• Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’#Office_français_de_la_biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
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    Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’Office français de la biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    Trois jours après l’attaque frontale du premier ministre contre le travail des agents de l’#OFB, les syndicats de l’établissement public demandent des excuses publiques.

    Par Perrine Mouterde

    Publié le 17 janvier 2025 à 16h39

    Ne plus effectuer aucune mission de police, ne plus réaliser aucune opération en lien avec le monde agricole, ne plus transmettre aucun avis technique… tant que le premier ministre n’aura pas formulé des excuses publiques. Trois jours après que François Bayrou a attaqué frontalement le travail des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les syndicats de l’établissement public appellent, vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation. « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », résument dans un communiqué cinq organisations (#Syndicat_national_de_l’environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).

    Quasiment muet sur les #sujets_climatiques_et_environnementaux lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, #François_Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement. « Quand les #inspecteurs de la #biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute », a-t-il affirmé.

    Cette déclaration ne pouvait que remettre de l’huile sur le feu après dix-huit mois de vives tensions entre l’établissement et certains syndicats agricoles. La #FNSEA et la Coordination rurale, notamment, assurent que les agriculteurs sont contrôlés de manière excessive et intimidante par les inspecteurs de l’environnement et réclament leur désarmement. Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations. Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.

    « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute, affirme aujourd’hui #Sylvain_Michel, représentant #CGT à l’OFB. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement. »

    Expression « mal comprise »
    La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a également fait part de sa colère après les propos de François Bayrou. « Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a déclaré vendredi Me Gustave-dit-Duflo, qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. « La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est une fois tous les cent-vingt ans », a-t-elle ajouté.

    Les propos du #premier_ministre avaient déjà fait réagir ces derniers jours. Dès mercredi, un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, Benoît Pradal, a décrit sur France Inter « l’humiliation » ressentie depuis des mois par les agents de l’OFB et assuré n’avoir aucun problème avec « la majorité » des agriculteurs. « On a le sentiment que ce que veulent [une minorité d’agriculteurs], c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il ajouté. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont aussitôt dénoncé « une comparaison honteuse » et réclamé la suspension des contrôles. Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a lui réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».

    L’ancien député Modem Bruno Millienne, conseiller de Matignon, juge que l’expression de François Bayrou a été « mal comprise » et prône « le bon sens et le respect mutuel de part et d’autre ». De son côté, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé vendredi à l’apaisement, en rappelant que les agents de l’OFB « font le travail que nous leur demandons ». « Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi », a-t-elle ajouté.

    Etuis de port d’armes discrets
    Outre la suspension d’un certain nombre de missions, l’intersyndicale de l’établissement public invite les quelque 3 000 agents (dont les 1 700 inspecteurs de l’environnement) à cesser toute participation aux réunions organisées en préfecture sur des sujets agricoles ainsi que tout appui technique aux services de l’Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales. Elle suggère aussi, dans le cadre d’une action symbolique, d’aller remettre en mains propres aux préfets les étuis de port d’armes discrets, censés permettre de dissimuler l’arme sous les vêtements.

    Une circulaire du 3 décembre 2024 prévoit la mise en place immédiate de ce port d’armes discret. Pour Sylvain Michel, cet outil est « de la poudre aux yeux », qui ne réglera en aucun cas les difficultés. « Ceux qui attaquent les armes violemment ne veulent pas de droit de l’environnement, et donc pas de police de l’environnement », a jugé récemment le directeur général de l’établissement, Olivier Thibault. La police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année.

    #Perrine_Mouterde

    • « L’Office français de la biodiversité, l’un des principaux remparts contre l’effondrement du vivant, est victime d’attaques intolérables »

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      TRIBUNE
      Collectif

      Amputer les missions de l’#OFB, en réduire les moyens ou revenir sur ses dotations sacrifierait des ressources indispensables pour sa capacité à protéger la biodiversité et à la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités d’horizons divers, parmi lesquelles Allain Bougrain-Dubourg, Marylise Léon, Christophe Béchu et Valérie Masson-Delmotte.

      ’Office français de la biodiversité (OFB) a récemment déposé une cinquantaine de plaintes au niveau national pour dégradations et menaces.

      Début octobre, la voiture d’un chef de service du Tarn-et-Garonne a été visée par un acte de sabotage. Le 26 janvier 2024, sur fonds de colère agricole, des manifestants ont tenté de mettre le feu au siège de Trèbes (Aude), tandis que l’enquête ouverte après l’incendie de celui de Brest (Finistère), à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs mécontents, le 30 mars 2023, vient d’être classée sans suite.

      A Guéret (Creuse), les locaux de l’établissement public ont été saccagés, et des documents volés, pour la première fois ; à Beauvais, un service a été muré, et plusieurs services ont reçu un mail d’insultes et de menaces. D’autres établissements publics – tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et certains agents ont été victimes d’attaques intolérables.

      3 000 agents répartis à travers la France
      L’OFB incarne pourtant l’un des principaux remparts contre l’érosion de la biodiversité. Cet établissement public, créé par le législateur, en 2019, lors de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, rassemble plus de 3 000 agents répartis à travers la France métropolitaine et les outre-mer. Inspecteurs de l’environnement, ingénieurs, experts thématiques, vétérinaires, techniciens, personnel administratif, œuvrent ensemble pour accompagner les collectivités et les divers acteurs économiques vers des pratiques respectueuses de la nature.

      L’OFB réunit des compétences uniques pour mesurer, analyser et anticiper l’effondrement du vivant. Que savons-nous de la fragilité des espèces ou des écosystèmes déjà affectés ? Quel est l’état de santé des zones humides, des milieux forestiers et marins ? Affaiblir l’OFB, c’est saper les fondations mêmes de notre connaissance et de nos capacités d’action. Le défendre, c’est affirmer que la science est un levier crucial de la résilience de nos sociétés.

      Protéger la biodiversité, c’est aussi la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent. L’une des missions centrales de l’OFB vise à assurer l’application des lois environnementales. Avec ses 1 700 inspecteurs, cette police de l’environnement lutte contre le braconnage, les pollutions et autres atteintes aux milieux naturels et aux espèces protégées. Ses équipes aident également les usagers à mieux comprendre et à respecter les réglementations, en proposant des solutions concrètes et constructives.

      L’OFB n’agit pas seul. Il constitue le cœur d’un réseau d’acteurs qui tissent ensemble des initiatives locales et nationales : Etat, collectivités, citoyennes et citoyens engagés, en particulier dans les associations, entreprises, scientifiques. De la ruralité au cœur des villes, cette force agit pour la préservation de la biodiversité et de l’équilibre de nos territoires.

      La base de notre existence
      Loin de faire cavalier seul, comme certains l’affirment, les agents de l’OFB participent à la résilience des activités économiques, établissent des ponts entre des intérêts parfois divergents, en facilitant le dialogue avec les agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature ou encore les acteurs de l’énergie. Qu’il s’agisse de la restauration d’un marais, de la survie d’une espèce endémique ultramarine ou de l’éducation des plus jeunes, chaque avancée repose sur cette synergie avec la même ambition : léguer un futur viable aux prochaines générations.

      La biodiversité n’est pas un luxe, elle est la base même de notre existence : l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols qui nous nourrissent. Ses interactions et interdépendances ont permis, au cours de l’évolution, de créer les conditions d’émergence de l’ensemble du vivant. Ce fil fragile menace bientôt de rompre. Quand les océans s’élèvent, que les habitats naturels se dégradent, que les cours d’eau s’assèchent ou débordent, que les espèces sauvages disparaissent à un rythme sans précédent, nous devons faire front et nous unir derrière un unique objectif : protéger la vie.

      Dans ce contexte, amputer les missions de l’#OFB, réduire ses moyens budgétaires et humains ou revenir sur les dotations décidées il y a à peine un an pour les politiques publiques de biodiversité, sacrifierait des ressources indispensables pour notre capacité à agir efficacement pour préserver l’#avenir.

      C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons élus, #associations, #scientifiques, #citoyennes_et_citoyens à faire front pour soutenir cet #opérateur_public, aujourd’hui sous le feu de #critiques_injustifiées. Celles-ci visent en réalité, à travers l’OFB ainsi qu’à travers l’ensemble de ses agents, des politiques publiques et des #réglementations qui ont mis des années à progresser et à commencer à faire leurs preuves.

      Premiers signataires : Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Erwan Balanant, député (#MoDem) du Finistère ; Sandrine Le Feur, députée (Renaissance) du Finistère ; Marie Pochon, députée (#EELV) de la Drôme ; Dominique Potier, député (divers gauche) de Meurthe-et-Moselle ; Loïc Prud’homme, député (LFI) de Gironde ; Richard Ramos, député (MoDem) du Loiret ; Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT ; Christophe Béchu, maire d’Angers et ancien ministre ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherches au CEA ; Claude Roustan, président de la Fédération nationale de la pêche. Liste complète des signataires ici.

      Collectif

    • Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les #polices_environnementales subissent de nombreuses entraves »
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      Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les polices environnementales subissent de nombreuses entraves »
      CHRONIQUE

      Jean-Baptiste Fressoz

      Historien, chercheur au CNRS

      La mise en cause de l’Office français de la biodiversité à l’occasion des manifestations d’agriculteurs s’inscrit dans l’histoire des entraves à la protection de l’environnement, observe l’historien dans sa chronique.Publié le 28 février 2024 à 06h00, modifié le 28 février 2024 à 08h15 Temps deLecture 2 min.

      Les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été plusieurs fois visés par les manifestations d’agriculteurs, par exemple à Mende, le 2 février, et à Carcassonne, le 27 janvier. Le 26 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le placement de l’établissement public sous la tutelle des préfets. L’OFB fait partie des « polices environnementales », vocable regroupant différentes institutions qui vont des anciens gardes-chasse, gardes forestiers, gardes-pêche – devenus agents de l’OFB – aux inspecteurs des établissements classés (Polices environnementales sous contraintes, de Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, Rue d’Ulm, 90 pages, 12 euros).

      Le mot « police » a cela d’intéressant qu’il renvoie à l’origine de ces institutions. Sous l’Ancien Régime, la police méritait en effet pleinement son nom, car elle s’occupait de tout ce qui avait trait à l’espace urbain, à la fois l’ordre public, bien sûr, mais aussi l’ordre environnemental, la propreté des rues, l’organisation des marchés, les fumées des artisans…

      Le succès administratif des termes « environnement », dans les années 1970, puis « biodiversité », dans les années 2000, cache la profonde continuité des pratiques et des institutions qui encadrent les usages de la nature. A l’instar de la police d’Ancien Régime, la police environnementale recourt surtout à la pédagogie et aux rappels aux règlements bien plus qu’aux sanctions. Une police qui repose davantage sur les bonnes pratiques que sur des normes strictes et des instruments de mesure.

      On retrouve aussi une même rivalité entre administration et justice tout au long de son histoire. Au début du XIXe siècle, la mise en place du système administratif (préfets et Conseil d’Etat) avait conduit à marginaliser les cours judiciaires dans la gestion de l’environnement : d’un côté, une administration qui pense « production et compétitivité nationale », de l’autre, des cours qui constatent des dommages, des responsabilités et attribuent des réparations.

      Gestion de contradictions
      Les polices environnementales subissent également de nombreuses entraves. Tout d’abord celle liée au manque de personnel : pour surveiller l’ensemble de ses cours d’eau, la France ne dispose que de 250 agents, soit moins d’un agent pour 1 000 kilomètres de rivière. Quant aux établissements classés, on en compte plus de 500 000 en France, pour 3 100 inspecteurs. On est bien loin des 30 000 gardes champêtres qui quadrillaient les campagnes françaises au XIXe siècle !

