• CE FIL DE DISCUSSION EST LA SUITE DE CELUI-CI :
    https://seenthis.net/messages/688734

    v. aussi la métaliste sur ce sujet :
    https://seenthis.net/messages/733721

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    Traversée des Alpes : un aperçu du calvaire vécu par des milliers d’exilés

    Pour se rendre compte des risques que prennent les réfugiés qui traversent, au dessus de Briançon, la frontière entre l’Italie et la France, une journaliste a pris le même chemin, de nuit, pour éviter les patrouilles de police et de gendarmerie. Voici son récit.

    Pour atteindre la France par la frontière de Montgenèvre, ceux que l’on désigne comme « les migrants » doivent affronter les Alpes en évitant d’être pris par les patrouilles de police ou de gendarmerie, qui entravent régulièrement les droits des réfugiés à demander l’asile (lire notre enquête à ce sujet). Afin de nous rendre compte de la dangerosité de ce parcours singulier, nous avons accompli cette traversée. L’une d’entre nous – non habituée de la montagne – a tenté d’atteindre Briançon tandis que l’autre assurait ses arrières en cas de complications sur le chemin ou d’arrestation.

    Nous avions au préalable repéré les chemins « du bas », habituellement empruntés par les « clandestins », et listé les parcours dangereux à éviter. Un « luxe » dont ne peuvent se prévaloir les personnes qui se risquent en haute montagne en espérant se réfugier en France. Voici le récit de notre « migrante improvisée ». Nous avons aussi consigné son parcours sur la carte ci-dessous. les lieux d’accueil et les cols par lesquels passent les exilés, ainsi que les dangers auxquels ils font face.

    « Je prends le départ de Clavière le 3 octobre, à 18 h. Il fait beau. Je ne suis pas rassurée pour autant : j’ai l’impression d’aller vers l’inconnu, vers une barrière minérale écrasante. Alors qu’on aperçoit au loin, à travers les arbres, la Police aux frontières (PAF) de Montgenèvre, je dois m’accroupir. Je suis quasiment à découvert. Deux silhouettes de policiers scrutent l’horizon. Je dois attendre qu’un gros camion de transport de marchandises s’arrête devant eux pour poursuivre mon chemin. Au fur et à mesure que j’avance, je vois, jetés sur le sol, des vêtements et des papiers déchirés. Un groupe vient de me précéder. J’ai l’impression de suivre le petit Poucet ! Ma boule au ventre s’est dissipée. J’ai trouvé ma « vitesse de croisière » et commence à grimper dans une clairière alors que la nuit tombe.
    « En contrebas, des halos de lumière balaient le bois »

    Une fois en haut, j’aperçois l’ombre d’un homme, assis sur un talus surplombant une piste. Je le reconnais immédiatement grâce à son bob de couleur kaki assorti à son pantalon. Il s’agit du même homme en civil que nous avons observé à la longue-vue en début d’après-midi, vers 14h, alors que nous nous trouvions sur les hauteurs de Montgenèvre. Lui-même et un autre « civil » livraient cinq jeunes noirs – agenouillés au sol avec les mains sur la tête – à des gendarmes en uniforme. « Bob » donc, est assis sur un talus. « Bonsoir ! Que faites-vous ici si tard ? », lui dis-je aussitôt d’un air guilleret. « Je fais de la randonnée de nuit », me répond-il. « Moi aussi ! », rétorquais-je amusée. Puis, nous échangeons des banalités sur la météo, le temps de remarquer son sac à dos et les jumelles high-tech posées à côté de lui. « Au fait, quelle est votre profession ? », me demande-t-il alors que je m’apprête à le quitter. « Formatrice ! Et vous ? ». « Plasticien », bafouille-t-il. « Bob » était encore en poste de surveillance !

    Le secteur est quadrillé. Il n’est que 20 h, trop tôt pour risquer de me faire arrêter. Instinctivement, je m’engouffre dans le bois qui longe les pistes, grimpe la pente me retrouve sur un chemin rocailleux qui prend de l’altitude. Essoufflée, j’ai besoin de faire une pause. A peine adossée à un arbre, je perçois des éclats de voix et l’aboiement d’un chien. En contrebas, des halos de lumière balaient le bois. Pas de répit : j’accélère le pas et continue de monter à marche forcée, franchissant un lacet après l’autre, interminables. La nuit est noire et je n’y vois pas à 5 m.

    Vers 23h, je passe à vive allure devant les tourniquets d’un télésiège surmonté d’un panneau. Dans la pénombre, je distingue « Les Gondrans » inscrit en grosses lettres. Je poursuis ma route, et discerne les contours d’une bâtisse à droite, puis une autre à gauche devant laquelle stationnent des véhicules militaires. Finalement, je débouche sur un chantier de terrassement, près d’un lac. Ne sachant plus quel chemin prendre, j’allume mon smartphone afin de me géolocaliser.

    L’écran de mon téléphone m’éblouit. Le temps que mes yeux s’habituent de nouveau à l’obscurité, j’entends dans le silence de la nuit, un son très proche, comme des chutes d’eau. Je choisis la première piste qui descend avant de me retrouver devant le tourniquet d’un télésiège... Sans même m’en rendre compte, j’étais retournée sur mes pas. La nuit, tous les chemins sont gris !
    « Je suis perdue, je rebrousse chemin, les larmes aux yeux »

    Je dévale donc la montagne, aussi vite que je peux car chaque pas devient une vraie torture. Je ne peux pas m’arrêter, au risque de ne plus pouvoir marcher. Arrivée au bas de ce satané chemin rocailleux, je tourne sur un sentier qui s’enfonce dans la forêt. Je n’avais qu’une idée en tête : rejoindre le GR5, le chemin de randonnée balisé jusqu’à Briançon. Mais c’est sans compter la peur sournoise qui, petit à petit, altère mon discernement. Sans même m’en apercevoir, je traverse le GR5 et poursuis dans une direction erronée. Je croise un panneau en bois pourri qui indique Les Alberts. Ce dernier nom ne m’est pas inconnu : Alpha, le « migrant inconnu », avait été retrouvé mort au mois de mai à proximité de ce hameau. Je continue de marcher, pour me retrouver, au bout de plus d’une heure de marche, dans une petite clairière en-cul-de-sac. Le sentier s’est volatilisé !

    Une fois de plus, je suis perdue. Je rebrousse chemin, les larmes aux yeux, commençant à désespérer. Mes jambes ne me portent plus. Chaque cailloux fait l’effet d’une braise ardente sous mes pieds. Je me suis alors souvenu d’un repère indiqué par l’ami guide qui m’a rapidement initiée. « N’oublie pas que la Durance [la rivière qui prend sa source à Montgenèvre pour se jeter dans le Rhône à Avignon] est en contrebas du GR5 et que de là, tu verras la route nationale. » Je m’arrêtes donc et tends l’oreille. J’’entends alors le clapotis rassurant d’un cours d’eau. Pour en avoir le cœur net, je coupe à travers bois, et dévale une pente raide sur mon postérieur.

    Effectivement, la rivière se trouve en contrebas, et je peux enfin apercevoir les lumières de la nationale. Je n’ai plus qu’à suivre le torrent, en sens inverse du courant. Je finis par traverser un pont. Il ne me reste plus qu’à dévaler la pente pour retrouver mon confrère. Ce dernier m’attend, mort d’inquiétude, sur un parking de Montgenèvre. Il est 2h du matin. Je suis totalement épuisée. J’ai seulement ressenti un peu du calvaire enduré par les réfugiés qui tentent cette traversée, énième périlleuse étape sur le chemin de l’exil. »

    https://www.bastamag.net/Traversee-des-Alpes-un-apercu-du-calvaire-vecu-par-des-milliers-d-exiles

    #migrations #asile #réfugiés #Alpes #frontière_sud-alpine #Briançon #Mongenèvre #Hautes_Alpes #Briançonnais #Claviere #Clavière #Italie #France #frontières

    • Humiliations, mises en danger, violences : enquête sur les #abus_policiers contre les migrants

      Le #procès des « #7_de_Briançon », poursuivis après leur participation à une manifestation contre l’action à la frontière des militants d’extrême-droite de Génération identitaire, démarre ce 8 novembre. Le tout sur fond de crise franco-italienne, après l’intrusion récente côté italien de gendarmes français refoulant des migrants. Au quotidien, sur les chemins alpins qui relient les deux pays, les réfugiés voient leurs droits piétinés, subissent des courses poursuites dangereuses, des humiliations et même des #violences de la part des forces de l’ordre. Du point de vue des migrants, peut-on encore parler d’#État_de_droit ?

      « Nous gérons ensemble une frontière commune et il y a ponctuellement, des deux côtés, de petits incidents regrettables. » Par ces mots diffusés dans la presse le 16 octobre, l’Élysée tentait de minimiser une #crise_diplomatique en train de gonfler avec l’#Italie [1]. Le 12 octobre, deux gendarmes français étaient surpris par la police italienne sur la commune de #Clavière, en train de déposer en camionnette, côté italien, deux réfugiés, ce qui déclencha l’ire de Matteo #Salvini, le ministre de l’Intérieur issu du parti d’extrême droite La Ligue. Résultat, depuis le 20 octobre, des patrouilles de la police italienne gardent la frontière à l’entrée du village de Clavière, sur la route de Briançon à Turin.
      #militarisation_des_frontières

      Cette frontière a vu passer, depuis un peu plus de deux ans, des milliers d’exilés à la recherche d’un avenir meilleur. Pour éviter les forces de l’ordre et le poste de la #police_aux_frontières (#Paf) de #Montgenèvre, les migrants traversent à pied, par le #col_de_l’Échelle (1762 m) et, surtout depuis l’hiver dernier, par le #col_de_Montgenèvre (1854 m). Quand ils sont arrêtés, ils sont ramenés côté italien. La grande majorité retente alors la traversée, une deuxième, une troisième... et même parfois une dixième fois, jusqu’à atteindre #Briançon, un peu plus bas côté français. Au #Refuge_solidaire, lieu de premier accueil qui y est mis à disposition par la Communauté de communes, un peu plus de 6250 personnes sont passées depuis son ouverture en juillet 2017 [2]. Depuis des mois, des associations, notamment #Tous_migrants, dénoncent des pratiques policières violentes et illégales qui poussent les exilés à prendre toujours plus de risques en altitude.

      Saisis de cette alerte nous avons enquêté, autour de la frontière, sur ces possibles #violences_policières. Fin août une première fois, puis fin septembre et début octobre, nous avons d’abord circulé sur ces chemins en simples promeneurs. Nous avons ensuite complété nos observations par le recueil de plusieurs dizaines de récits d’exilés et de témoins oculaires. Enfin, des rapports d’ONG viennent confirmer la litanie des « incidents regrettables » constatés.

      Tourisme de masse et rejet des migrants

      Depuis les attentats de novembre 2015, la #France a rétabli les contrôles à sa frontière avec l’Italie. Ce qui se joue au cœur de la station de Montgenèvre apparaît comme un concentré des inégalités du monde. Skis aux pieds en hiver ou club de golf à la main en été, les touristes passent d’un pays à l’autre à leur guise. La traversée de Clavière à Briançon se fait sur 16 kilomètres de chemins. Pour un randonneur un peu expérimenté, c’est une belle demi-journée. Mais les migrants peuvent être amenés à prendre d’autres itinéraires, parfois plus en altitude, sur une durée de plusieurs jours, soumis aux dangers des accidents de terrain, du froid, de la déshydratation...

      Fatigués, ils descendent parfois à Montgenèvre, tels des papillons de nuit. Là, quelques habitants les mettent à l’abri. D’autres les dénoncent. « Je suis allé à un restaurant. Je demande : "Est-ce qu’il y a le numéro d’un taxi, je voudrais partir à la croix-rouge" », nous raconte Abdoulaye*, un Guinéen de 19 ans. Sans l’inquiéter, son interlocuteur le fait patienter. C’est finalement la police qui est venue le récupérer... D’autres s’offusquent des vêtements abandonnés en route par les migrants, en quantité pourtant infime par rapport aux deux tonnes de déchets déversés par les touristes sur les pistes de Montgenèvre, que des bénévoles ont ramassé au début l’été.

      Au moins par trois fois, cette frontière a tué. Début mai, #Blessing_Mathew, une jeune nigériane, se noie dans la #Durance. Elle aurait paniqué à cause d’une « course-poursuite » policière, accuse l’association Tous migrants. Le même mois, le corps d’un jeune homme, probablement mort d’épuisement, est retrouvé dans un bois proche du hameau des Alberts, sur la commune de Montgenèvre. Inconnu, les montagnards solidaires l’on dénommé #Alpha. Enfin, le corps de #Mohamed_Fofana, venu de Guinée Conakry, est découvert dans un vallon de Bardonecchia en Italie, après avoir passé une partie de l’hiver sous la neige [3]. Quand elle ne tue pas, la frontière peut aussi mutiler. L’hiver dernier, l’hôpital de Briançon a hospitalisé pour #gelures plus de 300 malheureux qui avaient tenté de braver la neige. Heureusement, les secours de la gendarmerie de haute montagne (#PGHM) et des CRS sauveteurs portent assistance à toute personne en détresse, sans distinction d’origine.
      #mutilations

      « Arrête-toi ou je te tue ! »

      La préfecture des Hautes-Alpes, rejette les accusations portées par les associations. « L’action conduite en matière de lutte contre l’immigration irrégulière est conforme en tout point aux règles de droit national, européen et international. Nous nous attachons à appliquer ces règles de droit avec humanité et discernement. Ces accusations reposent sur des supputations », nous indique-t-elle par courriel.

      Ce samedi 29 septembre, alors que nous cheminons en début d’après-midi, de Montgenèvre à Clavière, nous sommes pourtant témoins de faits donnant une autre vision de la situation. Au loin, deux « randonneurs » sortent du poste de la Paf. Allure sportive, t-shirts bleu ciel et lunettes de soleil. Dans le bois vers Clavière [4], au moment où nous croisons un groupe d’une dizaine de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, l’un de ces deux « randonneurs » demande son chemin au premier migrant qu’il rencontre. Le second surgit alors en courant, comme sorti de nulle part. Il tient dans ses mains une perche en plastique bleu d’environ deux mètres, qui sert normalement au balisage d’une piste de ski. « Arrête-toi ou je te tue ! », hurle-t-il, juste avant de bousculer en passant l’une de nous deux. Il plaque ensuite un homme au sol. Nous constatons trois arrestations réalisées par les deux « randonneurs ». Les autres migrants se dispersent dans la forêt.

      Opération « anti-terroriste » au milieu des bois

      Au crépuscule, dans le même secteur, nous croisons un homme athlétique, tout de noir vêtu. « C’est la dame qui a été bousculée tout à l’heure ? », nous demande-t-il. Après avoir acquiescé, nous feignons la surprise, affirmant ne rien comprendre à la situation précédemment vécue. « Je suis de la gendarmerie. Nous menons une opération anti-terroriste à la frontière », annonce l’homme en noir. Puis il contrôle nos identités « par mesure de sécurité », avant de disparaître dans les bois. Dans sa réponse à nos interrogations, la préfecture ne nous a pas confirmé le cadre « anti-terroriste » de l’opération.

      Depuis le début de l’été, le recours à des #faux_randonneurs a déjà été constaté par des observateurs locaux. Nous avons eu un autre aperçu de cette pratique grâce à une observation réalisée à la longue-vue, de celles dont on se sert plutôt, habituellement, pour observer les chamois. Mercredi 3 octobre, à 16h10, nous nous trouvons sur un point surplombant le village de Montgenèvre. Deux hommes en civil – l’un couvert d’un bob et l’autre vêtu d’une veste sportive noire et orange – amènent cinq jeunes gens, dont la peau est noire, à des gendarmes en uniforme. « A cause de ces faux randonneurs, les migrants se méfient de tout le monde. Ils peuvent partir en courant quant on vient à leur rencontre pour les aider », explique un maraudeur solidaire.

      « Le gendarme l’a mis en joue »

      Après sa mésaventure au restaurant, Abdoulaye a tenté un deuxième voyage. « Nous avons pris la route à 14h. Un hélicoptère a survolé notre groupe, alors nous sommes restés cachés dans la brousse jusqu’à 21h. Ensuite, nous sommes montés. » Sa description indique que le groupe a emprunté le #col_des_Gondrans, à 2347 mètres d’altitude. Après une longue descente, par la route militaire du Janus, son groupe atteint Briançon au milieu de la nuit. Très choqué, après avoir emprunté le même chemin, Aïssa*, un jeune ivoirien, revient de loin. « J’ai cru que j’allais mourir ! Je ne pouvais plus respirer. Je crachais du sang et je n’arrivais plus à marcher », nous confie-t-il. Finalement ce sont des automobilistes qui l’ont secouru en appelant les pompiers.

      A la lumière de ces témoignages et de plusieurs dizaines d’autres, la #mise_en_danger des migrants semble évidente. Pour comprendre comment elle peut survenir, l’une d’entre nous – qui ne connaît pas la montagne – a entrepris la traversée mercredi 3 octobre. Cette « migrante improvisée » a pris des risques pour échapper à la police, s’est perdue de longues heures nocturnes et a éprouvé la peur et l’épuisement (retrouvez son récit dans cet autre article : https://www.bastamag.net/Traversee-des-Alpes-un-apercu-du-calvaire-vecu-par-des-milliers-d-exiles). La traversée des Alpes par les exilés relève d’une véritable prouesse périlleuse. Mais la #maltraitance qu’ils subissent peut s’avérer être encore plus grave.

      Nous avons rencontré une jeune habitante du Briançonnais, sous le choc d’avoir assisté à deux arrestations violentes. En début d’après-midi, le 2 octobre, « deux migrants couraient, poursuivis par des gendarmes en uniforme, raconte-t-elle. Un gendarme a fait un croche-patte à l’un d’eux. Un autre gendarme a mis-en-joue le second migrant. Il s’est alors mis à genoux, avec les mains sur la tête. Le gendarme l’a relevé et poussé violemment dans sa voiture banalisée ». Notre témoin confirme avoir vu une arme au bout du bras du gendarme. Ensuite, « le gendarme a donné un coup de pied au premier migrant arrêté sur le golf, alors qu’il était assis par terre. Il lui a également mis des #gifles. Avec un autre gendarme, ils ont fouillé son sac, et l’ont obligé à baisser son pantalon et à se mettre les fesses à l’air en public », afin de poursuivre la fouille.

      Violences et non-respect des droits ont lieu également à l’intérieur du poste de la Paf. « Nous avons quitté Clavière à 14h. Vers 7h du matin, nous étions presque arrivés à Briançon. Mais des policiers nous ont arrêtés et emmenés au poste [de la Paf] », raconte par exemple Moustafa* en anglais. Il est originaire de Sierra Léone. Avec lui, voyageait une personne se déclarant mineur. « J’ai dit : "Laissez au moins le mineur !" Il pleurait mais le policier n’en avait rien à faire. » Moustafa pensait que son jeune ami allait être protégé. La loi française oblige en effet les Conseils départementaux à mettre à l’abri tout mineur non accompagné. Il revenait donc aux services départementaux d’évaluer si cette personne était mineure ou non. « Ensuite, je voulais refuser de donner mes empreintes car je ne suis pas un criminel. Mais à ce moment là, j’ai vu un homme se faire frapper à la matraque parce qu’il refusait. Il avait le visage gonflé. » Une heure après avoir été arrêtés, Moustafa et son jeune compagnon sont déposés par une voiture de police, sous la pluie, « non loin de l’église de Clavière ».
      #MNA #mineurs_non_accompagnés

      Des migrants volés pendant leur arrestation ?

      Autre témoignage, tout aussi édifiant, celui de Moussa*, un malien de 16 ans. Nous l’avons rencontré dans un autre département où il vit désormais sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance. Il a le regard d’une âme brisée et sa joue porte la cicatrice d’un coup violent. Le 4 août dernier, son groupe est très vite arrêté. Au poste de la Paf, il montre son acte de naissance, attestant de sa minorité (voir photo ci-dessous – cliquer pour l’agrandir). Les agents en prennent connaissance, mais le ramènent devant l’église de Clavière, en Italie. Moussa est formel, la Paf ne lui a remis aucun document, ni à lui ni à ses compagnons, alors qu’elle devait leur signifier officiellement un « refus d’entrée » [5], qu’ils devaient chacun signer. Comme beaucoup d’autres, ils n’ont pas vu la couleur de ce document, et les agents ne leur ont donné aucune information sur leur droits.

      Mais ce n’est pas tout : une fois revenu à Clavière, « j’ai fouillé mon sac, et j’ai vu qu’il manquait mon argent, 600 euros ! », témoigne Moussa. Idem pour Mario*, un jeune ivoirien du même groupe, qui déclare également que 200 euros ont disparu le même jour de ses affaires. Moussa rebrousse chemin avec Mario, en direction de la Paf. Vers minuit, ils arrivent à vingt mètres, côté italien, du panneau délimitant la frontière. A bord d’une voiture de police stationnée, se trouvent les mêmes agents qui les ont refoulés peu avant. Un « vieux aux cheveux gris » et « un grand baraqué », décrit Moussa. Celui-ci interpelle les policiers, et enregistre discrètement la conversation avec son téléphone. Nous avons pris connaissance de cet enregistrement lors de notre premier séjour au mois d’août. Des militants de #Chez_jésus, un lieu occupé pour accueillir les réfugiés, l’ont depuis mis en ligne, le 27 septembre.

      « La police, ils ont pris mon argent », accuse Moussa sur cet enregistrement. « T’accuses la police de #vol, ce soir t’es en garde-à-vue (...) Demain t’es dans un avion, (...) Paris-Tripoli, hein ! », répond l’un des policiers. Moussa insiste. Furieux, l’agent se fait encore plus menaçant : « Tu me traites encore une fois de voleur, je te jette là dedans. T’as compris ! » Mais Moussa poursuit sur sa lancée : « Vous volez mon argent. Comment je vais faire ? » A ces mots, le policier le saisit : « T’arrêtes de nous traiter de voleurs parce que je t’en colle une, hein ! » Le jeune malien rétorque : « C’est pas bon comme ça. C’est mon argent. T’as qu’à me tuer ! » Moussa déclare avoir alors reçu un coup dans le ventre de la part du « policier aux cheveux gris ». Mario, la voix haletante, tire Moussa en lui disant « Andiamo, andiamo » (on y va, on y va, en italien).

      Des forces de l’ordre en roue libre, des soutiens poursuivis

      Le type de faits que nous rapportons a également été constaté par une mission d’observation composée de douze associations pour les droits humains et les droits des étrangers [6], menée les 12 et 13 octobre 2018, et à laquelle participaient également des avocats. Selon ces constats, affranchies de tout respect de l’État de droit, les forces de l’ordre paraissent en roue libre. Dans un communiqué du 16 octobre, les ONG affirment que « de multiples violations des droits ont été constatées » et demandent que « cessent ces pratiques illégales et dégradantes ». En guise de première action judiciaire, onze référés libertés, dont huit pour des mineurs refoulés, ont été déposés devant une juridiction administrative. D’autres procédures devant des tribunaux sont annoncés.

      Pour l’heure, le procès qui retiendra l’attention sera celui de sept personnes solidaires des migrants qui se tiendra le 8 novembre à Gap. « Les 7 de Briançon » sont poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée ». Ils risquent jusqu’à dix ans de prison et 750 000 euros d’amende. Leur tort ? Avoir participé à une manifestation, le 22 avril de Clavière à Briançon, qui dénonçait la présence des militants d’extrême droite de Génération identitaire [7]. Des personnes sans-papiers, retient le procureur, se trouvaient dans le cortège. Trois des prévenus, deux jeunes suisses et une italienne, avaient été arrêtés au soir de la manifestation et placés en détention provisoire durant neuf jours, à la prison des Baumettes à Marseille. Les quatre autres prévenus, de nationalité française, se sont vus signifier leur mise en examen lors d’une garde-à-vue en juillet. Avec leurs soutiens, ils comptent faire du rendez-vous de Gap le procès du « #délit_de_solidarité » et de la « militarisation de la frontière ».

      Alors que les premières neiges s’annoncent, les autorités italiennes et françaises font le choix de la fermeté. Le 10 octobre, la police italienne a expulsé les occupants de « Chez Jésus ». A Gap le 17 octobre, la préfecture a fait évacuer la Maison Cézanne. Propriété de la ville, elle était occupée par le collectif « Un toit un droit » pour l’hébergement de personnes sans-papiers. Malgré la répression, les personnes solidaires continuent de proposer des solutions. Le 19 octobre, un « centre social autogéré » a été ouvert à Gap par le collectif Cesaï, pour faire « face à la situation des exilés et laissés-pour-compte, et au vide culturel de la ville ». A la frontière, les montagnards solidaires s’organisent à nouveau. Durant les deux derniers hivers, leurs maraudes au col de l’Échelle et de Montgenèvre, auxquelles les autorités ont répondu par une cinquantaine de convocation à la police ou à la gendarmerie, avaient évité bien des drames.

      https://www.bastamag.net/migrants-refugies-route-police-violences-gap-alpes-briancon

      #anti-terrorisme #3+4_de_Briançon #violences_policières

    • Hautes-Alpes : huit migrants secourus à la frontière

      Huit migrants secourus hier soir, entre Clavière et Cervières. Le groupe a été localisé au #col_Saurel par les secours en montagnes italiens qui ont effectué l’intervention, informations de nos confrères du Dauphiné Libéré, ce matin. Selon le quotidien cinq personnes déjà secourues souffraient d’#hypothermie. Les trois autres devaient être également pris en charge.

      http://alpesdusud.alpes1.com/news/hautes-alpes/73181/hautes-alpes-huit-migrants-secourus-a-la-frontiere

    • Hautes-Alpes, frontière de tous les dangers

      Depuis deux ans et demi, des migrants empruntent la route périlleuse des Alpes pour venir en France. Ils tentent d’échapper aux interpellations et aux violences policières. Enquête sur la frontière.

      A Briançon, dans les Hautes-Alpes, le Refuge Solidaire, une ancienne caserne des CRS de secours en montagne mise à disposition par la Communauté de communes, ne désemplit pas. Comme chaque jour, un groupe de migrants vient d’arriver : des hommes jeunes, originaires d’Afrique noire. Ils sont exténués.

      En provenance du sud de l’Italie, ils ont pris un train à la gare de Turin, puis un car pour Clavière, dernier village italien collé à la frontière. De là, ils tentent la traversée de la montagne à pied, via Montgenèvre, côté français, jusqu’à Briançon. Ils sont de plus en plus nombreux à choisir cette route des Hautes-Alpes à mesure que la frontière plus au sud, par Menton ou la vallée de la Roya, se verrouille. Selon un décompte du 30 septembre, le Refuge Solidaire a accueilli 6350 personnes depuis son ouverture en juillet 2017.

      A la fin de l’été1, les bénévoles s’activent dans le garage aménagé en réfectoire. L’urgence est de nourrir les nouveaux arrivants affamés par de longues heures de marche forcée dans la montagne. Et tandis que, tels des écoliers à la cantine, les migrants font la queue devant les grandes marmites pour remplir leurs assiettes, Benoit Ducos, membre de Tous Migrants – une association citoyenne de sensibilisation au drame des exilés –, lance à leur intention : « Nous sommes des bénévoles ici.

      Depuis des mois les droits des personnes étrangères ne sont plus respectés à la frontière et les forces de l’ordre se rendent coupables de nombreuses violences. Nous avons besoin de recueillir des témoignages de personnes qui ont été attrapées par la police ou les gendarmes, qui ont été ramenées en Italie. »
      « Arrête toi ou je te tue ! »

      Quelques semaines plus tard, sur le chemin menant de Montgenèvre à Clavière, distant de 16 kilomètres, deux « randonneurs » cavalent après une dizaine de jeunes Africains. Ces hommes, aux muscles saillants dans leurs tee-shirts bleus, étaient sortis un peu plus tôt du poste de la Police aux frontières (PAF). « Arrête toi ou je te tue ! » hurle l’un d’eux aux fuyards en brandissant une perche en plastique bleu d’environ 2 mètres, qui sert habituellement à baliser les pistes de ski. Peu de temps après, il rejoint son collègue « randonneur », avec trois jeunes migrants dont un tenu fermement par le bras. Au crépuscule, sur le chemin du retour, l’un des faux randonneurs, tout de noir vêtu avec une capuche recouvrant sa tête, se présente comme gendarme et contrôle nos identités, justifiant d’une « opération antiterroriste à la frontière ».

      Ces interventions ne sont pas isolées. Dans son avis rendu public le 1er juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNDH) dressait un constat sévère, « sur une volonté politique de bloquer les frontières au détriment du respect du droit à la vie et à l’intégrité physique des personnes migrantes, contraintes d’entreprendre des parcours de plus en plus dangereux à travers les Alpes, comme en témoignent de multiples récits douloureux et des pratiques attentatoires à la dignité ». Des critiques documentées par treize ONG qui ont mené une mission d’observation à la frontière de Montgenèvre les 12 et 13 octobre – dont Amnesty International, la Cimade et Médecins du monde.

      Graves accusations

      Au Refuge Solidaire, Benoît Ducos recueille les récits alarmants des jeunes hommes qui se sont regroupés autour de lui. Pour échapper aux forces de l’ordre, ils se sont cachés en forêt, parfois plusieurs jours, ou ont pris des routes plus périlleuses, comme celle du col des Gondrans, à 2347 mètres d’altitude.

      Abdoulaye*, un Guinéen de 19 ans, y est passé lors de sa deuxième traversée. « Nous avons pris la route à 14h mais un hélicoptère a survolé notre groupe, raconte-il. Alors, nous sommes restés tapis dans la brousse jusqu’à 21h. » Aïssa*, lui, est un rescapé. Ce jeune Ivoirien peine encore à recouvrer ses esprits. « J’ai cru que j’allais mourir ! » finit-il par lâcher en retenant ses larmes. Totalement épuisé par la route des crêtes, il s’est affalé, avec une forte douleur dans la poitrine. « Je ne pouvais plus respirer. Je crachais du sang et n’arrivais plus à marcher. » Il s’est retrouvé seul, à une heure avancée de la nuit, dans le froid, en proie à une profonde terreur. Il doit son salut à un couple qui passait par là en voiture et qui a prévenu les pompiers.

      Les accusations portées contre des policiers ou des gendarmes sont graves : refoulement de femmes enceintes ou avec enfants, de mineurs isolés (qui doivent normalement être protégés selon la loi française) et de personnes malades ; menaces verbales, coups… Voire pire : guet-apens et courses poursuites mettant les personnes en danger et pouvant même, parfois, entraîner la mort. « Au début, les violences policières étaient très ponctuelles. Il s’agissait surtout d’insultes, d’intimidations et de pressions psychologiques pour décourager le passage. Mais ça s’est vraiment dégradé depuis l’intervention des identitaires (militants d’extrême droite venus intimider les migrants au printemps dans les montagnes, ndlr), avec des menaces arme à la main et même des vols d’argent ! » nous confie Benoît Ducos, inquiet.
      Morts dans la montagne

      A l’appui de leurs allégations, les observateurs locaux citent le cas d’« Alpha », un jeune Africain inconnu trouvé mort, vraisemblablement d’épuisement, en mai dans un bois en amont des Alberts, un hameau de la commune de Montgenèvre ; ou encore celui de Blessing Matthew, une Nigériane de 20 ans retrouvée noyée dans la Durance le 9 mai, après avoir paniqué à la suite d’une « course poursuite », affirme Tous Migrants. Pour les « sentinelles de la montagne », ces agissements sont destinés à dissuader coûte que coûte les « migrants » de venir en France. « Les guets-apens et courses poursuites dans la montagne pourraient constituer un délit sanctionné par le Code pénal français au titre de ‘mise en danger d’autrui’ ou de ‘manquement à une obligation de prudence ou de sécurité’, explique Me Maéva Binimelis. Sollicitée par Tous Migrants, cette avocate du Barreau de Nice vient de déposer une plainte contre X et des signalements auprès de procureur de Gap. D’autres suivront.
      Délit d’humanité

      Ces signalements sont, entre autres, documentés par Benoît Ducos, qui accumule les récits des victimes. Le 10 mars, il a pris dans sa voiture une famille nigériane perdue dans la tempête du col de Montgenèvre, à 1854 mètres d’altitude. La mère, Marcella, était sur le point d’accoucher. Aux portes de Briançon, la voiture est longuement arrêtée par un barrage des douanes malgré l’urgence, à 500 mètres de la maternité. Le bébé naîtra quelques heures plus tard par césarienne à l’hôpital de Briançon ; un accouchement risqué qui, sans l’intervention du secouriste, aurait pu se terminer par une issue dramatique.

      Depuis, Benoît Ducos a fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par Raphaël Balland, le procureur de Gap, en vue de déterminer un éventuel délit pour « aide à l’entrée et à la circulation d’un étranger en situation irrégulière ». Cette enquête a été classée sans suite le 27 octobre pour « immunité humanitaire », juste avant l’ouverture, le 8 novembre, du procès des 7 de Briançon (lire nos éditions du 9 et du 12 novembre).

      Désormais, les migrants n’ont plus de refuge à Clavière. La salle paroissiale squattée depuis mars par des militants de No Border a été évacuée le 10 octobre par la police italienne. Les migrants doivent désormais se contenter d’un accueil de nuit ouvert par la paroisse d’Oulx, à 18 km de la frontière française. Depuis, les premières neiges sont tombées, rendant la montagne plus dangereuse. Pour beaucoup, cette traversée des Alpes représente un dernier obstacle avant d’atteindre le « pays des droits de l’homme ». D’où leur persévérance, malgré tous les obstacles. Au péril de leur vie.

      https://lecourrier.ch/2018/11/13/hautes-alpes-frontiere-de-tous-les-dangers
      #droit_à_la_vie #col_des_Gondrans

    • Danger at high altitude: Migrant routes in the Alps

      With the crossing from Italy to France at low altitude becoming more difficult, migrants have been trying to cross the border on foot via the high alpine passes between the two countries — at great personal risk. This week, emergency services were called to help more than 14 people lost in cold conditions in the Alps.

      It is already snowy high up in the Alps, but that hasn’t deterred small groups of migrants trying to walk, often in inadequate clothing, towards France. Just this week, there were at least two reports of lost migrants in the Italian media. All were in the Bardonecchia region east of Turin and near the Italian border with France, at an altitude of about 1,700-1,800 meters. These alpine paths have become increasingly attractive to migrants since 2015, when France reinstated border controls at the low altitude crossing between the towns of Ventimiglia and Menton.

      The Italian newspaper, Corriere Della Sera, reported that the rescued migrants were suffering from hypothermia but were not in any danger. After medical checks, they were taken to a migrant reception center in Oulx, west of Turin. However, videos of other rescues show migrants attempting snowy paths dressed in trainers, jeans, and thin jackets. On Monday, a further four migrants were rescued from the snow after they became lost.

      A ’state of emergency’

      The head of the Alpine emergency services in Piedmont, Luca Giaj Arcota, said last December that rescue services could no longer cope with the number of migrants attempting to cross at Bardonecchia, which “had reached critical levels.” In the past month, Italy has been hit by bad weather, causing chaos in many regions, including the Alps, and putting added pressure on emergency services.

      Giaj Arcota also said that Alpine rescuers don’t have the powers of the police, so they can’t stop people from walking on these paths, even when they could be putting themselves, and their rescuers, in danger. He called upon the Italian authorities to resolve the situation so that migrants are dissuaded from attempting the crossing.

      Shelters needed

      The aid agency Oxfam Italy has called on Italian authorities to create more shelters for people waiting to cross from Italy into France, particularly unaccompanied minors and single women.

      In a report published in June, Oxfam says the situation at Ventimiglia remains serious. It estimates that in the first four months of 2018, more than 4,230 migrants crossed the border at Ventimiglia, the majority coming from Eritrea, Afghanistan and Sudan. Between August 2017 and April 2018, the total number of crossings reached 16,500.

      French authorities criticized

      Oxfam says migrants trying to cross the border are often refused entry and denied the right to request asylum. It also accuses French police of falsifying declarations that migrants wanted to return to Italy voluntarily, and of denying migrants access to water, food, shelter and legal assistance.

      At Bardonecchia, border crossings have also led to conflict between Italy and France. In one incident, Italian authorities said that a French police patrol dropped migrants in the forest on the Italian side of the border, telling them to go back to Italy. Italy’s Deputy Prime Minister, Matteo Salvini, suggested that the French authorities were “treating Italy like a refugee camp.”


      http://www.infomigrants.net/en/post/13393/danger-at-high-altitude-migrant-routes-in-the-alps?ref=tw

    • Arriva l’inverno, emergenza migranti in val di Susa

      La Chiesa valdese organizza una raccolta di indumenti e scarpe invernali coinvolgendo le comunità locali.

      E’ passato un altro anno, siamo di nuovo oramai in inverno e nulla cambia sul fronte del rischio per i migranti che tentano di entrare in Francia attraversando le Alpi.

      Di queste ore la notizia del recupero di 14 cittadini maliani in difficoltà fra le nevi sopra Claviére, ultimo comune italiano in valle di Susa prima del confine. Il soccorso alpino ha salvato 10 persone a circa 1800 metri di quota, con un principio di ipotermia, mentre 4 risulterebbero ancora disperse, con il rischio di iniziare nel più tragico dei modi la nuova stagione fredda. Nei giorni scorsi altri interventi di aiuto sono stati richiesti e portati a termine dagli uomini del soccorso.

      A tal proposito le chiese valdesi locali si stanno mobilitando nella raccolta di indumenti e scarpe adatti per le rigide temperature di questi mesi.

      Lo spunto nasce da un appello del pastore valdese di Susa, Davide Rostan, in prima linea nel dare quotidiana assistenza a chi in difficoltà si trova a transitare per le vie alpine: «Servono scarponi o scarponcini con taglia dal 42 in su, al massimo un numero limitato di numeri attorno al 38 per le ragazze, giacche a vento/ pile, cappelli e guanti. Altri indumenti non servono e occupano spazio, la raccolta dovrà essere mirata e limitata a questi indumenti».

      Ad Oulx da qualche settimana è stato aperto in un locale dei salesiani vicino alla stazione un piccolo centro con una dozzina di posti letto e qualcuno che tiene aperto dalle 19 alle 8 di mattina tutti i giorni. Sono due operatori della cooperativa Talita Kum, uno dei partner di Diaconia Valdese nei progetti di accoglienza diffusa in bassa val di Susa. Tra i fondatori della cooperativa c’è anche don Luigi Chiampo, parroco di Bussoleno. Ad oggi in valle transitano circa 30 persone al giorno che tentano di attraversare il confine arrivando a Claviére con il bus e poi andando a piedi verso Briançon. Spesso vengono fermati dalla polizia di frontiere che li respinge e li lascia per strada fuori dalla frontiera anche di notte a 1800 metri. Nell’ultimo anno sono passate in Francia in questo modo circa 800 persone al mese. Ora però la polizia francese ha inasprito i controlli e a Claviére a parte due jeep della polizia o dei carabinieri che ora pattugliano il confine per evitare che i francesi riportino gli stranieri in Italia non c’è nulla. Solo dalle ore 20 alle 24 c’è un mezzo della croce rossa che da qualche giorno quando ci sono dei respinti li carica e li porta ad Oulx.
      Chi volesse partecipare può contattare la propria chiesa locale del distretto delle valli del pinerolese. Ad esempio ieri le chiese del primo circuito (Val Pellice) hanno comunicato durante il culto tali necessità, e ripeteranno l’appello la prossima domenica 25 novembre, lasciando alle singole comunità gestire le modalità di raccolta. Si farà infine una raccolta complessiva prevista per lunedì 26 novembre dalle ore 15 alle ore 19 nei locali della cascina Pavarin a Luserna San Giovanni, per poi trasportare quanto raccolto a Oulx.

      https://riforma.it/it/articolo/2018/11/19/arriva-linverno-emergenza-migranti-val-di-susa

    • Mort·es en montagne ? Le rôle politique de la violence policière à la frontière

      La frontière franco-italienne des Hautes-Alpes n’est pas (encore) fermée. Elle est une zone de passage pour plusieurs dizaines de personnes tous les jours depuis plus d’un an. Cependant, depuis l’été 2017, l’Etat français y déploie tout un processus de militarisation qui a pour vocation de produire une effet impressionnant, voire effrayant.

      La militarisation, c’est d’abord une intensification du nombre de policiers : à la Police aux frontières (PAF) présente depuis 2015, à la police et gendarmerie nationales, au PSIG, se sont ajoutés depuis 2017 des renforts de gendarmerie mobile, de CRS, et parfois de l’armée. La militarisation, c’est ensuite une intensification des équipements utilisés pour le contrôle. C’est enfin une diversification des pratiques de contrôle. Tous ces éléments constituent ensemble le dispositif de contrôle mis en place par l’Etat français pour « sécuriser », comme ils disent, la frontière franco-italienne.

      Ce tableau répertorie les différentes pratiques de contrôles en place dans le Briançonnais. On peut noter que celles en-dessous de la ligne rouge, se situent un cran au-dessus en terme de niveau de violence.

      Il est important de faire le lien entre le fait que ces dernières pratiques sont plus violentes, qu’elles ciblent uniquement les personnes identifiées comme “migrantes“, et qu’elles sont relativement invisibles (et en grande partie illégales).

      Cela met en lumière toute la fonction discriminatoire de la frontière. Un régime différent s’applique pour des personnes identifiées comme “migrantes“, comme si elles appartenaient à une catégorie différente de gens, dont la vie et les droits n’ont pas besoin d’être respectés.

      A aucun moment, on ne peut oublier que la discrimination entre les personnes qui subissent des violences à la frontière et celles qui n’en subissent pas s’effectue sur une base raciste. En quatre mois de présence dans la zone frontalière, j’ai recueilli une quarantaine de témoignages de personnes qui avaient été victimes de violations de droits ou de violences policières : à l’exception d’une, d’origine kosovarde, toutes les autres étaient Noires. Les personnes qui sont susceptibles d’être contrôlées dans la zone frontalière sont presques toutes d’origine africaine, quelques rares fois d’Europe de l’Est ou du Moyen-Orient.

      Cet article a pour but de déconstruire l’idée selon laquelle la zone frontalière, à cause de sa marginalité géographique (excentrée, dans les montagnes… ?) ou d’un contexte politique plus “tendu“, serait une zone “de non-droit“, comme on l’entend souvent, où auraient facilement lieu des bavures, des abus, des dérapages de violence.

      Je veux tenter au contraire de montrer que la violence, sous toutes ses formes (symbolique, psychologique, verbale, et physique) fait partie intrinsèque du dispostif de la frontière. Elle est même utilisée (directement ou indirectement) comme un outil politique puisqu’elle est censée avoir un effet dissuasif sur les personnes qui désirent passer la frontière.

      Je ne prétend pas que toutes les pratiques de violence dénoncées dans cet article émanent directement d’un calcul précis de la part d’une tête pensante et unique. Les acteurs du contrôle à la frontière sont divers et il y a plusieurs échelles de pouvoir. Le pouvoir est diffus, il s’étend du Ministre de l’Intérieur jusqu’au au gendarme mobile qui va effectuer le contrôle, en passant par la préfète des Hautes-Alpes. Tous ces acteurs ont des champs d’actions différents, rarement concertés ; il y a, outre la stratégie politique, de nombreuses logiques situationnelles liée au contexte immédiat sur le terrain.

      Je cherche plutôt à signifier que tous les éléments du dispositif frontalier se superposent et, combinés, participent à produire de la violence, sous de nombreuses formes. Celle-ci a un effet politique très clair, celui de marginaliser celles et ceux qui en sont victimes en créant une classe de personnes, ou une catégorie de population que le pouvoir étatique peut, en toute légitimité, contrôler par l’administration de la violence. A mon sens, c’est là même que se trouve le rôle du dispositif de la frontière : cette catégorie qu’elle crée, sur la base de discrimination économique et raciale, ce sont les “migrants“, “les clandestins“.

      Je vais tenter ainsi d’analyser trois manière très différentes dont la violence contre les personnes exilées se déploie à la frontière italienne dans les Hautes-Alpes, en soulignant à chaque fois la fonction politique de la violence et son rôle au sein du dispositif frontalier.
      1. Le spectacle de la militarisation de la frontière

      Plusieurs auteur·es militant·es analysent les zones de frontières comme une scène sur laquelle les Etats jouent une mise en scène sécuritaire1. Cette notion de « spectacle » de la frontière m’a tout de suite paru très juste pour décrire ce qui se passe entre Briançon etsur les cols de Montgenèvre et de l’Echelle. Le contrôle aux frontières est constitué d’un arsenal technologique (camions de gendarmes ou CRS, voitures de police, hélicoptère…) et humain, avec une présence policière disproportionnée, qui dessine, depuis l’été 2017, dans l’espace public des villages des Alpes, un décor « de guerre ». Il a été perçu comme tel par des habitant·es locaux, ainsi que par des touristes pendant l’été et l’automne 2017.

