• Les parcours des usagers de la Sécurité sociale rapport de l’IGAS | vie-publique.fr
    https://www.vie-publique.fr/rapport/298095-les-parcours-des-usagers-de-la-securite-sociale-rapport-de-ligas

    Se mettre dans les pas de l’usager, telle est l’une des nouvelles ambitions de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans la conduite de ses travaux relatifs aux politiques sociales. Ainsi, pour la première fois, l’Igas a évalué différents « #parcours » proposés par la #Sécurité_sociale aux usagers. Objectifs : simplifier et favoriser l’accès de tous à leurs droits.

    En complément d’autres méthodes d’évaluation, l’Igas s’est penchée sur cinq parcours déjà en place, qui correspondent à des événements importants de la vie de près de 4 millions de personnes chaque année : la naissance d’un enfant, une séparation, le passage à la #retraite de certaines populations, l’accès à la majorité de jeunes pris en charge par l’#aide_sociale_à_l'enfance et la création d’une entreprise pour un travailleur indépendant. En croisant plusieurs méthodes d’évaluation, l’Igas s’est attachée à recueillir la parole des usagers à travers de nombreux entretiens individuels et d’ateliers collectifs, animés avec un expert du parcours utilisateur, mais aussi en appliquant, avec l’appui de son pôle data, des techniques économétriques pour évaluer l’impact du parcours proposé aux créateurs d’entreprise.

    Je pose ça là pour mémoire. Pas encore lu. On se doit d’étudier les « trajectoires de vie », donc les événements et les transitions entre diverses dépendances à des droits sociaux, et les ruptures de droit qui les grèvent (les « usagers » ne sont pas tout fait des « ayant-droits », c’est ballot).

    #droits_sociaux #accès_aux_droits #ALD AAH #caisses_sociales #étrangers

    • 1 LE PARCOURS USAGERS : UNE NOTION RELATIVEMENT RECENTE, AUX CONTOURS VARIABLES ET AUX USAGES DISPARATES QUI A BESOIN D’UNE DEFINITION CLAIRE ET PARTAGEE POUR TROUVER SA PLACE DANS LA RELATION USAGERS

      1.1 LA RELATION AVEC LES USAGERS : UN ENJEU CENTRAL DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE, DES MODALITES DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIEES
      1.1.1 La #relation_avec_les_usagers et la qualité de service figurent au premier rang des orientations stratégiques des organismes de sécurité sociale
      1.1.2 L’enrichissement de la relation avec les usagers s’appuie sur une diversification de ses modalités et sur le renforcement des partenariats

      1.2 L’EMERGENCE DES PARCOURS USAGERS DANS LES POLITIQUES PUBLIQUES TRADUIT UNE ATTENTION A L’USAGER ET A LA PRISE EN COMPTE DE SES ATTENTES
      1.2.1 La notion de #parcours_usagers s’inspire de l’expérience client (sic !) et des pratiques de l’#accompagnement_social
      1.2.2 La notion de parcours usagers est présente dans diverses politiques publiques interministérielles et chez d’autres opérateurs
      1.2.3 Les prémices des parcours usagers sont présents dans les conventions d’objectifs et de gestion à compter de la fin des années 2000

      1.3 L’UTILISATION HETEROGENE DU TERME PARCOURS NECESSITE UNE CLARIFICATION CONCEPTUELLE POUR LUI ASSURER UNE VERITABLE PLUS-VALUE
      1.3.1 Les COG en vigueur ambitionnent de développer de nouveaux parcours sans définition commune ni articulation avec les autres modalités de la #relation_de_service
      1.3.2 La cartographie des parcours établie par la mission montre un déploiement encore limité et hétérogène
      1.3.3 La mission propose un socle d’éléments constitutifs des parcours usagers des organismes de sécurité sociale

      2 L’USAGER DOIT ETRE AU COEUR DE PARCOURS MIEUX PRIORISES ET PENSES DANS UNE LOGIQUE D’UNIVERSALISME PROPORTIONNE

      2.1 LES OBJECTIFS PRIMORDIAUX DES PARCOURS DOIVENT ETRE CENTRES SUR LES USAGERS
      2.1.1 Le parcours peut être un accélérateur d’une meilleure prise en compte des usagers par un changement de posture des caisses
      2.1.2 Des objectifs plus secondaires d’amélioration du fonctionnement des caisses

      2.2 DES PARCOURS EXISTANTS A CONSOLIDER PRIORITAIREMENT ET DE NOUVEAUX PARCOURS A IDENTIFIER DE MANIERE SELECTIVE
      2.2.1 La consolidation des parcours existants
      2.2.2 Le développement en nombre limité de nouveaux parcours

      2.3 DES PARCOURS PENSES POUR TOUS ET ADAPTABLES AUX BESOINS SPECIFIQUES DE CHAQUE USAGER

      3 LA CONCEPTION ET LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS NECESSITENT UNE FEUILLE DE ROUTE NATIONALE ET DE LA METHODE

      3.1 DEFINITION, CONCEPTION ET MISE EN OEUVRE DES PARCOURS USAGERS : INSTAURER UN PILOTAGE EN INTERBRANCHE
      3.1.1 Un pilotage et une coordination insuffisamment organisés au sein de la sécurité sociale malgré des initiatives prometteuses
      3.1.2 Conforter le rôle pivot de la direction de la sécurité sociale et l’articulation avec les priorités interministérielles en s’appuyant sur une instance nationale de #pilotage_des_parcours

      3.2 ELABORER ET METTRE EN OEUVRE UNE METHODOLOGIE DE CONCEPTION DES PARCOURS COMMUNE AUX ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE

      4 LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS, POUR EN TIRER TOUS LES BENEFICES, NECESSITE DES OUTILS PERFORMANTS ET UN INVESTISSEMENT DANS LA MOBILISATION DES ACTEURS

      4.1 UTILISER LES PARCOURS USAGERS COMME LEVIERS D’INNOVATION ET DE TRANSFORMATION DES CAISSES EN PRENANT EN CONSIDERATION LES COUTS ASSOCIES
      4.1.1 Mieux apprécier les coûts et les gains associés aux parcours dès leur conception
      4.1.2 Penser l’organisation des caisses pour répondre aux besoins des usagers des parcours
      4.1.3 Mobiliser les agents des caisses et accompagner leur montée en compétences
      4.1.4 Développer et approfondir les collaborations avec les partenaires, dont les espaces #France_services

      4.2 FACILITER LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS PAR DES OUTILS PERFORMANTS ET COLLABORATIFS
      4.2.1 Construire un socle technique en interbranche : des outils de relation usagers en omnicanal et d’exploitation des #données au bénéfice des usagers
      4.2.2 Concevoir des outils de pilotage et de gestion propres aux parcours et les inscrire dans des trajectoires de personnalisation des parcours
      4.2.3 Ne pas négliger les outils de collaboration quotidienne des agents des caisses

      4.3 MOBILISER LES USAGERS A TOUTES LES ETAPES DU PARCOURS, JUSQU’A SON EVALUATION
      4.3.1 Développer une méthodologie commune d’écoute usagers
      4.3.2 Mettre en place des dispositifs d’évaluation proportionnés aux enjeux de chaque parcours

      LISTE DES ANNEXES
      1. Méthodologie
      2. Etat des lieux des parcours des organismes de sécurité sociale : résultats de l’enquête auprès des caisses locales
      3. Repères sur le recours à la notion de parcours usagers au niveau international
      4. La relation usagers et les parcours de la branche famille. L’exemple du parcours "Séparation"
      5. La relation usagers et les parcours de la branche maladie. L’exemple du parcours coordonné « Arrivée de l’enfant » des branches famille et maladie
      6. La relation usagers et les parcours de la branche recouvrement. L’exemple du parcours « Création d’entreprise »
      7. La relation usagers et les parcours de la branche vieillesse. Les exemples de deux situations complexes du parcours "Passage à la retraite"
      8. Le parcours "Passage à la majorité des jeunes de l’aide sociale à l’enfance" des Caf et Cpam du Lot
      9. Evaluation des effets du parcours "Création d’entreprise" à l’aide des données de la branche recouvrement
      10. Ecoute usagers du parcours "Séparation »

  • #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • Après l’extrême solitude du Covid-19, le rebond des étudiants étrangers restés en France : « La crise m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/03/27/apres-l-extreme-solitude-du-covid-19-le-rebond-des-etudiants-etrangers-reste

    Après l’extrême solitude du Covid-19, le rebond des étudiants étrangers restés en France : « La crise m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas »
    Propos recueillis par Eric Nunès
    Rencontrée dans un jardin de la Cité internationale universitaire de Paris, au printemps 2021, Danielle Monsef Abboud, 25 ans à l’époque, libanaise et diplômée d’AgroParisTech, étouffait. Après plus d’une année de pandémie de Covid-19, la jeune femme se sentait murée par des pans de solitude, d’inaction et de précarité. Empêchée de tout. « J’ai l’impression d’être retenue par un immense élastique, disait-elle. Quand tout cela se terminera, je vais tout arracher ! » Ils étaient environ 350 000 étudiants étrangers à poursuivre un cursus en France, quand, en mars 2020, le premier confinement a été ordonné. Près de la moitié des étudiants français trouvait alors refuge auprès de leur entourage familial, 74 % des étudiants internationaux demeuraient cloîtrés à proximité de leur établissement fermé.
    Près d’un tiers de ces étudiants étrangers ne pouvaient rejoindre leur famille, car celle-ci était trop éloignée, et un quart n’avaient pas les moyens financiers de le faire. Pour d’autres, les frontières de leur pays étaient tout bonnement fermées, relate un rapport de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) de septembre 2020, d’après lequel les étudiants étrangers apparaissent comme les « plus grands perdants de la crise sanitaire ». Certains, rencontrés lors de la pandémie et recontactés cinq ans plus tard, racontent le chemin parcouru. Chacun à sa manière, ils ont, comme Danielle, « tout arraché ».
    A la fin du mois de mars 2020, les « petits boulots » ont quasi disparu, et la plupart ne disposent pas de bourse de leur pays. Les plus « autonomes vis-à-vis de leur famille, dont la situation se caractérise par un éloignement de celle-ci et de l’aide matérielle et financière qu’elle peut apporter, comptent parmi les plus durement affectés par l’épidémie sur le plan économique et psychologique », souligne une étude publiée par la Revue européenne des migrations internationales (REMI), intitulée « Une année perdue ? Le parcours migratoire des étudiants internationaux en France à l’heure de la crise sanitaire », coécrite par les sociologues Evelyne Barthou, Yann Bruna et Emma Lujan. La précarité matérielle des étudiants isolés est telle durant le premier confinement que plus d’un quart d’entre eux n’ont pas mangé à leur faim, rappelle l’OVE.
    Ces étudiants ont donc peu ou pas d’épargne. Le passage d’un mode de vie frugal à une grande détresse se fait en quelques semaines. Quand la pandémie est déclarée, Danielle vient de recevoir le titre d’ingénieure agronome. Dans la poursuite de son stage de fin d’études, elle travaille pour un grand groupe français. La vie qu’elle s’était promise s’évapore. L’emploi espéré et le salaire qui l’accompagne sont repoussés aux calendes grecques.
    Parallèlement, son statut d’étudiante touche à sa fin, ainsi que ses droits à un logement. « Je suis seule, ma carrière qui commençait est stoppée net. Sans revenus, je me retrouve à solliciter Les Restos du cœur pour me nourrir, alors que je participais à leur financement dans le cadre de mon précédent travail. J’ai eu peur de me retrouver à la rue », avoue-t-elle. Pour les étudiants venus en France acquérir les connaissances et les compétences qui leur garantiraient un statut social, le rêve d’ascension sociale s’écroule avec le Covid-19.
    Zagha (le nom a été modifié), Tunisien de 31 ans aujourd’hui, ingénieur dans l’automobile, se souvient de ses nuits d’errance, lors du printemps 2020, sur le campus de Villeneuve-d’Ascq (Nord). Le centre régional des œuvres universitaires et scolaires, le Crous, loue alors des réduits de 9 mètres carrés dans de vieux bâtiments. Dans sa « chambre », l’humidité forme une couche de moisissure autour des fenêtres. Les sanitaires, mixtes et collectifs, sont bouchés ou sales. Enfin, punaises de lit et cafards partagent l’habitat indigne loué 162 euros par mois. « Je marchais dans le campus jusqu’à 4 heures du matin pour repousser au plus loin le moment de rentrer », raconte-t-il.
    Sharon Barragan, une Vénézuélienne aujourd’hui âgée de 28 ans, a, elle, fuit le régime bolivarien, en 2019, dans l’espoir d’une vie meilleure en Argentine. Elle y enchaîne les jobs mal payés, dans la restauration. Harcelée par un patron, elle s’enfuit de nouveau. Cette fois pour la Belgique, où elle décroche un poste d’au pair, à Bruxelles, début 2020. Elle pense avoir trouvé un peu de stabilité, mais, dans un environnement général de psychose, Sharon décide de prendre le métro, alors que sa famille d’accueil lui a interdit de le faire. « Ce jour-là, j’ai eu peur de me faire virer et de me retrouver à la rue, sans rien et totalement seule », témoigne-t-elle. En période de crise, les garde-fous contre la précarité sont ténus pour les plus fragiles. A la rentrée 2020, entre deux confinements, Sharon trouve un nouveau poste d’au pair à Paris et intègre le cursus de licence de danse, à l’université Paris-VIII.
    A une extrême précarité s’ajoute la solitude, pour ces étudiants isolés. Quand arrive la pandémie, ceux qui demeurent sur les campus n’ont plus de cours, plus de travail, plus d’activité extra-académique. Les primo-arrivants font état d’un « sentiment d’isolement bien plus accru que celles et ceux installés depuis plusieurs années, du fait de leur impossibilité de nouer des relations », constatent Evelyne Barthou, Yann Bruna et Emma Lujan, dans REMI. « Je n’avais quasi aucune interaction sociale et l’obligation de rester dans cette chambre avec des cafards », se rappelle Zagha, qui venait d’arriver en France. « Mes amis étaient loin, et je ne voulais surtout pas inquiéter ma famille », poursuit-il.
    Oscar Fiallo, étudiant vénézuélien alors âgé de 22 ans, est arrivé à Paris, début septembre 2020, avec seulement 80 euros en poche, mais le droit d’intégrer l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, dans le cadre d’un double diplôme avec l’université nationale expérimentale de Tachira. A peine installé dans une chambre de la Cité internationale universitaire, il voit arriver le deuxième confinement (30 octobre-15 décembre 2020).
    Il trouve un emploi de nuit dans la restauration rapide, dans la banlieue est de la capitale. Il travaille jusqu’à la fermeture, prend chaque jour un bus de nuit pour rejoindre sa chambre, dort quatre heures et enchaîne, dès 8 heures, ses cours en distanciel. « C’était mentalement et physiquement épuisant, se souvient-il, mais c’était aussi une opportunité. » S’il avait dû suivre les cours en présentiel, l’équation travail-études aurait été impossible. « Le Covid m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas. Je peux faire face à n’importe quelle situation. Je m’adapte, je garde en toute occasion une forme d’optimisme », dit Oscar, 27 ans aujourd’hui et ingénieur dans un grand groupe français d’aéronautique.
    Après l’épreuve de la pandémie, ces anciens étudiants se sont appliqués à créer un environnement qui les protège d’une prochaine crise. Se préparer à affronter le pire en construisant le meilleur, c’est le chemin de Zagha, désormais cadre dans la construction automobile. « Je m’assure de me protéger matériellement et psychologiquement pour n’avoir jamais à revivre une situation pareille », explique-t-il. Si sa situation matérielle est maintenant solide, c’est auprès de sa religion qu’il trouve un réconfort : « Je m’applique à faire de mon mieux pour faire face aux aléas de la vie, mais si le destin en décide autrement, ma foi m’aide à l’accepter. »
    Quant à Danielle, elle a bien arraché l’élastique qui la retenait. L’année qui a freiné le cours de la vie de cette cadre dans une banque d’investissement s’est transformée en une réserve d’énergie supplémentaire : « Je saute sur toutes les occasions qui se présentent. Je profite de chaque instant, car je ne sais pas si je les revivrai. Je veux être actrice de ma vie et ne plus jamais subir. Le Covid m’a forgée, m’a rendue plus forte. »
    Sharon a quitté l’université Paris-VIII pour intégrer celle d’Artois, à Arras, en 2021. Elle devient équipière dans un fast-food : « Dans le pire endroit, j’ai trouvé le meilleur : l’amour. » Elle rencontre Victor, un étudiant en informatique, avec qui elle se marie en mars 2023. Sharon n’a pas terminé son master, elle a trouvé un emploi dans une entreprise de design et poursuit une formation en yoga. Après des années d’insécurité et de pandémie, elle avait, dit-elle, « besoin de stabilité dans un couple, de la chaleur d’un foyer, de fonder une famille ». « Nous aurons des enfants, pour l’instant nous avons un chien ! »

    #Covid-19#migrant#migration#france#etudiant#sante#parcoursmigratoire#santementale#integration

  • La Défenseure des droits s’alarme de « l’ampleur et l’augmentation des #discriminations en France »

    Dans son rapport annuel publié mardi 25 mars, Claire Hédon alerte sur l’ampleur de l’augmentation des discriminations en France, liées à l’origine particulièrement. Elle s’inquiète aussi des conséquences de la dématérialisation des services publics.

    https://www.humanite.fr/societe/claire-hedon/la-defenseure-des-droits-salarme-de-lampleur-et-laugmentation-des-discrimin

    • La Défenseure des droits dénonce les « excès de la dématérialisation mal pensée »
      https://archive.ph/https://www.mediapart.fr/journal/france/250325/la-defenseure-des-droits-denonce-les-exces-de-la-dematerialisation-mal-pense
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      Dans son rapport annuel publié mardi 25 mars, Claire Hédon, la Défenseure des droits, constate une augmentation des discriminations en lien avec l’origine. Elle pointe aussi les difficultés engendrées par les démarches numérisées dans les services publics.

