• Crise capitaliste au moyen orient | Guillaume Deloison
    https://guillaumedeloison.wordpress.com/2018/10/08/dawla-crise-capitaliste-au-moyen-orient

    ISRAËL ET PALESTINE – CAPITAL, COLONIES ET ÉTAT

    Le conflit comme Histoire

    A la fin des guerres napoléoniennes, certaines parties du Moyen-Orient se retrouvèrent envahies par le nouveau mode de production capitaliste. Dans cette région, l’industrie textile indigène, surtout en Egypte, fut détruite par les textiles anglais bon marché dans les années 1830. Dès les années 1860, les fabricants britanniques avaient commencé à cultiver le coton le long du Nil. En 1869, on ouvrit le canal de Suez dans le but de faciliter le commerce britannique et français. Conformément à cette modernisation, on peut dater les origines de l’accumulation primitive en #Palestine à la loi de l’#Empire_ottoman de 1858 sur la #propriété_terrienne qui remplaçait la propriété collective par la propriété individuelle de la terre. Les chefs de village tribaux se transformèrent en classe de propriétaires terriens qui vendaient leurs titres aux marchands libanais, syriens, égyptiens et iraniens. Pendant toute cette période, le modèle de développement fut surtout celui d’un développement inégal, avec une bourgeoisie étrangère qui prenait des initiatives et une bourgeoisie indigène, si l’on peut dire, qui restait faible et politiquement inefficace.

    Sous le #Mandat_britannique, de nombreux propriétaires absentéistes furent rachetés par l’Association de colonisation juive, entraînant l’expulsion de métayers et de fermiers palestiniens. Étant donné que les dépossédés devaient devenir #ouvriers_agricoles sur leurs propres terres, une transformation décisive des relations de production commençait, conduisant aux premières apparitions d’un #prolétariat_palestinien. Ce processus eut lieu malgré une violente opposition de la part des #Palestiniens. Le grand tournant dans une succession de #révoltes fut le soulèvement de #1936-1939. Son importance réside dans le fait que « la force motrice de ce soulèvement n’était plus la paysannerie ou la bourgeoisie, mais, pour la première fois, un prolétariat agricole privé de moyens de travail et de subsistance, associé à un embryon de classe ouvrière concentrée principalement dans les ports et dans la raffinerie de pétrole de Haïfa ». Ce soulèvement entraîna des attaques contre des propriétaires palestiniens ainsi que contre des colons anglais et sionistes. C’est dans le même temps que se développa le mouvement des #kibboutz, comme expérience de vie communautaire inspiré notamment par des anarchistes comme Kropotkine, s’inscrivant dans le cadre du sionisme mais opposées au projet d’un état.

    La Seconde Guerre mondiale laissa un héritage que nous avons du mal à imaginer. L’implantation des juifs en Palestine, déjà en cours, mais de faible importance entre 1880 et 1929, connaît une augmentation dans les années 1930 et puis un formidable élan dans l’après-guerre ; de ce processus naquit #Israël. Le nouvel Etat utilisa l’appareil légal du Mandat britannique pour poursuivre l’expropriation des Palestiniens. La #prolétarisation de la paysannerie palestinienne s’étendit encore lors de l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en 1967. Cette nouvelle vague d’accumulation primitive ne se fit pas sous la seule forme de l’accaparement des #terres. Elle entraîna aussi le contrôle autoritaire des réserves d’#eau de la Cisjordanie par le capital israélien par exemple.

    Après la guerre de 1967, l’Etat israélien se retrouvait non seulement encore entouré d’Etats arabes hostiles, mais aussi dans l’obligation de contrôler la population palestinienne des territoires occupés. Un tiers de la population contrôlée par l’Etat israélien était alors palestinienne. Face à ces menaces internes et externes, la survie permanente de l’Etat sioniste exigeait l’unité de tous les Juifs israéliens, occidentaux et orientaux. Mais unir tous les Juifs derrière l’Etat israélien supposait l’intégration des #Juifs_orientaux, auparavant exclus, au sein d’une vaste colonie de travail sioniste. La politique consistant à établir des colonies juives dans les territoires occupés est un élément important de l’extension de la #colonisation_travailliste sioniste pour inclure les Juifs orientaux auparavant exclus. Bien entendu, le but immédiat de l’installation des #colonies était de consolider le contrôle d’Israël sur les #territoires_occupés. Cependant, la politique de colonisation offrait aussi aux franges pauvres de la #classe_ouvrière_juive un logement et des emplois qui leur permettaient d’échapper à leur position subordonnée en Israël proprement dit. Ceci ne s’est pas fait sans résistance dans la classe ouvrière Israélienne, certain s’y opposaient comme les #Panthéres_noire_israélienne mais l’#Histadrout,« #syndicat » d’Etat et employeur important s’efforçait d’étouffer les luttes de la classe ouvrière israélienne, comme par exemple les violents piquets de grève des cantonniers.

