• Sanofi : « La colère du gouvernement est compréhensible sur le plan moral, mais un peu hypocrite »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/14/sanofi-la-colere-du-gouvernement-est-comprehensible-sur-le-plan-moral-mais-u

    Vous avez aimé la bagarre entre pays, régions et villes luttant jusque sur le tarmac des aéroports pour arracher de précieuses cargaisons de masques et blouses ? Vous adorerez celle sur les vaccins. Mais attention, petits joueurs s’abstenir. On ne parle plus de protections en papier mais de molécules, d’usines et de dizaines de milliards de dollars. Paul Hudson, le PDG du laboratoire pharmaceutique français Sanofi a mis les pieds dans le plat ce mercredi 13 mai en confiant dans une interview à l’agence Bloomberg que si le vaccin qu’il développait avec des financements publics américains était agréé et produit dans ses cinq usines américaines, il servirait logiquement d’abord les Etats-Unis avant les autres pays du monde.

    Une logique qui visiblement échappe aux autorités françaises. « Pour nous, ce serait inacceptable qu’il y ait un accès privilégié de tel ou tel pays sous un prétexte qui serait pécuniaire », s’est insurgée ce jeudi 14 mai, la secrétaire d’Etat à l’économie Agnès Pannier-Runacher, en réaction aux propos de Paul Hudson. En fait, le patron britannique de Sanofi a sciemment fait cette déclaration afin d’alerter les Européens sur le retard qu’ils prenaient en la matière. L’accord conclu avec l’autorité américaine pour la rechercher et le développement biomédical, la Barda, un organisme spécialement chargé de financer des projets répondant à des crises sanitaires, date en effet de février dernier. La France et l’Europe, qui ne possèdent pas un tel outil public, n’avaient pas réagi. Sanofi s’empresse d’ailleurs d’ajouter avoir entamé des « discussions très constructives avec les instances de l’Union européenne ainsi qu’avec les gouvernements français et allemand entre autres ». Mieux vaut tard que jamais.

    La voix du multilatéralisme
    Car dans le domaine des vaccins, il faut agir très vite et massivement. C’est-à-dire commencer à construire des usines de production pendant la phase de recherche et donc avant même de savoir si le produit sera efficace. La firme garde encore le souvenir cuisant de ses 300 millions d’euros investis pour rénover son usine de Neuville-sur-Saône près de Lyon afin de produire un vaccin contre la dengue qui n’a pas tenu ses promesses. Dans le cas du Covid-19, les investissements seront bien plus importants.

    La colère du gouvernement est donc compréhensible sur le plan moral, mais un peu hypocrite. Les conditions pécuniaires comptent et le nationalisme aussi. La France l’a montré en réquisitionnant ses masques. Et d’ailleurs, les Etats-Unis ne sont pas les seuls à faire jouer la priorité nationale. Les Britanniques ont conclu un accord de ce type avec leur laboratoire Astra Zeneca, tandis que la Chine est à l’offensive. Sur la centaine de vaccins à l’état de recherche, une dizaine en est au stade des essais cliniques, dont quatre chinois. Pour l’empire du Milieu, il s’agit non seulement de protéger sa population mais aussi de démontrer à la face du monde sa supériorité technologique. L’enjeu est donc aussi géopolitique. Autre symbole, après l’affaire de l’équipementier télécoms Huawei, de la guerre froide qui s’installe entre la Chine et les Etats-Unis.

    #paywall

  • Le #Québec s’inquiète après le rachat américain d’un fleuron de son #économie - Amériques - RFI
    http://www.rfi.fr/ameriques/20160829-rona-magasins-rachat-lowes-quebec-bricolage-demission-ministre

    Au Québec, on appelle ça « le #Ronagate » : la vente de la chaîne de magasins de bricolage Rona à l’entreprise américaine Lowe’s pour plus de trois milliards de dollars. Cette vente, qui a coûté son poste au ministre de l’Economie, suscite l’inquiétude dans une province où l’on redoute que ce type d’opération se reproduise à l’avenir.

    [...] Considérés comme l’un des joyaux de l’économie locale, les magasins Rona incarnent aux yeux de nombreux citoyens le savoir-faire des Québécois-entrepreneurs qui ont réussi à sortir de leur statut d’employés mal payés, sous le joug des patrons anglophones. Conscient de la place qu’occupe Rona dans l’économie de la Province, le gouvernement lui avait alors donné un coup de pouce. Des sociétés publiques d’investissement avaient acheté une petite partie des actions afin de constituer une minorité de blocage contre un acheteur étranger.[...] Il s’avère que peu de temps après la vente, on a appris qu’Investissement Québec, une société publique, avait vendu 10% de ses actions, quelques mois avant que Lowe’s n’ait commencé à faire les yeux doux à Rona.

    Article du Devoir sur l’audition du chef de cabinet de l’ancien ministre de l’économie : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/478609/la-version-de-daoust-demolie-par-son-ex-chef-de-cabinet

    En commission parlementaire, Pierre Ouellet, le chef de cabinet de Jacques Daoust alors qu’il était ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, a fait passer son ancien patron pour un fieffé menteur, affirmant qu’il a discuté avec lui de la vente des actions de Rona par Investissement Québec le jour même où le conseil d’administration prenait la décision de céder ce bloc d’actions.

    #patriotisme_économique