      Claire Claire Hédon est inquiète de la fragilisation des #droits et #libertés à l’œuvre dans la société. « On oublie que les droits sont là pour protéger les personnes et qu’ils nous réunissent pour faire société », déclare la Défenseure des droits lors de la conférence de presse accompagnant la sortie du rapport annuel de l’institution, le 25 mars. Elle souhaite sonner « deux alertes lancinantes » concernant deux phénomènes préoccupants : les discriminations qui ne cessent d’augmenter et les « excès de la dématérialisation mal pensée ».

      En 2024, plus de 141 000 réclamations et demandes d’informations ont été adressées à l’institution. La plateforme de la Défenseure des droits, le 39 28, a connu un « pic d’appels » durant l’été 2024 concernant des propos haineux en raison de l’origine ou de la religion. Une hausse de 53 % a été relevée entre mai et juin 2024. Des chiffres à mettre en parallèle avec le fait qu’en 2020, 18 % de la population de 18 à 49 ans a déclaré être victime de #discrimination, selon l’enquête Trajectoires et origines. Le rapport s’appuie aussi sur l’enquête de victimation menée en 2024 par le ministère de l’intérieur, qui indique une « très forte hausse » de 52 % des faits de discrimination entre 2021 et 2022.

      Alors que les chiffres s’affolent, de manière presque contre-intuitive, les saisines sont, elles, en baisse de 15 %, dit le rapport. Les victimes semblent renoncer à agir, découragées par la procédure ou effrayées par les possibles représailles.
      La Défenseure des droits écrit : « La diminution paradoxale des réclamations que nous avons reçues cette année dans ce domaine met en lumière la difficulté des victimes à faire valoir leurs droits et la nécessité de s’emparer collectivement de cette problématique. »

      L’euphémisation des discriminations est brocardée par Claire Hédon dans son propos liminaire. Elle pointe le fait que les décideurs préfèrent parler de « diversité » et de « lutte contre le discours de haine ». « Or, il est important de parler de discrimination », ajoute-t-elle.

      « Maltraitance institutionnelle »

      L’autre motif d’alerte porte sur les affres de la dématérialisation pour les usagers des services publics, dans un contexte de désengagement de l’État et avec des infrastructures toujours plus éloignées. Cela engendre, selon elle, du découragement, de la résignation et de la lassitude. « Les personnes ne croient plus en l’État. »

      La dématérialisation partait d’une démarche louable, pointe Claire Hédon, à savoir : simplifier les démarches administratives. Or, c’est le contraire qui se produit alors même que les droits sociaux sont fragilisés, « lorsqu’un service a été entièrement dématérialisé sans que l’accompagnement nécessaire ait été prévu, lorsque l’information délivrée est insuffisante, lorsque les procédures de contrôle sont expéditives », peut-on lire dans le rapport.

      37 % des saisines de l’institution en 2024 portaient sur les difficultés d’accès au #titre_de_séjour et au renouvellement, ce qui en fait le premier motif de saisine de l’institution depuis 2022. Un chiffre qui était seulement de 10 % en 2019. De fait, les difficultés rencontrées par les usagers ressortissants #étrangers se sont aggravées depuis le déploiement de l’#administration_numérique pour les étrangers en France (#Anef), canal unique dématérialisé pour les demandes de titres de séjour et de renouvellement.

      Il n’est pas possible de corriger ou de modifier sa demande sur le site. Sans compter les #délais élastiques. Des milliers de personnes étrangères, faute d’obtenir un titre de séjour dans les temps, souvent un renouvellement, perdent leurs droits sociaux ou leur travail, comme Mediapart l’a raconté. Ces personnes précarisées se retrouvent alors en situation irrégulière alors qu’elles étaient en règle. Il s’agit, selon Claire Hédon, d’une « maltraitance institutionnelle ». [#clandestinisation]

      Le risque des algorithmes

      L’inquiétude de l’institution porte aussi sur la généralisation de l’Anef pour toutes les demandes concernant les titres de séjour dans quelques mois. Or, le site dysfonctionne, rappelle Claire Hédon. « On dit à nos interlocuteurs au ministère de l’intérieur que c’est impossible d’étendre l’Anef à toutes les demandes dans ces conditions.

      Concrètement, les réclamants récupèrent leur titre de séjour à un mois de la fin de validité, ils doivent tout recommencer. Le renouvellement automatique des API, les attestations provisoires d’instruction, pourrait désengorger les préfectures. » Une situation à ses yeux révélatrice : « Le degré d’effectivité des #droits_des_étrangers me paraît être un marqueur des droits et libertés dans notre pays. »
      Plus généralement, l’impossibilité pour les usagers de services publics de pouvoir se rendre dans un #accueil physique ou de joindre un·e agent·e au téléphone pénalise les moins familiers avec le numérique. Dans son rapport, l’institution rappelle que « la dématérialisation doit rester une voie d’accès supplémentaire au service public et ne pas se substituer aux guichets, aux échanges postaux ou par téléphone qui doivent demeurer de réelles alternatives pour contacter l’administration ».

      Il ne s’agit pas de pointer le travail des agent·es, insiste Claire Hédon, mais de dénoncer le désinvestissement de l’État dans les services publics. Les agences #France_services, faute de personnels spécialisés en leur sein, ne peuvent pallier ces difficultés.

      Or le problème perdure et s’accentue année après année, « aussi bien pour MaPrimeRénov’ que pour la question des pensions de retraite ». « Nous avons des réclamants qui attendent six mois, un an, dix-huit mois, pour toucher leur retraite. Ils restent sans revenus pendant toute cette période-là, avec des difficultés pour joindre quelqu’un », explique celle qui a déjà rendu plusieurs avis sur le sujet. La Défenseure des droits a aussi été saisie par des bénéficiaires du revenu de solidarité active (#RSA) en raison d’une prise en considération erronée de leurs #ressources. [mais pas seulement]

      Autre sujet dans la ligne de mire de la Défenseure des droits : la #lutte_contre_la_fraude lorsqu’elle se retourne contre les usagers, avec un point de vigilance sur l’intelligence artificielle ou les #algorithmes. Ceux programmés par la Caisse nationale d’allocations familiales ou par la Caisse nationale d’assurance-maladie à l’aide du data mining (« extraction de données ») risquent de reproduire des biais discriminatoires.

      Les logiciels d’affectation au lycée et dans l’enseignement supérieur, #Affelnet et #Parcoursup, risquent, eux aussi, de porter atteinte aux droits des élèves, pointe enfin le rapport. « Lorsqu’une décision administrative est dite partiellement automatisée, un agent public doit contribuer à la prise de décision par une action concrète et significative. La Défenseure des droits relève cependant que cette intervention se révèle parfois inexistante. » Un travail approfondi sur la question spécifique des algorithmes va être mené dans les prochains mois. En attendant, comme le veut l’usage, ce rapport va être remis au premier ministre et à Emmanuel Macron.

      #retraites #CNAV #CAF #data_mining

    • [Exemple] CAF BDR délai de traitement supérieur à 60 jours pour AAH
      https://www.plus.transformation.gouv.fr/experiences/5830113_caf-bdr-delai-de-traitement-superieur-a-60-jours-po

      Cette réponse a été générée par une #IA à 88 % et vérifiée par un agent.

      On notera le titre euphémisant en diable : il s’agit d’une #AAH non versée durant un trimestre.

      En réponse à une réclamation CAF, on a le plus souvent un « votre demande a été traitée », sans plus de précision, qui n’a aucun sens, si ce n’est d’accuser réception. Voilà une chose que l’IA va améliorer en fournissant tissant des phrases ou jamais les dédions de ne seront notifiées "en fait et en droit" comme le veut la loi, quasi systématiquement bafouée.

  • Jeunesses africaines en exil

    Par Raphaël Krafft. LSD donne la parole aux Mineurs Non Accompagnés (MNA) originaires d’Afrique subsaharienne. Au terme d’un voyage long et dangereux, ils butent en France sur un parcours semé d’embûches pour être reconnus mineurs et aller à l’école.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jeunesses-africaines-en-exil
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #réfugiés #enfants #enfance #parcours #reconnaissance #tri #minorité #mijeurs #école #asile
    #podcast #audio
    ping @karine4

  • Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé pendant que l’enseignement supérieur suffoque
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20250118.OBS99142/parcoursup-est-devenu-une-vitrine-publicitaire-pour-le-prive-pendant-que-

    Alors que pas moins de 60 #universités sur 75 pourraient se retrouver en déficit d’ici la fin de l’année prochaine, alors que le coût de la vie étudiante augmente, alors que les budgets de la #recherche stagnent ou diminuent irrésistiblement d’année en année, la casse de l’université publique permet le colossal essor de l’#enseignement_supérieur_privé lucratif. Un roc, un pic, un cap, une péninsule : jamais ce secteur n’a été si proéminent et si bien portant, engloutissant tout sur son passage, y compris les #étudiants les plus #précaires qui oseraient s’y aventurer.

    Dans l’ambiance dynamique et pédante des salons d’orientation pour étudiants, les stands (al) loués aux formations privées (qu’elles paient parfois une petite fortune) fleurissent et se multiplient, se mêlant astucieusement aux formations publiques, en en arborant les mêmes insignes et les mêmes sigles, ne formant qu’un immense essaim d’hypothèses de chemins de vie, dans lequel il est de plus en plus aisé de se faire piquer. Les formations privées les plus obscures dépensent une petite fortune pour être présentes à ces salons, tout comme elles le font sur la plateforme de désorientation et de sélection qu’est #Parcoursup.

    En quatre ans, le nombre de formations privées a doublé, passant de 4 992 formations en 2020 à 9 298 aujourd’hui. Le nombre de formations publiques n’a, quant à lui, augmenté que de 15,3 % au cours de la même période. Entre la surreprésentation aux salons d’orientation et la mise en valeur ostentatoire par Parcoursup, les résultats ne se sont pas fait attendre. Un quart des étudiants est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur privé.
    Rassurons-nous collectivement : les étudiants n’y sont pour rien. C’est, comme toujours, l’Etat qui organise minutieusement et financièrement la casse du public, et l’essor collatéral du privé, en oubliant sur son passage la nécessité de contrôle, l’impératif de pédagogie, la probité, l’intégrité académique, au bénéfice du profit, des grosses entreprises, et de la casse tant attendue de l’université privée [coquille ?] par les libéraux. Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé, prospérant sur fond de laisser-faire et d’absence de contrôle gouvernemental.

  • Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’#Office_français_de_la_biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/17/mis-en-cause-par-francois-bayrou-les-agents-de-l-office-francais-de-la-biodi

    Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’Office français de la biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    Trois jours après l’attaque frontale du premier ministre contre le travail des agents de l’#OFB, les syndicats de l’établissement public demandent des excuses publiques.

    Par Perrine Mouterde

    Publié le 17 janvier 2025 à 16h39

    Ne plus effectuer aucune mission de police, ne plus réaliser aucune opération en lien avec le monde agricole, ne plus transmettre aucun avis technique… tant que le premier ministre n’aura pas formulé des excuses publiques. Trois jours après que François Bayrou a attaqué frontalement le travail des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les syndicats de l’établissement public appellent, vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation. « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », résument dans un communiqué cinq organisations (#Syndicat_national_de_l’environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).

    Quasiment muet sur les #sujets_climatiques_et_environnementaux lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, #François_Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement. « Quand les #inspecteurs de la #biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute », a-t-il affirmé.

    Cette déclaration ne pouvait que remettre de l’huile sur le feu après dix-huit mois de vives tensions entre l’établissement et certains syndicats agricoles. La #FNSEA et la Coordination rurale, notamment, assurent que les agriculteurs sont contrôlés de manière excessive et intimidante par les inspecteurs de l’environnement et réclament leur désarmement. Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations. Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.

    « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute, affirme aujourd’hui #Sylvain_Michel, représentant #CGT à l’OFB. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement. »

    Expression « mal comprise »
    La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a également fait part de sa colère après les propos de François Bayrou. « Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a déclaré vendredi Me Gustave-dit-Duflo, qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. « La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est une fois tous les cent-vingt ans », a-t-elle ajouté.

    Les propos du #premier_ministre avaient déjà fait réagir ces derniers jours. Dès mercredi, un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, Benoît Pradal, a décrit sur France Inter « l’humiliation » ressentie depuis des mois par les agents de l’OFB et assuré n’avoir aucun problème avec « la majorité » des agriculteurs. « On a le sentiment que ce que veulent [une minorité d’agriculteurs], c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il ajouté. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont aussitôt dénoncé « une comparaison honteuse » et réclamé la suspension des contrôles. Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a lui réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».

    L’ancien député Modem Bruno Millienne, conseiller de Matignon, juge que l’expression de François Bayrou a été « mal comprise » et prône « le bon sens et le respect mutuel de part et d’autre ». De son côté, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé vendredi à l’apaisement, en rappelant que les agents de l’OFB « font le travail que nous leur demandons ». « Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi », a-t-elle ajouté.

    Etuis de port d’armes discrets
    Outre la suspension d’un certain nombre de missions, l’intersyndicale de l’établissement public invite les quelque 3 000 agents (dont les 1 700 inspecteurs de l’environnement) à cesser toute participation aux réunions organisées en préfecture sur des sujets agricoles ainsi que tout appui technique aux services de l’Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales. Elle suggère aussi, dans le cadre d’une action symbolique, d’aller remettre en mains propres aux préfets les étuis de port d’armes discrets, censés permettre de dissimuler l’arme sous les vêtements.

    Une circulaire du 3 décembre 2024 prévoit la mise en place immédiate de ce port d’armes discret. Pour Sylvain Michel, cet outil est « de la poudre aux yeux », qui ne réglera en aucun cas les difficultés. « Ceux qui attaquent les armes violemment ne veulent pas de droit de l’environnement, et donc pas de police de l’environnement », a jugé récemment le directeur général de l’établissement, Olivier Thibault. La police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année.

