• Plus exposés mais aussi plus fragiles, les jeunes enfants des ménages modestes sont les plus affectés par la #pollution_de_l’air

    La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les inégalités de santé chez les jeunes enfants en lien avec la pollution de l’air. Au-delà des différences d’exposition, qui sont en défaveur à la fois des jeunes enfants des ménages les plus aisés et des ménages les plus modestes, il existe de fortes disparités de vulnérabilité vis-à-vis de la pollution de l’air. 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets observables lors d’une augmentation de l’exposition à la pollution de l’air avant leur premier anniversaire, via le recours aux soins en lien avec certaines pathologies respiratoires. Plus souvent dans un moins bon état de santé à la naissance, ils ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé.

    L’exposition à la pollution de l’air est plus élevée chez les enfants les plus aisés et les plus modestes

    En France métropolitaine, ce sont les jeunes enfants vivant dans les ménages les plus aisés et dans les ménages les plus modestes qui sont les plus exposés à la pollution de l’air due aux particules fines de moins de 2,5 micromètres. D’une part, la pollution atmosphérique se concentre dans les villes, où les plus aisés résident plus souvent. D’autre part, les moins aisés vivent plus souvent, au sein des aires d’attraction des villes, dans les communes les plus polluées : au sein de ces espaces, ce sont les enfants des ménages les plus modestes qui sont les plus exposés du fait de leur localisation (graphique).

    Les enfants modestes, plus fragiles à la naissance et plus souvent hospitalisés en urgence pour asthme et bronchiolite

    Alors que les enfants nés prématurément représentent 9,1 % des naissances parmi les 10 % les plus modestes de la cohorte étudiée, ils représentent 6,1 % des enfants parmi les 10 % les plus aisés. Ainsi, les enfants les plus modestes ont un risque 1,5 fois plus élevé de naître prématurément que les plus aisés. En outre, parmi les enfants nés à terme, les plus modestes nécessitent en moyenne plus de soins lors de leur séjour de naissance. Avant leur troisième anniversaire, 1,4% des enfants sont admis à l’hôpital en urgence pour asthme sur la période étudiée (2008-2017). Cela représente environ 11 000 enfants nés chaque année qui sont touchés avant leur trois ans. En ce qui concerne les enfants les plus modestes, ils sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour asthme avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, soit un risque multiplié par 1,6. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite avant le deuxième anniversaire, qui concernent 3,6 % des enfants soit de l’ordre de 28 000 enfants nés chaque année, les différences sont encore plus marquées, avec un risque doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés (graphique). En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés. En l’absence de mesure directe de l’état de santé respiratoire, la consommation des médicaments contre l’asthme peut être interprétée à la fois comme le marqueur d’une pathologie respiratoire, aiguë ou chronique, mais également comme un indicateur de la qualité de sa prise en charge, puisqu’il existe des différences d’accès, de recours et d’observance des traitements.

    Des recours aux soins respiratoires plus fréquents chez les enfants surexposés à la pollution dans leur première année de vie

    La simple comparaison d’enfants plus exposés à la pollution de l’air que les autres de par leur lieu de vie sur des données observationnelles ne permet d’établir qu’une coïncidence entre cette exposition en moyenne sur l’année et le fait d’être traité pour soins respiratoires. Afin de pouvoir donner une interprétation causale aux estimations de l’effet d’une surexposition à la pollution atmosphérique, deux groupes de jeunes enfants sont ici comparés, un groupe « surexposé » et l’autre « sous-exposé » (l’appartenance à chaque groupe n’étant pas déterminé de façon univoque par le lieu de vie). L’assignation des enfants au groupe « fortement exposé » repose sur leur exposition dans leur première année de vie à un nombre plus important de jours avec une inversion thermique qu’habituellement dans leur commune de résidence, phénomène météorologique ayant pour conséquence l’accumulation des polluants atmosphériques, notamment, mais pas seulement, les PM2,5 et donc par une sur-exposition à la pollution de l’air de ces enfants « fortement exposés » (voir précaution méthodologique).

