique Dahlia Scheindlin. L’opinion israélienne, à la sortie de la guerre, « bougera vers la droite, mais pas à l’extrême droite », ajoute-t-elle.

      Le premier ministre se ménage un espace politique tout en grignotant des deux côtés. Ses alliés radicaux ne représentent pas une menace pour lui, selon Ksenia Svetlova, ancienne députée à la Knesset et membre du groupe de réflexion américain Atlantic Council : « Nétanyahou se bat pour sa survie. Il laisse l’extrême droite dire qu’il faut reconquérir Gaza, y reconstruire des colonies. Pour les contrer, il dit qu’il est le seul à pouvoir empêcher la création d’un Etat palestinien. Et de l’autre côté, il se vend comme le “M. Sécurité”. » Ceci, pour concurrencer l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, figure aussi hiératique que muette, avec qui Benyamin Nétanyahou cohabite dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale chargé de la conduite de la guerre.

      Riposte au projet américain

      C’est ainsi qu’on l’a vu, dimanche dernier, en pleine trêve, parader dans Gaza aux côtés des soldats, en casque et gilet pare-balles, et marteler inlassablement ses trois buts de guerre : « Eliminer le Hamas, ramener tous nos otages et garantir que Gaza ne redevienne pas une menace pour l’Etat d’Israël. »

      Depuis son entrée en politique, au début des années 1990, Benyamin Nétanyahou s’est toujours opposé à la création d’un Etat palestinien. Il y a bien eu le discours de l’université Bar-Ilan en 2009, où, sous la pression de Barack Obama, il fut le premier leader de la droite israélienne à accepter publiquement l’idée d’une solution à deux Etats – mais à des conditions tellement exorbitantes que cet engagement perdait toute signification. Et en 2017, dans la foulée de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui préparait alors son « deal du siècle », il a déclaré devant les cadres du Likoud ne vouloir proposer aux Palestiniens qu’un « Etat-croupion ».

      Alors, quand les Américains, par la voix du porte-parole de la Maison Blanche John Kirby, du secrétaire d’Etat Antony Blinken et du président Biden lui-même, demandent à leur allié de mener des opérations militaires plus prudentes, dans l’optique d’une prochaine relance de la solution à deux Etats, il y a peu de chances que les Israéliens, à commencer par Benyamin Nétanyahou, s’exécutent. « L’administration américaine a dit ce qu’elle avait à dire. Elle a été le plus ferme possible. Mais tant qu’elle ne démontre pas qu’il y aura des conséquences concrètes si elle n’est pas entendue, cela reste des suggestions. Et sur la guerre, les Etats-Unis continuent à soutenir Israël », analyse Dahlia Scheindlin.

      Benyamin Nétanyahou se contente de répéter son message : « Tant que je serai assis sur cette chaise, l’Autorité palestinienne, qui soutient, enseigne et finance le terrorisme, ne dirigera pas Gaza au lendemain du [départ du] Hamas », a-t-il dit lors de la réunion du cabinet de guerre pendant la visite d’Antony Blinken en Israël, selon les médias israéliens. Une riposte au projet américain de ramener l’Autorité palestinienne à Gaza à l’issue de la guerre.

      Le premier ministre dépèce Gaza

      Benyamin Nétanyahou n’a à n’offrir qu’une stratégie par défaut, et maintient son approche qui a pourtant mené au désastre du 7 octobre. Le Hamas, qualifié d’« entité hostile », a longtemps servi au chef du gouvernement à diviser et discréditer le mouvement national palestinien. Ce modèle de gestion du conflit, conçu et entretenu par M. Nétanyahou, s’est écroulé le jour de l’attaque du Hamas. L’entité hostile est désormais considérée comme un ennemi existentiel, à chasser de Gaza, quel qu’en soit le prix pour la population.
      Quitte à envisager les solutions les plus radicales : selon le journal Israel Hayom, Benyamin Nétanyahou a demandé à son conseiller Ron Dermer un plan pour « réduire la population de Gaza au niveau le plus bas possible », et considérer l’ouverture des frontières maritimes de l’enclave, pour permettre « une fuite massive vers les pays européens et africains ». L’extrême droite applaudit, la droite condamne et Benyamin Nétanyahou existe.

      En attendant, l’armée israélienne organise un nouveau #déplacement_forcé. Après avoir vidé le nord de la bande de Gaza d’une grande partie de sa population, elle demande aux Gazaouis présents dans la localité de Khan Younès, dans le Sud-Est, dont des centaines de milliers de déplacés, d’évacuer cette zone. Au risque d’entasser deux millions de personnes à Rafah, l’extrême sud de l’enclave. En parallèle, Israël a informé plusieurs Etats arabes qu’il compte aménager une zone tampon sur le territoire gazaoui, selon l’agence Reuters. Ce qui était déjà l’un des territoires les plus densément peuplés au monde risque de rétrécir. Après avoir découpé la Cisjordanie, le premier ministre dépèce Gaza.

      « Ce gouvernement préférera rester dans le nord de la bande, pour la contrôler du mieux possible, pour ne pas céder la place à l’Autorité palestinienne et maintenir la pression sur le Hamas. Une porte de sortie pourrait être de déporter la direction du Hamas avec l’aide du Qatar, des Egyptiens et des Américains. Ça offrirait un succès à Israël. Et dans l’avenir, avec un autre gouvernement, on pourrait accepter le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, la mise en place d’une force internationale, et revenir au but stratégique de la solution à deux Etats », estime Michael Harari, ancien diplomate israélien et membre de l’institut Mitvim.

      Il faudra pour cela provoquer le départ de l’inamovible Benyamin Nétanyahou, qui répète jusqu’à l’envi : « Nous continuerons jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. Rien ne nous arrêtera », sans que l’on sache s’il parle d’Israël ou de lui-même, tant l’homme a lié depuis longtemps son destin à celui de son pays.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/02/israel-hamas-la-fuite-en-avant-dans-la-guerre-de-benyamin-netanyahou_6203527

      #Israël #Gaza #palestiniens #exode

  • Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (19 novembre 2023).

    Pour l’historien, spécialiste de la Palestine, professeur au collège de France, « l’effondrement des conditions sanitaires et l’absence de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse » dans la bande de Gaza.

    L’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du #Moyen-Orient. Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du #monde_arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes sans équivalent publiés entre 1999 et 2015, consacrés à La question de Palestine (Fayard).
    Dans un entretien à Mediapart, il éclaire de sa connaissance l’exceptionnalité du conflit israélo-palestinien et le « corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer » dans lesquels les deux peuples sont pris depuis des décennies. Il dit son pessimisme quant à la résolution du conflit qui peut durer « des siècles » : « Vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. Aujourd’hui, ils sont 500 000 dont quelques dizaines de milliers qui sont des colons ultrareligieux et armés. »

    Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

    Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

    La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

    Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

    Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

    On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

    L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes. 

    Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

    Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités. 

    La solution à deux États n’est plus possible.

    La crainte d’une seconde « #Nakba » (catastrophe), en référence à l’exil massif et forcé à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, hante les #Palestiniens. Peut-on faire le parallèle avec cette période ?

