• Le succès controversé des écoles privées de science politique, « avec des stratégies qui vont de la confusion organisée à la publicité mensongère »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/07/08/l-experience-montre-que-ces-etudiants-ont-une-formation-de-qualite-inferieur

    Car l’un des arguments de vente est de positionner leurs admissions en dehors des plateformes Parcoursup et Mon master. Un avantage, selon les élèves interrogés. « J’ai fait un refus d’obstacle devant les candidatures aux masters publics », déclare une ancienne élève de l’Ileri, entrée en master. « J’ai eu une réponse rapide, j’ai été soulagée de quitter Parcoursup », souligne une autre, entrée en bachelor.

    « Ce sont des écoles marchandes, avec des stratégies semblables qui vont de la confusion organisée à la publicité mensongère », résume Mathis d’Aquino, doctorant en science politique à l’université de Bordeaux, auteur d’un mémoire sur le sujet. Pour HEIP, l’Ileri, Egora, l’EGE ou Imagine Campus, à Bordeaux, toute demande de brochure d’information en ligne est suivie d’appels et d’e-mails, en provenance soit des centres d’appels pour les grands groupes, soit de responsables de la formation, qui proposent des rendez-vous pour discuter, avec des relances régulières. « Tout est fait pour rendre les étudiants et leurs familles captifs », explique le chercheur.

    https://archive.ph/YkW9x

    #concurrence #privatisation #lycéens #étudiants #Parcoursup #Mon_master #enseignement_supérieur_privé

  • Migrants : comment Frontex a alimenté de manière illicite les polices européennes avec les données personnelles de milliers de personnes
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2025/07/07/migrants-comment-frontex-a-alimente-de-maniere-illicite-les-polices-europeen

    Migrants : comment Frontex a alimenté de manière illicite les polices européennes avec les données personnelles de milliers de personnes
    Par Apostolis Fotiadis, Lola Hierro et Ludek Stavinoha
    « Toute ma vie était dans ce dossier de police : mes proches, mes appels à ma mère, même des détails inventés sur ma vie sexuelle. Ils ont voulu me présenter comme une femme débauchée, une lesbienne, en utilisant la morale pour me rendre suspecte », raconte Helena Maleno, une militante espagnole pour les droits humains, qui avertit les autorités lorsque des migrants sont en détresse en mer, lors de leurs traversées vers l’Europe.
    Lorsqu’elle s’est présentée devant un tribunal de Tanger (Maroc), en 2017, accusée de trafic d’êtres humains et de facilitation de migration clandestine, Helena Maleno a été stupéfaite d’entendre le juge évoquer des détails issus de trois rapports de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.
    Ces rapports ont suivi un parcours complexe : ils figuraient dans le dossier que la police espagnole a transmis – en dehors de toute procédure régulière – aux autorités marocaines, après qu’un procureur espagnol a classé une affaire distincte la visant, ne trouvant rien de criminel dans ses activités. Ils avaient initialement été remis aux autorités espagnoles par Europol, l’agence de coopération policière européenne, qui les avait elle-même obtenus de Frontex. Les rapports avaient été rédigés par des agents de Frontex après qu’ils ont interrogé des migrants arrivés par bateau en Espagne en 2015 et 2016.
    Si le tribunal marocain a acquitté Helena Maleno en 2019, son affaire révèle, pour la première fois, l’implication de Frontex et d’Europol dans la criminalisation d’activistes au moyen de collectes de données opaques et juridiquement fragiles.La militante espagnole fait partie des milliers de personnes dont les données personnelles ont été collectées par Frontex ces dernières années. En décembre 2024, le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a conclu que, entre 2019 et 2023, Frontex avait « illicitement » transmis à Europol des données personnelles, qui ont ensuite été stockées dans des fichiers de renseignement criminel pour être utilisées dans des enquêtes menées par les autorités policières des Etats membres de l’Union européenne (UE).
    Au cœur de l’enquête au long cours menée par le CEPD se trouvaient les « entretiens de débriefing » menés par l’agence, qualifiés par certains experts d’« interrogatoires secrets ». Des points de débarquement de Lampedusa et d’Espagne jusqu’aux camps des îles grecques, ces « débriefeurs » – plus de 800 agents en 2024 – mènent chaque année des milliers de ces entretiens, en coordination avec les autorités policières nationales. L’agence a donné pour consigne à ses agents d’interroger les migrants le plus tôt possible après leur interception ou leur arrivée, malgré leur situation de vulnérabilité. Leurs questions portent aussi bien sur les raisons de leur départ et leur parcours que sur le mode opératoire des réseaux de passeurs.
    « Ces entretiens se déroulent dans une boîte noire, en l’absence de procédures pénales normales ou de garanties juridiques qui pourraient limiter le risque de criminalisation de migrants vulnérables », dénonce Daniel Arencibia, avocat spécialisé dans les affaires de trafic dans les îles Canaries.Bien que Frontex présente ces entretiens comme entièrement volontaires et affirme ne pas collecter activement les données personnelles des migrants interrogés, le CEPD souligne que Frontex n’a aucun mandat légal pour collecter de manière proactive « quelque information que ce soit sur des suspects de crimes transfrontaliers ». C’est pourtant exactement ce qu’elle a fait. Un rapport préliminaire du CEPD, publié en mai 2023, a révélé que l’agence avait l’habitude d’étiqueter comme « suspecte » toute personne mentionnée au cours d’un entretien, y compris « des personnes que l’interviewé aurait vues, entendues, sans pouvoir vérifier la crédibilité du nom donné, ou qu’il mentionne sous la peur ou dans l’espoir d’obtenir des avantages ».
    Loin d’être anecdotiques, les témoignages des migrants sont utilisés par les agents de Frontex pour collecter des renseignements sur les personnes soupçonnées d’avoir facilité leur parcours. « Les entretiens de débriefing font pleinement partie d’un système qui envoie des gens en prison », estime Daniel Arencibia.Les conséquences sont d’autant plus sérieuses que les données ne restent pas dans les ordinateurs de Frontex, mais sont directement intégrées aux systèmes d’Europol. Le Monde a pu confirmer que, aux côtés des données de véritables passeurs, les activités de Tommy Olsen, un militant norvégien à la tête l’ONG Aegean Boat Report, ainsi que celles de Natalie Gruber, la cofondatrice autrichienne de Josoor, y figuraient.
    Le mandat actuel de Frontex n’autorise l’agence à partager ces données avec Europol qu’après une évaluation au cas par cas. Le CEPD a pourtant découvert que, entre 2016 et mi-2023, Frontex transmettait automatiquement chaque rapport à ses collègues basés à La Haye, dans le cadre du programme PeDRA (Processing of Personal Data for Risk Analysis). Bien que le gendarme européen de la vie privée n’ait déclaré ces transferts illicites que pour la période 2019-2023, Niovi Vavoula, experte en droit de la protection des données à l’université du Luxembourg, estime qu’ils « n’ont jamais été légaux ».
    Le rapport final du CEPD, obtenu par Le Monde grâce aux lois de transparence européennes, révèle l’ampleur de ces transferts de données : sur la seule période 2020-2022, l’agence a envoyé 4 397 rapports de débriefing – contenant notamment des noms, numéros de téléphone, identifiants Facebook. Sur la base de ces rapports, le centre de lutte contre le trafic de migrants d’Europol a traité les données personnelles de 937 « suspects » et produit 875 « rapports de renseignement », destinés à alimenter les enquêtes des autorités nationales contre le trafic de migrants.
    Données couvrant la période 2016-2021. Frontex a refusé de communiquer des données plus récentes, jugées « sensibles » dans le contexte de ses « activités opérationnelles ».Graphique utilisant des données, utilisez les options d’accessibilité pour voir les données brutes ou renforcer les contrastes.Le CEPD met en garde contre les « conséquences profondes » de ces transferts de données pour les personnes innocentes, qui risquent « d’être à tort associées à une activité criminelle à l’échelle de l’UE, avec tous les dommages possibles pour leur vie personnelle et familiale, leur liberté de circulation et leur emploi ».
    Frontex et Europol continuent de défendre l’idée que la collecte de larges volumes de données peut aider à analyser le mode opératoire des réseaux de passeurs, et contribuer à leur répression. Mais pour Gabriella Sanchez, chercheuse à l’université de Georgetown (Etats-Unis) et ancienne enquêtrice spécialisée dans le trafic de migrants, « cela crée l’illusion que ces données sont fiables ou utiles ; or, nous savons qu’elles ne le sont pas ».L’enquête du CEPD a contraint Frontex à réduire sa coopération avec Europol. Quatre jours seulement après que l’autorité de protection des données a signalé de graves irrégularités, en mai 2023, l’agence de garde-frontières a suspendu les transferts automatiques de données vers son homologue policier.
    Selon Wojciech Wiewiorowski, directeur du CEPD, la notification de ces transferts illégaux par le directeur de Frontex, en janvier 2025, aurait dû obliger Europol à « évaluer quelles données personnelles ont été transmises et à procéder à leur suppression ou à leur restriction ». Mais Europol a refusé d’indiquer au Monde si elle allait effectivement supprimer ces données. Le fait que le CEPD ait réprimandé Frontex « ne signifie pas que le traitement des données par Europol était non conforme », déclare son porte-parole Jan Op Gen Oorth.En réponse à l’enquête du CEPD, Frontex a revu ses protocoles : de nouvelles garanties ont été introduites pour les entretiens de débriefing, et les données personnelles ne sont désormais transmises à Europol qu’à la suite de demandes « spécifiques et justifiées ». Sur les 18 demandes soumises avant mai 2025, seules quatre ont été acceptées par Frontex. « L’agence a tiré des leçons claires de cette expérience et continue d’adapter ses pratiques internes en conséquence », déclare son porte-parole, Chris Borowski. Mais ces efforts se heurtent à des résistances de certains Etats membres. Selon des rapports internes de Frontex consultés par Le Monde, les problèmes sont particulièrement aigus en Espagne, où les autorités font pression sur les agents de Frontex pour qu’ils recueillent un maximum d’informations auprès des migrants nouvellement arrivés. Parallèlement, Europol insiste pour conserver un accès élargi aux données issues des entretiens de débriefing de Frontex.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#frontex#politiquemigratoire#europol#donnees#parcoursmigratoire#sante

  • La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • Les parcours des usagers de la Sécurité sociale rapport de l’IGAS | vie-publique.fr
    https://www.vie-publique.fr/rapport/298095-les-parcours-des-usagers-de-la-securite-sociale-rapport-de-ligas

    Se mettre dans les pas de l’usager, telle est l’une des nouvelles ambitions de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans la conduite de ses travaux relatifs aux politiques sociales. Ainsi, pour la première fois, l’Igas a évalué différents « #parcours » proposés par la #Sécurité_sociale aux usagers. Objectifs : simplifier et favoriser l’accès de tous à leurs droits.

    En complément d’autres méthodes d’évaluation, l’Igas s’est penchée sur cinq parcours déjà en place, qui correspondent à des événements importants de la vie de près de 4 millions de personnes chaque année : la naissance d’un enfant, une séparation, le passage à la #retraite de certaines populations, l’accès à la majorité de jeunes pris en charge par l’#aide_sociale_à_l'enfance et la création d’une entreprise pour un travailleur indépendant. En croisant plusieurs méthodes d’évaluation, l’Igas s’est attachée à recueillir la parole des usagers à travers de nombreux entretiens individuels et d’ateliers collectifs, animés avec un expert du parcours utilisateur, mais aussi en appliquant, avec l’appui de son pôle data, des techniques économétriques pour évaluer l’impact du parcours proposé aux créateurs d’entreprise.

    Je pose ça là pour mémoire. Pas encore lu. On se doit d’étudier les « trajectoires de vie », donc les événements et les transitions entre diverses dépendances à des droits sociaux, et les ruptures de droit qui les grèvent (les « usagers » ne sont pas tout fait des « ayant-droits », c’est ballot).

    #droits_sociaux #accès_aux_droits #ALD AAH #caisses_sociales #étrangers

    • 1 LE PARCOURS USAGERS : UNE NOTION RELATIVEMENT RECENTE, AUX CONTOURS VARIABLES ET AUX USAGES DISPARATES QUI A BESOIN D’UNE DEFINITION CLAIRE ET PARTAGEE POUR TROUVER SA PLACE DANS LA RELATION USAGERS

      1.1 LA RELATION AVEC LES USAGERS : UN ENJEU CENTRAL DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE, DES MODALITES DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIEES
      1.1.1 La #relation_avec_les_usagers et la qualité de service figurent au premier rang des orientations stratégiques des organismes de sécurité sociale
      1.1.2 L’enrichissement de la relation avec les usagers s’appuie sur une diversification de ses modalités et sur le renforcement des partenariats

      1.2 L’EMERGENCE DES PARCOURS USAGERS DANS LES POLITIQUES PUBLIQUES TRADUIT UNE ATTENTION A L’USAGER ET A LA PRISE EN COMPTE DE SES ATTENTES
      1.2.1 La notion de #parcours_usagers s’inspire de l’expérience client (sic !) et des pratiques de l’#accompagnement_social
      1.2.2 La notion de parcours usagers est présente dans diverses politiques publiques interministérielles et chez d’autres opérateurs
      1.2.3 Les prémices des parcours usagers sont présents dans les conventions d’objectifs et de gestion à compter de la fin des années 2000

      1.3 L’UTILISATION HETEROGENE DU TERME PARCOURS NECESSITE UNE CLARIFICATION CONCEPTUELLE POUR LUI ASSURER UNE VERITABLE PLUS-VALUE
      1.3.1 Les COG en vigueur ambitionnent de développer de nouveaux parcours sans définition commune ni articulation avec les autres modalités de la #relation_de_service
      1.3.2 La cartographie des parcours établie par la mission montre un déploiement encore limité et hétérogène
      1.3.3 La mission propose un socle d’éléments constitutifs des parcours usagers des organismes de sécurité sociale

      2 L’USAGER DOIT ETRE AU COEUR DE PARCOURS MIEUX PRIORISES ET PENSES DANS UNE LOGIQUE D’UNIVERSALISME PROPORTIONNE

      2.1 LES OBJECTIFS PRIMORDIAUX DES PARCOURS DOIVENT ETRE CENTRES SUR LES USAGERS
      2.1.1 Le parcours peut être un accélérateur d’une meilleure prise en compte des usagers par un changement de posture des caisses
      2.1.2 Des objectifs plus secondaires d’amélioration du fonctionnement des caisses

      2.2 DES PARCOURS EXISTANTS A CONSOLIDER PRIORITAIREMENT ET DE NOUVEAUX PARCOURS A IDENTIFIER DE MANIERE SELECTIVE
      2.2.1 La consolidation des parcours existants
      2.2.2 Le développement en nombre limité de nouveaux parcours

      2.3 DES PARCOURS PENSES POUR TOUS ET ADAPTABLES AUX BESOINS SPECIFIQUES DE CHAQUE USAGER

      3 LA CONCEPTION ET LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS NECESSITENT UNE FEUILLE DE ROUTE NATIONALE ET DE LA METHODE