    En 1987, ce sont les habitants du #camp_de_réfugiés de Jabalya à Gaza qui furent à l’origine de l’#Intifada, et non l’#OLP (Organisation de Libération de la Palestine) composé par la bourgeoisie Palestinienne, basée en Tunisie et complètement surprise. Comme plus tard en 2000 avec la seconde intifada, ce fut une réaction de masse spontanée au meurtre de travailleurs palestiniens. A long terme, l’Intifada a permis de parvenir à la réhabilitation diplomatique de l’OLP. Après tout, l’OLP pourrait bien être un moindre mal comparée à l’activité autonome du prolétariat. Cependant, la force de négociation de l’OLP dépendait de sa capacité, en tant que « seul représentant légitime du peuple palestinien », à contrôler sa circonscription, ce qui ne pouvait jamais être garanti, surtout alors que sa stratégie de lutte armée s’était révélée infructueuse. Il était donc difficile pour l’OLP de récupérer un soulèvement à l’initiative des prolétaires, peu intéressés par le nationalisme, et qui haïssaient cette bourgeoisie palestinienne presque autant que l’Etat israélien.

    Quand certaines personnes essayèrent d’affirmer leur autorité en prétendant être des leaders de l’Intifada, on raconte qu’un garçon de quatorze ans montra la pierre qu’il tenait et dit : « C’est ça, le leader de l’Intifada. » Les tentatives actuelles de l’Autorité palestinienne pour militariser l’Intifada d’aujourd’hui sont une tactique pour éviter que cette « anarchie » ne se reproduise. L’utilisation répandue des pierres comme armes contre l’armée israélienne signifiait qu’on avait compris que les Etats arabes étaient incapables de vaincre Israël au moyen d’une guerre conventionnelle, sans parler de la « lutte armée » de l’OLP. Le désordre civil « désarmé » rejetait obligatoirement « la logique de guerre de l’Etat » (bien qu’on puisse aussi le considérer comme une réaction à une situation désespérée, dans laquelle mourir en « martyr » pouvait sembler préférable à vivre dans l’enfer de la situation présente). Jusqu’à un certain point, le fait de lancer des pierres déjouait la puissance armée de l’Etat d’Israël.

    D’autres participants appartenaient à des groupes relativement nouveaux, le #Hamas et le #Jihad_Islamique. Pour essayer de mettre en place un contrepoids à l’OLP, Israël avait encouragé la croissance de la confrérie musulmane au début des années 1980. La confrérie ayant fait preuve de ses sentiments anti-classe ouvrière en brûlant une bibliothèque qu’elle jugeait être un » foyer communiste « , Israël commença à leur fournir des armes.

    D’abord connus comme les « accords Gaza-Jéricho », les accords d’Oslo fit de l’OLP l’autorité palestinienne. Le Hamas a su exploiter ce mécontentement tout en s’adaptant et en faisant des compromis. Ayant rejeté les accords d’Oslo, il avait boycotté les premières élections palestiniennes issues de ces accords en 1996. Ce n’est plus le cas désormais. Comme tous les partis nationalistes, le Hamas avec son discours religieux n’a nullement l’intention de donner le pouvoir au peuple, avec ou sans les apparences de la démocratie bourgeoise. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de profondément commun entre ce mouvement et l’OLP dans toutes ses composantes : la mise en place d’un appareil politico-militaire qui se construit au cours de la lutte, au nom du peuple mais clairement au-dessus de lui dès qu’il s’agit de prendre puis d’exercer le pouvoir. Après plusieurs années au gouvernement, le crédit du Hamas est probablement et selon toute apparence bien entamé, sans que personne non plus n’ait envie de revenir dans les bras du Fatah (branche militaire de l’OLP). C’est semble-t-il le scepticisme, voire tout simplement le désespoir et le repli sur soi, qui semblent l’emporter chaque jour un peu plus au sein de la population.

    Le sionisme, un colonialisme comme les autres ?

