• À Carnac, 39 menhirs détruits pour construire un magasin Mr Bricolage : que s’est-il passé ? Ouest-France Sibylle Laurent
    À Carnac (Morbihan), une enseigne de bricolage sort de terre… sur un site qui hébergeait des menhirs, identifiés par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Le permis de construire avait pourtant été accordé. Que s’est-il passé ?

    « Yves Coppens doit se retourner dans sa tombe… » L’alerte est venue vendredi 2 juin 2023 de Christian Obeltz. Ce Carnacois fait allusion au paléontologue breton, célèbre notamment pour sa découverte du fossile de Lucy, dans un billet publié sur le site de l’association Sites et monuments, qui vise « à défendre le patrimoine naturel et bâti ».

    Ce chercheur sur les populations néolithiques, également correspondant pour la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et collaborateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Nantes, évoque le fait que « plusieurs aménagements brutaux ont été réalisés, cet hiver et au printemps, aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu ».


    Conséquence : « La destruction des 39 menhirs du chemin de Montauban, s’indigne-t-il. C’est totalement illégal ! » Un permis de construire a en effet été délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac (Morbihan) à la SAS Au marché des Druides, pour la construction d’un magasin Mr Bricolage, au sud de la Zone d’activités de Montauban. Les constructions sont en cours et le bâtiment est en train de sortir de terre.

    Le hic, c’est que cette zone, située aux abords du tumulus Saint-Michel, était référencée depuis 2015 sur l’Atlas des patrimoines, un catalogue en ligne établi par la Drac, recensant les sites archéologiques présents. « C’est un site également fait pour que les élus aillent le consulter, pour tout permis de construire », souligne Christian Obeltz.

    Le site de Montauban figurait par ailleurs sur la liste indicative du projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui concerne 397 mégalithes des rives de Carnac et du Morbihan, répartis sur 27 communes.


    Un intérêt historique connu
    L’intérêt historique du site de Montauban était pourtant connu. En décembre 2014, la même SAS Au marché des Druides avait fait une demande de permis de construire. La préfecture du Morbihan avait alors demandé, par arrêté, un diagnostic archéologique. « En raison de leur localisation, les travaux envisagés sont susceptibles d’affecter des éléments du patrimoine archéologique », justifiaient alors les services de l’État.

    Le rapport de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), qui résultait des fouilles, avait conclu à la découverte probable « d’un alignement mégalithique inédit », en avril 2015. Le site comprenait deux files de petites stèles en granit, se déployant chacune sur une cinquantaine de mètres de long.

    Le permis de construire avait alors été retoqué. « Les petits menhirs du chemin de Montauban constituaient sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac, à en juger par les datations carbone 14 obtenues en 2010 sur le site voisin de la ZA de Montauban », précise Christian Obeltz. Elles ont aujourd’hui disparu.

    Dans ces conditions de proximité avec un site désormais identifié, comment un nouveau permis de construire a-t-il pu être déposé, et surtout accepté ? Contacté, le maire de Carnac, Olivier Lepick indique ne pas avoir été au courant que la zone était référencée, et renvoie vers la Drac. « Le permis de construire est accordé par la mairie et les services de l’État, indique celui qui est également président de Paysages des mégalithes, qui porte le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous sommes extrêmement attentifs à ce genre de choses, nous regardons les zones de pré-inscription archéologique. Dans ce dossier, de notre côté, nous avons respecté scrupuleusement la législation. »

    « Si on avait su, on aurait fait autrement ! »
    L’affaire semble en effet complexe. Selon la mairie, la Drac avait placé le site en zone de prescription dans l’ancien Plan d’occupation des sols (POS). Mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU).

    De son côté, le gérant de la SAS, Stéphane Doriel, veut, lui montrer « sa bonne foi » : « J’ai déposé un permis de construire, qui a été instruit, affiché, qui a purgé les délais de recours. Aucun service, aucun document ne nous a jamais avertis d’une prescription, explique-t-il. Je ne suis pas archéologue, je ne connais pas les menhirs ; des murets, il y en existe partout. Si on avait su cela, on aurait fait autrement, évidemment ! » Le précédent permis de construire avait été refusé, selon lui, non à cause de ces menhirs, mais pour une problématique de zone humide. La Drac n’a pas pu être contactée, en ce début de semaine.