      Une fois le décor installé, s’ajoutent à cette scénographie policière les costumes et accessoire. C’est ainsi que je croise régulièrement, traversant la frontière en début de soirée, des équipes entières de gendarmes mobiles sortant du local de la Police aux frontières, et s’élançant à pied pour leur « mission » dans la montagne, entièrement vêtus et cagoulés de noir (tenue de camouflage), équipés de lunettes infra-rouges ou thermiques, de torches, et armés. Une vraie tenue de « commandos« , qui associe symboliquement les arrestations en montagne à l’accomplissement d’une mission d’intervention spéciale, comme dans des contextes de haute criminalité. Les témoignages des personnes exilées qui ont été arrêtées ou poursuivies par la police à travers la montagne mentionnent également des tenues de civil (costume du « randonneur »), les tenues de camouflage militaire pour les renforts de l’armée, et même depuis le début de l’été 2018 des jumelles thermiques qui permettent de traquer des silhouettes dans l’obscurité. Cette scénographie d’intervention spéciale véhicule en elle-même une grande violence symbolique et psychologique pour des personnes qui fuient précisément des conflits armés.

      Lever du rideau. La scène qui est jouée sous nos yeux : la « chasse au migrant ». Cette mise en scène perverse contraint les personnes exilées, pourtant théoriquement légitimes à se présenter à la frontière et demander une protection, à se cacher, se baisser, attendre des heures dans la neige, ou bien ramper à travers “la brousse“1. En d’autres termes, elle les oblige à jouer un rôle d’indésirables, à devenir malgré elles actrices tout autant que spectatrices de ce spectacle qui leur est adressé…

      Premier acte : identifier « le migrant » grâce aux équipements de vision nocturne. Pour cela, des études sur les formations de la police aux frontières ont montré que les critères utilisés pour l’identification des personnes portant un « risque migratoire » et donc soumises au contrôle d’identité à la frontière se fonde sur des critères aussi originaux que la couleur de peau et le style vestimentaire2. « Le migrant » est donc facilement répérable : « il » est Noir, « il » a un sac à dos et « il » se déplace en groupe, souvent la nuit et dans la forêt.

      Deuxième acte : l’arrestation. Celle-ci fait l’objet de différentes stratégies, dont la plus courante est de se rapprocher dans la plus grande discrétion, grâce aux tenues de camouflage, ou en étaignant les phares du véhicules afin de prétendre qu’il est vide ; puis en jouant sur l’effet de peur et de surprise en aveuglant les marcheurs et marcheuses nocturnes, au moyen de lampes torches et de phares, avec des cris ou interpellations. Certaines personnes ont raconté des arrestations plus spectaculaires encore, impliquant une menace à l’arme à feu :

       » Il y avait plusieurs voitures garées sur la route, ils ont éteint leurs phares, c’est pour ça que je suis passé sur la route, je ne les avais pas vus. Dès qu’on est arrivés sur la route, ils sont sortis en courant des véhicules, en agitant leur armes en l’air, en hurlant « Personne ne bouge ! ». Mon ami s’est jeté à terre, moi aussi j’étais [accroupi] par terre, pendant qu’ils nous ont interrogés. Ils nous ont interrogés avec leurs armes braquées sur nous. » (Alpha*3, témoignage recueilli le 29/04)

      Si les exilé·es n’endossent pas le rôle de criminels en cavale qui leur est imposé par le jeu policier en se « rendant » pacifiquement et en se soumettant au contrôle d’identité, alors commence le troisième acte : attraper l’indésirable. Les stratégies mises en place s’identifient souvent à des pièges ou des guet-apens, avec des véhicules ou des collègues camouflés en aval pour bloquer des personnes contraintes à s’enfuir dans leur direction.

      Régulièrement le guet-apens s’accompagne d’une autre pratique tout aussi spectaculaire : la course-poursuite. Le 19 mai, une nuit de gros orage, un jeune homme Nigérian me raconte qu’il vient d’être poursuivi par deux policiers ou gendarmes à travers la forêt et arrêté par deux autres qui se cachaient en avant dans les broussailles. Ainsi, durant mes quatre mois à Briançon, une quinzaine de course-poursuites similaires m’ont été relatées, à pied1 en voiture 2 ou véhicules de montagne3,, en motoneige4, sur les pistes, sur la route, sur les ponts. Certaines de ces courses-poursuites ont poussé des personnes à se cacher pendant des heures dans la broussaille, dans des abris de fortune ou des flaques d’eau gelée5, d’autres ont poussé des personnes à sauter sur le bas-côté d’un versant et dévaler la pente6, à sauter de tunnels ou de ponts. La fin la plus tragique d’une de ces odieuses dramaturgies a été, le 07/05/2018, la mort de Blessing Matthews, une nigérianne de 21 ans qui s’est noyée dans la Durance en tentant d’échapper à la police qui la traquait dans le village de la Vachette.

      Comble de l’imagination des cyniques metteurs en scène, la semaine du 15/04/2018, la zone de la frontière a servi de terrain d’entraînement aux chasseurs alpins qui s’entraînent dans le Briançonnais (comme cela s’est produit en 2017 dans la vallée de la Roya avec les sentinelles7) : quoi de plus parfait, pour s’entraîner à l’assaut contre une armée ennemie, que de jouer à la « guerre au migrant », puisque le décor est déjà installé ? Cet exemple montre qu’il faut s’attacher à comprendre la signification politique de ce spectacle.

      Cette mise en scène puise dans l’imaginaire qui justifie politiquement la militarisation de la frontière. Pour reprendre les mots de S. Le Courant et C. Kobelinksy (La mort aux frontières de l’Europe, 2017), « La politisation de l’immigration, lue à travers le prisme de la sécurité, fait des migrants irréguliers une des principales menaces – dans un continuum de menaces qui s’étend jusqu’au terrorisme – à laquelle l’Europe en formation doit faire face. Construit comme un problème sécuritaire, la réponse à la migration doit être celle de la sécurisation. » C’est cet imaginaire construisant les étranger·es sans visa comme des menaces qui justifie sur le terrain des pratiques de violence d’un niveau proche de l’intervention militaire, alors même que les cibles sont des personnes désarmées souhaitant se réfugier en France. Les spectateurs auxquels se destine la mise en scène sont alors les citoyen·nes « légitimes », français·es (habitant·es et touristes), militant·es locaux, médias, agents de police eux-mêmes, afin de construire une image de la sécurisation du territoire national par un gouvernement fort, dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

      Les pratiques militaires doivent également être pensées dans une histoire et une géographie beaucoup plus larges. En 2006, A. Mbembé rappelait, dans Nécropolitique, que : “L’extraction et le pillage des ressources naturelles par les machines de guerre vont de pair avec des tentatives brutales pour immobiliser et neutraliser spatialement des catégories entières de personnes (…). En tant que catégorie politique, les populations sont ensuite désagrégées, entre rebelles, enfants-soldats, victimes, réfugiés (…) tandis que les « survivants », après l’horreur de l’exode, sont confinés dans des camps et zones d’exception.“ D’un point de vue symbolique, c’est la double charge de l’histoire coloniale et de la géopolitique néocoloniale actuelle qui est présente en substance dans la mise en scène de la militarisation de la frontière. D’un point de vue psychologique et traumatologique, cela rappelle que ces violences s’ajoutent pour les individus à toute une histoire personnelle fondée sur des violences vécues dans leur pays d’origine et accumulées pendant leur parcours migratoire. Ainsi, même quand la frontière n’est pas le lieu d’une violence physique directe à l’égard des exilé·es qui cherchent à la traverser, le déploiement d’un arsenal menaçant ravive le souvenir des violences passées, parfois intériorisées sous la forme du traumatisme : en témoignent les soins qui sont prodigués à certaines personnes après leur arrivée en France.

      Les spectateurs auxquels s’adresse le discours scénographique sont donc avant tout les victimes des contrôles à la frontière elles-mêmes. Le message, constitué de son, de lumières et de gestes, est on ne peut plus clair ; il vise à produire la peur, afin de dissuader ces mêmes personnes de tenter de nouveau le passage ; mais aussi, par extension, il s’adresse à tou·tes les autres exilé·es qui pourraient désirer venir en France, pour les décourager par avance : dans le langage néolibéral de l’Etat, on appelle ça “prévenir le risque migratoire“.

      2. Le contrôle absolu sur le corps des personnes, accaparées en territoire policier

      Toute cette dimension spectaculaire de la sécurisation de la frontière est paradoxale avec un autre aspect caractéristique de la violence qui y est prodiguée. Ce second type de violence peut s’exercer contre les étranger·es indésirables précisément parce qu’on se situe dans un territoire marginal, dans des espaces camouflés, et que les victimes sont dépossédées de tout moyen de contester ou rendre public ce qui leur est infligé.

      La soustraction de la personne arrêtée à l’espace public correspond à deux processus : le premier, c’est la soustraction au regard, la mise sous invisibilité qui affranchit l’agent de police du contrôle généralement garantit par le regard des citoyen·nes lambda. Le second, pour suivre l’analyse de F. Jobard (Bavures policières ?, 2002), il s’agit d’un rite de dégradation où l’interpellé·e, saisi·e dans l’espace public, passe sur le territoire policier. Jobard nomme accaparement ce rituel par lequel les personnes arrêtées passent sous le contrôle absolu de la police, au moyen de tout un tas de gestes ou de symboles (exhibition de l’arme, menottes, immobilisation à terre, enfermement dans le véhicule) qui font incarner aux policiers derniers une violence physique invincible, car ces symboles qui manifeste la puissance de l’Etat, et la continuité de l’Etat jusqu’au policier.

      Sur le plan symbolique, l’enfermement, l’interrogatoire, la fouille et la surveillance dans le poste de la police aux frontières, continuent de dérouler le spectacle qui vise à produire chez la personne arrêtée la conscience de la faute, puisqu’elle est traitée comme une criminelle ; mais surtout la peur. La personne se trouve dans un lieu clos, architecture suprême du territoire policier, où elle est physiquement à la totale merci des agents, lesquels bénéficient de tout le pouvoir symbolique de l’Etat français.

      Ainsi, dans cet espace cloisonné, dissimulé (car aucune ONG, aucun journaliste n’y a accès), aucun contrôle ne s’exerce directement sur le pouvoir de la police sur la personne arrêtée. La voie est libre à tous les abus de pouvoir et déchaînements de violence.

      Le 30 avril, je rencontre Bouba* qui me raconte son entretien avec les agents de la PAF :

      Quand il a dit « Vous les Noirs, » il s’est mis à rire. Sous forme de moquerie. Que nous les Noirs, nous sommes des menteurs. Je lui ai dit « Non, mais ne prenez pas tous les noirs pour la même chose, ne dites pas « Vous les Noirs », quand tu dis « vous les Noirs », c’est une discrimination. Ca c’est du racisme, ça veut dire vous êtes raciste. (Bouba*, 30/04)

      L’injure raciste produit l’humiliation et nie la légitimité de la présence de la personne sur le territoire. Un cran au-dessus dans la stratégie de la peur, la menace est une autre violence verbale. Les plus classiques : “on va vous renvoyer dans votre pays“, “on va vous mettre en prison“, “on va vous renvoyer en Libye“. Toute cette rhétorique vise à produire une fiction de sur-puissance de la police.

      Il y a une évidente continuité entre les menaces d’accaparement et de violence physique et l’application concrète de celles-ci. Le 17 mai, un groupe de mineurs est allé se présenter au poste-frontière pour faire valoir leur droit de demander une protection en France. Ils ont été refoulés, c’est-à-dire reconduits en toute illégalité côté italien par la police. Voici ce que l’un d’entre eux m’a raconté quand je l’ai rencontré en Italie :

      On est arrivés à la police (…) Il m’a demandé mon téléphone, (…) Il est en train de fouiller mon téléphone. Il m’a dit (…) si je ne vais pas parler, il va me gifler. J’ai dit ah si tu veux, parce que tu es mon chef, moi je ne connais pas. Il m’a giflé, une fois. [Ils ont demandé si] je sais qui était l’auteur, il m’a dit encore, si je ne vais pas parler, il va me gifler. (Tomba*, 17/05)

      Le 11 juin, j’ai rencontré Matthew*, un jeune homme qui avait été arrêté dans la forêt alors qu’il tentait de se rendre en France. Dans le poste-frontière, alors qu’il se mettait à genoux pour implorer les policiers de ne pas le renvoyer côté italien, plusieurs agents de police se sont jetés sur lui pour le battre à terre, le rouer de coups de poings. Quand nous nous sommes vus, le soir de cet événement, Matthew* portait des hématomes sur toute la partie gauche du visage et son tympan était abîmé. C’est dans cet état que la police aux frontières l’a forcé à retourner en Italie, le privant également d’accès à des soins.

      La première semaine de juillet a été marquée par des histoires semblables. Le 04 juillet, dans le local de la PAF, un policier ordonnait à quatre personnes arrêtées non loin de la frontière de vider leurs poches ; il a volé 50 euros à l’un d’entre eux, et les cartes SIM des téléphones des autres. Quand le premier a prétendu ne pas avoir de carte SIM, les policiers l’ont perquisitionné, et après lui avoir pris la SIM de l’une de ses poches, un des agents l’a giflé. Quelques jours auparavant, deux autres personnes avaient été battues et menacées, après quoi 300 euros leur avaient été volés.

      Ce second type de violence s’applique particulièrement aux personnes étrangères et en exil parce qu’elles ne possèdent pas d’existence politique dans le système légal qui en ferait des citoyen·nes en pleine possession de leurs droits : c’est ainsi que dans un précédent article, j’ai essayé de montrer comment, en renvoyant les gens côté italien, sans possibilité de pouvoir témoigner, rendre visible, porter plainte contre ces violences policières, la frontière fabrique toute une classe de personnes sans droits, sans pouvoir médiatique ou politique, invisibles au regard de l’Etat et de la société française.

      Je me suis appuyée sur les écrits de G. Agamben1 pour développer l’idée que ces personnes sont ainsi réduites à la frugalité de leur corps ; de la même manière qu’il a été possible de violer leurs droits sans entrave, il devient possible pour les forces de l’ordre de porter atteinte à leur corps, de laisser libre cours à une violence verbale et physique qui ne sera jamais dénoncée, jamais punie, et qui s’exerce en toute légitimité contre une classe d’indésirables dont les corps n’ont plus la même valeur que ceux des citoyen·nes légitimes. Encore une fois derrière ce pouvoir de faire souffrir les corps principalement Noirs des êtres catégorisés comme “migrants“, le poids de l’histoire de l’esclavagisme et de l’histoire coloniale, est criant.

      3. Laisser-mourir, la stratégie de la mise en danger en milieu montagneux

      La violence n’est pas uniquement présente directement dans l’interaction avec la police. Depuis mon arrivée à Briançon, en plein hiver, je constate qu’elle est diffuse à travers tout l’espace et tout l’environnement, si bien que je ne peux empêcher mes yeux de couvrir tout le paysage montagneux qui m’entoure d’un voile d’amertume et de haine.

      On l’a bien vu, ce qui a été médiatisé de la situation à la frontière des Hautes-Alpes, c’est l’aspect sensationnel lié au milieu de haute-montagne. Les médias et les réseaux sociaux se sont émus de Marcella, qui a accouché de justesse à l’hôpital de Briançon le 10 mars après avoir été trouvée dans la neige avec sa famille, par un habitant de Briançon ; ils ont photographié les silhouettes de personnes se frayant un chemin dans l’épaisse neige afin de gagner le territoire français ; ils ont filmé les gelures des pieds et des mains des personnes arrivant au Refuge solidaire de Briançon. On s’est exclamé à propos du danger des montagnes et on a déploré le sort des “pauvres migrants“ qui se trouvaient là et en souffraient, par accident, par hasard.

      Ce discours fait l’impasse sur une donnée essentielle : les montagnes ne sont pas dangereuses. Les différents cols possèdent chacun une route goudronnée qu’il est évident de parcourir en voiture ou en bus et de traverser ainsi, de l’Italie vers la France. Simplement, sur cette route, se trouve la police : le poste de la PAF, ou un poste mobile de surveillance. Et voici que toutes les personnes qui sont soumises au contrôle policier se voient refuser l’accès au territoire, et se trouvent donc obligées de prendre des chemins de montagne, plus dangereux, afin d’atteindre la France. Et dès lors que les renforts de forces de l’ordre aux frontières se mettent à peupler les forêts, sillonner les sentiers, à chaque fois, les chemins de contournement se font plus longs, plus périlleux, plus dangereux.

      Ainsi, toutes les violences liées au milieu de montagne qui se sont exercées contre les personnes exilées depuis 2017 n’ont rien d’accidents ou d’aléas naturels. Elles résultent d’une mise en danger des étranger·es exilé·es par les forces de l’ordre.

      Les policiers à la frontière sont eux-mêmes largement conscients de cette situation, puisque régulièrement, des mineurs qui ont tenté de se présenter au poste-frontière pour demander une protection, se voient refuser d’être entendus et pris en charge (ce qui est en théorie la procédure légale) mais suggérer plutôt un passage nocturne ou sportif à travers la montagne :

      On a montré nos documents et ils ont dit non. (…) Ils nous ont mis dans la voiture et déposés à l’entrée du village. Ils ont dit « la nuit vous pouvez passer [en vous cachant], mais pas la journée. » (Mouhammad, 02/06)

      L’incitation verbale à la prise de risques pour l’enfant exilé ne fait que mettre en lumière la conscience de ce jeu du danger par les agents qui constituent la frontière.

      Dans le cadre de mon analyse des différentes formes de violences policières à la frontière, je dirai que la troisième forme, la plus discrète, est celle-ci, qui agit de manière détournée et collatérale, en s’appuyant sur le milieu de montagne pour repousser des gens de l’autre côté.

      Mais ne nous y trompons pas : la montagne n’est en rien une frontière naturelle et la frontière n’existe que parce qu’il y a la police pour la garder. La simple présence policière est suffisante pour contraindre des personnes à traverser la montagne sur des sentiers isolés et ardus. Beaucoup des exilé·es qui arrivent dans les Hautes-Alpes ne connaissent pas le milieu de montagne et n’ont pas connaissance de certains réflexes préventifs contre les risques (risques d’avalanche en hiver, ravins et chutes de pierres…) ; quasiment aucun·e d’entre elles et eux ne connaît la géographie de l’endroit et n’a idée de la distance à parcourir ni des sentiers qu’iels peuvent prendre pour parvenir de la manière la plus sécurisée à Briançon. Enfin, aucune des personnes qui arrive dans les derniers villages italiens dans l’intention de traverser la montagne n’est équipée, pour la marche, ou contre le froid ; ni même équipée en eau ou en nourriture.

      C’est ainsi que des personnes qui se perdent en montagne, comme cela arrive très régulièrement, peuvent se mettre en danger de mort. Le 18 mai, le corps d’une personne identifiée comme Alpha Diallo a été retrouvé dans la commune des Alberts, sur le versant du col du Montgenèvre. Il a sans doute succombé suite à une chute mortelle. Le 17 mai, un homme arrive au Refuge Solidaire témoignant de la disparition d’un ami avec lequel il marchait depuis des jours depuis Turin, et avec lequel il s’est perdu ; son ami serait tombé d’épuisement, quelque part sur la route. Le 25 mai, une personne a été retrouvée morte suite à la fonte des neiges dans la commune de Bardonecchia. Aucune de ces morts n’est naturelle car aucune de ces personnes ne se trouvait perdue dans la montagne par hasard.

      La responsabilité plus directe des agents de la police aux frontières apparaît dans toutes les situations de non-assistance à personne en danger. En effet, une grande partie des exilé·es qui cherchent à rejoindre la France le font parce qu’iels ont besoin de soins médicaux auxquels iels ne parviennent pas à avoir accès en Italie. Beaucoup arrivent à la gare de Bardonecchia ou Oulx déjà malades ou vulnérables. La pratique du refoulement, à Clavière ou Bardonecchia, de personnes en situation de grande vulnérabilité, montre que la mise en danger des personnes exilées par la police n’est pas indirecte et ne repose pas que sur des attitudes passive : elle est bien une action.

      En plein hiver, quand les températures au col de Montgenèvre avoisinaient les -10°C, reconduire délibérément des gens dans la rue à Clavière (premier village italien en haut du col) alors qu’ils ne sont pas équipés contre le froid et n’ont aucun endroit où s’abriter est un acte de mise en danger. Quelle que soit la saison, renvoyer côté italien (a fortiori des femmes enceintes, des enfants, des personnes malades) tout en sachant qu’iels n’ont pas d’autre choix que de retenter de passer par la montagne jusqu’à y parvenir, est un acte de mise en danger. Le 11 juin, les agents de la PAF ont par deux fois refoulé un mineur gravement malade qui avait besoin d’une prise en charge médicale d’urgence. Loin de le conduire à l’hôpital de Briançon, situé à 20 minutes de la frontière, les forces de l’ordre ont conduit le jeune malade jusqu’à Clavière (Italie) et l’ont déposé sur le bord de la route ; quand il s’est représenté plus tard dans la même journée, on lui a à nouveau refusé l’accès au territoire français, et donc aux soins médicaux, sur la base d’une consigne de la préfète. La personne a dû être prise en charge à l’hôpital de Suse, à plus de 45 minutes de route.

      Le danger du refoulement n’a que trop bien été prouvé par la mort de Beauty, qui avait tenté de rejoindre la France, avait été arrêtée puis ramenée par la police française devant la gare de Bardonecchia, alors qu’elle était enceinte et atteinte d’un cancer ; elle a expiré à l’hôpital de Turin, le 25/03, dans les semaines qui ont suivi son refoulement.

      Il est intéressant de constater que le milieu de montagne accomplit exactement les fonctions qui sont celles du dispositif frontalier en Europe. Les risques de la montagne, illustrés par des cas emblématiques de blessés ou de morts (mais pas trop quand même, ce serait mauvais pour l’image de la France) assurent la fonction de dissuasion qui sert à prévenir les futures arrivées. La difficulté de la marche en montagne assure la fonction de tri des étranger·es, sur la base de la force physique, puisque seul·es les plus résistant·es parviendront à traverser. Le milieu de montagne est intégré au dispositif frontalier dont il agit comme un ressort important.

      La police aux frontières ne tue pas ; la frontière tue. La mort n’est jamais directement administrée par la police : causée directement par le milieu naturel, elle relève de la responsabilité partagée des Etats italien, qui par le traitement indigne des personnes exilées pousse celles-ci à fuir, et français, qui militarise sa frontière.

      Les politiques migratoires françaises et européennes ne sont pas de celles qui exterminent de manière ciblée et radicale une partie de la population. Elles reposent sur tout un dispositif qui, mécaniquement, en mer, en ville ou en montagne, va pousser au risque jusqu’au danger de mort celles et ceux qui s’y affronteront parce qu’iels n’ont pas le choix. C’est ce que S. Le Courant et C. Kobelinsky, dans La mort aux frontières de l’Europe (2017), appellent le laisser-vivre ou laisser-mourir de la frontière contemporaine. Ainsi qu’ils le soulignent, c’est le type de politique adapté au contexte économique néolibéral qui caractérise nos sociétés : ainsi, on va pouvoir canalyser un flux migratoire en laissant un peu entrer, quand c’est utile, en bloquant, quand c’est utile. La préservation de la vie, ou l’abandon à la mort, des individus, rentre dans ce calcul-là1.

      A la frontière franco-italienne des Hautes-Alpes, c’est ce jeu de blocage partiel qui est administré depuis un an, car si l’Etat souhaitait fermer complètement la frontière et bloquer réellement les exilé·es, il y parviendrait facilement. C’est pour cela qu’aucune des violences mentionnées dans cet article ne peut être comprise comme une simple bavure. La mise en danger des individus par la traversée fait l’objet d’un jeu politique, elle augmente et diminue comme un flux avec des périodes d’intensité de violences policières, souvent accompagnées de menaces à l’encontre des européen·nes solidaires, et des périodes plus calmes : on laisse un peu vivre, ou un peu mourir, selon ce qui est le plus efficace politiquement.

      CONCLUSION

      Une grande partie des données et des témoignages mentionnés dans cet article ont pu être recueillis grâce à l’existence d’un lieu solidaire localisé à Clavière, dans le premier village italien après le poste-frontière de Montgenèvre. Dans cette salle paroissiale occupée depuis le 22 mars 2018 par des militant·es français·es, italien·nes, et des personnes exilées, a ouvert un Refuge Autogéré surnommé avec autodérision “Chez Jésus“. Depuis quatre mois, ce lieu a permi d’agir contre la mise en danger des personnes qui traversent la frontière, grâce des actions de prévention des risques, à des pratiques de soin et de repos pour les personnes malades ou fatiguées, surtout celles qui sont refoulées après avoir déjà tenté la traversée. Il permet également de voir et de rendre visible toutes les violences subies par les personnes attrapées, enfermées, refoulées par la police aux frontières. Comme un pied dans une porte qui se referme, il maintient depuis des mois une présence quotidienne, jour et nuit, littéralement sur la frontière, de personnes ouvertement solidaires des exilées, et vigilantes aux violences policières.

      Ce refuge se revendique comme un lieu de lutte contre la frontière et le régime de violence qu’elle instaure. Les pressions policières et politiques auxquelles il fait face, ainsi que les militant·es qui le fréquentent, sont évidemment très fortes. La semaine dernière, des menaces d’expulsion ont été annoncées ; quelques jours plus tard, le lieu été agressé par des habitants locaux.

      De la même manière que les actions menées depuis un an par les habitant·es solidaires du Briançonnais, l’activité du lieu Chez Jésus montre que si la violence est intrinsèquement liée au dispositif frontalier, elle n’est pas une fatalité et il est possible de s’organiser pour résister contre elle. Les menaces d’expulsions explicites mettent danger l’activité du lieu. Un soutien humain (besoin de bras et de volontés supplémentaires), matériel ou financier, et surtout politique (en diffusant un discours de solidarité envers ce lieu), est vital pour que toutes les actions déployées depuis plusieurs mois continuent et que la résistance solidaire maintienne son pied dans la porte de la frontière.

      https://derootees.wordpress.com/2018/07/12/mort%c2%b7es-en-montagne-le-role-politique-de-la-violence-polic

    • À Briançon, l’urgence de sauver des vies

      [Alerte presse CAFFIM/Anafé]

      Mercredi 5 décembre 2018

      Nos associations (Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans frontières, Secours Catholique - Caritas France et l’Anafé) alertent sur l’insuffisance de prise en charge et sur les refoulements systématiques d’hommes, de femmes et d’enfants qui tentent de franchir la frontière franco-italienne, dans la région de Briançon, souvent au péril de leur vie, alors qu’un froid hivernal commence à s’installer.

      « Plus de trente personnes ont dû être secourues depuis l’arrivée du froid, il y a un mois, et nous craignons des disparitions. Certaines personnes n’ont pas de téléphones portables, rien sur le dos, alors qu’il fait -10°C dehors. Comment fait-on pour dormir tranquillement, alors qu’on craint que chaque nuit un accident mortel ne se produise dans nos montagnes ? », s’alarme Michel Rousseau de l’association briançonnaise, Tous Migrants.

      Les témoignages reçus indiquent que les personnes migrantes prennent de grands risques pour arriver à Briançon, malgré les alertes qu’elles reçoivent sur les dangers. Outre l’emprunt de chemins escarpés et enneigés, elles font face aux risques de courses-poursuites avec les forces de l’ordre dans les montagnes et à celui d’être refoulées vers Clavière, premier village italien où aucun lieu d’accueil n’existe et ce, malgré les températures négatives.

      « Les personnes refoulées en pleine nuit vers Clavière ont vécu de graves traumatismes, notamment lors du passage de la frontière. Elles ont besoin d’un accueil dans ce village. Pourtant les militants qui souhaitent leur venir en aide craignent d’être poursuivis en justice au titre de ce qui est appelé le « délit de solidarité », ajoute Agnès Lerolle, chargée de coordination des acteurs locaux engagés auprès des personnes migrantes à la frontière franco-italienne.

      « Nous soutenons les acteurs locaux qui chaque jour agissent auprès de ces personnes pour leur apporter une aide humanitaire et demandons aux autorités que ces hommes, femmes et enfants soient pris en charge tel que l’exige le droit », ajoute-t-elle.

      L’hiver dernier, trois personnes migrantes – à notre connaissance – ont trouvé la mort dans la région. La situation mérite une réponse humanitaire et juridique immédiate avant qu’un nouveau drame arrive. Les frontières françaises ne peuvent continuer à être des zones où le droit n’est pas appliqué. Les personnes migrantes doivent pouvoir y trouver la protection à laquelle elles ont droit, conformément aux textes internationaux, européens et français en vigueur.

      Des porte-parole et spécialistes sont disponibles pour des interviews.

      Reçu par email via la mailing-list Migreurop

    • RASSEMBLEMENT EN HOMMAGE À FALAH SAMEDI À MIDI à la MJC-centre social du Briançonnais

      Une collecte sera organisée pour la famille de Falah.
      Apportez un plat à partager

      Notre ami Falah est mort à Bourges jeudi 29 novembre. Pour sauver sa vie, il avait quitté son pays le Soudan et traversé les frontières.
      Il espérait trouver la paix, recommencer sa vie. Il attendait encore...
      A Briançon, il avait été accueilli par la MJC en octobre 2016 (deuxième CAO). Avec lui, nous avions marché pour le droit d’asile et pour la dignité.
      Il était notre ami, notre frère, notre filleul républicain... et nous l’aimions.
      Paix à sa belle âme.


      https://www.facebook.com/tousmigrants/photos/a.1705527143012191/2305574523007447/?type=3&theater

      Je n’en sais pas plus... je ne connais pas les causes de son décès... quelqu’un en sait plus ?

    • Parce que quand on en ferme un... il y en a certainement un autre qui va ouvrir...
      Un nouveau refuge autogeré s’ouvre

      Aujourd’hui a été ouverte la CASA CANTONIERA à Oulx, un bâtiment vide et inutilisé depuis des décennies. À partir d’aujourd’hui, il s’agit de lui redonner vie : contre les frontières et le diapositif qui les soutient et les détermine. Contre le Décret Salvini et sa politique de répression et de guerre aux pauvres. Pour un monde où toustes puissent choisir où et comment vivre.
      La situation à la frontière continue à empirer : la militarisarion est croissante, l’hiver est désormais arrivé. Le système de contrôle et de gestion toujours plus fort vient s’imposer sur toustes celleux qui, sans les bons papiers, continuent à vouloir traverser cette ligne imaginaire appelée frontière. Le Refuge Autogeré Chez Jesus, local occupé sous l’église de Clavière, a été expulsé depuis presque deux mois. Depuis ce jour, les personnes qui se perdent et risquent leur vie et leurs membres en montagne sont toujours plus nombreuses, aussi car elle n’ont ni les informations ni l’habillement adapté pour affronter le voyage. Sans espace et sans temps pour pouvoir s’organiser, se reposer, et repartir.
      Ce lieu veut egalement être cela.
      Un refuge autogeré pour celleux qui sont de passage, et qui ont besoin de plus de temps pour s’organiser que les quelques heures nocturnes offertes par les salesiens.
      Un lieu pour pouvoir s’organiser, contre les frontières sur ces montagnes ainsi que contre celles en ville, et le système qui leur est relié.


      http://www.passamontagna.info/?p=646&lang=fr

    • Migrants brave treacherous route through the Alps chasing dreams of asylum in France

      European leaders met in Brussels on Thursday, hoping to find a solution to the ongoing migrant crisis. Nearly 116,000 people have arrived in Europe this year by sea, mostly from North Africa, with 23,000 making it to Italy.

      But the Italian government is now cracking down on them. Hundreds are fleeing elsewhere, exposing themselves to new dangers.

      Sneaking through an Alpine pass and carrying what they could, CBS News was with a group of migrants as they tried to avoid being caught by French police who catch the vast majority and send them back to Italy. But the migrants are trying to cross the border into France in search of opportunities and a better life. When a car light comes on, everyone crouches down to try and hide.

      With safer routes blocked, thousands of ill-equipped migrants try the deadly route though the Alps. Some came from Africa, unaccustomed to snow or subzero temperatures.

      Dajabi is from the Ivory Coast. CBS News first met him at an Italian train station where many start the trip.

      “This is very, very difficult. This road is not for children,” he said, even though he is only 15 years old.

      Many of the migrants are from former French colonies, speak the language and dream of a future in France. In Italy, migrants are faced with an increasingly hostile environment and a new “security” law that could strip migrants’ benefits.

      The group followed GPS and their gut, traversing mountainous terrain and deep snow until they finally reached France. On Thursday, at a migrant refuge, they were exhausted but relieved.

      Lacina, 16, from Mali, said they wanted to come, so God made it happen.

      At the border between Italy and France, French police are returning a couple of migrants that they caught. Migrants are often found in the woods with hypothermia and frostbite. Last year at least three of them died along the way.

      https://www.cbsnews.com/news/migrants-brave-treacherous-route-through-the-alps-chasing-dreams-of-asylum-

    • Frontière franco-italienne – Briançon : nouvelles arrestations de maraudeurs solidaires

      Avec ses partenaires, La Cimade s’inquiète des nouvelles arrestations de maraudeurs solidaires dans la région de Briançon alors que les températures descendent sous les -15 degrés.

      Action collective

      Jeudi 13 décembre dans la nuit, trois personnes ont été arrêtées par la police à Briançon alors qu’elles portaient secours à des exilé·e·s par une température de – 15 degrés. Parmi les cinq personnes secourues, quatre étaient des mineurs voyageant seuls dont deux auraient été pris en charge au Refuge solidaire. Deux des maraudeurs ont été convoqués en audition libre vendredi 14 décembre. Le troisième est convoqué mercredi 19 décembre.

      Un peu plus tôt dans la journée, les « 7 de Briançon » avaient été condamné·e·s par le tribunal de Gap à de lourdes peines. Ce jugement a soulevé l’indignation des militant·e·s et organisations qui œuvrent pour défendre les droits des personnes exilées. Tous dénoncent les poursuites contre les personnes solidaires accusées de « délit de solidarité ».

      Malgré ces condamnations et face à la situation d’urgence en montagne, les maraudeurs du Briançonnais ont annoncé qu’ils et elles continueraient à venir au secours des personnes exilées à leur arrivée sur le territoire en leur apportant thé, nourriture, chaussures, vêtements chauds dans le village de Montgenèvre (maraudes que l’on peut désormais suivre sur https://twitter.com/nos_pas).

      Depuis, de nombreuses personnes se sont perdues en montagne et ont pu être secourues par des maraudeurs solidaires, alors que les conditions climatiques dans le Briançonnais sont extrêmes. Les personnes arrivent souvent transies de froid, en hypothermie, avec parfois des gelures et des blessures.

      En cette Journée internationale des migrants (où de nombreuses mobilisations sont prévues partout en France), nous rappelons à nouveau que les maraudes permettent de sauver des vies mises en danger par des politiques migratoires répressives et meurtrières pour des exilé·e·s. Par ailleurs, et à l’image de la CNCDH dans sa recommandation n°12, nous réitérons notre appel à mettre fin définitivement à la criminalisation des solidaires.

      Premiers signataires
      Organisations
      ACORT – L’assemblée citoyenne des originaires de Turquie
      Accueillir à Valleraugue
      ADA-Accueil Demandeurs d’Asile
      ADDE
      ADMIE (Association pour la Défense des Mineurs Isolés Etrangers)
      ADN – Association pour la démocratie à Nice
      AED (Association des avocats européens démocrates)
      AHSETI (Association Havraise de Solidarité et d’Echanges avec Tou-tes les Immigré-e-s)
      AID (Association Initiatives Dionysiennes)
      Alternatiba
      Alternative libertaire
      Alternatives et Autogestion
      AMDH MAROC
      Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers)
      ANV-COP21
      ARCI
      ASEFRR EVRY (Association de Solidarité en Essonne avec les Familles Roumaines Roms)
      ASSOUEVAM (Association de soutien aux étrangers du Val de Marne)
      ASTI ROMANS (26)
      ATMF (Association de Travailleurs Maghrébins de France)
      Auberge des Migrants
      Bagagérue
      Barbed Wire Britain (UK)
      CEDETIM
      Cercle Louis Guilloux
      La Cimade
      La Cimade 66
      Citoyens Solidaires 06
      Collectif Haïti de France
      Collectif Droit de Rester, Fribourg (Suisse)
      Collectif Droit de Rester, Lausanne (Suisse)
      Collectif Loire « Pour que personne ne dorme à la rue » / “Un Toit c’est Tout” / “Un Toit pas sans Toit”
      Collectif migrant.e.s bienvenue 34
      Collectif Poitevin D’ailleurs Nous Sommes d’Ici
      Collectif R, Lausanne (Suisse)
      Collectif réfugiés du Vaucluse
      Collectif de soutien de l’EHESS aux sans-papiers et aux migrant-es (LDH)
      Collectif Voisins Solidaires de Mézy (78)
      Comede
      Comegas (Collectif des Medecins Généralistes pour l’Accès aux Soins)
      CNR (Collectif Nation Refuge)
      CRID
      DIEL
      Droits devant !!
      Emmaüs International
      FASTI
      Fédération Sud Education
      Forum Civique Européen
      GASPROM de Nantes (ASTI)
      GISTI
      Habitat&Citoyenneté
      IPAM
      Itinérance Cherbourg
      Jarez Solidarités
      Justice & Libertés 67 (Strasbourg)
      Kolone
      LDH
      LDH 06
      LDH PACA
      LDH Tarbes Bagnères
      Mom o’chaud en Aveyron
      MRAP
      MRAP 84
      Paris d’Exil
      PeopleKonsian
      Pratiques
      Refuges Solidaires
      RESF 13
      RESF 23
      RESF 48
      RESF 63
      RESF 65
      Réseau Foi Justice Afrique – Europe
      Revue Vacarme
      RITIMO
      Roya Citoyenne
      RSM 89 (réseau de soutien aux migrants 89)
      SAF (Syndicat des avocats de France)
      Secours Catholique – Caritas France
      SMG
      Solidaire 05
      Solidarité Migrants Graulhet (tarn, 81)
      Solidarité sans frontières (Suisse)
      Solidarity Watch
      SOS Asile Vaud
      Terre d’errance Norrent-Fontes
      Terre Des Hommes France, délégation de la Loire
      Tous Citoyens !
      Tous migrants
      TPC Maison Solidaire
      Turbulences
      UCIJ (Collectif Uni.e.s Contre une Immigration Jetable de la région nazairienne)
      UJFP
      Union syndicale Solidaires
      Union départementale Solidaires 79
      Utopia56
      Personnalités
      Lucile Abassade, Avocate au barreau de Bobigny
      Michel Agier, EHESS/IRD
      Christina Alexopoulos – de Girard, Psychologue clinicienne, anthropologue
      Jean-Claude Amara, Porte-parole de Droits devant !!
      Nasr Azaiez, Avocat au barreau de Paris et au barreau de Tunisie
      Anya Bakha, Médecin
      Florence Barthélémy, Bibliothécaire et militante
      Gilbert Belgrano, Retraité
      Emmanuel Blanchard, Président du réseau Migreurop
      William Bourdon, Avocat au barreau de Paris
      Vincent Brengarth, Avocat au barreau de Paris
      Mathilde Buffière
      Claude Calame, Historien, Directeur d’études à l’EHESS
      Françoise Carrasse
      Olivier Clochard, Membre du réseau Migreurop
      Fabien Cohen, Secrétaire général de France Amérique Latine (FAL)
      Mireille Damiano, Avocate, ancienne Présidente du Syndicat des Avocats de France
      Lionel Daudet, Alpiniste écrivain
      Marie-Madelaine Davée
      Martine Devries, Médecin à calais
      Bernard Dreano, Co-président du CEDETIM
      Patrice Dubosc
      Jean Dussine, Président d’Itinérance cherbourg
      Maxime Emmelin
      Eric Fassin, Sociologue, Université Paris 8
      Sonia Fayman, Sociologue, Cedetim-Ipam, UJFP
      Antonio Fernandes, Militant RESF48
      Paquerette Forest, Adhérente Tous Migrants
      Jacques Gaillot, Évêque de Partenia
      Anne-Marie Gautron
      Catherine Gégout, Ancienne Conseillère de Paris
      Marjane Ghaem, Avocate
      Guillaume Gontard, Sénateur de l’Isère
      Nadia Goralski, Institutrice retraitée Carpentras
      Anne Gorouben, Artiste
      Jacques Grange, Comédien, metteur en scène, auteur
      Gérard Grivet, Militant CFD-Terre solidaire St Etienne
      Augustin Grosdoy, Président honoraire du MRAP
      Kaddour Hadadi (HK), Chanteur
      Aline Hajduk, Retraitée
      Stéphanie Henry, Chargée de projets européens
      Marie Joinville
      Nicole Kahn
      Nastassia Kantorowicz Torres, Photographe indépendante
      Remi Kuentz
      Marie-Henriette La Rosa, Retraitée
      Paule Lachèvre, Auxiliaire de vie
      Aude Lagniet, Ancienne bénévole à l’association la maison solidaire de Saint Etienne
      Myriam Laïdouni-Denis, Conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes, EELV
      Aude Lalande, Bibliothécaire
      Véronique Lalauze, Bénévole aux refuges solidaires de Briançon.
      Catherine Larat, Retraitée
      Georges Le Bris, Maire-adjoint de Cans et Cévennes
      Renée Le Mignot, Co-présidente du MRAP
      Annie Léchenet, Professeure de philosophie
      Michèle Leclerc-Olive, CNRS, Présidente de CIBELE
      Rosanna Lendom, Avocate au Barreau de Grasse
      Jean-Marc Lévy-Leblond, Professeur émérite de l’université de Nice
      Pierre Mairat, Co-président du MRAP
      Dominique Mandart, Membre du Comité d’accueil des Réfugiés Drôme
      Jean-Louis Marolleau, Secrétaire exécutif du Réseau Foi et Justice Afrique Europe
      Jean-Pierre Meyer, Syndicaliste
      Brigitte Nessler, Bénévole La Cimade Lyon
      Brigitte Pavy
      Frosa Pejoska, Enseignante
      Claude Penotet
      Michel Peyrache,Militant bénévole retraité
      Valentin Porte, Prédisent à TPC Maison Solidaire
      Jean-François Quantin, Co-président du MRAP
      Gilles Roborg
      Mady Roborg
      Pierre Rode, Consultant en communication, bénévole, acteur
      Christophe Ruggia, Cinéaste, co-président de la Société des réalisateurs de films (SRF)
      Sania, Peintre
      Danielle Simon-Goehry, Bénévole sur la Côte d’Opale
      Nan Thomas
      Monique Treuil, Militante RESF 48
      Anaïs Vaugelade, Auteure
      Simone Vaucher, AEFJN
      Laure Vermeersch, Cinéaste

      https://www.lacimade.org/presse/frontiere-franco-italienne-briancon-nouvelles-arrestations-de-maraudeurs-s

    • ‘The Alps have always protected people,’ says Frenchman convicted of helping migrants


      When far-right activists last spring descended on the French town of Briançon to prevent migrants from illegally crossing the border, some Alp residents quickly joined forces to stop them. “These mountains have always protected people,” they insist.

      “The Briançon 7” - a group of four French, one Swiss, one Swiss-Belgian and one Italian - propelled into the spotlight in April after having taken part in a spontaneous march of solidarity in which they escorted some 20 migrants across the French-Italian border. On Thursday, they were convicted by a southeastern district court for assisting the migrants in illicitly entering France in an “organised” manner.

      “It’s ridiculous!,” Mathieu Burellier, one of the “Briançon 7” activists told FRANCE 24 in an interview. “It’s out of the question to allow a group of fascists to come and roam around here around our homes, leaving people to die up there in the mountains. We couldn’t let that happen.”

      Burellier, who was also convicted of rebellion, was handed a four-month prison sentence along with another Frenchman, while the five others were given suspended six-month sentences.

      Their convictions have sparked outrage among rights groups, who have launched petitions and staged numerous protests to have the ruling annulled by the court.

      Locals turned activists

      The group’s “act of solidarity” is the second high-profile case in France in little over a year in which locals step in to try to help migrants. Last year, Cédric Herrou, an organic olive grower from southern France, was fined and handed a four-month suspended sentence for helping some 200 migrants illegally enter France from Italy. He also sheltered many of them at his farm. On December 12, however, France’s top appeals court overturned Herrou’s sentence. This came after the French Constitutional Council in July ruled that people cannot be prosecuted for helping migrants in distress, citing France’s emblem principle of solidarity. But the constitutional council ruling does not cover the act of directly facilitating illegal border crossings.

      Burellier, who is a Briançon resident himself, said the 15-kilometre march over the French Alps occurred “totally spontaneously”, and came as a response to a group of activists from the French far-right “Génération Identitaire” and the European anti-migrant “Defend Europe” turning up in the tiny town of 12,000.