    Dans cette situation, la question de déterminer les frontières de ce qui délimiterait un État israélien « légitime » est oiseuse, tant il est simplement impossible : la logique de l’accaparement des territoires apparaît inséparable de son existence en tant qu’État-nation. S’interroger dans quelle mesure l’État israélien est plus ou moins « légitime » par rapport à quelque autre État, signifie simplement ignorer comment se constituent toujours les États-nations en tant qu’espaces homogènes.

    Pour comprendre la situation actuelle il faut appréhender la restructuration générale des rapports de classes à partir des années 1970. Parallèlement aux deux « crises pétrolières » de 1973-74 et 1978-80, à la fin du #nationalisme_arabe et l’ascension de l’#islamisme, la structure économique et sociale de l’État d’Israël change radicalement. Le #sionisme, dans son strict sens, fut la protection et la sauvegarde du « travail juif », soit pour le capital israélien, contre la concurrence internationale, soit pour la classe ouvrière contre les prolétaires palestiniens : ce fut en somme, un « compromis fordiste » post-1945, d’enracinement d’une fraction du capital dans dans un État-nation. Le sionisme impliquait qu’il donne alors à l’État et à la société civile une marque de « gauche » dans ce compromis interclassiste et nationaliste. C’est ce compromis que le Likoud a progressivement liquidé ne pouvant plus garantir le même niveau de vie au plus pauvres. Pourtant la définition d’Israël comme « État sioniste » résiste. Agiter des mots comme « sioniste », « lobby », etc. – consciemment ou pas – sert à charger l’existence d’Israël d’une aire d’intrigue, de mystère, de conspiration, d’exceptionnalité, dont il n’est pas difficile de saisir le message subliminal : les Israéliens, c’est-à-dire les Juifs, ne sont pas comme les autres. Alors que le seul secret qu’il y a dans toute cette histoire, c’est le mouvement du capital que peu regardent en face. La concurrence généralisé, qui oppose entre eux « ceux d’en haut » et aussi « ceux d’en bas ». L’aggravation de la situation du prolétariat israélien et la quart-mondialisation du prolétariat palestinien appartiennent bien aux mêmes mutations du capitalisme israélien, mais cela ne nous donne pour autant les conditions de la moindre « solidarité » entre les deux, bien au contraire. Pour le prolétaire israélien, le Palestinien au bas salaire est un danger social et de plus en plus physique, pour le prolétaire palestinien les avantages que l’Israélien peut conserver reposent sur son exploitation, sa relégation accrue et l’accaparement des territoires ».

    La #solidarité est devenue un acte libéral, de conscience, qui se déroule entièrement dans le for intérieur de l’individu. Nous aurons tout au plus quelques slogans, une manifestation, peut-être un tract, deux insultes à un flic… et puis tout le monde rentre chez soi. Splendeur et misère du militantisme. Entre temps, la guerre – traditionnelle ou asymétrique – se fait avec les armes, et la bonne question à se poser est la suivante : d’où viennent-elles ? Qui les paye ? Il fut un temps, les lance-roquettes Katioucha arrivaient avec le « Vent d’Est ». Aujourd’hui, pour les Qassam, il faut dire merci à la #Syrie et à l’#Iran. Il fut un temps où l’on pouvait croire que la Révolution Palestinienne allait enflammer le Tiers Monde et, de là, le monde entier. En réalité le sort des Palestiniens se décidait ailleurs, et ils servirent de chair à canon à l’intérieur des équilibres de la #Guerre_Froide. Réalité et mythe de la « solidarité internationale ».

