• Paris sportifs : tous perdants, sauf les opérateurs | Alternatives Economiques
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    Le marché des paris sportifs en ligne a battu des records de croissance en 2021, malgré des dégâts sanitaires et sociaux de plus en plus évidents.

    Par Jérôme Latta

    C’est un secteur qui connaît la crise… au sens où il semble en profiter. Malgré la pandémie et l’arrêt de nombreuses compétitions, le marché des paris sportifs en ligne avait poursuivi en 2020 sa croissance, ininterrompue depuis son ouverture à la concurrence dix ans plus tôt. Et 2021 aura été une année exceptionnelle pour ce marché que se disputent une quinzaine d’opérateurs agréés, presque tous domiciliés à Malte.

    L’an passé, indique le dernier rapport de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), ils ont enregistré 600 000 nouveaux comptes joueurs actifs. Les mises ont bondi de 47,4 % pour atteindre 7,84 milliards d’euros, et le chiffre d’affaires (produit brut des jeux, PBJ) de 44,1 % à hauteur de 1,35 milliard – une progression record. Selon les données agrégées par Christian Kalb, consultant spécialiste du marché, la France pointe désormais à la quatrième place mondiale des paris sportifs, derrière la Chine, les États-Unis et la Turquie.
    Paris sportifs : une croissance ininterrompue depuis l’ouverture à la concurrence
    Montant des mises de paris sportifs en France, en milliards d’euros
    Source : Autorité nationale des jeux

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    Le pic est-il derrière nous ? Peut-être pas encore. Les investissements publicitaires devraient augmenter de 7 % en 2022, estime l’ANJ, accentuant l’omniprésence des bookmakers dans le monde sportif. Impossible, en effet, d’assister à la retransmission d’un match de football sans voir défiler les spots des opérateurs, dont les logos s’affichent aussi sur les maillots et les panneaux de bord de terrain. Depuis une douzaine d’années, ce secteur représente une manne considérable pour les clubs et les ligues professionnelles, mais aussi les médias spécialisés et les diffuseurs.
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    Cible : les hommes jeunes de milieux populaires

    Si tous les voyants économiques sont au vert, l’alerte sur les risques sociaux et sanitaires tourne en revanche au rouge. Les publicités des opérateurs sont la cible de critiques croissantes, et même l’objet de la désapprobation de l’ANJ. Celle-ci a ainsi ordonné à Winamax, le 17 mars, de cesser la diffusion de son spot télé « Tout pour la daronne », au motif qu’il « véhicule le message selon lequel les paris sportifs peuvent contribuer à la réussite sociale, entendue comme une ascension sociale ou un changement de statut social ».

    L’Observatoire des jeux définit le profil-type des parieurs sportifs comme « appartenant à des milieux sociaux modestes, ayant un niveau d’éducation et des revenus inférieurs à ceux des autres joueurs »

    Les ressorts mobilisés par les opérateurs sont assez invariables, et flirtent en effet avec les interdits : promesse de gains faciles, paris présentés comme un adjuvant au spectacle sportif (« No Bet, No Game »1, résume le slogan de Betclic), éloge décomplexé du caractère addictif du pari (« Bascule dans le game » – Betclic encore) et ciblage explicite des jeunes des milieux populaires en mobilisant l’imagerie des cultures urbaines et des « quartiers ».

    Et pour cause : 85 % des parieurs sont des hommes, les 18-24 ans et les 25-34 ans en représentent plus d’un tiers chacun, et 90 % des mises sont faites sur terminal mobile. L’Observatoire des jeux (ODJ) définit le profil-type des parieurs sportifs comme « appartenant à des milieux sociaux modestes, ayant un niveau d’éducation et des revenus inférieurs à ceux des autres joueurs, (…) moins actifs que l’ensemble des joueurs et plus fréquemment chômeurs ». Les risques d’endettement et d’appauvrissement ont par exemple été documentés le Bondy Blog.