      3.1 DEFINITION, CONCEPTION ET MISE EN OEUVRE DES PARCOURS USAGERS : INSTAURER UN PILOTAGE EN INTERBRANCHE
      3.1.1 Un pilotage et une coordination insuffisamment organisés au sein de la sécurité sociale malgré des initiatives prometteuses
      3.1.2 Conforter le rôle pivot de la direction de la sécurité sociale et l’articulation avec les priorités interministérielles en s’appuyant sur une instance nationale de #pilotage_des_parcours

      3.2 ELABORER ET METTRE EN OEUVRE UNE METHODOLOGIE DE CONCEPTION DES PARCOURS COMMUNE AUX ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE

      4 LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS, POUR EN TIRER TOUS LES BENEFICES, NECESSITE DES OUTILS PERFORMANTS ET UN INVESTISSEMENT DANS LA MOBILISATION DES ACTEURS

      4.1 UTILISER LES PARCOURS USAGERS COMME LEVIERS D’INNOVATION ET DE TRANSFORMATION DES CAISSES EN PRENANT EN CONSIDERATION LES COUTS ASSOCIES
      4.1.1 Mieux apprécier les coûts et les gains associés aux parcours dès leur conception
      4.1.2 Penser l’organisation des caisses pour répondre aux besoins des usagers des parcours
      4.1.3 Mobiliser les agents des caisses et accompagner leur montée en compétences
      4.1.4 Développer et approfondir les collaborations avec les partenaires, dont les espaces #France_services

      4.2 FACILITER LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS PAR DES OUTILS PERFORMANTS ET COLLABORATIFS
      4.2.1 Construire un socle technique en interbranche : des outils de relation usagers en omnicanal et d’exploitation des #données au bénéfice des usagers
      4.2.2 Concevoir des outils de pilotage et de gestion propres aux parcours et les inscrire dans des trajectoires de personnalisation des parcours
      4.2.3 Ne pas négliger les outils de collaboration quotidienne des agents des caisses

      4.3 MOBILISER LES USAGERS A TOUTES LES ETAPES DU PARCOURS, JUSQU’A SON EVALUATION
      4.3.1 Développer une méthodologie commune d’écoute usagers
      4.3.2 Mettre en place des dispositifs d’évaluation proportionnés aux enjeux de chaque parcours

      LISTE DES ANNEXES
      1. Méthodologie
      2. Etat des lieux des parcours des organismes de sécurité sociale : résultats de l’enquête auprès des caisses locales
      3. Repères sur le recours à la notion de parcours usagers au niveau international
      4. La relation usagers et les parcours de la branche famille. L’exemple du parcours "Séparation"
      5. La relation usagers et les parcours de la branche maladie. L’exemple du parcours coordonné « Arrivée de l’enfant » des branches famille et maladie
      6. La relation usagers et les parcours de la branche recouvrement. L’exemple du parcours « Création d’entreprise »
      7. La relation usagers et les parcours de la branche vieillesse. Les exemples de deux situations complexes du parcours "Passage à la retraite"
      8. Le parcours "Passage à la majorité des jeunes de l’aide sociale à l’enfance" des Caf et Cpam du Lot
      9. Evaluation des effets du parcours "Création d’entreprise" à l’aide des données de la branche recouvrement
      10. Ecoute usagers du parcours "Séparation »

  • #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • Après l’extrême solitude du Covid-19, le rebond des étudiants étrangers restés en France : « La crise m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/03/27/apres-l-extreme-solitude-du-covid-19-le-rebond-des-etudiants-etrangers-reste

    Après l’extrême solitude du Covid-19, le rebond des étudiants étrangers restés en France : « La crise m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas »
    Propos recueillis par Eric Nunès
    Rencontrée dans un jardin de la Cité internationale universitaire de Paris, au printemps 2021, Danielle Monsef Abboud, 25 ans à l’époque, libanaise et diplômée d’AgroParisTech, étouffait. Après plus d’une année de pandémie de Covid-19, la jeune femme se sentait murée par des pans de solitude, d’inaction et de précarité. Empêchée de tout. « J’ai l’impression d’être retenue par un immense élastique, disait-elle. Quand tout cela se terminera, je vais tout arracher ! » Ils étaient environ 350 000 étudiants étrangers à poursuivre un cursus en France, quand, en mars 2020, le premier confinement a été ordonné. Près de la moitié des étudiants français trouvait alors refuge auprès de leur entourage familial, 74 % des étudiants internationaux demeuraient cloîtrés à proximité de leur établissement fermé.
    Près d’un tiers de ces étudiants étrangers ne pouvaient rejoindre leur famille, car celle-ci était trop éloignée, et un quart n’avaient pas les moyens financiers de le faire. Pour d’autres, les frontières de leur pays étaient tout bonnement fermées, relate un rapport de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) de septembre 2020, d’après lequel les étudiants étrangers apparaissent comme les « plus grands perdants de la crise sanitaire ». Certains, rencontrés lors de la pandémie et recontactés cinq ans plus tard, racontent le chemin parcouru. Chacun à sa manière, ils ont, comme Danielle, « tout arraché ».
    A la fin du mois de mars 2020, les « petits boulots » ont quasi disparu, et la plupart ne disposent pas de bourse de leur pays. Les plus « autonomes vis-à-vis de leur famille, dont la situation se caractérise par un éloignement de celle-ci et de l’aide matérielle et financière qu’elle peut apporter, comptent parmi les plus durement affectés par l’épidémie sur le plan économique et psychologique », souligne une étude publiée par la Revue européenne des migrations internationales (REMI), intitulée « Une année perdue ? Le parcours migratoire des étudiants internationaux en France à l’heure de la crise sanitaire », coécrite par les sociologues Evelyne Barthou, Yann Bruna et Emma Lujan. La précarité matérielle des étudiants isolés est telle durant le premier confinement que plus d’un quart d’entre eux n’ont pas mangé à leur faim, rappelle l’OVE.
    Ces étudiants ont donc peu ou pas d’épargne. Le passage d’un mode de vie frugal à une grande détresse se fait en quelques semaines. Quand la pandémie est déclarée, Danielle vient de recevoir le titre d’ingénieure agronome. Dans la poursuite de son stage de fin d’études, elle travaille pour un grand groupe français. La vie qu’elle s’était promise s’évapore. L’emploi espéré et le salaire qui l’accompagne sont repoussés aux calendes grecques.
    Parallèlement, son statut d’étudiante touche à sa fin, ainsi que ses droits à un logement. « Je suis seule, ma carrière qui commençait est stoppée net. Sans revenus, je me retrouve à solliciter Les Restos du cœur pour me nourrir, alors que je participais à leur financement dans le cadre de mon précédent travail. J’ai eu peur de me retrouver à la rue », avoue-t-elle. Pour les étudiants venus en France acquérir les connaissances et les compétences qui leur garantiraient un statut social, le rêve d’ascension sociale s’écroule avec le Covid-19.
    Zagha (le nom a été modifié), Tunisien de 31 ans aujourd’hui, ingénieur dans l’automobile, se souvient de ses nuits d’errance, lors du printemps 2020, sur le campus de Villeneuve-d’Ascq (Nord). Le centre régional des œuvres universitaires et scolaires, le Crous, loue alors des réduits de 9 mètres carrés dans de vieux bâtiments. Dans sa « chambre », l’humidité forme une couche de moisissure autour des fenêtres. Les sanitaires, mixtes et collectifs, sont bouchés ou sales. Enfin, punaises de lit et cafards partagent l’habitat indigne loué 162 euros par mois. « Je marchais dans le campus jusqu’à 4 heures du matin pour repousser au plus loin le moment de rentrer », raconte-t-il.
    Sharon Barragan, une Vénézuélienne aujourd’hui âgée de 28 ans, a, elle, fuit le régime bolivarien, en 2019, dans l’espoir d’une vie meilleure en Argentine. Elle y enchaîne les jobs mal payés, dans la restauration. Harcelée par un patron, elle s’enfuit de nouveau. Cette fois pour la Belgique, où elle décroche un poste d’au pair, à Bruxelles, début 2020. Elle pense avoir trouvé un peu de stabilité, mais, dans un environnement général de psychose, Sharon décide de prendre le métro, alors que sa famille d’accueil lui a interdit de le faire. « Ce jour-là, j’ai eu peur de me faire virer et de me retrouver à la rue, sans rien et totalement seule », témoigne-t-elle. En période de crise, les garde-fous contre la précarité sont ténus pour les plus fragiles. A la rentrée 2020, entre deux confinements, Sharon trouve un nouveau poste d’au pair à Paris et intègre le cursus de licence de danse, à l’université Paris-VIII.
    A une extrême précarité s’ajoute la solitude, pour ces étudiants isolés. Quand arrive la pandémie, ceux qui demeurent sur les campus n’ont plus de cours, plus de travail, plus d’activité extra-académique. Les primo-arrivants font état d’un « sentiment d’isolement bien plus accru que celles et ceux installés depuis plusieurs années, du fait de leur impossibilité de nouer des relations », constatent Evelyne Barthou, Yann Bruna et Emma Lujan, dans REMI. « Je n’avais quasi aucune interaction sociale et l’obligation de rester dans cette chambre avec des cafards », se rappelle Zagha, qui venait d’arriver en France. « Mes amis étaient loin, et je ne voulais surtout pas inquiéter ma famille », poursuit-il.
    Oscar Fiallo, étudiant vénézuélien alors âgé de 22 ans, est arrivé à Paris, début septembre 2020, avec seulement 80 euros en poche, mais le droit d’intégrer l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, dans le cadre d’un double diplôme avec l’université nationale expérimentale de Tachira. A peine installé dans une chambre de la Cité internationale universitaire, il voit arriver le deuxième confinement (30 octobre-15 décembre 2020).
    Il trouve un emploi de nuit dans la restauration rapide, dans la banlieue est de la capitale. Il travaille jusqu’à la fermeture, prend chaque jour un bus de nuit pour rejoindre sa chambre, dort quatre heures et enchaîne, dès 8 heures, ses cours en distanciel. « C’était mentalement et physiquement épuisant, se souvient-il, mais c’était aussi une opportunité. » S’il avait dû suivre les cours en présentiel, l’équation travail-études aurait été impossible. « Le Covid m’a révélé une face de mon caractère que je ne connaissais pas. Je peux faire face à n’importe quelle situation. Je m’adapte, je garde en toute occasion une forme d’optimisme », dit Oscar, 27 ans aujourd’hui et ingénieur dans un grand groupe français d’aéronautique.
    Après l’épreuve de la pandémie, ces anciens étudiants se sont appliqués à créer un environnement qui les protège d’une prochaine crise. Se préparer à affronter le pire en construisant le meilleur, c’est le chemin de Zagha, désormais cadre dans la construction automobile. « Je m’assure de me protéger matériellement et psychologiquement pour n’avoir jamais à revivre une situation pareille », explique-t-il. Si sa situation matérielle est maintenant solide, c’est auprès de sa religion qu’il trouve un réconfort : « Je m’applique à faire de mon mieux pour faire face aux aléas de la vie, mais si le destin en décide autrement, ma foi m’aide à l’accepter. »
    Quant à Danielle, elle a bien arraché l’élastique qui la retenait. L’année qui a freiné le cours de la vie de cette cadre dans une banque d’investissement s’est transformée en une réserve d’énergie supplémentaire : « Je saute sur toutes les occasions qui se présentent. Je profite de chaque instant, car je ne sais pas si je les revivrai. Je veux être actrice de ma vie et ne plus jamais subir. Le Covid m’a forgée, m’a rendue plus forte. »
    Sharon a quitté l’université Paris-VIII pour intégrer celle d’Artois, à Arras, en 2021. Elle devient équipière dans un fast-food : « Dans le pire endroit, j’ai trouvé le meilleur : l’amour. » Elle rencontre Victor, un étudiant en informatique, avec qui elle se marie en mars 2023. Sharon n’a pas terminé son master, elle a trouvé un emploi dans une entreprise de design et poursuit une formation en yoga. Après des années d’insécurité et de pandémie, elle avait, dit-elle, « besoin de stabilité dans un couple, de la chaleur d’un foyer, de fonder une famille ». « Nous aurons des enfants, pour l’instant nous avons un chien ! »

    #Covid-19#migrant#migration#france#etudiant#sante#parcoursmigratoire#santementale#integration

  • La Défenseure des droits s’alarme de « l’ampleur et l’augmentation des #discriminations en France »

    Dans son rapport annuel publié mardi 25 mars, Claire Hédon alerte sur l’ampleur de l’augmentation des discriminations en France, liées à l’origine particulièrement. Elle s’inquiète aussi des conséquences de la dématérialisation des services publics.

    https://www.humanite.fr/societe/claire-hedon/la-defenseure-des-droits-salarme-de-lampleur-et-laugmentation-des-discrimin

    • La Défenseure des droits dénonce les « excès de la dématérialisation mal pensée »
      https://archive.ph/https://www.mediapart.fr/journal/france/250325/la-defenseure-des-droits-denonce-les-exces-de-la-dematerialisation-mal-pense
      `
      Dans son rapport annuel publié mardi 25 mars, Claire Hédon, la Défenseure des droits, constate une augmentation des discriminations en lien avec l’origine. Elle pointe aussi les difficultés engendrées par les démarches numérisées dans les services publics.

      Claire Claire Hédon est inquiète de la fragilisation des #droits et #libertés à l’œuvre dans la société. « On oublie que les droits sont là pour protéger les personnes et qu’ils nous réunissent pour faire société », déclare la Défenseure des droits lors de la conférence de presse accompagnant la sortie du rapport annuel de l’institution, le 25 mars. Elle souhaite sonner « deux alertes lancinantes » concernant deux phénomènes préoccupants : les discriminations qui ne cessent d’augmenter et les « excès de la dématérialisation mal pensée ».

      En 2024, plus de 141 000 réclamations et demandes d’informations ont été adressées à l’institution. La plateforme de la Défenseure des droits, le 39 28, a connu un « pic d’appels » durant l’été 2024 concernant des propos haineux en raison de l’origine ou de la religion. Une hausse de 53 % a été relevée entre mai et juin 2024. Des chiffres à mettre en parallèle avec le fait qu’en 2020, 18 % de la population de 18 à 49 ans a déclaré être victime de #discrimination, selon l’enquête Trajectoires et origines. Le rapport s’appuie aussi sur l’enquête de victimation menée en 2024 par le ministère de l’intérieur, qui indique une « très forte hausse » de 52 % des faits de discrimination entre 2021 et 2022.

      Alors que les chiffres s’affolent, de manière presque contre-intuitive, les saisines sont, elles, en baisse de 15 %, dit le rapport. Les victimes semblent renoncer à agir, découragées par la procédure ou effrayées par les possibles représailles.
      La Défenseure des droits écrit : « La diminution paradoxale des réclamations que nous avons reçues cette année dans ce domaine met en lumière la difficulté des victimes à faire valoir leurs droits et la nécessité de s’emparer collectivement de cette problématique. »

      L’euphémisation des discriminations est brocardée par Claire Hédon dans son propos liminaire. Elle pointe le fait que les décideurs préfèrent parler de « diversité » et de « lutte contre le discours de haine ». « Or, il est important de parler de discrimination », ajoute-t-elle.