      “Some of these guys had driven in from Germany and Slovenia. They started blocking the border on the Saturday and word quickly spread around town that they were out hunting migrants. There were also reports that some migrants had been beaten up,” 35-year-old Burellier said. “We didn’t know what to do. We had the choice of either trying to get rid of these neo-Nazis by confronting them by force, which we didn’t want to, or to find some other way to protect the migrants,” he said, noting that night-time temperatures dropped to between -5 and -10 degrees Celsius at the time.

      “Three migrants died up there last winter. We can’t let these mountains become a cemetery.”

      By Sunday morning, Alp residents on both sides of the border had settled on providing the migrants safe passage by escorting them over a mountain pass. “All in all there were like 200 of us; migrants, Italians, French and Swiss.”

      Partisan heritage

      “It’s part of our [Hautes-Alpes] partisan history and heritage to help out those in need. These mountains have always protected people,” he said, referring to the region’s long history of providing refuge for people persecuted for their religious or political views, especially during World War II.

      Burellier, who claims he never crossed the border himself but joined the march once it had already reached France, said he was never worried that there would be any legal repercussions to the rally.

      “It was a demonstration. I’ve taken part in hundreds in my life, so no, I was neither worried nor afraid,” he said.

      He said he was shocked when he learned that he faced charges over it, and stunned when the court this week finally delivered its verdict.

      “The court had two choices: to side with those advocating solidarity, or condemn people [in need] to death. It chose death. It’s a clear message for all the people in the Briançon valley who show solidarity,” he said, adding that the “Briançon 7” will appeal the ruling.

      In the beginning of December, a number of aid groups, including Amnesty International, Anafé, La Cimade and Doctors Without Borders, issued a warning about the potentially deadly situation for migrants trying to cross the French-Italian border via the Alps this winter.

      “More than 30 people have had to be rescued since the beginning of winter a month ago, and we fear deaths. Some people don’t have mobile phones or sufficient clothing,” they said in a joint statement, also lambasting authorities for threatening people with penalties for helping them.

      Burellier said that despite his conviction, he is prepared to take the risks. “It’s already -17 degrees Celsius out there and we’ve got to do what we can to prevent more deaths.”

      https://www.france24.com/en/20181216-france-alps-migrants-mountains-activists-convicted-winter-deaths-

    • Des personnes interpellées par la police pour avoir secouru des exilés en détresse dans les Alpes, par -15°C

      Alors que le froid hivernal saisit les Alpes, des citoyens ont été arrêtés par la police en fin de semaine dernière alors qu’ils portaient secours à des exilés en détresse. Un collectif réunissant plus de 100 organisations et personnalités sonnent l’alerte. Les maraudes permettent de sauver des vies, rappellent-ils. Il est temps de mettre fin à la criminalisation des aidants mais surtout aux politiques migratoires meurtrières. Nous relayons leur alerte.

      Nouvelles arrestations de maraudeurs dans les Alpes : des associations donnent l’alerte

      Jeudi 13 décembre dans la nuit, trois personnes ont été arrêtées par la police à Briançon alors qu’elles portaient secours à des exilé·e·s par une température de -15 degrés. Parmi les cinq personnes secourues, quatre étaient des mineurs voyageant seuls dont deux auraient été pris en charge au Refuge solidaire. Deux des maraudeurs ont été convoqués en audition libre vendredi 14 décembre. Le troisième est convoqué mercredi 19 décembre.

      Un peu plus tôt dans la journée, les « 7 de Briançon » avaient été condamné·e·s par le tribunal de Gap à de lourdes peines. Ce jugement a soulevé l’indignation des militant·e·s et organisations qui œuvrent pour défendre les droits des personnes exilées. Tous dénoncent les poursuites contre les personnes solidaires accusées de « délit de solidarité ».

      Malgré ces condamnations et face à la situation d’urgence en montagne, les maraudeurs du Briançonnais ont annoncé qu’ils et elles continueraient à venir au secours des personnes exilées à leur arrivée sur le territoire en leur apportant thé, nourriture, chaussures, vêtements chauds dans le village de Montgenèvre (maraudes que l’on peut désormais suivre sur https://twitter.com/nos_pas).

      Depuis, de nombreuses personnes se sont perdues en montagne et ont pu être secourues par des maraudeurs solidaires, alors que les conditions climatiques dans le Briançonnais sont extrêmes. Les personnes arrivent souvent transies de froid, en hypothermie, avec parfois des gelures et des blessures.

      En cette Journée internationale des migrants (où de nombreuses mobilisations sont prévues partout en France), nous rappelons à nouveau que les maraudes permettent de sauver des vies mises en danger par des politiques migratoires répressives et meurtrières pour des exilé·e·s. Par ailleurs, et à l’image de la commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans sa recommandation n°12, nous réitérons notre appel à mettre fin définitivement à la criminalisation des solidaires.

      https://www.bastamag.net/Des-personnes-interpellees-par-la-police-pour-avoir-secouru-des-exiles-en

    • Confine Italia-Francia: torna lo spettro dei “reati di solidarietà”

      Tutti condannati i sette attivisti che lo scorso 22 aprile avevano manifestato in solidarietà con i migranti da Claviere a Monginevro: l’accusa è di favoreggiamento dell’immigrazione clandestina – motivata dal fatto che alcuni stranieri irregolari avevano approfittato del corteo per attraversare il confine tra Italia e Francia – mentre l’aggravante della banda organizzata era caduta subito durante l’udienza dell’8 novembre.

      A Gap, capoluogo del dipartimento delle Alte Alpi, la sentenza del 13 dicembre ha convalidato le richieste del procuratore Raphaël Balland: Benoit Ducos, Lisa Malapert, Théo Buckmaster, Bastien Stauffer e l’italiana Eleonora Laterza sono stati condannati a sei mesi con la condizionale, mentre Jean-Luc “Juan” Jalmain e Mathieu Burellier a dodici mesi, di cui otto con la condizionale e quattro da scontare in carcere. Burellier dovrà anche pagare un risarcimento di quasi seimila euro per aggressione a pubblico ufficiale.
      Fischi e proteste in difesa della solidarietà ai migranti

      Sconcerto e indignazione fuori dal tribunale, dove la decisione del giudice è stata accolta con un coro di fischi dai sostenitori accorsi per testimoniare la propria solidarietà agli imputati. La manifestazione di aprile, a cui aveva partecipato un centinaio di persone, era stata organizzata grazie al passaparola del movimento Tous migrants e degli altri gruppi che sui due versanti delle Alpi da alcuni anni si prodigano nell’accoglienza dei rifugiati.

      In particolare, questa marcia era una risposta al presidio improvvisato il giorno prima da Generazione identitaria, un gruppo di estrema destra che per giorni, senza autorizzazione, aveva piantonato il colle della Scala, che congiunge il Piemonte alla Val de la Clarée in Francia, con l’intenzione di bloccare chiunque cercasse di passare il confine senza documenti.

      Da Claviere a Monginevro: processo a chi manifestava

      Il processo si era aperto lo scorso 8 novembre davanti al Tribunale correzionale di Gap con un’udienza durata 17 ore: interrogati, gli imputati avevano risposto che si erano limitati a partecipare a una manifestazione pacifica, senza l’intenzione di accompagnare persone senza permesso di soggiorno oltre confine. «Non potevamo permettere che le nostre montagne fossero militarizzate e occupate dai fascisti», ha ribadito Benoît Ducos dopo la lettura della sentenza, sottolineando che nel frattempo nulla è stato contestato dalle autorità ai militanti di Generazione identitaria, nonostante le numerose infrazioni commesse dal gruppo, dall’occupazione abusiva di suolo pubblico al fermo di persone senza autorizzazione.

      Ducos, che fa parte dell’associazione Tous migrants, ha ricevuto il premio “Mediterraneo di pace” per aver trasportato all’ospedale sulla sua auto una donna incinta, gesto per cui a marzo era stato indagato per favoreggiamento dell’immigrazione clandestina, inchiesta finita poi nel nulla.

      «La giustizia ha deciso di non procedere nei confronti dei fascisti di Generazione identitaria, ma di accanirsi su chi aiuta i più deboli – ha commentato Mathieu Burellier all’uscita dal tribunale – ed è un segnale molto grave: oggi lo Stato ha scelto la morte perché questa sentenza intima a tutti di lasciar crepare i migranti se non vogliono finire nei guai».

      Ai valichi Italia-Francia si gioca la solidarietà

      Eppure, soltanto il giorno prima, la Corte di Cassazione aveva deciso di invalidare la sentenza che condannava Cédric Herrou a quattro mesi, almeno per il capo d’imputazione che si riferiva all’aiuto dato in loco ai migranti: una buona notizia, che a molti era parso un timido segnale di inversione di tendenza sulla questione dell’accoglienza in Francia.

      La sentenza del 12 dicembre a favore di Herrou si basa infatti su una decisione del Consiglio costituzionale dello scorso luglio, che ha riconosciuto per la prima volta il valore costituzionale del principio di fraternità, mitigando in questo modo l’interpretazione del famigerato “reato di solidarietà”: diventa ora possibile aiutare stranieri in difficoltà sul territorio francese, ma resta netto il divieto ad agevolare l’attraversamento dei confini.

      Ora Herrou, simbolo della resistenza contro la chiusura delle frontiere in Val Roja, dovrà presentarsi davanti al tribunale di Lione per un nuovo processo. Mentre ai cosiddetti “sette di Briançon” non resta che fare ricorso davanti alla Corte d’Appello di Grenoble.
      Favoreggiamento dell’immigrazione clandestina?
      «Il tribunale ha preso una decisione politica»

      «Il tribunale di Gap – ha commentato a caldo l’avvocata Laura Martinelli, che da anni si occupa di fornire tutela legale agli immigrati – ha preso una decisione politica. Infatti, nonostante lo stesso procuratore avesse fatto cadere l’imputazione di banda organizzata, le accuse sono state portate avanti senza elementi che provassero effettivamente l’agevolazione dello sconfinamento di persone senza documenti. Una sentenza che convalida la gestione repressiva delle autorità alla frontiera, sia nei confronti dei migranti che dei cittadini solidali nei loro confronti».

      «In risposta all’ignobile presa di posizione dello Stato, che presenta come pericolose le persone che aiutano il prossimo, noi continueremo ad accogliere – ha detto Michel Rousseau, portavoce di Tous Migrants – chi arriva sulle nostre montagne. Abbiamo invitato il giudice a venire a vedere di persona la violenza e l’umiliazione che la polizia riserva ai più deboli proprio qui, alle porte d’Europa, dopo tutto quello che hanno già sofferto». L’indignazione porta ad un appello: «Dobbiamo presidiare le Alpi per evitare che diventino un cimitero, ora che l’inverno è di nuovo arrivato».

      La prima neve è caduta e di notte in montagna la temperatura scende diversi gradi sotto lo zero: l’anno scorso il gelo ha ucciso tre persone e i timori che accada di nuovo sono fondati. «C’è un posto, il confine, dove non ci sono regole – dice Agnés Ducos, attivista e moglie di Benoît – e dove i neri sono picchiati, maltrattati, umiliati. Condannando oggi chi è solidale con i migranti, la giustizia francese vuole mettere in difficoltà coloro che si battono sulla frontiera perché sono testimoni scomodi di quello che succede in questa zona franca, dove non esiste lo stato di diritto. Il nostro problema non sono le condanne di oggi, il nostro problema sono le persone che moriranno anche quest’anno alla frontiera».

      https://www.osservatoriodiritti.it/2018/12/18/confine-italia-francia-migranti/amp/?__twitter_impression=true

    • Briançon : les associations craignent que les migrants « meurent d’épuisement » dans la montagne

      Avec l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini en Italie et le durcissement de sa politique migratoire, les associations françaises de Briançon, à la frontière franco-italienne, craignent une arrivée massive de migrants par la montagne. Mais les sommets sont enneigés et les risques d’accident élevés.

      Les associations d’aide aux migrants à Briançon, dans les Hautes-Alpes, à la frontière franco-italienne, s’inquiètent d’un potentiel afflux de migrants dans les semaines à venir. En cause : le durcissement de la politique migratoire en Italie. « Le contexte en Italie a changé avec l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini. C’est un facteur d’aggravation de la situation pour nous », déclare à InfoMigrants Michel Rousseau, le porte-parole de l’association Tous Migrants à Briançon. « On craint de nouvelles traversées de la montagne dans les semaines à venir ».

      Michel Rousseau se dit particulièrement préoccupé par le sort des femmes et des enfants. « On a peur que des personnes vulnérables fuient l’Italie et s’aventurent dans les montagnes, vers le col de Montgenèvre, pour essayer de passer en France. Or, les familles ne sont pas préparées à ces traversées », s’inquiète le militant.

      Depuis la mi-novembre, la neige tombe dans les Hautes-Alpes, et « à 2 500 mètres d’altitude, il y a un mètre d’enneigement. La nuit, les températures descendent jusqu’à -10, -15 degrés », rappelle Michel Rousseau. Selon le bénévole, la traversée peut prendre plusieurs heures, en fonction des trajets empruntés et de la forme physique des migrants. « Entre la dernière ville italienne de Claviere et le Refuge de Briançon, il y a 17 km. Il faut au moins 3h de marche dans le froid glacial et la neige ».

      À ces nouvelles craintes d’arrivées, les associations redoutent les pressions policières. Depuis plusieurs mois, les forces de l’ordre patrouillent ponctuellement le long de la frontière. « On sait qu’il y a des renvois systématiques de migrants interceptés dans la montagne », continue Michel Rousseau. « C’est ce qu’on redoute le plus, que des personnes renvoyées vers l’Italie meurent de froid, d’accident, de fatigue là haut ». Car, selon le militant, pour chercher à éviter la police, des migrants prennent des risques. Dans des course-poursuites avec les forces de l’ordre, ils sortent des sentiers battus, se perdent, s’épuisent… « On craint les morts d’épuisement en montagne », précise-t-il.

      Michel Rousseau dénonce aussi les « ruses » dont feraient preuve certains agents. « Il y a des policiers très humains et bienveillants et il y en a qui se déguisent en randonneurs. Le souci, c’est que désormais quand les migrants voient des civils en montagne, n’importe quel civil, ils prennent peur, ils ne savent pas s’ils sont face à des bénévoles, des militants ou des policiers ».
      En attendant le retour de jours plus cléments, l’association Tous Migrants « encourage » les citoyens à « effectuer des maraudes ». « Plus de trente personnes ont déjà dû être secourues depuis l’arrivée du froid, il y a un mois », continue Michel Rousseau. « On ne demande pas aux gens d’être dans l’illégalité, mais de rester vigilant quand ils roulent en voiture dans la montagne. De regarder si personne n’est en difficulté. »

      Trois migrants ont déjà trouvé la mort dans la région, l’hiver dernier. « La situation mérite une réponse humanitaire et juridique immédiate avant qu’un nouveau drame arrive », expliquent les associations dans un communiqué publié la semaine dernière. « Les frontières françaises ne peuvent continuer à être des zones où le droit n’est pas appliqué ».

      http://www.infomigrants.net/fr/post/13894/briancon-les-associations-craignent-que-les-migrants-meurent-d-epuisem
      #hiver #neige #froid

    • Des migrants en perdition entre l’Italie et la France

      16.11.2018

      Un groupe de migrants africains a composé le 112 jeudi soir vers 21h45 alors qu’ils tentaient de traverser la frontière franco-italienne par la montagne. En difficultés dans la neige et perdus au beau milieu du domaine skiable de la Voie Lactée, ces exilés ont demandé l’aide des secours. La nuit étant tombée, les hélicoptères n’ont pas pu décoller. Les recherches ont démarré à pied. Dix migrants, a priori Maliens, ont été récupérés sains et saufs par les bénévoles italiens du Soccorso Alpino Piemontese appuyés dans leur mission par des pompiers et des carabinieri. Ils étaient dispersés sur le chemin, éparpillés entre le #col_Saurel et le #col_de_Gimont, vers 2400 mètres d’altitude. « Mais il se peut que d’autres personnes soient encore en danger et nous avons très peu d’informations sur la composition exacte de ce groupe » précise le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon qui va reprendre les recherches dès ce vendredi matin sur le versant français avec l’aide du détachement aérien de la gendarmerie afin de survoler la zone. Car selon les premiers éléments recueillis par les sauveteurs, le groupe pourrait être initialement composé de quatorze individus. La presse italienne avance que les quatre migrants non secourus seraient parvenus à entrer sur le territoire français.

      Ces migrants en perdition seraient partis de Claviere (Italie) le jeudi vers 10 heures afin de regagner Briançon (Hautes-Alpes) sans se faire repérer par les patrouilles de gendarmerie ni par les policiers chargés de surveiller la frontière dans le col de Montgenèvre. Mais ils ont été pris au piège de la montagne en pleine nuit. Vers 3 heures du matin, ils ont été transportés par des ambulances de la Croix-Rouge vers un centre d’accueil à Oulx. Ils ne sont pas blessés.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/11/16/des-migrants-en-perdition-entre-l-italie-et-la-france

    • Accoglienza a #Oulx.

      Ogni notte il piccolo centro di accoglienza di Oulx, in Val di Susa, ospita una trentina di persone: si tratta di migranti che tentano di passare il confine fra l’Italia e la Francia e vengono respinti alla frontiera. Chiese e associazioni del territorio sono coinvolte in questo lavoro di accoglienza.

      https://www.rsi.ch/rete-uno/programmi/cultura/chiese-in-diretta/Accoglienza-a-Oulx.-Natale-a-Ravecchia.-Il-Localone-di-Mendrisio-11140320.html

    • Rejected By Italy, Thousands Of Migrants From Africa Risk The Alps To Reach France

      At a ski resort in northern Italy’s Susa Valley, outside Turin, children scoot their way onto the bunny slopes as others make snow angels.

      But deeper in these woods, not far from the border with France, a dangerous and sometimes deadly scene unfolds.

      Just after midnight, Red Cross workers pick up a 28-year-old man, an African migrant. His pulse is weak and his breathing is shallow — classic symptoms of hypothermia. The altitude is 6,000 feet and it’s 10 degrees Fahrenheit, but he’s not even wearing a jacket — just a hoodie, jeans and sneakers. One of his rescuers, Alessia Amendola, pours him some hot tea.

      “Immigrants are trying to go from Italy to France, illegally of course,” she says. “We are in the mountains, where it’s really dangerous.”

      On average, she and other Red Cross volunteers rescue 15 migrants per night. But they have rescued as many as 40 in one night. Most are from sub-Saharan Africa. They’ve already risked their lives crossing the Mediterranean Sea from North Africa to Italy. Now they’re trying to get out of Italy, which has made clear it doesn’t want them. But this time, they’re in an unfamiliar Alpine climate.

      “They don’t even know what they are going to face,” Amendola says.

      The Red Cross team picks up another migrant, delirious from the freezing cold. His eyes roll back as he collapses into their van.

      “Wake up! Wake up,” says rescuer Michaela Macrì, as she slaps his cheeks.

      He too has hypothermia, and possibly frostbite on his hands and feet. For a moment, he wakes up and says his name — Seidu. He’s from Senegal. He says he’s 14.

      In this border region, an estimated 5,000 migrants have attempted to cross into France in 2018, according to local municipalities and aid groups. About half make it — local municipalities say more than 2,000 have crossed since last spring. But many don’t.

      “We found several bodies of migrants this spring during the thaw,” says Paolo Narcisi, a doctor and the president of Rainbow For Africa, an Italian nonprofit medical organization. “But some bodies we’ll never recover. Because there are wild animals. Or the bodies decompose. If you don’t know the way, it’s easy to wind up off a cliff. And no one will ever find you.”

      To understand why migrants are taking such deadly risks to leave Italy, look no further than the country’s vice premier and interior minister, Matteo Salvini. In late November, his government passed a law that eliminates humanitarian grounds for granting asylum to people who are not fleeing political persecution or war.

      “You’re not fleeing war. You’re not escaping torture. What do you have to do? Go back to your country,” Salvini said during an interview with Italian broadcaster RAI shortly after the law passed. “We already have 5 million Italians living in poverty. So I can’t host hundreds of thousands of other people from the rest of the world.”

      In 2017, roughly 130,000 people applied for asylum in Italy, second only to Germany in the European Union for the number of first-time applicants. Refugee status was granted to 6,827 people; about 27,000 others received other forms of protection.

      More than 119,000 migrants arrived in Italy by sea in 2017, according to the U.N. migration agency. Figures from the Italian interior ministry show a dramatic drop in 2018, with only 23,011 migrants and refugees arriving — a decline of more than 80 percent.

      Migrants started passing through the Alps to France even before the recent immigration law. After terrorist attacks in Paris in 2015, France reinstated border controls with Italy. That sparked a wave of migrants who sought to cross the border in temperate conditions near the Mediterranean coast.

      Starting last spring, French police cracked down on undocumented migrants crossing the border, prompting migrants to move to the Alpine north, where border controls are more difficult to enforce.

      The United Nations has blasted Italy’s new law, warning it will violate human rights and fuel hate, as well as make it harder for migrants to access shelters. It’s feared that thousands will wind up living on the streets.

      Two migrants who are living on Italy’s streets are Abdul Razak and Harouna Waija, both 22 years old and from Ghana. Razak left because of poverty, he says; Waija because he converted from Islam to Christianity. His family wanted to kill him as a result, he says.

      In a train station near the French border in December, they are suiting up to cross the Alps. It is the first time they’ve seen snow. What looks like a second pair of jeans is coming out the ankles of Waija’s pants.

      “It’s five,” he says. He’s wearing five pairs of pants.

      Razak says he understands the risks and has nothing to lose. They’ve been sleeping on the streets after failing to gain asylum in Italy. The mountains can’t be much worse, he reasons.

      “I’m worried, but I have to try,” he says. “I want a better life.”

      The two agree to let me follow along, and are joined by four other French-speaking migrants.

      The odd car whizzes by on the nearby highway as snow crunches beneath their feet. It’s pitch-dark outside — easier to evade detection, but also easier to get lost.

      A passerby pulls over and points them toward the border. Soon, they’re in the woods, just a few feet from a border post flying the French flag — and French gendarmes patrolling the frontier.

      Whispers of “la police” ripple through the group. If they get any closer, they risk being caught.

      They change course again, and decide to take their chances deeper in the woods. To the left, there’s a ravine they want to cross. The other side is completely covered in trees they can use for cover.

      I walk with them for about 200 yards, until the snow starts coming up to my knees. I hear water running nearby, and worry about falling blindly into an icy river. I say goodbye and turn back, and the six migrants disappear into the darkness.

      The next morning, I get a call from Abdul Razak. He tells me he made it across the border to France. But after four hours of wandering in the snow, he was caught by French gendarmes and sent back to Italy.

      Harouna Waija wound up in an Italian hospital, where a nurse says he was treated for exposure. After a few hours on an IV drip, he’ll be okay.

      “Yesterday the cold was freezing me,” he says, with an audible shiver still in his voice. “My blood was frozen. It was very difficult.” Going through the icy Alps, he says, is “not a good way. I’m regret.”

      For now, the two are resigned to staying in Italy. Once spring comes and the snow melts, that’s another story, they say. The seasons will change. Italy’s crackdown on migrants might not.

      https://www.npr.org/2019/01/01/679840656/rejected-by-italy-thousands-of-migrants-from-africa-risk-the-alps-to-reach-fran

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      Commentaire de Polly Pallister-Wilkins sur twitter :

      This piece from @NPR is frustrating in characterising border crossing of the Col de L’Écelle as ’illegal’. It isn’t. The people who are crossing have been illegalised. These distinctions matter because the it is this illegalisation that causes deaths.
      Crossing the Col de L’Échelle is not illegal. I do it a lot. It’s about whose crossing is deemed illegal that matters. It’s about those that have been made illegal by Italy’s asylum system. Crossing itself is not illegal. #violentborders


      The Italian-French borderline on the way to the Colle della Scala/Col de l’Échelle... easy crossing if you’re white.

      The road from Bardonecchia-Melezet and the Pian del Colle golf club up to the plateau of the Col itself at 1,762m, the lowest of the cols in these parts

      Other cols on or close to the Italian-French border in this region of Hautes-Alpes/Savoie/Piedmont region are Montgenèvre at 1,860m and more populated; the exposed Mont Cenis at 2,083m; and the beast of Col Agnel/Colle Dell’Agnello at 2,744m.
      Col Angel/Colle Dell’Agnello is the third highest paved road pass in the Alps, after the Stelvio Pass and Col de l’Iseran. Very different to and almost 1,000m higher than the Col de L’Echelle.

      The Col de l’Échelle (pics 1 and 2) kills but it is chosen because it is relatively safer and passable in winter than other crossing points like Col Agnel (pics 3 and 4).

      https://twitter.com/PollyWilkins/status/1080450228971556864
      #illégal #terminologie #vocabulaire

    • Un #rassemblement de soutien à deux maraudeurs sur le front de neige [VIDÉO]

      Entre 80 et 100 personnes se sont réunies, ce mercredi 9 janvier après-midi, sur le front de neige de Montgenèvre, pour apporter leur soutien à deux maraudeurs, jugés ce jeudi au tribunal de Gap pour, notamment, « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger ».

      Ils se sont installés devant le télésiège du Prarial, sur le front de neige de Montgenèvre. Entre 80 et une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien, ce mercredi après-midi, à deux maraudeurs, poursuivis pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger » en France. Tous deux seront jugés, ce jeudi 10 janvier, au tribunal correctionnel de Gap.
      Sensibiliser aux maraudes

      Outre ce soutien, ce rassemblement avait également pour but de sensibiliser skieurs et habitants de Montgenèvre aux maraudes, effectuées chaque nuit sur le secteur de la commune pour venir en aide aux personnes en difficulté.

      « On souhaite également dénoncer les violences policières qui se déroulent quotidiennement à la frontière envers les personnes souhaitant passer en France », précisait également Michel Rousseau, porte-parole de Tous migrants, collectif à l’initiative, avec le comité de soutien aux « 3+4+2... », de ce rassemblement.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/01/09/un-rassemblement-de-soutien-a-deux-maraudeurs-sur-le-front-de-neige-vide

    • Col du Montgenèvre (Hautes-Alpes) : jusqu’à quand la chasse aux migrants ?
      Les « maraudes » ont repris au col de l’Échelle et au col du Montgenèvre. Les maraudeurs sont harcelés par les forces de l’ordre. Jusqu’à quand ?

      Les « maraudes » ont repris depuis plusieurs semaines au col de l’Échelle et au col du Montgenèvre. Ces maraudes visent à porter assistance aux personnes qui risquent leur vie en tentant de franchir clandestinement la frontière entre l’Italie et la France, de se frayer un chemin entre ravins et champs de neige, de jour comme de nuit. Les maraudeurs accomplissent un devoir d’humanité.

      Les personnes auxquelles ils apportent leur secours sont des migrants, partis depuis longtemps, en général, de chez eux et qui après un long périple périlleux, après avoir connu accidents, violences et rackets divers, souvent plusieurs fois refoulés et emprisonnés avant d’arriver là, savent que leurs droits, ces droits figurant noir sur blanc dans la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU, ces droits reconnus internationalement sur le respect desquels veille la Commission européenne des droits de l’homme (CEDH), émanation du Conseil de l’Europe, leurs droits donc leur seront déniés s’ils tentent de s’en réclamer en se présentant simplement à un poste frontière.

      La solidarité des habitants des montagnes des Hautes-Alpes, de part et d’autre de la frontière, ne faiblit pas. Les maraudeurs sont harcelés par les forces de l’ordre, police des frontières, gendarmes et CRS, ils sont en garde à vue, ils sont mis en accusation, ils sont condamnés. Tout l’espace frontalier est comme en état de siège, la chasse aux migrants est ouverte.

      Tout récemment l’un d’eux qui s’occupait d’une femme évanouie sur le front de neige, à Montgenèvre, et exigeait qu’on appelle les secours a été arrêté sous l’accusation de « rébellion »…

      Hier, mercredi, une réunion de masse des aidants à l’appel des associations, des collectifs, des diverses structures impliqué.e.s dans la solidarité avec les migrants a eu lieu à Montgenèvre. Une action visant principalement à la sensibilisation des touristes de la station auxquels il peut arriver de croiser, sur les pistes, des personnes en difficultés. Plusieurs banderoles ont été déployées, des pancartes évoquaient le sort de certaines victimes.

      Il s’agissait aussi d’exprimer la détermination des aidants avant que ne débute, ce jeudi, à Gap le procès pour « aide à l’entrée irrégulière » de deux maraudeurs dont les pourvois ont été rejetés. Un déploiement spectaculaire de forces de police avait été organisé par la préfecture. Il n’y a pas eu d’incident.

      Dans notre pays, gouvernement, forces de l’ordre, administration et justice sont mobilisés pour organiser la répression des migrants avec principalement la couleur de peau comme référence et point de repère. En haut de l’échelle, le cynisme de ceux qui prennent en otage une cinquantaine de migrants bloqués sur deux navires au large de Malte, la realpolitik de ceux qui condamnent l’Aquarius en lui refusant des papiers de navigation, et, à chaque niveau, des institutions qui contournent le droit ou l’ignorent, qui privent les associations de moyens ou les harcèlent de procédures, qui poursuivent des citoyens, les condamnent et les incarcèrent en espérant faire des exemples qui décourageront les actes de solidarité et d’humanité. Partout, des forces de l’ordre qui agissent sans retenue, par exemple confisquent papiers et argent. Nous vivons dans un régime d’indignité nationale.

      https://blogs.mediapart.fr/michel-pinault/blog/100119/col-du-montgenevre-hautes-alpes-jusqua-quand-la-chasse-aux-migrants

    • « Je ne suis pas maraudeuse » par #Laetitia_Cuvelier

      Je ne suis pas délinquante
      J’habite trop loin, j’ai des enfants, j’ai mal au genou,
      j’ai des excuses,
      des mauvaises excuses.

      Je connais ceux qui arrivent, je les aide quand je peux, pour les papiers, pour faire un bout de chemin, vivre le moment présent. Celui de la fraternité, qui nous rend vivants, si vivants.

      Je les entends me raconter l’effroi, la peur, l’humiliation, les violences…
      avec pudeur toujours.
      On m’a un peu tapé.
      J’entends leurs silences,
      je sais qu’ils sont les rescapés d’un enfer qui n’en finit pas.

      La nuit je suis dans mon lit, il y a mon amoureux à côté
      Les enfants là-haut, trois petits chéris, leurs rêves de neige, de montagne
      et de grands voyages.
      c’est doux c’est chaud

      Et je pense au froid, là-haut là-bas
      ça me réveille parfois
      Je les vois se noyer, je les vois courir, appeler
      Je les vois avoir froid avoir peur
      Je suis dans mon lit si loin,
      Je me sens lâche.
      Trop fatiguée, trop épuisée.
      Oui ce monde me fatigue.

      Je sais qu’ils recommenceront demain,
      que s’ils n’y arrivent pas ce soir,
      ils y arriveront un jour.
      Ils n’ont pas de valise, ils n’ont rien que leurs espoirs
      Et au creux du ventre ces nuits, ces jours, ces mois et parfois ces années d’humiliation.
      Je me sens lâche, et j’ai honte.

      Pour protéger notre pays, notre petit bout de terre,
      on violente, on humilie, on rejette, on accuse,
      on tue en Méditerranée ou dans les Alpes.

      Qu’apprendrons mes petits enfants
      dans leurs livres d’histoire ?
      Qu’est-ce que nous leur dirons ?
      Que nous avons laissé faire ?
      Que ces hivers-là, je n’avais pas la force, le courage, que j’étais trop loin, qu’il fallait que je raconte une histoire qui finisse bien à mes enfants ?

      Je leur dirai, qu’il y avait des voisins, des amis, des inconnus, des gens bien qui se levaient la nuit.
      Qui offraient du thé, un sourire, un bonnet, des gants.
      Qui donnaient à chacun la chance
      d’être un humain sur terre,
      ni plus, ni moins.

      Merci aux maraudeurs, merci à toi Pierre, mon ami,
      merci à toi Kevin que je ne connais pas.
      Merci à vous tous.
      J’espère un jour, oublier toutes mes excuses et venir avec vous.
      Etre DEBOUT.

      La Grave le 9 janvier 2019

      https://alpternatives.org/2019/01/10/je-ne-suis-pas-maraudeuse-par-laetitia-cuvelier
      #poésie #poème

    • SOLIDARITE dans les Alpes – #MDM PACA soutient le sauvetage des personnes en danger

      SOLIDARITE dans les Alpes – Médecins du Monde PACA soutient le sauvetage des personnes en danger en zone frontalière, leur accueil et leur mise à l’abri

      Dans les Hautes Alpes où toutes les vies ont la même valeur, les citoyens Alpins se mobilisent pour ne voir « aucun mort dans leurs montagnes ».

      Malgré tout, 3 personnes sont mortes l’hiver dernier en traversant la frontière transalpine italo-française dans sa partie Briançonnaise, d’autres ont été grièvement blessées. Plus de 25 personnes ont succombé à la traversée de cette frontière depuis 2015, dans sa partie sud le plus souvent, entre Vintimille et Menton.

      Médecins du Monde PACA, en assurant les permanences de soins le week-end au sein même du Refuge Solidaire de Briançon (en complément des permanences assurées la semaine par la PASS), prend en charge des personnes dont plus d’un tiers sont blessées à l’occasion de la traversée de cette frontière. Les hypothermies et les gelures sont les cas les plus graves et les plus fréquents, mais la traversée de la frontière, dans ces conditions et ce contexte extrêmement dangereux, entraîne aussi d’autres types de pathologies et de souffrances.

      La fermeture des frontières en est la cause. Personnes exilées, en demande d’asile, mineures, femmes et enfants, tous s’exposent à des risques mortels pour échapper aux représentants des forces de l’ordre.

      Ces représentants doivent obéir à des ordres où le contrôle des frontières doit être assuré aux mépris du droit des demandeurs d’asile et des mineurs, au mépris de toute assistance à personne en danger. Des ordres qui mettent eux-mêmes en danger parfois.

      Ce week-end encore, un mineur en hypothermie sévère était retrouvé sur le quai de la gare de Briançon. D’autres ont été pris en charge pour des gelures.

      Chacune de ces blessures étaient évitables si le droit d’exprimer sa demande d’asile en France était respecté, si la déclaration de la minorité était entendue et considérée.

      Pour éviter tout accident, toute disparition, toute blessure, toute mort, des citoyens solidaires, bénévoles, soucieux de la vie de chacun, organisent des maraudes de recherche et de sauvetage des victimes de la montagne. D’autres ouvrent des lieux d’accueil et de mise à l’abri.

      Aucune mise en danger n’est admissible.

      Aucune blessure n’est tolérable.

      Aucune mort n’est acceptable.

      Médecins du Monde PACA soutient pleinement les acteurs solidaires qui viennent en secours auprès des personnes en exil dont la vie est mise en danger par des politiques de fermeture de frontières illégales et irrespectueuses des droits humains.

      Le sauvetage et la mise à l’abri, en montagne comme en mer, NE PEUT PAS être condamné. Et ceux qui l’accomplissent ne peuvent pas être criminalisés.

      C’est la fermeture des frontières et les drames qui en découlent qui sont à condamner.

      https://blogs.mediapart.fr/mdm-paca/blog/120119/solidarite-dans-les-alpes-mdm-paca-soutient-le-sauvetage-des-personn
      #médecins_de_monde

    • Nos montagnes ne sont pas des cimetières !
      #Solidaires, janvier 2019
      https://solidaires.org/Nos-montagnes-ne-sont-pas-des-cimetieres

      Appel à une maraude syndicale des camarades de Solidaires des Hautes Alpes :

      En réaction à l’ignoble et systématique répression qui s’exerce dans les Hautes-Alpes contre toutes celles et ceux qui viennent en aide aux centaines de migrant-e-s qui passent la frontière par -15° via Montgenèvre et le col de l’échelle (3+4 de Briançon et maraudeurs solidaires), SUD-Solidaires-05 organise une maraude syndicale le samedi 26 janvier à partir de 16H à la Frontière de Montgenèvre au dessus de Briançon. L’initiative est soutenue par l’union syndicale Solidaires et s’inscrit localement dans le cadre d’une intersyndicale CGT, FSU, CFDT, Confédération Paysanne.

      Cette date s’intercale dans le très dense et infâme calendrier des procès de maraudeurs-euses solidaires systématiquement condamné-e-s et veut rappeler que, quotidiennement, dans la montagne, de pauvres gens sont, en plus du froid de la fatigue et de la peur, agressé-e-s, refoulé-e-s, dépouillé-e-s, traqué-e-s, mutilé-e-s.

      Inacceptable !

      Notre action a pour objectif de mettre en lumière ce qui se passe quotidiennement à la frontière et que nous ne pouvons pas laisser faire sans réagir. Comme les maraudeurs et maraudeuses du Briançonnais qui apportent boissons chaudes et vêtements adaptés aux personnes qui traversent à pied la frontière dans la neige nous voulons opposer entraide, solidarité et réconfort aux traques, lâchés de chiens et autres poursuites qu’impose tous les jours la police de l’air et des frontières.
      Sous couvert syndical avec drapeaux et moufles estampillé-e-s, dans la joie, la non violence et la détermination, le 26 janvier prochain portons secours à celles et ceux qui en ont besoin !

      L’Union Syndicale Solidaires Hautes-Alpes demande aux solidaires locaux, aux fédérations, aux syndicats de relayer le plus possible cet appel et de nous rejoindre pour dénoncer les violences et couvrir de solidarité, d’espoir et de drapeaux ce petit coin de montagne à forte charge symbolique.

    • Traversées des Alpes : « Les migrants sont victimes d’une #chasse_à_l’homme qui se répète chaque nuit »

      Trois migrants ont été secourus à Montgenèvre, cette semaine, alors qu’ils tentaient de passer d’Italie en France. Des militants déplorent les « chasses à l’homme » dont sont victimes les migrants dans la montagne lors du passage de la frontière.

      Mardi 22 janvier, dans l’après-midi, trois migrants qui tentaient la traversée de la frontière italo-française à pied, entre Claviere (en Italie) et Montgenèvre (en France), ont été secourus après avoir appelé le 112, le numéro d’urgence. Ils ont été retrouvés sous un télésiège en haut des pistes. La même semaine, sept personnes ont été emmenées à l’hôpital pour des #engelures.

      Avec les températures glaciales de ces derniers jours, les traversées de la frontière par les Alpes inquiètent les associations d’aide aux migrants qui organisent des maraudes dans la montagne pour leur porter secours. La nuit, elles descendent à - 15 degrés « mais avec le vent le ressenti tourne plutôt autour de - 20 degrés », explique Thomas*, un militant qui participe aux maraudes dans la montagne.

      Plus que le froid, c’est surtout la #pression_policière qui inquiète les militants. « La présence de la #police est devenue insupportable. Tous les soirs, là haut, c’est la chasse à l’homme », confie Thomas*. « Il y a des #courses-poursuites en montagne entre les policiers et les migrants, il y a des #chiens qui effraient les migrants. On nous raconte des choses invraisemblables. »

      Pour les militants, c’est à cause de ce « harcèlement » policier, que les migrants « finissent en haut des sommets sous des télésièges ». « La police pousse les migrants à se mettre en danger… Même ceux qui sont équipés pour faire face au froid risquent le pire. Quand vous fuyez la police, que vous creusez un trou dans la neige, la nuit, pour vous cacher, les risques de mourir sont grands ».

      La traversée entre l’Italie et la France peut prendre plusieurs heures, en fonction des trajets empruntés et de la forme physique des migrants. Entre Claviere et le Refuge de Briançon, il y a environ 17 km. Trois heures de marche sont nécessaires.

      Le harcèlement des forces de l’ordre concerne également les militants, ajoute Thomas. Mardi, la nuit où les trois migrants ont été secourus, les maraudeurs ont été incapables de travailler. « Ils n’ont rien pu faire, ils ont été contrôlés plusieurs fois, ils ont été victimes d’intimidation. Ils ont fini par rebrousser chemin », explique Thomas.

      L’association Tous Migrants déplore la multiplication des contrôles des militants associatifs, notamment lors des maraudes. « On nous met des amendes de stationnement, des amendes pour véhicules défectueux. On nous met des bâtons dans les roues », dénonce encore Thomas.

      Au mois de décembre, sept militants ont été condamnés par la justice. Le parquet leur reprochait d’avoir facilité, le 22 avril, l’entrée en France d’une vingtaine de migrants mêlés aux manifestants en forçant un barrage dressé par les forces de l’ordre.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/14734/traversees-des-alpes-les-migrants-sont-victimes-d-une-chasse-a-l-homme

  • ParcourSup : mécanique d’une sélection sociale - Groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste
    https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/la-discussion-et-le-vote-de-la-loi/affaires-culturelles/article/parcoursup-mecanique-d-une-selection-sociale

    Cette année, le nombre de candidat·e·s reçu·e·s au baccalauréat a augmenté de 5,3 %, mais le nombre d’étudiant·e·s ayant accédé à l’enseignement supérieur n’a progressé que de 2,2 %. Autrement dit, la procédure a découragé un grand nombre de lycéen·ne·s de poursuivre leurs études au-delà du baccalauréat. Ainsi, 22 % des inscrit·e·s ont quitté la plateforme sans affectation, soit un pourcentage deux fois plus important que celui de l’an passé. In fine, il est fort probable qu’environ 200 000 candidat·e·s aient été écarté·e·s de l’enseignement supérieur.

    #études #université #enseignement_supérieur #Parcoursup

  • Sept bénévoles de Briançon vont passer au tribunal dans une semaine pour « délit de solidarité », ils risquent chacun dix ans de prison et 750 000€ d’amende...

    Avec le retour du froid et de la neige, alors que les manœuvres d’intimidations se multiplient à l’encontre de ceux qui viennent en aide aux migrants, il y a de quoi s’inquiéter...

    Pour les aider :

    – Signez et faites circuler la pétition de la Cimade appelant à leur relaxe :
    https://www.lacimade.org/agir/nos-petitions/liberte-et-relaxe-pour-les-7-de-briancon

    – Venez samedi 3 novembre à la Générale Nord-Est, Paris 11ème, à la soirée de soutien (concerts, la Fanfare Invisible, à boire et à manger etc.)
    https://www.gisti.org/spip.php?article6005
    https://www.facebook.com/events/179355346285184

    – Contribuez à la cagnotte en ligne :
    https://www.gofundme.com/liberte-pour-les-7-de-briancon

    #France #Italie #migrants #Frontière_sud-alpine #frontières #Briançon #Hautes-Alpes #asile #migrations #réfugiés #parcours_migratoires #montagne #police #violence_policière #antifas #résistance #aintnomountainhighenough

    Voir la compilation ici :
    https://seenthis.net/messages/688734

  • Pays basque, la nouvelle route de l’exil

    De plus en plus de migrants entrent en Europe par l’Espagne et franchissent la frontière dans le Sud-Ouest. Reportage.

    Le car est à peine garé le long du trottoir que, déjà, ils se pressent à ses portes. Ils regardent avec anxiété la batterie de leur téléphone, elle est presque à plat, il faut qu’elle tienne quelques minutes encore, le temps de présenter le billet. Quatre jeunes filles s’inquiètent, leur ticket affiche un prénom masculin, le chauffeur les laissera-t-il passer ? Ou vont-elles perdre les 100, 200 ou 300 euros qu’elles ont déboursés à des « frères » peu scrupuleux - la valeur officielle est de 35 euros - pour acquérir ce précieux sésame vers Paris ? Chaque soir depuis quelques semaines, le même scénario se répète au terminus des « bus Macron » sur la place des Basques, à #Bayonne. Une centaine de jeunes, pour la plupart originaires d’Afrique francophone, plus rarement du Maghreb, monte par petits groupes dans les cars en partance pour Bordeaux ou Paris, dernière étape d’un périple entamé depuis des mois. Ils ont débarqué la veille d’Irun, en Espagne, à 40 kilomètres plus au sud, après un bref passage par la ville frontalière d’Hendaye.

    De #Gibraltar, ils remontent vers le nord de l’Espagne

    Les arrivées ont commencé au compte-gouttes au printemps, elles se sont accélérées au cours de l’été. Depuis que l’Italie se montre intraitable, l’Espagne est devenue le principal point d’entrée en Europe, avec 48 000 nouveaux exilés depuis le début de l’année. Croisés à Irun ou à Hendaye, qu’ils viennent de Guinée-Conakry, de Côte d’Ivoire ou du Mali, ils racontent la même histoire. Thierno est guinéen, il a 18 ans. Il a tenté la traversée par la Libye, sans succès, il a poursuivi par l’Algérie et le Maroc, puis fini par franchir le détroit de Gibraltar en bateau après deux échecs. Tous évoquent la difficulté à travailler et à se faire payer au Maroc, les violences, parfois, aussi. Puis ils parlent de l’Espagne, d’Algesiras, Cadix ou Malaga, en experts de la géographie andalouse. Parfois, la Croix-Rouge espagnole, débordée au Sud, les a envoyés en bus vers ses centres de Madrid ou Bilbao, leur assurant une partie de leur voyage. Aboubacar, 26 ans, est, lui, remonté en voiture, avec des « frères ».