    Sur la période 2008-2017, environ 28 000 enfants de chaque génération sont hospitalisés pour bronchiolite avant leurs deux ans et 11 000 pour asthme avant leurs trois ans. Si l’on pouvait diminuer l’exposition moyenne annuelle aux principaux polluants atmosphérique d’environ 1 % sur la première année de vie, ce qui revient à préserver les enfants de moins de un an d’une quinzaine de jours d’augmentation ponctuelle importante de leur exposition à ces polluants, alors de l’ordre de 2 000 cas hospitalisés de bronchiolites, 1 800 cas hospitalisés d’asthmes et 6 100 prises en charge d’enfants avec des délivrances de médicaments anti-asthmatiques seraient évités.
    Les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air font plus souvent partie des plus modestes

    La vulnérabilité à la pollution de l’air est vraisemblablement variable d’un enfant à l’autre, ce qu’occultent ces comparaisons globales. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite et la délivrance de médicaments contre l’asthme, les effets importants, détectables statistiquement, seraient concentrés dans un groupe représentant 10 % des enfants, le groupe des enfants les plus affectés par la pollution de l’air. Que ce soit en termes d’hospitalisations en urgence pour bronchiolite ou de délivrance de médicaments anti-asthmatiques, les enfants les 10 % les plus affectés présentent plus souvent un état de santé défavorable à la naissance et font également plus souvent partie des plus modestes. Pour ce qui est des hospitalisations pour bronchiolite, ces disparités sont particulièrement marquées : les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air dans leur première année sont avant tout des enfants dont l’état de santé à la naissance est moins favorable : 18,7 % sont nés prématurément, contre 5,9 % parmi les 50 % les moins affectés. Ces enfants appartiennent aussi 1,9 fois plus souvent au dixième de niveau de vie le plus modeste, qui représente 17,4 % des enfants les plus affectés.

    https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/plus-exposes-mais-aussi-plus-fragiles-les

    #pollution #pauvreté #air #France #enfants #enfance #inégalités #statistiques #chiffres #santé #inégalités_de_santé #vulnérabilité #pathologies_respiratoires #asthme #bronchiolite #hospitalisation

    • Pollution de l’air : la double peine pour les enfants de familles pauvres

      Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques publié jeudi 4 janvier alerte sur les effets de la pollution de l’air sur les enfants. Ceux des familles les plus modestes sont les premières victimes des particules fines.

      LeLe titre de la publication est éloquent. « Plus exposés à la pollution de l’air, les jeunes enfants des ménages modestes, plus fragiles, sont les plus affectés », annonce la dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue le 4 janvier. Le département des études du ministère de la santé met en évidence de « fortes disparités de vulnérabilité » vis-à-vis de la pollution de l’air.

      L’étude se concentre sur les particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre, dites PM2,5. Celles-ci peuvent être émises directement dans l’air par l’industrie, les transports routiers ou par des sources naturelles comme les feux de forêt. 40 000 décès prématurés par an leur sont imputables, a établi Santé publique France. Sans compter les très nombreuses personnes atteintes de pathologies liées à ces contaminations de l’air.

      En cas de hausse de la pollution, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires observables « avant leur premier anniversaire », notamment par des consultations médicales, en lien avec certaines pathologies respiratoires. Parmi eux, les enfants issus des milieux les plus modestes sont davantage représentés.

      La Drees précise que les jeunes enfants des ménages les plus modestes et ceux des ménages les plus aisés résident dans les grandes aires urbaines en France métropolitaine, précisément là où l’air est le plus pollué. Les plus modestes vivent souvent dans les communes les plus polluées. « 10 % des enfants les plus modestes ont, l’année de leur naissance, une exposition moyenne aux particules fines supérieure de 0,5 microgramme par mètre cube à celle des 10 % d’enfants les plus aisés. »

      Cette étude et ses conclusions précises s’inscrivent dans le sillage d’autres publications et confirment l’ampleur du problème. En 2021, un rapport conjoint du Réseau Action Climat (RAC) et de l’Unicef était consacré au sujet. On pouvait y lire que « les inégalités environnementales entre les enfants commencent dès la conception en période in utero, se cumulent et persistent à la naissance puis pendant l’enfance ».

      Séverine Deguen est chercheuse indépendante sur la question des inégalités environnementales et l’une des autrices du rapport du RAC et de l’Unicef. Elle se réjouit aujourd’hui que ce sujet fasse l’objet d’études spécifiques de la part du ministère de la santé et aimerait que la pollution de l’air soit considérée comme un vrai problème de santé publique.

      La chercheuse n’est pas surprise des conclusions de l’étude et rappelle que les enfants de milieux modestes subissent ce qu’elle nomme « une double peine ». Ils doivent affronter la pauvreté de leurs familles et toutes ses conséquences de privations matérielles, et de surcroît subir des problèmes de santé résultants de leur exposition accrue à la pollution de l’air.

      Et eux n’ont pas d’échappatoire, contrairement aux foyers les plus riches. « Les personnes aisées ont des conditions de vie qui font que leur travail ne les expose pas davantage à des nuisances environnementales. Et elles peuvent y échapper, par exemple partir davantage en vacances », développe-t-elle.