    #Perrine_Mouterde

    • « L’Office français de la biodiversité, l’un des principaux remparts contre l’effondrement du vivant, est victime d’attaques intolérables »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/07/l-office-francais-de-la-biodiversite-l-un-des-principaux-remparts-contre-l-e

      TRIBUNE
      Collectif

      Amputer les missions de l’#OFB, en réduire les moyens ou revenir sur ses dotations sacrifierait des ressources indispensables pour sa capacité à protéger la biodiversité et à la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités d’horizons divers, parmi lesquelles Allain Bougrain-Dubourg, Marylise Léon, Christophe Béchu et Valérie Masson-Delmotte.

      ’Office français de la biodiversité (OFB) a récemment déposé une cinquantaine de plaintes au niveau national pour dégradations et menaces.

      Début octobre, la voiture d’un chef de service du Tarn-et-Garonne a été visée par un acte de sabotage. Le 26 janvier 2024, sur fonds de colère agricole, des manifestants ont tenté de mettre le feu au siège de Trèbes (Aude), tandis que l’enquête ouverte après l’incendie de celui de Brest (Finistère), à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs mécontents, le 30 mars 2023, vient d’être classée sans suite.

      A Guéret (Creuse), les locaux de l’établissement public ont été saccagés, et des documents volés, pour la première fois ; à Beauvais, un service a été muré, et plusieurs services ont reçu un mail d’insultes et de menaces. D’autres établissements publics – tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et certains agents ont été victimes d’attaques intolérables.

      3 000 agents répartis à travers la France
      L’OFB incarne pourtant l’un des principaux remparts contre l’érosion de la biodiversité. Cet établissement public, créé par le législateur, en 2019, lors de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, rassemble plus de 3 000 agents répartis à travers la France métropolitaine et les outre-mer. Inspecteurs de l’environnement, ingénieurs, experts thématiques, vétérinaires, techniciens, personnel administratif, œuvrent ensemble pour accompagner les collectivités et les divers acteurs économiques vers des pratiques respectueuses de la nature.

      L’OFB réunit des compétences uniques pour mesurer, analyser et anticiper l’effondrement du vivant. Que savons-nous de la fragilité des espèces ou des écosystèmes déjà affectés ? Quel est l’état de santé des zones humides, des milieux forestiers et marins ? Affaiblir l’OFB, c’est saper les fondations mêmes de notre connaissance et de nos capacités d’action. Le défendre, c’est affirmer que la science est un levier crucial de la résilience de nos sociétés.

      Protéger la biodiversité, c’est aussi la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent. L’une des missions centrales de l’OFB vise à assurer l’application des lois environnementales. Avec ses 1 700 inspecteurs, cette police de l’environnement lutte contre le braconnage, les pollutions et autres atteintes aux milieux naturels et aux espèces protégées. Ses équipes aident également les usagers à mieux comprendre et à respecter les réglementations, en proposant des solutions concrètes et constructives.

      L’OFB n’agit pas seul. Il constitue le cœur d’un réseau d’acteurs qui tissent ensemble des initiatives locales et nationales : Etat, collectivités, citoyennes et citoyens engagés, en particulier dans les associations, entreprises, scientifiques. De la ruralité au cœur des villes, cette force agit pour la préservation de la biodiversité et de l’équilibre de nos territoires.

      La base de notre existence
      Loin de faire cavalier seul, comme certains l’affirment, les agents de l’OFB participent à la résilience des activités économiques, établissent des ponts entre des intérêts parfois divergents, en facilitant le dialogue avec les agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature ou encore les acteurs de l’énergie. Qu’il s’agisse de la restauration d’un marais, de la survie d’une espèce endémique ultramarine ou de l’éducation des plus jeunes, chaque avancée repose sur cette synergie avec la même ambition : léguer un futur viable aux prochaines générations.

      La biodiversité n’est pas un luxe, elle est la base même de notre existence : l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols qui nous nourrissent. Ses interactions et interdépendances ont permis, au cours de l’évolution, de créer les conditions d’émergence de l’ensemble du vivant. Ce fil fragile menace bientôt de rompre. Quand les océans s’élèvent, que les habitats naturels se dégradent, que les cours d’eau s’assèchent ou débordent, que les espèces sauvages disparaissent à un rythme sans précédent, nous devons faire front et nous unir derrière un unique objectif : protéger la vie.

      Dans ce contexte, amputer les missions de l’#OFB, réduire ses moyens budgétaires et humains ou revenir sur les dotations décidées il y a à peine un an pour les politiques publiques de biodiversité, sacrifierait des ressources indispensables pour notre capacité à agir efficacement pour préserver l’#avenir.

      C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons élus, #associations, #scientifiques, #citoyennes_et_citoyens à faire front pour soutenir cet #opérateur_public, aujourd’hui sous le feu de #critiques_injustifiées. Celles-ci visent en réalité, à travers l’OFB ainsi qu’à travers l’ensemble de ses agents, des politiques publiques et des #réglementations qui ont mis des années à progresser et à commencer à faire leurs preuves.

      Premiers signataires : Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Erwan Balanant, député (#MoDem) du Finistère ; Sandrine Le Feur, députée (Renaissance) du Finistère ; Marie Pochon, députée (#EELV) de la Drôme ; Dominique Potier, député (divers gauche) de Meurthe-et-Moselle ; Loïc Prud’homme, député (LFI) de Gironde ; Richard Ramos, député (MoDem) du Loiret ; Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT ; Christophe Béchu, maire d’Angers et ancien ministre ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherches au CEA ; Claude Roustan, président de la Fédération nationale de la pêche. Liste complète des signataires ici.

      Collectif

    • Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les #polices_environnementales subissent de nombreuses entraves »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/28/jean-baptiste-fressoz-historien-les-polices-environnementales-subissent-de-n

      Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les polices environnementales subissent de nombreuses entraves »
      CHRONIQUE

      Jean-Baptiste Fressoz

      Historien, chercheur au CNRS

      La mise en cause de l’Office français de la biodiversité à l’occasion des manifestations d’agriculteurs s’inscrit dans l’histoire des entraves à la protection de l’environnement, observe l’historien dans sa chronique.Publié le 28 février 2024 à 06h00, modifié le 28 février 2024 à 08h15 Temps deLecture 2 min.

      Les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été plusieurs fois visés par les manifestations d’agriculteurs, par exemple à Mende, le 2 février, et à Carcassonne, le 27 janvier. Le 26 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le placement de l’établissement public sous la tutelle des préfets. L’OFB fait partie des « polices environnementales », vocable regroupant différentes institutions qui vont des anciens gardes-chasse, gardes forestiers, gardes-pêche – devenus agents de l’OFB – aux inspecteurs des établissements classés (Polices environnementales sous contraintes, de Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, Rue d’Ulm, 90 pages, 12 euros).

      Le mot « police » a cela d’intéressant qu’il renvoie à l’origine de ces institutions. Sous l’Ancien Régime, la police méritait en effet pleinement son nom, car elle s’occupait de tout ce qui avait trait à l’espace urbain, à la fois l’ordre public, bien sûr, mais aussi l’ordre environnemental, la propreté des rues, l’organisation des marchés, les fumées des artisans…

      Le succès administratif des termes « environnement », dans les années 1970, puis « biodiversité », dans les années 2000, cache la profonde continuité des pratiques et des institutions qui encadrent les usages de la nature. A l’instar de la police d’Ancien Régime, la police environnementale recourt surtout à la pédagogie et aux rappels aux règlements bien plus qu’aux sanctions. Une police qui repose davantage sur les bonnes pratiques que sur des normes strictes et des instruments de mesure.

      On retrouve aussi une même rivalité entre administration et justice tout au long de son histoire. Au début du XIXe siècle, la mise en place du système administratif (préfets et Conseil d’Etat) avait conduit à marginaliser les cours judiciaires dans la gestion de l’environnement : d’un côté, une administration qui pense « production et compétitivité nationale », de l’autre, des cours qui constatent des dommages, des responsabilités et attribuent des réparations.

      Gestion de contradictions
      Les polices environnementales subissent également de nombreuses entraves. Tout d’abord celle liée au manque de personnel : pour surveiller l’ensemble de ses cours d’eau, la France ne dispose que de 250 agents, soit moins d’un agent pour 1 000 kilomètres de rivière. Quant aux établissements classés, on en compte plus de 500 000 en France, pour 3 100 inspecteurs. On est bien loin des 30 000 gardes champêtres qui quadrillaient les campagnes françaises au XIXe siècle !

      Entraves qui tiennent ensuite à la faible prise en charge judiciaire de ces affaires : les atteintes à l’environnement représentent ainsi une part infime des affaires correctionnelles. Entraves liées enfin à l’état du monde agricole français : moins de 2 % de la population exploite plus de la moitié du territoire métropolitain ; logiquement, les agriculteurs concentrent la majorité des contrôles. Et la peur de la violence d’un monde agricole en détresse économique taraude les inspecteurs : un contrôle de trop peut enclencher la faillite…

      Robert Poujade, tout premier ministre de l’écologie de 1971 à 1974, avait conté son expérience au Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975). La police de l’environnement est une « police de l’impossible », davantage caractérisée par ses contraintes que par ses pouvoirs, une police « d’avant-garde » par certains aspects, mais qui tente de faire respecter des règles souvent anciennes, une police enfin qui n’est soutenue par aucune campagne de sensibilisation massive, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, pour la sécurité routière, et qui se trouve devoir gérer les contradictions entre système productif et politique. Selon la formule des auteurs de Polices environnementales sous contraintes, « l’écologisation de nos sociétés n’a rien d’automatique et demeure un processus hautement contingent, sinon un objectif essentiellement discursif ». Les reculades de Gabriel Attal face aux revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles confirment cette sombre appréciation.

      #Jean-Baptiste_Fressoz (Historien, chercheur au #CNRS)

    • « Il appartient aux autorités politiques de #défendre l’#existence de l’Office français de la #biodiversité, chargé d’appliquer les #réglementations_environnementales »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/02/il-appartient-aux-autorites-politiques-de-defendre-l-existence-de-l-office-f

      « Il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de l’Office français de la biodiversité, chargé d’appliquer les réglementations environnementales »
      TRIBUNE
      Collectif

      L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, déplorent dans une tribune au « Monde » les représentants des organisations siégeant au conseil d’administration de cet établissement national. Pour eux, la coopération entre agriculture et biodiversité est une évidente nécessité.Publié le 02 mars 2024 à 06h30 Temps deLecture 4 min.

      Le #déclin_de_la_biodiversité à une vitesse et à une intensité jamais égalées est #scientifiquement_établi depuis des années, et particulièrement dans les rapports de la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (#IPBES). Les menaces sur l’eau et la biodiversité sont toutes d’origine humaine et s’exacerbent mutuellement.

      Cet #effondrement_de_la_biodiversité, conjugué au changement climatique, remet en question l’habitabilité de notre planète et interroge l’avenir du vivant, humain et non humain.

      Face à ce constat, l’Etat a créé en 2020 un établissement national spécialisé, l’Office français de la biodiversité (#OFB), consacré à la protection et à la restauration de la biodiversité en métropole et dans les outre-mer. Le législateur et le gouvernement lui ont assigné des missions essentielles, en particulier :

      – la connaissance et l’expertise : mieux connaître les espèces, les milieux naturels, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant ;

      – un appui aux politiques publiques : à tous niveaux, les équipes de l’OFB appuient les politiques publiques pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité ;

      – la gestion et restauration des espaces protégés : parcs naturels marins, réserves, appui aux parcs nationaux, travail en réseau… ;

      – la contribution à la police de l’environnement, qu’elle soit administrative ou judiciaire, relative à l’eau, aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvages, à la chasse et à la pêche ; à la lutte contre le trafic des espèces sauvages menacées d’extinction.

      Manque de moyens
      Quatre ans après sa création, l’OFB continue de consolider son identité et sa place dans le paysage institutionnel. En manque d’un véritable portage politique, ce « fer de lance de la biodiversité » a vu ses missions s’étoffer et se complexifier considérablement, tandis que ses effectifs n’ont augmenté qu’à la marge.

      Le manque de moyens humains reste une entrave à l’action, à tous niveaux.

      Par exemple, sur les seules missions de police judiciaire, à l’échelle du territoire national, l’OFB ne compte que 1 700 inspecteurs pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement (surveillance du territoire, recherche et constat des infractions, interventions contre le braconnage, …), qui doivent également contribuer à la connaissance, apporter leur expertise technique, sensibiliser les usagers, réaliser des contrôles administratifs sous l’autorité du préfet, etc. Mais d’autres agents et métiers de l’OFB sont également en tension.

      Durant les manifestations de colère agricole, l’OFB se voit conspué, ses implantations locales dégradées, ses agents vilipendés. L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, en l’absence de réponses concrètes sur le revenu des paysans.

      La santé des agriculteurs en premier lieu
      Ces attaques réitérées contre l’OFB sont inacceptables, car elles visent, au travers de l’établissement et de ses agents, à affaiblir les politiques publiques de protection et de sauvegarde de la nature, de l’eau et de la biodiversité.

      Parce que l’eau et la biodiversité renvoient à la complexité du vivant, le bon sens, qu’il soit populaire ou paysan, ne peut suffire à protéger ou à restaurer un fonctionnement équilibré des milieux naturels. L’OFB est un outil précieux de connaissance et d’expertise pour accompagner et garantir la mise en œuvre des politiques publiques (collectivités, habitants, filières professionnelles, etc.). La remise en cause de certaines de ses missions et de sa capacité d’agir générerait des reculs concrets et dommageables pour l’intérêt général et nos modes de vie.

      Elle ne constituerait aucunement un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux et des cycles naturels. Rappelons que, en faisant appliquer les réglementations environnementales, l’OFB et les autres opérateurs publics de l’environnement protègent aussi la santé de tous les citoyens, celle des agriculteurs en premier lieu.

      A l’inverse de la tendance à opposer agriculture et protection de la nature, la coopération entre agriculture et biodiversité est une nécessité évidente : le système agroalimentaire intensif aujourd’hui dominant constitue l’une des principales pressions sur la biodiversité, dont l’érosion continue provoque, en retour, une fragilisation de tous les modèles agricoles.

      Rappeler les lois, voire sanctionner
      Les politiques publiques, comptables vis-à-vis des générations futures, ne doivent pas renoncer à la transition agroécologique ; elles doivent au contraire l’accompagner, la guider et la soutenir, au bénéfice de la biodiversité, de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, de la santé des humains (et en premier lieu des producteurs), des autres êtres vivants et de l’agriculture elle-même.

      Nous soutenons sans réserve tous les paysans qui s’engagent dans cette transition agroécologique, dans un modèle à la fois vertueux pour l’environnement et où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail, sans mettre en jeu leur santé et celle des citoyens.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face au changement climatique, l’agriculture biologique doit être soutenue »

      L’OFB a sa place au côté d’une agriculture en pleine mutation, pour accompagner les paysans de bonne volonté, engagés dans la transition, mais aussi pour rappeler les lois et règlements en vigueur, voire sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient des entreprises, des agriculteurs, des collectivités ou des individus.

      L’Etat doit lui en donner véritablement les moyens, avec des effectifs à la hauteur de ces enjeux et des agents reconnus qui vivent, eux aussi, dignement de leur travail. Comme pour d’autres établissements publics pris pour cible par des groupes d’intérêts économiques, il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de cet organisme dont les missions sont définies dans le cadre légitime de l’action publique de l’Etat

      Les signataires de cette tribune proviennent tous d’organisations siégeant au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité : Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du #SNE-FSU, Syndicat national de l’environnement ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Bernard #Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et biodiversité ; Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Claude Roustan, président de la #Fédération_nationale_de_la_pêche en France ; Vincent Vauclin, secrétaire général #CGT_environnement (domaine OFB et #parcs_nationaux).