    « La loi est formelle : toute destruction d’un site archéologique est passible d’une lourde amende », rappelle Christian Obeltz. Qui avait déjà alerté la Drac en 2013 sur un permis de construire délivré à l’emplacement du tertre de Lann Granvillarec, un petit tumulus, figurant lui aussi sur les sites mégalithiques retenus dans le projet de classement à l’Unesco. À l’époque, les travaux avaient été arrêtés. La maison avait été déplacée.

    #menhirs #mégalithes #Carnac #patrimoine_naturel #archéologie #destruction #Bêtise #Morbihan #Mr_Bricolage #POS #PLU

    Source : https://www.ouest-france.fr/culture/patrimoine/a-carnac-39-menhirs-detruits-pour-construire-un-magasin-que-sest-il-pas

    • Reformulons : Les bricoleurs du dimanche qui vont chercher leurs OSB en voiture sont responsables de la destruction de biens culturels inestimables. Le maire n’est qu’un preneur d’ordres.

      PS : j’ai bien aimé comment la page Wikipédia de Carnac a été vandalisée quelques heures le jour des faits :)

  • Humans Threaten Over 100 Precious Natural Heritage Sites | Smart News | Smithsonian
    http://www.smithsonianmag.com/smart-news/humans-threaten-over-100-precious-natural-heritage-sites-180961971

    From the Great Wall of China to the terraces of Machu Picchu, world heritage sites preserve the beauty and historic import of humanity’s greatest accomplishments. Others, like the breathtaking Río Plátano Biosphere Reserve in Honduras, highlight the natural beauty and biodiversity of some of Earth’s most beautiful spots. But could humans inadvertently destroy the very sites they hold so dear? A new study suggests just that, warning that over 100 precious natural heritage sites are already being damaged by human activity.

    #patrimoine_naturel #destruction #activités_humaine

  • Dynamique spatiale et usage des #schorres de l’#Anse_de_l’Aiguillon de 1705 à nos jours. Enjeux de #conservation d’un #patrimoine_naturel #littoral marin

    Les littoraux européens sont des lieux de concentration extrême des activités humaines qui ont modifié et morcelé dans l’espace les milieux naturels qui s’y trouvaient. Ilssont également documentéspar des archives historiques cartographiques et manuscrites d’une grande richesse qui permettent de retracer à la fois la cinématique de ces milieux mais aussi les usages qui en ont été faits. A travers l’exemple des schorres de l’Anse de l’Aiguillon, qui comptent parmi les plus vastes de France, nous avons retracé l’évolution spatiale de ces milieux mais également les usages qu’en ont fait les sociétés depuis trois cents ans. A l’instar d’autres schorres comme ceux de la Baie du Mont Saint-Michel, s’ils sont en progression ces dernières décennies, leurs surfaces ont été divisées par trois depuis 1705 à la suite de poldérisations de grande ampleur. Par ailleurs, les activités de drainage et de fauche de ces schorres, bien qu’anciennes, sont aujourd’hui un peu plus développées qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Nous mettons également en lumière des écrits et des vestiges d’un patrimoine bâti lié aux activités de stockage des foins de schorre (que nous baptisons « clos à mizottes ») qui n’avaient à notre connaissance jamais fait l’objet de publications et qui attestent d’une activité soutenue de fauche du schorre remontant au moins au début du XVIIIe siècle. Il en résulte que les taches de schorre qui sont à la fois anciennes et/ou qui n’ont pas été soumises à la fauche depuis plusieurs décennies ne représentent qu’une petite part du schorre actuel. La prise en compte de l’histoire-géographie des milieux littoraux permet de mieux identifier les derniers espaces qui n’ont pas ou peu été modifiés par l’Homme et les milieux naturels ou semi-naturels anciens, de plus en plus rares,et qui peuvent présenter en conséquence des forts enjeux de conservation.

    http://cybergeo.revues.org/26774

    #cartographie #visualisation #mer