      Les inégalités s’observent en réalité dès la naissance. Les nourrissons dont les parents sont pauvres commencent leur vie en moins bonne santé, sans lien direct avec la pollution, que ceux des milieux favorisés. Ces enfants ont aussi par exemple plus de chance de naître prématurément, ce qui les fragilise davantage face à ces maladies.
      Hospitalisations plus nombreuses

      Ce qui est confirmé par les chiffres des hospitalisations consécutives à des problèmes respiratoires. Chaque année, 11 000 enfants de moins de 3 ans sont hospitalisés pour de l’asthme. Ceux issus des foyers les plus pauvres sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour cette pathologie respiratoire avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, « soit un risque multiplié par 1,6 », précise la Drees.

      28 000 enfants de moins de 2 ans sont hospitalisés pour bronchiolite. Là, le risque d’être hospitalisé en urgence avant le deuxième anniversaire est « doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés ».

      Les enfants de foyers modestes sont aussi vulnérables à la pollution de l’air du fait de certains logements, ajoute la chercheuse. La précarité énergétique subie par certaines familles les conduit à vivre avec de l’humidité ou des moisissures sur les murs et une moindre qualité de l’air intérieur.

      « Souvent, les enfants souffrent davantage d’asthme, de bronchites et d’allergies, souligne Séverine Deguen. En général, ces problèmes restent circonscrits au lieu de vie mais vont venir complètement exploser à la moindre exposition supplémentaire à la pollution de l’air. »

      Réduire la précarité énergétique en rénovant les logements concernés reste un levier efficace et concret, défend encore la chercheuse, pour aplanir ces inégalités de santé et environnementales. Pour la Drees, la réduction de 1 % de l’exposition des enfants à la pollution de l’air pourrait éviter jusqu’à 2 000 cas de bronchiolites et 1 800 cas d’asthme nécessitant une hospitalisation.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050124/pollution-de-l-air-la-double-peine-pour-les-enfants-de-familles-pauvres

    • Les enfants pauvres, premiers à souffrir de la pollution de l’air

      Le ministère de la Santé a publié jeudi 4 janvier une étude révélant les inégalités environnementales qui frappent les enfants les plus modestes en France. Ces derniers sont les plus affectés par la pollution de l’air et cumulent l’ensemble des facteurs de risque : leurs lieux de vie sont plus exposés et situés à proximité des sources de pollutions, leur accès au soin est également dégradé.

      En conséquence, ils sont les premiers à souffrir de la détérioration de la qualité de l’air. Les enfants surexposés ont plus de risques d’être hospitalisés en urgence pour bronchiolite et pour asthme, rappelle l’étude. Plus fragiles à la naissance, les enfants issus de famille modestes sont également les plus enclins à subir des complications respiratoires.
      1 200 enfants morts prématurés en Europe

      Selon les données de l’étude, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires détectables lors d’une hausse de la pollution, et la majorité d’entre eux vivent dans les milieux les plus pauvres. « Ces enfants ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé », soulignent les auteurs du rapport.

      Au total, 11 000 enfants nés chaque année sont touchés avant leurs 3 ans par de l’asthme et 28 000 enfants sont affectés par une bronchiolite avant le deuxième anniversaire. Les enfants les plus modestes ont 1,6 fois plus de risques d’être touchés par de l’asthme que les plus aisés et 2 fois plus de risques pour la bronchiolite.

      En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés.

      En Europe, la pollution de l’air tue chaque année au moins 1 200 enfants et adolescents prématurément.

      https://reporterre.net/Les-enfants-les-plus-pauvres-sont-les-plus-touches-par-la-pollution-de-l

  • L’#Inserm met en évidence de nouvelles #pathologies liées aux #pesticides

    Les liens sont de plus en plus évidents entre usage des pesticides et certains #cancers, en particulier chez les agriculteurs et chez les enfants. C’est ce que montre une nouvelle étude de l’Inserm, huit ans après celle qui faisait référence jusqu’à présent.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070721/l-inserm-met-en-evidence-de-nouvelles-pathologies-liees-aux-pesticides
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculture #rapport

    • Pesticides et santé – Nouvelles données (2021)

      Ce document présente la synthèse issue des travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective pour répondre à la demande de cinq directions de l’État, la Direction générale de la prévention des risques, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ainsi que le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’actualisation du rapport d’expertise collective Inserm intitulé Pesticides : Effets sur la santé, publié en 2013.

      Ce travail s’appuie essentiellement sur les données issues de la littérature scientifique disponible en date du premier trimestre 2020. Plus de 5 300 documents ont été rassemblés à partir de l’interrogation de différentes bases de données (PubMed/ Medline, Scopus, Cairn...) et des recherches complémentaires ont été effectuées par les experts ou en collaboration avec le Pôle expertise collective. Le Pôle expertise collective de l’Inserm, rattaché à l’Institut thématique Santé publique, a assuré la coordination de cette expertise.

