Procès des tags de mains rouges sur le Mémorial de la Shoah : jusqu’à quatre ans de prison requis contre les prévenus bulgares
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Wir Kellerkinder
▻https://www.youtube.com/watch?v=Wez6uIsndRo
En 1960 dans son film Wir Kellerkinder Wolfgang Neuss discute pourquoi son personnage principal dessine une croix gammée sur la fenêtre du bar de son père, un ancien nazi.
Dans le film c’est initialement une commande payée par une équipe de télévision qui doit fournir une séquence filmée montrant des jeunes qui dessinent le symbole nazi. C’est pour illustrer le discours d’un ministre qui veut alerter contre le danger nazi toujours d’actualité. Pourchassés par la police les malfaiteurs se cachent dans le club de jazz de Neuss situé au sous-sol (d’où le titre du film) où il raconte ses raisons personnelles pourquoi il a peint la croix gammée sur la vitrine du bar de son pêre.
Quinze ans après la fin du régime nazi Wir Kellerkinder est une parodie hilarante de l’hypocrisie des Allemands de l’Ouest et de l’Est par rapport à leur passé immédiat de crimes de guerre et de génocide.
On n’aurait jamais cru que le scénario du film soit répété 65 ans plus tard à Paris par quelques Bulgares écervelés. La procureure française en rajoute à l’histoire déjà assez absurde et la transforme effectivement en Théâtre de la cruauté extrémiste réalisé comme coproduction européene. Pour une fois la farce précède la tragi-comédie, pour reprendre la phrase de Marx. (un juif) sur Hegel (un Prussien).
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30.10.2025 de Linh-Lan Dao, Mathilde Texier - Lors de la deuxième journée d’audience, jeudi, la procureure a énoncé ses réquisitions contre quatre Bulgares impliqués dans ces dégradations commises à Paris en mai 2024. Le caractère antisémite ou non de leur action a été au cœur des débats.
« Ce dossier n’est pas le dossier d’un tag sur un mur. C’est bien plus que cela. » Au terme du deuxième jour de procès des « mains rouges », jeudi 30 octobre, la procureure de la République Camille Poch a requis des peines allant de deux à quatre ans d’emprisonnement, assorties d’une interdiction définitive de territoire français, pour les quatre Bulgares soupçonnés d’avoir dégradé le Mémorial de la Shoah, ainsi que plusieurs murs du 4e et 5e arrondissement de Paris, en mai 2024.
Le parquet a requis une peine de quatre ans d’emprisonnement contre Nikolay I. et Mircho A., qu’il considère comme les « principaux organisateurs » de l’opération. La procureure a demandé le maintien en détention du premier, absent lors des dégradations mais décrit comme le « logisticien » du groupe, et un mandat d’arrêt pour le second, désigné à la fois comme l’"exécutant principal" de l’opération et le « recruteur », mais toujours en fuite et jugé en son absence. Contre Georgi F. et Kiril M., hommes de main de l’opération, Camille Poch a requis deux ans d’emprisonnement, assortis d’un maintien en détention.
Lors de ses réquisitions, la procureure a invité le tribunal à mesurer l’impact de cette « opération de manipulation à des fins hostiles ». « Ce qui compte, ce n’est pas la pierre qu’on jette dans l’eau. Ce sont les ondes qui vont apparaître à la surface », a-t-elle souligné. Camille Poch a évoqué « un raid assez organisé en amont pour assurer la plus grande visibilité possible de leur action », sur laquelle plane l’ombre d’une tentative de déstabilisation orchestrée depuis la Russie.
« Nous avons des ’amis’ qui essaient de réécrire ce qui se passe en France, nous avons une fake news de chair et d’os qui prend littéralement vie », a-t-elle déploré au sujet des trois prévenus présents à l’audience, qui s’étaient présentés la veille comme manipulés par leur ami Mircho A. et inconscients de la portée politique des tags au cœur de l’affaire. Sur les faits survenus la nuit du 13 au 14 mai 2024, « la cohérence entre le symbole [des mains rouges], et le lieu [le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah] rend impossible la conjoncture, le caractère fortuit de cette rencontre-là. Ce n’est pas possible », tranche Camille Poch. « Ils ne sont pas venus à Paris parce qu’ils ont vu de la lumière », a-t-elle estimé. « L’attitude des prévenus sur les vidéos de vidéosurveillance montre une équipe déployée, à l’allure déterminée, qui va commettre un délit, pas qui sort d’un bar. »
Après avoir déroulé les circonstances d’une opération « au niveau de préparation élevé », la procureure s’est attardée sur le profil des différents mis en cause, dont Georgi F., coauteur des tags. Celui-ci « n’est pas un nazi à la retraite », a-t-elle estimé.
« Je dis qu’il est difficile, voire inaudible de dire qu’on a tagué, ivre, sans vérifier, le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah, alors que l’on porte soi-même, sur une photo, un T-shirt disant qu’Hitler avait raison ».