    La Nakba peut être considérée comme un #nettoyage_ethnique, en particulier dans les régions autour de l’actuelle bande de Gaza où l’#intentionnalité d’expulsion est certaine. Des responsables israéliens appellent aujourd’hui à une #expulsion de masse. C’est d’ailleurs pour cela que l’Égypte et la Jordanie ont fermé leurs frontières.

    Dans l’affaire actuelle, les démons du passé hantent les acteurs. Les juifs voient dans le 7 octobre une réitération de la Shoah et les Palestiniens dans les événements suivants celle de la Nakba.

    Faut-il craindre une annexion de la bande de Gaza par Israël avec des militaires mais aussi des colons ?

    En fait, personne ne connaît la suite des événements. On ne voit personne de volontaire pour prendre la gestion de la bande de Gaza. Certains responsables israéliens parlent de « dénazification » et il y a une dimension de vengeance dans les actes israéliens actuels. Mais les vengeances n’engendrent que des cycles permanents de violence.

    Quelle est votre analyse des atrocités commises le 7 octobre 2023 par le Hamas ?

    Elles constituent un changement considérable, parce que la position de l’État d’Israël est profondément modifiée au moins sur deux plans : premièrement, le pays a subi une invasion pour quelques heures de son territoire, ce qui n’est pas arrivé depuis sa création ; deuxièmement, le 7 octobre marque l’échec du projet sioniste tel qu’il a été institué après la Seconde Guerre mondiale, un endroit dans le monde où les juifs seraient en position de sécurité. Aujourd’hui, non seulement l’État d’Israël est en danger, mais il met en danger les diasporas qui, dans le monde occidental, se trouvent menacées ou, en tout cas, éprouvent un sentiment de peur.

    Le dernier tome de votre série consacrée à « La question de Palestine » (Fayard) était intitulé « La paix impossible » et courait sur la période 1982-2001. Vous étiez déjà très pessimiste quant à la résolution de ce conflit, mais aussi concernant l’avenir de la région, comme si elle était condamnée à demeurer cette poudrière. Est-ce que vous êtes encore plus pessimiste aujourd’hui ? Ou est-ce que le #conflit_israélo-palestinien vous apparaît soluble, et si oui, quelle issue apercevez-vous ?

    La réelle solution théorique serait d’arriver à un système de gestion commune et équitable de l’ensemble du territoire. Mais un État unitaire est difficile à concevoir puisque les deux peuples ont maintenant plus d’un siècle d’affrontements.

    Qu’en est-il de la solution à deux États, dont le principe a été adopté en 1947 par l’ONU, après la fin du mandat britannique ? Est-elle possible ?

    La solution à deux États n’est plus possible dès lors que vous avez 500 000 colons, dont quelques dizaines de milliers qui sont des #colons ultrareligieux et armés. Vous avez une violence quotidienne en #Cisjordanie. La sécurité des colons ne peut se fonder que sur l’insécurité des Palestiniens. Et l’insécurité des Palestiniens provoque la violence qui engendre l’insécurité des colons.

    C’est un cercle vicieux et vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette #décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. On pouvait, sans trop de dégâts, faire une décolonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

    Aujourd’hui, nous sommes dans une position de domination, et cette solution peut prendre des siècles parce qu’il y a l’exceptionnalité juive qui crée une exceptionnalité israélienne qui elle-même crée une exceptionnalité palestinienne. C’est-à-dire que sans être péjoratif, les Palestiniens deviennent des juifs bis.

    Qu’entendez-vous par là ?

    Nous sommes depuis le 7 octobre devant un grand nombre de victimes. Mais ces dernières années, nous en avons eu bien plus en Irak, en Syrie, au Soudan et en Éthiopie. Cela n’a pas provoqué l’émoi mondial que nous connaissons aujourd’hui. L’émotion a été suscitée parce que les victimes étaient juives, puis elle s’est déplacée sur les victimes palestiniennes. Les deux peuples sont dans un corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer.

    Les années 1990 ont été marquées par les accords d’Oslo en 1993. Relèvent-ils du mirage aujourd’hui ?
     
    Non, on pouvait gérer une décolonisation. Mais déjà à la fin des accords d’Oslo, il n’y a pas eu décolonisation mais doublement de la #colonisation sous le gouvernement socialiste et ensuite sous le premier gouvernement Nétanyahou. Ce sont l’occupation, la colonisation, qui ont amené l’échec des processus. Il n’existe pas d’occupation, de colonisation pacifique et démocratique.

    Aujourd’hui, c’est infiniment plus difficile à l’aune de la violence, des passions, des derniers événements, des chocs identitaires, de la #haine tout simplement. Qui plus est, depuis une trentaine d’années, vous avez une évolution commune vers une vision religieuse et extrémiste, aussi bien chez les juifs que chez les Palestiniens.

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre.

    Vous voulez dire que le conflit territorial est devenu un conflit religieux ?

    Il a toujours été religieux. Dès l’origine, le mouvement sioniste ne pouvait fonctionner qu’en utilisant des références religieuses, même si ses patrons étaient laïcs. La blague de l’époque disait que les sionistes ne croyaient pas en Dieu mais croyaient que Dieu leur avait promis la Terre promise.

    Le projet sioniste, même s’il se présentait comme un mouvement de sauvetage du peuple juif, ne pouvait fonctionner qu’en manipulant les affects. Il était de nature religieuse puisqu’il renvoyait à la Terre sainte. Vous avez une myriade d’endroits qui sont des #symboles_religieux, mais qui sont aussi des #symboles_nationaux, aussi bien pour les #juifs que pour les #musulmans : l’esplanade des Mosquées, le tombeau des Patriarches, le mur des Lamentations. Et puis il y a les gens qui se sentent mandatés par Dieu.

    De même, les musulmans ont cherché des alliés en jouant sur la solidarité islamique. Dès les années 1930, la défense de la mosquée Al-Aqsa est devenue un thème fédérateur.

    Pourquoi est-il devenu difficile d’invoquer une lecture coloniale du conflit depuis les massacres du Hamas du 7 octobre ?

    Le sionisme est à l’origine un corps étranger dans la région. Pour arriver à ses fins, il a eu besoin d’un soutien européen avant 1914, puis britannique et finalement américain. Israël s’est posé comme citadelle de l’#Occident dans la région et conserve le #discours_colonial de la supériorité civilisatrice et démocratique. Cet anachronisme est douloureusement ressenti par les autres parties prenantes.

    Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les responsables sionistes n’hésitaient pas à se comparer à la colonisation britannique en Afrique noire avec la nécessité de mater les protestations indigènes. 

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre. La constitution de l’État juif impliquait un « transfert » de la population arabe à l’extérieur, terme poli pour « expulsion ». La #confiscation des #terres détenues par les Arabes en est le corollaire. Les régions où ont eu lieu les atrocités du 7 octobre étaient peuplées d’Arabes qui ont été expulsés en 1948-1950.

    Dire cela, c’est se faire accuser de trouver des excuses au terrorisme. Dès que vous essayez de donner des éléments de compréhension, vous vous confrontez à l’accusation : « Comprendre, c’est excuser. » Il faut bien admettre que le #Hamas dans la bande de Gaza recrute majoritairement chez les descendants des expulsés. Cela ne veut pas dire approuver ce qui s’est passé.

    Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») utilisé par les soutiens de la Palestine fait polémique. Est-ce vouloir rayer de la carte Israël ou une revendication légitime d’un État palestinien ?

    Il a été utilisé par les deux parties et dans le même sens. Les mouvements sionistes, en particulier la droite sioniste, ont toujours dit que cette terre devait être juive et israélienne au moins jusqu’au fleuve. Le parti de l’ancêtre du Likoud voulait même annexer l’ensemble de la Jordanie.

    Chez certains Palestiniens, on a une vision soft qui consiste à dire que « si nous réclamons un État palestinien réunissant la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous considérons l’ensemble de la terre comme la Palestine historique, comme partie de notre histoire, mais nous ne la revendiquons pas dans sa totalité ».

    Israël depuis sa fondation n’a pas de #frontières définies internationalement. Il a toujours revendiqué la totalité de la Palestine mandataire, voire plus. Il a ainsi rejeté l’avis de la Cour internationale de justice qui faisait des lignes d’armistice de 1949 ses frontières permanentes.

    Cette indétermination se retrouve de l’autre côté. La libération de la Palestine renvoie à la totalité du territoire. D’autres exigeaient la carte du plan de partage de 1947. Pour l’Organisation de libération de la Palestine (#OLP), faire l’#État_palestinien sur les territoires occupés en 1968 était la concession ultime.

    Les Arabes en général ont reçu sans grand problème les réfugiés arméniens durant la Grande Guerre et les années suivantes. Ces Arméniens ont pu conserver l’essentiel de leur culture. Mais il n’y avait pas de question politique. Il n’était pas question de créer un État arménien au Levant.

    Dès le départ, les Arabes de Palestine ont vu dans le projet sioniste une menace de dépossession et d’expulsion. On ne peut pas dire qu’ils ont eu tort…

    Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, classé #terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est aujourd’hui le principal acteur de la guerre avec Israël…

    Définir l’ennemi comme terroriste, c’est le placer hors la loi. Bien des épisodes de décolonisation ont vu des « terroristes » devenir du jour au lendemain des interlocuteurs valables. 

    Bien sûr, il existe des actes terroristes et les atrocités du 7 octobre le sont. Mais c’est plus une méthodologie qu’une idéologie. C’est une forme de guerre qui s’en prend aux civils selon les définitions les plus courantes. Jamais un terroriste ne s’est défini comme tel. Il se voit comme un combattant légitime et généralement son but est d’être considéré comme tel. Avec l’État islamique et le 7 octobre, on se trouve clairement devant un usage volontaire de la cruauté.

    La rhétorique habituelle est de dire que l’on fait la guerre à un régime politique et non à un peuple. Mais si on n’offre pas une perspective politique à ce peuple, il a le sentiment que c’est lui que l’on a mis hors la loi. Il le voit bien quand on dit « les Israéliens ont le droit de se défendre », mais apparemment pas quand il s’agit de Palestiniens.

    D’aucuns expliquent qu’Israël a favorisé l’ascension du Hamas pour qu’un vrai État palestinien indépendant ne voie jamais le jour au détriment de l’#autorité_palestinienne qui n’administre aujourd’hui plus que la Cisjordanie. Est-ce que le Hamas est le meilleur ennemi des Palestiniens ? 

    Incontestablement, les Israéliens ont favorisé les #Frères_musulmans de la bande de Gaza dans les années 1970 et 1980 pour contrer les activités du #Fatah. De même, après 2007, ils voulaient faire du Hamas un #sous-traitant chargé de la bande de Gaza, comme l’Autorité palestinienne l’est pour la Cisjordanie. 

    Le meilleur moyen de contrer le Hamas est d’offrir aux Palestiniens une vraie perspective politique et non de bonnes paroles et quelques aides économiques qui sont des emplâtres sur des jambes de bois. 

    Quel peut être l’avenir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui déconsidérée ? Et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, pressé par la base de renouer avec la lutte armée et le Hamas ?

    Le seul acquis de l’Autorité palestinienne, ou plus précisément de l’OLP, c’est sa légitimité diplomatique. Sur le terrain, elle est perçue comme un sous-traitant de l’occupation israélienne incapable de contrer un régime d’occupation de plus en plus dur. Elle est dans l’incapacité de protéger ses administrés. Le risque majeur pour elle est tout simplement de s’effondrer.

    Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever. Un soulèvement généralisé des Palestiniens peut-il advenir ?

    En Cisjordanie, on a surtout de petits groupes de jeunes armés totalement désorganisés. Mais la violence et la répression sont devenues quotidiennes et les violences permanentes. À l’extérieur, l’Occident apparaît complice de l’occupation et de la répression israéliennes. L’Iran, la Chine et la Russie en profitent.

    Le premier tome de votre monumentale « Question de Palestine » s’ouvre sur 1799, lorsque l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine, il court jusqu’en 1922. Avec cette accroche : l’invention de la Terre sainte. En quoi cette année est-elle fondatrice ?

    En 1799, l’armée de Bonaparte parcourt le littoral palestinien jusqu’à Tyr. En Europe, certains y voient la possibilité de créer un État juif en Palestine. Mais l’ouverture de la Terre sainte aux Occidentaux est aussi l’occasion d’une lutte d’influences entre puissances chrétiennes. 

    Dans le tome 4, « Le rameau d’olivier et le fusil du combattant » (1967-1982), vous revenez sur ce qui a été un conflit israélo-arabe, puis un conflit israélo-palestinien. Est-ce que cela peut le redevenir ?

    Jusqu’en 1948, c’est un conflit israélo-palestinien avant tout. En 1948, cela devient un #conflit_israélo-arabe avec une dimension palestinienne. À partir de la fin des années 1970, la dimension palestinienne redevient essentielle.

    Ben Gourion disait que la victoire du sionisme était d’avoir transformé la question juive en problème arabe. Les derniers événements semblent montrer que le #problème_arabe est en train de redevenir une #question_juive.

    Le rôle des États-Unis a toujours été déterminant dans ce conflit. Que nous dit leur position aujourd’hui ? 

    La question de Palestine est en même temps une question intérieure pour les pays occidentaux du fait de l’histoire de la Shoah et de la colonisation. Il s’y ajoute aux États-Unis une dimension religieuse du fait du biblisme protestant et du « pionniérisme ». Les Palestiniens leur semblent être quelque part entre les Indiens et les Mexicains…

    La « République impériale » vient encore de montrer son impressionnante capacité de projection militaire dans la région, mais aussi son incapacité à obtenir un règlement politique satisfaisant.

    Pourquoi ce conflit déclenche-t-il autant de passions et clive-t-il autant dans le monde entier, où comme en France, le président appelle à « ne pas importer le conflit » ?

    C’est un conflit gorgé d’histoire. La Terre sainte est celle des trois religions monothéistes. Le conflit lui-même porte avec lui la mémoire de la Shoah et de la colonisation, d’où l’extraordinaire position d’exceptionnalité des acteurs.

    Vous avez écrit cinq tomes sur la question de Palestine. Après l’ultime « La Paix impossible », quel pourrait être le sixième ?
     