    • À #Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/150225/poitiers-limmense-desarroi-de-la-police-de-l-environnement

      À Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement
      Harcelés par les syndicats agricoles, les agents de l’Office français de la biodiversité se sentent abandonnés et constatent une perte de sens de leur travail. D’autant que François Bayrou les a jetés en pâture dès son arrivée à Matignon, les accusant d’« humilier les agriculteurs ».

      Lucie Delaporte

      15 février 2025 à 10h28

      PoitiersPoitiers (Vienne).– Sur la porte vitrée du local subsistent encore les traces laissées par la Coordination rurale (CR). Des graines mélangées à une substance visqueuse et, çà et là, quelques autocollants du syndicat : « Stop à l’agricide », « OFB stop contrôle ».

      Dans la nuit du dimanche 2 février, les locaux de l’agence départementale de l’Office français de la biodiversité (#OFB) à Poitiers ont été pris pour cible par des militants du syndicat agricole proche de l’extrême droite. Des #graffitis ont été tracés sur le bâtiment, des sacs de légumes pourris déversés devant les locaux. « Un camion entier », précise Alain*, le premier agent à être arrivé sur les lieux.

      C’est la sixième fois en un an et demi que cette antenne de l’OFB de la Vienne est attaquée. Le procureur de la République a ouvert une enquête en flagrance pour les dégradations matérielles mais aussi pour harcèlement, au regard de la répétition de ces actes de malveillance.

      Dans cette âpre campagne où le syndicat disputait son leadership à la FNSEA, l’OFB aura été sa cible répétée. « On leur a servi de bouc émissaire idéal », résume un agent que nous rencontrons dans la salle de repos où sont collées des affichettes montrant des agents couverts de déchets avec le slogan « Nous ne sommes pas des punching-balls ».

      Après le témoignage sur France Inter d’un responsable syndical de l’OFB qui avait comparé à des « dealers » les agriculteurs hors la loi, le climat s’est enflammé. « Une voiture de l’OFB qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place », a déclaré peu après dans un meeting le secrétaire général de la CR, Christian Convers.

      Grève du zèle
      Né en 2020 de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office français de la chasse et de la faune sauvage, l’OFB, qui compte 2 800 agents, est encore mal connu du grand public. Il exerce des missions de police administrative et de police judiciaire relatives à l’eau, aux espaces naturels, aux espèces, à la chasse et à la pêche.

      À Poitiers, quelques jours après cette sixième attaque contre ses locaux, l’antenne tourne au ralenti. « On fait une grève larvée. Globalement, on ne fait pas de police pénale, pas de contrôle administratif. On essaie de solder les procédures en cours et on va surtout voir des espèces sur le terrain », résume un agent qui, comme tous les autres, requiert l’anonymat.

      On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre.

      Gilles, agent à l’OFB
      Après une manifestation le 31 janvier devant la préfecture, les agents poursuivent le mouvement par cette grève du zèle, en écho à une année étrange où leurs tutelles – le ministère de l’agriculture et celui de la transition écologique – leur ont demandé de lever le pied sur les contrôles face à l’ampleur de la contestation agricole.

      « C’est notre quotidien : se faire insulter ou agresser par des gens qui viennent déverser des détritus juste parce qu’on essaie de faire respecter des lois votées au Parlement », indique Alain, qui fait visiter les lieux.

      Un mètre de lisier dans la voiture
      Le lâchage en règle des agents de l’OFB par deux premiers ministres, sous la pression du mouvement agricole, a été très douloureusement ressenti. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a évoqué l’« humiliation » infligée, à ses yeux, au monde agricole par les agents de l’OFB, qui arborent une arme lors de leurs interventions. 

      « On s’était déjà fait crucifier en janvier sur place par Attal sur sa botte de foin, qui avait repris au mot près le slogan de la FNSEA : “Faut-il être armé pour contrôler une haie ?” », s’étrangle Alain, qui rappelle les agressions continuelles que subissent les agents. 

      Depuis fin 2023, l’OFB a recensé 90 actions contre ses locaux mais aussi des actes malveillants visant directement ses agents. En octobre, le chef de l’OFB du Tarn-et-Garonne, juste après une réunion sur les contrôles à la chambre d’agriculture, a constaté qu’une des roues de son véhicule avait été démontée. « Un collègue s’est retrouvé avec un mètre de lisier dans sa voiture », raconte Max en buvant sa chicorée, parce qu’il s’est rendu compte que le café portait trop sur ses nerfs déjà assez malmenés.

      « Il y a une violence qu’on ressent de plus en plus. Ce climat-là multiplie le risque d’avoir un contrôle qui se passe mal. On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec finalement le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre », poursuit-il.

      Travailler à l’OFB a un coût, surtout quand on habite dans un village. « Là où j’habite, je suis blacklisté. C’est un village très agricole. Je l’ai senti quand on est arrivés. Ma femme ne comprenait pas. Je lui ai dit : “Cherche pas : tout le monde se connaît, ils savent le métier que je fais” », explique l’agent.

      Un autre raconte avoir fait l’erreur d’aller regarder ce qui se disait sur les réseaux sociaux à propos de l’OFB. Insultes, menaces, dénigrement… « C’est désastreux. On est les emmerdeurs, payés par vos impôts, pour protéger les papillons, les amphibiens. Et à partir du moment où l’État qui m’emploie me désavoue, quelle légitimité j’ai à continuer à faire ce travail-là ? »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau d’une grande partie de la Vienne n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable ».

      L’accusation de « harceler » le monde agricole provoque ici l’agacement. « D’abord, on focalise sur le monde agricole, mais ce n’est qu’une petite partie de notre travail. On contrôle les collectivités, les entreprises, les particuliers aussi », souligne Max, la trentaine. À raison de 3 000 contrôles par an pour 400 000 exploitations, une exploitation a une chance de se faire contrôler tous les cent vingt ans. « Ici, on a verbalisé vingt exploitations sur les phytos [produits phytosanitaires – ndlr] l’an dernier sur les 3 500 du département. La vérité, c’est qu’on devrait faire beaucoup plus de contrôles. On est treize agents, ici, on devrait plutôt être quarante pour bien faire notre métier », assure-t-il.

      Car ce qu’ils racontent sur l’ampleur des atteintes à l’environnement qu’ils constatent au quotidien fait froid dans le dos. « Sur la qualité de l’eau, c’est une catastrophe ! À certains endroits, on en est venus à interconnecter des points de captage pour diluer la pollution », rapporte un policier. Un cache-misère pour rendre moins visibles des niveaux de pollution inédits.

      Julien est ici le spécialiste de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il décrit les conséquences désastreuses de ces produits utilisés trop souvent hors des clous et qui restent parfois plusieurs décennies à l’état de métabolites dans les sols et les nappes phréatiques.

      Interdit depuis 2013, le chlorothalonil, un fongicide, continue de faire des ravages. « Il y a certaines zones dans le département où on était à quasiment 70 fois la norme ! » Pour lui, de telles concentrations indiquent que le produit a sans doute été utilisé récemment : « Les agriculteurs peuvent se fournir à l’étranger, sur Internet. »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau du robinet d’une grande partie du département n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable », c’est-à-dire les seuils très précis de pollution qui régissent les normes de potabilité sont dépassés mais dans des proportions qui n’impactent pas immédiatement la santé humaine. Dans ce cas, les préfectures peuvent, temporairement, publier des décrets dérogatoires. Sur le long terme, qui vivra verra… Une situation dénoncée par les associations environnementalistes dans l’indifférence générale. 

      Yves s’agace de l’aveuglement des pouvoirs publics sur le sujet : « La conscience des élus de la gravité de la situation de l’eau, elle est... faible, euphémise-t-il dans un demi-sourire. Ils ne se rendent pas du tout compte ou alors ils disent : “On va trouver des solutions curatives, on va traiter l’eau.” Mais, même dans les récentes usines de filtration à 15 millions d’euros qui ont été construites ici, on continue de trouver ces métabolites. » Il faut des filtres de plus en plus performants, plus chers et finalement payés par les contribuables.

      Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule…

      Un policier de l’environnement
      Faire appliquer la loi serait, au minimum, un bon début. Mais c’est précisément ce qu’on les empêche de faire en leur imposant des procédures longues et complexes, avec très peu de moyens.

      Pour ces agents, observer au quotidien l’effondrement de la biodiversité dans l’indifférence générale est un crève-cœur. « On est un peu comme des urgentistes qui voient passer des cadavres toute la journée. Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule… J’en suis juste à me dire : essayons d’avoir encore de l’eau potable demain », affirme Alain.

      Le droit de l’environnement est-il trop complexe ? Un argument qui est beaucoup revenu pendant le mouvement des agriculteurs. Alain reconnaît que certains aspects sont très techniques, y compris pour lui, mais souligne que cette complexité est souvent le fruit d’un intense travail de lobbying des industriels et des groupes de pression.

      « Le #lobbying a tendance à complexifier encore plus la loi, avec une multitude de sous-amendements parfois difficilement interprétables… On se dit que c’est exprès pour que ce soit inapplicable ! Ce serait bien de simplifier la loi mais que cette simplification ne se fasse pas au détriment de l’environnement, comme c’est la plupart du temps le cas », juge-t-il.

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      Une saisie d’un bidon de glyphosate. © Lucie Delaporte
      Julien assure que concernant les « phytos », grand sujet de crispation avec les agriculteurs, la « complexité » a bon dos : « Les exploitants ont quand même une formation pour obtenir un certificat individuel d’utilisation des produits phytosanitaires, et sur chaque bidon de phytosanitaire, la règle d’utilisation est écrite : “À ne pas appliquer à moins de 5 mètres ou 20 mètres d’un cours d’eau”, etc. »

      Dans une profession agricole qui a été encouragée à utiliser massivement des pesticides pendant des décennies, engendrant une dépendance de plus en plus grande à la chimie, certains agriculteurs préfèrent simplement ignorer des réglementations qui les contraignent.

      « On a fait des formations justement pour expliquer la réglementation. Comme sur le terrain on entend toujours que c’est très compliqué, on s’attendait à avoir des salles pleines. Sur les 3 500 exploitations dans la Vienne, une cinquantaine d’agriculteurs sont venus », soupire un agent chevronné.

      Avec des formules qu’ils veulent diplomatiques, ils décrivent tous un monde agricole qui s’est globalement affranchi des règles sur le respect de l’environnement, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui ont décidé de fermer les yeux. « Il faudrait faire une étude sociologique : pourquoi les exploitants agricoles ne se sentent-ils jamais en infraction ? Ils nous disent : “Mais nous on gère en bons pères de famille, intéressez-vous plutôt aux délinquants, aux dealers dans les cités.” C’est quelque chose qui a été entretenu parce qu’il y a très peu de contrôles en agriculture. Et forcément, dès qu’il y en a un petit peu, tout de suite, la pression monte », analyse Julien.

      Si, de fait, les contrôles sont rares, les sanctions ne sont pas non plus très dissuasives. Dans le département, un agriculteur qui se fait contrôler pour non-respect de la loi sur l’utilisation des pesticides est condamné à faire un stage payant de 300 euros. « Ce n’est pas très cher payé quand on voit les dégâts pour les écosystèmes », soupire Alain.

      La faiblesse des contrôles pourrait d’ailleurs coûter cher à la France concernant les aides de la politique agricole commune (PAC). « Il y aurait 9 milliards d’aides et pas de contrôles ? Ça ne marche pas comme ça », relève un agent. L’Union européenne conditionne en effet ses aides au respect d’un certain nombre de règles environnementales garanties par un bon niveau de contrôle et pourrait condamner la France. 

      Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se #suicide.

      Gilles, agent de l’OFB
      Malgré leurs vives critiques, tous les agents rencontrés insistent sur leur attachement à un monde agricole qu’ils connaissent bien et qu’ils savent effectivement en détresse. « Mon père était exploitant agricole. Je viens de ce milieu, prévient d’emblée Julien. Avec le Mercosur, l’année dernière était pourrie par le climat avec une baisse de la production… Ils ont l’impression de perdre sur tout. On est le coupable idéal parce que c’est facile de taper sur nous. »

      Essentielle à leurs yeux, leur mission de police n’est pas toujours facile à endosser. « Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se suicide, raconte Gilles. C’est arrivé à un collègue après un contrôle. On prend le maximum de précautions, on appelle la DDT [direction départementale des territoires – ndlr] pour savoir s’il y a des risques psychosociaux avant d’intervenir chez un exploitant par exemple. »

      Faire respecter le droit de l’environnement, notamment sur les « phytos », est aussi dans l’intérêt des agriculteurs, plaident-ils. « Certains agriculteurs sont dans le déni. Moi, j’essaie de leur parler des impacts sur leur santé, celle de leur famille », explique Max. Il se souvient d’un agriculteur qui avait passé quinze jours à l’hôpital après s’être pris des pesticides en retour d’air dans la cabine de son semoir : « Il crachait du sang. Mais de là à changer… Ils sont convaincus qu’il n’y a pas d’autres solutions, alors que rien qu’en modifiant certaines pratiques, ils peuvent baisser drastiquement le recours aux phytos. »

      Il y a aussi désormais des points de non-retour. Yves se souvient de la prise de conscience d’un agriculteur qui a un jour fait venir un pédologue pour comprendre ce qui se passait sur son exploitation : « Il lui a dit que les sols de ses 600 hectares étaient morts ; ça lui a mis une claque. » Beaucoup d’agents interrogés voudraient voir leur travail à l’OFB en partie comme un accompagnement de ces agriculteurs aujourd’hui englués dans la dépendance aux produits chimiques.

      L’éclatante victoire dans le département de la Coordination rurale, qui veut supprimer le maximum de normes environnementales, ne va pas vraiment en ce sens.

      Au sein de l’antenne de Poitiers, le découragement gagne les agents. Beaucoup nous font part de leur envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. « Je regarde les offres d’emploi, c’est vrai », reconnaît l’un d’eux. « Je n’ai pas envie de servir de caution verte au gouvernement. Si on nous dit demain : le monde agricole, vous ne le contrôlez plus, vous faites les particuliers, les entreprises et les collectivités…, là, j’arrêterai. J’aurai l’impression de clairement voler les contribuables en prenant un salaire pour quelque chose de totalement inutile : il faut remettre les enjeux à leur place », poursuit ce jeune agent, que ses collègues décrivent comme un « monstre dans son domaine ».

      Gilles se remet mal d’une discussion récente avec une collègue. « Elle a fait vingt-quatre ans de service. Une fille hyperperformante dans plein de domaines, mais là, elle n’en peut plus. Elle a craqué nerveusement. Elle fait une rupture conventionnelle. Elle ne veut même plus entendre parler d’environnement, c’est devenu insupportable pour elle. »

  • Essor de l’#enseignement_privé, asphyxie des #universités : l’Etat joue contre son camp

    Mathis d’Aquino, doctorant à Sciences Po Bordeaux, estime que les pouvoirs publics doivent cesser de financer l’offre d’enseignement supérieur privée et de placer les universités dans une situation financière intenable.

    La chronique de fin d’année 2024 sur les aides à l’embauche d’apprentis1 soulève des interrogations quant au financement de l’enseignement supérieur privé. Depuis la réforme de 2018 sur l’#apprentissage, le secteur privé lucratif du supérieur connaît une croissance exponentielle, portée par la création massive de #centres_de_formation_d’apprentis (#CFA), captant les fonds publics de l’apprentissage.

    Soutenues par un cadre législatif aussi libéral qu’obsolète, ces écoles jouissent d’une agilité déconcertante, là où les #universités_publiques subissent une #rigidité_structurelle. Le privé se déploie très vite, sur des niches sectorielles qui s’étendent du design jusqu’au droit.

    Mais ce « succès » repose sur une demande artificielle créée par des dispositifs marchands, et sur un soutien de l’État dont il est difficile de comprendre les justifications.

    Les #écoles_privées s’insèrent en effet dans un maquis informationnel, où l’#opacité devient une stratégie. La recherche empirique que j’ai menée à Bordeaux entre 2023 et 2024 révèle que familles et étudiants peinent à distinguer les degrés de reconnaissance d’une formation.

