• Quand quantifier sert d’abord à qualifier : Le cas de la data-visualisation « Allô Place Beauvau ? C’est pour un bilan (provisoire) », par Rayya Roumanos
    https://www.unilim.fr/interfaces-numeriques/index.php?id=4420

    Surcharge visuelle d’un côté, économie de mots de l’autre, « Allô Place Beauvau ? C’est pour un bilan (provisoire) », le projet de data-journalisme publié par Mediapart en 2019, interpelle à plus d’un titre. D’abord, par sa construction graphique qui favorise l’exploration dézoomée des données au détriment d’une inspection élémentaire. Ensuite, par l’effacement apparent de la parole du journaliste derrière une production visuelle qui engage les récepteurs à évaluer de manière autonome les incidents rapportés. Or, loin de proposer une lecture « ouverte » des faits, pourtant induite par l’approche statistique de la réalité et par le dispositif interactif mis en place par les concepteurs du projet, la data-visualisation fonctionne sur le régime de la confirmation plutôt que celui de la découverte. La navigation libre se retrouve, en réalité, corsetée par un horizon explicatif qui puise sa légitimité aussi bien dans le discours d’autorité journalistique qui le sous-tend que dans l’apparente #objectivité d’une visualisation multiscalaire et chiffrée.

    Analyse critique de Allô place Beauvau de @davduf et al. par une chercheuse en communication de l’université de Bordeaux.

    • Ici, les images et les données chiffrées prennent le dessus sur les mots, et les faits triomphent sur le commentaire. De ce fait, le souci de quantification tend à placer le projet dans le giron d’une écriture plus scientifique que journalistique où les données chiffrées, supposément neutres, donnent à voir le réel tel qu’il est. Or, cette approche reste inaboutie.

      C’est curieux comme le biais d’un conformisme journalistique dans lequel inscrire sa critique mène à la cécité du processus et de sa créativité.