    Peut-être le retour de la question juive, mais c’est loin d’être une perspective encourageante.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/henry-laurens-est-sur-la-voie-d-un-processus-de-destruction-de-masse-gaza

    #discours_génocidaire #religion (s) #sionisme

  • Guerre Israël-Hamas : la question des prisonniers palestiniens au cœur du conflit
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/22/les-prisonniers-palestiniens-au-c-ur-de-la-guerre_6201624_3210.html

    L’accord validé dans la nuit de mardi à mercredi par Israël impliquerait la libération de 150 prisonniers palestiniens en échange de celle de 50 femmes et enfants otages du Hamas. Au total, 6 700 Palestiniens seraient en prison dans l’Etat hébreu, plusieurs d’entre eux y sont morts depuis l’attaque du 7 octobre.

    « Quand il y a des #otages israéliens, là, vous venez me voir ! », remarque dans un sourire Qadura Fares, le ministre de l’Autorité palestinienne chargé des #détenus_palestiniens en #Israël, qui reçoit dans son vaste bureau surplombant Ramallah. Dans la société palestinienne, la question des quelque 240 Israéliens et étrangers – des civils dont des enfants et des personnes âgées, ainsi que des soldats et des policiers – détenus par le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre est indissociable de celle des #Palestiniens enfermés dans les geôles israéliennes, dont le nombre s’élève à 6 700 selon l’ONG israélienne Hamoked.

    [...]
    Depuis plus de deux ans, en réponse à un soulèvement armé larvé en Cisjordanie, Israël a multiplié les arrestations. Le mouvement s’est encore accéléré après l’attaque du 7 octobre. Le total de 6 700 prisonniers, calculé par HaMoked, le plus élevé depuis treize ans, comprend 2 300 personnes condamnées, 2 300 en attente de procès et 2 000 en détention administrative, montant record sur les vingt-cinq dernières années.

    https://archive.ph/h6nCq

    • L’accord validé dans la nuit de mardi à mercredi par Israël impliquerait la libération de 150 prisonniers palestiniens en échange de celle de 50 femmes et enfants otages du Hamas.

      Les 150 Palestiniens sont des femmes et des enfants également, « Le Monde » aurait pu le signaler dans cette phrase, mais a choisi de ne pas le faire. Il faut imaginer s’il avait écrit : “150 femmes et enfants palestiniens contre 50 otages israéliens”…

      C’était pire ce matin sur RFI, avec la même présentation mais avec une interview d’un #criminel sioniste (ancien “porte-parole” de l’armée sioniste) dans la foulée qui déclare : « s’il faut pour libérer des femmes et des enfants israéliens libérer des terroristes palestiniens alors soit ». Avec les chaleureux remerciements de la journaliste à la fin de l’interview.

      #misérables #MSM

  • MAGISTRAL DISCOURS DE LA REPRÉSENTANTE DE LA PALESTINE A L’ONU

    https://x.com/caissesdegreve/status/1726408789283242011?s=20

    Nada Abu Tarbush Représentante de la Palestine à l’ONU

    A DIFFUSER MASSIVEMENT
    Je ne pense pas qu’il ne passera dans les médias occidentaux car elle dit la vérité.

    Les dirigeants occidentaux (à l’exception de l’Irlande et peut-être de l’Espagne) devraient démissionner pour n’avoir pas été capables de dire ce qu’elle dit. Ils devraient probablement être traduits en Justice.

    #Palestine #ONU #Israël #France #Royaume-Uni #Allemagne #Italie #Droit-International #Crimes-de-guerre #Genocide #Juif #Palestinien #Femme

  • Un Etat unique israélo-palestinien est-il une solution viable ? Elie Beressi répond à Rima Hassan
    https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/un-etat-unique-israelo-palestinien-est-il-une-solution-viable-elie-beressi-
    https://archive.ph/NAgI0

    Selon l’analyste politique franco-israélien, pour préparer « l’après » de la guerre, il faut se garder d’une lecture fallacieuse de l’histoire d’Israël qui y voit un Etat colonial.

    Depuis le 7 octobre 2023, les événements ont remis la confrontation israélo-palestinienne au cœur de l’attention du public international. Rapidement, les prises de position des uns et des autres au cours de la succession des controverses ont permis de distinguer une ligne de démarcation entre d’une part les critiques de la politique israélienne et d’autre part les opposants à l’existence d’une politique israélienne, quelle qu’elle soit.
    Cette opposition se décline selon deux modalités. La première est celle de l’éradication du fait juif en ex-Palestine mandataire. Il n’y a pas lieu d’en discuter ici en détail. L’idée consisterait à refouler la population israélienne vers l’Europe et les États-Unis d’où elle serait au fond originaire, ou, à mi-chemin, de la noyer dans la Méditerranée. La justification – que cette population soit un amas de colons ou simplement des juifs – importe ici assez peu. Le sort fait aux civils israéliens lors de l’opération « Déluge d’el-Aqsa » menée le 7 octobre conjointement par plusieurs factions armées palestiniennes résume assez bien les perspectives attendues de cette modalité.