      Les pesticides regroupent l’ensemble des produits utilisés pour lutter contre les espèces végétales indésirables et les organismes jugés nuisibles. Qu’il s’agisse de pesticides autorisés aujourd’hui ou utilisés par le passé (dont certains sont rémanents), ils suscitent des inquiétudes concernant leurs effets possibles sur la santé humaine et plus largement sur l’environnement. Afin de mieux apprécier leurs effets sanitaires, l’Inserm a été saisi en 2018 par cinq directions générales ministérielles en vue d’actualiser l’expertise collective intitulée « Pesticides : Effets sur la santé » publiée en 2013.

      L’expertise collective de 2021 dresse un bilan des connaissances dans le domaine au travers d’une analyse critique de la littérature scientifique internationale publiée depuis 2013. Plus de 5 300 documents ont été rassemblés et analysés par un groupe d’experts multidisciplinaire. L’expertise commence par une analyse sociologique de la montée des préoccupations concernant les pesticides et une présentation des connaissances sur l’exposition aux pesticides de la population française, puis elle aborde une vingtaine de #pathologies dont les #troubles_du_développement_neuropsychologique_et_moteur de l’enfant, les #troubles_cognitifs et anxio-dépressifs de l’adulte, les #maladies_neurodégénératives, les cancers de l’#enfant et de l’adulte, l’#endométriose et les #pathologies_respiratoires ainsi que thyroïdiennes. Une dernière partie est consacrée à des pesticides ou familles de pesticides particuliers : le #chlordécone, le #glyphosate et les #fongicides_inhibiteurs_de_la_succinate_déshydrogénase (#SDHi). La présomption d’un lien entre l’exposition aux pesticides et la survenue d’une pathologie est appréciée à partir des résultats des #études_épidémiologiques évaluées et est qualifiée de forte, moyenne ou faible. Ces résultats sont mis en perspective avec ceux des #études_toxicologiques pour évaluer la plausibilité biologique des liens observés.

      Exposition en milieu professionnel

      En considérant les études sur des populations qui manipulent ou sont en contact avec des pesticides régulièrement, et qui sont a priori les plus exposées, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : #lymphomeslymphomes_non_hodgkiniens (#LNH), #myélome multiple, cancer de la #prostate, #maladie_de_Parkinson, troubles cognitifs, #bronchopneumopathie chronique obstructive et #bronchite chronique. Pour les LNH, il a été possible de préciser des liens (présomption forte) avec des substances actives (#malathion, #diazinon, #lindane, #DDT) et avec une famille chimique de pesticides (#organophosphorés), et pour la maladie de Parkinson et les troubles cognitifs avec les #insecticides organochlorés et les organophosphorés, respectivement. Il s’agit essentiellement de pesticides pour lesquels les études se sont appuyées sur des biomarqueurs permettant de quantifier l’exposition. Les études toxicologiques confirment que les mécanismes d’action de ces substances actives et familles de pesticides sont susceptibles de conduire aux effets sanitaires mis en évidence par les études épidémiologiques.

      Des liens ont été identifiés pour d’autres pathologies ou événements de santé avec une présomption moyenne. C’est le cas notamment pour la maladie d’#Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (#leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’#asthme et les #sifflements_respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes.

      Exposition pendant la #grossesse ou l’#enfance

      Les études épidémiologiques sur les cancers de l’enfant permettent de conclure à une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central.

      Les études de cohortes mères-enfants ont permis de caractériser les liens entre l’exposition professionnelle ou environnementale (c’est-à-dire en population générale) des mères pendant la grossesse et les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant. Il est difficile de pointer des substances actives en particulier, mais certaines familles chimiques de pesticides sont impliquées, avec un niveau de présomption fort, notamment les #insecticides organophosphorés et les #pyréthrinoïdes dont l’usage a augmenté en substitution aux insecticides organophosphorés. Le lien entre les #organophosphorés et l’altération des #capacités_motrices, cognitives et des fonctions sensorielles de l’enfant est confirmé et les nouvelles études sur les #pyréthrinoïdes mettent en évidence un lien entre l’exposition pendant la grossesse et l’augmentation des #troubles_du_comportement de type internalisé tels que l’#anxiété chez les enfants. Les données expérimentales sur des rongeurs suggèrent une #hyperperméabilité de la barrière hémato-encéphalique aux #pyréthrinoïdes aux stades les plus précoces du développement, confortant la plausibilité biologique de ce lien. De plus, comme le montrent les études récentes d’expologie, ces insecticides, qui ont été à la fois utilisés en #agriculture mais également dans les sphères domestiques, induisent une contamination fréquente des environnements intérieurs.