      « Maltraitance institutionnelle »

      L’autre motif d’alerte porte sur les affres de la dématérialisation pour les usagers des services publics, dans un contexte de désengagement de l’État et avec des infrastructures toujours plus éloignées. Cela engendre, selon elle, du découragement, de la résignation et de la lassitude. « Les personnes ne croient plus en l’État. »

      La dématérialisation partait d’une démarche louable, pointe Claire Hédon, à savoir : simplifier les démarches administratives. Or, c’est le contraire qui se produit alors même que les droits sociaux sont fragilisés, « lorsqu’un service a été entièrement dématérialisé sans que l’accompagnement nécessaire ait été prévu, lorsque l’information délivrée est insuffisante, lorsque les procédures de contrôle sont expéditives », peut-on lire dans le rapport.

      37 % des saisines de l’institution en 2024 portaient sur les difficultés d’accès au #titre_de_séjour et au renouvellement, ce qui en fait le premier motif de saisine de l’institution depuis 2022. Un chiffre qui était seulement de 10 % en 2019. De fait, les difficultés rencontrées par les usagers ressortissants #étrangers se sont aggravées depuis le déploiement de l’#administration_numérique pour les étrangers en France (#Anef), canal unique dématérialisé pour les demandes de titres de séjour et de renouvellement.

      Il n’est pas possible de corriger ou de modifier sa demande sur le site. Sans compter les #délais élastiques. Des milliers de personnes étrangères, faute d’obtenir un titre de séjour dans les temps, souvent un renouvellement, perdent leurs droits sociaux ou leur travail, comme Mediapart l’a raconté. Ces personnes précarisées se retrouvent alors en situation irrégulière alors qu’elles étaient en règle. Il s’agit, selon Claire Hédon, d’une « maltraitance institutionnelle ». [#clandestinisation]

      Le risque des algorithmes

      L’inquiétude de l’institution porte aussi sur la généralisation de l’Anef pour toutes les demandes concernant les titres de séjour dans quelques mois. Or, le site dysfonctionne, rappelle Claire Hédon. « On dit à nos interlocuteurs au ministère de l’intérieur que c’est impossible d’étendre l’Anef à toutes les demandes dans ces conditions.

      Concrètement, les réclamants récupèrent leur titre de séjour à un mois de la fin de validité, ils doivent tout recommencer. Le renouvellement automatique des API, les attestations provisoires d’instruction, pourrait désengorger les préfectures. » Une situation à ses yeux révélatrice : « Le degré d’effectivité des #droits_des_étrangers me paraît être un marqueur des droits et libertés dans notre pays. »
      Plus généralement, l’impossibilité pour les usagers de services publics de pouvoir se rendre dans un #accueil physique ou de joindre un·e agent·e au téléphone pénalise les moins familiers avec le numérique. Dans son rapport, l’institution rappelle que « la dématérialisation doit rester une voie d’accès supplémentaire au service public et ne pas se substituer aux guichets, aux échanges postaux ou par téléphone qui doivent demeurer de réelles alternatives pour contacter l’administration ».

      Il ne s’agit pas de pointer le travail des agent·es, insiste Claire Hédon, mais de dénoncer le désinvestissement de l’État dans les services publics. Les agences #France_services, faute de personnels spécialisés en leur sein, ne peuvent pallier ces difficultés.

      Or le problème perdure et s’accentue année après année, « aussi bien pour MaPrimeRénov’ que pour la question des pensions de retraite ». « Nous avons des réclamants qui attendent six mois, un an, dix-huit mois, pour toucher leur retraite. Ils restent sans revenus pendant toute cette période-là, avec des difficultés pour joindre quelqu’un », explique celle qui a déjà rendu plusieurs avis sur le sujet. La Défenseure des droits a aussi été saisie par des bénéficiaires du revenu de solidarité active (#RSA) en raison d’une prise en considération erronée de leurs #ressources. [mais pas seulement]

      Autre sujet dans la ligne de mire de la Défenseure des droits : la #lutte_contre_la_fraude lorsqu’elle se retourne contre les usagers, avec un point de vigilance sur l’intelligence artificielle ou les #algorithmes. Ceux programmés par la Caisse nationale d’allocations familiales ou par la Caisse nationale d’assurance-maladie à l’aide du data mining (« extraction de données ») risquent de reproduire des biais discriminatoires.

      Les logiciels d’affectation au lycée et dans l’enseignement supérieur, #Affelnet et #Parcoursup, risquent, eux aussi, de porter atteinte aux droits des élèves, pointe enfin le rapport. « Lorsqu’une décision administrative est dite partiellement automatisée, un agent public doit contribuer à la prise de décision par une action concrète et significative. La Défenseure des droits relève cependant que cette intervention se révèle parfois inexistante. » Un travail approfondi sur la question spécifique des algorithmes va être mené dans les prochains mois. En attendant, comme le veut l’usage, ce rapport va être remis au premier ministre et à Emmanuel Macron.

      #retraites #CNAV #CAF #data_mining

    • [Exemple] CAF BDR délai de traitement supérieur à 60 jours pour AAH
      https://www.plus.transformation.gouv.fr/experiences/5830113_caf-bdr-delai-de-traitement-superieur-a-60-jours-po

      Cette réponse a été générée par une #IA à 88 % et vérifiée par un agent.

      On notera le titre euphémisant en diable : il s’agit d’une #AAH non versée durant un trimestre.

      En réponse à une réclamation CAF, on a le plus souvent un « votre demande a été traitée », sans plus de précision, qui n’a aucun sens, si ce n’est d’accuser réception. Voilà une chose que l’IA va améliorer en fournissant tissant des phrases ou jamais les dédions de ne seront notifiées "en fait et en droit" comme le veut la loi, quasi systématiquement bafouée.

  • Jeunesses africaines en exil

    Par Raphaël Krafft. LSD donne la parole aux Mineurs Non Accompagnés (MNA) originaires d’Afrique subsaharienne. Au terme d’un voyage long et dangereux, ils butent en France sur un parcours semé d’embûches pour être reconnus mineurs et aller à l’école.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-jeunesses-africaines-en-exil
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #réfugiés #enfants #enfance #parcours #reconnaissance #tri #minorité #mijeurs #école #asile
    #podcast #audio
    ping @karine4

  • Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé pendant que l’enseignement supérieur suffoque
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20250118.OBS99142/parcoursup-est-devenu-une-vitrine-publicitaire-pour-le-prive-pendant-que-

    Alors que pas moins de 60 #universités sur 75 pourraient se retrouver en déficit d’ici la fin de l’année prochaine, alors que le coût de la vie étudiante augmente, alors que les budgets de la #recherche stagnent ou diminuent irrésistiblement d’année en année, la casse de l’université publique permet le colossal essor de l’#enseignement_supérieur_privé lucratif. Un roc, un pic, un cap, une péninsule : jamais ce secteur n’a été si proéminent et si bien portant, engloutissant tout sur son passage, y compris les #étudiants les plus #précaires qui oseraient s’y aventurer.

    Dans l’ambiance dynamique et pédante des salons d’orientation pour étudiants, les stands (al) loués aux formations privées (qu’elles paient parfois une petite fortune) fleurissent et se multiplient, se mêlant astucieusement aux formations publiques, en en arborant les mêmes insignes et les mêmes sigles, ne formant qu’un immense essaim d’hypothèses de chemins de vie, dans lequel il est de plus en plus aisé de se faire piquer. Les formations privées les plus obscures dépensent une petite fortune pour être présentes à ces salons, tout comme elles le font sur la plateforme de désorientation et de sélection qu’est #Parcoursup.

    En quatre ans, le nombre de formations privées a doublé, passant de 4 992 formations en 2020 à 9 298 aujourd’hui. Le nombre de formations publiques n’a, quant à lui, augmenté que de 15,3 % au cours de la même période. Entre la surreprésentation aux salons d’orientation et la mise en valeur ostentatoire par Parcoursup, les résultats ne se sont pas fait attendre. Un quart des étudiants est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur privé.
    Rassurons-nous collectivement : les étudiants n’y sont pour rien. C’est, comme toujours, l’Etat qui organise minutieusement et financièrement la casse du public, et l’essor collatéral du privé, en oubliant sur son passage la nécessité de contrôle, l’impératif de pédagogie, la probité, l’intégrité académique, au bénéfice du profit, des grosses entreprises, et de la casse tant attendue de l’université privée [coquille ?] par les libéraux. Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé, prospérant sur fond de laisser-faire et d’absence de contrôle gouvernemental.

  • Essor de l’#enseignement_privé, asphyxie des #universités : l’Etat joue contre son camp

    Mathis d’Aquino, doctorant à Sciences Po Bordeaux, estime que les pouvoirs publics doivent cesser de financer l’offre d’enseignement supérieur privée et de placer les universités dans une situation financière intenable.

    La chronique de fin d’année 2024 sur les aides à l’embauche d’apprentis1 soulève des interrogations quant au financement de l’enseignement supérieur privé. Depuis la réforme de 2018 sur l’#apprentissage, le secteur privé lucratif du supérieur connaît une croissance exponentielle, portée par la création massive de #centres_de_formation_d’apprentis (#CFA), captant les fonds publics de l’apprentissage.

    Soutenues par un cadre législatif aussi libéral qu’obsolète, ces écoles jouissent d’une agilité déconcertante, là où les #universités_publiques subissent une #rigidité_structurelle. Le privé se déploie très vite, sur des niches sectorielles qui s’étendent du design jusqu’au droit.

    Mais ce « succès » repose sur une demande artificielle créée par des dispositifs marchands, et sur un soutien de l’État dont il est difficile de comprendre les justifications.

    Les #écoles_privées s’insèrent en effet dans un maquis informationnel, où l’#opacité devient une stratégie. La recherche empirique que j’ai menée à Bordeaux entre 2023 et 2024 révèle que familles et étudiants peinent à distinguer les degrés de reconnaissance d’une formation.

    Certaines écoles vendent comme « #diplôme_d’Etat » de simples titres #RNCP [#Répertoire_national_des_certifications_professionnelles, NDLR.], alors que ces derniers ne sont qu’une #certification par le ministère du Travail de l’adéquation entre la #formation et les #besoins_économiques à un instant T, sans contrôle de la qualité des enseignements délivrés.

    De même, les établissements privés jouent du halo terminologique qui entoure les noms des diplômes, comme « Bachelor » (terme non réglementé) ou « Mastère », jouant clairement sur l’ambiguïté avec le « Master » délivré par les universités publiques et reconnu, lui, par l’État. Malheureusement pour les étudiants qui peinent – légitimement – à s’y retrouver, un petit « e » en plus, ce sont de grandes opportunités en moins.

    Au-delà de cette #confusion délibérément entretenue, les stratégies de captation versent parfois dans la #publicité_mensongère. En 2023, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a mis en lumière l’usage illégal de mentions telles que « #licence » ou « #master », facilement observable dans les #salons_d’orientation et sur Internet.

    Ces salons eux-mêmes, prétendument conçus pour éclairer les familles, deviennent des vitrines biaisées où les écoles lucratives sont surreprésentées. Ils sont devenus un véritable maquis d’où les familles ressortent désorientées, ce qui est un comble.

    Discours trompeurs

    Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les établissements privés développent un discours transformant leurs vices en vertus. L’absence d’un corps professoral permanent, remplacé par des intervenants qui font quelques tours et puis s’en vont, est ainsi valorisée comme une marque de #professionnalisation, masquant en réalité une incapacité à recruter et maintenir des enseignants qualifiés.

    Plus généralement, les écoles privées s’approprient le discours dominant sur « l’#employabilité » (relayé par les pouvoirs publics) en proposant des formations en #alternance rendues « gratuites » grâce aux #aides_publiques. Dans un contexte de réduction des aides à l’embauche d’apprentis, la contraction des offres de contrat d’apprentissage va rendre cette promesse de « gratuité » plus difficile à tenir, exigeant des étudiants et de leurs familles qu’ils redoublent de vigilance.

    De la même façon, l’argument du recrutement « hors #Parcoursup » masque leur incapacité à répondre aux critères de la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur, tout en jouant sur les peurs et imaginaires des étudiants. Mais aujourd’hui ces établissements créent des alternatives telles que #ParcoursPrivé, revendiquant un rôle d’#anti-Parcoursup, tout en mimant son modèle.

    Dépendance aux #subventions_publiques

    Dernier ingrédient pour assurer au privé un avenir radieux : l’injection de #subventions. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a conduit à une explosion du supérieur lucratif, en faisant sauter toutes les barrières à l’entrée dans la création d’une école, et en finançant le secteur privé via l’apprentissage.

    Ces écoles, qui derrière des noms rutilants sont souvent des Centres de Formation d’Apprentis (CFA), ne pourraient survivre sans ces aides publiques, qu’elles défendent naturellement avec une ardeur révélatrice. La « réussite » actuelle de la politique d’apprentissage ne dépend que des financements à guichet ouvert, alimentant des profits privés, à l’heure où les #universités sont, elles, assoiffées (d’aucuns diront volontairement ?).

    Une des solutions récemment avancées par les pouvoirs publics était de créer un #label attestant de la qualité des formations. Mais on ne dénombre déjà pas moins d’une trentaine de labels dans le supérieur ! Ce chaos normatif reporte sur les familles la responsabilité du tri, alors qu’elles sont déjà perdues dans cet univers saturé de certifications. L’État a la responsabilité de faire le ménage, y compris au sein des gros groupes (chez qui pantouflent par ailleurs certains architectes de la loi de 2018).

    Ce nettoyage est d’autant plus important qu’en parallèle, les universités publiques, en sous-financement chronique, envisagent de fermer des formations et des campus. Cette #asphyxie_budgétaire accélère la privatisation du supérieur et place l’État dans une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public.

    La privatisation de l’#enseignement_supérieur pose de graves questions de #démocratie, de contrôle et de qualité. Par son financement aveugle et sa passivité réglementaire, l’État soutient sur fonds publics un système qui finance des profits privés.

    À l’heure où les universités luttent pour leur survie, il est urgent que l’État reprenne la main : en régulant fermement, en surveillant les pratiques abusives et en soutenant et valorisant ses établissements publics, où la qualité de la formation et de la recherche est assurée.