    La seconde modalité est celle de la réconciliation : un État démocratique laïc, unitaire ou confédéral, où les Israéliens, la population juive installée consécutivement au projet sioniste, bénéficieraient de droits civiques, d’une autonomie communale et de garanties constitutionnelles égales à celle de la population palestinienne. A priori, le refus israélien de la réconciliation sur la base de l’égalité, n’est pas compréhensible autrement que par une méchanceté raciste congénitale que beaucoup n’hésitent pas à postuler.
    Pour comprendre cette perspective, il faut la replacer dans le contexte historique de l’édification d’Israël en tant qu’Etat ethno-confessionnel juif ainsi que dans le contexte régional d’édification des États arabes et de leurs politiques d’homogénéisation ethno-religieuses.
    L’impasse de la solution minoritaire
    Promouvoir une solution qui renverrait le groupe juif à une solution minoritaire ferait fi et de l’histoire juive en diaspora et de l’histoire régionale de l’ancienne aire ottomane (pour ne rien dire de l’Europe centrale et orientale). C’est précisément ce que fait Madame Rima Hassan, franco-palestinienne, présidente et fondatrice de l’ONG « L’observatoire des camps de réfugiés » lorsqu’elle déclare dans un entretien pour le quotidien L’Humanité en date du 6 novembre 2023 : « La seule solution viable est un État binational démocratique et laïc » et dans une publication sur son compte X (anciennement Twitter) : « Quand je dis qu’il y a un Etat d’apartheid, réponse : non il y’a [sic] 20 % de Palestiniens en Israël et ça se passe super bien. Quand je dis dans ce cas Etat binational seul le fait d’avoir des intérêts communs pourra nous unir : non hors de question ça ne peut pas bien se passer. Roh. Les intérêts communs : la sécurité pour tous les Israéliens, la liberté et le droit à l’autodétermination pour tous les Palestiniens. Il faut sortir de la peur d’être minoritaire, la garantie de sécurité n’est pas dans le rapport démographique elle est dans l’égalité de droit. On ne peut pas faire perdurer cette injustice du non-retour des Palestiniens au nom de cette logique démographique ça reste une injustice que vivent dans leur chair tous les réfugiés palestiniens et surtout elle entache le droit à l’autodétermination car elle exclut des millions de Palestiniens. »
    Les arguments de Rima Hassan, s’ils mettent en avant comme de juste les souffrances et les revendications palestiniennes, reposent sur une lecture unilatérale et tronquée de la confrontation arabo-sioniste en ex-Palestine mandataire, qu’elle revendique d’ailleurs de manière péremptoire ("Mon propos n’est pas de m’opposer à l’idée d’un foyer juif au Moyen-Orient mais de critiquer les moyens utilisés par le sionisme et les répercussions qu’elles ont eues sur nous. Je dirais même que les désirs nationaux juifs ne me concernent pas. Je n’ai rien à dire, en soi, à ce sujet. Mon point, ce sont les sacrifices endurés par le peuple palestinien pour que vive la doctrine sioniste."). La comparaison avec la minorité arabe palestinienne qu’elle opère est trompeuse, nous y reviendrons.
    Un « État binational démocratique et laïc » ne serait en réalité pas viable pour les juifs, compte tenu de l’expérience juive en diaspora et des expériences comparables d’autres minorités ethno-confessionnelles dans l’ancienne aire de domination ottomane. Le sionisme, justement, c’est avant tout une réaction politique à la condition juive minoritaire en diaspora et que Vladimir Ze’ev Jabotinsky, représentant de la voie révisionniste du sionisme, qualifiait de « xénophobie de la vie elle-même » dans son audition auprès des autorités britanniques en 1937.
    Un État commun, à majorité arabe car incluant le retour des descendants de réfugiés arabes palestiniens ayant été évincés du territoire israélien lors de la guerre de 1947-1949 en ex-Palestine mandataire, renverrait les juifs à leur situation minoritaire antérieure à celle-ci, ce qui ne saurait garantir ni leur sécurité ni la non-aliénation propre à la condition diasporique. Pire encore, aucune donnée empirique, sur le plan historique et comparatif, ne permet de penser qu’un tel État serait viable.
    En effet, la plupart des États binationaux ou multinationaux en Europe et au Moyen-Orient ont soit maintenu leur intégrité via une gouvernance autoritaire (la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie sous régime communiste à parti unique) et n’ont pas survécu à leur transition démocratique (la Tchécoslovaquie a connu une partition pacifique tandis que la Yougoslavie s’est effondrée dans une succession de guerres ethniques), soit ont bénéficié d’un contexte régional spécifique adossé à un développement institutionnel historiquement non reproductible dans le cas israélo-palestinien. La Suisse et la Belgique représentent des exemples d’États plurinationaux dont la viabilité dépend de l’existence d’États nationaux adjacents et de leur développement démocratique endogène.

    Dans l’aire régionale de l’ancien Empire ottoman, aucun État n’a réussi à conjuguer une gouvernance démocratique, une sécularisation et une population pluri-ethnique : l’issue a toujours été le génocide des minorités ou la guerre civile entre groupes communautaires aux forces comparables. La mémoire historique de l’État d’Israël qui surdétermine sa politique actuelle prend en compte et l’histoire juive en diaspora, et l’histoire régionale et internationale. Les dirigeants sionistes, dans l’orientation de leur politique, ont été contraints à la fois par l’évolution des relations communautaires judéo-arabes en ex-Palestine mandataire et par les développements internationaux contemporains relatifs à des relations entre groupes ethniques et nationaux dans le reste du monde.
    Leur politique prenait en compte la condition juive en Europe et les déplacements forcés de population en Europe, au Moyen-Orient et dans le sous-continent indien entre 1917 et 1947, ainsi que le sort des minorités ethniques et confessionnelles dans les États du Proche-Orient qui pouvait offrir un exemple de ce qui attendait potentiellement les juifs de Palestine dans une situation minoritaire similaire : le génocide de près de deux millions d’Arméniens, Grecs et Assyriens par les régimes ottoman et kémaliste en Turquie entre 1894 et 1924 ; le massacre de la minorité assyrienne par le régime hachémite irakien en 1933 et le farhud (pogrom) contre la minorité juive de Bagdad par des putschistes pro-nazis en 1941 ; plus récemment, le génocide commis par le régime ba’athiste (toujours en Irak) contre sa minorité kurde en 1988, enfin, la situation délicate des maronites libanais mis en minorité qui conduisit à une guerre civile et à une émigration de masse. La solution à de telles violences inter-communautaires et à la vulnérabilité des minorités a presque toujours été le transfert de populations et la partition territoriale par souci « humanitaire ».

    L’analogie trompeuse de la colonisation européenne

    Puisque beaucoup a été écrit sur le « contexte » du 7 octobre et la dimension réactive de la violence des factions armées palestiniennes, on ne devrait pas juger inapproprié de penser le « contexte » et la dimension réactive de la violence sioniste, étant entendu que l’analyse ne justifie pas sur le plan moral le choix du recours à la violence collective organisée.
    Le sionisme a été tantôt classé comme un ethno-nationalisme comparable aux séparatismes ethniques est-européens et balkaniques, tantôt comme un colonialisme de peuplement comparable aux colonialismes de peuplements européens aux Amériques, en Océanie et surtout en Afrique (avec une insistance sur les cas algérien et sud-africain). Plusieurs arguments en faveur de cette conception existent : l’imaginaire colonial des fondateurs du sionisme politique, « l’esprit pionnier des immigrants sionistes », la relation de violence aux populations locales, notamment dans le conflit sur les régimes fonciers et salariaux, qui culmine dans la guerre de 1947-1949 et la Nakba ("catastrophe" en arabe), qui voient 750 000 Palestiniens déracinés hors de leurs terres, auquel succède la loi israélienne « des absents » de mars 1950, qui entérine leur exil.
    Néanmoins, si on tient à une analyse comparative du sionisme dans le cadre de l’expansion coloniale européenne, l’analogie entre le projet de colonisation sioniste de la Palestine et les cas algérien, rhodésien et sud-africain semble inopérante : les juifs appartenaient à un groupe racialisé subalterne, ils n’ont pas bénéficié – ni pendant la période ottomane ni pendant la période mandataire – d’un régime de supériorité légale sur les populations préétablies avant l’indépendance. Plus encore, définir une métropole pour les immigrants sionistes est l’objet de débats complexes qu’on ne peut trancher au détour d’une phrase (l’objectif sioniste étant plutôt de « reconstituer » une métropole juive). Dans le cadre de l’analogie coloniale, ce ne sont pas les colonies « blanches » qui offrent les similarités les plus instructives, mais les « colonies de rapatriement » d’affranchis afro-américains dans l’ouest africain.

    Mais cette analyse néglige néanmoins plusieurs éléments. L’histoire des populations de la région ne permet pas de tracer une dichotomie entre colonisateurs et indigènes aussi nette que dans les cas des colonies d’affranchis. S’il y a bien, à partir de l’indépendance israélienne, et surtout à partir de 1967 dans les territoires occupés, un groupe colonisateur et un groupe colonisé, ces deux groupes peuvent être également qualifiés d’autochtones et d’immigrants pour peu que l’on se place dans leur rapport à ce territoire sur le temps long.
    En effet, au cours du long XIXe siècle, l’Empire ottoman a pratiqué une politique de recolonisation de ses marges par des réfugiés musulmans originaires de territoires conquis par les puissances européennes. L’immigration juive proto-sioniste et sioniste s’inscrit dans la phase tardive de ce mouvement de réfugiés vers l’Empire ottoman mais en diverge en ce que là où les réfugiés musulmans viennent renforcer un ordre impérial ottoman fondé sur la suprématie musulmane, les réfugiés juifs viennent subvertir cet ordre en introduisant une question nationale de plus dans un Empire miné par les séparatismes ethno-confessionnels réels ou supposés.