    Personne n’en parle, les réseaux sont pourtant bien là, à prospérer sur ces flux si lucratifs. On estime à 1500 euros le prix de la traversée à Gibraltar, 100 ou 200 euros le passage de la frontière française depuis #Irun. Tous n’ont qu’un objectif, rejoindre la #France, comme cette femme, sénégalaise, qui demande qu’on l’emmène en voiture et suggère, si on se fait contrôler, de dire qu’elle est notre bonne. La quasi-totalité veut quitter l’Espagne. Parce qu’ils n’en parlent pas la langue et qu’ils ont souvent en France sinon de la famille, au moins des connaissances. Parce qu’il est plus difficile de travailler dans la péninsule ibérique, où le taux de chômage reste de 15 %. Parce qu’enfin ceux qui envisagent de demander l’asile ont intérêt à effectuer les démarches en France, où 40 575 protections ont été accordées en 2017, plutôt qu’en Espagne (4 700 statuts délivrés).

    Alors, ils essaient, une fois, deux fois, trois fois, dans un absurde jeu du chat et de la souris avec les policiers français. Les 150 agents de la #police_aux_frontières (#PAF) en poste à #Hendaye tentent, avec l’aide d’une compagnie de #CRS, de contrôler tant bien que mal les cinq points de passage. Depuis le début de 2018, 5600 réadmissions ont été effectuées vers l’Espagne, contre 3520 en 2017, mais, de l’aveu même d’un officiel, « ça passe et ça passe bien, même ». Si l’autoroute est gardée quasiment toute la journée, il reste un créneau de deux heures durant lequel elle ne l’est pas faute d’un effectif suffisant. Chaque nuit, des taxis espagnols en profitent et déposent des gens sur la place des Basques à Bayonne. La surveillance des deux ponts qui enjambent la #Bidassoa et séparent Irun d’Hendaye est aléatoire. A certaines heures, le passage à pied se fait sans difficulté. Il ne reste plus ensuite aux migrants qu’à se cacher jusqu’au prochain passage du bus 816, qui les conduira à Bayonne en un peu plus d’une heure.

    Les agents de la Paf ne cachent pas leur lassitude. Même si la loi antiterroriste de 2017 autorise des contrôles renforcés dans la zone frontière, même si des accords avec l’Espagne datant de 2002 leur permettent de renvoyer sans grande formalité les personnes contrôlées sans papiers dans un délai de quatre heures, ils ont le sentiment d’être inutiles. Parce qu’ils ne peuvent pas tout surveiller. Parce que l’Espagne ne reprend que contrainte et forcée les « réadmis », les laissant libres de franchir la frontière dès qu’ils le souhaiteront. Certains policiers ne prennent même plus la peine de raccompagner les migrants à la frontière. Gare d’Hendaye, un après-midi, le TGV pour Paris est en partance. Des policiers fouillent le train, ils trouvent trois jeunes avec billets mais sans papiers, ils les font descendre, puis les laissent dans la gare. « De toute façon, ça ne sert à rien d’aller jusqu’à la frontière, dans deux heures, ils sont de nouveau là. Ça ne sert qu’à grossir les chiffres pour que nos chefs puissent faire de jolis camemberts », lâche, avec aigreur, l’un des agents.

    La compassion l’emporte sur le rejet

    L’amertume n’a pas encore gagné le reste de la population basque. Au contraire. Dans cette zone où l’on joue volontiers à saute-frontière pour aller acheter des cigarettes à moins de cinq euros ou du gasoil à 1,1 euro, où il est fréquent, le samedi soir, d’aller boire un verre sur le littoral espagnol à San Sebastian ou à Fontarrabie, où près de 5000 Espagnols habitent côté français, où beaucoup sont fils ou petits-fils de réfugiés, la compassion l’emporte sur le rejet. Même le Rassemblement national, qui a diffusé un communiqué mi-août pour dénoncer « une frontière passoire », doit reconnaître que son message peine à mobiliser : « Les gens commencent à se plaindre, mais je n’ai pas entendu parler de débordements, ni rien d’avéré », admet François Verrière, le délégué départemental du parti. Kotte Ecenarro, le maire socialiste d’Hendaye, n’a pas eu d’écho de ses administrés : « Pour l’instant, les habitants ne disent rien, peut-être parce qu’ils ne les voient pas. » Lui, grand joggeur, les aperçoit lorsqu’il va courir tôt le matin et qu’ils attendent le premier bus pour Bayonne, mais aucun ne s’attarde dans la zone frontière, trop risquée.

    Chaque soir, place des Basques à Bayonne, des migrants embarquent dans les bus pour Paris.

    Le car est à peine garé le long du trottoir que, déjà, ils se pressent à ses portes. Ils regardent avec anxiété la batterie de leur téléphone, elle est presque à plat, il faut qu’elle tienne quelques minutes encore, le temps de présenter le billet. Quatre jeunes filles s’inquiètent, leur ticket affiche un prénom masculin, le chauffeur les laissera-t-il passer ? Ou vont-elles perdre les 100, 200 ou 300 euros qu’elles ont déboursés à des « frères » peu scrupuleux - la valeur officielle est de 35 euros - pour acquérir ce précieux sésame vers Paris ? Chaque soir depuis quelques semaines, le même scénario se répète au terminus des « bus Macron » sur la place des Basques, à Bayonne. Une centaine de jeunes, pour la plupart originaires d’Afrique francophone, plus rarement du Maghreb, monte par petits groupes dans les cars en partance pour Bordeaux ou Paris, dernière étape d’un périple entamé depuis des mois. Ils ont débarqué la veille d’Irun, en Espagne, à 40 kilomètres plus au sud, après un bref passage par la ville frontalière d’Hendaye.
    Des dizaines de bénévoles se succèdent pour apporter et servir des repas aux migrants, place des Basques, à Bayonne.

    Des dizaines de bénévoles se succèdent pour apporter et servir des repas aux migrants, place des Basques, à Bayonne.

    Les arrivées ont commencé au compte-gouttes au printemps, elles se sont accélérées au cours de l’été. Depuis que l’Italie se montre intraitable, l’Espagne est devenue le principal point d’entrée en Europe, avec 48 000 nouveaux exilés depuis le début de l’année. Croisés à Irun ou à Hendaye, qu’ils viennent de Guinée-Conakry, de Côte d’Ivoire ou du Mali, ils racontent la même histoire. Thierno est guinéen, il a 18 ans. Il a tenté la traversée par la Libye, sans succès, il a poursuivi par l’Algérie et le Maroc, puis fini par franchir le détroit de Gibraltar en bateau après deux échecs. Tous évoquent la difficulté à travailler et à se faire payer au Maroc, les violences, parfois, aussi. Puis ils parlent de l’Espagne, d’Algesiras, Cadix ou Malaga, en experts de la géographie andalouse. Parfois, la Croix-Rouge espagnole, débordée au Sud, les a envoyés en bus vers ses centres de Madrid ou Bilbao, leur assurant une partie de leur voyage. Aboubacar, 26 ans, est, lui, remonté en voiture, avec des « frères ».

    Personne n’en parle, les réseaux sont pourtant bien là, à prospérer sur ces flux si lucratifs. On estime à 1500 euros le prix de la traversée à Gibraltar, 100 ou 200 euros le passage de la frontière française depuis Irun. Tous n’ont qu’un objectif, rejoindre la France, comme cette femme, sénégalaise, qui demande qu’on l’emmène en voiture et suggère, si on se fait contrôler, de dire qu’elle est notre bonne. La quasi-totalité veut quitter l’Espagne. Parce qu’ils n’en parlent pas la langue et qu’ils ont souvent en France sinon de la famille, au moins des connaissances. Parce qu’il est plus difficile de travailler dans la péninsule ibérique, où le taux de chômage reste de 15 %. Parce qu’enfin ceux qui envisagent de demander l’asile ont intérêt à effectuer les démarches en France, où 40 575 protections ont été accordées en 2017, plutôt qu’en Espagne (4 700 statuts délivrés).

    Un migrant traverse le pont de St Jacques à Irun en direction de la France.

    Alors, ils essaient, une fois, deux fois, trois fois, dans un absurde jeu du chat et de la souris avec les policiers français. Les 150 agents de la police aux frontières (PAF) en poste à Hendaye tentent, avec l’aide d’une compagnie de CRS, de contrôler tant bien que mal les cinq points de passage. Depuis le début de 2018, 5600 réadmissions ont été effectuées vers l’Espagne, contre 3520 en 2017, mais, de l’aveu même d’un officiel, « ça passe et ça passe bien, même ». Si l’autoroute est gardée quasiment toute la journée, il reste un créneau de deux heures durant lequel elle ne l’est pas faute d’un effectif suffisant. Chaque nuit, des taxis espagnols en profitent et déposent des gens sur la place des Basques à Bayonne. La surveillance des deux ponts qui enjambent la Bidassoa et séparent Irun d’Hendaye est aléatoire. A certaines heures, le passage à pied se fait sans difficulté. Il ne reste plus ensuite aux migrants qu’à se cacher jusqu’au prochain passage du bus 816, qui les conduira à Bayonne en un peu plus d’une heure.
    Un groupe des migrants se fait arrêter à Behobie, côté français, après avoir traversé la frontière depuis Irun en Espagne.

    Un groupe des migrants se fait arrêter à #Behobie, côté français, après avoir traversé la frontière depuis Irun en Espagne.

    La compassion l’emporte sur le rejet

    L’amertume n’a pas encore gagné le reste de la population basque. Au contraire. Dans cette zone où l’on joue volontiers à saute-frontière pour aller acheter des cigarettes à moins de cinq euros ou du gasoil à 1,1 euro, où il est fréquent, le samedi soir, d’aller boire un verre sur le littoral espagnol à #San_Sebastian ou à #Fontarrabie, où près de 5000 Espagnols habitent côté français, où beaucoup sont fils ou petits-fils de réfugiés, la compassion l’emporte sur le rejet. Même le Rassemblement national, qui a diffusé un communiqué mi-août pour dénoncer « une frontière passoire », doit reconnaître que son message peine à mobiliser : « Les gens commencent à se plaindre, mais je n’ai pas entendu parler de débordements, ni rien d’avéré », admet François Verrière, le délégué départemental du parti. Kotte Ecenarro, le maire socialiste d’Hendaye, n’a pas eu d’écho de ses administrés : « Pour l’instant, les habitants ne disent rien, peut-être parce qu’ils ne les voient pas. » Lui, grand joggeur, les aperçoit lorsqu’il va courir tôt le matin et qu’ils attendent le premier bus pour Bayonne, mais aucun ne s’attarde dans la zone frontière, trop risquée.

    Des migrants sont accueillis en face de la mairie d’Irun par des associations de bénévoles.

    Le flux ne se tarissant pas, la solidarité s’est organisée des deux côtés de la #Bidassoa. A Irun, un collectif de 200 citoyens a répondu aux premiers besoins durant l’été, les autorités jugeant alors qu’organiser de l’aide était inutile puisque les migrants ne rêvaient que d’aller en France. Elles ont, depuis, changé d’avis. Mi-octobre, un centre de la Croix-Rouge proposait 70 places et un hôpital, 25. « Ils peuvent rester cinq jours dans chaque. Dix jours, en général, ça suffit pour passer », note Ion, un des piliers du collectif. Dans la journée, ils chargent leurs téléphones dans un coin de la gare ou patientent, en doudounes et bonnets, dans un campement installé face à la mairie. Dès qu’ils le peuvent, ils tentent le passage vers la France.

    A Bayonne aussi, l’improvisation a prévalu. Le réseau d’hébergeurs solidaires mis en place depuis 2016 n’était pas adapté à cette situation d’urgence, à ces gens qui n’ont besoin que d’une ou deux nuits à l’abri avant de filer vers Paris. Chaque soir, il a fallu organiser des maraudes avec distribution de repas et de vêtements, il a fallu trouver des bénévoles pour loger les plus vulnérables - des femmes avec de jeunes enfants sont récemment apparues. Sous la pression de plusieurs collectifs, la mairie vient de mandater une association locale, Atherbea, pour organiser l’aide. A proximité du terminal des bus, vont être installés toilettes, douches, lits, repas et prises de téléphone - un équipement indispensable à ces exilés, pour qui le portable est l’ultime lien avec leurs proches. La municipalité a promis des financements, mais jusqu’à quand ?

    Longtemps discret sur la situation, le gouvernement affiche désormais son volontarisme. Depuis quelques semaines, des unités en civil ont été déployées afin d’identifier les filières de passeurs. Dans son premier entretien comme ministre de l’Intérieur au JDD, Christophe Castaner a dit s’inquiéter de la pression exercée dans la zone et promis un « coordonnateur sécurité ». Les policiers espèrent, eux, surtout des renforts. « Il faudrait 30 à 40 agents de la police aux frontières de plus », juge Patrice Peyruqueou, délégué syndical Unité SGP Police. Ils comptent sur la nomination de Laurent Nuñez comme secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur pour se faire entendre. L’homme n’a-t-il pas été sous-préfet de Bayonne ? N’a-t-il pas consacré son premier déplacement officiel au Pays Basque, le vendredi 19 octobre ? Mais déjà les voies de passage sont en train de bouger. De nouvelles routes se dessinent, à l’intérieur des Pyrénées, via Roncevaux, le tunnel du Somport ou la quatre-voies qui relie Saragosse, Pau et Toulouse, des accès moins surveillés qu’Irun et Hendaye. Le jeu du chat et de la souris ne fait que commencer.

    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/pays-basque-la-nouvelle-route-de-l-exil_2044337.html

    #pays_basque #asile #migrations #réfugiés #routes_migratoires #parcours_migratoires #Espagne #frontières #solidarité #contrôles_frontaliers

    via @isskein

    • Entre l’Espagne et la France, la nouvelle route migratoire prend de l’ampleur

      L’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe pour des personnes originaires d’Afrique de l’Ouest qui tentent de gagner la France.

      L’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe en 2018. La majorité des personnes qui arrivent sont originaires d’Afrique de l’Ouest et tentent de gagner la France.

      Emmitouflé dans un manteau, la tête abritée sous un bonnet, Boris disparaît dans la nuit, sous la pluie. Ce Camerounais de 33 ans, qui parle un français parfait, « traîne » à Irun de puis un mois. Dans cette petite commune du pays basque espagnol, il attend de pouvoir traverser la frontière et rejoindre la France, à quelques mètres de là. L’aventure a trop peu de chances de réussir s’il la tente à pied, et il n’a pas l’argent pour se payer un passage en voiture. Il aimerait rejoindre Paris. Mais il doute : « On me dit que c’est saturé. C’est vrai ? Est-ce qu’il y a des ONG ? Vous connaissez Reims ? »

      Parti depuis un an de son pays, Boris a traversé le Nigeria, le Niger, l’Algérie et le Maroc avant de gagner l’Europe par la mer. Comme de plus en plus de personnes, il a emprunté la route dite de la Méditerranée occidentale, qui passe par le détroit de Gibraltar. Le passage par la Libye, privilégié ces dernières années, est devenu « trop dangereux » et incertain, dit-il.

      En 2018, l’Espagne est devenue la principale porte d’entrée en Europe. Quelque 50 000 personnes migrantes sont arrivées sur les côtes andalouses depuis le début de l’année, en provenance du Maroc, ce qui représente près de la moitié des entrées sur le continent.

      Sous l’effet de la baisse des départs depuis la Libye et des arrivées en Italie, les routes migratoires se redessinent. Et bien que les flux soient sans commune mesure avec le pic de 2015, lorsque 1,8 million d’arrivées en Europe ont été enregistrées, ils prennent de court les autorités et en particulier en France, qui apparaît comme la destination privilégiée par ces nouveaux arrivants originaires majoritairement d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb.

      80 à 100 arrivées quotidiennes

      A Irun, Txema Pérez observe le passage en nombre de ces migrants et il le compare à l’exil des réfugiés espagnols lors de la guerre civile en 1939 : « On n’a pas vu ça depuis la Retirada », lâche le président de la Croix-Rouge locale.

      Face à cet afflux, l’organisation humanitaire a ouvert cet été plusieurs centres d’accueil temporaire sur l’itinéraire des migrants, dans plusieurs communes du Pays-Basque mais aussi à Barcelone à l’autre extrémité des Pyrénées, où ils font étape quelques jours avant de tenter de gagner la France.

      Cette semaine, une trentaine de personnes ont dormi dans l’auberge de la Croix-Rouge d’Irun. « Ils reprennent des forces et disparaissent, constate Txema Perez. Ils finissent tous par passer la frontière. 90 % d’entre eux parlent français. Et ils voient Paris comme un paradis. »

      Sur le chemin qui mène ces personnes jusqu’à une destination parfois très incertaine, Bayonne et en particulier la place des Basques dans le centre-ville, s’est transformée dans le courant de l’été en point de convergence. C’est là qu’arrivaient les bus en provenance d’Espagne et en partance pour le nord de la France. Si, au début, une dizaine de personnes seulement transitaient par la ville chaque jour, aujourd’hui la mairie parle de 80 à 100 arrivées quotidiennes. Et autant de départs. « C’est la première fois qu’on constate un tel afflux », reconnaît David Tollis, directeur général adjoint des services à la mairie.

      « Ils sont en majorité originaires de Guinée et il y a notamment beaucoup de gamins qui se disent mineurs. On a l’impression que le pays se vide », confie Alain Larrea, avocat en droit des étrangers à Bayonne. « Les jeunes hommes évoquent la pauvreté qui a explosé mais aussi les risques d’arrestations et d’enfermements arbitraires, ajoute Julie Aufaure, de la Cimade. Les femmes fuient aussi les risques d’excision. »

      « Je ne sais pas encore ce que je vais faire »

      Face à l’augmentation des arrivées et à la dégradation des conditions météorologiques, la municipalité a commencé à s’organiser il y a une dizaine de jours. « Je ne me pose pas la question du régime juridique dont ces personnes relèvent. Simplement, elles sont dans une situation de fragilité et il faut leur venir en aide, justifie Jean-René Etchegaray, le maire UDI de Bayonne. Nous avons dans l’urgence tenté de les mettre à l’abri ». Après avoir mis à disposition un parking puis, le week-end dernier, une école, la municipalité a ouvert, lundi 29 octobre, les locaux désaffectés d’un ancien centre communal d’action sociale. Des douches y ont été installées, des couvertures et des repas y sont fournis. Dans le même temps, la mairie a déplacé les arrêts des bus aux abords de ce lieu, sur les quais qui longent l’Adour.

      Mercredi 31 octobre, plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue à l’heure de la distribution du déjeuner. Parmi elles, Lamine, un Guinéen de 19 ans, raconte son voyage vers l’Europe entamé il y a trois ans : « Je suis resté trois mois au Mali, le temps de réunir l’argent pour pouvoir ensuite aller en Algérie. » En Algérie, il travaille encore deux ans sur des chantiers. « On avait entendu qu’il fallait environ 2 000 euros pour passer du Maroc à l’Espagne », poursuit-il.

      A la frontière entre l’Algérie et le Maroc, il dit s’être fait confisquer 1 000 euros par des Touaregs. Arrivé à Rabat, il travaille à nouveau sur un chantier de construction, payé 100 dirhams (environ neuf euros) par jour, pour réunir les 1 000 euros manquants au financement de sa traversée de la Méditerranée. Il y reste presque un an. En octobre, il part pour Nador, une ville côtière au nord-est du pays. « On est resté caché une semaine dans la forêt avant de prendre le bateau, témoigne-t-il. On était 57 à bord. Des Maliens, des Guinées, des Ivoiriens. Un bateau de la Croix Rouge nous a porté secours au bout de quatre heures de navigation ».

      Comme la plupart de ceux qui arrivent sur les côtes espagnoles, Lamine s’est vu remettre un document par les autorités du pays, lui laissant un mois pour régulariser sa situation. Le jeune homme a ensuite rejoint en car, Madrid puis Bilbao et Irun. Il tente une première fois le passage de la frontière en bus mais se fait renvoyer par la police française. La deuxième fois, en échange de 50 euros, il trouve une place dans une voiture et parvient à gagner la France. « Je ne sais pas encore ce que je vais faire, reconnait-il. Je n’ai pas de famille qui finance mon voyage et je ne connais personne ici ».

      10 500 refus d’entrée prononcés en 2018

      Face à l’augmentation des traversées, les autorités françaises ont renforcé les contrôles aux frontières. Depuis le début de l’année 2018, 10 500 refus d’entrée ont été prononcés à la frontière franco-espagnole, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2017. « La pression la plus forte est observée dans le département des Pyrénées-Atlantiques, où les non-admissions sont en hausse de 62 % », explique-t-on au ministère de l’intérieur. Dans les Pyrénées-Orientales, l’autre voie d’entrée majeure en France depuis l’Espagne, le nombre de non-admissions est reparti à la hausse depuis l’été, mais dans une moindre mesure.

      « Beaucoup de monde arrive par ici, assure Jacques Ollion, un bénévole de la Cimade basé à Perpignan. Les gares et les trains sont contrôlés parfois jusqu’à Narbonne. Et les cars internationaux aussi, au péage du Boulou (à une dizaine de kilomètres de la frontière). Ça, c’est la pêche miraculeuse. »

      Le nombre de non-admissions reste toutefois très inférieur à celui remonté de la frontière franco-italienne. En Catalogne comme au Pays basque, tout le monde s’accorde à dire que la frontière reste largement poreuse. Mais certains s’inquiètent d’une évolution possible à moyen terme. « Dès qu’il y a une fermeture, cela démultiplie les réseaux de passeurs et les lieux de passage, met en garde Corinne Torre, cheffe de mission France à Médecins sans frontières (MSF). Dans les Pyrénées, il y a énormément de chemins de randonnée ». Des cas d’arrivée par les cols de montagne commencent à être rapportés.

      Dans le même temps, les réseaux de passeurs prospèrent face aux renforcements des contrôles. « Comme les migrants ne peuvent pas traverser à pied, ils se retournent vers les passeurs qui les font traverser en voiture pour 150 à 350 euros », témoigne Mixel Bernadet, un militant de l’association basque Solidarité migrants - Etorkinekin.

      Une fois qu’ils sont parvenus à rejoindre le territoire, à Bayonne, Paris ou ailleurs, ces migrants n’en sont pas moins en situation irrégulière et confrontés à une difficulté de taille : enregistrés en Espagne au moment de leur arrivée en Europe, ils ne peuvent pas demander l’asile ailleurs que dans l’Etat par lequel ils sont entrés, en tout cas pas avant une période allant de six à dix-huit mois. Ils sont donc voués à être renvoyés en Espagne ou, plus vraisemblablement, à errer des mois durant, en France.

      Julia Pascual (Bayonne et Irun – Espagne –, envoyée spéciale)

      Poursuivi pour avoir aidé une migrante sur le point d’accoucher, le parquet retient « l’immunité humanitaire ». Le parquet de Gap a annoncé vendredi 2 novembre avoir abandonné les poursuites engagées contre un homme qui avait porté secours à une réfugiée enceinte, durant l’hiver à la frontière franco-italienne. Le 10 mars, Benoît Ducos, un des bénévoles aidant les migrants arrivant dans la région de Briançon, était tombé sur une famille nigériane, un couple et ses deux jeunes enfants, et deux autres personnes ayant porté la femme, enceinte de huit mois et demi, durant leur marche dans le froid et la neige. Avec un autre maraudeur, il avait alors décidé de conduire la mère en voiture à l’hôpital de Briançon. En chemin, celle-ci avait été prise de contractions et à 500 mètres de la maternité, ils avaient été arrêtés par un contrôle des douanes ayant retardé la prise en charge médicale selon lui, ce que la préfecture avait contesté. Le bébé était né dans la nuit par césarienne, en bonne santé. Une enquête avait ensuite été ouverte pour « aide à l’entrée et à la circulation d’un étranger en situation irrégulière ».

      https://mobile.lemonde.fr/societe/article/2018/11/03/entre-l-espagne-et-la-france-la-nouvelle-route-migratoire-prend-de-l-

    • #SAA, un collectif d’accueil et d’accompagnement des migrants subsahariens aux frontières franco-espagnoles

      Dans ce nouveau numéro de l’émission “Café des libertés”, la web radio du RAJ “Voix de jeunes” a reçu sur son plateau deux activistes du sud de la France plus exactement à Bayonne, il s’agit de Marie cosnay et Vincent Houdin du collectif SAA qui porte le prénom d’un jeun migrant guinéen décédé durant sa traversé de l’Espagne vers la France.
      Nos invités nous ont parlé de la création du collectif SAA, ses objectifs et son travail d’accueil et d’accompagnement des migrants subsahariens qui traversent la frontière franco-espagnole dans l’objectif d’atteindre les pays du Nord telle que l’Allemagne.
      Ils sont revenus également sur les difficultés que posent les politiques migratoires dans la région notamment celle de l’union européenne marquées par une approche purement sécuritaire sans se soucier de la question du respect des droits et la dignité des migrants.
      Ils ont aussi appelé au renforcement des liens de solidarité entre les peuples dans le monde entier.

      https://raj-dz.com/radioraj/2018/11/11/saa-collectif-daccueil-daccompagnement-migrants-subsahariens-aux-frontieres-

    • France : 19 migrants interpellés dans un bus en provenance de Bayonne et assignés à résidence

      Des douaniers français ont interpellé 19 personnes, dont un mineur, en situation irrégulière lundi dans un car au péage de #Bénesse-Maremne, dans les #Landes. L’adolescent de 17 ans a été pris en charge par le département, les autres ont reçu une #obligation_de_quitter_le_territoire (#OQTF) et sont assignés à résidence dans le département.

      Lors d’un contrôle lundi 12 novembre au péage de Bénesse-Maremne, sur l’autoroute A6 (dans les Landes), un car de la compagnie #Flixbus a été intercepté par des douaniers français. Après avoir effectué un contrôle d’identité à l’intérieur du véhicule, les autorités ont interpellé 19 personnes en situation irrégulière, dont une femme et un adolescent de 17 ans.

      Les migrants, originaires d’Afrique de l’ouest, ont été envoyés dans différentes #casernes de gendarmerie de la région (#Castets, #Tarnos, #Tartas, #Lit-et-Mixe) puis libérés quelques heures plus tard. Le mineur a quant à lui été pris en charge par le département.

      En attendant de trouver un #accord_de_réadmission avec l’Espagne, la préfecture des Landes a notifié aux 18 migrants majeurs une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ils sont également assignés à résidence dans le département des Landes et doivent pointer au commissariat trois fois par semaine.

      Un #accord signé entre la France et l’Espagne prévoit de renvoyer tout migrant se trouvant sur le territoire français depuis moins de quatre heures. Mais selon Jeanine de la Cimade à Mont-de-Marsan (à quelques kilomètres de Bayonne), ce n’est pas le cas de ces 18 migrants. « Ils ne peuvent pas être renvoyés en Espagne car ils ont passé quatre jours à Bayonne avant d’être arrêtés au péage », précise-t-elle à InfoMigrants.

      Les migrants sont assistés d’avocats du barreau de Dax, dans les Landes, et un bénévole de la Cimade est aussi à leurs côtés selon France Bleu.

      Cette opération des douanes a été menée le même jour que la visite du ministre français de l’Intérieur à la frontière franco-espagnole. Christophe Castaner s’est alors dit inquiet de « mouvements migratoires forts sur les Pyrénées » et a annoncé une coopération accrue avec l’Espagne.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/13368/france-19-migrants-interpelles-dans-un-bus-en-provenance-de-bayonne-et
      #assignation_à_résidence

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      Commentaire :
      On peut lire dans l’article :
      "Un accord signé entre la France et l’Espagne prévoit de renvoyer tout migrant se trouvant sur le territoire français depuis moins de quatre heures. »
      --> c’est quoi cet accord ? Quand est-ce qu’il a été signé ? Quelqu’un a plus d’information ?

      C’est l’équivalent de l’accord bilatéral de réadmission entre la Suisse et l’Italie (signé en 2000 : https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20022507/index.html) et qui a été « repêché » par la Suisse à partir de 2016 ?
      Ou comme celui qui a été apparemment signé entre la France et l’Italie récemment ?
      https://www.agi.it/estero/migranti_francia_salvini_respingimento_concordato-4511176/news/2018-10-20

      #accord_de_réadmission #accord_bilatéral

    • A Bayonne, nouvelle porte d’entrée des migrants, « l’urgence fait exploser les frontières politiques »

      Une fois la frontière franco-espagnole franchie, des migrants affluent par milliers à Bayonne. Là, le maire de centre-droit et des militants de gauche ont bricolé, main dans la main, un hébergement d’urgence sous le nez du préfet. Les exilés s’y reposent des violences subies au Maghreb, avant de sauter dans un bus et de se disperser aux quatre coins de France. Reportage dans les #Pyrénées.

      https://pbs.twimg.com/card_img/1075002126915518464/L_aQEp7o?format=jpg&name=600x314

      https://www.mediapart.fr/journal/france/181218/bayonne-nouvelle-porte-d-entree-des-migrants-l-urgence-fait-exploser-les-f

    • A Bayonne, nouvelle route migratoire, l’impressionnante #solidarité des habitants malgré les carences de l’État

      La route de la Libye et de l’Italie étant coupée, de plus en plus de migrants arrivent en Europe via le Maroc et l’Espagne. Certains passent ensuite par le Pays Basque. En deux mois, 2500 réfugiés ont déjà transité par un centre d’accueil ouvert à Bayonne. La démarche, d’abord spontanée, bénéficie désormais du soutien de la mairie. L’État a quant à lui exercé des pressions sur les chauffeurs de taxi ou les compagnies d’autobus, en exigeant notamment l’identité des voyageurs. Basta ! a passé la nuit du 31 décembre au 1er janvier aux côtés des bénévoles de la « Pausa », et des réfugiés qui appréhendent un avenir incertain.

      A peine investi, il a fallu trouver un nom au lieu. « Ça fait un peu stalag », remarque Joël dans un sourire navré [1]. Planté dans la cour de ce bâtiment désaffecté de la Légion, sous les lumières aveuglantes qui semblent plonger depuis des miradors invisibles, le salarié d’astreinte hésite encore à proposer aux migrants l’entrée d’un édifice tout en grillage et en barreaux. Sur le parvis goudronné, encadré par de hauts murs et surplombé par la citadelle militaire de Bayonne, l’ombre fuyante des lignes ferroviaires prolonge ce décor figé par le froid. Cependant, le panneau « Terrain militaire - défense de pénétrer » est déjà égayé d’une série colorée d’autocollants antifascistes, et de bienvenue aux migrants. A l’intérieur, derrière les vitres polies, la lumière se fait aussi plus chaleureuse.

      Le lieu s’appellera finalement « Pausa », la pause en basque. Comme le premier bâtiment d’accueil, à vingt mètres de là, trop exigu et qu’il a fallu abandonner aux premiers jours de décembre. Mais aussi comme cette authentique pause, au milieu d’un périple exténuant qui dure parfois plusieurs années. Bayonne est devenue en 2018 une nouvelle étape essentielle sur les chemins de l’exil vers la France ou le nord de l’Europe. Une porte d’entrée en terre promise. C’est ici qu’aura lieu, ce soir, le nouvel an des réfugiés. Comme un symbole d’espoir, celui d’une vie dans laquelle il serait enfin possible de se projeter, laissant de côté les embûches de la route déjà accomplie.

      Un répit salutaire de trois jours

      Kébé vient de Guinée, comme beaucoup d’arrivants ces dernières semaines. Au milieu des préparatifs de la fête, il lit, imperturbable dans sa couverture, le récit autobiographique d’un jeune footballeur camerounais qui rêve de gloire sportive mais ne connaît que désillusions. Kébé ne veut pas être footballeur. Ainé d’une famille nombreuse restée à Conakry, il voudrait reprendre l’école et apprendre le métier de coiffeur à Bayonne. Parce que, dit-il, « c’est une ville très jolie et d’importance moyenne ». Il a déjà commencé un dossier pour faire valoir sa minorité et prétendre à une scolarité. Mais le temps lui est compté au centre d’accueil des réfugiés, où l’on s’efforce de ne garder les migrants que trois jours. Le temps d’un répit salutaire pour faire le point, quand le quotidien des migrants n’est fait que de recherche d’argent, de nourriture, de transport, d’hébergement, de passeurs, de policiers, ou bien pire. Initialement en route pour Paris, sans rien connaître de la capitale et sans contact, il a trouvé, juge-t-il, sa destination.

      C’est aussi le cas d’Ibrahim, parti de Sierra Leone il y a deux ans, qui fixe les premiers spots colorés de la soirée, comme une célébration de son arrivée à bon port. « Ici on est bien accueilli », constate-t-il. Lui aussi a 17 ans. Sa vie n’est que succession de petits boulots pour financer des kilomètres vers l’Europe. Il a appris le français en route, et ne souhaitait pas rester en Espagne, « à cause du problème de la langue ». Il continue d’explorer, sur son smartphone, les possibilités sans doute infinies que lui promet sa nouvelle vie, en suivant avec intérêt les préparatifs de la fête.

      Internet, ce fil de vie qui relie les continents

      Les bénévoles ne ménagent pas leur peine pour faire de cette soirée de réveillon une réussite : pâtisserie, riz à la piperade, bisap à gogo, sono, lumières, ballons... seront de la partie. Un « Bonne année 2019 » gonflable barre l’allée centrale du vaste dortoir, et s’achève vers un minuscule renfoncement aménagé en salle de prière. Les affiches de la Légion n’ont pas disparu. Elles indiquent par exemple le lieu où devaient être soigneusement pliées les « chemises arktis sable ». Mais l’ordre militaire a largement été chamboulé. La pièce principale sert à la fois de dortoir, de réfectoire, de cuisine, de magasin de produits d’hygiène, de bureau.

      Une borne wifi assure le flux Internet, précieux fil de vie durant un voyage au long cours. La nouvelle connexion déleste au passage les bénévoles, auparavant contraints de connecter une flopée d’appareils sur leurs propres smartphones, pour improviser des partages de connexion. Les écrans des téléphones sont autant de lueurs qui recréent des foyers dans les recoins les plus sombres de ce camping chauffé. Des gamins jouent au foot dans la cour, et la musique résonne jusque sur le quai de l’Adour. L’avantage, c’est que chacun peut programmer sa musique et la défendre sur le dance floor, avant de retourner tenir salon dans la semi-pénombre ou disparaître sous une couverture. Le temps de quelques sourires, sur des masques d’inquiétude.

      Près de 450 bénévoles, militants aguerris ou nouveaux venus

      Les bénévoles ont trouvé le bon tempo, après avoir essuyé les plâtres des arrivées massives. Aux premiers jours d’ouverture de ce nouveau centre, début décembre, il fallait encore faire le tour complet d’une cuisine chaotique pour servir un seul café aux réfugiés qui arrivaient affamés et par paquets, jusqu’au milieu de la nuit. A Bayonne, on sent le sac et le ressac de la Méditerranée pourtant lointaine, et le tempo des traversées se prolonge au Pausa, au gré de la météo marine du détroit de Gibraltar. Les bénévoles ont intégré le rythme. Ils sont désormais près de 450, regroupés au sein de l’association Diakité, mélange improbable de militants associatifs aguerris et de présences spontanées, gérant l’urgence avec la seule pratique de l’enthousiasme.

      Cet attelage bigarré s’est formé à la fin de l’été 2017. Les premiers bayonnais ont commencé à descendre spontanément des gamelles et des vêtements sur la Place des Basques, de l’autre côté du fleuve. C’est là que se faisait le départ des bus long-courriers, avant que le vaste chantier du Tram’bus ne les déplace sur le quai de Lesseps. Puis l’automne est arrivé et les maraudes ont commencé, pour réchauffer les corps congelés et organiser, dans l’improvisation, un accueil d’urgence, qui prenait la forme d’un fil WhatsApp paniqué. Les bayonnais ont ouvert leurs portes, les dons de vêtements ont afflué, submergeant les bénévoles qui n’en demandaient pas tant.

      Le maire UDI de Bayonne, Jean-René Etchegaray, est entré dans la danse, arrondissant les angles jusqu’à ouvrir, dès le mois de novembre, un premier bâtiment municipal promis à destruction. L’évêque est arrivé bon dernier, et s’est fait éconduire par des bénévoles peu indulgents avec ses positions traditionalistes, notamment sur l’avortement ou les droits LGBT. Dommage pour le parc immobilier du clergé, que les bayonnais présument conséquent. Mais il y avait ce vaste entrepôt de l’armée, dans l’alignement du quai, qui sera bientôt entièrement requalifié. Sa capacité de 300 lits fait régulièrement le plein, et impose aux bénévoles une organisation rigoureuse, notamment pour assurer des présences la nuit et le matin.
      Pressions de l’État sur les compagnies de bus

      L’inquiétude courrait pourtant en cette fin d’année : les bénévoles risquaient la démobilisation et le centre promettait d’être bondé. En période de vacances scolaires, les prix des billets de bus s’envolent, clouant certains migrants à quai. Dans les dernières heures de 2018 en revanche, les tarifs chutent brutalement et les voyageurs fauchés en profitent pour s’éclipser. Cette nuit du 31 décembre, 40 migrants ont repris la route, laissant le centre investi par près de 140 pensionnaires et une tripotée de volontaires soucieux de porter la fête dans ce lieu du marasme et de la convalescence. Vers 23h, les candidats au départ sont regroupés. Le bus est en bas, la troupe n’a que quelques mètres à faire. L’équipe de nuit accompagne les migrants.

      Il y a quelques semaines, la tension est montée d’un cran lorsque les chauffeurs de la compagnie Flixbus ont exigé les identités des voyageurs, après qu’une vingtaine de sans-papiers aient aussi été débarqués d’un autocar par les forces de l’ordre, au premier péage après Bayonne. Le maire de la ville, Jean-René Etchegaray, est monté au créneau, sur place, pour s’insurger contre ces pratiques. Cet avocat de profession a dénoncé une discrimination raciale, constatant un contrôle qui ne concernait que les personnes de couleur. Il a aussi laissé les bénévoles stupéfaits, voyant leur maire de centre-droit ériger une barricade de poubelles pour barrer la route au bus récalcitrant. La direction de la compagnie a dû dénoncer les faits, et le climat s’est apaisé.

      N’en déplaise au préfet des Pyrénées-Atlantiques qui maintient la pression sur les professionnels, notamment les chauffeurs de taxi, en promettant amende, prison et confiscation de véhicule pour qui aide à la circulation des « irréguliers ». Mais les chauffeurs de bus connaissent leurs droits, et même certains bénévoles, à force de passages tous les deux ou trois jours. En cette soirée du nouvel an, les chauffeurs sont espagnols, et semblent assurés que le monde contemporain est suffisamment inquiétant pour qu’eux mêmes ne se mettent en prime à contrôler les identités. Fraternité, salutations, départ. Les migrants, après quelques sourires gratifiants, replongent inquiets dans leurs téléphones. Retour au chaud et à la fête, qui cette fois, bat son plein.
      « Et c’est peut-être cela qui m’empêche de dormir la nuit »

      Le camping a toutefois des allures d’hôpital de campagne, avec sa piste de danse bordée de lits de camps occupés. Les migrants arrivent souvent épuisés, et la présence d’enceintes à quelques mètres de leurs couvertures ne décourage pas certains à s’y enrouler. Les femmes, plus discrètes, regagnent un dortoir séparé qui leur offre une intimité bienvenue. Dans les lumières tournoyantes, bénévoles et migrants se mêlent en musique. Jessica est venue avec sa jeune fille, après plusieurs jours sans avoir pu se libérer pour donner un coup de main. Aziz est avec sa famille, en visiteur du quartier. Saidou, Baldé, Ibrahima, exultent en suivant les convulsions d’une basse ragga.

      Cyril, bénévole de la première heure, est attablé un peu plus loin et se repasse le film des derniers mois dans le répit de la liesse. Peut-être pense t-il à l’enfant récupéré sous un pont de Saint-Jean-de-Luz, dans une nuit glaciale et sous des trombes d’eau, que les bras de sa mère protégeaient avec peine. Aux trois filles prostrées, qui voyageaient ensemble depuis trois ans et dont deux étaient mystérieusement enceintes. Ou aux trois guinéennes stupéfaites, atterrées et terrorisées, qu’il a fallu convaincre longtemps, dans une nuit glacée, pour enrouler une couverture sur leurs épaules. A celle qui a dû abandonner ses enfants en Guinée et finit par « bénévoler » de ses propres ailes dans le centre, rayonnante dans sa responsabilité retrouvée. A celui qui a perdu sa femme, enceinte, dans les eaux noires de la méditerranée « et c’est peut-être cela qui m’empêche de dormir la nuit », dit-il. Et à tous ceux qui se perdent sur cette route sans fin.
      L’appui de la mairie, qui change tout sur le terrain

      Sur la piste de danse, Nathalie rayonne. Elle a débarqué il y a quelques jours de Narbonne, avec une fourgonnette pleine de matériel de première nécessité. Le problème des réfugiés lui tordait le ventre. Elle a organisé une collecte et souhaitait livrer Gap, dans les Hautes-Alpes, avant d’entendre parler de Bayonne et d’avaler 450 km pour sonner au centre, le 25 décembre, avec des couvertures, de la nourriture, des produits d’hygiène. Elle y est devenue bénévole à temps plein, pendant une semaine, avant de regagner ses théâtres où elle est costumière et perruquière. Mais elle note tout et promet un compte rendu complet aux structures militantes de sa région, à l’autre bout des Pyrénées. Notamment du côté de Perpignan où, dit-elle, « un jour ou l’autre ils arriveront et je ne suis pas sûre qu’ils seront accueillis de la même manière ». « Émerveillée par la solidarité des basques », elle relève surtout l’appui de la mairie aux bénévoles, qui change tout sur le terrain. « Vous êtes extraordinaire » a t-elle lancé au maire quelques jours auparavant.

      Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, est aussi venu saluer les migrants ce 31 décembre. Il est justement question qu’il tisse des liens avec d’autres maires qui s’investissent dans l’accueil des migrants, tel Mathieu Carême (écologiste) à Grande-Synthe. Un accompagnement politique qui est aussi, du point de vue de certains habitants, un gage de sécurité et de tranquillité publique. Si Jean-René Etchegaray reconnait avoir reçu « quelques lettres anonymes sur un ton plutôt FN », sourit-il, il constate aussi que, depuis que le centre a ouvert, les plaintes des habitants se sont tues. L’accueil organisé des migrants leur fournit un point de chute, aidant à les soustraire aux circuits de passeurs ou aux appétits mafieux, et à assurer leur propre sécurité. Le contraire de cette « jungle de Calais » que les premiers détracteurs de l’accueil brandissaient, un peu vite, comme une menace.
      Un soutien financier de la communauté d’agglomération, en attendant celui de l’État ?

      Au-delà de la solidarité pour « des gens qui arrivent escroqués et épuisés » et « doivent bien s’habiller quelque part », le premier magistrat de la commune et de l’agglomération se tourne aussi vers l’État pour la prise en charge de ces exilés. Il dénonce une forme de « sous-traitance » de la politique migratoire et de « démantèlement de l’autorité de l’État », tant à travers les pressions exercées à l’encontre des professionnels du transport, que dans le manque de moyens utilisés pour faire face à cette crise. La police se contente bien souvent de raccompagner, en douce, les migrants derrière la frontière, à 30 km de là, comme en attestent de multiples témoignages ainsi que des images de la télévision publique basque ETB. La Communauté d’agglomération Pays Basque a voté à l’unanimité une aide de 70 000 euros par mois pour soutenir le centre Pausa, en particulier pour financer l’équipe de sept salariés recrutée parmi les bénévoles, et fournir un repas quotidien. « Mais il faudra bien que l’État nous aide », prévient Jean-René Etchegaray.