    Nous savons trop bien comment la #religion peut être « le soupir de la créature opprimée, le sentiment d’un monde sans cœur » (Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel). Mais cette généralité vaut en Palestine, en Italie comme partout ailleurs. Dans le Proche et Moyen-Orient, comme dans la plupart des pays arabes du bassin méditerranéen, l’islamisme n’est pas une idéologie tombée du ciel, elle correspond à l’évolution des luttes entre les classes dans cette zone, à la fin des nationalisme arabe et la nécessité de l’appareil d’état pour assurer l’accumulation capitaliste. Le minimum, je n’ose même pas dire de solidarité, mais de respect pour les prolétaires palestiniens et israeliens, nous impose tout d’abord d’être lucides et sans illusions sur la situation actuelle ; de ne pas considérer le prolétariat palestinien comme des abrutis qui se feraient embobiner par le Hamas ni comme des saints investi par le Mandat du Ciel Prolétarien ; de ne pas considérer le prolétariat israélien comme des abruti qui serait simplement rempli de haine envers les palestinien ni comme des saint dont la situation ne repose pas sur l’exploitation d’autres. L’#antisionisme est une impasse, tout comme l’#antimondialisme (défense du #capital_national contre le capital mondialisé), ou toutes les propositions de gestion alternative du capital, qui font parties du déroulement ordinaire de la lutte des classe sans jamais abolir les classes. Sans pour autant tomber dans un appel à la révolution globale immédiate pour seule solution, il nous faut partir de la réalité concrètes et des divisions existantes du mode de production, pour s’y attaquer. Le communisme n’est pas le fruit d’un choix, c’est un mouvement historique. C’est avec cette approche que nous cherchons à affronter cette question. Il en reste pas moins que désormais – à force de réfléchir a partir de catégories bourgeoises comme « le droit », « la justice » et « le peuple » – il n’est pas seulement difficile d’imaginer une quelconque solution, mais il est devenu quasi impossible de dire des choses sensées à cet égard.

    (version partiellement corrigée de ses erreurs typo et orthographe par moi)

  • 21 février 1965 : l’assassinat de Malcolm X
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2010/02/24/etats-unis-21-fevrier-1965-lassassinat-de-malcolm-x_21794.ht (#archiveLO, 24 février 2010)

    Le 21 février 1965, #Malcolm_X prenait la parole dans un meeting à New York lorsque trois #Afro-Américains tirèrent sur lui. On soupçonna les Black Muslims, l’organisation politico-religieuse dont il avait été le porte-parole le plus en vue avant sa rupture un an avant. Mais les #Musulmans_noirs n’étaient pas les seuls en conflit avec lui. Différentes branches de l’appareil d’État américain, des politiciens, le #FBI, la #CIA, des organisations d’#extrême_droite ne pouvaient que souhaiter réduire au silence la voix qui exprimait alors le plus fortement la radicalisation en cours des #Noirs_américains.

    Malcolm X, né Malcolm Little, mort ainsi assassiné à 39 ans, venait de loin. Son père avait été tué par des racistes du #Ku_Klux_Klan quand il avait cinq ans. Ce fut ensuite la maison de correction, les petits boulots, la drogue, l’alcool, le jeu, les cambriolages et la #prison. C’est là qu’il découvrit les Black Muslims, un mouvement en plein développement qui l’aida à rompre avec l’individualisme acquis dans les bas-fonds et qui, comme l’avaient fait d’autres mouvements nationalistes noirs du passé des États-Unis, allait lui faire entrevoir la possibilité d’une lutte collective pour la libération des Noirs d’Amérique.

    Malcolm devint, douze ans de suite, l’un des principaux orateurs de ce mouvement sous le nom de Malcolm X. À son nom d’esclave de Little, il préférait désormais « X », le nom inconnu de la famille africaine dont il était issu. Mais après sa rupture avec les #Black_Muslims en 1964, ses idées continuèrent d’évoluer. Prenant conscience que les idées prônées par les Muslims étaient devenues un frein à la lutte des Noirs américains, il rompit avec leur orientation religieuse pour se rapprocher d’un islam plus traditionnel, mais surtout il sépara désormais ses activités religieuses et politiques, fondant d’un côté une mosquée et de l’autre une organisation politique à caractère tiers-mondiste, l’Unité afro-américaine.

    S’opposant à la non-violence prônée par #Martin_Luther_King, Malcolm X proposait aux Noirs américains de rendre coup pour coup à la violence raciste. Cela coïncidait avec l’évolution du mouvement noir depuis 1963. De plus en plus de Noirs manifestaient leur volonté de ne plus tendre l’autre joue comme le proposait l’aile modérée animée par des congrégations religieuses chrétiennes. Par exemple, à Monroe, des militants noirs mirent sur pied des groupes de défense armés pour se protéger des Blancs racistes.

    Malcolm X avait été formé dans une #organisation_nationaliste qui affirmait à la fois que seul le Noir comptait et qu’il fallait rompre tout lien avec les Blancs. Il commença cependant à envisager non seulement de relier, dans un esprit tiers-mondiste, la lutte des Noirs américains à celle des autres peuples du monde, mais aussi de travailler avec des organisations d’extrême gauche, pourtant majoritairement blanches. À la tête d’une minuscule organisation qu’il avait du mal à faire vivre, Malcolm X allait rester, jusqu’à sa mort, le porte-voix des Noirs américains les plus combatifs, ceux qui à partir de l’été 1964 allaient se soulever dans les ghettos, affrontant, chaque été jusqu’en 1968, la police et parfois l’armée.