      Entraves qui tiennent ensuite à la faible prise en charge judiciaire de ces affaires : les atteintes à l’environnement représentent ainsi une part infime des affaires correctionnelles. Entraves liées enfin à l’état du monde agricole français : moins de 2 % de la population exploite plus de la moitié du territoire métropolitain ; logiquement, les agriculteurs concentrent la majorité des contrôles. Et la peur de la violence d’un monde agricole en détresse économique taraude les inspecteurs : un contrôle de trop peut enclencher la faillite…

      Robert Poujade, tout premier ministre de l’écologie de 1971 à 1974, avait conté son expérience au Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975). La police de l’environnement est une « police de l’impossible », davantage caractérisée par ses contraintes que par ses pouvoirs, une police « d’avant-garde » par certains aspects, mais qui tente de faire respecter des règles souvent anciennes, une police enfin qui n’est soutenue par aucune campagne de sensibilisation massive, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, pour la sécurité routière, et qui se trouve devoir gérer les contradictions entre système productif et politique. Selon la formule des auteurs de Polices environnementales sous contraintes, « l’écologisation de nos sociétés n’a rien d’automatique et demeure un processus hautement contingent, sinon un objectif essentiellement discursif ». Les reculades de Gabriel Attal face aux revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles confirment cette sombre appréciation.

      #Jean-Baptiste_Fressoz (Historien, chercheur au #CNRS)

    • « Il appartient aux autorités politiques de #défendre l’#existence de l’Office français de la #biodiversité, chargé d’appliquer les #réglementations_environnementales »
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      « Il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de l’Office français de la biodiversité, chargé d’appliquer les réglementations environnementales »
      TRIBUNE
      Collectif

      L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, déplorent dans une tribune au « Monde » les représentants des organisations siégeant au conseil d’administration de cet établissement national. Pour eux, la coopération entre agriculture et biodiversité est une évidente nécessité.Publié le 02 mars 2024 à 06h30 Temps deLecture 4 min.

      Le #déclin_de_la_biodiversité à une vitesse et à une intensité jamais égalées est #scientifiquement_établi depuis des années, et particulièrement dans les rapports de la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (#IPBES). Les menaces sur l’eau et la biodiversité sont toutes d’origine humaine et s’exacerbent mutuellement.

      Cet #effondrement_de_la_biodiversité, conjugué au changement climatique, remet en question l’habitabilité de notre planète et interroge l’avenir du vivant, humain et non humain.

      Face à ce constat, l’Etat a créé en 2020 un établissement national spécialisé, l’Office français de la biodiversité (#OFB), consacré à la protection et à la restauration de la biodiversité en métropole et dans les outre-mer. Le législateur et le gouvernement lui ont assigné des missions essentielles, en particulier :

      – la connaissance et l’expertise : mieux connaître les espèces, les milieux naturels, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant ;

      – un appui aux politiques publiques : à tous niveaux, les équipes de l’OFB appuient les politiques publiques pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité ;

      – la gestion et restauration des espaces protégés : parcs naturels marins, réserves, appui aux parcs nationaux, travail en réseau… ;

      – la contribution à la police de l’environnement, qu’elle soit administrative ou judiciaire, relative à l’eau, aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvages, à la chasse et à la pêche ; à la lutte contre le trafic des espèces sauvages menacées d’extinction.

      Manque de moyens
      Quatre ans après sa création, l’OFB continue de consolider son identité et sa place dans le paysage institutionnel. En manque d’un véritable portage politique, ce « fer de lance de la biodiversité » a vu ses missions s’étoffer et se complexifier considérablement, tandis que ses effectifs n’ont augmenté qu’à la marge.

      Le manque de moyens humains reste une entrave à l’action, à tous niveaux.

      Par exemple, sur les seules missions de police judiciaire, à l’échelle du territoire national, l’OFB ne compte que 1 700 inspecteurs pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement (surveillance du territoire, recherche et constat des infractions, interventions contre le braconnage, …), qui doivent également contribuer à la connaissance, apporter leur expertise technique, sensibiliser les usagers, réaliser des contrôles administratifs sous l’autorité du préfet, etc. Mais d’autres agents et métiers de l’OFB sont également en tension.

      Durant les manifestations de colère agricole, l’OFB se voit conspué, ses implantations locales dégradées, ses agents vilipendés. L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, en l’absence de réponses concrètes sur le revenu des paysans.

      La santé des agriculteurs en premier lieu
      Ces attaques réitérées contre l’OFB sont inacceptables, car elles visent, au travers de l’établissement et de ses agents, à affaiblir les politiques publiques de protection et de sauvegarde de la nature, de l’eau et de la biodiversité.

      Parce que l’eau et la biodiversité renvoient à la complexité du vivant, le bon sens, qu’il soit populaire ou paysan, ne peut suffire à protéger ou à restaurer un fonctionnement équilibré des milieux naturels. L’OFB est un outil précieux de connaissance et d’expertise pour accompagner et garantir la mise en œuvre des politiques publiques (collectivités, habitants, filières professionnelles, etc.). La remise en cause de certaines de ses missions et de sa capacité d’agir générerait des reculs concrets et dommageables pour l’intérêt général et nos modes de vie.

      Elle ne constituerait aucunement un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux et des cycles naturels. Rappelons que, en faisant appliquer les réglementations environnementales, l’OFB et les autres opérateurs publics de l’environnement protègent aussi la santé de tous les citoyens, celle des agriculteurs en premier lieu.

      A l’inverse de la tendance à opposer agriculture et protection de la nature, la coopération entre agriculture et biodiversité est une nécessité évidente : le système agroalimentaire intensif aujourd’hui dominant constitue l’une des principales pressions sur la biodiversité, dont l’érosion continue provoque, en retour, une fragilisation de tous les modèles agricoles.

      Rappeler les lois, voire sanctionner
      Les politiques publiques, comptables vis-à-vis des générations futures, ne doivent pas renoncer à la transition agroécologique ; elles doivent au contraire l’accompagner, la guider et la soutenir, au bénéfice de la biodiversité, de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, de la santé des humains (et en premier lieu des producteurs), des autres êtres vivants et de l’agriculture elle-même.

      Nous soutenons sans réserve tous les paysans qui s’engagent dans cette transition agroécologique, dans un modèle à la fois vertueux pour l’environnement et où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail, sans mettre en jeu leur santé et celle des citoyens.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face au changement climatique, l’agriculture biologique doit être soutenue »

      L’OFB a sa place au côté d’une agriculture en pleine mutation, pour accompagner les paysans de bonne volonté, engagés dans la transition, mais aussi pour rappeler les lois et règlements en vigueur, voire sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient des entreprises, des agriculteurs, des collectivités ou des individus.

      L’Etat doit lui en donner véritablement les moyens, avec des effectifs à la hauteur de ces enjeux et des agents reconnus qui vivent, eux aussi, dignement de leur travail. Comme pour d’autres établissements publics pris pour cible par des groupes d’intérêts économiques, il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de cet organisme dont les missions sont définies dans le cadre légitime de l’action publique de l’Etat

      Les signataires de cette tribune proviennent tous d’organisations siégeant au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité : Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du #SNE-FSU, Syndicat national de l’environnement ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Bernard #Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et biodiversité ; Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Claude Roustan, président de la #Fédération_nationale_de_la_pêche en France ; Vincent Vauclin, secrétaire général #CGT_environnement (domaine OFB et #parcs_nationaux).

    • À #Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/150225/poitiers-limmense-desarroi-de-la-police-de-l-environnement

      À Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement
      Harcelés par les syndicats agricoles, les agents de l’Office français de la biodiversité se sentent abandonnés et constatent une perte de sens de leur travail. D’autant que François Bayrou les a jetés en pâture dès son arrivée à Matignon, les accusant d’« humilier les agriculteurs ».

      Lucie Delaporte

      15 février 2025 à 10h28

      PoitiersPoitiers (Vienne).– Sur la porte vitrée du local subsistent encore les traces laissées par la Coordination rurale (CR). Des graines mélangées à une substance visqueuse et, çà et là, quelques autocollants du syndicat : « Stop à l’agricide », « OFB stop contrôle ».

      Dans la nuit du dimanche 2 février, les locaux de l’agence départementale de l’Office français de la biodiversité (#OFB) à Poitiers ont été pris pour cible par des militants du syndicat agricole proche de l’extrême droite. Des #graffitis ont été tracés sur le bâtiment, des sacs de légumes pourris déversés devant les locaux. « Un camion entier », précise Alain*, le premier agent à être arrivé sur les lieux.

      C’est la sixième fois en un an et demi que cette antenne de l’OFB de la Vienne est attaquée. Le procureur de la République a ouvert une enquête en flagrance pour les dégradations matérielles mais aussi pour harcèlement, au regard de la répétition de ces actes de malveillance.

      Dans cette âpre campagne où le syndicat disputait son leadership à la FNSEA, l’OFB aura été sa cible répétée. « On leur a servi de bouc émissaire idéal », résume un agent que nous rencontrons dans la salle de repos où sont collées des affichettes montrant des agents couverts de déchets avec le slogan « Nous ne sommes pas des punching-balls ».

      Après le témoignage sur France Inter d’un responsable syndical de l’OFB qui avait comparé à des « dealers » les agriculteurs hors la loi, le climat s’est enflammé. « Une voiture de l’OFB qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place », a déclaré peu après dans un meeting le secrétaire général de la CR, Christian Convers.

      Grève du zèle
      Né en 2020 de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office français de la chasse et de la faune sauvage, l’OFB, qui compte 2 800 agents, est encore mal connu du grand public. Il exerce des missions de police administrative et de police judiciaire relatives à l’eau, aux espaces naturels, aux espèces, à la chasse et à la pêche.

      À Poitiers, quelques jours après cette sixième attaque contre ses locaux, l’antenne tourne au ralenti. « On fait une grève larvée. Globalement, on ne fait pas de police pénale, pas de contrôle administratif. On essaie de solder les procédures en cours et on va surtout voir des espèces sur le terrain », résume un agent qui, comme tous les autres, requiert l’anonymat.

      On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre.

      Gilles, agent à l’OFB
      Après une manifestation le 31 janvier devant la préfecture, les agents poursuivent le mouvement par cette grève du zèle, en écho à une année étrange où leurs tutelles – le ministère de l’agriculture et celui de la transition écologique – leur ont demandé de lever le pied sur les contrôles face à l’ampleur de la contestation agricole.

      « C’est notre quotidien : se faire insulter ou agresser par des gens qui viennent déverser des détritus juste parce qu’on essaie de faire respecter des lois votées au Parlement », indique Alain, qui fait visiter les lieux.

      Un mètre de lisier dans la voiture
      Le lâchage en règle des agents de l’OFB par deux premiers ministres, sous la pression du mouvement agricole, a été très douloureusement ressenti. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a évoqué l’« humiliation » infligée, à ses yeux, au monde agricole par les agents de l’OFB, qui arborent une arme lors de leurs interventions. 

      « On s’était déjà fait crucifier en janvier sur place par Attal sur sa botte de foin, qui avait repris au mot près le slogan de la FNSEA : “Faut-il être armé pour contrôler une haie ?” », s’étrangle Alain, qui rappelle les agressions continuelles que subissent les agents. 