    Avec le recours massif aux réseaux sociaux et à leurs influenceurs, « les politiques marketing axées sur le numérique ne sont pas sans risque, d’une part du point de vue de l’exposition des mineurs, d’autre part en raison de leur impact non négligeable sur des publics vulnérables, tels que les jeunes de moins de 25 ans et les joueurs excessifs ou pathologiques », s’inquiète l’ANJ. Une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies estime que quatre jeunes de 17 ans sur dix avaient parié au moins une fois en 2019…
    Un arsenal de techniques de manipulation
    « On a fait parier des gens qui ne devraient pas parier », résume Christian Kalb. L’ODJ ne disait pas autre chose, en 2019, en estimant que deux tiers des mises sur le sport sont le fait de joueurs classés « problématiques » (« jeu à risque modéré » et « jeu excessif »), une proportion très supérieure à celle constatée dans les autres jeux de hasard.

    Cette dimension addictive est clairement encouragée par les opérateurs, dans la mesure où ils créent ce que Christian Kalb appelle des « marchés artificiels » dopés par un recrutement intensif. A cette stratégie s’ajoute un effet de contexte : les confinements auraient accru les phénomènes d’addiction, selon plusieurs études.
    Les joueurs à risque sur-représentés dans les paris sportifs
    Part du chiffre d’affaires des paris sportifs en France attribuable aux joueurs problématiques, en %
    Source : Baromètre de Santé publique France 2019 / Observatoire des jeux

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    « Les jeux d’argent sont devenus la référence en matière d’addiction comportementale fabriquée par l’homme », avance le sociologue Thomas Andrieu dans La Fabrique de l’addiction aux jeux d’argent (éd. du Bord de l’eau, 2021). Pour susciter « un désir de jouer sans s’arrêter, en dépit des pertes qui s’accumulent, et entretenir l’espoir de gain », les designers de jeux ont « développé une expertise dans la manipulation cognitive et comportementale des clients ».

    Des enquêtes de Libération et Mediapart ont établi que certains opérateurs repèrent et écartent les parieurs qui gagnent « trop », quand ceux qui perdent beaucoup reçoivent des freebets

    Le chercheur décrit cet « arsenal de techniques » : ciblage et sur-sollicitation des joueurs problématiques via (notamment) les notifications des applications ; incitation à « surévaluer les gains à faible probabilité ou sous-évaluer les pertes à forte probabilité », en particulier avec les paris combinés, trompeusement plus attractifs ; illusion du « quasi-gain » qui incite le parieur à jouer quand il croit passer près du banco ; mise en avant exclusive des gagnants.

    Ajoutons l’illusion d’avoir prise sur le hasard avec la connaissance d’un sport, mais aussi les bonus offerts à l’inscription, jusqu’à 200 euros. Des enquêtes de Libération et Mediapart ont établi que certains opérateurs repèrent et écartent les parieurs qui gagnent « trop », quand ceux qui perdent beaucoup reçoivent des freebets (sommes offertes pour parier). Dans les paris sportifs, seuls les opérateurs peuvent vraiment gagner.

    En dépit d’un cadre réglementaire très dense, qui soumet les opérateurs à agréments, certifications, homologations et obligations, la bataille de la régulation semble perdue d’avance face au pouvoir de séduction du produit et à la puissance de sa promotion. « Inviter le joueur à modérer sa pratique2ou à se montrer raisonnable n’a pas grand sens si dans le même temps tout est mis en œuvre pour l’inciter à jouer toujours plus », relève Thomas Andrieu.
    Une régulation limitée, un marché essoré ?

    En devenant l’ANJ en 2020, l’ex-Arjel a certes gagné des prérogatives, notamment pour invalider les stratégies de communication et les messages publicitaires, mais l’exemple de Winamax en montre les limites : il a fallu attendre que l’Autorité publie en février ses « lignes directrices » pour qu’elle réexamine la communication des opérateurs et décide d’interdire le spot après huit mois de diffusion.

    Taxant les mises à hauteur de 7,5 %, l’Etat récupère plusieurs dizaines de millions d’euros par an, fléchés pour partie vers l’Agence nationale du sport (de quoi assurer 50 % de son budget)

    L’ANJ est plutôt vertueuse par comparaison avec ses homologues d’autres pays, en raison d’un encadrement règlementaire assez étroit, mais sa défense d’un jeu exclusivement « récréatif » ne va pas sans contradictions. Le positionnement des régulateurs est ambigu quand ils se félicitent implicitement des chiffres de croissance du marché, estime Christian Kalb : « Ils ne devraient gérer que l’offre et la demande, pas les intérêts des opérateurs. Une bonne régulation doit parvenir à un équilibre entre l’offre, la demande et les risques, ce qui n’est pas compatible avec une conception extensive de l’offre. »

    L’État est lui-même dans une position ambivalente. Taxant les mises à hauteur de 7,5 %, il récupère fiscalement plusieurs dizaines de millions d’euros par an, qui sont fléchés pour partie vers l’Agence nationale du sport (de quoi assurer 50 % de son budget), et pour partie vers le budget général. Une manne qu’il est tentant de garder…ou de voir grossir encore.