    L’État doit défendre ses propres établissements, réguler le secteur privé bien au-delà de la simple apposition d’un label, et ne pas faire reposer sur des familles endettées, déçues et désemparées, la #responsabilité de choisir l’incertain.

    https://www.alternatives-economiques.fr/essor-prive-asphyxie-universites-letat-a-contre-emploi-lens/00113661
    #privatisation #ESR #enseignement_supérieur #France #financement #facs #université #régulation

  • Parcoursup : au lycée, les notes sont devenues « un truc de dingue ! » | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/education/parcoursup-au-lycee-les-notes-sont-devenues-un-truc-de-dingue-2138476
    https://media.lesechos.com/api/v1/images/view/67628fb1fc6fd56a7e3dbafb/1280x720/01302113269762-web-tete.jpg

    Des parents s’interrogent : faut-il éviter tel établissement réputé noter plus sévèrement, afin d’« avoir plus de chances dans Parcoursup » ? Certains lycées croient avoir trouvé la parade, en fournissant deux bulletins de notes - l’un, officiel, pour Parcoursup et l’autre, officieux, pour se préparer à la notation dans l’enseignement supérieur…

    Mouhahaha

    Dans les universités comme dans les grandes écoles, les professeurs qui sélectionnent les candidats se disent déconcertés par « l’inflation » des notes de contrôle continu qui « altère leur capacité à distinguer les dossiers », à l’instar de Sciences Po Paris. Son directeur, Luis Vassy, a décidé « d’accroître très sensiblement le poids de l’écrit du bac de français puisque c’est en fait la seule note qui soit notée de manière homogène sur le territoire national », indique-t-il. Sciences Po va aussi renforcer le poids de l’oral, de sorte que Parcoursup ne pèsera plus que pour 50 % dans la sélection.

    C’est tellement de la merde.

    Dans les universités comme dans les grandes écoles, les professeurs qui sélectionnent les candidats se disent déconcertés par « l’inflation » des notes de contrôle continu qui « altère leur capacité à distinguer les dossiers », à l’instar de Sciences Po Paris. Son directeur, Luis Vassy, a décidé « d’accroître très sensiblement le poids de l’écrit du bac de français puisque c’est en fait la seule note qui soit notée de manière homogène sur le territoire national », indique-t-il. Sciences Po va aussi renforcer le poids de l’oral, de sorte que Parcoursup ne pèsera plus que pour 50 % dans la sélection.

    Les gus qui refusent d’admettre que tout ça n’est que de la merde !

    Comment en est-on arrivé là ? La faute à qui ? A la réforme du bac ? « Pas du tout ! » répond Pierre Mathiot. Le problème, c’est que le contrôle continu est « maltraité dans tous les sens du terme ». « C’est l’échec absolu des plans d’évaluation d’établissements que nous avions tenté de mettre en place avec Jean-Michel Blanquer [l’ex-ministre de l’Education nationale, NDLR] », estime-t-il en renvoyant « à l’un des grands mammouths du système scolaire français qui consiste dans la manière de noter et dans la place de la note ».

    En France, on explique qu’un 17,5/20 ne vaut pas un 18/20, alors d’autres pays ne mettent pas de note… « Les enseignants sont mis en difficulté sur la notation, qui est pour eux une espèce de droit absolu, alors que la solution consisterait à inventer des collectifs de travail, avec des enseignants se mettant autour de la table pour dire ’Voilà comment on note, tous ensemble ’ ». Une « révolution » qui paraît encore bien lointaine.

    L’annonce d’une nouvelle épreuve anticipée de mathématiques changera peut-être la donne. Luis Vassy la voit comme un moyen de « sortir de la contrainte du contrôle continu » et de « disposer de données objectives des élèves le plus tôt possible » dans la procédure de sélection. Sa mise en oeuvre risque toutefois de rouvrir la guerre du bac et des coefficients entre les épreuves terminales.

    • La faute à qui ? A la réforme du bac ? « Pas du tout ! » répond Pierre Mathiot.

      ben voyons ! la réforme du bac a suivi à la lettre les recommandations du rapport … Mathiot. cf.

      Réforme du baccalauréat : le rapport Mathiot | vie-publique.fr
      https://www.vie-publique.fr/en-bref/19823-reforme-du-baccalaureat-le-rapport-mathiot

      Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a reçu le 24 janvier 2018 le rapport de Pierre Mathiot sur la réforme du baccalauréat à l’horizon 2021.

      c’est d’ailleurs mentionné dans l’article et dans la citation mise en exergue
      Pierre Mathiot, concepteur de la réforme du bac

    • Ce qui est étonnant est de découvrir ce problème seulement maintenant... D’ailleurs, ce problème se retrouve partout, et pas juste au passage secondaire-université, mais aussi après, sur le passage de la licence à la maîtrise. En amérique du nord, je vois des universités où (désolé, on note en lettre) la note moyenne d’un cours est A (qui peut être la meilleure note), autrement dit, dans un dossier, A signifie à la fois « le/la meilleur » et en même temps « note moyenne ». Depuis des années, je me retrouve à devoir classer des candidat(e)s (pour des bourses, des admissions, des stages), et c’est devenu juste n’importe quoi. On ne peut plus regarder les notes, qui ne veulent plus rien dire*, on regarde le reste (extra-curriculum, et recommendation). Après, on est typiquement dans un problème de loi de Goodhart (https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Goodhart) : si un critère est utilisé, il est détourné. On est clairement arrivé dans un monde de surenchère, et c’est triste...

      * je suis étonné que personne n’évoque, en France, le système utilisé au Québec (la cote R https://fr.wikipedia.org/wiki/Cote_R, @simplicissimus retrouvera des idées classiques de statistiques de modèles hiérarchiques, de positionnement d’élève dans une classe, d’une classe dans un établissement)

    • Cette dérive ce sont les lycéen·nes qui l’ont le mieux anticipée, et ce dès la première année de la réforme Blanquer. En tant que représentant des parents d’élèves il a fallu que j’explique aux profs que chaque note était cruciale, car il est plus facile de diminuer une moyenne que de la remonter. Ils n’y avaient pas réfléchi, à l’époque. Les lycéen·nes si.

    • Mais du coup faut revenir à des notes plus sévères qui classent vraiment (puisque quand même ya physiquement une limite de nombre à chaque formation, BTS, licence, maitrise, etc donc fatalement il FAUT trier non ?), et réautoriser plus de redoublements (mais ya pas assez de places dans les lycées puisque ya toujours des nouvelles générations qui arrivent) ? Mais au risque que plus de monde arrêtent les études longues comme avant ?

    • Non, le problème c’est qu’ils ne veulent pas ouvrir de places en fac et au lycée où la démographie le nécessiterait.

      La réforme Blanquer, c’est juste ça : limiter les entrées dans le supérieur et laisser le marché et les privées se partager ceux qui peuvent.

      Avant, le bac était le premier diplôme d’études supérieures : tu l’avais, tu pouvais t’inscrire au moins en fac.

      Comme on a poussé les murs au taquet depuis 30 ans et qu’on ne veut pas mettre une thune de plus (voire même se refaire sur la bête), toutes les réformes ont eu pour objet de marginaliser le bac qui est devenu purement décoratif et de mettre en place la sélection partout selon des critères les plus arbitraires (ou les plus contournables) possibles… pour les classes moyennes et populaires.

      Faut vraiment bien voir l’ensemble du tableau : tu entrais en fac même avec un bac au repêche, maintenant, tu n’y arrives plus forcément avec une mention.

      Tu choisissais l’endroit et la matière à étudier, maintenant, c’est réservé à une toute petite élite pendant que les autres ont des choix par défaut, contraints et résignés… et souvent loin de chez eux.
      Pour ceux qui ont des moyens financiers, c’est moyennement embêtant.
      Sans argent, avec le prix des transports et l’inflation de loyers, c’est mission impossible… et autant de jeunes qui ne peuvent plus étudier.

    • Si on en croit tous ces développements, on s’aperçoit que dans les « démocraties » de l’Occident global, c’est un peu comme dans les régimes autoritaires post soviétiques : les gens s’adaptent pour se faufiler entre les mailles du filet coercitif. Et dans la chaîne de commandement, tu as des gonzes qui préfèrent bidouiller en loucedé plutôt que dénoncer la catastrophe. En parallèle (et à l’origine du problème), tu as les malfaisants qui ne pensent qu’à se gaver et à entretenir leurs réseaux en faisant en sorte que leurs copains puissent aussi partager le fromage.

      #consanguinité (des élites) #gestionnaires_du_cheptel_humain #surnuméraires #capitalisme_du_désastre

    • On rigole comme ça mais n’oublions pas que c’est ainsi qu’on s’est retrouvé avec un méchant virus qui a pu prendre l’avion vite fait suite à un accident de laboratoire signalé trop tardivement à cause de la crainte des sanctions.

      (Merci de votre attention : c’était la minute comploplo du Dr Sombre).
      #don't_look_up

  • Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    https://www.dakaractu.com/Journee-Internationale-des-Migrants-En-route-pour-reinventer-la-migration

    Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    À l’occasion de la Journée internationale des migrants, Mandiaye Ndiaye, conseiller pays, et Maguette Sambe, secrétaire général pays du Conseil international pour l’immigration, l’entrepreneuriat et l’emploi (CIIEE), ont réaffirmé l’importance de valoriser la migration en tant que vecteur de développement et de croissance. Ils soulignent que les migrants, confrontés à des défis énormes dans les pays d’accueil, doivent être accompagnés et soutenus. Cette journée symbolique est l’occasion de rappeler qu’il est impératif de permettre aux jeunes de se déplacer légalement pour travailler et contribuer à l’économie mondiale, tout en luttant contre l’immigration clandestine, un fléau qui continue de déchirer de nombreuses familles.
    Le CIIEE, créé il y a un an, œuvre activement pour sensibiliser les jeunes, notamment au Sénégal, sur les enjeux liés à la migration. Mandiaye Ndiaye insiste sur la nécessité de mettre en place des stratégies pour contrer les flux migratoires illégaux et fournir des solutions concrètes aux jeunes qui souhaitent s’expatrier. En collaboration avec des partenaires internationaux et des institutions ministérielles, le CIIEE prépare un atelier majeur pour la seconde quinzaine de janvier 2024, afin de créer un plan d’action permettant de renforcer l’accompagnement des jeunes dans leurs démarches migratoires légales et sécurisées.
    L’atelier qui réunira des acteurs gouvernementaux, des ONG et des partenaires internationaux, vise à définir un programme d’activités de sensibilisation et de formation. Selon Maguette Sambe, il est crucial d’échanger des informations pertinentes sur les possibilités d’emploi à l’étranger et de favoriser des collaborations avec des représentations diplomatiques pour assurer que les jeunes migrants soient informés et protégés tout au long de leur parcours. En somme, le CIIEE met en place un cadre structuré pour encourager une migration sûre et ordonnée, dans l’intérêt des jeunes et des nations concernées.

    #Covid-19#migrant#migration#CIIEE#senegal#formation#jeunesse#migrationirreguliere#parcoursmigratoire#sante#migrationlegale

  • Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    https://www.dakaractu.com/Journee-Internationale-des-Migrants-En-route-pour-reinventer-la-migration

    Journée Internationale des Migrants : En route pour réinventer la migration légale et anéantir l’immigration clandestine
    À l’occasion de la Journée internationale des migrants, Mandiaye Ndiaye, conseiller pays, et Maguette Sambe, secrétaire général pays du Conseil international pour l’immigration, l’entrepreneuriat et l’emploi (CIIEE), ont réaffirmé l’importance de valoriser la migration en tant que vecteur de développement et de croissance. Ils soulignent que les migrants, confrontés à des défis énormes dans les pays d’accueil, doivent être accompagnés et soutenus. Cette journée symbolique est l’occasion de rappeler qu’il est impératif de permettre aux jeunes de se déplacer légalement pour travailler et contribuer à l’économie mondiale, tout en luttant contre l’immigration clandestine, un fléau qui continue de déchirer de nombreuses familles.
    Le CIIEE, créé il y a un an, œuvre activement pour sensibiliser les jeunes, notamment au Sénégal, sur les enjeux liés à la migration. Mandiaye Ndiaye insiste sur la nécessité de mettre en place des stratégies pour contrer les flux migratoires illégaux et fournir des solutions concrètes aux jeunes qui souhaitent s’expatrier. En collaboration avec des partenaires internationaux et des institutions ministérielles, le CIIEE prépare un atelier majeur pour la seconde quinzaine de janvier 2024, afin de créer un plan d’action permettant de renforcer l’accompagnement des jeunes dans leurs démarches migratoires légales et sécurisées.
    L’atelier qui réunira des acteurs gouvernementaux, des ONG et des partenaires internationaux, vise à définir un programme d’activités de sensibilisation et de formation. Selon Maguette Sambe, il est crucial d’échanger des informations pertinentes sur les possibilités d’emploi à l’étranger et de favoriser des collaborations avec des représentations diplomatiques pour assurer que les jeunes migrants soient informés et protégés tout au long de leur parcours. En somme, le CIIEE met en place un cadre structuré pour encourager une migration sûre et ordonnée, dans l’intérêt des jeunes et des nations concernées.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#CIIEE#formation#migrationlegale#migrationirreguliere#sante#parcoursmigratoire

  • Pourquoi réserver un train est devenu un enfer (et pourquoi ça va empirer)

    Entre la multiplication des #marques et la #complexité de la #billetterie, l’ouverture à la #concurrence rend le #paysage_ferroviaire « kafkaïen », dénoncent les usagers.

    Aléop, Zou !, Lio, InOui, Trenitalia… Le paysage ferroviaire s’est transformé ces dernières années en une indigeste salade de #logos. Côté billetterie, ce joyeux capharnaüm entraîne un lot d’#aberrations : des #guichets #TER qui ne vendent pas de billets #TGV, des #cartes_de_réduction qui ne fonctionnent pas dans toutes les régions, l’application #SNCF_Connect qui n’affiche aucun billet Trenitalia ou Renfe...

    Et ce n’est qu’un début. Le paysage ferroviaire risque de devenir « insensé », prévient le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), François Delétraz. Une inquiétude largement partagée dans le petit monde du ferroviaire, y compris chez les partisans inconditionnels de l’ouverture à la concurrence : on assiste à « une extraordinaire #fragmentation [qui pose] une énorme préoccupation », s’alarmait le très respectable président de l’Autorité de régulation des transports, Thierry Guimbaud, lors du colloque annuel de l’Afra, le lobby des entreprises ferroviaires, le 8 octobre à Paris.

    « La situation est préoccupante », reconnaissait le même jour Claude Steinmetz, le patron de #Transdev, le premier challenger de la SNCF sur les TER. D’après ses calculs, il existe 45 titres de réduction différents pour les TER, toutes régions confondues. « L’opérateur historique [la SNCF] a onze sites internet de distribution, ajoutait-il. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? »

    Cette #complexification, pas vraiment en phase avec l’engouement des Français pour le train et l’urgence de décarboner les transports, est une conséquence directe de l’ouverture du réseau ferré à la concurrence. Big bang que dénoncent les syndicats de cheminots, notamment à travers un appel à la grève, à partir du mercredi 11 décembre au soir.

    La guerre des #applis

    Concernant les TER, transport du quotidien et clé de voûte de la transition énergétique des transports, la fin du #monopole_public est gérée par les régions. Comme elles investissent pour tenter d’améliorer l’offre, elles souhaitent que cela se voie. « Elles ont presque toutes mandaté des agences de com’ pour trouver un nom de marque — improbable — pour se différencier de leurs voisines tout en tournant le dos à la SNCF et à son bon vieux TER », raille la Fnaut, le 9 décembre dans un communiqué. Fluo, BreizhGo, Lio... Chacune déploie également sa propre #politique_tarifaire et son propre système de #réduction.