      Depuis fin 2023, l’OFB a recensé 90 actions contre ses locaux mais aussi des actes malveillants visant directement ses agents. En octobre, le chef de l’OFB du Tarn-et-Garonne, juste après une réunion sur les contrôles à la chambre d’agriculture, a constaté qu’une des roues de son véhicule avait été démontée. « Un collègue s’est retrouvé avec un mètre de lisier dans sa voiture », raconte Max en buvant sa chicorée, parce qu’il s’est rendu compte que le café portait trop sur ses nerfs déjà assez malmenés.

      « Il y a une violence qu’on ressent de plus en plus. Ce climat-là multiplie le risque d’avoir un contrôle qui se passe mal. On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec finalement le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre », poursuit-il.

      Travailler à l’OFB a un coût, surtout quand on habite dans un village. « Là où j’habite, je suis blacklisté. C’est un village très agricole. Je l’ai senti quand on est arrivés. Ma femme ne comprenait pas. Je lui ai dit : “Cherche pas : tout le monde se connaît, ils savent le métier que je fais” », explique l’agent.

      Un autre raconte avoir fait l’erreur d’aller regarder ce qui se disait sur les réseaux sociaux à propos de l’OFB. Insultes, menaces, dénigrement… « C’est désastreux. On est les emmerdeurs, payés par vos impôts, pour protéger les papillons, les amphibiens. Et à partir du moment où l’État qui m’emploie me désavoue, quelle légitimité j’ai à continuer à faire ce travail-là ? »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau d’une grande partie de la Vienne n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable ».

      L’accusation de « harceler » le monde agricole provoque ici l’agacement. « D’abord, on focalise sur le monde agricole, mais ce n’est qu’une petite partie de notre travail. On contrôle les collectivités, les entreprises, les particuliers aussi », souligne Max, la trentaine. À raison de 3 000 contrôles par an pour 400 000 exploitations, une exploitation a une chance de se faire contrôler tous les cent vingt ans. « Ici, on a verbalisé vingt exploitations sur les phytos [produits phytosanitaires – ndlr] l’an dernier sur les 3 500 du département. La vérité, c’est qu’on devrait faire beaucoup plus de contrôles. On est treize agents, ici, on devrait plutôt être quarante pour bien faire notre métier », assure-t-il.

      Car ce qu’ils racontent sur l’ampleur des atteintes à l’environnement qu’ils constatent au quotidien fait froid dans le dos. « Sur la qualité de l’eau, c’est une catastrophe ! À certains endroits, on en est venus à interconnecter des points de captage pour diluer la pollution », rapporte un policier. Un cache-misère pour rendre moins visibles des niveaux de pollution inédits.

      Julien est ici le spécialiste de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il décrit les conséquences désastreuses de ces produits utilisés trop souvent hors des clous et qui restent parfois plusieurs décennies à l’état de métabolites dans les sols et les nappes phréatiques.

      Interdit depuis 2013, le chlorothalonil, un fongicide, continue de faire des ravages. « Il y a certaines zones dans le département où on était à quasiment 70 fois la norme ! » Pour lui, de telles concentrations indiquent que le produit a sans doute été utilisé récemment : « Les agriculteurs peuvent se fournir à l’étranger, sur Internet. »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau du robinet d’une grande partie du département n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable », c’est-à-dire les seuils très précis de pollution qui régissent les normes de potabilité sont dépassés mais dans des proportions qui n’impactent pas immédiatement la santé humaine. Dans ce cas, les préfectures peuvent, temporairement, publier des décrets dérogatoires. Sur le long terme, qui vivra verra… Une situation dénoncée par les associations environnementalistes dans l’indifférence générale. 

      Yves s’agace de l’aveuglement des pouvoirs publics sur le sujet : « La conscience des élus de la gravité de la situation de l’eau, elle est... faible, euphémise-t-il dans un demi-sourire. Ils ne se rendent pas du tout compte ou alors ils disent : “On va trouver des solutions curatives, on va traiter l’eau.” Mais, même dans les récentes usines de filtration à 15 millions d’euros qui ont été construites ici, on continue de trouver ces métabolites. » Il faut des filtres de plus en plus performants, plus chers et finalement payés par les contribuables.

      Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule…

      Un policier de l’environnement
      Faire appliquer la loi serait, au minimum, un bon début. Mais c’est précisément ce qu’on les empêche de faire en leur imposant des procédures longues et complexes, avec très peu de moyens.

      Pour ces agents, observer au quotidien l’effondrement de la biodiversité dans l’indifférence générale est un crève-cœur. « On est un peu comme des urgentistes qui voient passer des cadavres toute la journée. Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule… J’en suis juste à me dire : essayons d’avoir encore de l’eau potable demain », affirme Alain.

      Le droit de l’environnement est-il trop complexe ? Un argument qui est beaucoup revenu pendant le mouvement des agriculteurs. Alain reconnaît que certains aspects sont très techniques, y compris pour lui, mais souligne que cette complexité est souvent le fruit d’un intense travail de lobbying des industriels et des groupes de pression.

      « Le #lobbying a tendance à complexifier encore plus la loi, avec une multitude de sous-amendements parfois difficilement interprétables… On se dit que c’est exprès pour que ce soit inapplicable ! Ce serait bien de simplifier la loi mais que cette simplification ne se fasse pas au détriment de l’environnement, comme c’est la plupart du temps le cas », juge-t-il.

      Agrandir l’image : Illustration 3
      Une saisie d’un bidon de glyphosate. © Lucie Delaporte
      Julien assure que concernant les « phytos », grand sujet de crispation avec les agriculteurs, la « complexité » a bon dos : « Les exploitants ont quand même une formation pour obtenir un certificat individuel d’utilisation des produits phytosanitaires, et sur chaque bidon de phytosanitaire, la règle d’utilisation est écrite : “À ne pas appliquer à moins de 5 mètres ou 20 mètres d’un cours d’eau”, etc. »

      Dans une profession agricole qui a été encouragée à utiliser massivement des pesticides pendant des décennies, engendrant une dépendance de plus en plus grande à la chimie, certains agriculteurs préfèrent simplement ignorer des réglementations qui les contraignent.

      « On a fait des formations justement pour expliquer la réglementation. Comme sur le terrain on entend toujours que c’est très compliqué, on s’attendait à avoir des salles pleines. Sur les 3 500 exploitations dans la Vienne, une cinquantaine d’agriculteurs sont venus », soupire un agent chevronné.

      Avec des formules qu’ils veulent diplomatiques, ils décrivent tous un monde agricole qui s’est globalement affranchi des règles sur le respect de l’environnement, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui ont décidé de fermer les yeux. « Il faudrait faire une étude sociologique : pourquoi les exploitants agricoles ne se sentent-ils jamais en infraction ? Ils nous disent : “Mais nous on gère en bons pères de famille, intéressez-vous plutôt aux délinquants, aux dealers dans les cités.” C’est quelque chose qui a été entretenu parce qu’il y a très peu de contrôles en agriculture. Et forcément, dès qu’il y en a un petit peu, tout de suite, la pression monte », analyse Julien.

      Si, de fait, les contrôles sont rares, les sanctions ne sont pas non plus très dissuasives. Dans le département, un agriculteur qui se fait contrôler pour non-respect de la loi sur l’utilisation des pesticides est condamné à faire un stage payant de 300 euros. « Ce n’est pas très cher payé quand on voit les dégâts pour les écosystèmes », soupire Alain.

      La faiblesse des contrôles pourrait d’ailleurs coûter cher à la France concernant les aides de la politique agricole commune (PAC). « Il y aurait 9 milliards d’aides et pas de contrôles ? Ça ne marche pas comme ça », relève un agent. L’Union européenne conditionne en effet ses aides au respect d’un certain nombre de règles environnementales garanties par un bon niveau de contrôle et pourrait condamner la France. 

      Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se #suicide.

      Gilles, agent de l’OFB
      Malgré leurs vives critiques, tous les agents rencontrés insistent sur leur attachement à un monde agricole qu’ils connaissent bien et qu’ils savent effectivement en détresse. « Mon père était exploitant agricole. Je viens de ce milieu, prévient d’emblée Julien. Avec le Mercosur, l’année dernière était pourrie par le climat avec une baisse de la production… Ils ont l’impression de perdre sur tout. On est le coupable idéal parce que c’est facile de taper sur nous. »

      Essentielle à leurs yeux, leur mission de police n’est pas toujours facile à endosser. « Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se suicide, raconte Gilles. C’est arrivé à un collègue après un contrôle. On prend le maximum de précautions, on appelle la DDT [direction départementale des territoires – ndlr] pour savoir s’il y a des risques psychosociaux avant d’intervenir chez un exploitant par exemple. »

      Faire respecter le droit de l’environnement, notamment sur les « phytos », est aussi dans l’intérêt des agriculteurs, plaident-ils. « Certains agriculteurs sont dans le déni. Moi, j’essaie de leur parler des impacts sur leur santé, celle de leur famille », explique Max. Il se souvient d’un agriculteur qui avait passé quinze jours à l’hôpital après s’être pris des pesticides en retour d’air dans la cabine de son semoir : « Il crachait du sang. Mais de là à changer… Ils sont convaincus qu’il n’y a pas d’autres solutions, alors que rien qu’en modifiant certaines pratiques, ils peuvent baisser drastiquement le recours aux phytos. »

      Il y a aussi désormais des points de non-retour. Yves se souvient de la prise de conscience d’un agriculteur qui a un jour fait venir un pédologue pour comprendre ce qui se passait sur son exploitation : « Il lui a dit que les sols de ses 600 hectares étaient morts ; ça lui a mis une claque. » Beaucoup d’agents interrogés voudraient voir leur travail à l’OFB en partie comme un accompagnement de ces agriculteurs aujourd’hui englués dans la dépendance aux produits chimiques.

      L’éclatante victoire dans le département de la Coordination rurale, qui veut supprimer le maximum de normes environnementales, ne va pas vraiment en ce sens.

      Au sein de l’antenne de Poitiers, le découragement gagne les agents. Beaucoup nous font part de leur envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. « Je regarde les offres d’emploi, c’est vrai », reconnaît l’un d’eux. « Je n’ai pas envie de servir de caution verte au gouvernement. Si on nous dit demain : le monde agricole, vous ne le contrôlez plus, vous faites les particuliers, les entreprises et les collectivités…, là, j’arrêterai. J’aurai l’impression de clairement voler les contribuables en prenant un salaire pour quelque chose de totalement inutile : il faut remettre les enjeux à leur place », poursuit ce jeune agent, que ses collègues décrivent comme un « monstre dans son domaine ».

      Gilles se remet mal d’une discussion récente avec une collègue. « Elle a fait vingt-quatre ans de service. Une fille hyperperformante dans plein de domaines, mais là, elle n’en peut plus. Elle a craqué nerveusement. Elle fait une rupture conventionnelle. Elle ne veut même plus entendre parler d’environnement, c’est devenu insupportable pour elle. »

  • Faut-il en finir avec la civilisation ?
    Primitivisme et effondrement

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/Faut-il-en-finir-avec-la-civilisation-Primitivisme-et-effondrement

    Et si la parabole du péché originel qui nous chassa du jardin d’abondance, représentait le passage d’une vie nomade de chasse et de cueillette à une économie agricole qui nous contraint, depuis, à « gagner notre pain à la sueur de notre front » ? C’est la thèse que défendent certains primitivistes, accusant la révolution néolithique d’être à l’origine de la crise écologique et de toutes les oppressions. Pierre Madelin, avec son sens aigu de la synthèse, déconstruit ces théories, avec cependant beaucoup de nuance, leur reconnaissant parfois de grandes pertinences anthropologiques et historiques.