    L’assassinat de Malcom X ne suffit pas à stopper la radicalisation du mouvement noir. Son exemple et ses écrits inspirèrent d’abord les partisans du #Pouvoir_Noir, un groupe animé par #Stokely_Carmichael et #Rap_Brown, qui dénonçaient eux aussi le pacifisme de Martin Luther King et mettaient en avant la nécessité de la violence pour imposer les exigences du « pouvoir noir ». Malcolm X fut aussi revendiqué par le Parti des #Panthères_Noires de #Bobby_Seale, #Huey_Newton et #Eldridge_Cleaver qui, dans les années soixante-dix, franchirent une nouvelle étape en mettant sur pied leurs groupes armés destinés à protéger la population noire des ghettos des exactions de la police raciste ; un mouvement que l’État américain allait frapper avec la plus extrême violence, y compris en assassinant ses militants comme ses dirigeants.

    Malgré un #radicalisme réel, Malcolm X conserva jusqu’à la fin, à côté de préjugés religieux, des illusions sur ce que représentaient les dirigeants des pays ayant acquis récemment leur indépendance notamment en Afrique. Et aux États-Unis, il se cantonna sur le terrain de la lutte pour les #droits_démocratiques.

    Pendant vingt ans, de 1955 à 1975, la révolte des Noirs américains représenta une immense force émancipatrice. Dans le Nord des États-Unis, la majorité d’entre eux appartenaient au monde ouvrier, pourtant aucune des organisations noires importantes, aucune personnalité marquante, et Malcolm X comme les autres, ne chercha sérieusement à placer la lutte des opprimés noirs sur le terrain du prolétariat et de la lutte pour renverser le monde capitaliste.

    C’était pourtant la seule perspective qui aurait pu permettre que ce mouvement ne débouche finalement que sur l’accès aux responsabilités d’une partie de la petite et moyenne bourgeoisie noire, mais qu’il ouvre la voie à la libération de toutes les classes opprimées, non seulement aux États-Unis mais dans le monde entier.

    #assassinat #États-Unis #racisme #éphéméride

  • #Daniel_Guérin #anarchisme #Communisme-libertaire #autogestion #émancipation #écologie #antimilitarisme #anticléricalisme #fédéralisme_libertaire #feminisme #antiétatisme #anticapitalisme #antifascisme #internationalisme...

    ★ UN LONG PARCOURS VERS LE COMMUNISME LIBERTAIRE...

    "Il n’est peut-être pas d’autre exemple, dans le monde politique, d’une vie aussi complexe et foisonnante que celle de notre Daniel Guérin. Que l’on ne s’attende pas à un panégyrique mais à une relation difficile d’une aventure tumultueuse, non exempte de contradictions, de reculs et retours en arrière se combinant avec des avancées hasardeuses parfois. Une vie exceptionnelle se construisant autour de ce qu’il a appelé lui-même la « recherche » du communisme libertaire. Nous serons amenés à faire passer au second plan un certain nombre d’aspects de la personnalité et du trajet de Daniel Guérin pour nous en tenir essentiellement au parcours politique (...)"

    https://www.socialisme-libertaire.fr/2015/07/un-long-parcours-vers-le-communisme-libertaire.html

    • Daniel Guérin militait activement dans les groupes antimilitaristes. Il était à nos côtés quand notre groupe d’objecteurs insoumis (OP20) est passé en procès, en 1980, après avoir occupé le conseil d’État.

      Vu le profil de nos « témoins de moralité », ce procès prenait des allures de festival anarchiste : May Picqueray, Maurice Laisant, un syndicaliste de la CNT (il n’y en avait qu’une à l’époque) et un ancien prisonnier, ayant été embrigadé par l’OAS, dans sa jeunesse, ce qui lui valu de passer plusieurs années en prison et de faire un cheminement impressionnant vers les idées libertaires.

      Seule intervention, pour tempérer, fort subtilement, cet unanimisme antiautoritaire : Pierre Halbwachs, qui était venu témoigner, avec beaucoup de persuasion, à la demande de Daniel Guérin. Nous avions demandé à Daniel de passer à la barre mais il avait laissé sa place à son copain « marxiste » (plus exactement, « marxiste », tel que Pierre Halbwachs nous apparaissait alors).