    Dans cette #jungle, plusieurs #applications de vente de billets comme SNCF Connect ou #Trainline espèrent s’imposer et promettent de rendre fluide le « #parcours_client ».

    Pour l’heure, elles se livrent surtout une guerre sans merci. Écrasant leader, SNCF Connect (85 % des ventes) refuse de vendre des billets pour ses concurrents (#Trenitalia et la #Renfe) et leur met des bâtons dans les roues. Elle ne leur permet pas de vendre tous les tarifs disponibles et ne partage pas les informations trafic en temps réel. Trainline se plaint également de ne pas réussir à trouver sa #rentabilité, en raison des #commissions faméliques que lui verse la SNCF (2,9 % sur la vente des billets, contre 10 % pour un billet Trenitalia).

    Pour ne rien arranger, les régions n’ont aucune intention de faire confiance à ces applications de billetterie. Elles développent, chacune dans leur coin, leur propre système de distribution. Et comme les TER, demain, seront gérés par une multitude de compagnies différentes, ce sont les #régions qui vont centraliser l’information et la transmettre, avec plus ou moins de bonne volonté, à SNCF Connect, Trainline et consorts.

    « Impossible, pour le commun des mortels,
    de s’y retrouver »

    Cette complexification trouve une illustration déjà bien visible à Marseille : « Entre les Ouigo, les TGV InOui, la Renfe qui propose une liaison avec Barcelone, les TER gérés par la SNCF et bientôt les TER gérés par Transdev, vous avez cinq #opérateurs différents dans une même gare. Mais il n’existe aucun endroit où on peut tout acheter, résume François Delétraz. Impossible, pour le commun des mortels, de s’y retrouver. »

    Mais alors, que fait la police ? Pour l’heure, les règles sont encore à écrire et le gendarme du ferroviaire, l’#Autorité_de_régulation_des_transports, saisi de nombreux contentieux, prévient que les arbitrages sont pour bientôt. La Commission européenne compte également mettre de l’ordre dans ce Far West ferré. D’ici fin 2025, elle doit présenter un projet de règlement forçant les compagnies ferroviaires et les applications de vente de tickets à jouer la même partition.

    « On espère que cela améliorera la visibilité, souligne Vincent Thevenet, spécialiste ferroviaire de l’ONG Transport & Environment. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est arriver à un système où les #prix seraient différents d’une plateforme à l’autre, avec un risque de #spéculation à la baisse ou à la hausse. Dans le transport aérien, c’est un gros problème. » L’initiative européenne ne se concrétisera pas avant plusieurs années et pourrait ouvrir ensuite une phase de guérilla juridique longue et couteuse, nouvelle tradition du monde ferroviaire.

    La situation ne manque pas d’ironie. Après trente ans d’efforts pour fabriquer une concurrence, largement artificielle, entre des entreprises ferroviaires européennes, toutes publiques, l’Union européenne les enjoint désormais de s’entendre et de se coordonner pour éviter le fiasco.

    Contactée par Reporterre, #SNCF_Voyageurs renvoie la responsabilité aux régions. « Ce sont elles qui définissent notamment les politiques tarifaires et la billettique », souligne l’entreprise. SNCF Voyageurs n’est plus qu’un simple « exploitant des services ferroviaires » comme un autre. L’entreprise publique s’est simplement préparée à affronter l’extraordinaire #morcèlement du ferroviaire. « Notre filiale SNCF Connect & Tech propose des solutions pour répondre aux appels d’offres lancés par les régions pour l’exploitation de leurs systèmes d’information et de billettique », souligne l’entreprise.

    Un « #allotissement » qui complique tout

    La billetterie n’est pas le seul sac de nœuds à dénouer. Pour faciliter l’entrée de concurrents à la SNCF, les régions découpent le réseau TER en une multitude de petits « lots ». Chacun fait l’objet d’un #appel_d’offres et est attribué pour dix ans à un délégataire de #service_public. Même la SNCF, lorsqu’elle remporte le lot, doit créer une nouvelle filiale.

    « Résultat, dans dix ans nous aurons une centaine de PME du rail. Les régions affirment qu’avec leurs bras musclés elles parviendront à harmoniser tout ça, mais cela entraînera une litanie de problèmes », s’inquiète Frédéric Michel, guichetier à la gare Saint-Charles de Marseille et militant Sud-Rail. Les compagnies doivent par exemple partager l’information aux voyageurs en temps réel, synchroniser les horaires pour faciliter les correspondances, gérer les aléas.

    Le premier TER non SNCF doit circuler mi-2025 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. Comment #Transdev, filiale de la Caisse des dépôts en voie de #privatisation, s’entendra avec les autres acteurs en cas d’avarie ? « Aujourd’hui, c’est déjà compliqué de gérer les #ruptures_de_correspondance entre un TER et un TGV, alors qu’on appartient à la même entreprise. Demain, avec une entreprise concurrente, ça n’existera plus », souligne Frédéric Michel.

    « Qui va payer l’hôtel et le billet de rechange des passagers qui ont raté leur Ouigo à cause d’un retard de TER sur Transdev ? La région Sud y réfléchit. Ça commence dans six mois et elle ne sait pas comment faire », affirme François Delétraz.

    Le train, un service marchand comme un autre

    Cette #désorganisation générale du réseau est concomitante à une #transformation fondamentale : depuis vingt ans, le train s’éloigne progressivement d’une logique de #service_public pour épouser les pratiques commerciales du privé. Et la quête de rentabilité est désormais exacerbée à la SNCF, à cause de la pression de son principal actionnaire, l’État, qui lui impose de doubler la somme qu’elle fait remonter chaque année pour financer l’entretien du réseau vieillissant (6,5 milliards d’euros).

    C’est cette pression qui explique la hausse continue et diffuse des #tarifs (8,2 % en moyenne sur un an selon l’Insee en 2023), la suppression des dessertes non rentables et des #guichets en gare, la hausse à 19 euros de la commission pour l’échange d’un billet InOui six jours avant le départ, la fin des billets non personnalisés qui pouvaient être troqués... La liste est potentiellement sans fin, des irritants qui pénalisent les « usagers » devenus « clients ».

    Des syndicats de cheminots au lobby des entreprises ferroviaires, en passant par les élus et les usagers, tous les acteurs du monde ferroviaire sont au moins d’accord sur un point : l’argent public manque cruellement en France pour faire face au mur d’investissement nécessaire à la sauvegarde et au développement d’un réseau vieillissant. Constat implacable de l’association allemande Alliance pour le rail, qui publiait en juillet dernier un classement des pays européens en matière d’#investissement_ferroviaire. La France apparaît bonne dernière.

    https://reporterre.net/Pourquoi-reserver-un-train-est-devenu-un-enfer-et-pourquoi-ca-va-empirer
    #réservation #train #transport_ferroviaire #SNCF #France #billets

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1087591
    @sombre

  • APL : découvrez la nouvelle liste des documents à fournir à la CAF pour toucher les aides au logement | Merci pour l’info
    https://www.mercipourlinfo.fr/actualites/aides-et-allocations/apl-decouvrez-la-nouvelle-liste-des-documents-a-fournir-a-la-caf-pour

    Il se substitue aux textes jusqu’alors en vigueur, à savoir notamment l’arrêté du 22 août 1986, qui sont devenus obsolètes en raison « de la récupération automatique de certaines informations déjà déclarées par les demandeurs ou allocataires auprès d’autres administrations », précise l’arrêté ministériel.

    Pour ouvrir ou renouveler un droit à une aide personnelle au logement, vous devez désormais fournir les documents suivants :

    un état des personnes vivant habituellement au sein de votre foyer. Les ressources prises en compte pour le calcul des APL sont en effet celles dont bénéficient le demandeur, son conjoint et les personnes vivant habituellement au foyer ;
    la photocopie recto-verso de votre carte d’identité, de votre passeport, ou, à défaut, de votre carte de ressortissant d’un État de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen (EEE) ou de votre carte de combattant (avec photo) ou de votre titre de séjour dans les autres cas ;
    le montant de votre patrimoine si sa valeur dépasse 30 000 € ;
    une attestation de votre bailleur justifiant de l’affectation (à un usage d’habitation), de la superficie, de la décence du logement, notamment sur la base du diagnostic de performance énergétique, et comprenant le montant du loyer [qui semble remplacer la quittance de loyer]

    pour une demande d’aide au logement accession à la propriété, un certificat de prêt, le contrat de prêt, un tableau d’amortissement ou tout autre document émanant de l’établissement bancaire. Les prêts signés à compter du 1er février 2018 ne permettent plus d’ouvrir un droit à l’APL, excepté les prêts signés entre le 1er février 2018 et le 31 décembre 2019 pour l’acquisition d’un logement ancien en secteur 3.[La zone 1 couvre l’ensemble de l’Île-de-France, La zone 2 correspond aux agglomérations de plus de 100 000 habitants et inclut la Corse, Tout autre territoire est en zone 3]

    [et plus encore]

    Aides au logement (APL) : le forfait charges ne suffit plus à couvrir les charges locatives
    https://www.mercipourlinfo.fr/actualites/aides-et-allocations/aides-au-logement-apl-la-clcv-reclame-une-hausse-de-la-part-dediee-au

    L’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) a lancé, lundi 8 avril, une campagne pour demander au gouvernement une nette revalorisation du forfait charges des aides personnelles au logement (APL, #ALF et #ALS), destiné au paiement des charges locatives (eau, électricité, gaz), et son indexation sur l’inflation pour aider les locataires à faire face aux hausses de leurs factures d’énergie.

    « Malgré un contexte inflationniste sans précédent, la part des APL dédiée au paiement des charges énergétiques n’a pas augmenté depuis 18 ans », déplore l’association dans un communiqué. Depuis 2006, le #forfait_charges n’a en effet connu qu’une « très maigre revalorisation, totalement décorrélée de l’évolution du coût de la vie », poursuit-elle.

    Il est passé de 52,93 € par mois pour une personne seule ou un couple sans personne à charge (+11,99 € par personne supplémentaire) en 2013 à 58,08 € par mois (+13,17 € par personne supplémentaire) en 2023 pour un montant moyen d’APL de 219 € par mois par ménage.

    Or, dans le même temps, « les charges locatives ont connu une très forte progression », si bien que la part couverte par le forfait charges s’est fortement réduite. Si en 2013, ce dernier couvrait par exemple 42 % des 125 € de charges locatives mensuelles moyennes pour un appartement de 50 m², il n’en couvre plus que 28 % en 2023, le montant des charges ayant atteint 192 € par mois en zone tendue pour cette même surface en 2020.

    #APL #CAF #parcours_d'obstacles

  • Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants
    https://www.seneweb.com/news/Societe/emigration-irreguliere-le-ministere-de-l_n_454052.html


    Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants
    Par : Ndeye Astou Konaté - Seneweb.com | 24 octobre, 2024 à 13:10:25
    Emigration irrégulière : Le ministère de l’Intérieur met en place un numéro vert sécurisé pour dénoncer les partants❞
    #Covid-19#migrant#migration#senegal#UE#emigration#migrationirreguliere#politiquemigratoire#UE#sante#parcoursmigratoire

  • Comment les étudiants ont cessé d’aller en fac (ou presque) | France Culture
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/va-savoir/comment-les-etudiants-ont-cesse-d-aller-en-fac-7209890

    À Paris, seuls 44 % des #étudiants sont inscrits à l’#université (et 10% de plus en moyenne nationale). L’évitement vis-à-vis des universités publiques progresse, alors que le nombre d’inscriptions dans l’#enseignement_supérieur_privé explose. Le résultat d’un slogan qui a résumé la fac à un gâchis.

    Ce que l’on s’imagine

    ... que majoritairement, un étudiant est d’abord un étudiant... inscrit en fac. Et plus ordinairement, dans une fac publique. C’est l’image d’Épinal de la figure de l’étudiant, et un impensé lesté d’une remarquable fixité.

    Alors qu’en fait...

    ... cela n’a jamais été aussi peu le cas, et la tendance à l’évitement s’accélère même de façon flagrante au profit du privé.

    Dans le détail, tous les étudiants n’évitent pas les universités publiques. Certains travaux, comme ceux du sociologue Cédric Hugrée, montrent par exemple que cet évitement est très situé socialement : du côté des classes populaires, l’université reste un horizon désirable, et même une voie d’ascension sociale. En revanche chez les bacheliers issus des classes moyennes ou supérieures, éviter la fac, en favorisant soit des voies publiques hors université, soit des établissements privés, n’a jamais été une tendance aussi forte, comme le confirment les chiffres officiels publiés par le ministère en juin 2024. L’évitement n’est pas aussi prononcé selon les régions, mais en Corse, il concerne plus de deux étudiants sur trois, et depuis 2023 et pour la première fois, à Paris, on compte désormais moins d’étudiants inscrits en fac publique que d’étudiants qui ne le sont pas.

    Pour Pierre Clément, cette tendance à l’évitement est liée à la dégradation de l’image de l’université dans nos représentations collectives. Cette image s’est particulièrement dégradée à partir de 2017, lorsque s’est propagé dans le discours politique ce que le maître de conférences en sciences de l’éducation considère comme « un slogan ». Dès 2019, Marie-Paule Couto et Pierre Clément publiaient un article dans la revue académique La Pensée, qui montrait la dissémination de cette idée selon laquelle l’université serait « un énorme gâchis » où les cursus se solderaient par « 60% d’échec » trois ans après le bac. Ce chiffre circule plus souvent sans être valablement étayé alors que les statistiques ont besoin d’être précisées à la loupe selon de quoi on parle exactement. Or c’est ce chiffre qui assoit tout particulièrement l’idée que l’université publique serait une voie sans issue. Et finalement sur ce chiffre que se structure une dynamique nouvelle visant à échapper à la fac telle qu’on se l’imagine désormais.

    Or, statistiques à l’appui, la sociologie de l’éducation montre plutôt une immense tendance à la stabilité : les chiffres mis en évidence par les sociologues Romuald Bodin et Sophie Orange pour les années 60 attestent plutôt que l’entrée à l’université a toujours fait l’objet de réajustements, dans l’année qui suit l’obtention du bac. Dans le détail, il faut notamment avoir en tête que ces chiffres ne tiennent pas compte du taux de redoublements (un gros tiers), de réorientations, mais aussi d’étudiants qui réussissent un concours, ou accèdent à une école dont ils préparaient l’entrée.

    Pierre Clément rappelle surtout que selon les projets politiques de réforme, les chiffres sont instrumentalisés, et maniés sans scrupules par le discours politique pour leur faire dire ce qui conviendra le mieux à l’agenda politique. A l’époque, c’était en particulier la réforme de #Parcoursup qu’entendait vendre à l’opinion publique l’Exécutif, dont les deux auteurs rappelaient dans La Pensée ce qu’ils identifiaient comme des "éléments de langage". Affirmer que l’université publique, où les moyens par étudiant ont baissé à mesure que les effectifs ont été massifiés du fait de la démographie, produisait de l’échec, s’inscrivait dans un contexte plus large.