    Certaines écoles vendent comme « #diplôme_d’Etat » de simples titres #RNCP [#Répertoire_national_des_certifications_professionnelles, NDLR.], alors que ces derniers ne sont qu’une #certification par le ministère du Travail de l’adéquation entre la #formation et les #besoins_économiques à un instant T, sans contrôle de la qualité des enseignements délivrés.

    De même, les établissements privés jouent du halo terminologique qui entoure les noms des diplômes, comme « Bachelor » (terme non réglementé) ou « Mastère », jouant clairement sur l’ambiguïté avec le « Master » délivré par les universités publiques et reconnu, lui, par l’État. Malheureusement pour les étudiants qui peinent – légitimement – à s’y retrouver, un petit « e » en plus, ce sont de grandes opportunités en moins.

    Au-delà de cette #confusion délibérément entretenue, les stratégies de captation versent parfois dans la #publicité_mensongère. En 2023, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a mis en lumière l’usage illégal de mentions telles que « #licence » ou « #master », facilement observable dans les #salons_d’orientation et sur Internet.

    Ces salons eux-mêmes, prétendument conçus pour éclairer les familles, deviennent des vitrines biaisées où les écoles lucratives sont surreprésentées. Ils sont devenus un véritable maquis d’où les familles ressortent désorientées, ce qui est un comble.

    Discours trompeurs

    Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les établissements privés développent un discours transformant leurs vices en vertus. L’absence d’un corps professoral permanent, remplacé par des intervenants qui font quelques tours et puis s’en vont, est ainsi valorisée comme une marque de #professionnalisation, masquant en réalité une incapacité à recruter et maintenir des enseignants qualifiés.

    Plus généralement, les écoles privées s’approprient le discours dominant sur « l’#employabilité » (relayé par les pouvoirs publics) en proposant des formations en #alternance rendues « gratuites » grâce aux #aides_publiques. Dans un contexte de réduction des aides à l’embauche d’apprentis, la contraction des offres de contrat d’apprentissage va rendre cette promesse de « gratuité » plus difficile à tenir, exigeant des étudiants et de leurs familles qu’ils redoublent de vigilance.

    De la même façon, l’argument du recrutement « hors #Parcoursup » masque leur incapacité à répondre aux critères de la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur, tout en jouant sur les peurs et imaginaires des étudiants. Mais aujourd’hui ces établissements créent des alternatives telles que #ParcoursPrivé, revendiquant un rôle d’#anti-Parcoursup, tout en mimant son modèle.

    Dépendance aux #subventions_publiques

    Dernier ingrédient pour assurer au privé un avenir radieux : l’injection de #subventions. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a conduit à une explosion du supérieur lucratif, en faisant sauter toutes les barrières à l’entrée dans la création d’une école, et en finançant le secteur privé via l’apprentissage.

    Ces écoles, qui derrière des noms rutilants sont souvent des Centres de Formation d’Apprentis (CFA), ne pourraient survivre sans ces aides publiques, qu’elles défendent naturellement avec une ardeur révélatrice. La « réussite » actuelle de la politique d’apprentissage ne dépend que des financements à guichet ouvert, alimentant des profits privés, à l’heure où les #universités sont, elles, assoiffées (d’aucuns diront volontairement ?).

    Une des solutions récemment avancées par les pouvoirs publics était de créer un #label attestant de la qualité des formations. Mais on ne dénombre déjà pas moins d’une trentaine de labels dans le supérieur ! Ce chaos normatif reporte sur les familles la responsabilité du tri, alors qu’elles sont déjà perdues dans cet univers saturé de certifications. L’État a la responsabilité de faire le ménage, y compris au sein des gros groupes (chez qui pantouflent par ailleurs certains architectes de la loi de 2018).

    Ce nettoyage est d’autant plus important qu’en parallèle, les universités publiques, en sous-financement chronique, envisagent de fermer des formations et des campus. Cette #asphyxie_budgétaire accélère la privatisation du supérieur et place l’État dans une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public.

    La privatisation de l’#enseignement_supérieur pose de graves questions de #démocratie, de contrôle et de qualité. Par son financement aveugle et sa passivité réglementaire, l’État soutient sur fonds publics un système qui finance des profits privés.

    À l’heure où les universités luttent pour leur survie, il est urgent que l’État reprenne la main : en régulant fermement, en surveillant les pratiques abusives et en soutenant et valorisant ses établissements publics, où la qualité de la formation et de la recherche est assurée.

    L’État doit défendre ses propres établissements, réguler le secteur privé bien au-delà de la simple apposition d’un label, et ne pas faire reposer sur des familles endettées, déçues et désemparées, la #responsabilité de choisir l’incertain.

    https://www.alternatives-economiques.fr/essor-prive-asphyxie-universites-letat-a-contre-emploi-lens/00113661
    #privatisation #ESR #enseignement_supérieur #France #financement #facs #université #régulation

  • #Argentine : #Expulsion des #Mapuches dans le #parc_national #Los_Alerces

    Dans la matinée du jeudi 9 janvier, une expulsion d’une communauté mapuche a commencé à #Chubut. Le juge fédéral d’Esquel, #Guido_Otranto, a autorisé les forces de police à mener cette opération. La communauté mapuche #Paillako, occupe les terres depuis 2020, le gouvernement national a décidé de ne pas prolonger la loi N.º 26.160 sur l’#urgence_territoriale_indigène qui suspendait l’exécution des expulsions dans les territoires réclamés par certains groupes. Cette décision, leur donne le pouvoir d’agir en défense de la propriété privée et de l’ordre juridique sur tout le territoire national.


    https://secoursrouge.org/argentine-expulsion-des-mapuches-dans-le-parc-national-los-alerces
    #peuples_autochtones

  • Parcoursup : au lycée, les notes sont devenues « un truc de dingue ! » | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/education/parcoursup-au-lycee-les-notes-sont-devenues-un-truc-de-dingue-2138476
    https://media.lesechos.com/api/v1/images/view/67628fb1fc6fd56a7e3dbafb/1280x720/01302113269762-web-tete.jpg

    Des parents s’interrogent : faut-il éviter tel établissement réputé noter plus sévèrement, afin d’« avoir plus de chances dans Parcoursup » ? Certains lycées croient avoir trouvé la parade, en fournissant deux bulletins de notes - l’un, officiel, pour Parcoursup et l’autre, officieux, pour se préparer à la notation dans l’enseignement supérieur…

    Mouhahaha

    Dans les universités comme dans les grandes écoles, les professeurs qui sélectionnent les candidats se disent déconcertés par « l’inflation » des notes de contrôle continu qui « altère leur capacité à distinguer les dossiers », à l’instar de Sciences Po Paris. Son directeur, Luis Vassy, a décidé « d’accroître très sensiblement le poids de l’écrit du bac de français puisque c’est en fait la seule note qui soit notée de manière homogène sur le territoire national », indique-t-il. Sciences Po va aussi renforcer le poids de l’oral, de sorte que Parcoursup ne pèsera plus que pour 50 % dans la sélection.

    C’est tellement de la merde.

    Dans les universités comme dans les grandes écoles, les professeurs qui sélectionnent les candidats se disent déconcertés par « l’inflation » des notes de contrôle continu qui « altère leur capacité à distinguer les dossiers », à l’instar de Sciences Po Paris. Son directeur, Luis Vassy, a décidé « d’accroître très sensiblement le poids de l’écrit du bac de français puisque c’est en fait la seule note qui soit notée de manière homogène sur le territoire national », indique-t-il. Sciences Po va aussi renforcer le poids de l’oral, de sorte que Parcoursup ne pèsera plus que pour 50 % dans la sélection.

    Les gus qui refusent d’admettre que tout ça n’est que de la merde !

    Comment en est-on arrivé là ? La faute à qui ? A la réforme du bac ? « Pas du tout ! » répond Pierre Mathiot. Le problème, c’est que le contrôle continu est « maltraité dans tous les sens du terme ». « C’est l’échec absolu des plans d’évaluation d’établissements que nous avions tenté de mettre en place avec Jean-Michel Blanquer [l’ex-ministre de l’Education nationale, NDLR] », estime-t-il en renvoyant « à l’un des grands mammouths du système scolaire français qui consiste dans la manière de noter et dans la place de la note ».

    En France, on explique qu’un 17,5/20 ne vaut pas un 18/20, alors d’autres pays ne mettent pas de note… « Les enseignants sont mis en difficulté sur la notation, qui est pour eux une espèce de droit absolu, alors que la solution consisterait à inventer des collectifs de travail, avec des enseignants se mettant autour de la table pour dire ’Voilà comment on note, tous ensemble ’ ». Une « révolution » qui paraît encore bien lointaine.

    L’annonce d’une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques changera peut-être la donne. Luis Vassy la voit comme un moyen de « sortir de la contrainte du contrôle continu » et de « disposer de données objectives des élèves le plus tôt possible » dans la procédure de sélection. Sa mise en oeuvre risque toutefois de rouvrir la guerre du bac et des coefficients entre les épreuves terminales.

    • La faute à qui ? A la réforme du bac ? « Pas du tout ! » répond Pierre Mathiot.

      ben voyons ! la réforme du bac a suivi à la lettre les recommandations du rapport … Mathiot. cf.

      Réforme du baccalauréat : le rapport Mathiot | vie-publique.fr
      https://www.vie-publique.fr/en-bref/19823-reforme-du-baccalaureat-le-rapport-mathiot

      Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a reçu le 24 janvier 2018 le rapport de Pierre Mathiot sur la réforme du baccalauréat à l’horizon 2021.

      c’est d’ailleurs mentionné dans l’article et dans la citation mise en exergue
      Pierre Mathiot, concepteur de la réforme du bac

    • Ce qui est étonnant est de découvrir ce problème seulement maintenant... D’ailleurs, ce problème se retrouve partout, et pas juste au passage secondaire-université, mais aussi après, sur le passage de la licence à la maîtrise. En amérique du nord, je vois des universités où (désolé, on note en lettre) la note moyenne d’un cours est A (qui peut être la meilleure note), autrement dit, dans un dossier, A signifie à la fois « le/la meilleur » et en même temps « note moyenne ». Depuis des années, je me retrouve à devoir classer des candidat(e)s (pour des bourses, des admissions, des stages), et c’est devenu juste n’importe quoi. On ne peut plus regarder les notes, qui ne veulent plus rien dire*, on regarde le reste (extra-curriculum, et recommendation). Après, on est typiquement dans un problème de loi de Goodhart (https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Goodhart) : si un critère est utilisé, il est détourné. On est clairement arrivé dans un monde de surenchère, et c’est triste...

      * je suis étonné que personne n’évoque, en France, le système utilisé au Québec (la cote R https://fr.wikipedia.org/wiki/Cote_R, @simplicissimus retrouvera des idées classiques de statistiques de modèles hiérarchiques, de positionnement d’élève dans une classe, d’une classe dans un établissement)

    • Cette dérive ce sont les lycéen·nes qui l’ont le mieux anticipée, et ce dès la première année de la réforme Blanquer. En tant que représentant des parents d’élèves il a fallu que j’explique aux profs que chaque note était cruciale, car il est plus facile de diminuer une moyenne que de la remonter. Ils n’y avaient pas réfléchi, à l’époque. Les lycéen·nes si.

    • Mais du coup faut revenir à des notes plus sévères qui classent vraiment (puisque quand même ya physiquement une limite de nombre à chaque formation, BTS, licence, maitrise, etc donc fatalement il FAUT trier non ?), et réautoriser plus de redoublements (mais ya pas assez de places dans les lycées puisque ya toujours des nouvelles générations qui arrivent) ? Mais au risque que plus de monde arrêtent les études longues comme avant ?

    • Non, le problème c’est qu’ils ne veulent pas ouvrir de places en fac et au lycée où la démographie le nécessiterait.

      La réforme Blanquer, c’est juste ça : limiter les entrées dans le supérieur et laisser le marché et les privées se partager ceux qui peuvent.

      Avant, le bac était le premier diplôme d’études supérieures : tu l’avais, tu pouvais t’inscrire au moins en fac.

      Comme on a poussé les murs au taquet depuis 30 ans et qu’on ne veut pas mettre une thune de plus (voire même se refaire sur la bête), toutes les réformes ont eu pour objet de marginaliser le bac qui est devenu purement décoratif et de mettre en place la sélection partout selon des critères les plus arbitraires (ou les plus contournables) possibles… pour les classes moyennes et populaires.

      Faut vraiment bien voir l’ensemble du tableau : tu entrais en fac même avec un bac au repêche, maintenant, tu n’y arrives plus forcément avec une mention.

      Tu choisissais l’endroit et la matière à étudier, maintenant, c’est réservé à une toute petite élite pendant que les autres ont des choix par défaut, contraints et résignés… et souvent loin de chez eux.
      Pour ceux qui ont des moyens financiers, c’est moyennement embêtant.
      Sans argent, avec le prix des transports et l’inflation de loyers, c’est mission impossible… et autant de jeunes qui ne peuvent plus étudier.

    • Si on en croit tous ces développements, on s’aperçoit que dans les « démocraties » de l’Occident global, c’est un peu comme dans les régimes autoritaires post soviétiques : les gens s’adaptent pour se faufiler entre les mailles du filet coercitif. Et dans la chaîne de commandement, tu as des gonzes qui préfèrent bidouiller en loucedé plutôt que dénoncer la catastrophe. En parallèle (et à l’origine du problème), tu as les malfaisants qui ne pensent qu’à se gaver et à entretenir leurs réseaux en faisant en sorte que leurs copains puissent aussi partager le fromage.

      #consanguinité (des élites) #gestionnaires_du_cheptel_humain #surnuméraires #capitalisme_du_désastre

    • On rigole comme ça mais n’oublions pas que c’est ainsi qu’on s’est retrouvé avec un méchant virus qui a pu prendre l’avion vite fait suite à un accident de laboratoire signalé trop tardivement à cause de la crainte des sanctions.

      (Merci de votre attention : c’était la minute comploplo du Dr Sombre).
      #don't_look_up

  • #Mayotte : #histoire_coloniale, fractures sociales et désastre environnemental

    Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en #crise, où la #misère humaine et les #catastrophes_naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – #séismes, #tornades, #montée_des_eaux – ne sont que la face visible d’un #effondrement plus global. Ils révèlent une #vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des #inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

    En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’#Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

    L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette #départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des #infrastructures et des #services_publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.

    Effondrement des services publics

    L’#éducation, en particulier, est le symbole de cet #échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le #système_scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du #système_éducatif alimente un sentiment d’#abandon et de #mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’#égalité_républicaine reste une illusion.

    Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une #pression_démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les #bidonvilles, des espaces d’#exclusion où se forment des #bandes_de_jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de #violences et d’#émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du #droit_du_sol, ces enfants peuvent acquérir la #nationalité_française.

    La #colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’#environnement. Mayotte est une île en pleine #dégradation_écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’#assainissement, rejettent leurs #déchets dans une #mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des #mangroves (due à un #développement_urbain incontrôlé et au #changement_climatique) et en conséquence des #récifs_coralliens, essentiels pour limiter l’#érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

    Une gestion écologique devenue symbole technocratique

    À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du #parc_naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la #biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette #conservation comme une nouvelle forme de #colonialisme : une « #colonisation_bleue » où la priorité est donnée à la #nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le #sentiment_d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

    Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les #sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en #eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

    Un avenir impensable et tragique

    Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le #présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’#urgence et l’incapacité d’anticiper.

    Mayotte incarne cette #temporalité_brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’#impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

    La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’#hypercriticité : un état où les #tensions_sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un #effondrement_global.