    Selon les dernières découvertes archéologique, Homo sapiens quitte l’Afrique il y a cent trente-cinq mille ans et colonise petit à petit l’ensemble de la planète, arrivant en Australie en ─ 65000, en Europe de l’Ouest en ─ 43000 et franchissant le détroit de Béring pour peupler les Amériques en ─ 18000. Cette expansion correspond à l’extinction de la mégafaune du Pléistocène, des animaux de plus de 40 kilos. En Afrique, la plupart d’entre eux y sont encore abondants, ayant coévolué pendant des centaines de milliers d’années avec les hommes, alors que partout ailleurs, ils auraient succombé à une chasse excessive et à un usage inconsidéré du feu, sans avoir eu le temps d’adopter des stratégies d’évitement ou de défense. Les sociétés préhistoriques ne vivaient donc pas toujours « en parfaite harmonie avec leur environnement ». Cependant, ces extinctions n’ont pas été massives et n’ont affecté que quelques centaines d’espèces, tandis qu’à l’heure actuelle plus d’un million, animales et végétales, sont « menacées par la dynamique du capitalisme industriel ». (...)

    #Pierre_Madelin #civilisation #primitivisme #Pléistocène #capitalisme_industriel #Pierre_Clastres #Marshall_Sahlins #James_Scott #Emmanuel_Guy #chasseurs-cueilleurs #Alain_Testart #Paléolithique #Murray_Bookchin #écologie_sociale #parcs_nationaux #wilderness #Thoreau

  • #Sites_naturels : l’urgence de réguler le #tourisme_de_masse
    https://reporterre.net/Sites-naturels-l-urgence-de-reguler-le-tourisme-de-masse

    « La différence essentielle réside dans la culture générale des publics et des gestionnaires, dans l’idée qu’ils se font de la place de la #nature, explique Vincent Vlès. Pour les uns, la nature est et doit rester accessible à tous dans toutes les conditions et à tout moment. Pour les autres, elle l’est seulement lorsque l’homme ne la perturbe pas. De là débouchent des moyens de limitation très différents et à l’efficacité très variable. » Si en France, certaines zones, comme dans les #parcs_nationaux, peuvent être interdites d’accès pour permettre à des espèces de se reproduire, le scientifique constate que « cela se fait en catimini, en apposant des panneaux, car, lorsque l’interdiction est présentée en principe de gestion, le public a du mal à l’accepter ».

    Outre ces conceptions culturelles particulières, le statut des parcs nationaux anglo-saxons est également différent de celui des parcs français. Ils peuvent prendre des mesures coercitives. « Aux États-Unis, les parcs sont totalement compétents », explique Vincent Vlès. Contrairement à la France, où « le mille-feuille territorial pose des problèmes de gestion entre les établissements publics de gestion des espaces (grand site, parc naturel régional, parc national…), qui s’ajoutent aux communes, communautés de communes, départements… et rendent la #gouvernance extrêmement délicate ».

    #liberté

  • Le gouvernement envisage de réduire le budget de protection de la #biodiversité
    https://reporterre.net/Le-gouvernement-envisage-de-reduire-le-budget-de-protection-de-la-biodiv

    Alors que Nicolas Hulot doit annoncer ce mercredi son « Plan biodiversité », un #rapport publié début juin relève le fossés entre les objectifs de préservation de la biodiversité fixés par l’État et les moyens qui lui sont alloués… avant de recommander de revoir à la baisse ces objectifs, de mutualiser les établissements et de supprimer des postes.

    #finances_de_l'État #ddtm #dreal #afb #Action_publique_2022 #comptes_publics #police_de_l'environnement #parcs_nationaux

  • Le touriste, un « colon en puissance » ?

    Étudiant l’essor du #tourisme dans l’#Algérie coloniale, #Colette_Zytnicki montre que les #hôtels, les #stations_balnéaires et les #parcs_nationaux renforcent matériellement et psychologiquement la présence française. La #patrimonialisation du territoire est une autre manière de se l’approprier.


    http://www.laviedesidees.fr/Le-touriste-un-colon-en-puissance.html
    #appropriation #colonisation #colonialisme #livre #histoire

  • Ours, loups, éléphants : demain, un monde sans grands animaux terrestres ? - Sciencesetavenir.fr
    https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/biodiversite/ours-loups-elephants-demain-un-monde-sans-grands-animaux-terrestres

    Les scientifiques sont d’accord pour dire qu’une nouvelle « #extinction_de_masse » a commencé, qui voit des espèces de toutes sortes et de toutes tailles disparaître 100 fois plus vite que la normale. La mégafaune est victime de risques multiples liées à l’expansion humaine, de la perte de son habitat au braconnage, en passant par les conflits avec l’#élevage, et par exemple, pour l’ours polaire, le changement climatique. « La première menace à laquelle fait face la faune d’Afrique est que nous la mangeons », note Paul Funston, directeur du programme lions de l’ONG Panthera. Une situation décrite dans certaines zones comme « le syndrome de la savane silencieuse ». « Certaines zones protégées ont l’air totalement intactes, les bois, les oiseaux, les abeilles, tout est là. Mais les grands mammifères ont disparu, parce qu’ils ont été mangés », poursuit Funston, notant l’augmentation de la population sur le continent. Pour Michael Knight, qui dirige le groupe de l’IUCN chargé des rhinocéros africains, « l’#Afrique ne correspond plus au rêve de paysages ouverts où courent des #animaux_sauvages », insiste-t-il. Et dans 50 ans, « les défis vont être dix, ou peut-être cinquante fois, plus difficiles ». Pour Paul Funston, la solution viendra d’investissements stratégiques dans des #parcs_nationaux, alors que des études montrent un lien entre les sommes investies au km2 et les taux de survie des espèces protégées.

    Quelle perspective déprimante #gestion_de_la_nature #aménagement_du_territoire #prédation #extinction_de_masse #mégafaune #grands_ mammifères #it_has_begun #on_en_est_là

    • Trump’s Border Wall Could Impact an Astonishing 10,000 Species

      The list, put together by a team led by Dr. Gerardo J. Ceballos González of National Autonomous University of Mexico, includes 42 species of amphibians, 160 reptiles, 452 bird species and 187 mammals. Well-known species in the region include the jaguar, Sonoran pronghorn, North American river otter and black bear.


      http://therevelator.org/trump-border-wall-10000-species

    • Border Security Fencing and Wildlife: The End of the Transboundary Paradigm in Eurasia?

      The ongoing refugee crisis in Europe has seen many countries rush to construct border security fencing to divert or control the flow of people. This follows a trend of border fence construction across Eurasia during the post-9/11 era. This development has gone largely unnoticed by conservation biologists during an era in which, ironically, transboundary cooperation has emerged as a conservation paradigm. These fences represent a major threat to wildlife because they can cause mortality, obstruct access to seasonally important resources, and reduce effective population size. We summarise the extent of the issue and propose concrete mitigation measures.

      http://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1002483
      #faune #Europe #Europe_centrale #Europe_de_l'Est #cartographie #visualisation

    • Rewriting biological history: Trump border wall puts wildlife at risk

      Mexican conservationists are alarmed over Trump’s wall, with the loss of connectivity threatening already stressed bison, pronghorn, bighorn sheep, bears and other animals.
      About one-third of the border, roughly 700 miles, already has fencing; President Trump has been pushing a controversial plan to fence the remainder.
      A wall running the entire nearly 2,000-mile frontier from the Pacific Ocean to the Gulf of Mexico, conservationists warn, would be catastrophic for borderland ecosystems and many wildlife species, undoing years of environmental cooperation between the two countries to protect animals that must move freely or die.
      The wall is currently a key bargaining chip, and a sticking point, in ongoing immigration legislation negotiations taking place this week in Congress. Also expected this week: a federal court ruling on whether the administration can legally waive environmental laws to expedite border wall construction.


      https://news.mongabay.com/2018/02/rewriting-biological-history-trump-border-wall-puts-wildlife-at-risk
      #bisons

    • A Land Divided

      The national debate about border security doesn’t often dwell on the natural environment, but hundreds of miles of public lands, including six national parks, sit along the U.S.-Mexico border. What will happen to these lands — and the wildlife and plants they protect — if a wall or additional fences and barriers are built along the frontier?


      https://www.npca.org/articles/1770-a-land-divided
      #parcs_nationaux

    • R ULES C OMMITTEE P RINT 115–66 T EXT OF THE H OUSE A MENDMENT TO THE S ENATE A MENDMENT TO H.R. 1625

      US spending bill requires “an analysis, following consultation with the Secretary of the Interior and the Administrator of the Environmental Protection Agency, of the environmental impacts, including on wildlife, of the construction and placement of physical barriers” (p 677)

      http://docs.house.gov/billsthisweek/20180319/BILLS-115SAHR1625-RCP115-66.pdf
      Extrait partagé par Reece Jones sur twitter
      https://twitter.com/reecejhawaii/status/977304504700780544

    • Activists Vow Fight as Congress Funds Portions of Border Wall

      Last week Congress voted to appropriate some monies to build new fortifications along the United States–Mexico border, but border activists in the Rio Grande Valley say the fight against President Donald Trump’s border wall is far from over.

      The nearly $1.6 billion in border wall funding included in the omnibus spending bill that Trump signed Friday provides for the construction of some 33 miles of new walls, all in Texas’s ecologically important Rio Grande Valley. Those walls will tear through communities, farms and ranchland, historic sites, and thousands of acres of protected wildlife habitat, while creating flooding risks on both sides of the border. But far from admitting defeat, border activists have already begun mapping out next steps to pressure Congress to slow down or even halt the wall’s construction.

      https://www.sierraclub.org/sierra/activists-vow-fight-congress-funds-portions-border-wall

    • State attorney general, environmental group to appeal decision on Trump’s border wall

      A ruling by a San Diego federal judge allowing construction of President Donald Trump’s border wall to go ahead will be appealed by two entities that opposed it, including the state Attorney General.

      Both the Center for Biological Diversity and Attorney General Xavier Becerra filed formal notices of appeal on Monday seeking to reverse a decision in February from U.S District Court Judge Gonzalo Curiel. The judge ruled that the Trump administration did not abuse its discretion in waiving environmental laws in its rush to begin border wall projects along the southwest border.

      The center had said after the ruling it would appeal, and Becerra also hinted the state would seek appellate court review at the Ninth U.S. Circuit Court of Appeals.

      The notices declare an intent to appeal. They do not outline arguments to be made on appeal or why each group believe that Curiel got it wrong.

      In a prepared statement Becerra said, “When we said that a medieval wall along the U.S.-Mexico border does not belong in the 21st century, we meant it. There are environmental and public health laws in place, and we continue to believe that the Trump Administration is violating those laws. We will not stand idly by. We are committed to protecting our people, our values and our economy from federal overreach.”

      The lawsuits challenged a law that allowed the federal government not to comply with environmental and other laws and regulations when building border security projects. They argued the law was outdated and Congress never intended for it to be an open-ended waiver for all border projects, and contended it violated constitutional provisions of separation of powers and states’ rights.

      In his decision Curiel said both that the law was constitutional and it gave the Department of Homeland Security wide latitude over border security.