    Cinq ans plus tard, le nombre de filières accessibles depuis l’enseignement privé explose, à mesure que ces représentations de l’échec universitaire cristallisent. Elles bénéficient de la mauvaise réputation de la fac, gonflée artificiellement dans certains discours politique.

    • Is your master’s degree useless ? | The Economist
      https://archive.ph/f5pGY

      More recently the institute has investigated returns from master’s courses—with even more striking results. It has found that by the age of 35, #master’s graduates earn no more than those with just a #bachelor’s (after accounting for their better-off backgrounds and higher previous attainment). That finding was “genuinely surprising” says Jack Britton, one of the study’s authors. It also differed markedly from research that used less-granular data.

      On both sides of the Atlantic, choice of subject is the single biggest factor determining whether a master’s boosts earnings. In America, returns are especially large in computer science and in engineering. [...]

      More striking are the large negative returns in some subjects.

  • Des universités françaises au bord de l’#asphyxie : « Ça craque de partout »

    Locaux vétustes, #sous-financement structurel, #pénurie d’enseignants, inégalités sociales et scolaires… Les universités de Créteil, Villetaneuse ou encore Montpellier-III cumulent les difficultés. Le fossé se creuse encore entre les établissements prestigieux et les autres.

    A l’#université_Sorbonne-Paris_Nord, sur le campus de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, la visite guidée se transforme immanquablement en un passage en revue du #délabrement. Tel couloir ou telle salle, inondés à chaque forte pluie, cumulent vétusté et moisissures sur les murs. Des amphithéâtres aux sièges cassés, des prises abîmées depuis des années, et des vidéoprojecteurs qui, régulièrement, ne fonctionnent pas. Les filets de fortune qui retiennent des bouts de plafond qui s’écroulent au-dessus d’une passerelle reliant plusieurs bâtiments. Cet ascenseur, également, en panne depuis la rentrée, rendant le deuxième étage du département des lettres inaccessible aux étudiants à mobilité réduite.

    De façon moins visible, une grande partie des bâtiments contient encore de l’#amiante, plus ou moins bien protégée. « Là ou encore là, le sol est abîmé, montre Stéphane Chameron, maître de conférences en éthologie, membre du comité social d’administration, encarté SUD-Education, en désignant des dalles usées dans des couloirs ou des escaliers. Donc il peut arriver que de la poussière amiantée soit en suspension dans l’air. C’est une #mise_en_danger. »

    Selon la Cour des comptes, 80 % du bâti de l’université Sorbonne-Paris Nord est aujourd’hui vétuste. Mais le constat national n’est guère réjouissant non plus, avec un tiers du #patrimoine_universitaire jugé dans un état peu ou pas satisfaisant. « Honnêtement, on a honte de faire travailler les étudiants dans ces conditions » , souligne une des enseignantes de l’établissement qui, comme beaucoup, a demandé à rester anonyme.

    En matière d’#encadrement aussi, « la situation est critique », alerte Marc Champesme, chargé du département d’informatique de Paris Nord, membre du syndicat Snesup-FSU. Dans sa composante, le nombre d’étudiants en première année a été multiplié par plus de trois entre 2010 et 2022, et par deux sur les trois années de licence. Dans le même temps, le nombre d’enseignants titulaires n’a pas bougé. « On est maintenant contraints de faire des travaux dirigés en amphi avec soixante étudiants parce qu’on manque de professeurs , réprouve-t-il. Alors même que les pouvoirs publics ne cessent de dire qu’il faut former plus d’informaticiens et de spécialistes de l’IA [intelligence artificielle] , que c’est l’avenir. »

    « Sans l’État, ce ne sera pas possible »

    Ici, comme dans d’autres facultés, les personnels ont été désespérés par le signal envoyé, en février, avec l’annonce de coupes budgétaires de près de 1 milliard d’euros dans l’enseignement supérieur – en contradiction avec la volonté affichée, fin 2023 par Emmanuel Macron, de « donner plus de moyens » pour la recherche. « On nous disait que l’université serait une priorité, mais cela a vite été oublié. C’est un #délaissement total. Et les premiers à trinquer, ce sont nous, universités de banlieue populaire ou de petites villes déjà en mauvaise forme » , s’exaspère un autre enseignant-chercheur de Sorbonne-Paris Nord.

    Cette réalité s’impose comme le signe d’une université française en crise, qui maintient sa mission de service public en poussant les murs, colmatant les brèches et serrant les dents. La conséquence de décennies pendant lesquelles les établissements ont absorbé une augmentation significative de la #population_étudiante, sans que les moyens aient suivi. Entre 2008 et 2021, le nombre d’étudiants a augmenté de 25 %, quand le #budget de l’enseignement supérieur a progressé de moins de 10 %. Quant aux fonds versés par l’Etat liés spécifiquement au #bâti, ils stagnent depuis plus de dix ans.

    Désormais, « ça craque de partout » , résume un enseignant dans un Baromètre des personnels réalisé en 2023 par la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche. A Villetaneuse, « on essaie de mettre les bouchées doubles depuis trois ans pour les travaux urgents. On a investi 6 millions d’euros sur fonds propres. Mais on ne dispose pas de ressources infinies. Sans l’Etat, ce ne sera pas possible » , souligne son président, Christophe Fouqueré. Sur tout le territoire, la pression budgétaire contraint les établissements à se contenter de rafistoler un bâti vieillissant plutôt que d’entamer des travaux de #rénovation nécessaires, ou encore à geler les embauches de #titulaires et à avoir recours à des #vacataires précaires – à présent majoritaires au sein des personnels enseignants dans les universités.

    Mais, à l’image de Sorbonne-Paris Nord, certaines se trouvent plus en difficulté que d’autres en matière de conditions d’études. « La question du bâti et de son délabrement éclaire en fait toutes les #inégalités entre élèves, et entre établissements du supérieur : d’abord entre universités et grandes écoles type Sciences Po, mieux loties, et désormais entre universités elles-mêmes, analyse la sociologue Annabelle Allouch, qui mène un projet de recherche sur le #bâti_universitaire. Mais elle renforce aussi ces inégalités, en encourageant des étudiants à adopter des stratégies d’évitement de certains campus. »

    De fait, des #écarts se sont creusés. Si certains campus ont bénéficié de belles rénovations, comme de moyens plus conséquents pour l’enseignement, d’autres universités, moins subventionnées, décrochent. « On a été oubliés du #plan_Campus de 2008, qui a permis à d’autres universités, y compris voisines, de se remettre à niveau » , regrette le président de Sorbonne-Paris Nord. « L’Etat avait fait le choix de porter les efforts sur 21 sites seulement. Cela a créé un premier différentiel, qui n’a cessé de s’accentuer puisque ces universités lauréates ont été, par la suite, mieux placées, aussi, pour répondre à des appels à projet sur le patrimoine » , explique Dean Lewis, vice-président de France Universités.

    Se sont ajoutées les diverses politiques d’ « #excellence », mises en œuvre durant la dernière décennie, et notamment les labels #Initiative_d’excellence, décernés à certains établissements prestigieux, avec des moyens supplémentaires correspondants. « On a été face à des politiques qui ont décidé de concentrer les moyens sur un petit nombre d’établissements plutôt que de les distribuer à tout le monde » , résume la sociologue Christine Musselin.

    #Violence_symbolique

    Une situation qui laisse de plus en plus apparaître une université à plusieurs vitesses. « Quand je passe de mon bureau de recherche de l’ENS [Ecole normale supérieure] aux locaux où j’enseigne, la différence me frappe à chaque fois », témoigne Vérène Chevalier, enseignante en sociologie à l’#université_Paris_Est-Créteil (#UPEC), qui subit aussi, avec ses élèves, un environnement dégradé. Dans certains bâtiments de cette université, comme celui de la Pyramide, les cours ont dû être passés en distanciel, cet hiver comme le précédent, en raison d’une défaillance de #chauffage, la #température ne dépassant pas les 14 0C. En avril, le toit d’un amphi, heureusement vide, s’est effondré sur un site de Fontainebleau (Seine-et-Marne) – en raison d’une « malfaçon », explique la présidence.

    Plongée dans une #crise_financière, avec un #déficit abyssal, l’UPEC est dans la tourmente. Et la présidence actuelle, critiquée en interne pour sa mauvaise gestion des finances. « Mais lorsqu’on voit arriver 10 000 étudiants en cinq ans, on se prend de toute façon les pieds dans le tapis : cela veut dire des heures complémentaires à payer, des locations ou l’installation de préfabriqués très coûteuses » , défend le président, Jean-Luc Dubois-Randé.

    Au sein d’un même établissement, des fossés peuvent se former entre campus et entre disciplines. « Quand mes étudiants vont suivre un cours ou deux dans le bâtiment plus neuf et entretenu de l’IAE [institut d’administration des entreprises] , dont les jeunes recrutés sont aussi souvent plus favorisés socialement, ils reviennent dans leur amphi délabré en disant : “En fait, ça veut dire que, nous, on est les pauvres ?” » , raconte Vérène Chevalier, qui y voit une forme de violence symbolique.

    Ce sont des étudiants « qu’on ne voit pourtant pas se plaindre », constate l’enseignant Stéphane Chameron. « Pour beaucoup issus de classes moyennes et populaires, ils sont souvent déjà reconnaissants d’arriver à la fac et prennent sur eux » , a-t-il observé, comme d’autres collègues.

    Dans le bâtiment Pyramide, à Créteil, une dizaine d’étudiants en ergothérapie préparent leurs oraux collectifs de fin d’année, assis au sol dans le hall, faute de salles disponibles. « Les conditions, cela nous paraît normal au quotidien. C’est quand on met tout bout à bout qu’on se rend compte que cela fait beaucoup » , lâche Charlotte (qui a souhaité rester anonyme, comme tous les étudiants cités par leur prénom), après avoir égrené les #dysfonctionnements : les cours en doudoune cet hiver, l’impossibilité d’aérer les salles, l’eau jaunâtre des robinets ou l’absence de savon dans les toilettes… « Ça va » , répondent de leur côté Amina et Joséphine, en licence d’éco-gestion à Villetaneuse, citant la bibliothèque récemment rénovée, les espaces verts et l’ « ambiance conviviale », malgré « les poubelles qu’il faut mettre dans les amphis pour récupérer l’eau qui tombe du plafond quand il pleut » .

    Dans l’enseignement supérieur, les dynamiques récentes ont renforcé un phénomène de #polarisation_sociale, et les étudiants les plus favorisés se retrouvent aussi souvent à étudier dans les établissements les mieux dotés. La sociologue Leïla Frouillou y a documenté l’accélération d’une #ségrégation_scolaire – qui se recoupe en partie avec la #classe_sociale. Favorisées par #Parcoursup, les universités « parisiennes » aspirent les bacheliers avec mention très bien des autres académies. « Se pose la question du maintien de la #mixité dans nos universités » , souligne-t-elle.

    En l’occurrence, un campus en partie rénové ne protège pas nécessairement ni d’une situation financière délétère, ni de difficultés sociales plus importantes que la moyenne du territoire. L’un des lauréats du plan Campus de 2008, l’#université_Montpellier-III, présente en majesté l’#Atrium. Une bibliothèque universitaire (BU) tout de verre vêtue, un bijou architectural de 15 000 m2 financé par l’Etat, la région et la métropole, et livré en avril à la porte de l’établissement. L’ouvrage masque un campus quinquagénaire arboré et aussi quelques classes en préfabriqué posées provisoirement à proximité du parking… il y a vingt et un ans. Montpellier-III reste l’une des universités les moins bien dotées de France.

    Un peu plus loin, derrière le bâtiment S, Jade attend patiemment son tour. En première année de licence de cinéma et boursière, comme 48 % des étudiants de son université (quand la moyenne nationale est de 36 %), elle s’apprête à remplir un panier de vivres à l’#épicerie_solidaire de l’établissement. Une routine hebdomadaire pour cette étudiante qui a fait un saut dans la #précarité en rejoignant l’université.

    « Nous avons des étudiants qui ne mangent pas à leur #faim » , regrette Anne Fraïsse, présidente de l’université. Ils sont, par ailleurs, ceux qui auraient le plus besoin d’encadrement. Quand, en 2022, l’#université_Gustave-Eiffel, implantée dans différentes régions, reçoit une subvention pour charge de service public de 13 195 euros par étudiant, Montpellier-III en reçoit 3 812. Les universités de lettres, de droit et de sciences humaines et sociales sont traditionnellement moins bien dotées que les universités scientifiques, dont les outils pédagogiques sont plus onéreux.

    Mais dans les établissements d’une même spécialité, les écarts sont considérables. Nanterre, la Sorbonne-Nouvelle, à Paris, Bordeaux-Montaigne ou Toulouse-Jean-Jaurès : toutes ces universités de #sciences_humaines ont une dotation supérieure de plus de 30 % à celle de Montpellier-III. « Si nous étions financés à la hauteur de ce que reçoit Toulouse-II, c’est 30 millions de budget annuel supplémentaire que l’on recevrait, calcule Florian Pascual, élu CGT au conseil scientifique de l’université Montpellier-III. Nous pourrions cesser de gérer la pénurie, embaucher des enseignants. »

    « Un poids pédagogique »

    En février, le conseil d’administration de l’université a voté un budget affichant un déficit prévisionnel de 5 millions d’euros. Alors que l’établissement a augmenté ses effectifs étudiants (+ 7 % sur la période 2018-2021) pour répondre au #boom_démographique, la #dotation de l’Etat par étudiant a, pour sa part, dégringolé de 18,6 % entre 2016 et 2022. Un rapport rendu en juin 2023 par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, reconnaît « une situation de #sous-financement_chronique et un état de #sous-encadrement_structurel » . L’université doit néanmoins répondre à l’injonction du gouvernement de se serrer la ceinture. « C’est ne pas tenir compte des grandes inégalités entre établissements » , répond Anne Fraïsse.

    « Ce que nous répète l’Etat, c’est de fermer des postes, en réduisant l’administration et en remplaçant des professeurs par des contractuels ou des enseignants du secondaire. Pourtant, dans treize départements, la moitié des cours ne sont plus assurés par des professeurs titulaires, rappelle la présidente de l’université . Cela a un poids pédagogique pour les étudiants. Pour augmenter les taux de réussite, il faut créer des heures d’enseignement et mettre des professeurs devant les étudiants. »

    La pression démographique absorbée par ces universités amène avec elle une autre difficulté insoupçonnée. « Chez nous, le taux d’utilisation des amphis est de 99 %, on n’a quasiment plus le temps de les nettoyer. Alors si on devait faire des chantiers, on n’aurait tout simplement plus d’endroit pour faire cours, et c’est le cas partout » , soulève Julien Gossa, enseignant à l’université de Strasbourg. « Mais plus on attend, plus ça se dégrade et plus ce sera cher à rénover » , souligne Dean Lewis, de France Universités.