      La transformation du procès en tribune militante ne nous a pas trop desservi : 4 mois avec sursis (nous étions quand même accusés d’avoir séquestré des magistrats du conseil d’État).

    • Les écrits de Daniel Guérin sont la plupart des références car ils servent à la formation des militants qui se placent sur le terrain de la classe ouvrière et des idées révolutionnaires.

      Petite sélection parmi une quarantaine de bouquins :

      – ouvrages indispensables pour qui veut comprendre les causes du fascisme et lutter contre : La #peste_brune , récit de ses voyages en Allemagne + #Fascisme et Grand Capital (1936), qui analyse d’un point de vue marxiste le phénomène fasciste aussi bien en Italie qu’en #Allemagne. #nazisme #lutte_de_classe

      – pour comprendre le problème de l’oppression des Noirs aux #États-Unis et leurs luttes : Où va le peuple américain + De l’Oncle Tom aux #Panthères_Noires (réédité ici :
      https://www.lesbonscaracteres.com/livre/de-loncle-tom-aux-pantheres-noires) #racisme

      La lutte de classes sous la Première République , véritable œuvre historique qui retrace de façon saisissante l’activité des masses populaires pendant la #Révolution_française (son condensé : Bourgeois et bras-nus : Guerre sociale durant la Révolution française, 1793-1795)

      Pour compléter ce fil biographique, ce texte d’Anne Guérin : Les ruptures de Daniel Guérin
      https://www.lesbonscaracteres.com/sites/default/files/les_ruptures_de_daniel_guérin_0.pdf

  • Panthère Première » Autonomie électrique, le rêve d’une reconnexion
    https://pantherepremiere.org/texte/autonomie-electrique-le-reve-dune-reconnexion

    Alors que les réseaux électriques qui structurent le monde sont largement invisibles, la chercheuse Fanny Lopez nous invite à plonger dans l’histoire de l’« ordre électrique », centralisé et uniformisé à l’extrême, pour envisager une pluralité de modèles et inverser la perspective : partir du bas, maîtriser la technique, repenser le politique via la réappropriation de la ressource énergétique.

    Enseignante-chercheuse dont les travaux se situent au croisement de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme, des techniques et de l’environnement, Fanny Lopez est l’autrice de deux ouvrages consacrés à l’autonomie énergétique. Dans Le Rêve d’une déconnexion, de la maison autonome à la cité auto-énergétique (éditions de la Villette, 2014), elle dresse la généalogie des projets architecturaux qui, au cours de l’histoire, ont intégré cette dimension autonomiste alors que la connexion aux grands réseaux électriques faisait (et fait) œuvre de modèle. Puis elle retrace, dans L’ordre électrique : infrastructures énergétiques et territoires (MétisPresses, 2019), l’histoire matérielle de l’électrification des territoires tout en s’intéressant, grâce à de nombreux exemples puisés en Europe et aux États-Unis, aux enjeux de la relocalisation des ressources en énergie. Traversant son travail de bout en bout, une question : comment les projets locaux d’autonomie énergétique peuvent-ils s’articuler avec des revendications d’autonomie politique ? Discussion.

    PS : En septembre 2022, Fanny Lopez a sorti un nouveau livre, À bout de flux, chez Divergences, qui explore la matérialité de la machine et des câbles du numérique et des objets connectés. Et on adore !

    #électricité #énergie #gestion_des_flux #Fanny_Lopez #Panthère_Première

    • Depuis une quinzaine d’années, la coopérative est devenue une forme privilégiée et leur nombre a explosé en zone rurale, urbaine ou périphérique notamment en Europe mais aussi aux États-Unis. Pour la ville, on pourrait citer l’exemple de Co-op City dans le Bronx, un quartier du nord-est de la ville de New York. Co-op City, c’est une coopérative d’habitant·es qui gère, en lien avec le bailleur et soutenue par des financements publics, l’un des plus grands micro-réseaux à usage résidentiel au monde. Les deux turbines à gaz de l’installation électrique, qui produisent 38 MW, permettent de produire de l’électricité à moindre coût pour les résident·es (dont les factures ont baissé) et de vendre de l’électricité excédentaire au grand réseau électrique, même si c’est un bras de fer avec l’opérateur historique5. Les fonds générés par la vente d’électricité permettent de rembourser les prêts liés à la réalisation du projet et d’investir dans d’autres projets collectifs dans le quartier. L’autonomie électrique de Co-op City avoisine aujourd’hui les 90 %. La coopérative prévoit d’ajouter 5 MW de capacité solaire photovoltaïque et une station d’épuration pour convertir les eaux usées en eaux grises. Il y a aussi l’idée de méthaniser une partie des déchets fermentescibles pour transformer la centrale de cogénération gaz en centrale biomasse6. Ici, l’exemple est intéressant parce que c’est une communauté d’habitant·es qui s’est structurée en coopérative pour récupérer la plus-value financière : les bénéfices vont à la communauté. Car relocaliser l’énergie, c’est aussi relocaliser des flux économiques.