    Ce terme désigne non seulement l’accumulation des #vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’#accès_à_l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

    Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la #globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses #fractures_coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans "Une planète, plusieurs mondes" (https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/une-planete-plusieurs-mondes), ce croisement marque une #rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

    Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’#effondrement_insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la #double_identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’#hybridité_culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

    https://theconversation.com/mayotte-histoire-coloniale-fractures-sociales-et-desastre-environne
    #Comores #colonialisme #environnement

  • Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    https://www.dakaractu.com/Journee-Internationale-des-Migrants-En-route-pour-reinventer-la-migration

    Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    À l’occasion de la Journée internationale des migrants, Mandiaye Ndiaye, conseiller pays, et Maguette Sambe, secrétaire général pays du Conseil international pour l’immigration, l’entrepreneuriat et l’emploi (CIIEE), ont réaffirmé l’importance de valoriser la migration en tant que vecteur de développement et de croissance. Ils soulignent que les migrants, confrontés à des défis énormes dans les pays d’accueil, doivent être accompagnés et soutenus. Cette journée symbolique est l’occasion de rappeler qu’il est impératif de permettre aux jeunes de se déplacer légalement pour travailler et contribuer à l’économie mondiale, tout en luttant contre l’immigration clandestine, un fléau qui continue de déchirer de nombreuses familles.
    Le CIIEE, créé il y a un an, œuvre activement pour sensibiliser les jeunes, notamment au Sénégal, sur les enjeux liés à la migration. Mandiaye Ndiaye insiste sur la nécessité de mettre en place des stratégies pour contrer les flux migratoires illégaux et fournir des solutions concrètes aux jeunes qui souhaitent s’expatrier. En collaboration avec des partenaires internationaux et des institutions ministérielles, le CIIEE prépare un atelier majeur pour la seconde quinzaine de janvier 2024, afin de créer un plan d’action permettant de renforcer l’accompagnement des jeunes dans leurs démarches migratoires légales et sécurisées.
    L’atelier qui réunira des acteurs gouvernementaux, des ONG et des partenaires internationaux, vise à définir un programme d’activités de sensibilisation et de formation. Selon Maguette Sambe, il est crucial d’échanger des informations pertinentes sur les possibilités d’emploi à l’étranger et de favoriser des collaborations avec des représentations diplomatiques pour assurer que les jeunes migrants soient informés et protégés tout au long de leur parcours. En somme, le CIIEE met en place un cadre structuré pour encourager une migration sûre et ordonnée, dans l’intérêt des jeunes et des nations concernées.

    #Covid-19#migrant#migration#CIIEE#senegal#formation#jeunesse#migrationirreguliere#parcoursmigratoire#sante#migrationlegale

  • Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    https://www.dakaractu.com/Journee-Internationale-des-Migrants-En-route-pour-reinventer-la-migration

    Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    À l’occasion de la Journée internationale des migrants, Mandiaye Ndiaye, conseiller pays, et Maguette Sambe, secrétaire général pays du Conseil international pour l’immigration, l’entrepreneuriat et l’emploi (CIIEE), ont réaffirmé l’importance de valoriser la migration en tant que vecteur de développement et de croissance. Ils soulignent que les migrants, confrontés à des défis énormes dans les pays d’accueil, doivent être accompagnés et soutenus. Cette journée symbolique est l’occasion de rappeler qu’il est impératif de permettre aux jeunes de se déplacer légalement pour travailler et contribuer à l’économie mondiale, tout en luttant contre l’immigration clandestine, un fléau qui continue de déchirer de nombreuses familles.
    Le CIIEE, créé il y a un an, œuvre activement pour sensibiliser les jeunes, notamment au Sénégal, sur les enjeux liés à la migration. Mandiaye Ndiaye insiste sur la nécessité de mettre en place des stratégies pour contrer les flux migratoires illégaux et fournir des solutions concrètes aux jeunes qui souhaitent s’expatrier. En collaboration avec des partenaires internationaux et des institutions ministérielles, le CIIEE prépare un atelier majeur pour la seconde quinzaine de janvier 2024, afin de créer un plan d’action permettant de renforcer l’accompagnement des jeunes dans leurs démarches migratoires légales et sécurisées.
    L’atelier qui réunira des acteurs gouvernementaux, des ONG et des partenaires internationaux, vise à définir un programme d’activités de sensibilisation et de formation. Selon Maguette Sambe, il est crucial d’échanger des informations pertinentes sur les possibilités d’emploi à l’étranger et de favoriser des collaborations avec des représentations diplomatiques pour assurer que les jeunes migrants soient informés et protégés tout au long de leur parcours. En somme, le CIIEE met en place un cadre structuré pour encourager une migration sûre et ordonnée, dans l’intérêt des jeunes et des nations concernées.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#CIIEE#formation#migrationlegale#migrationirreguliere#sante#parcoursmigratoire

  • Pourquoi réserver un train est devenu un enfer (et pourquoi ça va empirer)

    Entre la multiplication des #marques et la #complexité de la #billetterie, l’ouverture à la #concurrence rend le #paysage_ferroviaire « kafkaïen », dénoncent les usagers.

    Aléop, Zou !, Lio, InOui, Trenitalia… Le paysage ferroviaire s’est transformé ces dernières années en une indigeste salade de #logos. Côté billetterie, ce joyeux capharnaüm entraîne un lot d’#aberrations : des #guichets #TER qui ne vendent pas de billets #TGV, des #cartes_de_réduction qui ne fonctionnent pas dans toutes les régions, l’application #SNCF_Connect qui n’affiche aucun billet Trenitalia ou Renfe...

    Et ce n’est qu’un début. Le paysage ferroviaire risque de devenir « insensé », prévient le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), François Delétraz. Une inquiétude largement partagée dans le petit monde du ferroviaire, y compris chez les partisans inconditionnels de l’ouverture à la concurrence : on assiste à « une extraordinaire #fragmentation [qui pose] une énorme préoccupation », s’alarmait le très respectable président de l’Autorité de régulation des transports, Thierry Guimbaud, lors du colloque annuel de l’Afra, le lobby des entreprises ferroviaires, le 8 octobre à Paris.

    « La situation est préoccupante », reconnaissait le même jour Claude Steinmetz, le patron de #Transdev, le premier challenger de la SNCF sur les TER. D’après ses calculs, il existe 45 titres de réduction différents pour les TER, toutes régions confondues. « L’opérateur historique [la SNCF] a onze sites internet de distribution, ajoutait-il. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? »

    Cette #complexification, pas vraiment en phase avec l’engouement des Français pour le train et l’urgence de décarboner les transports, est une conséquence directe de l’ouverture du réseau ferré à la concurrence. Big bang que dénoncent les syndicats de cheminots, notamment à travers un appel à la grève, à partir du mercredi 11 décembre au soir.

    La guerre des #applis

    Concernant les TER, transport du quotidien et clé de voûte de la transition énergétique des transports, la fin du #monopole_public est gérée par les régions. Comme elles investissent pour tenter d’améliorer l’offre, elles souhaitent que cela se voie. « Elles ont presque toutes mandaté des agences de com’ pour trouver un nom de marque — improbable — pour se différencier de leurs voisines tout en tournant le dos à la SNCF et à son bon vieux TER », raille la Fnaut, le 9 décembre dans un communiqué. Fluo, BreizhGo, Lio... Chacune déploie également sa propre #politique_tarifaire et son propre système de #réduction.

    Dans cette #jungle, plusieurs #applications de vente de billets comme SNCF Connect ou #Trainline espèrent s’imposer et promettent de rendre fluide le « #parcours_client ».

    Pour l’heure, elles se livrent surtout une guerre sans merci. Écrasant leader, SNCF Connect (85 % des ventes) refuse de vendre des billets pour ses concurrents (#Trenitalia et la #Renfe) et leur met des bâtons dans les roues. Elle ne leur permet pas de vendre tous les tarifs disponibles et ne partage pas les informations trafic en temps réel. Trainline se plaint également de ne pas réussir à trouver sa #rentabilité, en raison des #commissions faméliques que lui verse la SNCF (2,9 % sur la vente des billets, contre 10 % pour un billet Trenitalia).

    Pour ne rien arranger, les régions n’ont aucune intention de faire confiance à ces applications de billetterie. Elles développent, chacune dans leur coin, leur propre système de distribution. Et comme les TER, demain, seront gérés par une multitude de compagnies différentes, ce sont les #régions qui vont centraliser l’information et la transmettre, avec plus ou moins de bonne volonté, à SNCF Connect, Trainline et consorts.

    « Impossible, pour le commun des mortels,
    de s’y retrouver »

    Cette complexification trouve une illustration déjà bien visible à Marseille : « Entre les Ouigo, les TGV InOui, la Renfe qui propose une liaison avec Barcelone, les TER gérés par la SNCF et bientôt les TER gérés par Transdev, vous avez cinq #opérateurs différents dans une même gare. Mais il n’existe aucun endroit où on peut tout acheter, résume François Delétraz. Impossible, pour le commun des mortels, de s’y retrouver. »

    Mais alors, que fait la police ? Pour l’heure, les règles sont encore à écrire et le gendarme du ferroviaire, l’#Autorité_de_régulation_des_transports, saisi de nombreux contentieux, prévient que les arbitrages sont pour bientôt. La Commission européenne compte également mettre de l’ordre dans ce Far West ferré. D’ici fin 2025, elle doit présenter un projet de règlement forçant les compagnies ferroviaires et les applications de vente de tickets à jouer la même partition.

    « On espère que cela améliorera la visibilité, souligne Vincent Thevenet, spécialiste ferroviaire de l’ONG Transport & Environment. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est arriver à un système où les #prix seraient différents d’une plateforme à l’autre, avec un risque de #spéculation à la baisse ou à la hausse. Dans le transport aérien, c’est un gros problème. » L’initiative européenne ne se concrétisera pas avant plusieurs années et pourrait ouvrir ensuite une phase de guérilla juridique longue et couteuse, nouvelle tradition du monde ferroviaire.

    La situation ne manque pas d’ironie. Après trente ans d’efforts pour fabriquer une concurrence, largement artificielle, entre des entreprises ferroviaires européennes, toutes publiques, l’Union européenne les enjoint désormais de s’entendre et de se coordonner pour éviter le fiasco.

    Contactée par Reporterre, #SNCF_Voyageurs renvoie la responsabilité aux régions. « Ce sont elles qui définissent notamment les politiques tarifaires et la billettique », souligne l’entreprise. SNCF Voyageurs n’est plus qu’un simple « exploitant des services ferroviaires » comme un autre. L’entreprise publique s’est simplement préparée à affronter l’extraordinaire #morcèlement du ferroviaire. « Notre filiale SNCF Connect & Tech propose des solutions pour répondre aux appels d’offres lancés par les régions pour l’exploitation de leurs systèmes d’information et de billettique », souligne l’entreprise.

    Un « #allotissement » qui complique tout

    La billetterie n’est pas le seul sac de nœuds à dénouer. Pour faciliter l’entrée de concurrents à la SNCF, les régions découpent le réseau TER en une multitude de petits « lots ». Chacun fait l’objet d’un #appel_d’offres et est attribué pour dix ans à un délégataire de #service_public. Même la SNCF, lorsqu’elle remporte le lot, doit créer une nouvelle filiale.

    « Résultat, dans dix ans nous aurons une centaine de PME du rail. Les régions affirment qu’avec leurs bras musclés elles parviendront à harmoniser tout ça, mais cela entraînera une litanie de problèmes », s’inquiète Frédéric Michel, guichetier à la gare Saint-Charles de Marseille et militant Sud-Rail. Les compagnies doivent par exemple partager l’information aux voyageurs en temps réel, synchroniser les horaires pour faciliter les correspondances, gérer les aléas.

    Le premier TER non SNCF doit circuler mi-2025 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. Comment #Transdev, filiale de la Caisse des dépôts en voie de #privatisation, s’entendra avec les autres acteurs en cas d’avarie ? « Aujourd’hui, c’est déjà compliqué de gérer les #ruptures_de_correspondance entre un TER et un TGV, alors qu’on appartient à la même entreprise. Demain, avec une entreprise concurrente, ça n’existera plus », souligne Frédéric Michel.

    « Qui va payer l’hôtel et le billet de rechange des passagers qui ont raté leur Ouigo à cause d’un retard de TER sur Transdev ? La région Sud y réfléchit. Ça commence dans six mois et elle ne sait pas comment faire », affirme François Delétraz.

    Le train, un service marchand comme un autre

    Cette #désorganisation générale du réseau est concomitante à une #transformation fondamentale : depuis vingt ans, le train s’éloigne progressivement d’une logique de #service_public pour épouser les pratiques commerciales du privé. Et la quête de rentabilité est désormais exacerbée à la SNCF, à cause de la pression de son principal actionnaire, l’État, qui lui impose de doubler la somme qu’elle fait remonter chaque année pour financer l’entretien du réseau vieillissant (6,5 milliards d’euros).

    C’est cette pression qui explique la hausse continue et diffuse des #tarifs (8,2 % en moyenne sur un an selon l’Insee en 2023), la suppression des dessertes non rentables et des #guichets en gare, la hausse à 19 euros de la commission pour l’échange d’un billet InOui six jours avant le départ, la fin des billets non personnalisés qui pouvaient être troqués... La liste est potentiellement sans fin, des irritants qui pénalisent les « usagers » devenus « clients ».

    Des syndicats de cheminots au lobby des entreprises ferroviaires, en passant par les élus et les usagers, tous les acteurs du monde ferroviaire sont au moins d’accord sur un point : l’argent public manque cruellement en France pour faire face au mur d’investissement nécessaire à la sauvegarde et au développement d’un réseau vieillissant. Constat implacable de l’association allemande Alliance pour le rail, qui publiait en juillet dernier un classement des pays européens en matière d’#investissement_ferroviaire. La France apparaît bonne dernière.

    https://reporterre.net/Pourquoi-reserver-un-train-est-devenu-un-enfer-et-pourquoi-ca-va-empirer
    #réservation #train #transport_ferroviaire #SNCF #France #billets

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1087591
    @sombre

  • L’histoire enfouie du #remembrement

    Après-guerre, en #Bretagne surtout, et dans une moindre mesure dans les zones moins bocagères, les #haies ont été arrachées à coups de bulldozer, les talus arasés, et les vergers réduits à néant. C’est ce qu’on a appelé le remembrement et voici son #histoire oubliée racontée dans une #BD.

    En mai 1978, #Gildas_Le_Coënt, emprisonné neuf mois en hôpital psychiatrique, est libéré. Cette affaire marque un nouvel épisode de la bataille bretonne contre le remembrement. Elle reflète une réalité vécue par des milliers de #paysans à travers la France pendant les décennies de #modernisation_agricole. #Inès_Léraud est journaliste, et lanceuse d’alerte en 2019 face à l’omerta des algues vertes. Elle publie aujourd’hui « Champs de bataille, l’histoire enfouie du remembrement », sa deuxième BD, une enquête avec Pierre van Hove, publiée chez La Revue Dessinée et les Éditions Delcourt.
    Des blessures toujours vives dans la mémoire collective

    Les témoignages recueillis révèlent des traumatismes profonds. Comme le rapporte Jacqueline Goff née en 1953 : "Je revois l’apparition des bulldozers, ce #saccage qui détruit tout, les arbres, les talus. Ce n’était pas un remembrement, un #démembrement, c’était le #chaos." sur France Culture. Cette #mémoire douloureuse se transmet encore dans les villages, où certaines familles ne se parlent plus depuis cette époque.

    Une modernisation imposée qui a divisé les campagnes

    Le remembrement, lancé après la Seconde Guerre mondiale, visait à adapter l’#agriculture française aux enjeux de #productivité et de concurrence internationale. "C’était une #société_paysanne qui n’était pas dans une logique de l’argent" explique Inès Léraud, "il s’agissait de regrouper les #parcelles, d’arracher les #arbres, les #talus, pour avoir des champs facilement cultivables par des machines". Cette politique crée alors des tensions durables, opposant les "gagnants", appelés "profiteurs" et les "lésés" du remembrement.