    Or, dans certaines facultés, comme en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, la démographie étudiante ne devrait pas ralentir. « Nous ne sommes pas sur un reflux démographique comme d’autres, en raison d’un phénomène d’installation des classes moyennes en grande couronne. On envisage une trajectoire d’augmentation de deux mille étudiants par an durant encore un moment. Il va falloir trouver une façon de les accueillir dignement » , souligne Jean-Luc Dubois-Randé, de l’UPEC. D’autant que, malgré les difficultés matérielles, « les profs sont passionnés et les cours très bons », assure une étudiante, en licence de psychologie à Villetaneuse.

    Conscients de cette valeur des cours dispensés et des diplômes délivrés, les enseignants contactés marchent sur des œufs. En mettant en lumière les points de craquage de l’université, ils craignent d’accélérer la fuite vers l’#enseignement_privé, qui capitalise sur l’image dégradée du public. Pourtant, « former la jeunesse est une mission de l’Etat, baisser les dépenses en direction de l’enseignement, au profit du privé, c’est compromettre notre avenir » , rappelle Anne Fraïsse.

    Le nombre de #formations_privées présentes sur Parcoursup a doublé depuis 2020, et elles captent plus d’un quart des étudiants. « Mais même si elles peuvent se payer des encarts pub dans le métro avec des locaux flambant neufs, elles sont loin d’avoir toutes la qualité d’enseignement trouvée à l’université, qui subsiste malgré un mépris des pouvoirs publics » , souligne l’enseignant Stéphane Chameron.

    La fatigue se fait néanmoins sentir parmi les troupes, essorées. « Comme à l’hôpital, on a des professionnels attachés à une idée du #service_public, gratuit, accessible à tous et adossé à une recherche de haute volée , observe le président de l’UPEC, ancien cadre hospitalier. Mais le sentiment d’absence de #reconnaissance pèse, et on observe de plus en plus de #burn-out. » De la même manière que, dans les couloirs des urgences hospitalières, les équipes enseignantes interrogent : souhaite-t-on laisser mourir le service public ?

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/11/des-universites-francaises-au-bord-de-l-asphyxie-ca-craque-de-partout_623255
    #ESR #France #université #facs #enseignement_supérieur #recherche

  • A minuit, voici un dernier point sur l’actualité de la journée :

    #PARCOURSUP En raison d’une panne du site Parcoursup ce soir, le délai pour finaliser son dossier de candidature est repoussé à demain à 22 heures. La date limite était initialement fixée à ce soir à minuit.

    • Un « pass rail » à 49 euros par mois pour les moins de 27 ans sera bien expérimenté cet été dans « toutes les régions », sauf l’Ile-de-France, annonce le ministre des Transports. Ce forfait doit permettre à 700 000 jeunes de voyager en illimité sur les trains TER et Intercités partout en France.

    #CRUES La vigilance rouge aux crues est toujours en cours dans l’Yonne. L’Aube et la Côte-d’Or sont pour leur part en vigilance orange.

    #FOOT Le PSG rejoint Lyon en finale de la Coupe de France grâce à sa victoire contre Rennes (1-0). Les deux finalistes s’affronteront le 25 mai.

    #TAIWAN Le bilan à Taïwan est d’au moins neuf morts et plus de 1 000 blessés. Avec une magnitude de plus de 7, le séisme qui s’est produit la nuit dernière est le plus puissant à avoir frappé l’île depuis vingt-cinq ans.

  • En Europe, les femmes migrants arrivent « totalement traumatisées, dans un état d’épuisement aigu » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55688/en-europe-les-femmes-migrants-arrivent-totalement-traumatisees-dans-un

    En Europe, les femmes migrants arrivent « totalement traumatisées, dans un état d’épuisement aigu »
    Par Romain Philips Publié le : 08/03/2024
    Les femmes sont de plus en plus nombreuses à prendre la route de l’exil pour fuir les persécutions et subissent des violences sexistes et sexuelles durant leur parcours migratoire, ainsi que dans les pays dans lesquelles elles arrivent. De plus, elles sont invisibilisées et bénéficient d’une prise en charge jugée « insuffisante ». Entretien avec Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des Droits des femmes et présidente de l’association France terre d’asile.
    À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des Droits des femmes (mai 2012 – août 2014), désormais directrice France de l’ONG ONE et actuelle présidente de l’association France terre d’asile revient pour InfoMigrants sur le parcours et l’accueil des femmes exilées en France. Elle aborde également le projet Amal, qui a pour but « d’améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement des femmes migrantes en France et en Europe ».
    Najat Vallaud-Belkacem : Les femmes sont malheureusement plus vulnérables que les hommes. C’est particulièrement le cas dans les sociétés impactées par les dysfonctionnements qui poussent à prendre la route de l’exil comme les conflits, la pauvreté, le changement climatique, les persécutions, etc... Dans ces sociétés où tous les cadres volent en éclats, les femmes sont hyper vulnérabilisées parce qu’il n’y a plus de mécanisme de sécurité autour d’elles. Elles sont donc souvent la proie de violences et de violences de genre, sexuelles et autres.
    France : comment se passe la demande d’asile pour excision ?
    Mais il y a, en plus, d’autres réalités qui les concernent comme l’excision, la prostitution forcée ou encore la traite. Ensuite, sur le chemin de l’exil, elles subissent malheureusement de nouvelles violences et se retrouvent à la merci des passeurs et exploiteurs en tous genres, y compris des garde-frontières…. Ces femmes migrantes sont les plus vulnérables des vulnérables. Elles arrivent ainsi dans les pays d’accueil totalement traumatisées, dans un état d’épuisement et de maltraitance aiguë.
    IM : Plusieurs études et rapports montrent que les violences à l’encontre des femmes ne s’arrêtent pas à la route de l’exil et se poursuivent dans les pays d’accueil...
    NVB : Oui, il y a notamment une étude menée par le Dr Jeremy Khouani qui a démontré que les femmes demandeuses d’asile continuaient de subir des violences en France, à fortiori quand elles sont laissées à la rue. Et les chiffres sont absolument terribles : elles ont 18 fois plus de risques que les autres femmes d’être victimes de viols.
    C’est pour cela que chez France terre d’asile, cela nous parait essentiel de documenter, de connaître chaque dimension de cette vulnérabilité-là pour améliorer la protection de ces femmes et nos outils d’accueil, à commencer par leur mettre très vite un toit sur la tête.
    IM : En France, dispose-t-on de suffisamment d’infrastructures et d’une politique d’accueil efficace pour les femmes ?
    NVB : Aujourd’hui, les infrastructures ne sont pas suffisantes. Il n’y a pas assez d’accueil et nous plaidons donc pour que l’hébergement soit en nombre suffisant. Mais au-delà de ça, il y a beaucoup d’angles morts dans la politique d’accueil en France. C’est notamment le cas de l’accompagnement médical ou psychologique à destination de ces femmes. Il manque aussi des cours de français et des solutions pour la garde d’enfants. D’autant plus que la nouvelle loi Immigration impose un niveau de français avancé pour prétendre à certains titres de séjour.
    Ainsi, notre projet Amal a pour vocation de documenter cette vulnérabilité. Pour ensuite en déduire des politiques publiques d’accompagnement mais aussi organiser des formations à destination des intervenants sociaux. Tout cela dans le but que les questions d’égalité de genre et les violences faites aux femmes soient davantage prises en compte, et que l’accompagnement des femmes se fasse dans de bonnes conditions. Il y a aussi des cours de français ou encore la distribution de guide pratique et juridique pour que la question du genre intègre la politique d’accueil.
    IM : Les femmes représentent une part de plus en plus en plus importante parmi les flux migratoires, pourtant elles sont quasi-absentes des débats et de l’espace public. Comment expliquer ce phénomène ?
    NVB : Il faut rappeler ces chiffres qui passent pourtant inaperçus dans le débat public : plus de la moitié des personnes migrantes sont des femmes et concernant les demandeurs d’asile, un sur trois est une femme.Or, on a plutôt aujourd’hui une image d’une immigration exclusivement masculine parce que le débat public sur la demande d’asile et sur la migration de manière générale s’est, ces dernières décennies, tendu, refermé. Il est devenu hostile. Et donc, ceux qui nourrissent cet imaginaire d’hostilité de façon tout à fait stratégique agitent à longueur de journée, pour mieux les criminaliser, des images de bandes d’hommes menaçants. Ainsi, ils occultent cette réalité de la vulnérabilité que les femmes et enfants incarnent tout particulièrement. C’est ainsi qu’on les invisibilise.
    Quelles prises en charge pour les femmes victimes de violences durant leur parcours migratoire ? D’une certaine façon, si on regardait de plus près cette réalité des femmes, on accolerait plus facilement la notion de vulnérabilité à la notion de migration et de demande d’asile. Or, tout le débat qui s’est refermé parle de « grand remplacement » et de menaces. Cette vulnérabilité des femmes, on ne veut pas la voir en face et c’est une raison de plus pour laquelle souvent dans le débat public, on fait exprès de ne pas considérer les femmes, les enfants, et toutes ces personnes particulièrement vulnérables.Vous aurez d’ailleurs remarqué que dans tout le débat autour de la loi Immigration, pas un mot n’a été prononcé pour ces femmes. Et même quand le texte semble porteur d’avancées comme la régularisation par le travail pour les métiers en tension, le débat n’évoque que rarement ceux que les femmes occupent et qui font pourtant fonctionner des pans entiers de la société française.

    #Covid-19#migrant#migration#france#femme#vulnerabilite#sante#violence#parcoursmigratoire

  • #Lina_Soualem et #Hiam_Abbass : « Faire exister l’humanité du peuple palestinien »

    Après Leur Algérie, explorant la branche familiale paternelle, la réalisatrice Lina Soualem poursuit l’introspection du double exil qu’elle porte : l’Algérie mais aussi la Palestine. Bye bye Tibériade, son second documentaire, sort en salles mercredi 21 février. Bouleversant de tristesse mais aussi de joie, il raconte comment la lignée de femmes de sa famille maternelle, dont sa mère l’actrice Hiam Abbass, a été percutée par les violences de l’histoire.

    À travers elles, c’est l’histoire du peuple palestinien qui se déploie sur plusieurs décennies, un peuple qui subit une injustice historique et qui est revenu au cœur de l’actualité de la plus sanglante des manières. La sortie de Bye Bye Tibériade survient en pleine guerre à Gaza, où Israël mène, depuis le 7 octobre 2023 et les massacres du Hamas qui ont fait 1 160 morts, une riposte militaire. Celle-ci a tué plus de 29 000 personnes, dont 70 % sont des femmes et des enfants, dans l’enclave palestinienne.

    En explorant les douleurs de la mémoire familiale et collective à travers le prisme des femmes, Lina Soualem questionne aussi admirablement l’universel qui nous percute et nous rassemble : l’amour, l’exil, la famille, la terre, les racines.

    https://www.youtube.com/watch?v=9vsnwCDc1Ww

    #film #Palestine #cinéma #documentaire #film_documentaire #dépossession #héroïsme #arrachement #exil #identité #droit_à_la_complexité #culture #nakba #intimité #négation #histoire_familiale #parcours_de_vie #silence #art #récits_de_vie #mémoire_collective #peur_de_la_perte #maison #douleurs_du_passé #transmission #force_féminine #vie #humour #liberté #rupture #exil_forcé #patriarcat #poésie

  • L’#Europe et la fabrique de l’étranger

    Les discours sur l’ « #européanité » illustrent la prégnance d’une conception identitaire de la construction de l’Union, de ses #frontières, et de ceux qu’elle entend assimiler ou, au contraire, exclure au nom de la protection de ses #valeurs particulières.

    Longtemps absente de la vie démocratique de l’#Union_européenne (#UE), la question identitaire s’y est durablement installée depuis les années 2000. Si la volonté d’affirmer officiellement ce que « nous, Européens » sommes authentiquement n’est pas nouvelle, elle concernait jusqu’alors surtout – à l’instar de la Déclaration sur l’identité européenne de 1973 – les relations extérieures et la place de la « Communauté européenne » au sein du système international. À présent, elle renvoie à une quête d’« Européanité » (« Europeanness »), c’est-à-dire la recherche et la manifestation des #trait_identitaires (héritages, valeurs, mœurs, etc.) tenus, à tort ou à raison, pour caractéristiques de ce que signifie être « Européens ». Cette quête est largement tournée vers l’intérieur : elle concerne le rapport de « nous, Européens » à « nous-mêmes » ainsi que le rapport de « nous » aux « autres », ces étrangers et étrangères qui viennent et s’installent « chez nous ».

    C’est sous cet aspect identitaire qu’est le plus fréquemment et vivement discuté ce que l’on nomme la « #crise_des_réfugiés » et la « #crise_migratoire »

    L’enjeu qui ferait de l’#accueil des exilés et de l’#intégration des migrants une « #crise » concerne, en effet, l’attitude que les Européens devraient adopter à l’égard de celles et ceux qui leur sont « #étrangers » à double titre : en tant qu’individus ne disposant pas de la #citoyenneté de l’Union, mais également en tant que personnes vues comme les dépositaires d’une #altérité_identitaire les situant à l’extérieur du « #nous » – au moins à leur arrivée.

    D’un point de vue politique, le traitement que l’Union européenne réserve aux étrangères et étrangers se donne à voir dans le vaste ensemble de #discours, #décisions et #dispositifs régissant l’#accès_au_territoire, l’accueil et le #séjour de ces derniers, en particulier les accords communautaires et agences européennes dévolus à « une gestion efficace des flux migratoires » ainsi que les #politiques_publiques en matière d’immigration, d’intégration et de #naturalisation qui restent du ressort de ses États membres.

    Fortement guidées par des considérations identitaires dont la logique est de différencier entre « nous » et « eux », de telles politiques soulèvent une interrogation sur leurs dynamiques d’exclusion des « #autres » ; cependant, elles sont aussi à examiner au regard de l’#homogénéisation induite, en retour, sur le « nous ». C’est ce double questionnement que je propose de mener ici.

    En quête d’« Européanité » : affirmer la frontière entre « nous » et « eux »

    La question de savoir s’il est souhaitable et nécessaire que les contours de l’UE en tant que #communauté_politique soient tracés suivant des #lignes_identitaires donne lieu à une opposition philosophique très tranchée entre les partisans d’une défense sans faille de « l’#identité_européenne » et ceux qui plaident, à l’inverse, pour une « #indéfinition » résolue de l’Europe. Loin d’être purement théorique, cette opposition se rejoue sur le plan politique, sous une forme tout aussi dichotomique, dans le débat sur le traitement des étrangers.

    Les enjeux pratiques soulevés par la volonté de définir et sécuriser « notre » commune « Européanité » ont été au cœur de la controverse publique qu’a suscitée, en septembre 2019, l’annonce faite par #Ursula_von_der_Leyen de la nomination d’un commissaire à la « #Protection_du_mode_de_vie_européen », mission requalifiée – face aux critiques – en « #Promotion_de_notre_mode_de_vie_européen ». Dans ce portefeuille, on trouve plusieurs finalités d’action publique dont l’association même n’a pas manqué de soulever de vives inquiétudes, en dépit de la requalification opérée : à l’affirmation publique d’un « #mode_de_vie » spécifiquement « nôtre », lui-même corrélé à la défense de « l’#État_de_droit », « de l’#égalité, de la #tolérance et de la #justice_sociale », se trouvent conjoints la gestion de « #frontières_solides », de l’asile et la migration ainsi que la #sécurité, le tout placé sous l’objectif explicite de « protéger nos citoyens et nos valeurs ».