      #coopérative #micro-centrale #relocalisation #décentralisation

    • La notion de technologie accessible renvoie à celle de technologie démocratique dont on parlait avec Mumford. Dans mes deux ouvrages, une bonne partie des exemples passe par des « technologies » manipulables, maîtrisables, conviviales. Sous-entendu, si le micro-éolien tombe en panne, la coopérative sait le réparer. En fonction de l’échelle ou de la technologie, soit la tendance est low-tech15, et les solutions techniques sont facilement appropriables, soit la communauté s’appuie sur une société de gestion énergétique (comme Coop-city) qui emploie des gens dont la maintenance et la réparation sont le métier. Dans son anthropologie des projets d’autonomie énergétique, Laure Dobigny montre que quand les habitant·es se sentent copropriétaires et responsables d’une partie de l’infrastructure énergétique qu’ils et elles utilisent, mais aussi des espaces communs collectivement investis, des changements de comportement et d’usages sont observés, au premier rang desquels une baisse de la consommation.

      #autonomie #low-tech #décroissance #Lewis_Mumford #Ivan_Illich #convivialité #outil_convivial

  • #Rampokan

    Rampokan est une bande dessinée du dessinateur néerlandais #Peter_van_Dongen qui se compose de deux parties, #Rampokan_Java, publiée en 1998 et dans sa traduction française en 2003, et #Rampokan_Célèbes publiée en 2004 et dans sa traduction française en 2005.

    Le titre est tiré d’une #cérémonie_traditionnelle javanaise, le #rampokan_macan, sorte de #rituel destiné à exorciser les méfaits causés par une #panthère ou un #tigre. Le rampokan fut interdit par les autorités coloniales des Indes néerlandaises en 1905.

    Rampokan appartient au courant dit de la « ligne claire » (Klare lijn en néerlandais)


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rampokan
    #BD #bande_dessinée #Java #exorcisme #interdiction #colonialisme #Pays-Bas #colonisation #Indonésie
    cc @albertocampiphoto

  • La revue Panthère Première : « Panthère Première est née de l’envie de faire une #revue généraliste et féministe en #non-mixité » – DIACRITIK
    https://diacritik.com/2017/11/08/la-revue-panthere-premiere-panthere-premiere-est-nee-de-lenvie-de-faire-u

    En prélude au 27e Salon de la Revue qui se tiendra le 11 et 12 novembre, Diacritik, partenaire de l’événement, est allé à la rencontre de jeunes revues qui y seront présentes et qui, aussi vives que puissantes, renouvellent en profondeur le paysage littéraire. Aujourd’hui, entretien avec le collectif #Panthère_Première, pour leur épatante revue.

    Panthère Première est née de l’envie de faire une revue généraliste et féministe en non-mixité. Le collectif de la revue est composée par une dizaine de femmes dont une partie a travaillé ou travaille au sein d’autres revues de critique sociale. L’idée d’utiliser le moyen de la non-mixité pour fabriquer cette revue vient d’un constat tristement banal, et tristement structurel : y compris dans les milieux qui se disent sensibles à ces questions, y compris dans les milieux militants, la répartition des tâches reste très genrée – on trouve plus de femmes que d’homme pour exécuter les tâches invisibles (traduction, édition, correction, tâches administratives…) et beaucoup plus d’hommes que de femmes quand il s’agit d’écrire, de partir enquêter, de signer un papier, d’être publié en somme.

    Et c’est là pour avoir toutes les infos sur le salon...
    https://www.entrevues.org/actualites/27e-salon-de-revue-dores-deja

    • Merci pour le rappel : bloquer le troll. Et ne pas relire son intervention dans l’espoir qu’elle ait un sens qu’on aurait loupé la première fois.