    Ce qui frappe Inès Léraud et Léandre Mandard en travaillant sur le sujet du remembrement, c’est l’ampleur des #résistances et des #conflits liés à cette question. Un #mouvement_contestataire qu’on aurait difficilement imaginé vu le peu de cas qu’en ont fait les sociologues ruraux et les historiens jusque-là. "Or, dans les archives départementales, les cartons de réclamation, de recours, de lettres, de mécontentement. Il y en avait partout, dans toutes les archives départementales où je suis allée sur le territoire français. Les bulldozers du remembrement ont dû être accompagnés des forces de l’ordre pour intervenir" explique Inès Léraud.

    Un impact environnemental majeur qui persiste

    Les conséquences de cette transformation radicale des #paysages se font encore sentir aujourd’hui. "Il y a 23 000 kilomètres de haies qui disparaissent chaque année, il y en a 3 000 qui sont replantées, donc on perd 20 000 kilomètres de haies chaque année", souligne Inès Léraud. Cette destruction massive du #bocage, associée à la diminution drastique du nombre d’agriculteurs (passé de 7 millions en 1946 à 400 000 aujourd’hui), illustre l’ampleur des changements opérés. "Certains chercheurs parlent même d’#éthnocide, on a perdu 90% des paysans." explique Inès Léraud.

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-20-novembre-2024-8473983
    #bande-dessinée #résistance #paysage

    • Champs de bataille

      Le « remembrement ». Cette politique décisive pour le déploiement de l’agriculture intensive a été peu documentée. Aucun livre d’histoire ou de sociologie n’a été consacré aux perdants de cette politique ni aux résistants à ce bouleversement.
      À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’État fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises. Accessibilité des champs par des machines, regroupement des parcelles et disparition des haies et talus. C’est le « remembrement ». L’objectif est que la #paysannerie produise davantage, que le pays atteigne son auto-suffisance alimentaire et que la France devienne une puissance agricole mondiale.

      https://www.editions-delcourt.fr/bd/album-champs-de-bataille

      #livre

    • Le remembrement, une division des terres et des êtres

      Après la Seconde guerre mondiale, la France a connu un remembrement de ses terres, au profit d’une agriculture productiviste. Peu documentée, cette politique a profondément transformé les paysages et divisé les villages. Quelles sont les conséquences réelles de cette politique ?

      Pendant près de quatre ans, de la Bretagne aux Ardennes en passant par le Limousin, la journaliste Inès Léraud a mené une enquête sur le remembrement des terres en France, avec l’appui de Léandre Mandard, doctorant au Centre d’histoire de Science-Po. En allant à la rencontre des témoins du remembrement, ils ont retracé l’histoire des politiques agricoles en matière de gestion des terres. Plus de 60 ans après le grand remembrement, quel bilan tirer de cette politique ? Comment étaient perçues ces transformations par les différentes parties prenantes ?

      Le remembrement, moteur de la productivité agricole française

      Le processus de remembrement des terres a lieu après la Seconde guerre mondiale, comme l’explique Inès Léraud : « L’Etat fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises, afin que les champs soient accessibles par des chemins carrossables et facilement cultivables par des machines. C’est le remembrement. Les petites parcelles sont regroupées pour en former des grandes. Dans les régions de bocage, les haies et talus disparaissent sous les lames des bulldozers. L’objectif est que la paysannerie produise davantage et que la France devienne une puissance agricole mondiale. Au cours de ce processus, la taille des fermes augmente considérablement, et les plus petits paysans disparaissent. »
      « Le plus grand « plan social » qu’a connu la France »

      L’enquête d’Inès Léraud, mise en dessin par Pierre Van Hove, souligne l’opposition du monde paysan au remembrement, une paysannerie elle-même fracturée entre les agriculteurs qui tirent profit du remembrement, et ceux qui en souffrent, les "lésés". En effet, la politique de remembrement fut pensée, selon Inès Léraud, au service de l’expansion industrielle de la France : la mécanisation de l’agriculture devait permettre aux agriculteurs d’exploiter de plus grandes surfaces avec moins de travailleurs, libérant ainsi une main d’œuvre conséquente pour les usines. Des centaines de milliers d’exploitations agricoles disparaissent. « Le nombre de paysans et de salariés agricoles passe de 7 millions en 1946 à 3,8 millions en 1962. (...) C’est le plus grand « plan social » qu’a connu la France. », explique l’autrice. « En 1961, les paysans sans ferme composent 70% des effectifs ouvriers de l’usine Citroën, construite à Rennes un an auparavant. Une politique de transfert de main-d’œuvre savamment orchestrée… », poursuit-elle.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-l-idee/le-remembrement-selon-ines-leraud-et-pierre-van-hove-9818632

  • APL : découvrez la nouvelle liste des documents à fournir à la CAF pour toucher les aides au logement | Merci pour l’info
    https://www.mercipourlinfo.fr/actualites/aides-et-allocations/apl-decouvrez-la-nouvelle-liste-des-documents-a-fournir-a-la-caf-pour

    Il se substitue aux textes jusqu’alors en vigueur, à savoir notamment l’arrêté du 22 août 1986, qui sont devenus obsolètes en raison « de la récupération automatique de certaines informations déjà déclarées par les demandeurs ou allocataires auprès d’autres administrations », précise l’arrêté ministériel.

    Pour ouvrir ou renouveler un droit à une aide personnelle au logement, vous devez désormais fournir les documents suivants :

    un état des personnes vivant habituellement au sein de votre foyer. Les ressources prises en compte pour le calcul des APL sont en effet celles dont bénéficient le demandeur, son conjoint et les personnes vivant habituellement au foyer ;
    la photocopie recto-verso de votre carte d’identité, de votre passeport, ou, à défaut, de votre carte de ressortissant d’un État de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen (EEE) ou de votre carte de combattant (avec photo) ou de votre titre de séjour dans les autres cas ;
    le montant de votre patrimoine si sa valeur dépasse 30 000 € ;
    une attestation de votre bailleur justifiant de l’affectation (à un usage d’habitation), de la superficie, de la décence du logement, notamment sur la base du diagnostic de performance énergétique, et comprenant le montant du loyer [qui semble remplacer la quittance de loyer]

    pour une demande d’aide au logement accession à la propriété, un certificat de prêt, le contrat de prêt, un tableau d’amortissement ou tout autre document émanant de l’établissement bancaire. Les prêts signés à compter du 1er février 2018 ne permettent plus d’ouvrir un droit à l’APL, excepté les prêts signés entre le 1er février 2018 et le 31 décembre 2019 pour l’acquisition d’un logement ancien en secteur 3.[La zone 1 couvre l’ensemble de l’Île-de-France, La zone 2 correspond aux agglomérations de plus de 100 000 habitants et inclut la Corse, Tout autre territoire est en zone 3]

    [et plus encore]

    Aides au logement (APL) : le forfait charges ne suffit plus à couvrir les charges locatives
    https://www.mercipourlinfo.fr/actualites/aides-et-allocations/aides-au-logement-apl-la-clcv-reclame-une-hausse-de-la-part-dediee-au

    L’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) a lancé, lundi 8 avril, une campagne pour demander au gouvernement une nette revalorisation du forfait charges des aides personnelles au logement (APL, #ALF et #ALS), destiné au paiement des charges locatives (eau, électricité, gaz), et son indexation sur l’inflation pour aider les locataires à faire face aux hausses de leurs factures d’énergie.

    « Malgré un contexte inflationniste sans précédent, la part des APL dédiée au paiement des charges énergétiques n’a pas augmenté depuis 18 ans », déplore l’association dans un communiqué. Depuis 2006, le #forfait_charges n’a en effet connu qu’une « très maigre revalorisation, totalement décorrélée de l’évolution du coût de la vie », poursuit-elle.

    Il est passé de 52,93 € par mois pour une personne seule ou un couple sans personne à charge (+11,99 € par personne supplémentaire) en 2013 à 58,08 € par mois (+13,17 € par personne supplémentaire) en 2023 pour un montant moyen d’APL de 219 € par mois par ménage.

    Or, dans le même temps, « les charges locatives ont connu une très forte progression », si bien que la part couverte par le forfait charges s’est fortement réduite. Si en 2013, ce dernier couvrait par exemple 42 % des 125 € de charges locatives mensuelles moyennes pour un appartement de 50 m², il n’en couvre plus que 28 % en 2023, le montant des charges ayant atteint 192 € par mois en zone tendue pour cette même surface en 2020.

    #APL #CAF #parcours_d'obstacles

  • #Discrimination ou obligation légale ? À presque 80 ans, ce couple de gens du voyage doit quitter un terrain occupé depuis plus de 20 ans

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/jura/dole/discrimination-ou-obligation-legale-a-presque-80-ans-ce

    Un couple de septuagénaires membres de la communauté des gens_du_voyage occupent un terrain à #Ranchot (#Jura) depuis plus de 20 ans. Problème : la mairie leur a demandé de quitter les lieux d’ici à mars 2025. Une #expulsion dénoncée par des associations et une députée parisienne.

    929 m2 qui font parler. À Ranchot, dans le Jura, une petite #parcelle de terre est actuellement au centre des conversations. Ainsi que ceux qui l’habitent : Arlette et Jean-Claude Meyer, 76 et 75 ans, membres de la #communauté_des_gens_du_voyage. Car le couple pourrait bientôt être forcé de quitter les lieux, après plus de vingt ans d’occupation.

  • Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants
    https://www.seneweb.com/news/Societe/emigration-irreguliere-le-ministere-de-l_n_454052.html


    Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants
    Par : Ndeye Astou Konaté - Seneweb.com | 24 octobre, 2024 à 13:10:25
    Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants❞
    #Covid-19#migrant#migration#senegal#UE#emigration#migrationirreguliere#politiquemigratoire#UE#sante#parcoursmigratoire

  • Biodiversity declining even faster in ‘protected’ areas, scientists warn Cop16 | Cop16 | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2024/oct/24/biodiversity-declining-even-faster-in-protected-areas-scientists-warn-c

    Just designating key areas will not meet 30x30 target on nature loss, study says, pointing to oil drilling in parks

    Un paradoxe de plus de nos institutions. La biodiversité baisse plus vite dans les zones protégées.

  • Comment les étudiants ont cessé d’aller en fac (ou presque) | France Culture
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/va-savoir/comment-les-etudiants-ont-cesse-d-aller-en-fac-7209890

    À Paris, seuls 44 % des #étudiants sont inscrits à l’#université (et 10% de plus en moyenne nationale). L’évitement vis-à-vis des universités publiques progresse, alors que le nombre d’inscriptions dans l’#enseignement_supérieur_privé explose. Le résultat d’un slogan qui a résumé la fac à un gâchis.

    Ce que l’on s’imagine

    ... que majoritairement, un étudiant est d’abord un étudiant... inscrit en fac. Et plus ordinairement, dans une fac publique. C’est l’image d’Épinal de la figure de l’étudiant, et un impensé lesté d’une remarquable fixité.

    Alors qu’en fait...

    ... cela n’a jamais été aussi peu le cas, et la tendance à l’évitement s’accélère même de façon flagrante au profit du privé.

    Dans le détail, tous les étudiants n’évitent pas les universités publiques. Certains travaux, comme ceux du sociologue Cédric Hugrée, montrent par exemple que cet évitement est très situé socialement : du côté des classes populaires, l’université reste un horizon désirable, et même une voie d’ascension sociale. En revanche chez les bacheliers issus des classes moyennes ou supérieures, éviter la fac, en favorisant soit des voies publiques hors université, soit des établissements privés, n’a jamais été une tendance aussi forte, comme le confirment les chiffres officiels publiés par le ministère en juin 2024. L’évitement n’est pas aussi prononcé selon les régions, mais en Corse, il concerne plus de deux étudiants sur trois, et depuis 2023 et pour la première fois, à Paris, on compte désormais moins d’étudiants inscrits en fac publique que d’étudiants qui ne le sont pas.

    Pour Pierre Clément, cette tendance à l’évitement est liée à la dégradation de l’image de l’université dans nos représentations collectives. Cette image s’est particulièrement dégradée à partir de 2017, lorsque s’est propagé dans le discours politique ce que le maître de conférences en sciences de l’éducation considère comme « un slogan ». Dès 2019, Marie-Paule Couto et Pierre Clément publiaient un article dans la revue académique La Pensée, qui montrait la dissémination de cette idée selon laquelle l’université serait « un énorme gâchis » où les cursus se solderaient par « 60% d’échec » trois ans après le bac. Ce chiffre circule plus souvent sans être valablement étayé alors que les statistiques ont besoin d’être précisées à la loupe selon de quoi on parle exactement. Or c’est ce chiffre qui assoit tout particulièrement l’idée que l’université publique serait une voie sans issue. Et finalement sur ce chiffre que se structure une dynamique nouvelle visant à échapper à la fac telle qu’on se l’imagine désormais.

    Or, statistiques à l’appui, la sociologie de l’éducation montre plutôt une immense tendance à la stabilité : les chiffres mis en évidence par les sociologues Romuald Bodin et Sophie Orange pour les années 60 attestent plutôt que l’entrée à l’université a toujours fait l’objet de réajustements, dans l’année qui suit l’obtention du bac. Dans le détail, il faut notamment avoir en tête que ces chiffres ne tiennent pas compte du taux de redoublements (un gros tiers), de réorientations, mais aussi d’étudiants qui réussissent un concours, ou accèdent à une école dont ils préparaient l’entrée.

    Pierre Clément rappelle surtout que selon les projets politiques de réforme, les chiffres sont instrumentalisés, et maniés sans scrupules par le discours politique pour leur faire dire ce qui conviendra le mieux à l’agenda politique. A l’époque, c’était en particulier la réforme de #Parcoursup qu’entendait vendre à l’opinion publique l’Exécutif, dont les deux auteurs rappelaient dans La Pensée ce qu’ils identifiaient comme des "éléments de langage". Affirmer que l’université publique, où les moyens par étudiant ont baissé à mesure que les effectifs ont été massifiés du fait de la démographie, produisait de l’échec, s’inscrivait dans un contexte plus large.

    Cinq ans plus tard, le nombre de filières accessibles depuis l’enseignement privé explose, à mesure que ces représentations de l’échec universitaire cristallisent. Elles bénéficient de la mauvaise réputation de la fac, gonflée artificiellement dans certains discours politique.

    • Is your master’s degree useless ? | The Economist
      https://archive.ph/f5pGY

      More recently the institute has investigated returns from master’s courses—with even more striking results. It has found that by the age of 35, #master’s graduates earn no more than those with just a #bachelor’s (after accounting for their better-off backgrounds and higher previous attainment). That finding was “genuinely surprising” says Jack Britton, one of the study’s authors. It also differed markedly from research that used less-granular data.

      On both sides of the Atlantic, choice of subject is the single biggest factor determining whether a master’s boosts earnings. In America, returns are especially large in computer science and in engineering. [...]

      More striking are the large negative returns in some subjects.

  • Difendere il parco, fermare il cantiere. Le mobilitazioni per difendere il Meisino a dieci giorni dall’inizio dei lavori
    https://radioblackout.org/2024/09/difendere-il-parco-fermare-il-cantiere-le-mobilitazioni-per-difendere

    Da circa dieci giorni sono cominciati i lavori al parco del Meisino, in borgata Sassi, dove il Comune vorrebbe costruire una nuova “Cittadella dello Sport” con i fondi del PNRR, fondi “a perdere” dell’Unione Europea – da spendere assolutamente entro il 2026 – con investimenti calati dall’alto che cementificano ulteriori pezzi di verde pubblico metropolitano […]

    #L'informazione_di_Blackout #comune_di_Torino #lotte_ecologiste #mobilitazione #salviamo_il_meisino
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/09/Meisino-.mp3

  • #Bocage : la fin d’un #paysage

    Le bocage du nord-ouest de la France est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la #biodiversité. Les #arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.

    Séparant les parcelles, parfois doublées de talus et de chemins creux, les #haies sont pourtant perçues par certains agriculteurs comme des obstacles qui gênent et ralentissent le maniement des machines. L’entretien des haies demande du temps et de l’argent [lire le volet 1]. Pour les garder debout, il faudrait que les agriculteurs soient plus nombreux, et plus aidés.