    Ceci étant, devant l’évidence croissante des effets néfastes, plusieurs Etats européens ont décidé de siffler plusieurs arrêts de jeu. Le sponsoring des maillots de club a ainsi été interdit en Espagne et en Italie, il est discuté au Royaume-Uni où des restrictions existent déjà quant à la diffusion des publicités. En France, on ne s’embarrasse pas encore de tels scrupules : la Ligue du football professionnel en 2020 et la Fédération française de football, l’année suivante, ont conclu un partenariat de sponsoring avec Betclic…

    Faut-il se donc se résoudre à un raz-de-marée définitivement incontrôlable ? Christian Kalb en doute. Pour lui, les opérateurs « ont essoré la demande » et le marché français va subir une contraction dans les années à venir. Mais les exemples venus de l’étranger n’ont pas de quoi rassurer : les clubs de football en quête de sponsors se tournent déjà vers le nouvel « Eldorado » des cryptomonnaies et des NFT, quasiment pas régulé, et qui risque de faire au moins autant de perdants.
    Jérôme Latta

    #paris_sportifs #santé_publique #addiction #economie_numérique

  • L’ascension fulgurante de l’Israélien WebPals stimulée par des escrocs ? Simona Weinglass 19 September 2021
    https://fr.timesofisrael.com/lascension-fulgurante-de-lisraelien-webpals-stimulee-par-des-escro

    Jusqu’à récemment, WebPals était l’une des firmes hi-tech les plus dynamiques d’Israël. Mais des documents qui ont fuité révèlent des liens avec des clients douteux, et pire

    En 2017, la compagnie de marketing numérique WebPals était l’archétype de la réussite israélienne dans le secteur du hi-tech. Cette année-là, l’éminent quotidien économique Globes avait intégré la directrice-générale de Webpals, Inbal Lavi, dans son classement des « 40 jeunes Israéliens les plus prometteurs ».

    Un an plus tard, WebPals avait figuré à la troisième place du classement des entreprises technologiques se développant le plus rapidement en Israël, un classement réalisé par Dun & Bradstreet. La compagnie américaine avait également introduit WebPals dans sa fameuse liste des 100 meilleures firmes hi-tech pour lesquelles travailler au sein de l’État juif.

    WebPals fournissait des avantages – cafés gourmands, massages – et les employés évoquaient avec beaucoup de fierté une culture d’entreprise prenant ouvertement position en faveur de l’égalité sur le lieu de travail et en faveur des droits des femmes.

    En 2019, Lavi s’était enorgueillie des politiques d’embauche basées sur l’égalité mises en œuvre dans sa firme devant la Commission des Nations unies sur le Statut des femmes.
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    Mais des documents du département du Trésor américain, qui ont fuité auprès des médias, indiquent que la croissance et le développement de WebPals ont été aussi soutenus par des entreprises clientes pour le moins douteuses, dont les secteurs d’activité vont du jeu en ligne jusqu’à la pornographie en passant par les escroqueries aux investissements.

    Ces documents – qui sont issus de la fuite des dits « Dossiers de la FinCEN », comme les appellent les médias – révèlent qu’entre le mois d’août 2011 et le mois de décembre 2015, le compte bancaire de la firme a reçu des paiements de plusieurs entreprises spécialisées dans les options binaires, une industrie largement frauduleuse qui est dorénavant hors-la-loi en Israël et qui est fondée sur le principe de la fraude aux investissements. Ce secteur particulier a permis à des escrocs sans vergogne de s’emparer parfois des économies de toute une vie de victimes dans le monde entier.