      Exposition des #riverains des #zones_agricoles

      Les populations riveraines des zones agricoles peuvent être concernées par la dérive des produits épandus sur les cultures. En effet, des études suggèrent une influence de la #proximité aux zones agricoles sur la #contamination par les pesticides du lieu de vie, variable selon les substances, leur mode d’application et la manière d’estimer l’exposition. Des études écologiques ou cas-témoins avec géolocalisation reposant sur la caractérisation de l’activité agricole au voisinage des adresses de résidences suggèrent un lien entre l’exposition des riverains des terres agricoles et la maladie de #Parkinson, et également entre la #proximité_résidentielle à des zones d’#épandages de pesticides (rayon <1,5 km) et le comportement évocateur des troubles du spectre autistique chez l’enfant. Cependant, ces études présentent des limites importantes liées à l’évaluation fine de l’exposition ou à l’absence de données individuelles, ce qui rend le niveau de présomption faible.

      Focus sur le chlordécone, le glyphosate et les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase

      Le chlordécone, #insecticide utilisé aux #Antilles_françaises dans le passé, persiste de nos jours dans les milieux naturels insulaires. La consommation des denrées alimentaires contaminées a entraîné une contamination de l’ensemble de la population. La présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de #cancer_de_la_prostate a été confirmée. En considérant l’ensemble des données épidémiologiques et toxicologiques disponibles, la causalité de la relation est jugée vraisemblable.

      Concernant l’herbicide glyphosate, l’expertise a conclu à l’existence d’un risque accru de LNH avec une présomption moyenne de lien. D’autres sur-risques sont évoqués pour le #myélome multiple et les #leucémies, mais les résultats sont moins solides (présomption faible). Une analyse des études toxicologiques montre que les essais de #mutagénicité sur le glyphosate sont plutôt négatifs, alors que les essais de #génotoxicité sont plutôt positifs, ce qui est cohérent avec l’induction d’un stress oxydantstress oxydant. Les études de cancérogenèse expérimentale chez les rongeurs montrent des excès de cas, mais ne sont pas convergentes. Elles observent des #tumeurs différentes, pour les mâles ou les femelles, qui ne se produisent qu’à des doses très élevées et uniquement sur certaines lignées. D’autres mécanismes de #toxicité (effets intergénérationnels, perturbation du microbiote...) sont évoqués qu’il serait intéressant de considérer dans les procédures d’évaluation réglementaire.

      Pour les fongicides SDHi, qui perturbent le fonctionnement mitochondrial par l’inhibition de l’activité SDH, un complexe enzymatique impliqué dans la respiration cellulaire et le #cycle_de_Krebs, il n’existe à ce jour pratiquement aucune donnée épidémiologique portant sur les effets possibles de ces substances sur la santé des agriculteurs ou de la population générale. Les études toxicologiques ou mécanistiques montrent que certains SDHi pourraient être considérés comme des #perturbateurs_endocriniens au moins chez les modèles animaux utilisés (poissons). Alors que les SDHi ne présentent aucune génotoxicité, certains montrent des effets cancérogènes chez les rongeurs mais ce résultat est discuté sur la base d’un mécanisme de cancérogenèse non extrapolable aux humains. Des recherches sont nécessaires pour améliorer l’évaluation du potentiel cancérogène des SDHi, et plus généralement des composés non génotoxiques, et pour combler les lacunes dans les données humaines par le renforcement de la biosurveillance et l’exploitation des cohortes existantes.

      En conclusion

      L’expertise souligne l’importance de réévaluer périodiquement les connaissances dans ce domaine. La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations. Ces questions relatives aux liens entre une exposition aux pesticides et la survenue de certaines pathologies s’inscrivent dans une complexité croissante, la littérature faisant apparaître une préoccupation concernant les effets indirects de certains pesticides sur la santé humaine par le biais des effets sur les #écosystèmes. L’#interdépendance en jeu mériterait d’être davantage étudiée et intégrée, au même titre que les aspects sociaux et économiques afin d’éclairer les prises de décisions lors de l’élaboration des politiques publiques.

      https://www.inserm.fr/information-en-sante/expertises-collectives/pesticides-effets-sur-sante

      Pour télécharger l’étude :


      https://www.inserm.fr/sites/default/files/2021-07/Inserm_ExpertiseCollective_Pesticides2021_RapportComplet_0.pdf

      #toxicologie #thyroïde #autisme