      Dans cette attente, l’édile continue ses tournées d’inspection quotidienne du centre Pausa. Il commence par l’accueil, demande le nombre d’arrivées et de départs, s’assure que le petit bureau d’information sur les départs fonctionne, puis se rend dans la pièce principale, scrutant les lits disponibles, l’état des couvertures, s’assurant que tout fonctionne, échangeant avec les bénévoles et les voyageurs, « des gens remarquables » dit-il, et suivant des yeux, amusé, les évolutions d’un petit groupe de migrants qui passe le balais, preuve que « tout se régule », sourit-il. Au-delà des problèmes de logistique, prestement résolus, Jean-René Etchegaray est en première ligne pour réclamer aux grandes enseignes de sa circonscription des vêtements, des couvertures, de la nourriture ou de petites urgences ponctuelles, comme des gants et des bonnets. Et assurer la fluidité de cette solidarité qui s’organise encore, et prend de l’ampleur chaque jour.
      2500 réfugiés ont déjà transité par la Pausa

      Pour l’heure, le temps s’arrête sur un compte à rebours déniché sur Internet. 3 - 2 - 1 - 0 ! Tout le monde s’embrasse dans la salle, au milieu d’autres corps terrés sous une masse de couvertures. Un élan qui mêle réfugiés et bénévoles pour conjurer le mauvais sort, valider le travail abouti, triompher de cette année qui a bouleversé Bayonne, et appréhender un avenir incertain où, d’un côté comme de l’autre, rien n’est gagné. Mais l’étape est belle. 2500 réfugiés ont transité par le centre Pausa en deux mois. La route du Maroc et de l’Espagne a été empruntée par plus de 50 000 personnes en 2018, à mesure que celle de la Libye se ferme sur des milliers de morts et d’exactions, et l’évacuation de 17 000 personnes par l’Office internationale des migrations.

      Le dispositif du Centre d’accueil de Bayonne est prévu jusqu’au mois d’août 2019, mais rien ne dit que le flux humain tarira. Le maire est en train de prévoir l’ouverture d’une annexe dans le bâtiment militaire voisin. Un stalag II, railleront les bénévoles, qui lui redonneront tout de même un nom plus reposant, des couleurs, et tout ce qui peut revigorer les âmes sans tanière sur leur route incertaine.

      https://www.bastamag.net/A-Bayonne-nouvelle-route-migratoire-l-impressionnante-solidarite-des-habit

  • The New Europeans Voices from a changing continent | National geographic

    Attention Pépite !!!

    Magnifiques représentations vidéo (Robin Hammond), photo (Robert Kunzig) et cartographiques du mouvement de réfugiés (2015) : leurs histoires, leurs voyages, leurs routes terrestres et maritimes empruntées

    En savoir plus : https://www.nationalgeographic.com/magazine/2016/10/europe-immigration-muslim-refugees-portraits/?user.testname=none

    #flowmap #mouvement #refugiés #National_Geographic #Shengen #flèches #routes #cartedeflux

  • @cdb_77 l’a déjà mis là :
    https://seenthis.net/messages/688734

    Mais il mérite une entrée à lui tout seul :

    Chronique printanière d’une frontière meurtrière
    Clair Rivière, CQFD, le 13 juillet 2018
    http://cqfd-journal.org/Chronique-printaniere-d-une

    Dans les montagnes du Briançonnais, plusieurs exilés ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Hexagone. Traqués par la police et l’extrême droite, ils sont secourus par des militants solidaires, que l’État cherche à intimider. Trois d’entre eux ont même passé neuf jours en prison.

    #France #Italie #migrants #Frontière_sud-alpine #frontières #Briançon #Hautes-Alpes #asile #migrations #réfugiés #parcours_migratoires #montagne #police #violence_policière #antifas #résistance #aintnomountainhighenough

  • Sur #Parcoursup, des étudiants ont été acceptés dans des formations... qui n’existent pas - Le Figaro Etudiant
    http://etudiant.lefigaro.fr/article/sur-parcoursup-des-etudiants-ont-ete-acceptes-dans-des-formations-


    C’est vraiment un festival !

    Contactée par le Figaro, Marine entre dans les détails. « Je suis originaire de Rouen (Normandie), et j’ai postulé dans des bi-licences histoire de l’art et archéologie -histoire. J’ai eu une proposition à l’université Grenoble Alpes que j’ai très vite acceptée. Puis, j’ai organisé mon déménagement, trouvé mon appartement. J’ai tout payé. Lorsque je suis arrivée pour m’inscrire à la rentrée, mon université m’a dit que la bi-licence que je convoitais n’existait pas, que c’était un bug de Parcoursup », raconte-t-elle sous le choc.

  • #Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables
    http://www.groupejeanpierrevernant.info/?p=39

    Pour analyser la logique profonde des réformes du Baccalauréat et de la licence, nous ne pouvons nous fier aux éléments de langage du ministère [4] entre panique [5] et menace [6]. Il faut donc faire le pari qu’il existe une cohérence d’ensemble des réformes à l’échelle de la décennie, portée par une haute fonction publique inamovible [7]. Cette idée est accréditée par le fait que ces réformes ont été théorisées par Aghion et Cohen en 2004 [8], et intégrées de manière programmatique dans le rapport Attali-Macron de 2008 [9]. Le projet de long terme, la création d’un marché de l’enseignement supérieur et de la recherche, progresse ainsi par étapes cohérentes à chaque fois qu’une “fenêtre de tir” [10] le permet. Pour créer du marché, la gouvernementalité néolibérale suppose que l’Etat procède avec systématisme à la mise en concurrence des individus (ici, les étudiants ; dans quelques mois, les universitaires à l’occasion de la réforme des statuts) et des structures (ici, les formations et, derrière elles, les universités). Or, il n’y a de pas de marché possible là où l’égalité prévaut — et donc l’homogénéité. Pour qu’il y ait marché, il faut qu’il y ait de la différence, de l’inégalité, du gradient de champ. Créer du marché suppose donc de différencier les formations, les établissements et les valeurs des individus, transformés en entrepreneurs d’eux-mêmes — ce à quoi ParcourSup contribue.

  • Parcoursup : « La mise en place de la rentrée est chaotique » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/04/parcoursup-la-mise-en-place-de-la-rentree-est-chaotique_1675496

    Aujourd’hui, Marie Duret-Pujol, maîtresse de conférences en études théâtrales à l’université Bordeaux-Montaigne

    « Je fais partie d’une des rares universités où la présidente a décidé que l’on n’appliquerait pas la réforme Parcoursup pour les filières non sélectives. C’est-à-dire que mes collègues n’ont pas classé les dossiers. Néanmoins, les études théâtrales sont déjà une filière sélective. Au 29 août, à Bordeaux-Montaigne il reste des places partout dans les cursus non sélectifs et sélectifs, bien qu’il y ait encore des personnes sur listes d’attente. En histoire, sans sélection, il reste une cinquantaine de places et en histoire de l’art, plus de cent. Ça signifie que Parcoursup a repoussé les inscriptions. Le cas de Bordeaux-Montaigne prouve bien que sans appliquer la sélection, en raison des nombreux abandons sur la plateforme (170 250 selon les chiffres du ministère du 29 août), ces étudiants, on peut les accueillir.

    « En L1 études théâtrales, on a une capacité de 80 places et pour le moment, 72 sont prises. Cette année, on a étudié 588 dossiers et il ne reste que 23 personnes en attente. Si on prend en compte ces chiffres, proportionnellement ça prouve qu’on devrait aller au bout de cette liste, donc que ça ne servait à rien de les classer. Imaginez ce temps passé pour rien. C’est un gâchis. Des heures de stress pour rien surtout pour les candidats qui sont encore sans proposition et ceux qui ont abandonné la plateforme, sont allés du côté du privé ou se sont dits « je vais aller travailler, ce n’est pas pour moi ». Sans oublier ceux qui vont se retrouver dans une filière qui ne leur plaît pas. Il était question de l’échec en licence, mais là c’est l’orientation par l’échec.

    « Parcoursup reculant le moment de l’inscription, il faut également imaginer que la mise en place de la rentrée est quand même chaotique. On en parle depuis longtemps, quand on ne sait pas combien d’étudiants on a dans une filière, on ne sait pas combien il y a de travaux dirigés (TD). Si on ne sait pas combien il y a de TD, ça signifie qu’il faut garder un vivier de professeurs vacataires, les appeler au dernier moment pour faire cours ou supprimer des vacations. Comment élaborons-nous les emplois du temps ? Comment réservons-nous les salles ? Ce sont des choses précises. Là-dessus on est en attente, alors que d’habitude à cette date-là, on est davantage fixés. J’ai une petite filière, donc les emplois du temps sont à peu près faits, mais dans les filières plus importantes bien que des créneaux soient posés, rien n’est certain puisqu’on ne sait pas combien il y aura d’étudiants.

    « Tout se met en place beaucoup plus tard avec #Parcoursup. La #rentrée va se passer dans de mauvaises conditions surtout pour les #étudiants orientés au dernier moment. Pour eux, ça veut certainement dire déménager, trouver un logement et commencer des études dans des conditions abominables. Entrer dans une classe au dernier moment est aussi difficile. Je me mets dans la tête d’un lycéen qui arrive, qui peut penser « je n’ai pas ma place ici, ils ne voulaient pas de moi ». C’est terrible ce que ça peut engendrer comme stress. »

    (1) Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Enseignement supérieur, incluant les catégories des « inactifs » et ceux qui « souhaitent s’inscrire ».

    Témoignage super intéressant. Je ne savais même pas que les président·e·s avaient le pouvoir de ne pas sélectionner et je ne sais pas si d’autres ont pris la même décision. Quel gâchis monumental finalement !

    #université #Bordeaux #sélection

  • #Parcoursup 2018 : quelles options pour les candidats encore en attente ou refusés ?
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/09/03/parcoursup-2018-quelles-options-pour-les-candidats-encore-en-attente-ou-refu


    #usine_à_gaz #exclusion #sélection #guerre_aux_pauvres

    Enfin, les candidats qui n’auraient pas été pris dans la formation de leur choix ont un mois, à compter de la notification de refus, pour demander à la formation de motiver cette décision administrative, et deux mois pour la contester, comme le stipule l’article D-612-1-14 du code de l’éducation, et ce, même s’ils ont accepté une autre proposition entre-temps. « Chaque candidat non admis dans une formation pourra envoyer une lettre recommandée au chef d’établissement, en lui demandant de motiver les raisons de sa non-inscription, notamment en précisant les critères et modalités d’examen du dossier », explique Me Jean Merlet-Bonnan, avocat spécialisé. Dans sa lettre, le candidat devra aussi inclure une demande expresse d’être inscrit dans la formation.

  • Lundi c’est la rentrée dans mon petit département d’IUT. Comme j’assure la charge de direction des études 1ère année, c’est moi qui fais le découpage de la promo en groupes de TD & TP.

    J’ai 65 noms, mais, au contraire des années précédentes, je ne sais absolument pas combien vont se pointer lundi matin. D’habitude je sais, et je sais aussi que 3 ou 4 ne seront pas là, ou arriveront plus tard pour des problèmes de visa, de logement, etc. Là non, je ne sais pas... Du coup je ne sais pas combien je fais de groupes.

    Le système est complètement bloqué comme prévu depuis le départ : comme les candidat⋅e⋅s retenu⋅e⋅s peuvent conserver une option sur un autre choix pour lequel ils ou elles sont en liste d’attente, ben ils ou elles ne disent pas ce qu’ils ou elles font, en espérant jusqu’au bout, alors qu’ils ou elles sont pris⋅es dans un système victime d’interblocage https://fr.wikipedia.org/wiki/Interblocage. Et il faut bien comprendre qui sont celles et ceux qui sont bloqués de cette façon, il suffit de regarder la file d’attente : c’est pas lycées « bien côtés », vous pouvez en être certains...

    J’adore lire sur la mine de certains collègues (pas tous, et pas la majorité heureusement !) le dégoût qui se veut masqué sur le fait qu’il va peut-être falloir appeler « d’autres candidats »... Berk berk berk, va falloir faire venir de la plèbe, quelle horreur !

    #parcoursup #tri_social #saloperie

  • ParcourSup met 158 000 jeunes au supplice Olivier CHARTRAIN - 23 Août, 2018 - L’Humanité

    62 000 étudiants sans affectation, 96 000 qui ne savent toujours pas où ils seront à la rentrée. Voilà les vrais chiffres de ParcourSup. A deux semaines de la fin de la procédure.

    Quand on n’a pas envie de compter, on peut toujours compter… sur sa capacité à jouer sur les mots. C’est apparemment un exercice qu’affectionne Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur. Elle s’y est livrée avec gourmandise hier matin sur France Inter. Interrogée sur le nombre d’étudiants encore en attente sur la plateforme Parcoursup, dont la phase principale se termine le 5 septembre, elle a martelé deux chiffres. Ils seraient « plus de 591 000 à savoir où ils seront à la rentrée », tandis qu’« un peu moins de 15 000 candidats » seraient toujours en attente d’une réponse, ces derniers étant bien entendu « accompagnés par les commissions » académiques d’ accès à l’enseignement supérieur (CAAES), créées à cet effet.

    Or, ces chiffres répétés comme des mantras par la ministre sont faux. Il suffit pour le vérifier de consulter le site officiel de Parcoursup. Hier, 490 705 candidats avaient définitivement accepté une proposition (soit 60,4 % des 812 000 inscrits). Frédérique Vidal leur a tout simplement additionné les 95 635 qui ont reçu une proposition, mais ne l’ont toujours pas acceptée et restent en attente pour d’ autres vœux, correspondant plus à leur projet. Or ceux-là, de fait, ne savent toujours pas « où ils seront à la rentrée ». Ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes, en premier lieu pour leur logement.

    Des étudiants sans réponse ... et donc sans logement
    Céline Paul est dans ce cas. Avec son bac ES, elle est prise en BTS « design d’espaces » à Reims, proposition qu’elle n’a toujours pas acceptée car elle habite Quimper et préférerait étudier à Caen ou à Nantes, bien plus près de chez elle. « J’ai longtemps été troisième sur la liste d’attente à Caen, mais je viens de passer première, et deuxième à Nantes. » Elle attend donc encore, sans aucune garantie . « Je n’ai pris de logement nulle part », explique cette boursière : « Avec mes parents , nous nous sommes dit qu’on n’allait pas louer à Reims, alors que je risque d’aller ailleurs. Mais du coup, dans les trois villes , il ne reste pas grand-chose, seulement les appartements les plus chers ou alors les plus excentrés. »

    D’autres ont sauté le pas et payé des cautions… qu’ils risquent de ne jamais revoir, les Crous (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) par exemple ne remboursant plus ces sommes au-delà d’un délai d’un mois. Sans compter ceux qui, déjà locataire , ne savent pas si ni quand ils vont devoir déposer leur préavis. Céline, elle, avoue un « gros stress » : « C’est la première fois que je décohabite, J’aurais aimé pouvoir me préparer dans de meilleures conditions. » Elle n’est de toute façon pas concernée par le dispositif d’« aide à la mobilité » annoncé par la ministre. Doté de 7 millions d’euros, il doit permettre de distribuer une aide unique variant de 200 à 1 000 euros à des étudiants contraints de s’inscrire dans un établissement éloigné de leur domicile.

    Quant aux candidats qui n’ont toujours reçu aucune proposition, ils sont en vérité 62 501, et non 15 000. Pour obtenir son chiffre , cette fois la ministre a tout simplement rayé de la carte 47 058 candidats considérés comme « en attente » le 22 juillet , avant la pause estivale, et devenus d’un coup des « inactifs », parce qu’ils n’ont pas fait appel à la CAAES et/ou ne se sont pas inscrits en phase complémentaire – alors que de nombreux étudiants avouent ignorer l’existence même de ces commissions. Voilà donc comment 158 136 étudiants sont toujours dans l’incertitude. Un chiffre que la ministre, visiblement, n’a guère envie de prononcer.
    https://www.humanite.fr/education-parcoursup-met-158-000-jeunes-au-supplice-659613 &
    https://www.legrandsoir.info/parcoursup-met-158-000-jeunes-au-supplice.html

    #ParcourSup #Etudiant.e.s #logement #Crous #frédérique_vidal #parcours_sup #universités #université #sélection #discrimination #orientation

    • - Emmanuel Macron, le président français, n’a pas d’enfant.
      – La chancelière allemande Angela Merkel n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre britannique Theresa May n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre italien Paolo Gentiloni n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre suédois Stefan Löfven n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel n’a pas d’enfant.
      – Le Premier ministre écossais Nicola Sturgeon n’a pas d’enfant.
      – Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker n’a pas d’enfant.
      . . . .

      https://seenthis.net/messages/718614

  • Evadé de l’enfer !

    ‘’Halte !’’ Une voix sortie de nulle part dans l‘obscurité de la mer, nous ordonne de nous arrêter. C’est parti pour un deuxième emprisonnement.
    Pourtant, je croyais avoir fini avec les mauvaises surprises et que l’Eldorado me souriait enfin sur les rives libyennes ; point de départ d’un avenir meilleur.
    Hélas ! Non ! Entre #abus_financiers au niveau des postes de contrôle, #séquestrations, #rapts et #raquettes des passeurs et des groupuscules armés, #rétention et #refoulement des migrants, la migration est un véritable #parcours_de_combattants.
    Je m’appelle S. Zoumana, je suis malien issu d’une famille de trois enfants dont je suis le seul garçon. J’ai 18 ans. Il y’a deux ans, j’ai fait le vent du désert sans m’y être préparé.
    En Libye, dans une geôle de centaines de personnes, toutes nationalités africaines confondues, je vois mon #rêve se brisait ; un Paradis perdu. Quatre mois dans ce #taudis, nous sommes nourris qu’une seule fois par jour et dans une insalubre promiscuité, ont suffi pour attraper cette maladie qui me ronge à petit feu et que je combatte chaque jour.
    Nous devions nous évader de cet endroit et quand plus tard, enfin je décidais de rentrer à la maison, le chemin de retour semblait infernal. C’est à la fois aussi indigne que la montée. En voulant juste traverser la zone algérienne pour le #Mali, nous sommes interpellés, persécutés et livrés par la Police algérienne dans les profondeurs du #désert sans aide humanitaire. Dans ces lots de migrants refoulés y regroupent des femmes enceintes, des enfants, des malades physiques et mentaux. Tous à la merci des rebelles sans cœur qui ont barricadé la route avec de nombreuses postes de transit où l’argent, les portables et même les habits sont monnaie de passage. J’étais vraiment mal en point et je ne croyais pas tenir bon jusqu’à Gao.
    Une fois à la Maison du migrant, je fus administré à l’hôpital. Cela fait plus d’un mois que mon corps est persécuté par les aiguilles de piqûres, de transfusion ou de perfusion. Entre multiples analyses, le médecin soupçonne tantôt une #tuberculose dont les tests de crachats démontent, tantôt une #anémie. En vingt jours, j’ai fondu de 10kg. Pour autant les repas sont riches et variés, pour autant la #maladie gagne du terrain. Je perds espoir !
    Par le biais du centre, j’ai pu entrer en contact avec mon père, lui médecin à l’hôpital à Bamako. En commun accord avec le médecin chef de l’hôpital et du CICR, il a sollicité mon #évacuation sur #Bamako, afin que je puisse bénéficier d’un bon suivi médical et du soutien familial. Hélas le périple continue. A ma grande surprise, j’apprends que le CICR ne déploie leur vol sur Bamako que pour des blessés de guerre et vu les conditions d’insécurité l’hôpital ne compte pas mettre en route leur dernière ambulance. Dès lors, avec la dégradation de la route et l’insécurité sur l’axe #Gao-Bamako qui ont occasionné un détour par #Niamey#Ouagadougou#Bamako, la #Maison_du_migrant prévoit au cours de la semaine, avec le suivi d’un médecin de l’hôpital mettre en disposition un véhicule pour mon voyage. Je prie le Bon Dieu que mon corps puisse résister le trajet et qu’enfin je puisse me rétablir à côté de mes aimés.
    Si par malchance tu viens d’un pays où les questions primaires de #santé et d’#éducation sont mal évaluées par les décideurs comment voudriez-vous que l’immigration s’arrête ?
    Comment pouvons-nous ne pas aspirer à une meilleure vie où les conditions d’un avenir meilleur seront garanties ?
    Telles sont les questions que je me pose sur mon lit de souffrance après deux ans de combat.

    S. Zoumana

    #récit #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire #migrations #asile #réfugiés #migrants_maliens #Libye #Algérie #santé

    Reçu via la mailing-list de Migreurop, le 24 juillet 2018. Envoyé par Eric Alain Kamdem de la Maison du migrant de Gao.

    @sinehebdo, voici un autre #mot
    « j’ai fait le vent du désert sans m’y être préparé. »
    –-> #faire_le_vent_du_désert
    #terminologie #vocabulaire

  • 08/07: 19 travellers at Turkish-Greek landborder, pushed-back to Turkey

    Watch The Med Alarm Phone Investigations – 8th of July 2018

    Case name: 2018_07_08-AEG406
    Situation: 19 travellers at Turkish-Greek landborder, pushed-back to Turkey
    Status of WTM Investigation: Concluded

    Place of Incident: Aegean Sea

    Summary of the Case:

    On Sunday, 8th of July, at 11:14pm CEST, we were alerted to a group of travellers stuck near #Tichero, Greece, close to the Turkish landborder. The group consisted of 19 people, among them a 1-year-old child, a pregnant lady and a man that had a broken leg. At 12:11pm we managed to establish contact to the travellers. They were afraid of being pushed-back to Turkey by the police and asked for medical aid and the possibility to seek asylum in Greece. We asked them for a list of their names and birth dates in order to alert UNHCR. At 1:02am we received the list. We couldn’t get back in contact until 1:47am. The group decided not to move further and to wait until the morning for the UNHCR office to open so they could call there.
    At 8:30am we called UNHCR and asked for assistance. At 8:45am we also called the local police station but the operator refused to speak to us in English. We told the group to call 112 themselves for assistance. Until 9:30am we couldn’t reach any local police station. At 9:50am we sent an email to the local authorities and UNHCR to inform them about the people. Afterwards we continuously tried again to get in touch with the authorities and the group, but couldn’t establish a connection any more. At 2pm we reached the police in Alexandropolis. They informed us that they were searching since one hour but hadn’t found the travellers. During the afternoon, we couldn’t get any news and didn’t reach the travellers anymore. At 6:53pm the police informed us that they had not found the group yet. The next day at 11:02am we were informed by a contact person that the group had been found and that they had been allegedly violently pushed-back to Turkey. At 12:45am we managed to reach the group itself. They told us that the police had found them at 5:00pm the day before and put them in „a prison“. At 10:00pm the police had told the group that they were being moved to a camp to apply for international protection. However, the police instead brought them back to the river and handed them to officers discribed as „military“, who forced them onto a boat and across Evros border river back to Turkey. The police officers before had confiscated personal belongings of the refugees, including mobile phones, money, passports and the food for the baby.

    http://watchthemed.net/reports/view/943

    #Evros #Grèce #frontières #Turquie #push-back #refoulement #asile #migrations #réfugiés

    • WSJ: Turks fleeing Erdogan fuel new influx of refugees to Greece

      Thousands of Turks flee Turkey due to a massive witch-hunt launched by the Justice and Development Party (AK Party) government against the Kurds and the Gülen Group in the wake of a failed coup attempt on July 15, 2016.
      Around 14,000 people crossed the Evros frontier from January through September of this year, more than double the number for the whole of last year, according to the Greek police. Around half of them were Turkish citizens, according to estimates from Frontex, the European Union’s border agency. Many are judges, military personnel, civil servants or business people who have fallen under Turkish authorities’ suspicion, had their passports canceled and chosen an illegal route out.
      Nearly 4,000 Turks have applied for asylum in Greece so far this year. But most Turkish arrivals don’t register their presence in Greece, planning instead to head deeper into Europe and further from Turkey.

      About 30 Turks have been arriving on a daily basis since the failed coup, according to Kathimerini, there were zero arrivals from Turkey in 2015. However, thousands of Turkish citizens have started claiming asylum in Greece since “Erdogan stepped up his crackdown against his opponents since the failed coup attempt.”

      The Wall Street Journal interviewed some of the purge-victim families in Greece:

      “In the dead of night, Yunuz Cagar and his wife Cansu gave their baby some herbal tea to help her sleep, donned backpacks and followed smugglers on a muddy path along the Evros river, evading fences and border guards until they reached Greece.

      Mr. Cagar, a 29-year-old court clerk, was living a quiet life with his family in a provincial town near Istanbul until Turkey’s crackdown after a failed military coup in 2016 turned their world upside down. Judges, colleagues and friends were arrested. He lost his job and had to move the family into his parents’ attic. Mr. Cagar was arrested and spent four months in prison. His crime, he says, was downloading a messaging app, an act he says the state treated as evidence of supporting terrorism.
      The flow of asylum seekers crossing the Greek-Turkish border along the Evros river is rising for the first time since the peak of Europe’s migration crisis in 2015. This time, though, the increase is mainly due to Turks fleeing President Recep Tayyip Erdogan and his dragnet against real or imagined followers of the U.S.-based cleric Fethullah Gulen. Turkey accuses Mr. Gulen, an ex-ally turned enemy of Mr. Erdogan, of orchestrating the coup attempt.

      “We didn’t say goodbye to anyone before leaving,” said Mr. Cagar, who is now in Athens trying to find some way to get to Germany. His wife and child already made it there with the help of smugglers who have demanded a hefty price. “We began our journey with €13,000 ($14,700) and I have €1,500 left,” he said.

      Ahmed, a 30-year-old former F-16 pilot in the Turkish air force, spends his days talking to smugglers and trying to find a way out. “My dream is Canada, but the reality is Omonoia,” he said, referring to the gritty square in downtown Athens where migrants and smugglers mingle.

      A few months after the coup attempt, Ahmed said, he was dismissed, accused of Gulenist links, arrested and beaten, after another officer denounced him. He said he has no connections with Mr. Gulen’s network. He was released pending trial, but decided to flee when a prison term appeared unavoidable.

      Yilmaz Bilir, his wife Ozlem and their four children were on vacation when the coup attempt happened. Mr. Bilir, who worked at the information-technology department of Turkey’s foreign ministry, found out months later that he was suspected of Gulenist links, which he denies. The family went into hiding, staying with relatives and friends. Mr. Bilir was arrested when he briefly visited his own home and neighbors called the police. When he was released pending trial, the family decided to leave Turkey.

      Mr. Bilir made it to Germany using a forged passport and has applied for asylum there. His wife and children have applied to join him.

      Mrs. Bilir, stuck for now in Athens, remembers how happy the family was when they crossed the river Evros one summer night. “It was an endless walk, but we were happy, because we were away together,” she said. “I was so stressed in Turkey that I couldn’t sleep well for months, but that first night in detention in Greece, I finally slept.”

      After the coup, Meral Budak was suspended from her job as a teacher. Her husband was a journalist at Zaman, a major Turkish newspaper linked to Mr. Gulen’s movement. He had a valid U.S. visa and was able to travel to Canada, where he now works as an Uber driver. His 18-year-old son joined him a few months later.

      Mrs. Budak and the couple’s 15-year-old son Ali remained in Turkey and soon had their passports revoked. They went into hiding for a year. “The most traumatic memory was when I burned hundreds of books,” she said. “Even my children’s school books could be considered evidence, since the publishing companies were funded by Gulen.”
      On Jan. 1 of this year, Mrs. Budak and Ali undertook the long walk across the Evros and into Greece, where they now wait to join the rest of the family in Canada.

      “When I was walking through Greek villages, I realized my life was never going to be the same,” Mrs. Budak said. “I was walking into the unknown.”
      Read the full report on: https://www.wsj.com/articles/turks-fleeing-erdogan-fuel-new-influx-of-refugees-to-greece-1543672801

      https://turkeypurge.com/wsj-turks-fleeing-erdogan-fuel-new-influx-of-refugees-to-greece
      #réfugiés_turcs

    • Fourth migrant found dead near border, Greek ’pushback’ suspected

      Bodies of migrants keep piling up on Turkey’s border with Greece, while Greece denies it is involved in illegal “pushback” practices. Villagers in Adasarhanlı, where the body of another migrant was found earlier this week, alerted authorities after they discovered a body in a rice field, a short distance from the Turkish-Greek border, late Wednesday. The man is believed to be an illegal migrant forced to walk back to Turkey in freezing temperatures by Greek police as part of their controversial pushback practice.

      An initial investigation shows the man froze to death three days ago, and there were lesions on his body stemming from prolonged exposure to water.

      İbrahim Dalkıran, the leader of the village, said they have seen a large number of migrants recently in the area, and many took shelter, in wet clothes or half naked, in Adasarhanlı. “This is a humanitarian situation. Greece sends back migrants almost every three or four days. Some arrive injured, and we call a doctor. It is sad to see them in such a state,” Dalkıran told reporters.

      Olga Gerovasili, Greece’s minister for citizen protection whose ministry oversees border security, has denied previous allegations of pushback and told Anadolu Agency (AA) that Greece is not involved in such incidents. Yet, figures provided to AA by Turkish security sources show many illegal migrants were forced to go back to Turkey by Greek officials, with some 2,490 migrants being pushed back in November alone. The agency reports that some 300 of them were subjected to mistreatment by Greek security forces, ranging from beatings to being forced to go back half naked to the Turkish side of the border.

      Three bodies, believed to be Afghan or Pakistani migrants, were found in three villages in Edirne, the Turkish province that borders Greece. More than 70,000 illegal migrants were intercepted in Edirne between January and November, a high number compared to the 47,731 stopped last year as they tried to cross into Greece despite an increase in pushback reports.

      Under international laws and conventions, Greece is obliged to register any illegal migrants entering its territory; yet, this is not the case for some migrants. Security sources say that accounts of migrants interviewed by Turkish migration authority staff and social workers show that they are forced to return to Turkey, where they arrived from their homelands with the hope of reaching Europe.

      Pırıl Erçoban, a coordinator for the Association for Solidarity with Refugees (Mülteci-Der), says pushback constitutes a serious crime. She said it was “sad and unacceptable” that three migrants died, the number of deaths illustrates a serious problem. “It sheds light on the fact that pushback is being applied. It is still a crime to send those people back, even if they can make it back to Turkey alive,” Erçoban told AA. She says pushback was also taking place on migrant sea journeys, but has stopped, although the practice has continued on land. “Both Greece and Bulgaria are involved in this practice. Our figures show some 11,000 [illegal migrants] entered Turkey from Greece and Bulgaria, though not all of them were forced; we believe a substantial portion of returns are the result of pushback,” she said, adding returns were mostly via Greece. Erçoban said taking legal action to help migrants forced to return was difficult, as they could not reach the victims. “There should be administrative and criminal sanctions, and the culprits should be found. Turkey should take steps against pushback if [Greece] adopted it as a state policy. We hear that they are being beaten with iron bars and sent back without their clothes. This is a crime,” she added.

      Every year, hundreds of thousands of migrants flee civil conflict or economic hardship in their home countries in hope of reaching Europe. Edirne is a primary migration route. Turkish Directorate General of Migration Management data reveals that most of the migrants come from Pakistan, Syria, Iraq and Afghanistan. The numbers increase in late summer and autumn before dropping in the winter months.

      Temperatures hover near minus zero degrees Celsius in Edirne and other provinces at the border, which also saw heavy rainfall last week. Migrants usually take boats on the Meriç River, while some try to swim across to the other side. Early yesterday, police stopped 17 Pakistani migrants who were walking on train tracks near the border.

      https://www.dailysabah.com/investigations/2018/12/07/fourth-migrant-found-dead-near-border-greek-pushback-suspected/amp?__twitter_impression=true
      #mourir_aux_frontières #décès #morts

    • Greece accused of migrant ’pushbacks’ at Turkey border

      Hundreds of migrants including children and families have been illegally returned from Greece to Turkey despite Greek authorities being repeatedly warned about the practice, three non-governmental organizations said Wednesday.

      Migrants being forced back over the border, in violation of international law, has become the “new normality” at the border crossing with Turkey in Greece’s northeast Evros region, the three Greek organizations said.

      The testimonies of 39 people who attempted to cross the border to Europe, collected in detention centers near the border since the spring, were published in a report by the Greek Council for Refugees, ARSIS and HumanRights360.

      In their testimonies, the migrants describe being intercepted and detained by people wearing police or military uniforms, sometimes with a hood covering their face, who then forced them onto a boat to cross the Evros River back to Turkey.

      Some migrants described being physically abused or robbed by the individuals, who mostly spoke Greek.

      The report “constitutes evidence of the practice of pushbacks being used extensively and not decreasing, regardless of the silence and denial by the responsible public bodies and authorities,” the NGOs said.

      The “particularly wide-spread practice” leaves the “state exposed and posing a threat for the rule of law in the country,” they added.

      The Greek office of the U.N. refugee agency also said it had recorded a “significant number of testimonies on informal forced returns” through the Evros border.

      “On many occasions, we have addressed those concerns to the Greek authorities requesting the investigation of incidents,” the UNHCR office said.

      “The state’s response so far to these practices has not produced the results required for an effective access to asylum.”

      Greek authorities have denied involvement in the migrant returns and have announced investigations into potential militia action, without result so far.

      The flow of migrants across the Greek-Turkish land border has almost tripled this year, according to Greece’s migration ministry, with 14,000 people intercepted so far compared to 5,400 in 2017.


      http://www.dailystar.com.lb/News/Middle-East/2018/Dec-12/471620-greece-accused-of-migrant-pushbacks-at-turkey-border.ashx

    • Greece: Violent Pushbacks at Turkey Border

      Greek law enforcement officers at the land border with Turkey in the northeastern Evros region routinely summarily return asylum seekers and migrants, Human Rights Watch said today. The officers in some cases use violence and often confiscate and destroy the migrants’ belongings.

      “People who have not committed a crime are detained, beaten, and thrown out of Greece without any consideration for their rights or safety,” said Todor Gardos, Europe researcher at Human Rights Watch. “The Greek authorities should immediately investigate the repeated allegations of illegal pushbacks.”

      Human Rights Watch interviewed 26 asylum seekers and other migrants in Greece in May, and in October and November in Turkey. They are from Afghanistan, Iraq, Morocco, Pakistan, Syria, Tunisia, and Yemen, and include families traveling with children. They described 24 incidents of pushbacks across the Evros River from Greece to Turkey.

      Most incidents took place between April and November. All of those interviewed reported hostile or violent behavior by Greek police and unidentified forces wearing uniforms and masks without recognizable insignia. Twelve said police or these unidentified forces accompanying the police stripped them of their possessions, including their money and personal identification, which were often destroyed. Seven said police or unidentified forces took their clothes or shoes and forced them back to Turkey in their underwear, sometimes at night in freezing temperatures.

      Abuse included beatings with hands and batons, kicking, and, in one case, the use of what appeared to be a stun gun. In another case, a Moroccan man said a masked man dragged him by his hair, forced him to kneel on the ground, held a knife to his throat, and subjected him to a mock execution. Others pushed back include a pregnant 19-year-old woman from Afrin, Syria, and a woman from Afghanistan who said Greek authorities took away her two young children’s shoes.

      Increasing numbers of migrants, including asylum seekers, have attempted to cross the Evros River, which forms a natural border between Greece and Turkey, since April. By the end of September, the International Organization for Migration (IOM) had registered 13,784 arrivals by land, a nearly fourfold increase over the same period last year.

      In early June, Turkey unilaterally suspended all returns under a bilateral readmission agreement, stopping coordinated returns over the land border. In a July letter to Human Rights Watch, Hellenic Police Director Georgios Kossioris acknowledged an “acute problem” related to new arrivals and migrants arrested in the region, causing the overcrowding in some facilities, and inhumane conditions in police stations and registration and identification centers Human Rights Watch had documented.

      Accounts gathered by Human Rights Watch are consistent with the findings of other nongovernmental groups, intergovernmental agencies, and media reports. UNHCR, the United Nations Refugee Agency, has raised similar concerns. In a June report, the Council of Europe’s (CoE) Committee for the Prevention of Torture said it has received “several consistent and credible allegations of pushbacks by boat from Greece to Turkey at the Evros River border by masked Greek police and border guards or (para-)military commandos.” In November, the CoE human rights commissioner called on Greece to investigate allegations, in light of information pointing to “an established practice.”

      Human Rights Watch wrote to the head of border protection of the Hellenic Police on December 6, 2018, informing them of its findings. In his reply, Police Director Kossioris categorically denied that Hellenic Police carry out forced summary returns. He said all procedures for the detention and identification of migrants entering Greece were carried out in line with relevant legislation, and that they “thoroughly investigate” any incidents of misconduct or violation of migrants’ and asylum seekers’ rights. Greek authorities have consistently denied pushback practices, including a high-ranking Greek police official in a June meeting with Human Rights Watch. For a decade, Human Rights Watch has documented systematic pushbacks by Greek law enforcement officials at its land border with Turkey.

      Greek authorities should promptly investigate in a transparent, thorough, and impartial manner repeated allegations that Greek police and border guards are involved in collective and extrajudicial expulsions at the Evros region. Authorities should investigate allegations of violence and excessive use of force. Any officer engaged in such illegal acts, as well as their commanding officers, should be subject to disciplinary sanction and, as appropriate, criminal prosecution. Anyone seeking international protection should have the opportunity to apply for asylum, and returns should follow a procedure that provides access to effective remedies and safeguards against refoulement – return to a country where they are likely to face persecution, and ill-treatment.

      The European Commission, which provides financial support to the Greek government for migration control, including in the Evros region, should urge Greece to end all summary returns of asylum seekers to Turkey, press the authorities to investigate allegations of violence, and open legal proceedings against Greece for violating European Union laws.

      “Despite government denials, it appears that Greece is intentionally, and with complete impunity, closing the door on many people who seek to reach the European Union through the Evros border,” Gardos said. “Greece should cease forced summary returns immediately and treat everyone with dignity and respect for their basic rights.”

      For detailed accounts from asylum seekers and migrants, please see below. Please note that all names have been changed.

      Human Rights Watch interviewed 26 people from Afghanistan, Iraq, Morocco, Pakistan, Syria, Tunisia, and Yemen, including seven women, two of whom were pregnant at the time they were summarily returned to Turkey across the Evros River. In seven cases, families were pushed back, including children.

      In Greece, Human Rights Watch interviewed people who managed to re-enter Greek territory following a pushback, in the Fylakio pre-removal detention center and in the Fylakio reception and identification center, as well as in the Diavata camp for asylum seekers in Thessaloniki. In Turkey, those interviewed were in the Edirne removal center and in urban locations in Istanbul.

      All names of interviewees have been changed to protect their privacy and security. Interviews were carried out privately and confidentially, in the interviewees’ first language, or a language they spoke fluently, through interpreters. Interviewees shared their accounts voluntarily, and without remuneration, and have consented to Human Rights Watch collecting and publishing their accounts.

      Pushbacks in Evros

      The 24 incidents described demonstrate a pattern that points to an established and well-coordinated practice of pushbacks. Most of the incidents share three key features: initial capture by local police patrols, detention in police stations or informal locations close to the border with Turkey, and handover from identifiable law enforcement bodies to unidentifiable paramilitaries who would carry out the pushback to Turkey across the Evros River, at times violently. In nine cases, migrants said uniformed police physically mistreated them before or during the pushback.

      The accounts suggest close and consistent coordination between police with unidentified, often masked, men who may or may not be law enforcement officers. In a May interview with Human Rights Watch, Second Lieutenant Sofia Lazopoulou at the border police station of Neo Cheimonio said that police officers wearing dark blue uniforms were in charge of services at the police station and that those who wear military camouflage uniforms were patrolling officers, in charge of prevention and deterrence of irregular migrants crossing into Greece.

      Interviewees said that people who looked like police officers or soldiers, as well as some of the unidentified masked men, carried equipment such as handguns, handcuffs, radios, spray cans, and batons, while others carried tactical gear such as armored gloves, binoculars, and knives and military grade weapons, such as rifles.

      The repeated nature of the pushbacks and the fact that those officers who conduct them were clearly on official duty, indicates that commanding officers knew, or ought to have known, what was happening.

      Ferhat G., a Syrian Kurdish man in his forties, said two police officers detained him, his wife, and three children, ages 12, 15, and 19, at an abandoned train station on September 19. They were held in a large caged area in the backyard of a police station with dozens of other people for five hours. Ferhat could not say where the train station or police station were:

      We were all put in a van, 60 to 70 people. Commandos all in black, wearing face masks, drove us back to the river. We were very afraid… I saw other people there, mainly youths with just shorts, no other clothes. Our blood froze out of fear. When they opened the van, we started going out. “Stand in one line, one-by-one,” they said and hit someone. Ten by 10, they put us in a small boat, driven by a Greek soldier. I cried because of the humiliation.

      The modus operandi was largely replicated, with some variations, in the other cases Human Rights Watch documented.

      Capture

      Twenty-one of those interviewed said local police patrols detained them in towns and villages near the border or in open farmland. Two said that the police took them off a bus or a train shortly after its departure. Three said they could not identify the men who detained them and took them directly back to the border. People said they were then transported in police cars, pick-up trucks, white vans without windows or signs, or larger trucks painted in green or camouflage that appeared to be military trucks.

      Karim L., 25, from Morocco, said that police officers removed him from a train to Alexandropouli on November 8. Shortly after its scheduled departure from Orestiada, at 12:37 p.m., police officers began asking passengers who looked foreign to show their passports and took Karim and five or six others off the train. The police took him to a nearby police station and kept him there for two nights. Then four men wearing police uniforms and black masks took him to the border in a van. He said they subjected him to physical violence and a mock execution, then pushed him back to Turkey. He was not photographed, fingerprinted, or given any paper to read or sign, or otherwise informed of the reasons for his arrest. He said that other people, including families with children, were also detained in the station’s three cells.

      Mahsa N., an Afghan woman, said uniformed police officers removed her, her husband, their three children, ages 5, 9, and 11, and two unrelated Afghan men from a bus 15 minutes after it left Alexandropouli in mid-September, during their third attempt to enter Greece. They were pushed back to Turkey the same day, with the police who had detained them taking them all the way to the Evros River, where others were already being held so they could be returned on a boat.

      Dila E., a 25-year-old Syrian woman, described her experience shortly after crossing the Evros River in late April. She said she was with seven other people, including four children, when masked men she could not identify pushed them back to Turkey as they were walking in a small town near the border:

      They came with a car and took us. They put us in a white van. You couldn’t see anything from the inside. They took us directly to the river and made us cross the river with a rubber boat. They took everyone’s mobile phones, set of clothes, and even the money from some.

      Malik N., a 26-year-old Moroccan man, said uniformed police stopped him along with three other men on November 13 near a gas station in Didymoteicho, a town two kilometers from the border. He said that one of the policemen made a phone call, and a white van arrived 15 minutes later. Two men he could not identify took him and two of his group to a location that he described as barracks: “They put us in the car, which was very well made, dark inside, and without seats. There were no signs on it. … There was a terrible smell [in the barracks], and officials had their masks on… There were 30 people there.”

      Masked men took him to the border the next evening:

      After the masked people came, they started to shout at us, and hit us one by one with batons at the door. There were around eight people outside the barracks, each with a thick plastic baton. They would hit you as you walked to the car. They would shout “Fuck Islam.” They put 30 of us in the van. [There were] no chairs. I felt like I was suffocating, there was no air. When we arrived at the river, they ordered people to strip to shorts only. They took my phones, my money, €1,500, and my glasses, and broke them.

      Sardar T., 18, from Afghanistan, said that uniformed police caught him and the group of people he was traveling with at the Didymoteicho bus station on April 23. He said the police came with a white van but later brought a big car, similar to a military truck with green camouflage. Human Rights Watch researchers saw a vehicle matching Sardar’s description parked in the yard of the border police station of Neo Cheimonio, as well as numerous white vans, without police signs. Sardar said that the officers who pushed them back to Turkey were wearing police uniforms and that masks concealed their faces except for their eyes.

      Detention

      Thirteen of those interviewed reported that they were detained in formal and informal locations close to the border, for periods ranging from a few hours to five days. Five said they were taken to a police station, while eight described buildings on the outskirts of nearby villages and towns, or on farmland that they said were used as drop-off points for detained migrants. None of the interviewees, even those held at police stations, were duly identified and registered, and their detention appears to have been arbitrary and incommunicado.

      A few dozen to one hundred people were detained at a time, without food, water, and sanitation, and then taken to the Evros River and returned to Turkey. Interviewees described the rooms in the unidentified buildings as “prison-like” and “like a storage room,” with a few mattresses and a single, filthy toilet. They said women and families with children were either held together with unrelated men, or sometimes in adjacent rooms.

      Mahsa, the Afghan woman who was summarily returned to Turkey three times, said she and her family were kept for five days, along with unrelated men who were also detained, in a dark room with no beds or heat before the second pushback, in late August. They were not given any food. Their belongings, including winter coats for her young children, and a cherished backpack and doll, were never returned. Up to 10 guards, wearing belts with what appeared to be handguns, batons, and pepper spray, would check on people and lock the door but not provide any information. She saw guards beating men staying in the same room: “They had a blue uniform with writing on it in Greek on the back, with big letters. They called us dirt.”

      Azadeh B., a 22-year-old Afghan woman traveling with her husband and two children, ages 2 and 4, said they were pushed back twice from Greece – and had spent five days in detention before being returned the second time, in early October. She said they were taken to a room in a structure located in the middle of farmland:

      We could not see or hear anything. We were not asked to sign anything or told anything. The guards closed the door and locked it. When families asked for water, they filled dirty bottles and threw them inside the room through the door. They took everything from us, even the Quran. We asked them to give back our kids’ shoes, but they didn’t. They do this because they don’t want us to come back. If it’s something of value, they keep it, something they don’t like, they put it in the bin.