    Les documents révèlent également qu’une entreprise-parente de WebPals, XLMedia, a été rémunérée par une société-écran opaque, enregistrée à l’étranger, qui aurait gagné de l’argent à partir de sites de rencontre arnaquant les internautes. Ces sites ont ainsi fait l’objet de plaintes sur des sites multiples de défense des consommateurs, les clients déplorant que leurs cartes de crédit aient été débitées sans autorisation préalable. Autre compagnie travaillant avec XLMedia, Pernimus Limited, propriétaire du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison qui aurait été lié à la prostitution.
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    WebPals n’est pas la seule start-up technologique israélienne, au vernis progressiste salué par les médias, à attirer l’attention pour son implication présumée dans des activités frauduleuses ou non-éthiques. Les firmes israéliennes apparaissent ainsi encore et encore dans les milliers de Rapports d’activité suspecte (SARs), qui forment l’essentiel des Dossiers FinCEN.
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    Le 20 septembre 2020, BuzzFeed News, aux côtés du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et de plus de 100 organisations du secteur de l’information dans le monde, avait publié une série de reportages d’investigation sur la base des contenus de 2 500 documents qui avaient fuité de la FinCEN, l’autorité chargée des crimes financiers et de la lutte anti-blanchiment au sein du département du Trésor américain.
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    Diriger le trafic

    Quand Lavi avait rejoint WebPals en 2014, sa compagnie-parente XLMedia avait engrangé des revenus de 50,7 millions de dollars et des bénéfices avant impôt de 13,2 millions de dollars. En 2017, elle avait enregistré des revenus de 137,6 millions de dollars et ses bénéfices avaient été multipliés par trois, atteignant les 39,3 millions de dollars.
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    Toutefois, Lavi sera toujours restée vague concernant la manière dont la firme était parvenue à gagner autant d’argent.
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    Le SAR affirme qu’entre le 30 août 2011 et le 22 décembre 2015, la banque a observé un total de 1 720 virements, pour un total d’environ 82 915 467,91 dollars pour des comptes au nom de XLMedia.

    Parmi ces virements, des transactions provenant d’entreprises israéliennes issues de l’industrie des options binaires et du Forex : Safecap Investments Limited (Markets.com, TopOption.com), Anyoption Holdings Limited (AnyOption.com), Stepbystep Services Limited, Banc de Binary Limited (Banc de Binary, Option.FM), STK Ltd (Stockpair.com) et CST Media Limited (Opteck.com).

    Pendant approximativement la même période, continue le rapport, des comptes bancaires de WebPals ont effectué des transactions avec les entreprises de trading en ligne Algo Trade Limited et iOption Global Group, ainsi qu’avec Global Transaction Services LLC et Global Transaction Services (UK) Ltd — dont le propriétaire, Daniel Andrew Barrs, a été mis en examen au mois de mai 2016 aux États-Unis pour conspiration en vue de commettre une opération de blanchiment d’argent.

    Les transactions bancaires qui sont décrites dans le rapport d’activité suspecte suggèrent que les sociétés WebPals et XLMedia ont été impliquées dans le marketing d’affiliation – qui consiste, pour une entreprise, à confier la promotion de ses produits à une firme qui sera chargée de rediriger l’internaute vers les produits de son client, touchant une commission lorsque la première vente est effectuée.

    Un autre SAR montre qu’en juillet 2016, XLMedia a reçu de l’argent de Bulova Invest, une société enregistrée dans les îles Vierges britanniques qui aurait exploité des sites de rencontre frauduleux où des hommes esseulés devaient payer pour pouvoir s’entretenir avec les femmes inscrites ou pour les voir via webcam. Parmi les sites dont Bulova Invest était propriétaire, bediscreet.com, freesexmatch.com, getanaffair.com, hornyasia.com, saucysingles.com et upforit.com.

    Dans la présentation de 2015, Lavi avait reconnu que la plus grande partie de la clientèle de WebPals était constituée de sites de jeu en ligne et elle avait indiqué que son entreprise redirigeait les clients vers ces derniers par le biais d’un réseau formé de milliers de sites internet d’information, créés et écrits de telle manière à ce qu’ils figurent en très bonne place dans les propositions faites par l’outil de recherche de Google.
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    Ruzica, qui travaille dans l’événementiel en Allemagne, est convaincue qu’elle est tombée dans le monde frauduleux des options binaires au moment où son attention a été attirée par une publicité apparaissant dans le journal qu’elle était en train de lire sur internet.

    « Je ne me souviens plus si j’ai envoyé mon adresse courriel et mes coordonnées. Mais je souviens que j’étais sur le point de subir une opération au genou et que j’étais assise dans le bureau du médecin quand j’ai reçu le premier coup de téléphone », raconte-t-elle au Times of Israel, se rappelant de sa vulnérabilité à ce moment-là.