      Justice Department spokesman Devin O’Malley said in response to the Curiel ruling that the administration was pleased DHS “can continue this important work vital to our nation’s interest.”

      “Border security is paramount to stemming the flow of illegal immigration that contributes to rising violent crime and to the drug crisis, and undermines national security,” O’Malley said.

      http://www.sandiegouniontribune.com/news/public-safety/sd-me-border-appeal-20180409-story.html

    • Les murs n’arrêtent pas que les humains

      Des États-Unis à la Malaisie, en passant par Israël ou la Hongrie, les hommes construisent de multiples murs pour contraindre les déplacements de nos semblables. N’oublions pas, explique l’auteur de cette tribune, que nous ne sommes pas les seuls à habiter la Terre et donc à pâtir de ces barrières.

      La #forêt_de_Bialowieza a quelque chose de mythique et de sacré. Âgée de plus de 8.000 ans, elle est la dernière forêt primaire d’Europe. S’étalant sur 150.000 hectares entre la Pologne et la Biélorussie, inaccessible aux visiteurs sans guide assermenté, elle constitue un sanctuaire d’espèces témoignant de la richesse des mondes anciens. Le bison d’Europe y vit encore de manière naturelle, côtoyant élans, cerfs, loups, lynx, etc.

      En 1981, à l’époque du rideau de fer, l’URSS a décidé de clôturer la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, coupant à travers cette forêt et séparant en deux la dernière population de bisons d’Europe (environ 500 individus de part et d’autre). Cette clôture est symboliquement forte, car elle témoigne de la coupure existentielle (« ontologique », diraient les philosophes) que les humains se sont imposée vis-à-vis des autres êtres vivants. Ces derniers semblent ne pas exister à nos yeux.

      Mais cette séparation est plus que symbolique, elle est concrète. Les murs dressés par l’espèce humaine représentent une menace importante et sous-estimée pour de nombreux êtres vivants non humains.
      Murs de béton, de pierre, de boue, de sable ou de brique, de barbelés, de grilles en acier ou de clôtures électrifiées

      On en trouve surtout aux frontières : entre les États-Unis et le Mexique, la Corée du Nord et du Sud, Israël et la Cisjordanie, la Malaisie et la Thaïlande, l’Inde et le Pakistan, l’Iran et l’Irak, la Chine et la Mongolie, le Botswana et le Zimbabwe, etc. Ils prennent la forme de murs de béton, de pierre, de boue, de sable ou de brique, de barbelés, de grilles en acier ou de clôtures électrifiées, et viennent accompagnés de routes, de casernes, de lumières et de bruits. Leur nombre a considérablement augmenté depuis les attentats du 11 septembre 2001. Par exemple en Eurasie (sans le Moyen-Orient), il existe aujourd’hui plus de 30.000 km de murs, grillages et barbelés aux frontières.

      Ces murs affectent évidemment les populations humaines en brisant les trajectoires personnelles de millions de personnes. Ils affectent aussi les autres espèces [1]. À Białowieża, par exemple, la séparation a empêché les flux génétiques (et a donc fragilisé) des populations de bisons, d’ours, de loups et de lynx. Pire, 25 ans après la destruction du rideau de fer entre l’Allemagne et la République tchèque, les jeunes cerfs (qui n’avaient jamais vu de clôtures) ne traversaient toujours pas la frontière [2].

      En mai 2018 paraissait dans la revue Bioscience un article cosigné par dix-huit grands noms de l’étude et de la protection de la biodiversité (dont Edward O. Wilson) et signé par 2.500 scientifiques, qui alertait sur les « conséquences inattendues mais importantes » de ces murs frontaliers sur la biodiversité [3]. Ce cri d’alarme n’est pas le premier [4], mais il résume bien l’état des lieux de la recherche, et aussi l’état de préoccupation des chercheurs.
      Lorsque les habitats se fragmentent, les territoires des populations se réduisent

      Les murs nuisent à la biodiversité de plusieurs façons. Premièrement, ils peuvent blesser ou tuer des animaux directement, quand ils s’emmêlent dans les fils barbelés, sont électrocutés ou marchent sur des mines antipersonnelles.

      Deuxièmement, ils fragmentent et dégradent les habitats. Par exemple la frontière de 3.200 km entre le Mexique et les États-Unis traverse les aires de répartition géographique de 1.506 espèces natives (parmi lesquelles 1.077 espèces animales) dont 62 sont sur la liste des espèces en danger. Le mur menace cinq régions particulièrement riches en biodiversité (on les nomme « hotspots ») qui retiennent presque tous les efforts de conservation et de « réensauvagement » (rewilding). Lorsque les habitats se fragmentent, les territoires des populations se réduisent, et le nombre d’espèces présentes sur ces petites surfaces se réduit plus que proportionnellement, rendant ainsi les populations plus vulnérables, par exemple aux variations climatiques. Les clôtures frontalières contribuent aussi à accroître la mortalité de la faune sauvage en facilitant la tâche des braconniers, en perturbant les migrations et la reproduction, et en empêchant l’accès à la nourriture et à l’eau. Par exemple, le mouton bighorn (une espèce en danger) migrait naturellement entre la Californie et le Mexique mais ne peut aujourd’hui plus accéder aux points d’eau et aux sites de naissance qu’il avait l’habitude de fréquenter.

      Troisièmement, ces murs annulent les effets bénéfiques des millions de dollars investis dans la recherche et les mesures de conservation de la biodiversité. Les scientifiques témoignent aussi du fait qu’ils sont souvent l’objet d’intimidations, de harcèlements ou de ralentissements volontaires de la part des officiers responsables de la sécurité des frontières.

      Enfin, quatrièmement, les politiques de sécurité mises en place récemment font passer les lois environnementales au deuxième plan, quand elles ne sont pas simplement bafouées ou oubliées.
      Des centaines de kilomètres de clôtures de sécurité aux frontières extérieures et intérieures de l’UE

      Le double phénomène migrations/clôtures n’est pas prêt de s’arrêter. En 2015, un afflux exceptionnel d’êtres humains fuyant leurs pays en direction de l’Europe a conduit plusieurs États membres à réintroduire ou renforcer les contrôles aux frontières, notamment par la construction rapide de centaines de kilomètres de clôtures de sécurité aux frontières extérieures et intérieures de l’UE. Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources seront dans les années à venir des causes majeures de guerres, d’épidémies et de famines, forçant toujours plus d’humains à migrer. Les animaux seront aussi de la partie, comme en témoigne la progression vers le nord des moustiques tigres, qui charrient avec eux des maladies qui n’existaient plus dans nos régions, ou encore l’observation du loup en Belgique en mars 2018 pour la troisième fois depuis des siècles…

      Les accords entre pays membres de l’Union européenne au sujet des migrations humaines seront-ils mis en place à temps ? Résisteront-ils aux changements et aux catastrophes à venir ? Quel poids aura la « #Convention_des_espèces_migrantes » (censée réguler le flux des animaux) face aux migrations humaines ?

      En septembre 2017, un bison d’Europe a été aperçu en Allemagne. C’était la première fois depuis 250 ans qu’un représentant sauvage de cette espèce traversait spontanément la frontière allemande. Il a été abattu par la police.

      https://reporterre.net/Les-murs-n-arretent-pas-que-les-humains
      #Bialowieza

    • Les murs de séparation nuisent aussi à la #faune et la #flore

      3419 migrants sont décédés en Méditerranée en tentant de rejoindre Malte ou l’Italie. C’est ce que révèle un rapport du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés publié le 10 décembre. Il y a les barrières naturelles, et les murs artificiels. Pendant deux mois, le web-documentaire Connected Walls s’attaque aux murs de séparation entre quatre continents : le mur entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine incarné par les grillages entre les Etats-Unis et le Mexique, celui entre l’Europe et l’Afrique incarné par les barbelés qui séparent les enclaves espagnoles du Maroc. Tous les 10 jours, Connected Walls publie un nouveau documentaire de cinq minutes sur une thématique choisie par les internautes. Cette semaine, ils ont sélectionné la thématique « animal ».

      Cette semaine, sur Connected-Walls,Valeria Fernandez (USA) et Fidel Enriquez (Mexico) ont suivi John Ladd dont la famille possède un ranch dans l’Arizona, à la frontière mexicaine, depuis cinq générations. Depuis la construction du mur frontalier en 2007, les choses ont changé pour lui et pour les animaux.

      De leur côté, Irene Gutierrez (Espagne) et Youssef Drissi (Maroc) ont rencontré Adam Camara, un jeune de Guinée Équatoriale qui a tenté de traverser plusieurs fois le détroit entre le Maroc et l’Espagne. Lors de sa dernière tentative, il a reçu l’aide d’un mystérieux ami.
      Pour chaque thématique, un partenaire associatif a carte blanche pour rédiger une tribune. Celle-ci a été rédigée par Dan Millis, de l’organisation écologiste Sierra Club :

      « Les animaux se moquent bien des frontières politiques. Le jaguar de Sonora n’a pas de passeport, et le canard morillon cancane avec le même accent, qu’il soit à Ceuta ou dans la forêt de Jbel Moussa. Les murs et les barrières ont cependant un impact considérable sur la faune et la flore. Par exemple, les rennes de l’ancienne Tchécoslovaquie ne franchissent jamais la ligne de l’ancien Rideau de Fer, alors même que cette barrière a disparu depuis 25 ans et qu’aucun des rennes vivant aujourd’hui ne l’a jamais connue. Les quelques 1000 kilomètres de barrières et de murs séparant les États-Unis et le Mexique détruisent et fragmentent l’habitat sauvage, en bloquant les couloirs de migration essentiels à la survie de nombreuses espèces. Une étude réalisée grâce à des caméras installées au niveau des refuges et des zones de vie naturellement fréquentés par la faune en Arizona a montré que des animaux comme le puma et le coati sont bloqués par les murs des frontières, alors que les humains ne le sont pas. »


      https://www.bastamag.net/Connected-Walls-le-webdocumentaire-4545
      #wildelife

    • Border Fences and their Impacts on Large Carnivores, Large Herbivores and Biodiversity: An International Wildlife Law Perspective

      Fences, walls and other barriers are proliferating along international borders on a global scale. These border fences not only affect people, but can also have unintended but important consequences for wildlife, inter alia by curtailing migrations and other movements, by fragmenting populations and by causing direct mortality, for instance through entanglement. Large carnivores and large herbivores are especially vulnerable to these impacts. This article analyses the various impacts of border fences on wildlife around the world from a law and policy perspective, focusing on international wildlife law in particular. Relevant provisions from a range of global and regional legal instruments are identified and analysed, with special attention for the Bonn Convention on Migratory Species and the European Union Habitats Directive.

      https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/reel.12169

    • Border Security Fencing and Wildlife: The End of the Transboundary Paradigm in Eurasia?

      The ongoing refugee crisis in Europe has seen many countries rush to construct border security fencing to divert or control the flow of people. This follows a trend of border fence construction across Eurasia during the post-9/11 era. This development has gone largely unnoticed by conservation biologists during an era in which, ironically, transboundary cooperation has emerged as a conservation paradigm. These fences represent a major threat to wildlife because they can cause mortality, obstruct access to seasonally important resources, and reduce effective population size. We summarise the extent of the issue and propose concrete mitigation measures.


      https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1002483

    • Butterfly Preserve On The Border Threatened By Trump’s Wall

      The National Butterfly Center, a 100-acre wildlife center and botanical garden in South Texas, provides a habitat for more than 100 species of butterflies.

      It also sits directly in the path of the Trump administration’s proposed border wall.