      She said only the children were given some biscuits while detained in a room that was about 40 square meters and shared by about 80 people whom she believed were also all migrants.

      Hassan I., a Tunisian man in his thirties, said that before being violently pushed back along with four friends in early August, they spent a day in detention. He said the location resembled a military base because they saw military vehicles, including trucks and tanks, parked near the room in which they were held. It was a 15-minute drive from the town of Orestiada, where they had been stopped and picked up in the morning by two police officers in blue uniforms in a civilian car.

      The policemen drove them to the location, where guards violently pushed them against a wall, searched them, and hit them. “First, they asked for phones, then for money,” Hassan said. They were shouting ‘malaka’ [a Greek insult meaning ‘asshole’]. I was shocked. I felt humiliated. When we tried to ask for anything, like our sim cards, memory cards, they hit us immediately.” Hassan and his friends were put in a room that looked like a storage room. In an adjacent room, they could hear the voices of families with children. Hassan estimated that by 9 p.m., when they were taken to the border in trucks, about 80 men were in his room of about 24 square meters, in which there were only a few chairs, a toilet, and a water tap.

      Zara Z., 19 and four-months pregnant, from Afrin, Syria, said that in mid-May, men wearing camouflage uniforms stopped her and her husband and detained them overnight in a room without bedding or furniture, together with other migrant families, and without any food or water. The next day they were transferred in a van to the Evros River, put on a boat, and pushed back to Turkey.

      Pushbacks across the Evros River

      All those interviewed said they were transported to the border with Turkey in groups of 60 to 80, in military trucks or unmarked vans. In all but three cases, the agents wore face masks, black pants, or camouflage, making it impossible to recognize or identify them. In the three other cases, interviewees said police in regular blue and camouflage uniforms transported them to the river. Ten out of 26 interviewees said they were physically abused or witnessed others being ill-treated during the pushback operation.

      Karim, a 25-year-old Moroccan man, said Greek police handed him over to masked men wearing police uniforms after they caught him in Greece on November 10 and that he was violently pushed back to Turkey. After ordering him to take off his clothes and shoes, two of the masked officers kicked him to the ground and hit him with a baton, then one of them subjected him to a mock execution. They dragged him by his hair and forced him to kneel on the ground, while the masked officer held a knife to his throat and said in broken English, “Whoever returns to Greece, they will die.” Karim said he could not sleep at night and was experiencing recurrent nightmares.

      Hassan, the Tunisian who was pushed back with his four friends on August 10 or 11, said that masked men wearing black clothes ill-treated them after taking them to the border in a truck. One of the men used a stun gun on Hassan’s lower back, causing burns that were still visible over two months later. He provided video footage of the group’s injuries, which he said was recorded the day after the incident and was first posted on social media on August 12, showing several bruises he said resulted from blows to their upper and lower backs and limbs. “Next time I will see you,” one of the masked men told him in English, “I will kill you.” At the time of the interview, Hassan had been sleeping in parks in Istanbul, after all his belongings were confiscated in Greece.

      Amir B., a Tunisian man in his twenties, was pushed back to Turkey at the end of September after entering Greece and hiding for six days. He said he was returned from near Alexandropouli to the border in one of two military trucks, which together took around 80 people to the border, including about 30 women and a few children. Amir said masked men pushed people around as they got off the trucks, and then pushed them toward the river, ordering them to remain silent. The agents then split the group into smaller groups of 10 and ordered them to take off their shoes. Women had to give up their coats, while some men had to strip to underwear. Amir’s jeans, where he also kept his money, were set on fire. When a black pick-up truck arrived with a small boat, the guards checked the other side of the river with binoculars, and then used the small boat to take the groups of 10 in turn across the water.

      https://www.hrw.org/news/2018/12/18/greece-violent-pushbacks-turkey-border

      #vidéo:
      Greek Authorities Beat, Push Back Migrants into Turkey
      https://www.youtube.com/watch?v=X2olpuc_tqA

    • El oscuro secreto de la frontera oriental de Europa

      Grecia deporta ilegalmente a los refugiados que llegan a su territorio, en algunos casos incluso secuestrándolos lejos de la frontera, según denuncian ONG y Acnur.

      Firas debería estar en Grecia. Es más, oficialmente, según los registros del Gobierno heleno y del Alto Comisionado de Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR), reside en Grecia. Pero no. Este sirio, de 17 años, malvive amedrentado, sin dinero y sin papeles en un pequeño apartamento de Estambul que comparte con otros refugiados, después de haber sido deportado ilegalmente por la policía griega a Turquía en tres ocasiones. Una práctica prohibida por las leyes internacionales, pero que, según las organizaciones de derechos humanos, se está convirtiendo en “sistemática” a medida que la ruta migratoria de entrada a la Unión Europea se desvía hacia la frontera del río Evros. Acnur ha recabado unos 300 casos de devoluciones en caliente de personas que intentan llegar a la UE desde Turquía solo en 2018.

      “En los últimos años hemos recabado un número significante de casos de pushback [término en inglés para referirse a esta práctica ilegal]”, explica Margaritis Petritzikis, representante de Acnur en el campo de detención de Fylakio, en Grecia, junto al Evros. “Los testimonios describen a quienes practican las detenciones vistiendo uniformes de diferentes colores, muchas veces sin distintivos, y con la cara cubierta, por lo que no sabemos a qué cuerpo pertenecen. La jurisdicción del control fronterizo es de la policía griega, pero el área que rodea el río es zona militarizada”, añade Petritzikis.

      Los detenidos aseguran que, una vez detenidos y antes de ser devueltos en barcas al otro lado de la frontera, son llevados a almacenes, instalaciones militares o comisarías de policía, transportados con furgonetas sin identificar, supuestamente de las fuerzas de seguridad, según los testimonios recogidos en informes de diversas ONG, entre ellas Human Rights Watch y el Greek Council for Refugees (GCR).

      El Evros, también llamado Maritsa, hace de barrera natural a lo largo de 194 de los 206 kilómetros de frontera terrestre entre Turquía y Grecia; el resto lo cubre una valla levantada en 2012. Para aquellos migrantes y refugiados que, desde suelo turco, sueñan con alcanzar territorio europeo, son apenas 100 o 200 metros que cubrir en un bote hinchable, un trayecto mucho más corto que el que separa la costa turca de las islas griegas del mar Egeo. Además, aquí no está vigente el acuerdo firmado entre la UE y Turquía en 2016, que permite la devolución de aquellos migrantes llegados de manera irregular por vía marítima. En la zona del Evros regía otro acuerdo bilateral de devolución firmado entre Turquía y Grecia, aunque Ankara lo canceló el pasado año. Por ello, en los últimos años, se ha incrementado el número de llegadas a través de esta ruta (en 2018 fueron 18.014, un 35% del total de refugiados y migrantes que arribaron a Grecia, según los datos de Acnur). La mayor parte de los que llegan son sirios, afganos y turcos.

      Sus aguas aparentemente tranquilas son un espejismo engañoso. Es un río caudaloso, de habituales inundaciones y fuertes corrientes: durante el pasado año, medio centenar de personas murieron en esta ruta, la mayoría ahogadas o por hipotermia. “El río es pequeño, pero peligroso. Sobre todo porque los botes son para cinco personas y cruzamos 30 a la vez”, explica un joven bangladesí detenido en el campo de Fylakio.

      Un residente de Edirne, en la orilla turca del río, explica que las tarifas que exigen los traficantes por pasar al otro lado van de 1.000 a 5.000 euros. Aquellos que pagan más “reciben un servicio vip”, y en la orilla griega les esperan otros traficantes que los llevan en coche hasta Salónica o Atenas: “A estos no los suele detener nunca la policía”. A los que no disponen de ese dinero, después de superar el peligro de las aguas les aguarda una nueva barrera.
      Práctica ilegal

      Dos y media de la madrugada. Se escuchan pasos entre la maleza, en la zona boscosa que rodea el Evros. Hay cuchicheos. Los pasos se detienen al escuchar el vehículo en el que viaja este periodista. Poco después, se alejan.

      Anteriormente, en cuanto veían a cualquier persona en la orilla griega, los refugiados se identificaban como tales y pedían que se avisase a la policía. Sabían que habían llegado a territorio seguro. Ya no. Entre los refugiados es sabido que, si son apresados en esta zona, corren el riesgo de ser devueltos al otro lado. Las devoluciones en caliente están prohibidas por la ley: la normativa exige que sean primero identificados y, si es el caso, se les permita presentar una petición de asilo. Firas (que no es su nombre real) cuenta que pasó por ello dos veces durante el año pasado. En la primera ocasión, durante el verano, explica que fue detenido nada más cruzar el río, llevado a una comisaría y devuelto a Turquía al cabo de unas seis horas. “En la comisaría nos pegaron a todos los hombres, nos quitaron nuestras pertenencias y destrozaron los móviles”, asegura.

      La segunda fue aún peor: una vez capturados, Firas explica que los agentes de policía llamaron a otros agentes con uniforme militar y la cara cubierta y les propinaron una paliza. Esta vez les quitaron hasta la ropa y los devolvieron a Turquía en calzoncillos. Su historia es similar a las decenas de testimonios recabados por diferentes ONG, que consideran que puede haber un patrón de actuación de las fuerzas de seguridad helenas.

      En algunos casos no se trata ni siquiera de devoluciones «en caliente», es decir, al ser detenidos en el borde mismo de la frontera, sino desde bastante más adentro en el territorio griego y pasado bastante tiempo desde que los refugiados entraron al país. A. A., un sirio que residía en Alemania de manera legal, llegó en agosto de 2017 a la ciudad griega de Alejandrópolis para encontrarse con su mujer, que había cruzado recientemente la frontera. Pero, según manifestó al GCR, fue detenido por agentes de la policía que, haciendo caso omiso a sus documentos, lo encapucharon y lo enviaron a Turquía en un bote junto a otros refugiados.

      Similar es el caso de Firas. La tercera vez que intentó cruzar a Grecia, a mediados de noviembre, explica que lo logró. Y fue enviado al centro de detención de Fylakio. A inicios de enero, salió de él con los documentos que lo acreditaban como solicitante de asilo. Tomó un autobús hacia Salónica, pero cuenta que, cuando llevaba 15 minutos de viaje, la policía le ordenó bajar junto a otros cinco sirios. “Tenía los papeles de la policía griega y de Acnur, pero los destrozaron delante de mí”, relata. “Nos llevaron a un calabozo y agentes con pasamontañas nos desnudaron y nos pegaron. No nos dieron agua ni comida. El segundo día, vinieron otros agentes y nos pegaron con tubos de cañería. Luego nos llevaron al río junto a varias familias con niños y nos devolvieron a Turquía”.

      La respuesta del Gobierno griego es siempre la misma: “No existen estas prácticas”. Así lo han dicho públicamente los ministerios de Orden Público y Migraciones ante las quejas formales de ACNUR y el Consejo de Europa. La comandancia regional en Tracia de la policía griega, preguntada por la situación, redirigió a este periodista al comisario de Orestíada, Pascalis Siritudis, quien respondió al teléfono —un día después de haberse negado a recibirlo— con gran enfado: "La policía griega respeta siempre la ley y las normas internacionales. No olvide que esta es la frontera de la Unión Europea, no solo de Grecia”. Desde el Ministerio de Orden Público, la contestación fue similar: «La policía griega cumple con los derechos humanos».

      Hay varias investigaciones en marcha. Una, sobre la devolución de varios turcos en mayo de 2017, ha alcanzado el Tribunal Supremo de Grecia. También el Defensor del Pueblo y la Fiscalía de Orestíada han iniciado un proceso judicial tras la denuncia de un ciudadano sudanés deportado ilegalmente a Turquía. Pero, hasta ahora, nadie ha sido condenado. Dimitris Koros, abogado del GCR, admite que es difícil armar estos casos: “La mayoría de los refugiados devueltos no tienen tiempo ni medios para iniciar un proceso judicial y, además, es casi imposible identificar a quienes participan en las devoluciones ya que van con la cara cubierta y sin identificaciones, y se suelen producir de noche”.

      Entretanto Firas continúa en Estambul, temeroso de que un día lo detengan las autoridades turcas y lo deporten a la misma Siria de la que escapó huyendo de la guerra. Y se sigue preguntando por qué lo echaron de Grecia si tenía derecho a quedarse. “Me sorprendió mucho el nivel de brutalidad que emplearon conmigo. Siempre habíamos escuchado que la Unión Europea era un lugar donde no había violencia y se respetaban los derechos humanos”, se queja.

      https://elpais.com/internacional/2019/03/03/actualidad/1551607634_105978.html

    • Turkish computer science student missing in Evros following failed attempt to escape to Greece

      21-year-old university student #Mahir_Mete_Kul has been missing since the boat he used to cross Evros river between Greece and Turkey capsized on March 24.

      A computer science student at Istanbul’s Beykent University, Kul spent 10 months in prison on charges of membership to the leftist group, Liseli Dev-Genc, and was released 5 months ago with judicial control, media reported. As the court in charge put an overseas travel ban on his passport, Kul embarked on the risky journey to escape Turkey the same way thousands of others have tried over the past two years: crossing the Evros river along Turkey-Greece border in a bid to seek asylum abroad.

      “My son was a pretty young university student. They sent him up to prison. Following his release, they prevented him from going back to the school. As he had a travel ban on his passport, he chose this way [to escape],” Mahir’s mother Araz Kul spoke to Gazete Karinca. Five months ago, the mother left Turkey to Greece due to political reasons too, media said.

      Thousands of people have fled Turkey due to a massive witch-hunt launched by the Justice and Development Party (AK Party) government against all kinds of opposition.

      More than 510,000 people have been detained and some 100,000 including academics, judges, doctors, teachers, lawyers, students, policemen and many from different backgrounds have been put in pre-trial detention since last summer.

      Many tried to escape Turkey via illegal ways as the government cancelled their passports like thousands of others.


      https://turkeypurge.com/turkish-computer-science-student-missing-in-evros-following-failed-atte
      #mourir_aux_frontières #morts #décès #mourir_dans_l'Evros

      L’appel de la mère :
      https://twitter.com/TurkeyPurge/status/1110989355445678080
      https://twitter.com/TurkeyPurge/status/1110990512381530113

      #réfugiés_turcs

    • À la frontière gréco-turque. Empêcher les migrants d’entrer en Europe, sauver ceux qui y parviennent

      Je copie-colle ici la partie dédiée à la région de l’Evros :

      L’Evros, région délaissée par les garde-frontières

      La gare de Marasia semble aussi abandonnée que le village éponyme. Derrière un panneau jaune et rouge signalant le passage de trains à vapeurs, un cours d’eau ruisselle dans le calme. L’Evros, large d’une dizaine de mètres à peine à cet endroit, est la plus longue rivière des Balkans, prenant sa source en Bulgarie pour se jeter dans la mer Égée, près d’Alexandroupoli. Depuis l’accord entre l’Union européenne et la Turquie et la fermeture de la route des Balkans, la pression migratoire sur la Grèce, qui se concentrait ces dernières années sur les îles en mer Égée, se déporte vers l’Evros, frontière naturelle entre la Grèce et la Turquie. “Aujourd’hui, le problème n’est plus à la barrière mais dans la rivière”, atteste Paschalis Siritoudis, le directeur de la police du département d’Orestiada.

      Un effet de vases communicants

      Cette affluence ne l’inquiète pas plus que ça. “De plus en plus de migrants arrivent ces dernières années mais c’est un vieux problème auquel la région est confrontée depuis une vingtaine d’années. Avant la construction de la barrière avec la Turquie (celle-ci longe la frontière sur 12 kilomètres dans une zone militarisée, NdlR), 30 000 migrants passaient chaque année. En 2012, nous avons lancé une opération de surveillance à la frontière, du personnel a été recruté. Les années suivantes, ce nombre est tombé entre 1 000 et 3 000 personnes. En 2018, environ 7 000 ont franchi la frontière. Ces chiffres, même s’ils sont moindres, montrent qu’il y a toujours un problème migratoire ici. Mais le flux est sous contrôle, il n’y a aucune comparaison possible avec la situation avant 2012”, martèle le colonel, d’une voix tonitruante.

      Les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies (UNHCR) vont bien au-delà de ceux du directorat de police : en 2018, 18 014 personnes sont entrées en Grèce via l’Evros. Presque trois fois plus de personnes (dont une majorité de ressortissants turcs) que l’année précédente.

      Dès qu’une porte se ferme dans la région d’Evros, une fenêtre s’ouvre ailleurs. Et vice-versa. Quand, en juillet 2012, l’opération Aspida (“bouclier” en grec) est lancée, le nombre d’entrées à la frontière gréco-turque chute de manière vertigineuse. La première semaine du mois d’août, 2 000 migrants y sont appréhendés. Quelques mois plus tard, en octobre, moins de 10 personnes sont arrêtées par semaine.

      Les autorités compétentes et Frontex se félicitent du succès de cette opération. Les réjouissances sont cependant de courte durée : face au renforcement des contrôles à la frontière terrestre, les départs en mer se multiplient. “Immédiatement après le déploiement de l’opération Aspida, le nombre de détections de traversées illégales a augmenté, à la fois à la frontière maritime entre la Grèce et la Turquie et à la frontière terrestre avec la Bulgarie”, reconnaît Frontex dans son rapport annuel 2012, d’où sont issus les chiffres précités.

      Sur les 206 km de frontière fluviale entre la Grèce et la Turquie, seuls 12,5 kms sont terrestres et forment ce qu’on appelle le triangle de Karaağaç. C’est sur ce territoire qu’est érigée la barrière. (en rouge sur la carte)

      “Les barrières et les murs sont des solutions court-termistes à des mesures qui ne règlent pas le problème. L’Union européenne ne finane et ne financera pas cette barrière. Ça ne sert à rien.”
      Cecilia Malmström, ex-Commissaire européenne aux Affaires intérieures, février 2011.

      “Le problème n’est plus à la barrière mais dans la rivière” Paschalis Siritoudis, directeur de la police du département d’Orestiada

      Sept ans plus tard, l’opération Aspida est toujours en cours et semble faire la fierté de Paschalis Siritoudis. “Elle est connue dans toute la Grèce, dans toute l’Europe même ! Elle est effectuée avec le support de Frontex”, se félicite-t-il.

      Les officiers de Frontex déployés près d’Orestiada en 2010 (surtout pour identifier les migrants) pour prêter main forte aux Grecs sont partis. Aujourd’hui, l’agence européenne n’est que peu impliquée dans la région : quelques agents travaillent aux check-points et patrouillent avec des policiers et des militaires le long de la barrière de barbelés. “Nous avons parlé avec les autorités grecques pour augmenter notre présence mais la décision leur revient. Nous sommes prêts à intervenir s’ils en ressentent le besoin”, explique Eva Moncure, porte-parole de l’agence.

      À entendre Paschalis Siritoudis, ce n’est pas le cas. “Les officiers grecs qui effectuent l’enregistrement des migrants irréguliers, prennent leurs empreintes digitales et font le débriefing sont plus expérimentés que quiconque en Europe. Ils ont eu affaire à des dizaines de milliers de migrants et leur expertise est reconnue par tous”, s’exclame-t-il, assis derrière son bureau dans le commissariat d’Orestiada.

      De son côté, Frontex fait grand cas de ses compétences. “L’agence mutualise les ressources et fait appel aux États membres pour lui fournir du personnel. Il y a donc un turn-over important dans toutes les missions. Au fil des ans, nous avons toutefois développé une expertise, notamment au niveau de l’examen des documents. Avec quel genre de papiers voyagent les migrants ? Sont-ils faux ? Sont-ils vrais ? Où ont-ils été fabriqués ?”, explique Eva Moncure.

      Soumise à la bonne volonté des États membres, Frontex insiste pour pouvoir déployer ses guest officers. Ne serait-ce que pour partager les informations recueillies aux frontières avec une floppée d’institutions. Du point de vue de l’agence, plus celles-ci circulent, mieux les frontières sont protégées. Ainsi, depuis 2016, date du dernier élargissement du mandat de l’agence, Frontex est habilitée à mener des interviews sur le trafic d’êtres humains et à partager les informations récoltées avec Europol. “Nous n’enquêtons pas. Nous ne faisons que récolter des informations et les transmettons à qui de droit. Comme nous sommes en première ligne, nous pouvons obtenir ces informations plus aisément”, indique Eva Moncure. “Quand on parle de Frontex, tout le monde parle toujours des migrants mais personne ne parle des trafiquants d’êtres humains. Pour résumer, notre boulot est de surveiller les frontières, de venir en aide aux migrants s’ils sont en danger et de les renvoyer dans leur pays s’ils n’ont pas le droit d’asile en Europe. Un autre volet important, c’est de recueillir des informations sur les passeurs, les routes qu’ils utilisent, les connexions qu’ils ont, etc. Il ne faut pas oublier que les personnes qui font monter les migrants dans des bateaux ou qui leur font traverser une rivière ne sont pas des enfants de chœur. Le trafic d’êtres humains rapporte énormément d’argent, bien plus que le trafic de drogues. Le problème, c’est que pour l’instant, la justice arrête les petites mains pendant que les chefs des réseaux se la coulent douce à Dubaï en comptant leurs billets”, poursuit-elle.

      Pour rappel, les officiers ont un pouvoir exécutif lorsqu’ils sont impliqués dans l’enregistrement des migrants : prise d’empreintes digitales, screening (pour établir nationalité des migrants) et vérification des documents d’identité. En outre, ils ne peuvent délivrer de décisions relatives à l’asile puisqu’il s’agit d’un pouvoir régalien.

      Renvoyés en Turquie sur des bateaux

      Dans la région d’Evros, contrairement aux îles grecques, les agents de Frontex ne sont pas en contact avec les migrants et donc pas habilités à collecter des informations sur le trafic d’êtres humains. Laissé entre les mains des autorités grecques, l’enregistrement (et partant, le screening et l’interview) des migrants qui parviennent à entrer dans l’espace Schengen n’y semble pas garanti.

      À ce sujet, deux rapports, publiés en décembre 2018 - l’un par Humans Rights Watch et l’autre par le Greek Council for Refugees (GCR), Human Rights 360 et l’Association for the Social Support of Youth - sont glaçants. Confiscation de biens (“ils jettent nos téléphones dans la rivière”, “ils ont confisqué le lait artificiel pour notre bébé”, “il a déchiré mon certificat de naissance devant moi”) et de vêtements, privation de nourriture et parfois d’eau, fouilles corporelles, violences physiques et verbales… Comble du comble : les migrants seraient reconduits de l’autre côté de la rivière Evros dans des embarcations pneumatiques.

      Ces documents font état d’une pratique courante près de la rivière : le push-back, c’est-à-dire le refoulement des personnes qui franchissent la frontière. Ces expulsions collectives (et illégales) obéissent à un modus operandi bien rôdé, à lire les nombreux témoignages récoltés par ces ONG. “La plupart des incidents partagent trois caractéristiques principales : arrestation par une patrouille de police locale, détention dans des commissariats ou des emplacements informels (entrepôts, gares abandonnées, etc.) proches de la frontière avec la Turquie et remise des migrants par les forces de l’ordre à du personnel non-identifié (dont le visage serait le plus souvent caché par une cagoule, NdlR) qui procède au push-back via la rivière Evros, parfois de manière violente”, décrit Human Rights Watch. Certaines personnes interrogées ont subi plusieurs push-backs avant d’être finalement enregistrées selon la procédure légale.

      Les migrants ne sont pas photographiés, leurs empreintes digitales ne sont pas prises et les raisons de leur arrestation ne leur sont pas expliquées. Sans enregistrement, leur présence dans l’espace Schengen n’est pas attestée et il est donc impossible d’introduire une demande d’asile. Il est en revanche possible d’assurer qu’ils n’ont jamais un pied sur le sol européen.

      Ces allégations sont remontées jusqu’au Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe et au Comité européen pour la prévention de la torture qui les ont jugées crédibles. Après une visite en Grèce en avril 2018, le Commissaire a par ailleurs souligné l’absence d’enquêtes sur ce genre de pratiques de la part des autorités grecques.

      Des bateaux et des chaussures d’enfants

      À Marasia, derrière le panneau jaune et rouge signalant le passage de trains à vapeur, un chemin de terre longe une forêt, qui borde l’Evros. Avec l’arrivée du printemps, des fleurs jaunes tapissent ses berges.

      Il ne faut pas marcher bien loin pour découvrir les traces d’un spectacle qui suscite malaise et interrogations. À cent mètres de la gare, une paire de rames a été abandonnée.

      Un peu plus loin, au bord de l’eau, un bateau gris et bleu est recouvert de feuilles mortes. L’inscription “Excursion 5” est écrite dessus en lettres capitales. Cinquante mètres après, un autre bateau jaune et vert se confond avec la couleur des fleurs.

      De retour sur le chemin de terre, des taches de couleur attirent le regard. Ce sont des chaussures. En daim, celles d’un adulte, à côté d’un soutien-gorge et d’un jeans délavé. À côté, deux paires de basket appartiennent à des enfants. Les plus petites, bleues, sont une pointure 26. Leur ancien propriétaire doit avoir entre trois et cinq ans. Que lui est-il arrivé ? A-t-il été reconduit en Turquie ? Ses compagnons de route ont-ils été interrogés sur le trafic d’êtres humains dont ils ont été victimes ?

      Confronté aux accusations de push-backs menés dans la région, le chef de la police élude d’abord la question et jure que les migrants interceptés sont pris en charge. Avant de finir par admettre que “nous avons reçu des informations sur les push-backs de la part des ONG”.

      Pas suffisamment pour enquêter, comme recommandé par le Commissaire européen aux droits de l’homme et le Comité européen pour la prévention de la torture.

      https://dossiers.lalibre.be/greco-turque/login.php

    • Οργανωμένο σχέδιο ανομίας στον Έβρο καταγγέλλει η « Καμπάνια για το Άσυλο »

      Την κατεπείγουσα διερεύνηση των συνεχιζόμενων καταγγελιών για τις άτυπες επιχειρήσεις επαναπροώθησης προσφύγων στον Έβρο και τον έλεγχο των εμπλεκομένων ζητούν από τους υπουργούς Προστασίας του Πολίτη, Όλγα Γεροβασίλη, Μεταναστευτικής Πολιτικής, Δημήτρη Βίτσα, και Δικαιοσύνης, Μιχάλη Καλογήρου, δέκα οργανώσεις που συμμετέχουν στην « Καμπάνια για το Άσυλο ».

      Σημειώνουν ότι οι υπουργοί είναι υπόλογοι για κάθε καθυστέρηση, η οποία εντείνει την πεποίθηση ότι τα σύνορα στον Έβρο αποτελούν ένα πεδίο εκτός δικαίου και εκτός νόμου και έναν τόπο μαρτυρίου για τους πρόσφυγες.

      Υπογραμμίζουν ότι ο συστηματικός τρόπος και οι ομοιότητες της κακομεταχείρισης παραπέμπουν σε οργανωμένο σχέδιο αποτροπής, στο πλαίσιο του οποίου αναπτύσσονται γενικευμένες πρακτικές, οι οποίες έγιναν πιο εκτεταμένες, συστηματικές και σκληρές μετά την υπογραφή της ευρωτουρκικής συμφωνίας το Μάρτιο του 2016. Και αναφέρουν ότι οι πρακτικές αυτές εμπίπτουν στην αρμοδιότητα της ποινικής δικαιοσύνης και στοιχειοθετούν κατά περίπτωση κακουργήματα (βασανισμός, ληστεία, έκθεση ζωής σε κίνδυνο...).

      Οι οργανώσεις (ΑΡΣΙΣ, Δίκτυο Κοινωνικής Υποστήριξης Προσφύγων και Μεταναστών, ΕΠΣΕ, Ελληνικό Φόρουμ Προσφύγων, Κίνηση για τα Ανθρώπινα Δικαιώματα – Αλληλεγγύη στους Πρόσφυγες Σάμος, Κόσμος χωρίς Πολέμους και Βία, ΛΑΘΡΑ, PRAKSIS, Πρωτοβουλία για τα Δικαιώματα των Κρατουμένων, Υποστήριξη Προσφύγων στο Αιγαίο) κάνουν λόγο για επιδεικτική βαρβαρότητα ένστολων ή μη στην περιοχή και παράνομες ενέργειες οι οποίες αποτελούν αντικείμενο συγκεκριμένων οδηγιών και εντολών. Σημειώνουν ότι το οργανωμένο σχέδιο περιλαμβάνει επίσης τη συγκάλυψη και νομιμοποίηση των εγκληματικών μεθόδων που χρησιμοποιούνται.

      Ολόκληρη η ανακοίνωση της « Καμπάνιας για το Άσυλο » έχει ως εξής :

      Απαξίωση της ανθρώπινης ζωής και της νομιμότητας οι επαναπροωθήσεις στον Έβρο

      Αθήνα, 2 Μαΐου 2019

      Τα σύνορα της χώρας στον Έβρο τείνουν να καταστούν ένας εκτός δικαίου και εκτός νόμου τόπος μαρτυρίου για τους πρόσφυγες που επιχειρούν απελπισμένα να περάσουν στο ευρωπαϊκό έδαφος, στιγματίζοντας τη χώρα μας και τους υπευθύνους για τη διαχείρισή τους.

      Ενώ παρακολουθούμε τους αυξανόμενους πνιγμούς στα σύνορα, οι καταγγελίες προσφύγων για βάρβαρες πρακτικές επαναπροώθησης συνεχίζονται. Εκτός από τον αποτροπιασμό που προκαλούν, δείχνουν επίσης ότι η άσκηση βίας και οι συστηματικές παραβιάσεις δεν αποτελούν μεμονωμένες ατομικές επιλογές, αλλά γενικευμένες πρακτικές που αναπτύσσονται στα πλαίσια ενός σχεδίου αποτροπής και προσπάθειας ενίσχυσης του « μηνύματος » αποθάρρυνσης, που « πρέπει να σταλεί » για την ανάσχεση των προσφυγικών ρευμάτων.

      Όσα εκτενώς καταγράφονται στην κοινή έκθεση του Ελληνικού Συμβούλιου για τους Πρόσφυγες, της ΑΡΣΙΣ και της HumanRights360, που δημοσιεύτηκε πρόσφατα (1), δεν αφήνουν αμφιβολία για την αλήθεια των καταγγελλόμενων. Ο συστηματικός τρόπος και οι ομοιότητες της κακομεταχείρισης παραπέμπουν σε ένα οργανωμένο σχέδιο, η εφαρμογή του οποίου επιτρέπει -αν δεν προτρέπει- παράνομες συμπεριφορές. Οι περίπολοι ενόπλων με ή χωρίς αστυνομικές και στρατιωτικές στολές, μάσκες ή κουκούλες, που μιλούν εκτός από τα ελληνικά και άλλη ευρωπαϊκή γλώσσα (συχνά αναφερόμενη η γερμανική), που δρουν με επιδεικτική βαρβαρότητα ακόμα και μπροστά σε μικρά παιδιά και οικογένειες, βία και κακοποιήσεις, αφαίρεση προσωπικών ειδών και χρημάτων, ρούχων κατά περίπτωση και συχνά υποδημάτων, αφαίρεση ή καταστροφή κινητών τηλεφώνων (για να μην καταγράφεται η παράνομη δράση), μεταφορά σε εγκαταλειμμένες αποθήκες που χρησιμεύουν ως άτυπα κρατητήρια χωρίς τροφή και νερό και χρήση φουσκωτών για την επαναπροώθηση στην Τουρκία, παραπέμπουν σε εκτέλεση συγκεκριμένων οδηγιών και εντολών, που εφαρμόζονται επιλεκτικά σε εφαρμογή προαποφασισμένου σχεδίου, που περιλαμβάνει και τη συγκάλυψη -και κατά συνέπεια νομιμοποίηση- των εγκληματικών μεθόδων που χρησιμοποιούνται κατ’ αυτές.

      Η Καμπάνια για την Πρόσβαση στο Άσυλο καταγγέλλει για ακόμα μια φορά την εφαρμογή των πρακτικών άτυπης επαναπροώθησης που έχουν επεκταθεί και καταστεί σκληρότερες και συστηματικότερες μετά την Κοινή Δήλωση αρχηγών κρατών και κυβερνήσεων ΕΕ-Τουρκίας της 18ης Μαρτίου 2016 και επισημαίνει ότι δεν αποτελούν μόνο σοβαρή παραβίαση των διεθνών υποχρεώσεων της χώρας, αλλά εμπίπτουν στην αρμοδιότητα της ποινικής δικαιοσύνης και στοιχειοθετούν κατά περίπτωση κακουργήματα (βασανισμοί, ληστείες, έκθεση σε κίνδυνο ζωής κ.ά.)

      Ζητάμε να δοθούν απαντήσεις από τις αρχές :

      Ποια σώματα ενεργούν στα σύνορα για την αποτροπή παράτυπων εισόδων.
      Υπάρχει πλαίσιο συγκεκριμένων εντολών για την περίπτωση εντοπισμού, σύλληψης και μεταχείρισης των παράτυπα εισερχόμενων και έλεγχος για τον τρόπο εφαρμογής του από τις περιπόλους ;
      Υπάρχει υποχρέωση καταγραφής των περιπόλων που ενεργούν κατά μήκος του Έβρου και υποχρεωτική αναφορά σχετικά με την πορεία που ακολουθούν καθώς και τις ενέργειες τους ;
      Ελέγχεται από την εκάστοτε προϊσταμένη αρχή η νομιμότητα των ενεργειών αυτών των περιπόλων και η τήρηση των υποχρεώσεων που επιβάλει το διεθνές δίκαιο για την προστασία των προσφύγων ;

      Η Καμπάνια για την Πρόσβαση στο Άσυλο επισημαίνει ότι τα αρμόδια και εμπλεκόμενα Υπουργεία (Προστασίας του Πολίτη, Άμυνας και Μεταναστευτικής Πολιτικής) αλλά και ο Υπουργός Δικαιοσύνης οφείλουν να προβούν με διαδικασίες κατεπείγοντος στη διερεύνηση των καταγγελιών και τον έλεγχο των εμπλεκόμενων σε επιχειρήσεις αποτροπής και είναι υπόλογοι για κάθε καθυστέρηση, καθώς οι συνεχιζόμενες παραβιάσεις, όσο εκφεύγουν από κάθε μορφής έλεγχο, λογοδοσία και τιμωρία, επιβεβαιώνουν την πεποίθηση ότι ο Έβρος είναι ένα εκτεταμένο πεδίο εκτός δικαίου και εκτός νόμου όπου οι πρόσφυγες είτε σπρώχνονται στο θάνατο είτε στα χέρια εγκληματικών οργανώσεων, όπου μπορεί να αναπτύσσεται ανεμπόδιστα το οργανωμένο έγκλημα και όπου η ανθρώπινη ζωή είναι εξαιρετικά φτηνή ακόμη και γι’ αυτούς που είναι υπεύθυνοι να την προστατεύουν.

      https://www.efsyn.gr/node/193572

      Reçu via la mailing-list Migreurop avec ce commentaire :

      10 ONG et associations solidaires somment les Ministres de l’ordre public, de la Politique Migratoire et de la Justice d’ouvrir en toute urgence une enquête concernant les dénonciations répétées d’opérations illégales de refoulement de réfugiés à Evros (frontière fluviale gréco-turque au Nord de la Grèce) ; elles réclament aussi que tous les agents de l’état impliqués dans des telles actions fassent l’objet d’un contrôle.

      Les dix ONG qui font partie de celles ayant lancé la Campagne pour l’accès à l’asile (http://asylum-campaign.blogspot.com) font remarquer que les ministres seront tenus pour responsable de tout empêchement ou retard dans l’enquête, qui renforcerait la conviction que la frontière d’Evros est une zone de non-droit et un haut-lieu de torture pour les réfugiés (tortures, mauvais traitements, vols avec violence, mise en danger de la vie d’autrui).

      Elles soulignent que le mode opératoire quasi-identique de plusieurs opérations de refoulement et les ressemblances dans les mauvais traitements subis par les réfugiés renvoient à un plan organisé et concerté de dissuasion, dans le cadre duquel se déploient de pratiques généralisées qui sont devenus plus fréquentes, plus systématiques et encore plus dures après l’accord UE-Turquie en mars 2016.

      Les organisations Arsis , Réseau de soutien social de réfugiés et de migrants (Diktyo) Observatoire grec pour les accords d’Helsinki (Greek Helsinki Monitor ), Forum grec des réfugiés (Greek Forum of Refugees), Mouvement pour les Droits de l’Homme-Solidarité avec les Réfugiés Samos, Monde sans guerres et violence , « LATHRA » -Comité de Solidarité avec les Réfugiés de Chios, PRAKSIS , Initiative pour les droits de détenus ,

      Soutien aux Réfugiés en Egée (Refugees Support Aegean) parlent de brutalité ostentatoire de la part des policiers et de groupes paramilitaires et d’actions illégales qui ne pourraient être que le fruit de consignes précises et d’ ordres venant d’en haut. Pour les ONG, le recouvrement et la légalisation implicite de méthodes criminelles employées est partie intégrante du plan organisé de push-back.

    • “We were beaten and pushed back by masked men at Turkish-Greek border” – Turkish journalist and asylum seeker

      A group of Turkish political asylum seekers claims that, following their attempt to cross the Turkish border via Evros River in the northeast of Greece on Friday evening, they were pushed back after being beaten by masked men with batons.

      Tugba Ozkan, a journalist in the group, told IPA News on the phone that the group of 15 people fleeing persecution in Turkey crossed the Turkish-Greek border on Friday at 9 pm near Soufli, a town at Evros Regional Unit.

      When they stepped on Greek soil, however, she said a group of masked men beat them and pushed them back across the river to Turkish land, where a post-coup crackdown has persecuted tens of thousands of Turkish nationals since the abortive coup in 2016.

      A family of four from the group, including two children, disappeared after the alleged push-back. Turkish soldiers reportedly arrested the four Turkish nationals, Alpay Akinci (42), Meral Akinci (40), Okan Selim Akinci (11), and Ayse Hilal Akinci (8).

      Trying to hide from Turkish security officers, 11 people, including Ozkan, were attempting to cross the border for the second time.

      “Masked men beat us with batons. We are in a very dire situation. We are afraid to be pushed back again. We need help,” a desperate Ozkan said in dismay.

      The group of asylum seekers managed to cross the Evros safely in their second attempt, she said, and the group was attempting to hide when two Greek police cars found them.

      Greek Police detained the group at around 2 pm on Saturday near the border and took them into custody, according to the Greek Council for Refugees (GCR), a non-governmental organization defending human rights and fighting against illegal push-backs in the region.

      The group applied for asylum in Greece and are expected to be released in a few days after the official registration is done, according to GCR lawyers.
      Push-back: Infamous buzzword of immigration debate glossary

      The practice that notoriously became known as “push-back,” can be defined as ‘the use of force to stop asylum seekers at borders and to return them to the country from which they came.’

      According to official numbers of the United Nations, thousands of asylum seekers and refugees from various nations cross the Turkish-Greek border illegally every year in an attempt to reach Europe to take refuge.

      Many reported push-back incidents have occurred in recent years, but no accurate figures have been revealed yet.

      One of those incidents was the case of Murat Capan, a Turkish journalist who worked for the critical Nokta magazine. According to the narrative of Hellenic League for Human Rights, Capan and a Turkish family with three children crossed the Evros river in May 2017, escaping persecution.

      The Greek police took them into custody where they asked to apply for asylum. Subsequently, they were taken to a UN facility in a van.

      According to the information put forth by Hellenic League, the van met with a car along the road and five masked men dressed in camouflage bound the hands of the Turkish nationals. Two of the masked men then escorted them back to the Turkish side of the border where they were handed over to Turkish soldiers.

      Turkish authorities had already sentenced Capan in absentia to twenty-two and a half years in prison. Following the push-back incident, the security forces sent Capan to prison to serve his term.

      Another incident included 6 Turkish asylum seekers and took place in September 2018. Two Turkish families entered Greece via Evros and as reported by a Turkish journalist in exile, Cevheri Guven, their presence in Greece can be backed by solid evidence.

      One family had their two kids with them and took their photo on a roadside cafe in Alexandroupolis.

      Guven shares the location and picture of the coffee where the photo above had been taken to display that the families were indeed in Greece.

      The families were escorted back to Turkey after appealing for asylum by the Greek police and thrown into the water by the Turkish side, according to Guven. Turkish gendarmerie caught them after hours of walking along the road and 3 adults out of 4 in the group faced arrest.

      The cases of Capan and the Yildiz family crystalize the consequences of the push-back practice, which is a widespread method apparently enforced by Greek security forces working alongside Greece’s border with Turkey, according to the work of several NGOs.

      Greek NGOs, including GCR, HumanRights360, and ARSIS, released a report on the push-back practice in December 2018.

      The report, dubbed “The new normality: Continuous push-backs of third-country nationals on the Evros river,” includes testimonies of 39 people who tried to cross the Evros river to enter Greece, but who were pushed back to Turkey, often violently.

      The report of the NGOs concludes that “the practice of push-backs constitutes a particularly wide-spread practice, often employing violence in the process.”

      GCR, HumanRights360, and ARSIS have urged authorities to take action against the practice, which they label as “a threat to the rule of law” in Greece.

      According to a 2012 ruling of the European Court of Human Rights, push-back policy breaches international law, including the Geneva Convention and the Universal Declaration of Human Rights.

      International laws are clear on peoples’ rights to seek protection from persecution in other countries, and the latter is obliged to process these requests in order to avoid the risk of endangering people who have a legitimate claim to protection.

      https://ipa.news/2019/04/28/we-were-beaten-and-pushed-back-by-masked-men-at-turkish-greek-border-turkish-j

    • Three Kurdish children drown as more refugees try to make their way into Greece

      THREE KURDISH have perished while trying to cross from Turkey into Greece when the boat they were in capsized.

      The children were from the Iraqi Kurdistan capital of Erbil and drowned in Maritsa River.

      “In the early hours of today, around 3 am, a boat carrying thirteen immigrants who wanted to cross from Turkey to Greece through the Evros River overturned and two children drowned. One child died due to the cold weather,” said Ari Jalal, a representative of Federation of Iraqi Refugees in Kurdistan, in an interview with Kurdish Rudaw.

      Jalal further said the body of one child is yet to be found. “The search continues. We are in contact with the consulates of Iraq, Turkey and Greece after the tragic boat incident. The other immigrants were rescued by Greek police,” Jalal said.

      Turkey is used as a key and main route by thousands of refugees who want to cross into Europe through Greece, especially since 2011, when the Syrian civil war began.

      According to Greece police, the number of migrants registered and arrested after crossing the border was 3,543 by last October, an 82% increase over the same month in the preceding year.


      https://ipa.news/2019/02/04/three-kurdish-children-drown-as-more-refugees-try-to-make-their-way-into-greec
      #décès #morts

    • The new normality: Continuous push-backs of third country nationals on the Evros river

      The Greek Council for Refugees, ARSIS-Association for the Social Support of Youth and HumanRights360 publish this report containing 39 testimonies of people who attempted to enter Greece from the Evros border with Turkey, in order to draw the attention of the responsible authorities and public bodies to the frequent practice of push-backs that take place in violation of national, EU law and international law.

      The frequency and repeated nature of the testimonies that come to our attention by people in detention centres, under protective custody, and in reception and identification centres, constitutes evidence of the practice of pushbacks being used extensively and not decreasing, regardless of the silence and denial by the responsible public bodies and authorities, and despite reports and complaints denouncements that have come to light in the recent past.
      The testimonies that follow substantiate a continuous and uninterrupted use of the illegal practice of push-backs. They also reveal an even more alarming array of practices and patterns calling for further investigation; it is particularly alarming that the persons involved in implementing the practice of push-backs speak Greek, as well as other languages, while reportedly wearing either police or military clothing. In short, we observe that the practice of push-backs constitutes a particularly wide-spread practice, often employing violence in the process, leaving the State exposed and posing a threat for the rule of law in the country.
      Τhe organizations signing this report urge the competent authorities to investigate the incidents described, and to refrain from engaging in any similar action that violates Greek, EU law, and International law.

      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1028-the-new-normality-continuous-push-backs-of-third-country-nationals-on-the-e

      Pour télécharger le #rapport:


      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/download/492_22e904e22458d13aa76e3dce82d4dd23

    • Απάντηση Γεροβασίλη για τις επαναπροωθήσεις

      Επιστολή στον επικεφαλής της Υπατης Αρμοστείας στην Ελλάδα, Φιλίπ Λεκλέρκ, έστειλε η Όλγα Γεροβασίλη απαντώντας στη δική του στην όποια, όπως αναφέρει υπουργός Προστασίας του Πολίτη, « παρατίθενται περιγραφές και μαρτυρίες μεταναστών για περιστατικά και πρακτικές προσώπων, που φέρονται να ανήκουν σε Σώματα Ασφαλείας, στην περιοχή του Έβρου.