    Ruzica avait dit à son interlocuteur ne pas être intéressée – mais ce dernier avait insisté. « Il m’a téléphoné en permanence et il m’a dit que si je lui confiais les données de ma carte de crédit, cela ne coûterait que 250 euros et qu’il me donnerait une prime. »

    Ruzica a fini par perdre 80 000 euros, escroquée par Anyoption.com, une firme cliente de WebPals.

    La fraude aux options binaires a prospéré en Israël pendant environ une décennie avant que la Knesset ne rende l’activité illégale en octobre 2017, en très grande partie grâce au travail de journalisme d’investigation mené par le Times of Israel qui avait commencé par un article écrit au mois de mars 2016 et intitulé « Les loups de Tel Aviv : la vaste et immorale arnaque des options binaires dévoilée« .

    A son paroxysme, des centaines d’entreprises s’étaient engagées dans cette escroquerie, employant des milliers d’Israéliens pour escroquer des victimes dans le monde entier à hauteur de milliards de dollars. Les firmes sans scrupules trompaient leurs clients en leur faisant croire qu’elles faisaient des investissements juteux et qu’elles gagnaient de l’argent, les encourageant à augmenter leurs mises – jusqu’à une rupture des contacts avec les investisseurs et la disparition de tout les fonds déposés – ou presque. La vaste majorité des auteurs présumés de ces escroqueries ont depuis lors transféré leurs opérations à l’étranger ou se sont tournés vers d’autres arnaques tout en continuant leurs activités en Israël.
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    A Singapour, une femme de 32 ans s’est donnée la mort après avoir perdu de l’argent sur le site d’options binaires Option.FM, un site qui était exploité par Banc de Binary, une entreprise de l’industrie et cliente de WebPals. Elle avait tenté d’investir pour pouvoir payer les frais induits par le traitement de son mari qui était atteint d’un cancer.
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    « Israël a été un pôle pour de nombreuses compagnies spécialisées dans le jeu en ligne du, comme, par exemple, Party Poker. Même le père du poker en ligne [Isai Scheinberg] est originaire d’Israël », commente Anderson McCutcheon, cadre dans le marketing numérique qui a lui-même commencé dans l’industrie du jeu, auprès du Times of Israel.

    « Le marketing numérique reste le même indépendamment du produit », continue-t-il. « Regardez les pubs pour Booking.com ou pour Airbnb – les compétences nécessaires pour promouvoir un site de jeu en ligne ou celles qui sont nécessaires pour produire des sites plus légitimes sont à peu près les mêmes ».

    Cette industrie s’appuie lourdement sur Google et Facebook, qui permettent aux publicitaires de cibler les clients sur la base de leurs recherches passées ou de leurs habitudes d’achat. Et la liste des personnes qui ont acheté un produit donné dans le passé permet à Google et Facebook d’identifier de nouveaux clients dont le comportement est similaire.

    « Une fois que vous avez une bonne base d’audience, vous êtes en mesure d’identifier des personnes dont le modèle de comportement est le même et de leur présenter un produit qui, vous le savez, leur plaira. C’est approximativement la même chose avec Google. Google vous autorise à importer des adresses puis à cibler les gens appartenant à un groupe spécifique », explique-t-il.

    C’est ainsi, en fait, que les firmes d’options binaires sont largement parvenues à trouver leurs victimes – dont certaines qui ont perdu leurs économies de toute une vie – avant que Facebook n’interdise les publicités pour les options binaires en janvier 2018. Google, pour sa part, a suivi l’exemple de Facebook et les a interdites au mois de mars 2018.

    Selon l’avocat spécialiste en droit du travail et sociologue Nathan Newman, si la publicité ciblée peut aider des entreprises légitimes à trouver des clients, elle reste très attirante pour les firmes illégales ou manquant d’éthique qui peuvent amasser des profits considérables grâce aux liens susceptibles de se développer avec les clients qui seront particulièrement réceptifs au produit qu’elles proposent.
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    Investissements d’un oligarque
    Le Rapport d’activité suspecte de la Barclays ne révèle pas seulement le nom des partenaires commerciaux de WebPals mais aussi l’identité de ceux qui ont empoché les profits. Ainsi, selon le document, une entreprise des îles Caïmans appelée Israeli VC Partners LP a fait un virement d’un montant de 14 999 980 dollars à Webpals Marketing Systems Ltd.