      The federal spending bill approved in September includes $1.6 billion in 2019 for construction of the wall. In October, the Department of Homeland Security issued a waiver to 28 laws protecting public lands, wildlife and the environment to clear the way for construction to proceed.

      https://www.npr.org/2018/11/01/660671247/butterfly-preserve-on-the-border-threatened-by-trumps-wall
      #papillons

    • Wildlife advocates, local indigenous tribes protest preparations for new border wall construction

      The federal government this week began moving bulldozers and construction vehicles to the Texas border with Mexico to begin building a new six-mile section of border wall — the first new wall under President Donald Trump, administration officials confirmed Tuesday.

      The move immediately triggered angry protests by a local butterfly sanctuary — The National Butterfly Center — and local indigenous tribes who oppose the wall and say construction will damage natural habitats. U.S. Customs and Border Protection said the wall will run through land owned by federal government. The dispute came amid an administration claim that a caravan of 2,000 migrants had arrived in northern Mexico along the Texas border.

      “We’re a recognized tribe and no one’s going to tell us who we are especially some idiots in Washington,” said Juan Mancias of the indigenous peoples’ tribe Carrizo-Comecrudo, who led protests on Monday. “We’re the original people of this land. We haven’t forgot our ancestors.”

      So far, the Trump administration has upgraded only existing fencing along the border. The president has called for some $5 billion for new wall construction, and Democrats have refused, resulting in a budget dispute that shut down the government for five weeks.

      This latest Texas project relies on previously appropriated money and won’t require further congressional approval. Construction plans for the Rio Grande Valley, just south of McAllen, Texas, call for six to 14 miles of new concrete wall topped with 18-foot vertical steel bars.

      Last year, Homeland Security Secretary Kristen Nielsen waived a variety environmental restrictions, including parts of the Endangered Species and Clean Water Acts, to prepare for construction in the area. Construction on the Rio Grande Valley project is expected to start in the coming weeks.

      Marianna Wright, executive director of the National Butterfly Center, remains a staunch advocate against the border wall. She met this week with authorities who she said wants to buy the center’s land for wall construction.

      She traveled to Washington last month to explain the environmental damage that would be caused by the construction in testimony on Capitol Hill.

      “The bulldozers will roll into the lower Rio Grande Valley wildlife conservation corridor, eliminating thousands of trees during spring nesting season for hundreds of species of migratory raptors and songbirds,” Wright told the House Natural Resources Committee.

      When asked by ABC News what message she has for people who aren’t there to see the impact of the new border wall, Wright paused, searching for words to express her frustration.

      “I would drive my truck over them, over their property, through their fence,” she said.

      DHS continues to cite national security concerns as the reason for building the border wall, with Homeland Secretary Kirstjen Nielsen saying in a statement Tuesday that migrants in the new caravan that had arrived at the Texas border would try to cross over illegally.

      “Such caravans are the result of Congress’s inexcusable failure to fully fund a needed physical barrier and unwillingness to fix outdated laws that act as an enormous magnet for illegal aliens,” Nielsen said in a statement.

      The last so-called caravan that caused alarm for the administration resulted in thousands of migrants taking shelter in the Mexican city of Tijuana. Just across the border from San Diego, many waited several weeks for the chance to enter the U.S.

      https://abcnews.go.com/Politics/wildlife-advocates-local-indigenous-tribes-protest-preparations-border/story?id=60859814
      #résistance #peuples_autochtones #Carrizo-Comecrudo #McAllen #Texas

    • As Work Begins on Trump’s Border Wall, a Key Wildlife Refuge Is at Risk

      Construction is underway on a stretch of President Trump’s border wall cutting through the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge in Texas. Biologists warn the steel wall will disrupt carefully preserved habitat critical for the survival of ocelot, jaguarundi, and other threatened species.

      As Tiffany Kersten descends from a levee into a verdant forest that stretches to the Rio Grande more than a mile away, she spots a bird skimming the treetops: a red-tailed hawk. Later, other birds — great blue herons, egrets — take flight from the edge of an oxbow lake. This subtropical woodland is one of the last remnants of tamaulipan brushland — a dense tangle of Texas ebony, mesquite, retama, and prickly pear whose U.S. range is now confined to scattered fragments in the Lower Rio Grande Valley in south Texas. The ecosystem harbors an astonishing array of indigenous wildlife: ocelot, jaguarundi, Texas tortoise, and bobcat, as well as tropical and subtropical birds in a rainbow of colors, the blue bunting and green jay among them.

      But the stretch of tamaulipan scrub Kersten is exploring, in the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge, won’t be around much longer. About 15 feet from the forest edge, Kersten — a board member of a local conservation group — spots red ribbons tied to tree branches on both sides of the trail. Soon, an excavator will uproot those trees to make way for a 140-foot-wide access road and an 18-foot-high wall atop the levee, all part of the Trump administration’s plan to barricade as much of the Texas/Mexico border as possible. On Valentine’s Day, two days before I visited the border, crews began clearing a path for the road, and soon the U.S. Department of Homeland Security (DHS) will plant a cement foundation in the levee and top it with a steel bollard barrier.

      This construction is the first project under a plan to build 33 miles of new wall along the levee in South Texas, with $641 million in funding that Trump requested and Congress authorized last year. That 33-mile stretch, cutting through some of the most unique and endangered habitat in the United States, will be joined by an additional 55 miles of wall under a funding bill Trump signed February 15 that allocates another $1.375 billion for wall construction. The same day, Trump also issued a national emergency declaration authorizing another $6 billion for border walls. That declaration could give the administration the power to override a no-wall zone Congress created in three protected areas around the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge.

      Since the mid-20th century, ranches, oil fields, and housing tracts have consumed 97 percent of the tamaulipan brushland.

      Since the mid-20th century, ranches, farms, oil fields, subdivisions, and shopping centers have consumed 97 percent of the tamaulipan brushland habitat at ground zero of this new spate of border wall construction. That loss led Congress to create the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge in the 1970s and spurred a 30-year-effort by the U.S. Fish and Wildlife Service, conservation organizations, and private landowners to protect the remaining pockets of tamaulipan brushland and restore some of what has been lost. The Fish and Wildlife Service has purchased 10,000 acres of cropland and converted it back into tamaulipan woodlands; it hopes to replant another 30,000 acres. The refuge, now totaling 98,000 acres, has been likened to a string of pearls, with connected jewels of old-growth and restored habitat adorning the 300-mile lower Rio Grande Valley.

      Into this carefully rebuilt wildlife corridor now comes the disruption of a flurry of new border wall construction. Scientists and conservationists across Texas warn that it could unravel decades of work to protect the tamaulipan brushland and the wildlife it harbors. “This is the only place in the world you can find this habitat,” says Kersten, a board member of Friends of the Wildlife Corridor, a non-profit group that works closely with the Fish and Wildlife Service on the corridor program. “And only 3 percent of this habitat is remaining.”

      For all its efforts to turn cropland into federally protected habitat, the Fish and Wildlife Service finds itself with little recourse to safeguard it, precisely because it is federal property. The easiest place for the federal government to begin its new wave of border wall construction is the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge, which includes the picturesque La Parida Banco tract, where I joined Kersten. Under a 2005 law, the Department of Homeland Security can waive the environmental reviews that federal agencies such as the Fish and Wildlife Service typically conduct for projects that could alter federally protected lands.

      The tract Kersten and I visited is one of four adjacent “pearls” in the wildlife corridor — long , roughly rectangular parcels stretching from an entrance road to the river. From west to east they are the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge’s La Parida Banco tract, the Bentsen-Rio Grande Valley State Park, the refuge’s El Morillo Banco tract, and the privately owned National Butterfly Center. A levee runs through all four properties, and the first sections of fence to be built atop it would cut off access to trails and habitat in the refuge tracts. Citizens and local and state officials have successfully fought to keep the fence from crossing the National Butterfly Center, the Bentsen-Rio Grande state park, and the Santa Ana National Wildlife Refuge farther downstream — at least for now. If Trump’s national emergency declaration survives court challenges, the border barriers could even be extended into these holdouts.

      When the wall and access road are completed at La Parida Banco, a crucial piece of intact native habitat will become isolated between the wall and the river. Species that either rely on the river for water or migrate across it will find pathways they’ve traversed for thousands of years blocked.

      While biologists are concerned about the impacts of the wall all along the U.S.-Mexico border, the uniqueness of South Texas’ ecosystems make it an especially troublesome place to erect an 18-foot fence, they say. The 300-mile wildlife corridor in South Texas, where the temperate and the tropical intermingle, is home to an astounding concentration of flora and fauna: 17 threatened or endangered species, including the jaguarundi and ocelot; more than 530 species of birds; 330 butterfly species, about 40 percent of all those in the U.S.; and 1,200 types of plants. It’s one of the most biodiverse places on the continent.

      `There will be no concern for plants, endangered species [and] no consultation with the Fish and Wildlife Service,’ says a biologist.

      “This is a dry land, and when you have dry land, your diversity is near the water,” says Norma Fowler, a biologist with the University of Texas at Austin who studies the tamaulipan brushland ecosystem. She co-authored an article published last year in the scientific journal Frontiers in Ecology and the Environment warning of the consequences of the new wall for the region’s singular ecosystems and wildlife. Since the wall can’t be built in the river, it’s going up a mile or more north of it in some areas, placing both the riparian habitat right along the river and the tamaulipan thornscrub on higher ground at risk.

      “Both of those habitats have been fragmented, and there’s not much left,” Fowler says. “Some of it is lovingly restored from fields to the appropriate wild vegetation. But because they’ve waived every environmental law there is, there will be no concern for plants, endangered species. There will be no consultation with the Fish and Wildlife Service.”

      When the wall rises, the barrier and the new patrol road alongside it will cut an unusually wide 140-foot swath to improve visibility through the dense brush. In her article, Fowler estimated that construction of the border wall would destroy 4.8 to 7.3 acres of habitat per mile of barrier. The fence will also cut off access to the river and habitat on the Mexican side of the border for many animals. Including bobcats, ocelot, jaguarundi, and javelina. Some slower-moving species, like the Texas tortoise, could be caught in floods that would swell against the wall.

      If new walls must be built along the Rio Grande, Fowler says, the Department of Homeland Security should construct them in a way that causes the least harm to wildlife and plants. That would include limiting the footprint of the access roads and other infrastructure, designing barriers with gaps wide enough for animals to pass through, and using electronic sensors instead of physical barriers wherever possible.

      One of the most at-risk species is the ocelot, a small jaguar-like cat that historically roamed throughout Texas, Arkansas, Louisiana, and Arizona, but that numbers only about 80 today. The sole breeding population left in the U.S. is in South Texas, and it is wholly dependent on the dense shrubland in the Lower Rio Grande Valley that the wall will bisect. Some species could be wiped out altogether: The few sites where Physaria thamnophila, a native wildflower, still grows are directly in the path of the wall, Fowler says.

      With 1,254 miles of border — all following the languid, meandering course of the Rio Grande — Texas has far more of the United States’ 1,933-mile southern boundary than any other state, yet it has the fewest miles of existing fence. That’s because much of the Texas border is private riverfront land. The first major push to barricade the Texas border, by the George W. Bush administration, encountered opposition from landowners who balked at what they saw as lowball purchase offers and the use of eminent domain to take their property. (Years later, some of those lawsuits are still pending.) Federal land managers also put up a fight.

