• Les communistes arabes et la lutte contre le fascisme et le nazisme | Aggiornamento hist-geo
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    Dès l’entrée en scène du fascisme, puis du nazisme, en Europe, les partis communistes des pays arabes prirent une position nette vis-à-vis d’eux, mettant en garde contre leurs ambitions et leurs politiques agressives. Cette prise de position plaça les communistes arabes à contre-courant de certains secteurs de l’opinion publique arabe, influencés par la propagande du fascisme et du nazisme et qui voyaient dans l’Italie et l’Allemagne des alliés potentiels dans leur lutte contre la Grande-Bretagne et la France, puissances coloniales dans la majorité des pays arabes.

    C’est peu dire que cette Historie est mal connue. Quant à imaginer qu’il y avait encore, il y a moins d’un demi-siècle, pléthore de puissants mouvements communistes dans le monde arabe, on a du mal à le faire...

    • C’est loin, mais il en reste des traces. Je connais certaine librairie d’Amman où on trouve les œuvres complètes de Lénine, édition des années 60. Dans la Jordanie d’aujourd’hui, ces livres sont des objets si incongrus. Et tout est devenu si compliqué qu’on se demande par quel bout on reprendrait les choses, si on en avait la possibilité.

      Et dire aussi que la dernière guérilla communiste dans le « tiers monde » (on disait comme ça à l’époque), ça se passe... dans le Golfe, en Oman, avec le front de libération des pays du Golfe, jusqu’en 1975 - le sujet du roman de Sonallah Ibrahim, Warda, et d’un livre récent « Monsoon revolution » de Abdelrazzaq Taqriti. Espérons que cela reviendra, dès qu’on en aura fini avec ce que vous nommez si justement cette catastrophe arabe.

    • Solidarité avec l’URSS et lutte universelle contre le nazisme

      A la suite de la signature, par les démocraties occidentales, du traité de Munich avec l’Allemagne, fin septembre 1938, le pouvoir soviétique, redoutant de voir les troupes germaniques envahir son territoire, donna son accord, le 23 août 1939, pour signer un traité de non agression avec l’Allemagne nazie. En dépit de l’embarras que cette décision soudaine de l’URSS provoqua dans les rangs des communistes arabes, ils n’en ont pas moins soutenu cette dernière, dans la conviction qu’il fallait à tout prix soutenir l’« État socialiste unique ».

      L’agression allemande contre l’URSS, en juin 1941, a conduit toutefois les communistes du monde, dont les communistes arabes, à considérer le soutien de l’URSS comme une tâche primordiale. C’est alors que les communistes arabes se sont mis à organiser des campagnes de solidarité avec les peuples soviétiques et à créer des comités, ad hoc, pour les assister.

      à propos de la note : [2] Ercoli [Palmiro Togliatti], « Les tâches de l’Internationale Communiste en liaison avec les préparatifs d’une nouvelle guerre mondiale par les impérialistes », in Résolutions et décisions du VIIème congrès de l’Internationale Communiste, Paris, Bureau d’éditions, s.d., p. 24-32.
      Palmiro TOGLIATTI écrit des textes de propagande sous le nom de plume d’Ercole Ercoli jusqu’en 1926, époque où le régime fasciste l’expulse du pays. En exil à Moscou, il participe aux activités du #Komintern et coordonne l’action clandestine du #Parti_communiste_italien. En août 1936, il signe avec tout le comité central du PCI émigré en France,
      l’« #Appel_aux_fascistes »
      Titre original : Per la salvezza dell’Italia riconciliazone del popolo italiano (publié par Lo Stato Operaio, Aout 1936, n°8, Paris revue du PCI) , qui proclame entre autres :

      « Les communistes adoptent le programme fasciste de 1919, qui est un programme de paix, de liberté, de défense des intérêts des travailleurs. (...) Nous proclamons que nous sommes prêts à combattre avec vous et tout le peuple italien pour la réalisation du programme fasciste. (...)
      Nous devons unir la classe ouvrière et faire autour d’elle l’unité du peuple et marcher unis, comme des frères. Donnons-nous la main, fascistes et communistes, catholiques et socialistes, hommes de toutes les opinions. Donnons-nous la main et marchons l’un à côté de l’autre pour arracher le droit à être des citoyens d’un peuple civilisé comme le nôtre. »

      Ce texte, daté d’août 1936,a été écrit par Palmiro TOGLIATTI, secrétaire général du parti communiste italien, et signé par le comité central au complet ainsi que par des dizaines de dirigeants du parti.
      Ce document qui est à la fois étonnant et significatif a été soustrait furtivement au jugement des communistes et des révolutionnaires : il n’a jamais été republier intégralement et il n’est que très rarement mentionné par les historiens.
      On ne peut s’empêcher d’éprouver un profond malaise à la lecture de cet appel qui suscite toujours une vive inquiétude quatre-vingts ans après sa rédaction, non seulement par ce qui est dit littéralement, mais surtout par la « tactique » utilisée par le parti communiste.
      Celle-ci, qui consiste en une alliance conjoncturelle avec les forces les plus réactionnaires du moment, s’intègre en fait dans un système plus complexe de compromission, de manipulation et de collaboration de classe contribuant à l’élaboration du #totalitarisme.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Palmiro_Togliatti
      http://cgecaf.com/mot173.html
      http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fcgecaf.com%2Farticle1846.html

      #Palmiro_TOGLIATTI naît à Gènes, le 26 mai 1893. Rédacteur aux côté de #Gramsci du journal « L’ORDINE NUOVO », dans les années vingt, il est l’un des fondateurs du parti communiste italien ; il en sera même l’un de ses plus haut dirigeants jusqu’à sa mort. Pendant la #période_fasciste, il a de très nombreuses responsabilités au sein de l’internationale communiste ou il sera l’interprète fidèle et zélé des directives de Moscou. En 1937, il est envoyé en Espagne par le Komintern pour « renforcer » l’activité du #parti_communiste_espagnol dont il deviendra ¬ en coulisse ¬ le secrétaire. Après la seconde guerre mondiale, durant laquelle il séjourne en URSS, il revient en Italie pour reprendre aussitôt la direction du parti communiste italien (PCI).
      En 1946, il est ministre de la justice ; il marquera cette période par un décret d’amnistie « d’une très grande générosité » envers tous les fascistes. Il accueille très tièdement le « revirement » du XXͤ congrès du PCUS ; Il meurt à Yalta, le 21 aout 1964.