    Nous ne sommes ainsi pas dans une opposition entre colons sans racines qui se seraient greffés ex nihilo sur une terre où ils étaient exogènes et indigènes enracinés de tout temps. Il s’agit en effet plutôt d’un antagonisme entre deux groupes mêlant des arrivées récentes et un lien historique ancien au territoire revendiqué : les groupes juifs et arabes se rattachent tous les deux à un peuplement continu sur ce territoire depuis l’Antiquité, mais nourris de flux de migrations qui ont connu une forte accélération au cours du XIXe siècle, avec une forte vague migratoire musulmane (qui s’assimile à l’arabité locale) au début de ce siècle et une forte vague migratoire juive à la fin de celui-ci et au début du XXe siècle (qui est perçue comme étrangère).
    La différence est ici dans les coordonnées politiques de ces immigrations : l’immigration musulmane n’a pas de projet politique propre (elle repose sur les acquis de la conquête musulmane) et est utilisée par les autorités impériales contemporaines (égyptienne et ottomane) pour maintenir un ordre démo-politique confessionnel préexistant, là où l’immigration juive est motivée idéologiquement à opérer une bascule révolutionnaire de cet ordre démo-politique en faveur des juifs.
    Les termes « colons » et « indigènes » sont des signifiants qui disent aussi le degré d’identification du groupe immigrant à la terre et aux populations locales, autant que le déni appliqué aux juifs quant à leur droit à s’identifier à cette existence régionale, nonobstant le fait que la culture juive est entièrement « située » dans le cadre géographique d’Eretz Israël ("le pays d’Israël"). Pour parler en termes marxisants, les populations juives ont continuellement vécu, durant les dix-huit siècles de diaspora, dans l’infrastructure de leurs sociétés et territoires d’accueil mais avec une superstructure culturelle dont les coordonnées étaient celles de leur ancien territoire des époques bibliques et talmudiques. Ici, le rapport à la littérature biblique doit être envisagé avec précaution par ceux qui ne partagent pas une culture hébraïque : il est fondamentalement différent entre juifs et chrétiens.

    Pour le groupe juif, la bible hébraïque (c’est-à-dire le Tanakh, acronyme de Torah (Pentateuque), Nevi’im (écrits prophétiques) et Ketuvim (autres écrits)) et son commentaire talmudique servent de patrie portative, qui contient la mnesis et le nomos d’un territoire perdu et qui lui sera restitué d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard. Pour les chrétiens, la Bible, avec son second testament, est une vague mythologie déterritorialisée ("Mon royaume n’est pas de ce monde", Jean, 18:36) dont la valeur tient à ses vérités théologiques et morales.
    La revendication politique du sionisme comme continuité culturelle
    De fait, appréhender la revendication biblique juive sur Eretz Israël avec les lunettes du christianisme, c’est faire un contresens majeur, car c’est penser que la revendication politique du sionisme repose sur un article de foi, alors qu’elle repose sur une continuité culturelle qui le définit et l’aliène vis-à-vis du monde non-juif et le rattache à un territoire précis qui surdétermine ce territoire en tant que lieu nécessaire de la réalisation de l’auto-émancipation juive. Le refus de l’argument biblique n’est pas qu’un simple refus de l’argument religieux dans un débat politique. C’est, en fait, nier aux juifs le droit de mobiliser leur culture et leur histoire qui les rattachent à ce territoire.
    Pour les juifs, et c’est sur cet affect axiomatique que repose le mouvement sioniste, Eretz Israël est moins la « Terre sainte » (expression d’abord chrétienne que l’on retrouvera beaucoup dans les discours de la puissance coloniale britannique) qu’Eretz Avotenu ("le pays de nos aïeux"). La négation du lien juif à la terre devient alors en grande partie une négation du fait juif lui-même. Ce déni est le pendant de la négation sioniste de l’histoire arabe dans le cadre de ce même territoire sous un autre toponyme, avec un rapport très similaire au territoire national aliéné qui se déploie à la fois sur le registre de la révélation ("terre des prophètes") et de la filiation ("terre des ancêtres").
    Si les dynamiques d’immigration et d’indigénisation, dans le contexte de l’Empire ottoman tardif et du Proche-Orient mandataire, ne suffisent pas à assurer la qualification du sionisme comme colonialisme sans faire perdre à celui-ci une définition propre, il faut également remarquer ici que le paradigme du colonialisme de peuplement sur le modèle européen n’est pas nécessaire pour rendre compte de la violence de l’appropriation des terres sur une base ethnique, ni lors de la période mandataire (1917-1947), ni lors de la période d’indépendance (1947-1967), ni lors de la période qui s’ouvre après la saisie en 1967 des territoires de l’ex-Palestine mandataire qu’Israël n’avait pas conquis lors de la précédente période. Là encore, l’histoire de l’ancien Empire ottoman est suffisamment fournie en exemples de conflits ethno-territoriaux impliquant des rectifications violentes de frontières et d’équilibres démographiques pour qu’on n’ait pas à convoquer le paradigme colonial.
    Avant la guerre de juin 1967, la logique est celle d’un peuple minoritaire et dispersé qui veut se regrouper dans un espace déjà peuplé. Cela représente un cas extrême de nationalisme de diaspora, comparable à celui des Grecs et des Arméniens, mais où l’immigration prend une importance extrême (ce qui permet de faire le lien avec l’exemple du Libéria et de la Sierra Leone). L’auto-émancipation juive passant forcément par une reterritorialisation qui allait mettre les « revenants » aux prises avec une population préétablie, le choix était soit d’y renoncer au risque de la survie du groupe juif, soit d’assumer le conflit. Le choix de la Palestine, plutôt que de l’Argentine ou de l’Ouganda, reposant alors sur le « droit historique » opposable aux Arabes palestiniens, mais ni aux Mapuches ni aux Bantous.