      Panthère Première est une expérience éditoriale en non-mixité qui part de l’expérience de pas mal d’entre nous d’une répartition des tâches genrée, jusque dans les milieux qui se disent anti-sexistes. Ce sont les femmes le plus souvent qui ont la gentillesse de prendre en charge des tâches chiantes, tandis que les hommes écrivent et font écrire d’autres hommes, très majoritairement. Je me souviens d’un dossier sur les sorcières coordonné par un gars avec l’interview d’une femme et cinq ou six articles d’hommes, y compris un type qui se prétendait « sorcière », belle #appropriation_culturelle. Pourquoi est-ce que des hommes publient prioritairement d’autres hommes ? Effet de notoriété (on demande aux mêmes personnes d’écrire les mêmes choses) qui reproduit l’existant, sollicitation qui s’arrête au premier « J’ai peur de m’engager » et ne cherche aucun arrangement avec les disponibilités de la contributrice ou, pour celles qui ne sont pas sûres que le monde attende leur prose, avec ses scrupules ou hésitations (#syndrome_de_l'imposteur), et tout bêtement entre-soi, si ce sont les hommes qui sont déjà les plus nombreux dans les comités de rédaction.

      Et pourquoi les hommes sont plus nombreux dans les rédactions ? Pour avoir monté un tel groupe qui a fini par être très masculin, je me souviens que les femmes que j’avais sollicitées avaient pour la plupart d’entre elles mis en avant leur manque de compétences ou leur faible disponibilité et qu’au final, ça nous avait privé d’elles mais pas d’un tas de gars incompétents et indisponibles, qui ne prenaient jamais la peine de se désavouer quand ils ne pouvaient pas assurer et préféraient se faire relancer (donc se sentir importants) moultes fois plutôt que de céder à un·e autre mieux placé· un mandat dont ils s’étaient chargés de manière inconséquente. L’une d’elles avait accepté mais était partie parce que l’ambiance était dégueulasse, l’humour moqueur, le manque d’égards constant... Je dois avoir les pires expériences de la bande à cet égard, parce que j’étais tombée sur de vraiment sales bonhommes, mais dans les autres revues les structures sont assez similaires c’est le sexisme ambiant), plus ou moins atténuées par la bonne volonté, la décence ou l’intelligence humaine des camarades. Dans tous les cas, l’hostilité vis-à-vis de ce qui est pour nous un expérience et ne signe aucune rupture avec les revues mixtes dont nous sommes toujours membres (Z, Jef Klak entre autres) est assez étonnante. Mais heureusement très minoritaire !

      Panthère Première ne refuse pas les contributions des hommes mais quand on fait l’effort de solliciter des femmes, on découvre qu’il y en a plein qui ont plein de choses à dire (l’université et les mouvements militants sont mixtes, et les femmes sont des personnes comme les autres, alors automatiquement...). Moralité : un peu de volontarisme peut faire céder les constats les plus pessimistes.

  • Panthère Première, numéro 1, automne 2017, 100 pages
    Panthère Première dans La Voix sans maître

    Vendredi 3 novembre, l’équipe de La Voix sans maître recevait Aude et Judith d’une nouvelle revue baptisée Panthère Première !


    Dans ce premier numéro, alors que les pelles mortes se ramassent à la feuille et que le duende andalou s’invite dans nos pages, on sortira des marins du grand bleu et de l’oubli, on suivra des contrebandières dans les ressacs de la chute du bloc soviétique, on marquera un arrêt dans la salle télé d’un HP, on éprouvera le dilemme de femmes prises en étau entre féminisme blanc et anti-racisme viril, on servira le déni au dîner le temps d’un dimanche familial et fleuri, on coupera la chique à ceux qui tranchent les vulves pendant les accouchements, on écoutera les témoignages des récents massacres mexicains, on s’attardera en images sur la guerre Iran-Irak, on mangera des broussailles par la racine, on chantera ensemble, main dans la main, « Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime... ! » et le moment venu – roulements de tambour et lever de rideau – on pénétrera dans QUIPROCLASH, l’univers des paroles déplacées à la sauce Panthère, celui des langues déliées et des langues mordues, et il y en aura pour tout le monde, petit·es et grand·es, esclaves sous l’Inquisition, psychanalystes et dissident·es chinois·es !

    La Voix sans maître, tous les ven­dre­dis de 20h à 21h sur Radio Campus (106.6 MHz) ou sur http://www.campuslille.com/index.php
Contact : lavoix­sans­mai­tre[at]her­bes­fol­les.org

    #féminisme #audio #radio #radio_campus_lille