Camille Bloch, procureure de la République au tribunal correctionnel de Paris
Camille Poch a ainsi plaidé pour la prise en compte des deux circonstances aggravantes des dégradations, liée à leur commission en réunion et à leur caractère antisémite. L’ingérence étrangère et l’antisémitisme sont « deux faces d’un même dossier », a estimé la procureure, évoquant « presque un antisémitisme d’opportunisme » accompagné d’une « recherche de fracturation de la société française », sur fonds de débats sur la guerre dans la bande de Gaza et de résurgence des actes antisémites. Elle a insisté auprès du tribunal sur l’importance de ce procès, dans un contexte marqué par d’autres campagnes de déstabilisation orchestrées depuis l’étranger : « Votre décision, c’est la première, un jalon absolument essentiel pour la suite. »
Lors de leurs plaidoiries, les parties civiles se sont employées à démontrer le caractère antisémite des dégradations de mai 2024, revenant notamment sur la signification des mains rouges, symbole lié au lynchage de deux réservistes israéliens à Ramallah (Cisjordanie) en 2000. Le tag de ces mains sur le Mémorial de la Shoah est « ni plus ni moins qu’un appel au meurtre » visant les Juifs de France, a dénoncé Jacques Fredj, directeur du monument, venu assister au procès. « Avec une façade de 14 mètres de haut, une étoile de David de deux mètres de haut sur deux mètres, (...) personne ne peut croire que cette triste épopée se soit retrouvée là par hasard » a estimé David Père, avocat du Mémorial de la Shoah.
Un an plus tard, le lieu faisait l’objet d’une nouvelle dégradation, cette fois-ci à la peinture verte, toujours sur fond de soupçon d’ingérence russe. « Il n’a jamais fait de doute pour nous que (...) l’antisémitisme était la motivation principale des quatre mis en cause » a déclaré de son côté Galina Elbaz, avocate de la Licra. « L’ingérence n’excuse pas l’antisémitisme de ce dossier. Elle n’excuse pas, elle instrumentalise. »
De son côté, la défense a insisté sur la perspective de « l’argent facile » représentée par l’opération. Georgi F. « est une circonstance aggravante à lui seul », concède son avocat Martin Vettes, en référence aux tatouages néonazis du prévenu bulgare. Il a toutefois démenti le caractère antisémite des motivations de son client, le présentant comme un père de famille souhaitant régler ses arriérés de pension alimentaire. L’intéressé avait évoqué, à l’audience, des problèmes de santé l’ayant empêché de travailler pendant six mois. Selon son conseil, Georgi F. n’a pas été recruté par Mircho A., son ami de longue date, en raison de leurs affinités politiques – ils se sont rencontrés dans les milieux ultranationalistes bulgares – mais pour profiter de sa vulnérabilité.
Rappelant l’implication du prévenu dans une autre affaire d’ingérence, celle de cercueils portant la mention « soldats français de l’Ukraine » déposés sous la Tour Eiffel, seulement un mois après les faits jugés, l’avocat de Georgi F. l’a présentée comme la « double preuve » de motivations financières et non politiques.
« S’il avait été motivé par l’idéologie, il aurait fait le choix de ne s’en prendre qu’aux Juifs ou aux autres populations visées par les néonazis »
Martin Vettes, avocat de Georgi F.au tribunal correctionnel de Paris
L’avocat a achevé sa plaidoirie en appelant le tribunal à faire abstraction du lourd contexte politique qui entoure l’affaire : « Si vous écartez la circonstance aggravante de l’antisémitisme, vous allez en prendre plein la tête. Mais votre devoir de juge, c’est d’écarter l’opinion publique et de juger les faits tels qu’ils sont », a-t-il conclu. Les plaidoiries de la défense doivent se poursuivre vendredi.
C’est un sacre branle-bas cette histoire car aucune des personnes impliquées a l’expérience de l’hecatombe, des cadavres qui s’entassent à côté du bout de terre où tu poses ta tête pour dormir. Neuss fait partie de la lost generation qui a vécu sa jeunesse entre 16 et 21 ans sous les bombes et dans les tranchées, obligé de risquer sa vie pour des idéaux qui se sont révélés comme mensonges criminels après la défaite.
Il nous a enseigné qu’il y a une différence entre les crimes de guerre, le génocide et les symboles qu’on doit prendre pour ce qu’ils sont, des symboles, seulement des symboles qui ne somt jamais ce que nous croyons qu’ils représentent.
Wolfgang Neuss
►https://de.wikipedia.org/wiki/Wolfgang_Neuss
Humour des tranchées, à propos du vol du Challenger le 28 janvier 1986 :
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/STS-51-L
»Die nächste Challenger wird ohne Sitze gebaut. Die paar Minuten können sie auch stehen.«
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