    De tout cela, le paradigme colonial est, ou bien incapable de rendre compte, ou bien n’est pas nécessaire pour qualifier la situation qui peut être tout aussi bien heuristiquement comparée à des conflits non-coloniaux. Ces constats limitent fortement son utilité heuristique dans le cadre d’une analyse historique de la confrontation israélo-arabe. Dès lors, si son utilité heuristique n’est pas établie, à quoi sert le paradigme colonial ? La réponse est à chercher ailleurs que dans un comparatisme historique prudent. Elle se trouve dans le rapport quasi mythologique à l’Etat d’Israël, qui, né dans la faute, devrait expier par son suicide. Ce rapport quasi mythologique au sionisme permet ainsi de réifier l’ennemi israélien sur le mode de la culpabilité impérialiste européenne. C’est, au fond, un levier rhétorique dans une vision passionnée et romantique du politique vécu comme la lutte révolutionnaire des opprimés contre les oppresseurs.
    Une illustration de cette utilité rhétorique se trouve dans le communiqué du syndicat Solidaires étudiant.e.s EHESS du 15 octobre 2023 : « Il n’est pas possible de dire qu’Israël est un État colonial sans en tirer toutes les conséquences. Le système ethno-nationaliste israélien est fondé sur un suprémacisme racial qui institue une séparation systématique avec les Palestinien. ne.s, et qui prend actuellement la forme d’un apartheid. […] L’histoire d’Israël est celle d’un processus colonial d’une violence absolue, au cours duquel meurtres, humiliations et viols sont le lot quotidien des Palestinien. ne.s […] Nous appelons : à ce qu’Israël mette fin à son occupation et à sa colonisation de toutes les terres arabes en démantelant le Mur ; à la reconnaissance des droits fondamentaux des citoyen.ne.s arabo-palestinien.ne.s d’Israël à une complète égalité ; à la mise en application du droit de retour des réfugié.e.s palestinien.ne.s ainsi que leur droit à retrouver leurs maisons et leurs biens comme le stipule la résolution 194 de l’ONU ; et, à terme, l’établissement d’un État unique et laïc, en Palestine historique où tous les habitant.e.s jouiraient des mêmes droits. »
    Semblable aux positions de Rima Hassan, telle lecture du conflit projette sur une situation dont on a rappelé ce qu’elle avait de comparable et d’incomparable avec certaines situations coloniales et certaines situations non-coloniales, tous les crimes du colonialisme européen. Il n’est question ici que d’une assignation d’Israël à une ontologie coloniale irrémissible car récapitulant et supplantant tout ce que la mauvaise conscience occidentale porte de pire en termes de culpabilité. Assigner à l’Israélien ce statut de colon, voire de colon nazi, c’est faire d’une pierre trois coups : libérer l’Européen du poids de la culpabilité du génocide nazi en montrant que la victime est loin d’être innocente, libérer l’Européen du poids de sa culpabilité coloniale propre en l’engageant dans la lutte contre le pire des fantasmes de colonialisme réifié, et dispenser de penser à une solution juste pour les Israéliens puisqu’ils ne sauraient constituer en tant que colons un groupe avec des droits collectifs reconnus.

    Le vingt-troisième Etat de la Ligue arabe

    Si les deux premières exigences du communiqué de Solidaires semblent de bon sens (elles sont d’ailleurs soutenues par la gauche sioniste en Israël), elles ne servent ici que d’introduction aux deux suivantes qui impliquent la mise en minorité démographique des juifs israéliens et la perte de l’indépendance nationale dans le cadre d’un rattachement d’Israël à ce qui sera de facto le vingt-troisième Etat de la Ligue arabe. Or, dans un Orient où les identités ethniques et religieuses jouent encore le rôle politique qu’on leur connaît, on ne peut croire sérieusement que les juifs « jouiraient des mêmes droits » que la majorité.

    Mais cela importe peu dans la mesure où les juifs, si on leur assigne la qualification infamante de « colons », ne sont pas en mesure d’exiger des droits en tant que groupe national, mais ne peuvent que se les faire concéder par le seul demos réellement légitime car autochtone. L’asymétrie justement dénoncée dans les rapports actuels israélo-palestiniens ne serait ici pas abolie mais retournée, assurant un retour à la situation pré-48. Et pour justifier d’un tel retournement qui nie les droits des Israéliens, il faut assurer que les Israéliens sont une nation « artificielle » à laquelle le droit à l’autodétermination ne s’applique pas.
    L’assignation coloniale permet aussi de simplifier la question de l’occupation des territoires occupés par les Israéliens au cours de la guerre de juin 1967 dite « des six jours » ou, en arabe, al-Naksa ("le revers"). Le rôle de l’idéologie, c’est-à-dire de l’irrédentisme biblique propre à la culture juive et qui infuse le projet sioniste lorsqu’il se fait conquérant, n’est pas ici remis en doute, et a abouti à ce qu’il faut qualifier, en Cisjordanie, de situation coloniale et d’apartheid. Situation, par ailleurs, comparable aux politiques sud-africaines dans le territoire du Sud-Ouest africain (mais pas en Afrique du Sud proprement dite).
    En revanche, il faut rappeler qu’ici l’idéologie joue son rôle, mais adossée et articulée à des considérations stratégiques contingentes, motivée par le devoir de l’appareil d’État israélien d’assurer la sécurité, voire simplement la survie, de sa population dans le cadre d’une situation géographique précaire. L’assignation coloniale « oublie » ces considérations en envisageant l’expansionnisme israélien comme le simple fruit d’une logique interne de « prise de terre » propre au colonialisme. Or, la question géostratégique dans la politique de peuplement juif en Cisjordanie précède (hormis chez des marges politiques telle que l’opposition révisionniste du Herut pour qui il s’agit d’ailleurs plus d’une pétition de principe que d’un réel programme) la motivation irrédentiste : il s’agit de se constituer un territoire glacis de 40 km de large entre les puissances arabes et son principal bassin de peuplement, le territoire israélien dans les limites des lignes d’armistice de 1949 ne bénéficiant que de peu ou pas de profondeurs stratégiques alors qu’il se retrouve dans un environnement régional hostile où lui est opposée une rhétorique génocidaire. En cas d’évacuation de la Cisjordanie hors du cadre d’un règlement politique négocié offrant des garanties de sécurité, il n’y a que 18 km de route entre les principaux centres de peuplement israélien et une puissance hostile.