    Depuis plusieurs semaines, un mouvement social agricole secoue le pays. Pour une partie des agriculteurs mobilisés, la protection des haies est une cible symbolique. Gabriel Attal, poussé à réagir, a annoncé une simplification de la réglementation, grâce au projet de loi « pour une agriculture souveraine ».

    Pourtant, malgré la réglementation existante, le bocage continue de se dégrader [lire le volet 2]. À un rythme qui surprend même des chercheurs. En cause : l’intensification du modèle agricole et l’agrandissement des #parcelles, documentés à travers les cinq volets de notre enquête.

    Le bocage régresse en Bretagne

    En Bretagne, aucun document public ne recense toutes les haies arrachées. Splann ! les a notamment identifiées dans une partie du Trégor, au nord-ouest du pays. Et le constat est sans appel : au total, 159,2 km de haies ont disparu entre 2003 et 2023. Or, le bocage joue un rôle structurant de ce point de vue : meilleure infiltration des eaux pluviales dans les sols, régulation du débit des rivières et limitation de leur teneur en polluants [lire le volet 4].

    Cette zone concentre plusieurs symboles de la lutte pour la qualité de l’eau. Tout d’abord, elle contient des zones très urbanisées et un bocage encore particulièrement dense. Le Léguer, qui y prend sa source et y rejoint la mer, est la seule rivière bretonne labellisée « rivière sauvage », pour sa partie en amont. Enfin, le territoire est concerné par la problématique des algues vertes dans la baie de Saint-Michel-en-Grève.

    Certains arrachages de haies ont pu être déclarés et « compensées » par une nouvelle plantation, mais il est difficile de savoir combien exactement et si la nouvelle plantation a bien survécu.

    https://splann.org/enquete/bocage
    #Bretagne #agriculture #remembrement #France #cartographie #visualisation #carte #agriculture_intensive

  • Une mesure inédite en #montagne, #Chamonix va restreindre les #Airbnb

    Le nombre d’Airbnb et autres #locations_saisonnières sera bientôt limité à Chamonix. Une mesure attendue par les locaux, qui font face à un afflux de touristes.

    Les boîtes à clés se multiplient devant les immeubles et les chalets du centre de #Chamonix-Mont-Blanc. Face au plus haut sommet d’Europe, ces objets symbolisent la forte augmentation des locations saisonnières de type Airbnb ces dernières années dans la vallée. « Le nombre de meublés de tourisme mis sur le marché est passé de 2 700 à 4 000 en quatre ans », dit Éric Fournier, maire de Chamonix et président de la communauté de communes de la vallée. Face à cette situation, les élus du conseil communautaire ont tenté de mettre un coup d’arrêt à cette dynamique. Le 25 juillet, une #délibération a été adoptée pour limiter le nombre de locations de courte durée dans les quatre communes de la vallée. Une première pour un territoire de montagne en France.

    Dès le 1er mai 2025, un seul bien en location saisonnière par personne physique sera autorisé à Chamonix et aux #Houches et deux biens à #Servoz. À #Vallorcine, de l’autre côté du col des Montets, il n’y aura pas de limitation du nombre de biens louables, mais les autorisations d’en faire une location saisonnière seront limitées à un an, avant d’être renouvelées.

    « Cette mesure s’inscrit dans un travail global pour maintenir l’habitat permanent dans la vallée. Une partie de notre #parc_immobilier s’érode vers les plateformes de #location_de_courte_durée, cela pose de plus en plus de problèmes pour les habitants locaux. Les offres de location à l’année sont rares et les #prix explosent », assure le maire sans étiquette.

    Les quatre communes de la vallée sont classées « #zones_tendues » depuis août 2023, et le prix de l’immobilier à Chamonix dépasse désormais les 10 000 euros le m2. Avec cette mesure, Éric Fournier souhaite retrouver « un #équilibre_social au niveau local. La vallée n’est pas un parc d’attractions et nous devons apporter des réponses à la #tension_immobilière et à la #fréquentation_touristique qui évolue très vite sur le territoire ».

    Concrètement, les propriétaires devront enregistrer leurs biens avant de les publier sur les plateformes comme Airbnb. « Nous avons passé des accords avec ces sites, et si certains ne respectent pas cet enregistrement, leurs biens seront supprimés des plateformes », assure le maire. Ce système des #immatriculations est déjà en vigueur dans d’autres villes comme Paris et permet notamment à celles-ci de connaître précisément le nombre de biens en location saisonnière et le profil des propriétaires.

    De son côté, Airbnb assure à Reporterre « [collaborer] depuis plusieurs mois avec la mairie de Chamonix sur le sujet ». « Nous continuerons à travailler avec ces villes afin de les accompagner au mieux dans la mise en place et le respect de ces règles proportionnées. »

    Bientôt tous concernés ?

    Cette #restriction s’adresse pour l’instant uniquement aux propriétaires physiques, mais ne concerne pas les entités morales comme les conciergeries ou les agences qui cumulent parfois plusieurs biens en location de courte durée. « C’est une première étape », déclare Éric Fournier, qui avait également fait voter en 2023 une #surtaxe des #résidences_secondaires qui représentent près de 70 % de l’habitat dans la commune. « Cette mesure finira par concerner tout le monde. Nous travaillons encore sur les questions juridiques pour être sûrs que ces mesures ne pourront pas être annulées. »

    Dans le département, une mesure similaire votée à #Annecy avait été suspendue en juillet 2023 par le tribunal judiciaire de Grenoble car jugée « trop restrictive ». Xavier Roseren, député de la 6e circonscription de Haute-Savoie pour le parti présidentiel Ensemble et natif des Houches, se réjouit également de cette mesure et entend poursuivre les efforts législatifs à l’Assemblée. Une proposition de loi transpartisane « visant à renforcer les outils de #régulation des #meublés de tourisme à l’échelle locale » devait être examinée en commission mixte paritaire, mais la dissolution du 9 juin a bouleversé le calendrier parlementaire.

    « Je suis très heureux que la vallée de Chamonix ait pris l’initiative de porter cette mesure sans attendre la promulgation de cette loi, déclare le député, très impliqué sur ces questions. Le texte devait également acter la création de zones réservées à l’#habitat_permanent, comme en Suisse, avec des quotas de résidences secondaires. » Le député souhaite également que la loi sur les passoires énergétiques s’applique aux locations de courte durée : « Il n’est pas normal que l’on puisse louer un bien non isolé sur Airbnb alors qu’on ne peut pas le louer en longue durée. On doit continuer à travailler sur la transition écologique et touristique dans nos vallées. »

    https://reporterre.net/Saturee-de-touristes-Chamonix-va-restreindre-les-Airbnb
    #régulation #tourisme

  • Alla ricerca di litio nei pozzi della #valle_di_Baccano

    I vecchi siti geotermici individuati da #Enel nel #Lazio potrebbero contenere importanti quantità del materiale critico fondamentale per la transizione. Due aziende australiane hanno già ottenuto i permessi di ricerca nonostante lo status di area protetta della zona. Promettendo un’estrazione a zero emissioni e impatti. Ma i dubbi sulla sostenibilità ambientale ed economica del progetto rimangono

    “Ecco, qui siamo al centro della valle. L’acqua non è presente, ma se facciamo una buca a neanche due metri troviamo la prima falda”, racconta Alessandro Mecali, geologo consulente del Parco di Bracciano-Martignano nel Lazio, facendo strada a piedi tra la vegetazione della valle di Baccano, chiusa a cerchio dalle colline.

    Siamo nel punto più basso di una conca che nasconde una potenziale miniera, un vecchio cratere vulcanico che fino al XIX secolo ospitava un lago, prosciugato dalla famiglia Chigi nel 1838. L’area è compresa nel Comune di Campagnano, 20 chilometri a Nord dal Grande Raccordo Anulare. L’intera valle è soggetta a vincolo paesaggistico ed è compresa tra due parchi regionali protetti: il Parco di Veio e quello di Bracciano-Martignano, appunto.

    Avanziamo tra le sterpaglie alla ricerca di qualche vecchio pozzo geotermico. Dopo un’ora di cammino, riusciamo a individuare quello che il ministero dell’Ambiente e sicurezza energetica denomina “Pozzo Cesano 8″. Mecali è raggiante: “Non avevo mai visto questi pozzi perché, quando sono stati realizzati, ero piccolissimo”. Un quadrato in cemento, quattro metri per quattro, immerso tra canne e arbusti secchi. Un pozzo anonimo, ma che potrebbe nascondere un tesoro.

    Negli anni Settanta del Novecento, l’Enel qui era impegnata con ricerche sull’energia geotermica. Gli studi rivelarono una forte concentrazione di litio in serbatoi d’acqua ad alte temperature sepolti nelle viscere della valle. Il progetto fu abbandonato, il litio geotermico ritenuto non troppo degno di nota e i vecchi pozzi furono cementati in attesa del domani. Quel domani è arrivato.

    Oggi il litio è chiamato “oro bianco”. È elencato tra le 34 materie critiche fondamentali alla transizione ed è uno dei materiali più ricercati al mondo poiché serve, tra altre cose, a immagazzinare energia nelle batterie delle auto elettriche. Basti pensare che nel 2022 è stato venduto per oltre 80mila dollari alla tonnellata.

    Proprio nel 2022 uno studio dell’Istituto di geoscienze e georisorse di Pisa (Igg) ha elencato le aree più promettenti per il litio geotermico in Italia. “Questo argomento è diventato molto attuale -spiega Andrea Dini, primo ricercatore dell’Igg-. Il nostro è un inventario. Non di miniere, perché quelle vengono aperte quando si sa che c’è un giacimento, ma delle zone più promettenti per il litio”.

    Il luogo che stiamo visitando, la caldera di Baccano, è appunto tra queste. “Siamo usciti con questo studio che ha smosso un po’ le acque. Ma l’argomento era già nell’aria”, commenta Dini. Tanto che questa valle ha attirato attenzione su di sé persino da oltreoceano.

    Due gruppi estrattivi australiani, la Vulcan Energy e l’Altamin, hanno ottenuto tra il 2021 e il 2022 permessi di ricerca di litio geotermico nella valle di Baccano. In particolare, la Vulcan ha già siglato contratti di fornitura con gruppi automobilistici e avviato una collaborazione con Enel green power, che detiene i dati delle vecchie ricerche ed è leader globale nella geotermia. Le società richiedenti stanno valutando i dati d’archivio senza esplorazioni geofisiche.

    Nel Lazio sono state approvate licenze di ricerca anche in altre località. “Nella richiesta presentata all’Ente parco, c’era una planimetria con una vasta area che andava da Sutri, Monterosi, Nepi, Campagnano, Formello e arrivava fino a Cesano”, racconta Marsilio Gregori, geometra del Parco di Veio. Lo incontriamo nella sede di Sacrofano, uno dei luoghi per i quali è stato chiesto un permesso di ricerca.

    Permessi che a volte suscitano dubbi. Nella valle di Baccano, in particolare, la Regione Lazio ha concesso due licenze contigue, stabilendo che non comportano interferenze con l’ambiente. Eppure, sono in molti a non fidarsi. “Non siamo per niente contenti di questa storia”. “Siamo contrari. Dovranno pur fare un sondaggio tra la popolazione”. “Da quanto ho capito, se vogliono espropriano”. “Io abito qui dietro. Non possiamo nemmeno collegarci alla rete del gas, perché siamo in area vincolata, e quelli pensano alla miniera di litio”. Sono gli umori raccolti tra i residenti della valle mentre, seduti al bar “Il Baccanale”, prendiamo un caffè prima di incamminarci. Ma il timore è fondato?

    Il sindaco di Campagnano, Alessio Nisi, dice che “per come viene descritto il modello di estrazione del litio in Italia e Germania, si tratta di una tecnica sostenibile che non impatta sull’ambiente”. Il progetto Zero carbon lithium si basa su una metodologia sperimentale, la Direct lithium extraction, e cioè la produzione di litio da acque geotermiche. Rispetto ai metodi tradizionali, ha un basso impatto ambientale e non produce emissioni. Quando si parla di estrazione di litio, viene in mente l’estensione delle cave australiane o le distese desertiche cilene. Un impatto inaccettabile in una zona come questa, con ampie aree protette.

    Per Dini, il ricercatore dell’Igg, non è così: “È un metodo molto meno impattante rispetto a quanto si vede nel deserto di Atacama, in Cile. Lì, l’impatto è enorme. Basta andare su Google Earth e ci si rende conto”. Qui si tratterebbe invece di individuare il giacimento in profondità e portare l’acqua ricca di litio in superficie con pozzi profondi a circuito chiuso. “L’acqua calda si fa passare attraverso un impianto industriale dove si estrae il litio in maniera selettiva. Rimane un fluido esausto che non viene rilasciato nell’ambiente, ma reimmesso in profondità nel giacimento per ricaricare il sistema”, conclude Dini.

    Il geologo Alessandro Mecali aggiunge una considerazione: “Quando si fa sperimentazione è fondamentale il monitoraggio continuo e verificare se ci sono abbassamenti del terreno. Altro discorso è l’impianto. Devono essere adottate tecniche innovative anche lì, visto che siamo dentro a un parco”. In teoria, la ricerca scientifica sembra escludere effetti negativi nell’uso di questa tecnica. Ma resta ancora tutto da vedere.

    “A oggi, si parla solo di ricerca, non di nuovi fori -riprende il geometra del Parco di Veio durante la nostra visita a Sacrofano-, c’è un vincolo di interesse paesistico nella valle di Baccano, ma con parere speciale delle autorità è aggirabile. In più, siamo tra due parchi. Secondo l’articolo 8, legge regionale 29/97, nelle aree protette è vietata l’estrazione”. Cerchiamo di capire che cosa potrebbe succedere se si dovesse passare a una fase estrattiva in zone protette. Per ragioni di pubblica utilità, la giunta regionale può autorizzare deroghe alle misure di salvaguardia, prescrivendo le modalità per tutelare i luoghi. La giunta potrebbe, cioè, approvare, a condizione che vengano rispettati limitazioni e controlli a spese del proponente. Ma il decreto legge sulle materie prime critiche del 25 giugno 2024, che adegua la normativa nazionale alle disposizioni europee, supera queste considerazioni: dalla data in cui la Commissione europea li riconosce come strategici, i progetti assumono la qualità di pubblico interesse nazionale e gli interventi necessari alla realizzazione sono “indifferibili e urgenti”.

    Il sindaco di Campagnano propone di individuare soluzioni a lungo termine, in un quadro di partenariato pubblico-privato, così da coinvolgere i Comuni interessati. “Che impatti positivi si vogliono immaginare per Campagnano? Se un’area ha una data risorsa, facciamo in modo di utilizzarla coinvolgendo il territorio in un percorso virtuoso”. Già perché la domanda latente sulla bocca di tutti è sempre la stessa: chi beneficerà di questa risorsa? Sarà equo il corrispettivo previsto a favore delle comunità locali? O forse le società minerarie dovranno ricorrere a incentivi pubblici per far fronte alla concorrenza globale? Ma, soprattutto, quanto litio si può estrarre da qui? Su questo risponde Alessandro Mecali di ritorno dall’escursione: “Dipende dalle dimensioni del serbatoio. Ci sono stratigrafie, i dati dell’Enel, si può calcolare”. Quindi occorre considerare costi-benefici e la durata operativa dell’impianto. “È quanto stanno valutando queste società”, conclude.

    Restano ancora molti nodi da sciogliere prima di vedere se l’oro della valle luccicherà davvero. Non ultima la questione del prezzo. Il formidabile crollo dei prezzi nel 2023 (circa -80%), e il protrarsi del ribasso nel 2024, è forse indicativo di una tendenza? L’offerta del minerale è stata così alta da aver superato la domanda. Si parlerà ancora di oro bianco?

    https://altreconomia.it/alla-ricerca-di-litio-nei-pozzi-della-valle-di-baccano
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