       »Συγκεκριμένα, οι αναφορές αφορούν σε άτυπες αναγκαστικές επιστροφές στην Τουρκία, χωρίς την τήρηση των νόμιμων διαδικασιών, σε περιστατικά βίας και σοβαρών παραβιάσεων των ανθρωπίνων δικαιωμάτων, καθώς και σε περιστατικά σύμφωνα με τα οποία δεν επετράπη η πρόσβαση προσφύγων και μεταναστών στο μηχανισμό του ασύλου.

      Η κ. Γεροβασίλη υποστηρίζει πως « οι καταγγελλόμενες συμπεριφορές και πρακτικές ουδόλως υφίστανται ως επιχειρησιακή δραστηριότητα και πρακτική του προσωπικού των Υπηρεσιών Συνοριακής Φύλαξης, το οποίο κυρίως εμπλέκεται σε δράσεις για την αντιμετώπιση του φαινομένου της παράνομης μετανάστευσης στα ελληνοτουρκικά σύνορα. Από την διερεύνηση των μέχρι σήμερα καταγγελλομένων περιστατικών και από τις εσωτερικές έρευνες που έχουν πραγματοποιηθεί από τις αρμόδιες Υπηρεσίες, προκύπτει το συμπέρασμα ότι αυτά δεν δύνανται να επιβεβαιωθούν ».

      Ισχυρίζεται δε ότι « η εμπειρία, ο επαγγελματισμός και το ήθος του αστυνομικού προσωπικού των Υπηρεσιών Συνοριακής Φύλαξης, δεν αφήνουν ουδεμία αμφιβολία ότι το έργο της διαχείρισης συνόρων επιτελείται με υψηλό αίσθημα ευθύνης και ανθρωπισμού. Προς επίρρωση αυτού, σημειώνεται ότι, στον ποταμό Έβρο έχουν λάβει χώρα, πολλές φορές υπό άκρως αντίξοες συνθήκες, επιχειρήσεις διάσωσης μεταναστών που κινδύνευαν από πνιγμό, από το αστυνομικό προσωπικό, το οποίο και με κίνδυνο της ζωής του επιδιώκει την προστασία της ζωής των μεταναστών όταν εγκλωβίζονται σε επικίνδυνα σημεία του ποταμού Έβρου, αποσπώντας θετικά σχόλια από την κοινή γνώμη.

      Επίσης, η υπουργός σημειώνει πως « οι Έλληνες αστυνομικοί που πραγματοποιούν εθνικές επιχειρησιακές δράσεις επιτήρησης συνόρων στην περιοχή του Έβρου, τα τελευταία έτη, υποστηρίζονται από Φιλοξενούμενους Αξιωματούχους διαφόρων ειδικοτήτων, στο πλαίσιο Κοινών Επιχειρήσεων του Frontex που υλοποιούνται στην περιοχή. Ο εν λόγω Ευρωπαϊκός Οργανισμός ενισχύει την επίγνωση της κατάστασης και την επιχειρησιακή ανταπόκριση στα ελληνοτουρκικά χερσαία σύνορα. Σε αυτό το πλαίσιο, ουδέποτε έγινε αναφορά από ξένους Φιλοξενούμενους Αξιωματούχους του Frontex, περιστατικού παράτυπης επαναπροώθησης ή παραβίασης δικαιώματος μεταναστών, με εμπλοκή ελλήνων αστυνομικών ».

      Στην επιστολή επισημαίνεται πως « τόσο σε κεντρικό όσο και σε περιφερειακό επίπεδο, το αστυνομικό προσωπικό λαμβάνει ειδικότερες οδηγίες και διαταγές, ενώ παρακολουθεί και εκπαιδευτικά προγράμματα, σχετικά με την προστασία των θεμελιωδών δικαιωμάτων των μεταναστών, με ιδιαίτερη έμφαση στις ευάλωτες ομάδες. Οι οδηγίες εστιάζουν στην προστασία της ανθρώπινης ζωής και αξιοπρέπειας, την αποφυγή των διακρίσεων, την νόμιμη χρήση βίας και την αρχή της μη-επαναπροώθησης. Σε αυτό το πλαίσιο, το αστυνομικό προσωπικό εποπτεύεται και αξιολογείται σε μόνιμη βάση, από την ιεραρχία του σώματος.

      Τέλος, η κ. Γεροβασίλη υπενθυμίζει ότι « η Ελλάδα έχει διαχειρισθεί αποτελεσματικά, από το 2015 μέχρι και σήμερα, περισσότερους από 1.350.000 πρόσφυγες/μετανάστες, έχοντας ως γνώμονα την προστασία της ανθρώπινης ζωής και αξιοπρέπειας. Ειδικότερα, επισημαίνεται πώς, κατά το πρώτο 4μηνο του 2019 στην περιοχή δικαιοδοσίας των Δ.Α. Ορεστιάδας και Αλεξανδρούπολης έχουν πραγματοποιηθεί 3.130 συλλήψεις υπηκόων τρίτων χωρών, γεγονός που έρχεται σε αντίθεση με τις καταγγελίες περί επαναπροωθήσεων. Επιπλέον και κατά το συγκεκριμένο χρονικό διάστημα που αναφέρεται στις καταγγελίες (25-29.04.2019), πραγματοποιήθηκαν στην συγκεκριμένη περιοχή 101 συλλήψεις υπηκόων τρίτων χωρών ».

      https://www.efsyn.gr/node/193868

      Traduction de Vicky Skoumbi via la mailing-list Migreurop :

      La ministre grecque de Protection du Citoyen (euphémisme pour l’Ordre Public) Olga Gerovassili a démenti les accusations de refoulements illégaux à Evros –frontière nord-est de la Grèce avec la Turquie. En réponse à la lettre que lui avait adressée Philippe Leclerc, représentant de l’UNHCR en Grèce, où celui-ci évoque des témoignages des migrants concernant des mauvais traitements et des refoulements effectués par des forces de sécurité de la région d’Evros, la ministre a tout nié en bloc.

      Philippe Leclerc faisait état des témoignages qui dénoncent d’une part des renvois forcés vers la Turquie, sans que les procédures légales soient respectées, et d’autre part des violences et des violations graves des droits humains, ainsi que des cas où on a interdit aux réfugiés et aux migrants l’accès au mécanisme de l’asile.

      Mme Gerovassili soutient que « les comportements et les pratiques dénoncées ne font nullement partie des modes opératoires et des pratiques du personnel de la Garde-Frontière, qui est surtout impliqué à des actions de contrôle du phénomène d’immigration illégale aux frontières gréco-turques. L’investigation des incidents dénoncés jusqu’à aujourd’hui et les enquêtes internes réalisées par les services compétents ont conduit à la conclusion que ces incidents ne peuvent pas être confirmés ».

      La ministre prétend que « l’expérience, le professionnalisme et l’éthos du personnel policier de la Garde-Frontière, ne laissent aucun doute sur le fait qu’ils opèrent avec un très haut sens de responsabilité et d’humanisme. Pour corroborer ce fait, elle souligne le fait qu’à Evros des opérations de sauvetage ont eu lieu plusieurs fois sous de conditions extrêmement dangereuses : les policiers opèrent au péril de leur propre vie pour la protection de la vie des migrants, lorsque ceux-ci sont bloqués à des endroits dangereux du fleuve Evros.

      La ministre ajoute que les officiers de Frontex qui sont impliqués dans des opérations conjointes avec les policiers grecs n’ont jamais dénoncé des cas de refoulement illégal ou de violation de droit de migrants de la part des agents grecs.

      Dans la lettre que la ministre a adressée à Philippe Leclerc, il est dit que le personnel policier agit sous des consignes et ordres spécifiques, tandis qu’il est souvent amené à suivre des programmes de formation spécifiques à la protection des droits fondamentaux de migrants. D’après la ministre, les consignes données mettent en avant la nécessité de protéger la vie et la dignité humaine, d’éviter toute discrimination, de s’en tenir à l’usage légal de la violence et au principe du non-refoulement. « Dans ce cadre, les agents de police sont contrôlés et évalués en continu, par leurs supérieurs hiérarchiques », dit la ministre.

      Enfin Mme Gerovassili met en avant le fait que 3.130 arrestations de ressortissants de pays tiers ont été effectuées pendant les quatre premiers mois de 2019 dans les régions d’Orestiada et d’Alexandroupolis- proches d’Evros- ce qui, d’après la ministre, contredit les accusations de refoulements illégaux. « Qui plus est, pendant la période précise où les faits dénoncés auraient pu avoir lieu (25-29.04.2019), 101 arrestations de ressortissants de pays tiers ont eu lieu dans cette région ».

      Avec ce commentaire :

      N’en déplaise à la ministre, les faits sont têtus et aucun démenti ne saurait entamer la crédibilité de rapports des ONG et des témoignages comme ceux par ex. rapportés par le Conseil Grec pour les Réfugiés

      https://www.gcr.gr/en/news/press-releases-announcements/item/1067-gcr-and-cear-publish-a-joint-video-documenting-the-harsh-reality-of-pushbac

    • Εvros Pushbacks

      The Greek Council for Refugees and CEAR (C​omisión Española de Ayuda al Refugiado), with the support of the Municipality of Madrid, publish together a video on pushbacks in Evros, today, March 20, three years since the implementation of the EU-Turkey Joint Statement, of which the consequences are obvious in Greece’s northern border, as well as on the Eastern Aegean islands. The shattering testimonies of people who attempted to enter Greece from the Turkish border and were violently pushed back to Turkey, without ever being given the opportunity to apply for asylum, reveal the systematic nature of the pushbacks practice, in direct violation of Greek, EU and international law.

      https://www.youtube.com/watch?v=LAyuOlohOss


      #routes_migratoires #accord_UE-Turquie #parcours_migratoires #Pavlos_Pavlidis #identification #corps

      Le #cimetière :


      ... qui ne semble plus être le même que celui qu’on avait visité en 2012 :

    • Ces migrants mystérieusement refoulés de Grèce en Turquie

      C’est un sujet qui, régulièrement, vient mettre en porte-à-faux les autorités grecques : l’accueil des migrants qui traversent le fleuve Evros. Frontière entre la Turquie et la Grèce, ce fleuve sert de point d’entrée en Europe pour les migrants venus d’Asie, d’Afrique ou tout simplement de Turquie.

      Et si la traversée du fleuve n’est pas insurmontable, en revanche, les conditions d’accueil sont sujettes à critique par les ONG et même par les migrants.

      L’équipe d’euronews à Athènes en a rencontrés. Ils racontent comment les policiers grecs ont pour habitude de les refouler, sans ménagement.

      Mikail est turc, demandeur d’asile en Grèce. Il explique qu’il a traversé le fleuve avec un groupe de 11 personnes. Lorsqu’ils sont arrivés sur le sol grec, des policiers les ont arrêtés. « Les types portaient des tenues militaires, raconte-t-il. Et ils avaient des matraques. On aurait dit qu’ils partaient en guerre. Nous, on a essayé de comprendre pourquoi ils se comportaient ainsi. Ils nous ont simplement dit : "On va vous renvoyer chez vous". »

      « Mes enfants étaient à côté de moi, ajoute Gulay, réfugiée turque_. Ils m’ont dit : "Maman, y vont nous tuer ?" Je leur ai dit : "Non, ils ne vont pas nous tuer. Ils veulent juste nous renvoyer en Turquie"._ »

      Le groupe de ces 11 migrants parviendra malgré tout à rester en Grèce. D’autres n’ont pas eu cette chance.

      Le 4 mai, trois personnes, deux hommes et une jeune femme, ont traversé le fleuve. Craignant d’être refoulés, ils ont prévenu un proche vivant déjà en Grèce ainsi qu’un avocat. Ils ont envoyé une photo prise dans la ville de #Nea_Vyssa.


      https://twitter.com/zubeyirkoculu/status/1124764045024821249?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed&ref_url=https

      Ils ont ensuite été emmenés dans un commissariat de police à Neo Xeimonio. Et là, on a perdu leur trace. On a appris plus tard qu’ils avaient été renvoyés en Turquie, et qu’ils étaient désormais emprisonnés dans la ville turque d’Edirne.

      Ishan, le frère de la jeune femme raconte qu’il est allé au commissariat de police pour savoir ce qui était advenue de sa sœur. « Je leur ai dit : "je sais que ma sœur a été arrêtée et qu’elle était ici". Ils m’ont juste dit : "On n’est au courant de rien". »

      « Nous avons sollicité les autorités grecques pour en savoir davantage sur cette affaire, ajoute Michalis Arampatzoglou, journaliste d’euronews . Le ministère de la Protection civile a dit n’avoir aucune information sur cet incident. Pour autant, des cas comme celui-là, il y en a de plus en plus. Les avocats des victimes comptent engager des poursuites judiciaires, pour que enquêtes soient menées et que la lumière soit faite. »

      https://fr.euronews.com/2019/05/16/ces-migrants-mysterieusement-refoules-de-grece-en-turquie


    • https://twitter.com/zubeyirkoculu/status/1124764045024821249?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed&ref_url=https

      Je copie-colle ici le thread twitter:

      Breaking: 3 Turkish nationals, Kamil Y, Ayse E, Talip N, have crossed the Turkish-Greek border through Evros on May 4 at 5 am, they were taken into custody at #Xeimonio police station. A family member and a lawyer in the region, however, were told by the Police they are absent.
      Ms. Ayse E. sent her location at Xeimonio before they were detained, she also shared a video urging Greek authorities to stop any possible push-back.
      We are Turkish political asylum seekers. We fled persecution back in Turkey and crossed Evros on May 4 at 5 am. We are hiding near Nea Vyssa in fear of push-back. We urge the United Nations and Greek authorities to protect us from being pushed back."

      The latest live location Ms. Ayse shared with me was from #Xeimonia Police station which proves 3 Turkish asylum seekers taken into custody. The Greek police currently inform their lawyer that there are no such persons in the custody which might mean another push-back on the way.

    • ’Masked men beat us with batons’: Greece accused of violent asylum seeker pushbacks

      Scores of Turkish asylum seekers have been pushed back — sometimes violently — from Greece in the last three weeks, lawyers and family members told Euronews.

      Witnesses claim various groups of masked men in military uniform, as well as those in plain clothes collaborating with the police, used physical force against those who resisted.

      There have been 82 people from Turkey, including children, that have sought political asylum in neighbouring Greece and been sent back since April 23.

      Around half have been detained or arrested by Turkish authorities upon their return to their home country on terrorism charges.

      They have been linked to the Gulen Movement, which Ankara blames for the failed 2016 coup, or the Kurdistan Workers’ Party (PKK), who have been involved in an armed struggle with the Turkish state over independence.

      The European Commission has urged Greece to follow up on the allegations that Euronews has detailed in this article.

      ’Violently pushed back’

      “We are Turkish political asylum seekers,” began Ayse Erdogan in a video she sent to a family member.

      “We fled persecution in Turkey and crossed [at] Evros on May 4, at 5 am. We are hiding near Nea Vyssa [on the Greek-Turkey land border] in fear of a push back. We urge the United Nations and Greek authorities to protect us from being pushed back.”

      Ayse, who had crossed the border with friends Kamil and Talip, was picked up by Greek police and taken into custody at a police station in the village of Nea Cheimonio. Hours later, Ayse would be part of a group of migrants that were allegedly violently pushed back to Turkey by Greek police.

      Nea Cheimonio was the last place that Ayse’s family was able to pick up a location signal from her phone.

      The same day, accompanied by a lawyer, Ayse’s twin brother, Ihsan Erdogan, who is a registered asylum seeker in Greece, went to the police station in Nea Cheimonio, based on her last location information. He was told his sister and her friends had never been held there.

      On May 5, Ihsan received a phone call from a family member saying his sister had been imprisoned by a court in the northwestern province of Edirne, over the border in Turkey.

      The relative had spoken to Ayse, who said her Turkish group, along with a number of Syrians, had been handed over to a group of masked men soon after they left the police station in Nea Cheimonio. Greek police, she claimed, seized their belongings including her phone.

      Ihsan rues that his sister was seemingly sent back just before he arrived in Nea Cheimonio. “I urge Greek authorities not to send others like my sister back to prison,” he told Euronews.
      ’Masked men beat us with batons’

      Freshly-graduated as a mathematics teacher, Ayse had spent 28 months in prison over alleged affiliation with the Gulen Movement, an organisation Turkish authorities have outlawed.

      Hundreds of people were arrested in the aftermath of the failed putsch in 2016 and accused of links to US-based Muslim cleric Fethullah Gulen.

      Ayse was not the only political asylum seeker allegedly sent back to Turkey in what appears to be a violation of international asylum law.

      On April 26 this year, at Soufli, a border town near Evros River, a group of 11 people — including three children, a pregnant woman and another one that was disabled — was sent back by masked men after being beaten violently, according to a journalist in the group.

      “Masked men beat us with batons,” said Tugba Ozkan, who is 28 and pregnant. "We are in a very dire situation. We are afraid to be pushed back again. We need help.

      “I had forgotten about my pregnancy,” she added. “I tried to stop Greek police by moving ahead but they pushed me, too. It was unbelievable and unforgettable to see my husband beaten in front of my eyes.”
      No acknowledgement from Athens

      According to the account of the group, the police cooperated with a group of masked men who forced them to return to Turkey. The group managed to cross the border again the next day, only to be detained officially and come face-to-face with a police officer who had pushed them back at Soufli. They were released under the protection of a UNHCR officer on April 30.

      Greek NGOs published reports last year with testimonies from people from various nationalities who were allegedly sent back to Turkey via Evros after being beaten by masked men.

      The UN’s refugee agency (UNHCR) and the Commissioner for Human Rights of the Council of Europe urged Greek authorities to investigate those reports.

      The claims of violent push back operations at Evros river, however, have never ended. None have been officially acknowledged by Athens.

      Greece police declined to comment after requests by Euronews regarding the latest push back allegations.

      A European Commission spokesman, speaking to Euronews, said that they were aware of the recent push back claims.

      “The Commission expects that the Greek authorities will follow up on the specific allegations and will continue to closely monitor the situation,” he said.

      https://www.euronews.com/2019/05/11/masked-men-beat-us-with-batons-greece-accused-of-violent-asylum-seeker-pus

    • Migrants tortured by Greek police, illegally pushed back to Turkey

      Three migrants allegedly tortured by Greek security forces and illegally pushed back to neighboring Turkey were found by Turkish border units and are being provided medical treatment in northwestern Edirne province.

      Iraqi national Ibrahim Khidir (35) and Egyptian nationals Hassan Mahmoud (18) and Ahmed Samir (26) were found in a rural area, half-naked and exhausted with deep marks from plastic bullets and battering on their bodies. They were taken under protection by soldiers, who gave first aid to the migrants before handing them over to the provincial migration management directorate.

      The migrants told reporters that they crossed into Greece with a group of seven other illegal migrants after making arrangements with human smugglers in Istanbul’s Esenyurt district. They were held by the Greek police at the coach station in the border district of Didymoteicho while trying to travel to Thessaloniki. They were then taken to a local police station, where they spent two days along with 35 other illegal migrants and were denied any food.

      The migrants said they were divided into groups of 10 and boarded boats with two Greek police officers accompanying each and six officers watching guard. They were pushed back to Turkey through the Maritsa River (Meriç in Turkish, or Evros in Greek) forming the border with Greece.

      The violence that began at the police station, which included battering with truncheons, shooting with plastic bullets and electroshocks, continued at the riverside and on the boats.

      Khidir told reporters that Greek security forces captured him in Didymoteicho and tortured him with electroshocks, rear-handcuffing and plastic bullets fired at his body. His clothes and money were taken when he was detained.

      Turkish soldiers treated them very well and took care that they received treatment, according Khidir.

      Mahmoud and Samir also said that they were pushed back to Turkey after being stripped of their clothes and beaten up.

      Under international laws and conventions, Greece is obliged to register any illegal migrants entering its territory; yet, this is not the case for thousands of migrants were forcibly returned to Turkey especially since the beginning of refugee influx into Europe in 2015. Security sources say that accounts of migrants interviewed by Turkish migration authority staff and social workers show that they were subjected to torture, theft and other human rights abuses. Several migrants were also found frozen to death after being left in desolate areas.

      Similar incidents have also taken place on the Aegean, in which migrants and Turkish locals accused the Greek coast guard of deflating their boats or re-routing them back to Turkish territorial waters.

      Turkey and the European Union signed a deal in 2016 to curb illegal immigration through the dangerous Aegean Sea route from Turkey to Greece. Under the deal, Greece sends back migrants held in the Aegean islands they crossed to from nearby Turkish shores and in return, EU countries receive a number of Syrian migrants legally. The deal, reinforced with an escalated crackdown on human smugglers and more patrols in the Aegean, significantly decreased the number of illegal crossings.

      Bulgarian border authorities were also accused of abuses targeting migrants and pushing them back to Turkey in several incidents.

      However, some desperate migrants still take the route across the better-policed land border between Turkey, Greece and Bulgaria, especially in winter months when a safe journey through the Aegean is nearly impossible aboard dinghies.

      https://www.dailysabah.com/turkey/2019/05/30/migrants-tortured-by-greek-police-illegally-pushed-back-to-turkey/amp
      #torture

    • Greece continues to push asylum seekers back to Turkey

      Greek border forces along the Evros River pushed 59 migrants back into Turkey on Friday morning, signaling the continuation of a policy that started before the arrival of the new government.

      The pushback was reported by Zübeyir Koçulu, an Athens-based Turkish journalist who tweeted, “It seems nothing has changed on the Evros regarding pushbacks following a recent government change in Greece.”

      A total of 59 asylum seekers, nine of them Turkish and the remainder Afghans, Syrians and Somalis, were illegally sent back to Turkey, according to Koçulu.

      “The Greek police collected the group soon after their arrival and held them in custody at the Tychero police station for four hours,” he said. “After seizing their phones, security officers pushed the 59 people through the river near Soufli by force, perpetrating violence, according to witnesses.”

      He further claimed that Turkish political asylum seekers in the group were detained by Turkish security forces soon after the pushback. Three children in the group were delivered to their relatives.

      The Evros River, which forms most of the land border between the two countries, was one of the main routes used by Turkish asylum seekers fleeing government persecution as well as migrants of other nationalities until a series of violent pushback operations a few months ago stopped the flow.

      “Ironically, Kyriakos Mitsotakis, the new PM of Greece, fled with his parents into exile in Turkey when he was a year old in 1968 during the Greek junta,” Koçulu said. “He knows what it is to be a migrant from his own experience.”

      https://www.turkishminute.com/2019/07/21/greece-continues-to-push-asylum-seekers-back-to-turkey

    • What is happening on the Greece-Turkey border?

      While migrant camps on the Aegean islands have reached breaking point, and with Turkey threatening to ’open the gates’, migrants continue to arrive in Greece in the hundreds every week. Most come by sea, but in recent months, growing numbers have crossed via the land route across the Evros River. Many claim they are subjected to violent and illegal treatment by authorities at the border.
      Since the deaths of 39 Vietnamese migrants smuggled by lorry into the UK, there have been many more reports of migrants stowing away in trucks and vans. The latest group of 41 people hiding in a truck crossing from Turkey into northern Greece were reportedly mostly Afghan men between the ages of 20 and 30. Some reports said they were in danger of suffocation when they were discovered.

      On the Greek-Turkish border, smugglers are regularly caught transporting migrants in minibuses or trucks. There are mixed reports about how many people cross via this border. According to the UN migration agency, IOM, the number has risen steadily in recent months – from 255 arrivals in May to 1,233 in September.

      While the focus remains on the overcrowded migrant camps on the Aegean islands, which have seen a much bigger surge in arrivals during the same period, there has been less attention given to what is happening on the land border.

      ’Brutal treatment’

      There have been reports of violence and illegal activities by some Greek authorities against migrants crossing the Evros river since as early as mid-2017. These have included claims that migrants have been arrested, beaten up, robbed, detained, and forcibly returned or “pushed back” into Turkey.

      Dorothee Vakalis from Naomi, a refugee aid organization in Thessaloniki, says migrants continue to be subjected to “brutal treatment” by authorities at the border. “Everything gets taken away from them, phones, money, sometimes clothing as well. They are sent back to the other side practically naked,” she said on German radio on Tuesday. “We hear from relatives about families with small children, pregnant women being pushed back,” Vakalis said.

      Beaten by masked men

      According to an account of a case in April reported in Euronews, men wearing masks beat several migrants with batons before sending them back. In the group was a 28-year-old pregnant woman, Tugba Ozkan. “I had forgotten about my pregnancy,” Ozkan told Euronews. “I tried to stop Greek police by moving ahead but they pushed me, too. It was unbelievable and unforgettable to see my husband beaten in front of my eyes.”

      InfoMigrants was also in contact last year with a Kurdish couple who said they were locked in a small dark room with many others before being taken by masked commandos back across the border into Turkey.

      It is not clear who is carrying out the push backs, because they often wear masks and cannot be easily identified. The Hellenic League for Human Rights (HLHR) and Human Rights Watch describe them as paramilitaries. Eyewitnesses interviewed by Human Rights Watch said people who “looked like police officers or soldiers, as well as some unidentified masked men, carried handguns, handcuffs, radios, spray cans, and batons,” and others carried gear such as “armored gloves, binoculars and knives and military-grade weapons such as rifles.”

      The HLHR has suggested that the Greek police are either unaware of the existence of these paramilitaries or they turn a blind eye to them. According to Human Rights Watch, accounts suggest "close and consistent coordination “between police and unidentified men.” ..."Commanding officers knew, or ought to have known, what was happening," HRW’s report claims.

      Calls for investigation

      The Greek Refugee Council and other NGOs published a report in 2018 containing testimonies from people who said they had been beaten, sometimes by masked men, and sent back to Turkey. The UNHCR and the European Human Rights Commissioner have called on Greece to investigate the claims. Late last year another report by Human Rights Watch also based on testimonies of migrants, said that violent push backs were continuing.

      Turkey has also urged Greece to stop the practice of push backs. The Turkish foreign ministry recently claimed that a total of 25,404 irregular migrants were pushed back to Turkey in the first month of this year, according to the IPA news service. Turkey says it has evidence that the push backs are occurring and has invited the Greek government to “work on correcting the policy.” Greece has not acknowledged that violent push backs are occurring.

      According to some of the testimonies in the report by the Greek Refugee Council, Turkey is also responsible for carrying out push backs of Syrian and Iraqi single men.

      I believe these illegal push backs are not even known about or discussed in Europe or in Germany.
      _ Dorothee Vakalis, humanitarian worker with ’Naomi’ in Thessaloniki

      The European Commission spokesperson Natasha Bertaud has confirmed that the Commission contacted Greek authorities about reports of alleged push backs earlier this year. “The Commission expects that Greek authorities will follow up on the specific allegations and will continue to monitor the situation closely,” Bertaud said.

      Legal returns and illegal push backs

      The Evros River runs along 194 km of the 206 km of land border between the EU and Turkey. This border is not covered by the so-called EU-Turkey Statement, the agreement signed between Turkey and Europe in 2016 which allows the return to Turkey of Syrian migrants who arrive irregularly in Greece by sea.

      The land border was covered by a separate bilateral migrant readmission deal between Turkey and Greece. Turkey canceled that agreement last June because Greece refused to hand over several Turkish officers who escaped to Greece after Turkey‘s failed military coup in 2016.

      Push backs are prohibited by Greek and EU law, as well as international treaties and agreements, including the Geneva Convention on Refugees, which guarantees the right to seek protection. They go against the principle of non-refoulement, which means the forcible return of a person to a country where they are liable to be subject to persecution.

      https://www.infomigrants.net/en/post/20626/what-is-happening-on-the-greece-turkey-border
      #statistiques #chiffres

    • Griechenland soll 60.000 Migranten illegal abgeschoben haben

      Menschenrechtler und die Türkei beschuldigen Griechenland, Migranten und Flüchtlinge illegal abzuschieben. Türkische Dokumente, die dem SPIEGEL vorliegen, sollen die Anschuldigungen belegen.

      Am 3. November 2019 greift die die türkische Polizei 252 Migranten in der Nähe des Grenzübergangs Kapikule auf. Danach wird sie einen brisanten Aktenvermerk anfertigen: Die Migranten hätten es über die Grenze nach Griechenland geschafft, schreiben die türkischen Beamten später in ihrem Bericht. Aber dann seien sie gegen ihren Willen zurückgebracht worden, ohne Chance auf einen Asylantrag.

      „Push-Backs“ nennen sich diese illegalen Rückführungen von Migranten und Flüchtlingen. Sie sind nach europäischem und internationalem Recht verboten. Dieses schreibt den Staaten vor, potenziellen Asylbewerbern den Zugang zu einem effektiven Asylverfahren zu gewähren.

      Seit Jahren beschuldigen Menschenrechtsorganisationen und Anwälte griechische Behörden, Migranten am Grenzfluss Evros illegal in die Türkei abzuschieben. Der SPIEGEL hat nun türkische Dokumente erhalten, darunter auch die Aufzeichnungen der Polizisten über den Vorfall am 3. November. Diese legen nahe, dass Griechenland im großen Stil illegale Push-Backs an der Grenze zur Türkei durchführt.

      Harte Anschuldigungen gegen Griechenland

      In der Migrationspolitik liegen die Türkei und Griechenland schon lange im Clinch, Anfang November erreichte der Konflikt zwischen den Erzrivalen einen neuen Höhepunkt: Das türkische Außenministerium beschuldigte die griechischen Behörden, Flüchtlinge verhaftet, sie geschlagen, ihre Kleider geraubt, Habseligkeiten beschlagnahmt und sie dann in die Türkei zurückgeschickt zu haben. „Wir haben Fotos und Dokumente“, fügte das Ministerium hinzu.

      Der griechische Premierminister Kyriakos Mitsotakis reagierte knapp. „Diejenigen, die die Flüchtlingskrise ausgenutzt haben, indem sie die Verfolgten als Spielball für ihre eigenen geopolitischen Ziele benutzt haben, sollten vorsichtiger sein, wenn sie sich auf Griechenland beziehen.“

      Mehr als 58.000 Push-Backs in einem Jahr

      Das türkische Material umfasst Fallberichte und Interviewprotokolle. Zudem Fotos, die angeblich Migranten zeigen sollen, die von griechischen Behörden misshandelt wurden. Dazu enthält es bisher unveröffentlichte Daten, die vom türkischen Innenministerium zusammengestellt wurden.

      Diesen Daten zufolge hat Griechenland in den zwölf Monaten vor dem 1. November 2019 insgesamt 58.283 Migranten zurückgeschafft. Die meisten registrierten Fälle betrafen pakistanische Staatsangehörige (16.435), gefolgt von Afghanen, Somaliern, Bangladeschern und Algeriern. Dazu kommen mehr als 4.500 Syrer.

      Dem Dokument nach lag die Zahl der gemeldeten Push-Backs allein im Oktober bei mehr als 6.500. Ein endgültiger Beweis sind die Dokumente nicht, die Anschuldigungen der Migranten lassen sich nicht unabhängig verifizieren. Und Griechenland bestreitet die Vorwürfe. Allerdings stimmen sie mit ähnlichen Berichten von Menschenrechtsorganisationen überein. Die Menge der Zeugenaussagen verschärft die Zweifel an den griechischen Unschuldsbeteuerungen.

      Die am 3. November festgenommenen Asylbewerber wurden nach türkischen Angaben später von der türkischen Polizei befragt und in ein Abschiebezentrum in Edirne gebracht, die Stadt liegt etwa 10 Kilometer von der Grenze entfernt. Alle bis auf die Syrer würden in ihre Herkunftsländer zurückgeschickt, erklärte ein türkischer Beamter. Die Syrer würden an den türkischen Ort zurückgebracht, an dem sie sich zuerst registriert hätten.

      Beraubt, eingesperrt, zurückgebracht: Die Geschichte eines Syrers

      Einer der acht Syrer, die am 3. November von der türkischen Polizei verhaftet worden sind, gibt an, mit seiner Frau vier Jahre zuvor aus Aleppo geflohen zu sein. So geht es aus der Abschrift des Interviews hervor. Zunächst habe der studierte Jurist demnach als Kassierer in Istanbul gearbeitet. Dann habe er „aus wirtschaftlichen Gründen“ beschlossen, nach Griechenland zu gehen.

      Mit einem Schmuggler überquerte der Syrer die Grenze, in der griechischen Stadt Alexandroupolis schließlich stellten er und seine Frau sich der Polizei, um Asyl zu beantragen. Stattdessen seien allerdings ihre Besitztümer beschlagnahmt, sie selbst in eine Zelle gesteckt worden. Laut Interviewabschrift wurden die beiden Syrer zwei Tage später von der griechischen Polizei zusammen mit anderen Migranten zurückgebracht.

      14 Polizisten sollen die Gruppe zum Fluss Evros begleitet haben, auf 150 Kilometern markiert er die natürliche Grenze zwischen den beiden Ländern. Anschließend hätten zwei Polizisten das Paar in einem Boot zurück auf die türkische Seite befördert.

      Griechisch-türkisches Grenzgebiet

      In letzter Zeit würden vermehrt Migranten zurückgebracht, nachdem sie mit Booten den Evros überquert hätten, heißt es in dem Bericht der türkischen Behörden. So gibt der Gouverneur von Edirne in einem Schreiben vom 29. Oktober an das türkische Innenministerium an, dass zwischen Anfang Januar und Ende September insgesamt 91.681 illegale Migranten in seiner Provinz aufgegriffen worden seien.

      Dies sei ein dramatischer Anstieg im Vergleich zu den knapp 30.000 Festgenommenen im Jahr 2016. Laut türkischen Behörden gaben mehr als 55 Prozent der festgenommenen Migranten an, es nach Griechenland geschafft zu haben, aber trotzdem zurückgebracht worden zu sein.

      Die Zahl spiegelt den erhöhten Druck an den Außengrenzen Europas wider. Seit dem Frühsommer steigt die Zahl der Migranten, die auf den griechischen Inseln in der Ägäis ankommen. In den vergangenen Monaten versuchen auch wieder deutlich mehr Migranten, den Evros auf illegalem Weg zu überqueren. Nach den Daten des UNHCR kamen 2018 über den Evros mehr als 18.000 Migranten in die EU - ein Anstieg von 173 Prozent gegenüber 2017.

      Die Überquerung des reißenden Grenzflusses ist gefährlich, immer wieder endet sie tödlich. Die Route hat aber auch Vorteile: Wer es unerkannt über den Fluss schafft, wird nicht wie auf den griechischen Ägäis-Inseln unter unmenschlichen Bedingungen in ein Lager gepfercht. Zudem liegt die Region viel näher an der Balkan-Route, die von Nordgriechenland nach Mittel- und Nordeuropa führt und wieder verstärkt genutzt wird.

      Die griechischen Behörden weisen die türkischen Vorwürfe zurück. Es gebe keine Push-Backs, teilte ein Sprecher des griechischen Ministeriums für Bürgerschutz auf Anfrage mit. Bisher haben griechische Behörden nur wenige der Beschwerden überprüft - und fanden demnach keine Beweise für Fehlverhalten.

      Nicht nur türkische Behörden sprechen allerdings von systematischen illegalen Abschiebungen: Menschenrechtler werfen Griechenland und anderen europäischen Staaten an der Außengrenze schon seit Jahren Push-Backs vor und dokumentieren diese. Auch in der griechischen und internationalen Presse wird immer wieder über einzelne Vorfälle berichtet (lesen Sie hier einen SPIEGEL-Bericht). Der Europarat spricht von „glaubwürdigen Anschuldigungen“, und auch das Flüchtlingshilfswerk der Uno zeigte sich bereits besorgt.

      Die Menschenrechtskommissarin des Europarates, Dunja Mijatovic, erklärte auf SPIEGEL-Anfrage, dass in den letzten Jahren sowohl in der Türkei als auch in Griechenland illegale Abschiebungen dokumentiert worden seien - und mahnte eine menschlichere Migrationspolitik an.

      https://www.spiegel.de/politik/ausland/griechenland-soll-zehntausende-migranten-illegal-in-die-tuerkei-abgeschoben-

      #renvois #expulsions #réfugiés #asile #migrations #Turquie #Grèce #push-back #refoulement #refoulements

    • Greece illegally deported 60,000 migrants to Turkey: report

      Greece illegally deported 60,000 migrants to Turkey, documents released by Turkey reportedly show. The process involves returning asylum seekers without assessing their status.

      Greece illegally deported about 60,000 migrants to Turkey between 2017 and 2018, according to a report on the online news portal of weekly German magazine Spiegel, published on Wednesday evening.

      Turkey is accusing Greece of not properly dealing with the asylum status of migrants. Instead, Turkish Interior Ministry files claim that Greece illegally transported 58,283 people to Turkey in the 12 month period leading up to November 1, 2018.

      Greece is disputing the accusations, with Prime Minister Kyriakos Mitsokasis saying Ankara was playing games: “Those people who have used the refugee crisis to their own ends should be more careful when dealing with Greece.”

      A Greek Foreign Ministry spokesman told German news agency dpa that Athens had denied similar accusations “many times” already.

      This so-called “push back” of asylum seekers is illegal under European and international law. The state is obliged to assess the asylum status of new migrants rather than sending them to another country.

      Where were the migrants from?

      According to the Turkish documents, the largest proportion of migrants sent away from Greece were Pakistani, with large numbers from Somalia, Algeria and Bangladesh. 4,500 were Syrians.

      Turkish officials said they sent back most of the people back to their countries of origin except for the Syrians, who were sent back to the Turkish town where they originally registered as refugees.

      The governor of the Turkish-Greek border region of Edirne reported that over 90,000 migrants were arrested between January and September 2019, a big increase from the 30,000 arrested in the same region in 2016.

      https://www.dw.com/en/greece-illegally-deported-60000-migrants-to-turkey-report/a-51234698?maca=en-Twitter-sharing

    • Thousands of ’illegal’ Syrians and other migrants ejected from Istanbul

      Turkey says it has expelled nearly 50,000 migrants from Istanbul, including more than 6,000 Syrians. The government says the migrants were in the city illegally and will be made to leave Turkey.
      The Istanbul governor’s office said on Friday that 42,888 “illegal” migrants had been arrested and sent to repatriation centers, to be removed later from Turkey. It said 6,416 Syrians had been placed in “temporary refugee centers.”

      A campaign from July through to the end of October was aimed at reducing the number of unregistered refugees in Turkey’s biggest city. The country hosts about 3.6 million Syrians — more than any other country.

      Syrians who are registered in Turkey are given “temporary protection”, as the Turkish government does not offer them formal refugee status. Under the system, the Syrians have to stay in the province to which they were initially assigned, and can only visit other cities with short-term passes.

      In July, officials said that 547,000 Syrians were officially registered in Istanbul, and that no new registrations were being accepted. Interior Minister Suleyman Soylu said at the time that the aim was to expel 80,000 undocumented migrants by the end of the year.

      •••• ➤ Watch: Syrian refugees not ready to go home

      Public sentiment in Turkey towards Syrian refugees has worsened in recent years. The Turkish government wants to settle some of them in an area it now controls in northeast Syria, after it launched an offensive last month against the Kurdish YPG militia.

      Amnesty International and Human Rights Watch last month published reports saying Turkey was forcibly sending Syrian refugees to northern Syria. Turkey’s foreign ministry called the claims in the reports “false and imaginary.”

      https://www.infomigrants.net/en/post/20903/thousands-of-illegal-syrians-and-other-migrants-ejected-from-istanbul

    • Refugees ‘tortured and beaten by Greek soldiers’ before being sent back to Turkey

      Bruised and bandaged, a group of refugees show off the injuries they claim were caused by Greek soldiers. One says he was blindfolded and burnt with a cigarette while another said his foot ended up broken in several places. A third migrant claims the authorities confiscated his money and clothes while others say they have been hit over the head with sticks. Their allegations form part of a growing number of complaints made against Greek soldiers at the border with Turkey. In the past year, hundreds of people claim to have been tortured and abused before being physically pushed back over the border.

      Under international law, Greece is obliged to register any illegal immigrant that enters its territory. But Turkey claims they forcibly reject them and this year alone they allege Greece returned some 25,404 undocumented migrants. That figure has not been independently verified but there are allegations of severe abuse, which includes withholding food and water. Musaddiq Javed from Pakistan was one of 30 men who entered Greece last week on foot. He said the group were arrested as they walked towards #Xanthi but the police handed them over to Greek soldiers who allegedly ripped the Turkish liras they found on them. He recalled: ‘The soldiers brought me in a room and blindfolded me. They then burned my hand with a cigarette and kicked my feet.’

      Muhammad Nainiya from Morocco added: ‘They brought us near a river and put us on a boat and hit our heads with sticks.’ He said they were made to walk back into Turkey and eventually reached a village where local residents gave them clothes. Muhammed added: ‘The doctor told me that I had three broken bones on my foot and that it would need surgery. I had the surgery and stayed in the hospital for a week.’ The men are now staying at a refugee centre in Turkey after receiving medical treatment while the Greek authorities have yet to comment on the claims.

      Greece is struggling with the number of refugees on both the mainland and the islands. It has camps on five Aegean islands (Lesbos, Chios, Samos, Kos and Leros) with an official capacity of 6,178 people. Two days ago it was holding 35,590 men, women and children in unsanitary and dangerous conditions. The Greek government has pledged a crackdown and plans to convert the refugee camps into detention centres. Human rights groups say it would make it easier for Greece to detain asylum seekers for longer and scrap protections for already vulnerable people. Turkey and the EU signed a refugee deal in March 2016 which aimed to discourage irregular migration through the Aegean Sea. People arriving by boat to the Greek islands were to be returned to Turkey in exchange for EU nations to take Syrian refugees from Turkey.

      https://metro.co.uk/2019/11/26/refugees-tortured-beaten-greek-soldiers-sent-back-turkey-11223565/?ito=article.desktop.share.top.twitter

    • Illegal push-backs in Evros. Evidence of human rights abuses at the Greece/Turkey border


      https://static1.squarespace.com/static/597473fe9de4bb2cc35c376a/t/5dcd1da2fefabc596320f228/1573723568483/Illegal+Evros+pushbacks+Report_Mobile+Info+Team_final.pdf
      #Mobile_Info_Team

      Résumé ici:

      Mobile Info Team have published a new report on pushbacks from Greece to Turkey in the Evros region. They have been gathering data since August 2018 and have brought together 27 testimonies from people who have experienced this illegal practice.

      The procedure is similar in all cases. Firstly, arrest and capture by Greek police inside Greek territory, then detention and confiscation of personal property, followed by coordinated handoffs/transfers to authorities and finally, collective expulsion across the Evros River in small boats.

      The violent practices of Greek police are of critical concern. Established legal procedures stipulate that Greek police would meet asylum seekers on Greek land, escort them to police stations, take their personal data and register their requests for asylum. Their reported actions however ranged from complicit handovers to unidentified ‘commando’ groups, to perpetrating acts of violence and theft themselves.

      Many of the testimonies are deeply disturbing, although all pushbacks are illegal regardless of whether an individual or group is subjected to violence. Often people reported the deprivation of food and water, theft of property, detention in dirty and cramped spaces, unprovoked violent beatings and even electric shocks.

      https://medium.com/are-you-syrious/ays-daily-digest-27-11-19-evros-pushbacks-report-human-rights-abuses-at-gree

    • Έξι Μετανάστες Πέθαναν Από το Κρύο στον Έβρο

      Μια νέα θανάσιμη διαδρομή ανησυχεί τις Αρχές, ενώ οι ροές στον Έβρο αυξάνονται.

      Έξι μετανάστες βρέθηκαν νεκροί από το κρύο στον Έβρο, σε διάστημα 48 ωρών. Είναι η πρώτη φορά που καταγράφεται αντίστοιχος αριθμός θανάτων από υποθερμία, σε τόσο μικρό διάστημα. Επιπλέον, τα σημεία όπου εντοπίστηκαν τα τέσσερα από τα έξι θύματα, μαρτυρά ότι οι άνθρωποι που περνούν τον Έβρο και κατευθύνονται προς την ενδοχώρα επιλέγουν μια νέα διαδρομή, που ακολουθεί παράλληλα τα ελληνο-βουλγαρικά σύνορα και αποδεικνύεται θανάσιμη λόγω του άγριου εδάφους και των εξαιρετικά χαμηλών θερμοκρασιών.

      Το VICE πληροφορείται ότι οι έξι νεκροί μετανάστες βρέθηκαν στη διάρκεια του Σαββατοκύριακου, σε διαφορετικά σημεία. Πρόκειται για τέσσερις άντρες και δύο γυναίκες. Δεν υπάρχει κανένα στοιχείο για την ταυτότητά τους, καθώς δεν είχαν έγγραφα. Οι δύο γυναίκες είναι αφρικανικής καταγωγής, ενώ η ηλικία των θυμάτων εκτιμάται μεταξύ 18 και 30 ετών.