    L’usage de colonies de peuplements pour assurer le contrôle politique et militaire d’un territoire pour des raisons stratégiques est aujourd’hui en contradiction avec les conventions de Genève mais se trouve être une pratique fort banale. Machiavel en expliquait déjà la rationalité dans son Prince. Seulement, dans un cadre démocratique, le transfert de population civile de l’occupant vers le territoire occupé se fait nécessairement sur la base du volontariat des colons, ce qui opère une sélection idéologique avec des populations pionnières motivées par des considérations nationalistes et religieuses ici très actives alors que plus latentes dans le reste de la population. C’est ce qui explique le profil idéologique plus militant, religieusement déterminé, des colons israéliens en Cisjordanie. Le problème étant que leur motivation les met sur une trajectoire de collision avec les intérêts de la population locale (dont le droit propre est perçu comme négligeable) et avec les intérêts de l’Etat israélien si celui-ci souhaitait évacuer ces territoires dans le cadre d’une paix négociée : les colons préfèrent les territoires à la paix. Nous croyons devoir ici rappeler que si les colonies sont souvent présentées comme un obstacle insurmontable à la solution à deux États pour deux peuples, nous ne pensons pas que cet obstacle soit effectivement insurmontable, pourvu qu’il existe, du côté israélien comme du côté palestinien, une réelle volonté politique d’arriver à une partition définitive du territoire de l’ex-Palestine mandataire/Eretz Israël.
    Un autre argument souvent amené dans le débat est l’injustice subie par les Palestiniens qui auraient payé de leur territoire et leur exil les crimes des Européens vis-à-vis des juifs. Le reproche serait fondé si le sionisme et l’indépendance d’Israël étaient exclusivement une réaction à la persécution et l’extermination des juifs d’Europe par le régime nazi et ses vassaux fascistes. Simplement, le sionisme n’est pas une réaction au nazisme, il lui est bien antérieur. Le nazisme est une illustration paroxystique de ce à quoi le sionisme propose une échappatoire : la condition existentiellement défensive du fait minoritaire juif vis-à-vis du monde non juif. En ce sens, les sociétés arabes ne sont pas assimilables au régime nazi, mais entrent dans le cadre de la critique sioniste formulée quant à l’antisémitisme inhérent ("la xénophobie de la vie elle-même") à toutes les sociétés non-juives majoritaires au sein desquelles les juifs ont vécu et auxquelles le sionisme demande des comptes, via la réclamation d’un territoire national aliéné.
    Les sociétés arabes ne peuvent être exclues du champ de cette critique globale de la condition minoritaire juive opérée par le sionisme, car, pour reprendre l’analyse de l’historien Bernard Lewis : « Leur situation ne fut jamais aussi mauvaise ni aussi bonne que dans la chrétienté. En effet, il n’existe pas dans l’histoire de l’Islam d’équivalent de l’Inquisition espagnole, des pogroms russes ou du génocide hitlérien, mais rien non plus qui se compare à l’émancipation et à l’intégration progressive des juifs dans les sociétés démocratiques occidentales au cours des trois derniers siècles. »
    En ce sens, la société palestinienne et les États de la ligue arabe ont payé, à travers la création de l’Etat d’Israël et les défaites militaires successives face à celui-ci, leur incapacité à formuler une solution à la question juive qui soit plus séduisante que le sionisme pour leurs propres populations juives et les réfugiés juifs d’Europe. De même que l’abolition de l’esclavage puis de la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis n’a pas éliminé les structures mentales négrophobes dans la société américaine, de même les structures mentales héritées de l’institution de la #dhimma ont survécu parfois deux siècles après son abolition dans le domaine du droit public en pays d’#Islam et rendu les sociétés musulmanes comptables de la question posée aux juifs par leurs sociétés d’accueil au même titre que les sociétés occidentales. C’est, fondamentalement, l’une des promesses non-tenues de la Nahḍa et des Tanzimats, et à laquelle le sionisme répond aussi bien qu’à la situation européenne.
    Pour revenir à la solution proposée aujourd’hui par Rima Hassan, et qui repose sur une lecture de l’histoire des deux derniers siècles qui néglige certains éléments, il faut redire qu’il n’existe à ce jour aucune donnée empirique, historique ou comparative qui permette de fonder en raison la croyance en la viabilité d’un État unique binational démocratique et laïc et donc faire renoncer les juifs israéliens (et ceux parmi les non-juifs israéliens qui s’accommodent de la majorité juive) à leur Etat-ethnique.
    L’argument de la minorité arabe israélienne comme exemple d’une possibilité de coexistence de Rima Hassan ne tient pas : être une minorité arabe dans le seul Etat juif n’offre pas exactement les mêmes garanties qu’être une minorité juive dans un vingt-troisième État arabe, compte tenu de l’histoire des communautés juives des vingt-deux autres. Car l’Etat binational démocratique et laïc serait de facto un Etat à majorité arabe, entouré d’Etats à majorité arabe, avec un appareil d’Etat à majorité arabe, un espace public défini par la culture arabe, et où la population juive se retrouverait ce qu’elle fut durant la diaspora : une minorité tolérée, donc vulnérable. Il ne s’agit pas ici d’un fantasme motivé par une vision raciste et orientaliste de « l’Arabe » comme sauvage sanguinaire, mais du constat d’une récurrence de violence relationnelle entre minorités et majorités ethniques indépendamment des identités culturelles et religieuses mobilisées par les groupes concernés.

    Où que les juifs israéliens regardent, dans le temps et dans l’espace, ils ne peuvent faire qu’un constat : une minorité ethno-confessionnelle sans l’appui extérieur d’un Etat-parent ne vit pas, elle survit. Même si elle peut se trouver relativement prospère, cette prospérité peut toujours susciter une résurgence de « la xénophobie de la vie elle-même », elle est un sursis permanent face à une majorité qui a maintes fois prouvé sa dangerosité. La plus grande part des Israéliens ne se considèrent pas comme des colons justiciables d’une illégitimité fondamentale sur leur territoire et considèrent donc le droit à l’indépendance dans un État avec une majorité ethnique juive comme non négociable. Mais une telle majorité n’est pas atteignable en maintenant un contrôle israélien sur la Cisjordanie et sa population de presque trois millions de Palestiniens. Restent donc les questions que posait déjà Raymond Aron : « Qu’est-ce que chaque Israélien craint le plus ? La corruption spirituelle de la nation par les conquêtes ? L’insécurité militaire par l’évacuation des territoires occupés ? La perte de l’identité juive par le gonflement de la minorité arabe ? »
    Enfin, un dernier point sur la question des droits aux retours juifs et palestiniens. Dans le cadre d’un Etat palestinien indépendant aux côtés d’Israël, il est évident que celui-ci serait souverain dans sa politique migratoire et pourra assumer, s’il s’en sent capable, le droit aux retours des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, de la même manière qu’Israël assume un droit au retour pour les personnes juives de par le monde (droit qu’il étend indûment aux territoires occupés sous son contrôle). Un tel droit pourrait être articulé au paiement de compensations par Israël à ces mêmes réfugiés.
    Le retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants en Israël même n’est plus l’exercice d’un droit à un foyer, mais l’instrument d’une mise en minorité du groupe juif sur son territoire, donc, in fine de la disparition du seul Etat juif. Dans un Etat binational démocratique et laïc, la mise en minorité du groupe juif supprime les conditions qui font d’Israël un refuge pour les personnes juives de par le monde ; que leur droit au retour leur soit encore théoriquement reconnu, ou qu’il soit aboli comme certains l’exigent.
    En proposant un Etat binational qui serait de facto un Etat arabe, Rima Hassan propose de supprimer le seul Etat qui, dans sa politique étrangère comme dans sa politique extérieure, assume une perspective juive. Cela revient à faire des Israéliens juifs une minorité de plus et à suspendre le sort des communautés juives en danger au bon vouloir des politiques migratoires états-uniennes ou autres… renouvelant les conditions du drame de juillet 1938.
    Du côté de Rima Hassan, nous pouvons demander ce qu’elle souhaite vraiment : mettre les Israéliens au pied du mur en leur proposant le suicide politique au nom d’un idéal absolutiste et anhistorique de la justice et ainsi prendre le risque de crises toujours plus violentes lors desquelles, le rapport de force étant ce qu’il est, la situation des Palestiniens ne fera qu’empirer ? L’aboutissement sanglant d’une lutte armée à outrance qui élimine Israël et transforme les Palestiniens en tout ce que Rima Hassan prétend détester chez les Israéliens ? Ou aboutir à un compromis réaliste qui ne sera émotionnellement satisfaisant pour personne mais assurera des garanties et un avenir un peu moins dangereux pour toutes les parties du conflit ? Rima Hassan est libre de son choix, mais elle doit « en tirer toutes les conséquences ».
    Ce texte est une version expurgée des notes et références bibliographiques d’un article à paraître dans une revue spécialisée.

    * Elie Beressi est un analyste politique franco-israélien, diplômé de l’IEP de Paris.

    #Israël #Palestiniens