      Natural areas already bisected by a Bush-era fence offer a preview of the potential fate of the Rio Grande wildlife refuge.

      When Ken Merritt — who oversaw the federal South Texas Refuge Complex, which includes the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge, Santa Ana, and the Laguna Atascosa refuge near where the Rio Grande meets the Gulf of Mexico — questioned the wisdom of a barrier through Santa Ana during the Bush administration, he was forced out of his job.

      “I was getting a lot of pressure,” says Merritt, who still lives in the valley and is retired. “But it just didn’t fit. We were trying to connect lands to create a whole corridor all along the valley, and we knew walls were very much against that.”

      Natural areas already bisected by the Bush-era fence offer a preview of the potential fate of the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge. A few miles downstream from the La Parida tract, the Hidalgo Pumphouse and Birding Center, which anchors the southern end of the tiny town of Hidalgo, now looks out at a stretch of steel bollard fence atop a concrete wall embedded in the levee.

      On a recent Monday morning, a few tourists milled about the gardens behind the pumphouse, listening to the birds — curve-billed thrashers, green monk parakeets, kiskadee flycatchers — and enjoying the view from the observation deck. Curious about the wall, all of them eventually walk up to it and peek through the four-inch gaps between the steel slats. On the other side lies another pearl: a 900-acre riverside piece of the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge called the Hidalgo Bend tract. It was once a popular spot with birders drawn to its ferruginous Pygmy owls, elf owls, and other wildlife. But since the wall went up in 2009, few birders visit anymore.

      At The Nature Conservancy’s Sabal Palm Preserve, a 557-acre piece of the wildlife corridor near the Gulf of Mexico, a wall installed in 2009 cuts through one of the last stands of sabal palm forest in the Rio Grande Valley. Laura Huffman, regional director for The Nature Conservancy, worries that the more walls erected on the border, the less hope there is of completing the wildlife corridor.

      Kersten and others remain unconvinced that the danger on the border justifies a wall. She believes that sensors and more Border Patrol agents are more effective deterrents to drug smugglers and illegal immigrants. Earlier on the day we met, Kersten was part of a group of 100 or so protestors who marched from the parking lot at nearby Bentsen-Rio Grande Valley State Park to the adjacent National Butterfly Center, holding signs that read “No Border Wall” and “Solidarity Across Borders.” One placard listed the more than two dozen environmental and cultural laws that the Trump administration waived to expedite the fence. Among them: the National Environmental Policy Act, which requires environmental analysis before federal projects can begin; the Endangered Species Act; the Clean Water Act; the Migratory Bird Treaty Act; the National Wildlife Refuge System Administration Act; the National Historic Preservation Act; and the Native American Graves and Repatriation Act.

      Even as the wall goes up in the refuge, preparations for this year’s restoration projects are moving ahead. Betty Perez, whose family has lived in the Lower Rio Grande Valley for generations, is one of several landowners who grow seedlings for replanting on refuge lands each year. At her ranch, about a 45-minute drive northwest of the La Parida Banco tract, she’s beginning to collect seeds to grow this year’s native shrub crop: coyotillo, in the buckthorn family; yucca; Texas persimmon.

      Next to a shed in her backyard sit rows of seedlings-to-be in white tubes. To Perez, the delicate green shoots hold a promise: In a few years, these tiny plants will become new habitat for jaguarundi, for ocelot, for green jays, for blue herons. Despite the new walls, the wildlife corridor project will go on, she says, in the spaces in between.

      https://e360.yale.edu/features/as-work-begins-on-trumps-border-wall-a-key-wildlife-refuge-is-at-risk

    • Border Wall Rising In #Arizona, Raises Concerns Among Conservationists, Native Tribes

      Construction has begun on President Trump’s border wall between Arizona and Mexico, and conservationists are furious. The massive barrier will skirt one of the most beloved protected areas in the Southwest — Organ Pipe Cactus National Monument, recognized by the United Nations as an international biosphere reserve.

      On a recent drive along the borderline, a crew was transplanting tall saguaro cactus out of the construction zone.

      “There may be misconceptions that we are on a construction site and just not caring for the environment,” intones a voice on a video released by the U.S. Army Corps of Engineers, which is overseeing the project. “We are relocating saguaro, organ pipe, ocotillo...”

      But a half-mile away, a big yellow bulldozer was scraping the desert clean and mowing down cactus columns that were likely older than the young man operating the dozer.

      Customs and Border Protection later said 110 desert plants have been relocated, and unhealthy ones get bulldozed.

      This scene illustrates why environmentalists are deeply skeptical of the government’s plans. They fear that as CBP and the Defense Department race to meet the president’s deadline of 450 miles of wall by Election Day 2020, they will plow through one of the most biologically and culturally rich regions of the continental United States.

      The U.S. Fish & Wildlife Service has warned that the wall, with its bright lights, human activity and impermeable barrier, could negatively impact 23 endangered and at-risk species, including the Sonoran pronghorn antelope. And the National Park Service says construction could destroy 22 archaeological sites. Yet, for this stretch of western desert, the government has waived 41 federal environmental laws to expedite construction.

      “This is a wall to fulfill a campaign promise. It’s really clear. And that’s what makes so many of us so angry. It’s being done so fast outside the rule of law and we know it’ll have an incredible impact,” says Kevin Dahl, Arizona representative for the National Parks Conservation Association. He sits beside a serene, spring-fed pond fringed by cattails, and dive-bombed by dragonflies. It is called Quitobaquito Springs, and it’s located on the southern edge of the #Organ_Pipe_Cactus_National_Monument.

      A biologist peers into a rivulet that feeds this oasis in the middle of the Sonoran desert.

      “These guys are very tiny, maybe half the size of a sesame seed. Those are the Quitobaquito tryonia. And there are literally thousands in here,” says Jeff Sorensen, wildlife specialist supervisor with Arizona Game and Fish Department. He’s an expert on this tiny snail, which is one of three species — along with a mud turtle and a pupfish — whose entire universe is this wetland.

      The springs have been used for 16,000 years by Native Americans, followed by Spanish explorers, traders and farmers.

      But the pond is a stone’s throw from the international border, and the path of the wall. Conservationists fear workers will drill water wells to make concrete, and lower the water table which has been dropping for years.

      “We do have concerns,” Sorensen continues. “Our species that are at this site rely on water just like everything else here in the desert southwest. And to take that water away from them means less of a home.”

      The Trump administration is building 63 miles of wall in the Tucson Sector, to replace outdated pedestrian fences and vehicle barriers. CBP says this stretch of desert is a busy drug- and human-trafficking corridor. In 2019, the Tucson sector had 63,490 apprehensions and seized more than 61,900 pounds of illegal narcotics. The Defense Department is paying Southwest Valley Constructors, of Albuquerque, N.M., to erect 18- to 30-foot-tall, concrete-filled steel bollards, along with security lights and an all-weather patrol road. It will cost $10.3 million a mile.

      The rampart is going up in the Roosevelt Reservation, a 60-foot-wide strip of federal land that runs along the U.S. side of the border in New Mexico, Arizona and California. It was established in 1907 by President Theodore Roosevelt.

      Congress refused to authorize money for construction of the wall in Arizona. Under Trump’s national emergency declaration, the Defense Department has reprogrammed counterdrug funding to build the border wall.

      In responses to questions from NPR, CBP says contractors will not drill for water within five miles of Quitobaquito Springs. The agency says it is coordinating with the National Park Service, Fish & Wildlife and other stakeholders to identify sensitive areas “to develop avoidance or mitigation measures to eliminate or reduce impacts to the environment.” Additionally, CBP is preparing an Environmental Stewardship Plan for the construction project.

      Critics are not appeased.

      “There is a whole new level of recklessness we’re seeing under Trump. We thought Bush was bad, but this is a whole other order of magnitude,” says Laiken Jordahl, a former national park ranger and now borderlands campaigner with the Center for Biological Diversity.

      There was an outcry, too, back in the late 2000s when President George W. Bush built the first generation of bollard wall. Those barriers topped out at 18 feet. The structures rising southwest of Tucson are as tall as a two-story building. They look like they could hold back a herd of T-rexes.

      The Trump administration is using the same Real ID Act of 2005 that empowered President George W. Bush to build his border wall without heeding environmental protections. But the pace of waivers is quickening under Trump’s aggressive construction timeline. Under Bush, the Department of Homeland Security issued five waiver proclamations. Under Trump, DHS has issued 15 waivers that exempt the contractors from a total of 51 different laws, ranging from the Clean Water Act to the Archeological Resources Protection Act to the Wild Horse and Burro Act.

      “The waivers allow them to bypass a lot of red tape and waive the public input process,” says Kenneth Madsen, a geography professor at Ohio State University at Newark who monitors border wall waivers. “It allows them to avoid getting bogged down in court cases that might slow down their ability to construct border barriers along the nation’s edges.”

      The most important law that CBP is able to sidestep is the National Environmental Policy Act, NEPA—known as the Magna Carta of federal environmental laws. It requires a detailed environmental assessment of any “federal actions significantly affecting the quality of the human environment.” NEPA covers most large federal construction projects, such as dams, bridges, highways, and waterway projects.

      Considering the construction of 450 miles of steel barriers on the nation’s southern boundary, “There is no question that NEPA would require preparation of an environmental impact statement, with significant input from the public, from affected communities, tribal governments, land owners, and land managers throughout the process. And it is outrageous that a project of this magnitude is getting a complete exemption from NEPA and all the other laws,” says Dinah Bear. She served as general counsel for the White House’s Council on Environmental Quality for 24 years under four presidents.

      To some border residents, barriers — regardless how controversial — are the best way to stop illegal activity.

      “I support Donald Trump 100%. If you’re going to build a wall, build it!” declares rancher John Ladd.

      His family has bred cattle in Arizona since it was a territory. Their ranch backs up to the Mexican border near the town of Naco. The surrounding mountains purple at dusk, as a bull and his harem of cows munch gramma grass.

      Time was when the Ladd ranch was overrun by people crossing the border illegally. They stole things and cut fences and left trash in the pastures. Then in 2016, at the end of the Obama years, CBP built a fence, continuing what Bush started.

      Ladd reserves judgment on the propriety of a wall through a federally protected wilderness. But for his ranch, walls worked.

      “When this 18-foot wall went in, it was obvious that immigrants quit coming through here,” he says. “It was an immediate improvement with the security of our border as well as our houses.”

      Other border neighbors feel differently.

      The vast Tohono O’odham Nation — nearly as big as Connecticut — shares 62 miles with Mexico. The tribe vehemently opposes the border wall. Several thousand tribal members live south of the border, and are permitted to pass back and forth using tribal IDs.

      Already, border barriers are encroaching on the reservation from the east and west. While there is currently no funding to wall off the Arizona Tohono O’odham lands from Mexico, tribal members fear CBP could change its mind at any time.

      “We have lived in this area forever,” says Tribal Chairman Ned Norris, Jr. “And so a full-blown 30-foot wall would make it that much difficult for our tribal citizens in Mexico and in the U.S. to be able to actively participate with family gatherings, with ceremonial gatherings.”

      Traditions are important to the Antone family. The father, son and daughter recently joined other tribal members walking westward along State Highway 86, which runs through the reservation. They were on a pilgrimage for St. Francis.

      Genae Antone, 18, stopped to talk about another rite of passage. Young Tohono O’odham men run a roundtrip of 300 miles from the reservation, across the border, to the salt flats at Mexico’s Sea of Cortez.