      Τα δύο πρώτα θύματα βρέθηκαν κοντά στο ποτάμι, σε χωράφι έξω από το χωριό Γεμιστή. Οι υπόλοιποι τέσσερις άνθρωποι, όμως, εντοπίστηκαν πολύ μακριά από τον Έβρο. Πιο ειδικά, δύο στο 17ο χιλιόμετρο της επαρχιακής οδού Μεγάλου Δέρειου-Σαπών και δύο έξω από το χωριό Κόρυμβος. Οι Αρχές προσπαθούν να διαπιστώσουν αν οι τέσσερις νεκροί στον ορεινό όγκο ήταν στην ίδια ομάδα που είχε περάσει τον Έβρο.

      Οι τελευταίοι θάνατοι, αλλά και μαρτυρίες ανθρώπων που κατάφεραν να φθάσουν στη Θεσσαλονίκη, αποκαλύπτουν ότι υπάρχει μια νέα διαδρομή μεταναστών. Προσπαθώντας να αποφύγουν την Εγνατία Οδό και τους ελέγχους της Αστυνομίας, οι μετανάστες περνούν το ποτάμι και κατευθύνονται στον ορεινό όγκο πίσω από το Σουφλί. Έπειτα, περπατούν κατά μήκος των ελληνο-βουλγαρικών συνόρων, ακολουθώντας χωμάτινους δρόμους και τις οδηγίες διακινητών που λαμβάνουν μέσω στιγμάτων στο GPS. Εκτός από τις οδηγίες, δεν έχει διαπιστωθεί φυσική παρουσία διακινητών κατά μήκος της διαδρομής, αναφέρουν πηγές.

      Οι μετανάστες θέλουν να φθάσουν στην Κομοτηνή και από εκεί να πάρουν το λεωφορείο για τη Θεσσαλονίκη. Το ταξίδι με τα πόδια από τον Έβρο ως την Κομοτηνή, μπορεί να διαρκέσει ως και επτά μέρες, ανάλογα με τις καιρικές συνθήκες. Η απότομη αλλαγή του καιρού και η σφοδρή κακοκαιρία που έπληξε την περιοχή, φαίνεται ότι ευθύνονται για τους μαζικούς θανάτους των τελευταίων ημερών, σε συνδυασμό με το γεγονός ότι στο βουνό δεν υπάρχουν σημάδια για να ακολουθήσουν.

      Όσοι μετανάστες επιλέγουν την παραπάνω διαδρομή, επιθυμούν να συνεχίσουν βόρεια προς την Ευρώπη, χωρίς να καταγραφούν στην Ελλάδα. Υπάρχει κάτι ακόμη. Άνθρωποι που περπάτησαν κατά μήκος των ελληνο-βουλγαρικών συνόρων ανέφεραν ότι έπεσαν θύματα ληστείας από αγνώστους, που φορούσαν ρούχα παραλλαγής, όπως περιέγραψαν. Σε μια περίπτωση, τους άρπαξαν χρήματα και κινητά. Σε μια δεύτερη, γυναίκα από το Ιράν ανέφερε ότι τους άφησαν να συνεχίσουν, επειδή εκείνη τους μίλησε στα τούρκικα, στοιχείο που δείχνει πιθανή εμπλοκή ατόμων από τα μειονοτικά χωριά.

      Όλα αυτά συμβαίνουν, ενώ οι ροές στον Έβρο αυξάνονται και η κυβέρνηση σχεδιάζει να λάβει επιπλέον μέτρα για την ανάσχεσή τους, μεταξύ αυτών την επέκταση του φράχτη που υπάρχει από το 2012 στο μοναδικό χερσαίο τμήμα των συνόρων. Ο φράχτης έχει μήκος 12 χιλιόμετρα και εκ του αποτελέσματος απλώς μετάφερε τα περάσματα προς τα νότια, σε άλλα σημεία του ποταμού. Στον σχεδιασμό της κυβέρνησης περιλαμβάνεται επίσης η δημιουργία μιας δεύτερης ζώνης ελέγχου στην Εγνατία Οδό, καθώς και η ανάπτυξη των ηλεκτρονικών μέσων με τα οποία ελέγχονται τα περάσματα στον Έβρο.

      https://www.vice.com/gr/article/a355mk/e3i-metanastes-pagwsan-kai-pe8anan-apo-to-krio-ston-ebro

      –----------

      Source : un tweet de Bruno Tersago :

      Bodies of 6 #refugees/#migrants found near #Evros river (border #Greece/#Turkey). Aged between 18 and 30. Apparently frozen to death.

      https://twitter.com/BrunoTersago/status/1204405077936627717

      #décès #morts #mourir_de_froid

    • Six migrants retrouvés morts de froid à la frontière gréco-turque

      Six migrants ont été retrouvés morts de froid ces derniers jours dans la région de l’Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie, a annoncé mardi Pavlos Pavlidis, le médecin légiste de l’hôpital d’Alexandroupoli en charge des autopsies.

      Les six migrants, deux femmes africaines et quatre hommes dont les âges étaient évalués de 18 à 30 ans, sont morts d’hypothermie entre jeudi et dimanche derniers, a précisé à la presse le médecin légiste. Aucun document d’identité n’a été retrouvé sur ces migrants, rendant le processus d’identification complexe. La région frontalière de l’Evros séparant la Grèce de la Turquie est un lieu de passage privilégié par les passeurs depuis la signature de l’accord UE-Turquie en 2016 et le renforcement des patrouilles navales en mer Égée.

      Malgré un mur de 12 km de long à la frontière gréco-turque, les trafiquants ont trouvé des points de passage pour les migrants, situés au sud des barbelés. Le gouvernement grec a annoncé en novembre l’embauche de 400 gardes-frontières dans la région de l’Evros et le renforcement de la surveillance à la frontière avec des radars infrarouges. La traversée de la rivière est particulièrement dangereuse. De nombreux migrants ont été retrouvés noyés ces dernières années. Des réseaux de passeurs entassent également souvent des dizaines de migrants dans des voitures, conduites à grande vitesse pour échapper aux contrôles policiers, entraînant des accidents fréquents.

      Début novembre, quarante-et-un migrants ont été découverts vivants, cachés dans un camion frigorifique intercepté sur une autoroute du nord de la Grèce. Pour la première fois depuis 2016, la Grèce est redevenue cette année la principale porte d’entrée des demandeurs d’asile en Europe. Le flux migratoire via les îles de la mer Egée face à la Turquie reste le plus important avec plus de 55000 arrivées en 2019 selon le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Mais les arrivées via la frontière terrestre avec la Turquie sont en augmentation depuis 2018. En 2019, plus de 14000 personnes ont emprunté ce chemin périlleux selon le HCR.

      https://www.lefigaro.fr/flash-actu/six-migrants-retrouves-morts-de-froid-a-la-frontiere-greco-turque-20191210

    • Statement: Four Push-Back Operations at the Greek-Turkish Land Border Witnessed by the Alarm Phone

      The Alarm Phone witnessed four illegal push-back operations at the Greek-Turkish land border over the course of ten days.

      CASE 1: The first case occurred on Saturday the 30th of June 2018. In the early morning, we had been informed about a group of people along the Turkish-Greek land border that was in need of support. Five of them were from Syria, five from Sierra Leone, six men, two women, and two children. We contacted the travellers, received their GPS position, and notified the police to their whereabouts, as the travellers had asked us to do. The police confirmed to us that they would search for them. Hours later, in the early afternoon, one of the members of the group told us that she was on her way back to Istanbul. She informed us about what had happened to them: At around 9am local time, they had been found by Greek officers in blue & black uniforms. Their belongings was taken away, and at least 5 of them were forced back to Turkey. They had not taken any pictures as their phones had been taken away. Our contact person had been able to hide her phone. They were kept in confinement for about one hour and treated badly, “like dogs” she said, before being forced onto a boat that returned them illegally to Turkey.

      CASE 2: On Thursday the 5th of July, the second push-back operation was observed by the Alarm Phone. We had received a distress call from a group of Syrian, Iraqi, Yemeni and Sudanese migrants who had crossed into Greece seeking international protection. The group was found by the Greek police. The police handed the group to Greek officers who did not hesitate to use violence and intimidation. They were beaten, robbed, and forced onto a boat that returned them to Turkish territory.

      CASE 3: In the night of 5th-6th of July 2018, a group of 12 people from Syria and Iraq, including two women, one of whom was elderly, two children (six and eleven years old), and eight men, was reportedly apprehended on Greek soil near Mikrochori in Evros region and pushed back to Turkey. It remains unclear what happened to them upon return to Turkey.

      CASE 4: In the night of 9th-10th of July 2018, 19 people from Syria and Iraq, including a one-year-old child, a pregnant woman and a man with a broken leg, were reportedly pushed-back from Greece to Turkey at the land border in Evros. They arrived on 9th July and had sent a SOS-call to the Alarm Phone. The first GPS coordinates received showed their position near Filakto. The group said they had sick kids with them and they were very hungry. A second set of GPS coordinates sent showed them at a position near Provatonas. Communications with the group broke down in the afternoon and only in the late morning of the next day, the group answered again – now from Turkey. They reported that ‘the police’ had found them around 5pm on the 9th of July. They brought them to a place the migrants described as ‘a prison’. At 10pm, the officers allegedly wearing blue trousers and camouflage sweaters, told the group that they would be moved to a camp so that they could apply for international protection. However, instead, they brought them back to the river. There, according to one testimony, the men of the group were beaten. Their belongings such as phones, money, passports and the food for the infant were taken away. They were then put onto a boat at the river and were threatened not to come back to Greece again.

      Reacting to our questions concerning cases 3 and 4, the Greek police stated that they had not found anyone at the positions we had provided them with.

      The Alarm Phone, when receiving distress calls from groups in the Evros border region who report to have persons among them with special needs, such as pregnant women, people with disabilities, toddlers and infants, elderly or sick, informs the respective authorities (Greek and /or Turkish) upon request of the people in need. In these four cases, GPS positions shared with us showed clearly locations on Greek soil. Despite this fact and despite many requests for assistance made toward the responsible authorities, the people ended up back in Turkey. Instead of getting access to protection in Greece as requested in their calls for help and their claims to asylum, they were returned to a place where they stated they would be in danger.

      The Alarm Phone is very concerned about repeated testimonies of illegal push-backs at the Greek-Turkish land border. We demand respect for the people’s human rights and dignity, as well as for the international law, which is clearly beached in such push-back operations.

      https://alarmphone.org/en/2018/07/06/four-push-back-operations-at-the-greek-turkish-land-border-witnessed-by-

    • The Turkish Woman Who Fled Her Country only To Get Sent Back

      #Ayşe_Erdoğan was persecuted in Turkey as an alleged follower of the Gülen movement. The young teacher fled to Greece to seek refuge. This is how she wound up back in a Turkish prison.

      As Ayşe Erdoğan reached for her mobile phone to film herself, she was already aware of the risk she was facing. She had managed to cross over into Greece from Turkey, meaning she had made it to Europe. But she still wasn’t home free.

      On the morning of May 4, 2019, Erdoğan, a 28-year-old math teacher from Turkey, hid near the Greek village of Nea Vyssa. Accompanied by two Turkish traveling companions, she had succeeded in crossing the Evros, a wild river that forms a natural border between the two countries but whose current is so strong that it often sweeps migrants away to their deaths.

      Erdoğan, who bears no relation to Turkish President Recep Tayyip Erdoğan, had been sentenced to more than six years in prison in Turkey. Authorities there had accused her of belonging to the sect of the Islamist cleric Fethullah Gülen, which Ankara considers a terrorist organization. Erdoğan was allowed to leave prison until the start of her appeal, but only under the condition that she remain in Turkey.

      Shortly after her release, she fled. She traveled to the north to reach Europe, just as thousands of other Turks who are persecuted as Gülen supporters have done.

      Erdoğan wanted to file an application for political asylum. The Turkish national wanted to exercise the right the European Union grants to every individual who reaches European soil — at least in theory.

      “We are Turkish political asylum-seekers,” Erdoğan said in one video she recorded on her phone. “We fled persecution back in Turkey. We are hiding near Nea Vyssa in fear of pushback.” She sent the videos to her brother Ihsan, who was already in Athens. A journalist later posted the video on Twitter, and the Greek daily Kathimerini also reported on her case.

      Using WhatsApp, Erdoğan sent her location to her brother. She also sent emails to Greek human rights lawyers and the head of the UNHCR, the UN refugee agency. “If we push back to Turkey, our life will be in danger,” she wrote.

      That same day, Erdoğan was taken back across the Evros. Turkish border officials apprehended her and the two Turkish nationals traveling with her the next morning at 8:10 a.m. and put them in jail. A court convicted Erdoğan the next day for violating the terms of her parole by leaving the country.

      For the first time, Forensic Architecture, a research agency based at Goldsmiths College at the University of London, has reconstructed the precise events in the hours leading up to Erdoğan’s capture. DER SPIEGEL also interviewed the brother and Ayşe Erdoğan’s lawyers in addition to reviewing Turkish court documents.

      The data and documents lead to just one conclusion: Ayşe Erdoğan had made it to Greece and was in the hands of Greek authorities before she was returned to Turkey. These were presumably Greek border guards or police. Erdoğan herself claims to have been picked up at a Greek police station by masked men.

      Responding to a request for comment from DER SPIEGEL, the Greek police stated that they "always comply with Greek and European law in the performance of their duties.” Officials would not comment on the specific case in question. Back in December, DER SPIEGEL and Forensic Architecture analyzed videos showing how the illegal pushbacks along the Evros apparently take place: Masked men speaking with Greek accents are seen taking people who have fled to Greece across to the Turkish side of the Evros in motorized dinghies. Refugees who claim they were pushed back also say they were abused and that their mobile phones were rendered unusable.

      All available evidence suggests that the Greek authorities are carrying out systematic pushbacks. DER SPIEGEL has previously reported on Turkish documents which suggest that Greece is illegally deporting tens of thousands of migrants and refugees. Following the revelations, the European Commission demanded an investigation into the accusations, though this has yet to happen.

      The only person who has followed up on the pushback allegations is the Greek ombudsman, the agency responsible for independently monitoring the country’s authorities. The agency opened a general investigation into the issue in June 2017. It is now investigating more than half a dozen cases, including the videos published by DER SPIEGEL.

      However, the Greek authorities have expressed little interest in the videos. A police spokesman told DER SPIEGEL in January: “There won’t be any investigation because there are no pushbacks on the Evros.”

      But Ayşe Erdoğan’s case suggests it is very likely that this statement isn’t true. It underscores suspicions that Greek border officials are deporting even Turkish asylum-seekers without granting them any asylum procedures, even though these people are the subject of political persecution in their home country.

      The pushbacks violate international law, European Union law as well as Greek law, since every refugee has the right to fair asylum proceedings. Moreover, those who apply for asylum cannot be sent back to countries where they could be in danger or threatened with persecution. That, however, appears to be exactly what happened to Erdoğan.

      The fact that Erdoğan repeatedly shared her location with her brother on WhatsApp and took a selfie together with the two people accompanying her in the village center of Nea Vyssa has been helpful in the effort to reconstruct events. A government building can be seen in the photo, including its logo. Another lawyer, Nikolaos Ouzounidis, met with the group in Nea Vyssa and also took a photo of them.

      In collaboration with the Greek NGO HumanRights360, Forensic Architecture analyzed the photos, videos, WhatsApp messages, emails, court files and police reports. Among other steps, the agency compared the photos to images from Google Earth. This made it possible to verify that Erdoğan had, in fact, entered Greece before her arrest.

      There is no doubt that Ayşe and the two accompanying her had been in Nea Vyssa that day. “I saw them with my own eyes,” said Ouzounidis.

      Erdoğan contacted the police station in Nea Vyssa, near the Turkish border, to apply for asylum. But Greek police brought them to a police station in Neo Cheimonio, a town 18 kilometers (11 miles) south of Nea Vyssa. This is evidenced in Erdoğan’s WhatsApp locations and her testimony in court, which has been obtained by DER SPIEGEL.

      Ouzounidis tried to speak to Erdoğan at the police station twice — first on his own and later with her brother, Ihsan, who had come from Athens. Both times, police informed the lawyer that no one with that name was being held at the station. Officially, at least, there was never any arrest or charges filed.

      At 6:53 p.m., Erdoğan once again shared her location with her brother on WhatsApp, with the pin pointing to the police station. It would be the last message that Ayşe Erdoğan would send from Greece.

      “I thought Ayşe was safe,” said Ihsan Erdoğan. “But they just brushed us off at the police station.” Ihsan found out the next day from his parents that his sister had been deported to Turkey and arrested there.

      The Turkish court documents provide details about how Erdoğan experienced her pushback. They describe how masked men put them in a car and took them back to the Evros River. "They put us in a car, took us to Meriç river (Eds. note: as the Evros is known in Turkey) again, put us in an inflatable boat, and took us back to the Turkish banks. Thus, we weren’t able to apply for asylum.”

      Turkish police officers apprehended Erdoğan the next morning. A court in the province of Edirne convicted her the following morning on charges of illegally fleeing the country. The court transcript states that, “The accused violated the rules of her parole and left the country via illegal routes but was deported and returned to Turkey.”

      As part of her defense, Erdoğan claimed that she had felt isolated after her release from prison, that she was no longer able to find work and that even her friends weren’t speaking to her anymore. She told the court that she regretted having fled. “I am the victim,” Erdoğan said, according to the court transcript.

      Her brother Ihsan also denied to DER SPIEGEL that he or Ayşe were members of the Gülen sect.

      Turkish President Erdoğan has blamed the Gülen movement for the attempted coup in July 2016. In response, the Turkish state ordered the arrest of tens of thousands of Gülen supporters.

      Gülen, who has lived in exile in the United States since the 1990s, has denied the accusations. In public, he presents himself as a modern reformer of moderate Islam. His followers run schools, universities, media organizations, hospitals and foundations in more than 100 countries.

      But people who have left the community have described it as a secret society. “Infiltrating state agencies, maximizing political influence and gaining control of the state is seen as the goal by all those who have been interviewed,” reads one document from Germany’s Foreign Ministry.

      Tens of thousands of the Islamist movement’s followers have found refuge in European countries in recent years. More than 10,000 Turks have applied for asylum in Greece alone since 2016.

      But it’s not clear how many of those applications have been approved. The Greek authorities don’t want to publish that kind of information out of fear of provoking Turkish President Erdoğan, with whom the Greek government already has a tense relationship.

      However, Greek bureaucratic sources say that most of the Turkish refugees who apply for it are granted asylum in Greece. That had also been Ayşe Erdoğan’s hope. Instead, she now finds herself locked up by the Turkish government in a prison in the Gebze province near Istanbul.

      Greece has already thrown out a lawsuit submitted by her lawyers. Erdoğan’s attorney, Maria Papamina of the Greek Council for Refugees, says that all the prosecutor did was obtain assurances from the Greek police that Ayşe Erdoğan had never been registered there.

      She claims that evidence of the pushback wasn’t even taken into consideration. Papamina says she wants to appeal the case and take it right up to Greece’s highest court if she has to — and even further up to the European Court of Human Rights, if need be.

      But the only likely real chance Ayşe Erdoğan would have of getting released from prison would be through her appeal to Turkey’s highest court, but her chances are slim. There’s much to suggest that Ayşe Erdoğan will spend years in a Turkish prison.

      https://www.spiegel.de/international/europe/the-turkish-woman-who-fled-her-country-only-to-get-sent-back-a-fd2989c7-0439

  • François Germinet : « #Parcoursup tourne le dos à un système hypocrite » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr//francois-germinet-parcoursup-tourne-a-un-systeme-hypocrite/00085664

    A ce jour, un tiers des candidats inscrits sur la plate-forme Parcoursup n’ont toujours reçu aucune proposition de formation. La nouvelle plate-forme d’admission à l’entrée à l’université est-elle pour autant un échec ? Non, répond François Germinet, président de l’université Cergy-Pontoise et membre de la Conférence des présidents d’université (CPU). A ses yeux, si de nombreux problèmes restent à résoudre, il était nécessaire de mettre un terme à un système hypocrite qui laissait penser que tous les étudiants partaient avec les mêmes chances. Cet entretien fait suite à celui de la sociologue Leïla Frouillou qui estime en revanche que la réforme va dans le mauvais sens.

  • Nuove rotte per evitare l’inferno libico

    La stretta del governo italiano sui migranti, porta gli scafisti a spostare il traffico su altre rotte. Il TG della Radiotelevisione svizzera ne ha parlato con il giornalista Beat Stauffer, che le ha seguite.
    Il Mediterraneo, insomma, resta una via di fuga per migliaia di profughi. Ma se il numero di persone che vogliono raggiungere l’Europa dall’Africa non diminuisce, a cambiare devono essere le rotte.
    Obiettivo: aggirare la Libia.

    «L’accordo che l’Italia ha trovato con il governo di Tripoli e con le varie tribù sahariane, sembra funzionare meglio di quanto ci si potesse aspettare», osserva Beat Stauffer.

    «Inoltre, i profughi sanno ormai che in Libia la situazione è molto difficile e che vengono trattati malissimo, in molti casi da schiavi. Per questo moltissime persone scelgono di passare attraverso il Marocco.»

    Dal Senegal, i migranti seguono la costa fino al Marocco passando per la Mauritania e il Sahara occidentale, oppure attraversando Mali, Niger e Algeria. Dal Marocco cercano rifugio nell’enclave spagnola di Ceuta o tentano la traversata.

    Un accordo di rimpatrio immediato tra Spagna e Marocco esiste, ma il paese africano allenta ogni tanto le maglie e i migranti più fortunati riescono a raggiungere il vecchio continente e restarci.


    http://www.tvsvizzera.it/tvs/migranti-nel-mediterraneo_nuove-rotte-per-evitare-l-inferno-libico-/44269922
    #routes_migratoires #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire #Maroc #Libye #alternative #asile #migrations #réfugiés #Mauritanie #Sénégal #Mali #Niger #éviter_la_Libye
    cc @reka @isskein

  • De la Polynésie à Paris, Parcoursup joue avec les nerfs des lycéens et des journalistes - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/08/de-la-polynesie-a-paris-parcoursup-joue-avec-les-nerfs-des-lyceens-et-des

    Major de Polynésie au bac, la jeune fille expliquait à l’AFP sa déception de ne pas être prise dans les prépas qu’elle voulait. L’histoire a fait le tour des médias, le ministère dément... Cela montre surtout la tension actuelle autour du nouveau système d’affectation.

    La photo a fait le tour des sites des journaux ce week-end. Une jeune fille, souriante, avec une fleur rose fraîchement coupée en guise de barrette à cheveux. Ranitea Gobrait, polynésienne, vient de décrocher son bac avec 20,32 de moyenne sur 20 (grâce aux options). Belle perf. Major du bac sur l’archipel, elle est championne du 800 mètres nage libre en prime. Cela méritait bien un portrait, de ceux que l’on trouve par flopées pour « incarner » les résultats du bac.

    A Papeete, le correspondant de l’AFP s’y colle. Il énumère sa collection de 20 sur 20 (philo, histoire, mandarin, espagnol, anglais, histoire…), blague presque sur ses petits écarts, son 15 en TPE (travaux personnels encadrés) et son « 18 en sports »…. Mais voilà, cette brillante jeune fille est un peu amère. « Les grandes prépas nous ont laissées de côté, nous les îles d’outre-mer », dit-elle. Le journaliste explique qu’elle a été « refusée dans tous les établissements parisiens dans lesquels elle a postulé, et reste en liste d’attente dans le lycée toulousain Pierre-de-Fermat pour une prépa d’ingénieur. » Puis, citant la proviseure du lycée : « On est forcé de constater qu’être en Polynésie française, ça peut défavoriser les élèves qui demandent des formations bien particulières […] Cette année, avec Parcoursup, ça a été un peu plus flagrant » qu’avec #APB, l’ancien système.

    Dans le contexte actuel, ce témoignage a une résonance particulière : Parcoursup, qui s’applique pour la première année, a modifié radicalement les règles d’affectation dans le supérieur. Et suscite donc forcément, questionnements et inquiétudes. Ainsi, par exemple, au moment des premiers résultats de Parcoursup, les élèves (et leurs profs) de banlieue parisienne avaient cette même impression désagréable de ne pas être sur le même pied d’égalité que les Parisiens, et de passer « après ». Un ressenti, tout aussi difficile à prouver qu’à évacuer.

    Samedi soir, à 23h01, communiqué de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal : « Les équipes de Parcoursup ont consulté le dossier de la bachelière polynésienne, afin de pouvoir lui proposer l’accompagnement nécessaire. Il ressort du dossier que celle-ci a reçu et refusé plusieurs propositions d’admission, notamment dans des classes préparatoires aux grandes écoles qu’elle avait appelées de ses vœux, à Paris. » Le communiqué est factuel. Mais on devine entre les lignes un « Yeesss ! » de l’équipe de Frédérique Vidal, tenant là, la preuve éclatante de la manipulation des médias qui entretiendraient l’angoisse auprès des élèves.

    Ordre de préférence

    Au réveil, dimanche, une journaliste du Figaro embrayait, dénonçant sur Twitter notamment cette politique du clic qui pousse les médias à publier des infos sans les vérifier. Le portrait de Ranitea Gobrait (ou plutôt la dépêche AFP comme on dit dans le jargon journalistique) a en effet été largement diffusé tel quel samedi sur la plupart des sites internet des médias régionaux et nationaux (dont Libération et le Figaro).

    De cette histoire, on peut tirer deux enseignements. Le premier, c’est la force de frappe de l’#AFP, à laquelle tous les médias sont abonnés et font pleine confiance… de sorte que la moindre imprécision, ou erreur, se propage à toute allure, et de façon incontrôlée. A fortiori le week-end quand les médias tournent avec des équipes réduites.

    Mais cet épisode met au jour un autre élément, sur le fonctionnement de Parcoursup cette fois : la difficulté, sinon l’impossibilité, de mesurer la satisfaction des élèves. Jusqu’ici, sur APB, les candidats hiérarchisaient leurs vœux par ordre de préférence. Avec le nouveau système, le classement a été abandonné. Cette jeune fille avait été acceptée dans une prépa parisienne certes, sauf qu’il s’agirait d’une prépa éco… et qu’elle aspire à un cursus scientifique. Guillaume Ouattara, étudiant ingénieur en informatique passionné de #Parcoursup qu’il décortique sur Twitter et sur un blog hébergé par le Monde, explique : « Le ministère part du principe qu’un candidat est satisfait à partir du moment où l’un de ses vœux est accepté, mais l’on voit bien que c’est plus compliqué. L’histoire de Ranitea en est une illustration. »
    Marie Piquemal

    Voilà donc le fameux mot de l’histoire et c’est pas brillant. Finalement Ranitea Gobrait qui est une élève hyper brillante de filière scientifique (peu de doute là-dessus) n’a pas été acceptée en prépa scientifique, qui est la filière à laquelle elle aspire, mais en prépa éco. Mais comme les vœux ne sont plus hiérarchisé le gouvernement peut à loisir se targuer qu’elle a menti en disant ne pas avoir été satisfaite, pratique non ?
    Sauf que des questions centrales se posent. Pourquoi a t’elle été refusée dans ces prépas scientifiques vu ses résultats ? Et là, une hypothèse se pointe : peut-être parce qu’elle vient effectivement de Polynésie, et qu’en plus de ça c’est une fille ? Double peine ! Et on repense aux jolis slogans de « il n’y a pas assez de filles dans les filières scientifiques bla bla bla… » Mais si avec des dossiers comme ça elles n’arrivent pas à y rentrer elles doivent faire quoi au juste ? Qu’on me prouve que les admis aux prépas qu’elle visait ont eu des meilleurs résultats et là on pourra commencer à parler.
    Et on en revient à l’enquête sur le parcoursup des filles http://www.laviedesidees.fr/Le-Parcoursup-des-filles.html déjà mis en lien sur seenthis mais je ne sais plus où.
    Donc, parcoursup discrimine mais comme il n’y a pas de hiérarchisation, on pourra jamais clairement le prouver, enfin, disons que c’est plus compliqué qu’en écrivant un petit article à la va vite à partir d’une dépêche AFP. Et dans son cas c’est très simple puisqu’elle le dit elle même, elle n’a pas obtenu l’orientation qu’elle désirait alors qu’elle est major de Polynésie, c’est pas compliqué.
    Alors, au lieu de la faire passer pour une écervelée ou une enfant gâtée qui râle alors qu’elle a eu ce qu’elle voulait, faudrait peut-être commencer à faire de l’investigation ! Allez les journalistes, au boulot vraiment là, parce que les articles comme ceux du dessus où il faut à moitié lire entre les lignes pour essayer d’avoir un début de positionnement ça prend la tête.

    #polynésie #discriminations #outre-mer #dom #Gobrait #bac #sélection #enseignement_supérieur #éducation

  • Major du bac en Polynésie, elle n’a rien pour l’année prochaine
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/07/07/97001-20180707FILWWW00071-major-du-bac-en-polynesie-elle-n-a-rien-pour-l-an

    Il y a ceux qui se contente d’avoir le bac, ceux qui sont aux rattrapages, ceux qui visent les mentions ou même l’exploit comme cette jeune polynésienne. Avec 20,32 de moyenne générale au baccalauréat elle est la major de l’archipel, une récompense ultime qui se solde par une triste conclusion : elle n’a toujours pas d’établissement pour l’accueillir l’année prochaine en métropole. Elle a été refusée partout à Paris et reste sur liste d’attente dans le lycée toulousain Pierre-de-Fermat pour une classe préparatoire d’ingénieurs.

    « Je trouve ça aberrant. Je ne suis pas la seule dans ce cas : il y a beaucoup de bons élèves qui subissent le fait d’être à Tahiti. Les grandes prépas nous ont laissés de côté, nous les îles d’Outre-mer. On devrait nous laisser notre chance », explique Ranitea Gobrait. Comme elle, plusieurs de ses amies n’ont pas été admise dans l’hexagone avec des moyennes au dessus de 18 au bac. 

    Pour Valérie Faua, directrice du lycée privé La Mennais, « on est forcé de constater qu’être en Polynésie française, ça peut défavoriser les élèves qui demandent des formations bien particulières (..) cette année, avec Parcoursup, ça a été un peu plus flagrant : avec APB, il y avait moins de cas comme ceux-là », affirme-t-elle.


    Photo : http://dom-tom.niooz.fr/ranitea-gobrait-la-collectionneuse-de-20-20-26129055.shtml
    Une lycéenne qui excelle dans tous les domaines
    Pourtant Ranitea se sent tout à fait prête à quitter le Pacifique sud : elle a déjà passé un an en Chine, entre sa Première et sa Terminale, et parle désormais couramment le mandarin. Cette césure dans une éducation entièrement passée dans les établissements catholiques de Tahiti l’a transformée : « La mentalité orientale est plus tournée vers le respect », estime-t-elle. « Ca m’a fait gagner en maturité et en autonomie, j’ai appris sur le partage, et l’humilité ».

    Avec des 20 sur 20 à toutes les matières sauf 15 en TPE, 18 en sport, 17 en SVT et 18 à l’écrit et 19 à l’oral en français, la jeune lycéenne est très ambitieuse : « Elle veut toujours être la meilleure à l’école comme dans le sport : elle veut améliorer ses performances, et en même temps elle est humble et discrète, elle est très réservée », raconte sa mère, Georgette Bryant.

    Car en plus d’avoir une moyenne exceptionnelle au bac, elle est aussi championne de Polynésie du 800 mètres nage libre. Elle nage deux heures tous les soirs, du lundi au jeudi, et affectionne les longues distances. « J’emporte mes devoirs à la piscine », précise-t-elle.

    Avec tous les atouts en poche pour réussir dans la vie, la jeune polynésienne qui rêve de métropole « ne sais pas quel métier faire, mais j’aime les maths : j’aime le fait de ne jamais abandonner quand on a des blocages ».

    #parcoursup #université #sélection #france #Polynésie #éducation #universités #parcours_sup #algorithme #enseignement_supérieur #étudiants #discrimination #Tahiti #grandes_ecoles

  • Parcoursup, coulisses d’une réforme précipitée - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/05/parcoursup-coulisses-d-une-reforme-precipitee_1664445

    Au moment où sont dévoilés les résultats du bac, plus de 300 000 jeunes sont sans affectation définitive. Avec l’impression de faire les frais d’une stratégie bulldozer visant à éviter toute contestation.

    C’était le 8 juin. Un article, publié sur le site internet de l’Etudiant. « Exclusif. 857 candidats ont été victimes du premier tirage au sort en première année commune aux études de santé (Paces) en Ile-de-France. » Le ministère embraye dans la seconde. Un communiqué, daté du 9 juin au matin, annonce une réunion de crise. Les doyens des sept facs de santé franciliennes sont convoqués fissa pour « trouver une solution ». Jean-Luc Dumas, doyen de la fac de médecine de Bobigny jusqu’à peu, raconte : « Il y a eu un vent de panique. Quand je suis arrivé au ministère, j’ai d’emblée proposé d’accueillir 250 élèves supplémentaires, je pouvais le faire, les locaux le permettaient. » Les autres doyens suivent. « En un quart d’heure, le problème était réglé. » Rien que d’y repenser, cette histoire le met en pétard : « On a fait porter à la médecine le chapeau du problème des capacités d’accueil saturées. Or, il n’en était rien. Nous avions la place. On a utilisé l’émotion d’un possible tirage au sort en médecine pour justifier l’urgence de cette réforme. » L’histoire de Parcoursup ressemble à un coup politique de maître. Ou de chance. Ou les deux.

    Un proche de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education, abonde : « On va dire qu’il y a eu une utilisation exagérée d’un épisode pour présenter une réforme comme nécessaire, alors que des ajustements à l’ancien système auraient peut-être suffi. Le discours a pris dans l’opinion. Ils ont foncé, il ne fallait pas louper le coche. » Une fenêtre d’opportunité en or, comme on dit dans les amphis de sciences politiques où l’on décortique l’action publique. En plus, coup de bol pour Macron, pile à ce moment-là, l’Unef, deuxième syndicat étudiant, est empêtré dans des histoires internes de harcèlement sexuel, donc tout à fait incapable d’organiser la rébellion. La mise en demeure de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), qui reproche à l’algorithme APB de déterminer le sort des élèves « sans intervention humaine », est le coup de grâce.

    « L’opinion publique ne l’a pas mesuré, mais aucune analyse de convergence n’a été faite en amont. Aucune modélisation des données », assure un observateur. Dans les colonnes de Libé, le 5 juin, le think-tank Terra Nova s’étonnait qu’on ose ce genre « d’expérience grandeur nature ». Effectivement, 810 000 jeunes citoyens, ça fait beaucoup de cobayes.

    #Politique_France #ParcoursSup #Magouille

  • Parcoursup, coulisses d’une réforme précipitée - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/05/parcoursup-coulisses-d-une-reforme-precipitee_1664445

    Au moment où sont dévoilés les résultats du bac, plus de 300 000 jeunes sont sans affectation définitive. Avec l’impression de faire les frais d’une stratégie bulldozer visant à éviter toute contestation.

    Les résultats du #bac, qui tombent ce vendredi, vont-ils faire du ménage dans les listes d’attente de Parcoursup ? Jeudi, ils étaient encore 350 000 à ne pas savoir ce qu’ils deviendraient à la prochaine rentrée, dans moins de deux mois. Aujourd’hui, 220 000 ont une proposition, mais n’ont pas validé définitivement leur choix dans l’espoir de remonter sur les listes d’attente de leurs autres vœux. 130 000 n’ont, eux, rien du tout : ils ont parfois écopé de « non » dans les filières sélectives et collectionnent les « en attente » pour leurs demandes en fac. Enfin, 68 000 ont abandonné la procédure.

    La semaine dernière, devant la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, (r)assurait de sa voix calme et convaincante : « Chacun pourra accéder à une formation qui lui correspond. » Mais les listes d’attente patinent, évoluant à la vitesse d’un escargot. Stressant pour les candidats et leurs familles, qui, en prime, ont ce sentiment pénible d’essuyer les plâtres.

    Le nouveau système d’affectation, radicalement différent de l’ancien, a été mis en place à toute allure, en l’espace de quelques mois. Le 22 novembre, le projet de loi était présenté en Conseil des ministres. Deux mois plus tard, le 21 janvier, la nouvelle plateforme Parcoursup entrait en application… avant même le vote de la loi. Pourquoi être allé aussi vite ? Pourquoi ne pas avoir pris le temps ?

    Une étincelle et le ministère embraye

    Tout s’est emballé l’été dernier en quelques heures. Certes, l’incendie couvait. La situation est en effet tendue depuis plusieurs années. Conséquence du baby-boom des années 2000, plus de 30 000 étudiants supplémentaires déboulent chaque année dans l’enseignement supérieur et le nombre de places ouvertes dans les formations, en fac, comme en BTS ou classe prépa, ne suit pas… Jusqu’alors, l’algorithme #APB était paramétré de telle sorte qu’en dernier recours, les candidats étaient départagés par tirage au sort. Ainsi, 8 900 élèves ont été déboutés de leur premier vœu dans leur académie. Ils étaient 5 300 dans ce cas en 2016 et 7 500 en 2015. Cette pratique, très critiquée et critiquable, touchait depuis des années les filières les plus demandées, comme Staps (sports) ou psycho, sans que cela n’émeuve outre mesure. Mais voilà que l’année dernière, une étincelle a tout dynamité.

    C’était le 8 juin. Un article, publié sur le site internet de l’Etudiant. « Exclusif. 857 candidats ont été victimes du premier tirage au sort en première année commune aux études de santé (Paces) en Ile-de-France. » Le ministère embraye dans la seconde. Un communiqué, daté du 9 juin au matin, annonce une réunion de crise. Les doyens des sept facs de santé franciliennes sont convoqués fissa pour « trouver une solution ». Jean-Luc Dumas, doyen de la fac de médecine de Bobigny jusqu’à peu, raconte : « Il y a eu un vent de panique. Quand je suis arrivé au ministère, j’ai d’emblée proposé d’accueillir 250 élèves supplémentaires, je pouvais le faire, les locaux le permettaient. » Les autres doyens suivent. « En un quart d’heure, le problème était réglé. » Rien que d’y repenser, cette histoire le met en pétard : « On a fait porter à la médecine le chapeau du problème des capacités d’accueil saturées. Or, il n’en était rien. Nous avions la place. On a utilisé l’émotion d’un possible tirage au sort en médecine pour justifier l’urgence de cette réforme. » L’histoire de Parcoursup ressemble à un coup politique de maître. Ou de chance. Ou les deux.

    En réalité, les places n’ont jamais manqué en première année de #médecine en Ile-de-France, et le tirage au sort n’a pas été utilisé. Des efforts pour pousser les murs n’étaient même pas nécessaires. Jean-Luc Dumas l’a compris après-coup. Le problème était en fait technique, lié à un changement de paramétrage d’APB, qui incluait désormais dans l’entonnoir initial les élèves en réorientation ou venant de l’étranger. « Sauf que les places que nous réservions d’ordinaire pour ces élèves n’avaient pas été numériquement versées aux autres », explique l’ancien doyen. Le chiffre des refusés s’est naturellement dégonflé, façon neige au soleil. A l’université de Versailles, il est même resté au bout du compte 70 places vacantes, raconte le doyen de l’UFR de santé, Djillali Annane. Lui aussi reconnaît, à mots mesurés, « qu’il y a eu un peu d’affolement pour pas grand-chose. Il faut se replacer dans le contexte. La nouvelle équipe venait d’arriver au ministère, ils ont vu monter la polémique, certainement n’ont-ils pas eu le recul nécessaire. » Jean-Luc Dumas est plus incisif : « Tout s’est emballé, la pression sociétale était très forte, d’accord. Mais le fond de ma réflexion : il y avait une volonté politique de certains de faire exploser le système. »

    Quelques heures après la réunion, nouveau communiqué de Frédérique Vidal. « La ministre salue l’engagement de tous les acteurs qui ont rendu cette solution possible. » Puis :« La situation de la filière Paces d’Ile-de-France illustre les limites du système APB. Frédérique Vidal s’est clairement exprimée sur la nécessité de réduire au maximum les effets du tirage au sort pour la rentrée 2017, et de mettre fin au classement aléatoire, qui n’est ni juste ni souhaitable pour la rentrée 2018. » La presse nationale entretient le feu, « Des lycéens tirés au sort pour entrer en médecine » (le Monde), « APB : les ratés en médecine » (le Figaro).

    « On parle de la fac de médecine… à Paris ! C’est malheureux, mais c’est comme ça en France : toute la presse nationale - parisienne - a foncé, tête baissée. Le ministère a ajouté un peu d’huile sur le feu, et le tour était joué. La réforme légitimée », résume, avec une once de cynisme, un observateur aux premières loges. Maintenant que la partie est jouée (gagnée ?), les langues se délient. Un proche de Jean-Michel #Blanquer, le ministre de l’Education, abonde : « On va dire qu’il y a eu une utilisation exagérée d’un épisode pour présenter une réforme comme nécessaire, alors que des ajustements à l’ancien système auraient peut-être suffi. Le discours a pris dans l’opinion. Ils ont foncé, il ne fallait pas louper le coche. » Une fenêtre d’opportunité en or, comme on dit dans les amphis de sciences politiques où l’on décortique l’action publique. En plus, coup de bol pour Macron, pile à ce moment-là, l’Unef, deuxième syndicat étudiant, est empêtré dans des histoires internes de harcèlement sexuel, donc tout à fait incapable d’organiser la rébellion. La mise en demeure de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), qui reproche à l’algorithme APB de déterminer le sort des élèves « sans intervention humaine », est le coup de grâce.

    Le Parlement regarde le train passer

    La ministre a un boulevard. Elle rappelle quand même en catastrophe l’ex-directeur de cabinet de l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem pour piloter concrètement la réforme. Le ministère navigue à vue et à toute vitesse. Le rythme imposé par « l’urgence » est redoutablement efficace. Les fameux « attendus », ces compétences estimées nécessaires pour réussir sa licence, sont publiés le 12 décembre. Les équipes universitaires ont alors un petit mois pour éventuellement les amender, mais avec les fêtes de fin d’année, la plupart n’ont pas le temps de se retourner. Ni même de saisir ce qui était en train de se jouer. D’autant qu’au démarrage, la plupart des enseignants-chercheurs étaient favorables à une réforme, partageant la même envie d’avoir une prise sur le choix de leurs futurs élèves.

    Les parlementaires, aussi, ont regardé le train passer. Un collaborateur se remémore ce calendrier « totalement dingue », ces vingt jours (et les nuits courtes) entre la découverte du texte de loi et son examen en séance à l’Assemblée. Express pour décrypter un texte et lire entre les lignes. Régis Juanico, député du groupe socialiste : « On a voté à l’aveugle, clairement. Sous les apparences qu’il fallait aller vite pour des aspects techniques, nous n’avions que très peu d’informations sur la façon dont le système allait fonctionner, sur l’existence d’algorithmes locaux par exemple. Nous n’avions aucune étude d’impact. » Le texte sera adopté à l’Assemblée en un jour et demi, sans réel débat. Quand le projet débarque au Sénat, les 810 000 élèves sont déjà en train d’inscrire leurs vœux dans Parcoursup… La loi est entrée en application avant même d’en être une.

    Les socialistes, insoumis et communistes vitupèrent, en portant la question devant le Conseil constitutionnel. L’argument n’a même pas été repris dans la réponse des « sages ». La loi ORE (relative à l’orientation et à la réussite des étudiants) est publiée au Journal officiel le 9 mars. Dans les facs, les enseignants-chercheurs - même les enthousiastes du début - commencent à tiquer sur ces nouvelles règles du jeu, très variables dans l’application d’une fac à l’autre. Dans les amphis, les étudiants se réveillent doucement : des universités sont bloquées, d’autres perturbées, la mobilisation s’agrippe à celle des cheminots. Mais sans coordination nationale, le mouvement étudiant ne parvient pas à avoir assez de visibilité pour mettre en difficulté la ministre. Et puis, il est tard. Le système s’applique déjà, les dés sont jetés. Au même moment, Frédérique Vidal et son équipe ont une tout autre angoisse, bien plus terre à terre : que l’algorithme #Parcoursup mouline, sans plantage.

    « L’opinion publique ne l’a pas mesuré, mais aucune analyse de convergence n’a été faite en amont. Aucune modélisation des données », assure un observateur. Dans les colonnes de Libé, le 5 juin, le think-tank Terra Nova s’étonnait qu’on ose ce genre « d’expérience grandeur nature ». Effectivement, 810 000 jeunes citoyens, ça fait beaucoup de cobayes

    Désespérant mais nécessaire à savoir. Ce gouvernement n’est qu’un ramassis de vautours prêts à dépecer le moindre dispositif qui n’œuvre pas suffisamment au maintien de l’élite en place.

    #éducation #sélection #manipulation #discrimination #loi_ORE #vidal