    Au mois de décembre 2013, la compagnie Israeli VC Partners LP avait acheté une part de 18 % dans XLMedia pour la somme de 15 000 000 dollars, selon un document transmis par XLMedia avant son introduction sur le Marché des investissements alternatifs (AIM) de Londres, au mois de mars 2014.

    Selon le document d’admission de l’AIM, le propriétaire d’Israeli VC Partners LP est Viktor Vekselberg, un milliardaire russe. Après l’IPO, ce dernier était resté le deuxième plus important actionnaire de la firme. Il aurait vendu ses parts en 2017. Mais au moment de l’entrée en bourse, les autres actionnaires de l’entreprise étaient notamment l’homme d’affaires Zvika Barenboim et l’investisseur de 888.com, Shai Ben-Itzhak.

    A l’époque des investissements de Vekselberg dans XLMedia, l’homme était surtout connu pour être l’une des plus grandes fortunes de la Russie et un allié proche du président Vladimir Poutine sur les questions juives (le père de Vekselberg était Juif). Il avait pris le parti de la Russie lors du conflit avec l’aile américaine du mouvement Habad concernant les écrits de feu le rabbin loubavitch, et il avait aidé à financer le Musée juif et centre de la tolérance de Moscou.

    Au mois d’avril 2018, Vekselberg avait été sanctionné par le département américain du Trésor, avec 23 autres ressortissants russes, pour « des activités néfastes dans le monde entier – avec notamment l’occupation continue de la Crimée et l’instigation de violences à l’Est de l’Ukraine, la livraison de matériaux et d’armes au régime d’Assad, qui bombarde ses propres civils ; des tentatives de subversion des démocraties occidentales et des cyber-activités pernicieuses », avait déclaré le secrétaire au Trésor de l’époque, Steven Mnuchin.
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    Le pari sportif, une planche de salut ?
    Les revenus de XLMedia avaient plongé en 2020, à 54,8 millions de dollars – contre 117,9 millions de dollars en 2018 après la rétrogradation, par Google, des sites de casino dans ses classements de recherche au début de l’année. Autre facteur qui, selon la compagnie, avait contribué à cette chute de revenus : Un déclin des paris en ligne en raison de l’annulation des événements sportifs pour cause de pandémie de coronavirus.

    Mais une décision prise en 2018 par la Cour suprême américaine, renversant les interdictions fédérales des paris sportifs, pourrait bien changer la donne pour l’entreprise. Les critiques de cette décision prise par la plus haute instance judiciaire américaines craignent qu’elle n’encourage l’addiction, y compris chez les jeunes, ainsi que l’entrée « d’acteurs malveillants » dans l’industrie. Toutefois, depuis le jugement de la Cour suprême, l’industrie des paris sportifs connaît une croissance sortant de l’ordinaire. Une croissance qui représente une nouvelle opportunité pour, entre autres, XLMedia et Webpals.

    « XLMedia a identifié l’Amérique du nord comme un marché-cible déterminant… La compagnie va chercher à… augmenter ses investissements sur le marché croissant des sports américains par le biais de partenariats et d’acquisitions », a noté un communiqué de presse émis en date du 10 décembre 2020.
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    qui va vous prendre votre argent. Pour notre part, nous choisissons de travailler avec des clients dont l’entreprise a intégré la Bourse de Londres, dont les actions sont échangées à la Bourse suédoise : des clients qui ont une bonne réputation et qui ont le sens de la responsabilité ».

    #escroquerie #hi-tech aux #investissements #fraude #paris_sportifs #options_binaires

  • Des footballeurs sont soupçonnés d’avoir parié sur leur défaite en Coupe de #France
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200217/des-footballeurs-sont-soupconnes-d-avoir-parie-sur-leur-defaite-en-coupe-d

    Peu d’amateurs de football auraient parié sur le fait que le match entre #Viry-Châtillon et #Le_Poiré-sur-Vie entrerait dans l’histoire de la #Coupe_de_France. Une enquête préliminaire a pourtant été ouverte : des joueurs de Viry sont soupçonnés d’avoir parié sur leur propre défaite.

    #Arjel #Corruption #jeux_en_ligne #paris_sportifs