    Politiquement, cette « priorité » pour la période 2019-2024 s’inscrit dans la droite ligne des appels déjà anciens à doter l’Union d’un « supplément d’âme
     » ou à lui « donner sa chair » pour qu’elle advienne enfin en tant que « #communauté_de_valeurs ». De tels appels à un surcroît de substance spirituelle et morale à l’appui d’un projet européen qui se devrait d’être à la fois « politique et culturel » visaient et visent encore à répondre à certains problèmes pendants de la construction européenne, depuis le déficit de #légitimité_démocratique de l’UE, si discuté lors de la séquence constitutionnelle de 2005, jusqu’au défaut de stabilité culminant dans la crainte d’une désintégration européenne, rendue tangible en 2020 par le Brexit.

    Précisément, c’est de la #crise_existentielle de l’Europe que s’autorisent les positions intellectuelles qui, poussant la quête d’« Européanité » bien au-delà des objectifs politiques évoqués ci-dessus, la déclinent dans un registre résolument civilisationnel et défensif. Le geste philosophique consiste, en l’espèce, à appliquer à l’UE une approche « communautarienne », c’est-à-dire à faire entièrement reposer l’UE, comme ensemble de règles, de normes et d’institutions juridiques et politiques, sur une « #communauté_morale » façonnée par des visions du bien et du monde spécifiques à un groupe culturel. Une fois complétée par une rhétorique de « l’#enracinement » desdites « #valeurs_européennes » dans un patrimoine historique (et religieux) particulier, la promotion de « notre mode de vie européen » peut dès lors être orientée vers l’éloge de ce qui « nous » singularise à l’égard d’« autres », de « ces mérites qui nous distinguent » et que nous devons être fiers d’avoir diffusés au monde entier.

    À travers l’affirmation de « notre » commune « Européanité », ce n’est pas seulement la reconnaissance de « l’#exception_européenne » qui est recherchée ; à suivre celles et ceux qui portent cette entreprise, le but n’est autre que la survie. Selon #Chantal_Delsol, « il en va de l’existence même de l’Europe qui, si elle n’ose pas s’identifier ni nommer ses caractères, finit par se diluer dans le rien. » Par cette #identification européenne, des frontières sont tracées. Superposant Europe historique et Europe politique, Alain Besançon les énonce ainsi : « l’Europe s’arrête là où elle s’arrêtait au XVIIe siècle, c’est-à-dire quand elle rencontre une autre civilisation, un régime d’une autre nature et une religion qui ne veut pas d’elle. »

    Cette façon de délimiter un « #nous_européen » est à l’exact opposé de la conception de la frontière présente chez les partisans d’une « indéfinition » et d’une « désappropriation » de l’Europe. De ce côté-ci de l’échiquier philosophique, l’enjeu est au contraire de penser « un au-delà de l’identité ou de l’identification de l’Europe », étant entendu que le seul « crédit » que l’on puisse « encore accorder » à l’Europe serait « celui de désigner un espace de circulation symbolique excédant l’ordre de l’identification subjective et, plus encore, celui de la #crispation_identitaire ». Au lieu de chercher à « circonscri[re] l’identité en traçant une frontière stricte entre “ce qui est européen” et “ce qui ne l’est pas, ne peut pas l’être ou ne doit pas l’être” », il s’agit, comme le propose #Marc_Crépon, de valoriser la « #composition » avec les « #altérités » internes et externes. Animé par cette « #multiplicité_d’Europes », le principe, thématisé par #Etienne_Balibar, d’une « Europe comme #Borderland », où les frontières se superposent et se déplacent sans cesse, est d’aller vers ce qui est au-delà d’elle-même, vers ce qui l’excède toujours.

    Tout autre est néanmoins la dynamique impulsée, depuis une vingtaine d’années, par les politiques européennes d’#asile et d’immigration.

    La gouvernance européenne des étrangers : l’intégration conditionnée par les « valeurs communes »

    La question du traitement public des étrangers connaît, sur le plan des politiques publiques mises en œuvre par les États membres de l’UE, une forme d’européanisation. Celle-ci est discutée dans les recherches en sciences sociales sous le nom de « #tournant_civique ». Le terme de « tournant » renvoie au fait qu’à partir des années 2000, plusieurs pays européens, dont certains étaient considérés comme observant jusque-là une approche plus ou moins multiculturaliste (tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas), ont développé des politiques de plus en plus « robustes » en ce qui concerne la sélection des personnes autorisées à séjourner durablement sur leur territoire et à intégrer la communauté nationale, notamment par voie de naturalisation. Quant au qualificatif de « civique », il marque le fait que soient ajoutés aux #conditions_matérielles (ressources, logement, etc.) des critères de sélection des « désirables » – et, donc, de détection des « indésirables » – qui étendent les exigences relatives à une « #bonne_citoyenneté » aux conduites et valeurs personnelles. Moyennant son #intervention_morale, voire disciplinaire, l’État se borne à inculquer à l’étranger les traits de caractère propices à la réussite de son intégration, charge à lui de démontrer qu’il conforme ses convictions et comportements, y compris dans sa vie privée, aux « valeurs » de la société d’accueil. Cette approche, centrée sur un critère de #compatibilité_identitaire, fait peser la responsabilité de l’#inclusion (ou de l’#exclusion) sur les personnes étrangères, et non sur les institutions publiques : si elles échouent à leur assimilation « éthique » au terme de leur « #parcours_d’intégration », et a fortiori si elles s’y refusent, alors elles sont considérées comme se plaçant elles-mêmes en situation d’être exclues.

    Les termes de « tournant » comme de « civique » sont à complexifier : le premier car, pour certains pays comme la France, les dispositifs en question manifestent peu de nouveauté, et certainement pas une rupture, par rapport aux politiques antérieures, et le second parce que le caractère « civique » de ces mesures et dispositifs d’intégration est nettement moins évident que leur orientation morale et culturelle, en un mot, identitaire.

    En l’occurrence, c’est bien plutôt la notion d’intégration « éthique », telle que la définit #Jürgen_Habermas, qui s’avère ici pertinente pour qualifier ces politiques : « éthique » est, selon lui, une conception de l’intégration fondée sur la stabilisation d’un consensus d’arrière-plan sur des « valeurs » morales et culturelles ainsi que sur le maintien, sinon la sécurisation, de l’identité et du mode de vie majoritaires qui en sont issus. Cette conception se distingue de l’intégration « politique » qui est fondée sur l’observance par toutes et tous des normes juridico-politiques et des principes constitutionnels de l’État de droit démocratique. Tandis que l’intégration « éthique » requiert des étrangers qu’ils adhèrent aux « valeurs » particulières du groupe majoritaire, l’intégration « politique » leur demande de se conformer aux lois et d’observer les règles de la participation et de la délibération démocratiques.

    Or, les politiques d’immigration, d’intégration et de naturalisation actuellement développées en Europe sont bel et bien sous-tendues par cette conception « éthique » de l’intégration. Elles conditionnent l’accès au « nous » à l’adhésion à un socle de « valeurs » officiellement déclarées comme étant déjà « communes ». Pour reprendre un exemple français, cette approche ressort de la manière dont sont conçus et mis en œuvre les « #contrats_d’intégration » (depuis le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration rendu obligatoire en 2006 jusqu’à l’actuel #Contrat_d’intégration_républicaine) qui scellent l’engagement de l’étranger souhaitant s’installer durablement en France à faire siennes les « #valeurs_de_la_République » et à les « respecter » à travers ses agissements. On retrouve la même approche s’agissant de la naturalisation, la « #condition_d’assimilation » propre à cette politique donnant lieu à des pratiques administratives d’enquête et de vérification quant à la profondeur et la sincérité de l’adhésion des étrangers auxdites « valeurs communes », la #laïcité et l’#égalité_femmes-hommes étant les deux « valeurs » systématiquement mises en avant. L’étude de ces pratiques, notamment les « #entretiens_d’assimilation », et de la jurisprudence en la matière montre qu’elles ciblent tout particulièrement les personnes de religion et/ou de culture musulmanes – ou perçues comme telles – en tant qu’elles sont d’emblée associées à des « valeurs » non seulement différentes, mais opposées aux « nôtres ».

    Portées par un discours d’affrontement entre « systèmes de valeurs » qui n’est pas sans rappeler le « #choc_des_civilisations » thématisé par #Samuel_Huntington, ces politiques, censées « intégrer », concourent pourtant à radicaliser l’altérité « éthique » de l’étranger ou de l’étrangère : elles construisent la figure d’un « autre » appartenant – ou suspecté d’appartenir – à un système de « valeurs » qui s’écarterait à tel point du « nôtre » que son inclusion dans le « nous » réclamerait, de notre part, une vigilance spéciale pour préserver notre #identité_collective et, de sa part, une mise en conformité de son #identité_personnelle avec « nos valeurs », telles qu’elles s’incarneraient dans « notre mode de vie ».

    Exclusion des « autres » et homogénéisation du « nous » : les risques d’une « #Europe_des_valeurs »

    Le recours aux « valeurs communes », pour définir les « autres » et les conditions de leur entrée dans le « nous », n’est pas spécifique aux politiques migratoires des États nationaux. L’UE, dont on a vu qu’elle tenait à s’affirmer en tant que « communauté morale », a substitué en 2009 au terme de « #principes » celui de « valeurs ». Dès lors, le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme, la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État de droit sont érigés en « valeurs » sur lesquelles « l’Union est fondée » (art. 2 du Traité sur l’Union européenne) et revêtent un caractère obligatoire pour tout État souhaitant devenir et rester membre de l’UE (art. 49 sur les conditions d’adhésion et art. 7 sur les sanctions).

    Reste-t-on ici dans le périmètre d’une « intégration politique », au sens où la définit Habermas, ou franchit-on le cap d’une « intégration éthique » qui donnerait au projet de l’UE – celui d’une intégration toujours plus étroite entre les États, les peuples et les citoyens européens, selon la formule des traités – une portée résolument identitaire, en en faisant un instrument pour sauvegarder la « #civilisation_européenne » face à d’« autres » qui la menaceraient ? La seconde hypothèse n’a certes rien de problématique aux yeux des partisans de la quête d’« Européanité », pour qui le projet européen n’a de sens que s’il est tout entier tourné vers la défense de la « substance » identitaire de la « civilisation européenne ».

    En revanche, le passage à une « intégration éthique », tel que le suggère l’exhortation à s’en remettre à une « Europe des valeurs » plutôt que des droits ou de la citoyenneté, comporte des risques importants pour celles et ceux qui souhaitent maintenir l’Union dans le giron d’une « intégration politique », fondée sur le respect prioritaire des principes démocratiques, de l’État de droit et des libertés fondamentales. D’où également les craintes que concourt à attiser l’association explicite des « valeurs de l’Union » à un « mode de vie » à préserver de ses « autres éthiques ». Deux risques principaux semblent, à cet égard, devoir être mentionnés.

    En premier lieu, le risque d’exclusion des « autres » est intensifié par la généralisation de politiques imposant un critère de #compatibilité_identitaire à celles et ceux que leur altérité « éthique », réelle ou supposée, concourt à placer à l’extérieur d’une « communauté de valeurs » enracinée dans des traditions particulières, notamment religieuses. Fondé sur ces bases identitaires, le traitement des étrangers en Europe manifesterait, selon #Etienne_Tassin, l’autocontradiction d’une Union se prévalant « de la raison philosophique, de l’esprit d’universalité, de la culture humaniste, du règne des droits de l’homme, du souci pour le monde dans l’ouverture aux autres », mais échouant lamentablement à son « test cosmopolitique et démocratique ». Loin de représenter un simple « dommage collatéral » des politiques migratoires de l’UE, les processus d’exclusion touchant les étrangers constitueraient, d’après lui, « leur centre ». Même position de la part d’Étienne Balibar qui n’hésite pas à dénoncer le « statut d’#apartheid » affectant « l’immigration “extracommunautaire” », signifiant par là l’« isolement postcolonial des populations “autochtones” et des populations “allogènes” » ainsi que la construction d’une catégorie d’« étrangers plus qu’étrangers » traités comme « radicalement “autres”, dissemblables et inassimilables ».

    Le second risque que fait courir la valorisation d’un « nous » européen désireux de préserver son intégrité « éthique », touche au respect du #pluralisme. Si l’exclusion des « autres » entre assez clairement en tension avec les « valeurs » proclamées par l’Union, les tendances à l’homogénéisation résultant de l’affirmation d’un consensus fort sur des valeurs déclarées comme étant « toujours déjà » communes aux Européens ne sont pas moins susceptibles de contredire le sens – à la fois la signification et l’orientation – du projet européen. Pris au sérieux, le respect du pluralisme implique que soit tolérée et même reconnue une diversité légitime de « valeurs », de visions du bien et du monde, dans les limites fixées par l’égale liberté et les droits fondamentaux. Ce « fait du pluralisme raisonnable », avec les désaccords « éthiques » incontournables qui l’animent, est le « résultat normal » d’un exercice du pouvoir respectant les libertés individuelles. Avec son insistance sur le partage de convictions morales s’incarnant dans un mode de vie culturel, « l’Europe des valeurs » risque de produire une « substantialisation rampante » du « nous » européen, et d’entériner « la prédominance d’une culture majoritaire qui abuse d’un pouvoir de définition historiquement acquis pour définir à elle seule, selon ses propres critères, ce qui doit être considéré comme la culture politique obligatoire de la société pluraliste ».

    Soumis aux attentes de reproduction d’une identité aux frontières « éthiques », le projet européen est, en fin de compte, dévié de sa trajectoire, en ce qui concerne aussi bien l’inclusion des « autres » que la possibilité d’un « nous » qui puisse s’unir « dans la diversité ».

    https://laviedesidees.fr/L-Europe-et-la-fabrique-de-l-etranger
    #identité #altérité #intégration_éthique #intégration_politique #religion #islam

    • Politique de l’exclusion

      Notion aussi usitée que contestée, souvent réduite à sa dimension socio-économique, l’exclusion occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la politique moderne. Les universitaires réunis autour de cette question abordent la dimension constituante de l’exclusion en faisant dialoguer leurs disciplines (droit, histoire, science politique, sociologie). Remontant à la naissance de la citoyenneté moderne, leurs analyses retracent l’invention de l’espace civique, avec ses frontières, ses marges et ses zones d’exclusion, jusqu’à l’élaboration actuelle d’un corpus de valeurs européennes, et l’émergence de nouvelles mobilisations contre les injustices redessinant les frontières du politique.

      Tout en discutant des usages du concept d’exclusion en tenant compte des apports critiques, ce livre explore la manière dont la notion éclaire les dilemmes et les complexités contemporaines du rapport à l’autre. Il entend ainsi dévoiler l’envers de l’ordre civique, en révélant la permanence d’une gouvernementalité par l’exclusion.

      https://www.puf.com/politique-de-lexclusion

      #livre