      “The salt run, for the men, that’s really important for us as Tohono O’odham. For the men to run all the way to the water to get salt,” she said. “Some people go and get seashells. So I don’t really necessarily think it (the border wall) is a good idea.”

      The Antone family — carrying a feathered walking stick, a statue of the virgin, and an American flag — then continued on its pilgrimage.

      https://www.npr.org/2019/10/13/769444262/border-wall-rising-in-arizona-raises-concerns-among-conservationists-native-tri
      #cactus

    • Les murs frontaliers sont une catastrophe écologique

      On les croyait en voie d’extinction, ils se sont multipliés : les murs et autres clôtures aux frontières pour empêcher les migrations humaines ont un impact délétère sur de nombreuses espèces en morcelant leurs habitats naturels. Une raison de plus de s’y opposer, pour ce chroniqueur de gauche britannique.

      C’est au XXIe siècle que convergent les catastrophes humanitaires et environnementales. L’effondrement climatique a contraint des millions de personnes à fuir de chez elles, et des centaines de millions d’autres risquent le même sort. La famine qui dévaste actuellement Madagascar est la première que les Nations unies ont qualifiée de conséquence probable de l’urgence climatique [un lien contesté] ; elle ne sera pas la dernière. De grandes métropoles s’approchent dangereusement de la pénurie d’eau à mesure que les nappes souterraines sont vidées. La pollution de l’air tue 10 millions de personnes par an. Les produits chimiques de synthèse qui se trouvent dans les sols, l’air et l’eau ont des retentissements indicibles sur les écosystèmes et les êtres humains.

      Mais, à l’inverse, les catastrophes humanitaires, ou plus précisément les réactions cruelles et irrationnelles des gouvernements face à ces crises, peuvent aussi déclencher des désastres écologiques. L’exemple le plus frappant est la construction de murs frontaliers.

      En ce moment, avec l’aide de 140 ingénieurs militaires britanniques, la Pologne entame la construction d’une paroi en acier de 5,5 mètres de haut sur 180 kilomètres, le long de sa frontière avec la Biélorussie. L’aide des militaires britanniques facilitera la signature d’un nouveau contrat d’armement entre le Royaume-Uni et la Pologne, d’un montant approximatif de 3 milliards de livres.
      L’illusion de la chute du mur

      Le mur est présenté comme une mesure de “sécurité”. Pourtant, il protège l’Europe non pas d’une menace mais du dénuement absolu de personnes parmi les plus vulnérables du monde, en particulier des réfugiés venus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan qui fuient les persécutions, la torture et les massacres. Ils ont été cruellement exploités par le gouvernement biélorusse, qui s’est servi d’eux comme arme politique. Ils sont maintenant piégés à la frontière en plein hiver, gelés et affamés, sans nulle part où aller.

      À la chute du mur de Berlin, on nous a promis l’avènement d’une nouvelle époque plus libre. Depuis, beaucoup plus de murs ont pourtant été érigés qu’abattus. Depuis 1990, l’Europe a construit des murs frontaliers six fois plus longs que celui de Berlin. À l’échelle mondiale, le nombre de frontières clôturées est passé de 15 à 70 depuis la fin de la guerre froide : il existe actuellement 47 000 kilomètres de frontières matérialisées par des barrières.

      Pour ceux qui sont piégés derrière ces obstacles, la cruauté du capitalisme est difficile à distinguer de la cruauté du communisme.

      (#paywall)
      https://www.courrierinternational.com/article/faune-les-murs-frontaliers-sont-une-catastrophe-ecologique

    • An endangered wolf spent days searching for a mate. The border wall blocked him.

      It is the first time researchers have directly observed how border fences hinder the Mexican gray wolf, which is on the verge of extinction.

      One chilly early morning in November, a wolf roamed southwest of Las Cruces, New Mexico, on the southern border of the U.S. He was probably driven by the call for survival and wanted to mate, researchers say.

      In his search for a mate or for better opportunities, the wolf tried to cross the dangerous Chihuahuan Desert, a region he knows very well because it has been his species’ habitat since time immemorial.

      This time, however, he was unable to cross. The barriers that make up the border wall prevented him from crossing the border into Mexico.

      “For five days he walked from one place to another. It was at least 23 miles of real distance, but as he came and went, he undoubtedly traveled much more than that,” said Michael Robinson, the director of the Center for Biological Diversity, a nonprofit organization that defends and monitors species that are in danger of extinction — like this Mexican gray wolf, whom they called Mr. Goodbar.

      Robinson lives in Silver City, very close to Gila National Forest. He noticed the wolf’s adventures when he was reviewing a map from the U.S. Fish and Wildlife Service that records the locations of the wolves using GPS devices they have on necklaces. It is the first time researchers have directly observed how the border wall hinders the life of the species, which is at risk of extinction.

      “Mr. Goodbar’s Thanksgiving was forlorn, since he was thwarted in romancing a female and hunting together for deer and jackrabbits,” Robinson said. “But beyond one animal’s frustrations, the wall separates wolves in the Southwest from those in Mexico and exacerbates inbreeding in both populations.”

      The dangers of the wall

      The Center for Biological Diversity and other organizations have said the border wall cuts off connections for wildlife in the area. The center has filed multiple lawsuits to stop the construction of barriers between the two countries and protect the populations of gray wolves and other endangered animals.

      The organization announced Dec. 21 that it plans to sue the Department of Homeland Security and Customs and Border Protection for failing to protect ocelots and other species during the construction of border levees along the Rio Grande Valley in Texas.

      “It is hypocritical to use safety as an excuse to repair levees and then ignore federal laws that protect people and wildlife. These alleged repairs are seen more as an excuse to rush the construction of the border wall,” Paulo Lopes, a lawyer for the Center for Biological Diversity, said in a statement.

      The organization said more than 13 miles of levees will be built on the land of the Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge, traversing family farms and other private property in Hidalgo County, Texas.

      Ocelots have been in danger of extinction since 1982, and according to official data, it’s estimated that fewer than 50 of them remain in the U.S., all in South Texas.

      Restoring their habitat, including creating wildlife corridors, is a priority for the Rio Grande Wildlife Refuge, but the levees project — which involves removing vegetation along the river to build a control zone 150 feet wide with new roads for law enforcement agencies, as well as lighting systems, cameras and sensors — threatens the ocelot’s habitat.

      Building a wall on the border between Mexico and the U.S. was one of former President Donald Trump’s main campaign promises, and 450 miles of the project were completed during his presidency. The Biden administration suspended construction work, but Texas’ Republican governor, Greg Abbott, began construction of his own wall on Dec. 20.

      “President Biden should knock down the wall,” Robinson said. “Allowing Mexican gray wolves to roam freely would do right by the sublime Chihuahuan Desert and its lush sky-island mountains. We can’t allow this stark monument to stupidity to slowly strangle a vast ecosystem.”
      Challenges to survival

      By March, the Fish and Wildlife Service had estimated that 186 specimens of the Mexican gray wolf (Canis lupus baileyi) were in the wild, an increase of 14 percent over 2020. The population has increased for five consecutive years. Only 35 of the wolves are in Mexican territory, according to Mexican government data.

      In some ways, the fight to preserve the wolves is a success story, because, from 1915 to 1972, U.S. authorities poisoned and trapped almost all of the wolves in the wild. Three of the last five surviving wolves, captured from 1977 to 1980, were bred in captivity along with the progeny of four previously captured Mexican wolves.

      Because of a lawsuit filed by the center, the descendants of those seven wolves were reintroduced in the Southwestern U.S. in 1998. On the Mexican side, the wolves’ release began in 2011.

      The subspecies is about 5 feet long, usually weighs 50 to 80 pounds and lives in herds of four to nine. Their gray and rust-color fur is abundant. They live from two to eight years, and, despite protective measures, very few die of natural causes.

      Historically, their habitat has been the border: They used to live throughout southwestern Texas, southern New Mexico and southeastern Arizona and as far south as central Mexico. Today they are found only in the Gila ecosystem, in eastern Arizona and western New Mexico, and in the Sierra de San Luis, in northern Mexico.

      Despite the modest but constant growth of its population, activists and experts have made multiple calls to maintain the protections for the species. Mr. Goodbar, who was born at the Sedgwick County Zoo in Kansas and was released in the desert area of ​​Arizona in 2020, is the result of such measures.

      The wolf’s adventurous and exploratory spirit is part of the species’ most basic instincts. It also runs in the family.

      Wolves from Mexico twice entered the U.S. at the beginning of 2017. One crossed through the point where Mr. Goodbar couldn’t make it and then returned to Mexico. Two months later, a female crossed into Arizona, and authorities captured her to appease complaints from people linked to the livestock industry.

      She is Mr. Goodbar’s mother, and she is still in captivity.

      “If the barriers remain on the border, and more are being built, that is going to have an impact on the genetic diversity of the wolves, because it could affect their reproduction. If the wall could be knocked down, at least in some key areas, it has to be done. That will allow for wildlife connectivity,” Robinson said.
      A problem of borders

      Researchers at the Center for Biological Diversity say wolves aren’t the only species threatened by the border wall.

      The telemetry studies of Aaron Flesch, a researcher at the University of Arizona, have found that the mountain owl, a bird in the area, flies at an average height of 4.5 feet, so border fences would also affect it.

      In addition, other animals, such as the cacomixtle, which is similar to a racoon, and the northern fox need to travel through large areas of the Chihuahuan Desert to feed and reproduce, so the barriers are obstacles to their habitats.

      Aislinn Maestas, a public affairs specialist for the Fish and Wildlife Service, said in a statement published in the El Paso Times that it was “speculative” to suggest that a barrier may have affected the wolf’s movements, adding that the wolf has continued to roam widely.

      However, the ecological impacts of border barriers have been widely documented. Roads and farmland isolate wildlife, but nothing else separates some species as effectively as border walls.

      The fence erected between Slovenia and Croatia in 2015 could lead to the gradual extinction of the lynx in the Dinaric Mountains. Carcasses of bears, deer and lynx that died horribly after they got caught on their quills are often found throughout the area.

      The barrier between India and Pakistan has caused the population of the Kashmir markhor (a rare wild goat) to collapse. The world’s longest border fences divide China, Mongolia and Russia, isolating populations of wild donkeys, Mongolian gazelles and other endangered species from the steppes.

      Modern wildlife researchers have warned that even in large protected areas, wildlife species are at risk of extinction if they can’t disperse and mix with populations elsewhere.

      Robinson, the activist, said that only once was he able to see a Mexican gray wolf in the wild. “They are incredible animals and play a key role in balancing nature,” he said.

      After his days trying to cross the border in November, Mr. Goodbar headed north toward Gila National Forest, where most of the Mexican wolves live. The area is very close to where Robinson lives, and he usually hears the powerful howls and sees the footprints the wolves leave on their wanderings across the border.

      “At any moment he will leave again. That is their nature, regardless of the walls that human beings build," Robinson said.

      https://www.nbcnews.com/news/latino/endangered-wolf-spent-days-searching-mate-border-wall-blocked-rcna10769

      #loup

  • Making of the National Parks of the United States poster

    I’ve been overwhelmed by the positive reaction to my National Parks of the United States poster. I want to thank everyone for such kind words. I also want to thank everyone who shared it with others. Several people have asked how I made it so I’ll outline process, list my sources and show a few early prototypes as an extra bonus.


    http://www.c82.net/blog/?id=69

    #parcs_nationaux #USA #Etats-Unis #cartographie #visualisation #cartoexperiment
    signalé par @fil