• Usine des pâtes Cheveux d’Ange : la direction change les clefs, démonte les machines et disparaît... - 18/05/2018 - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/article/2018/05/18/2800394-usine-pates-cheveux-ange-direction-change-clefs-demonte-machines-d

    Entre temps, un des salariés a pu revenir sur les lieux mais sa surprise a été de taille en pénétrant son espace de travail : « la moitié des machines ont été démontées ou ont disparu ! Je n’y croyais pas. On a l’impression que tout s’effondre. Et surtout aucune communication de notre direction. » Le sentiment de « trahison » est partagé par la responsable d’équipe Chantal Lacroix : « J’ai croisé notre directrice espagnole qui m’a juste dit que c’était pour des raisons de sécurité. Depuis plus rien. On a du mal à y croire. Surtout en voyant la presse, cette machine fabriquée à Villemur, qui est à elle seule le secret de fabrication des Cheveux d’Ange, complètement démontée et mise sur des palettes. »

  • Les pratiques obscures de Lactalis | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/les-pratiques-obscures-de-lactalis-648623

    Le géant laitier puissant et discret pressure salariés, producteurs et consommateurs, sans se soucier de la sécurité alimentaire.

    C’est l’histoire d’une petite entreprise familiale de Mayenne devenue, en plusieurs décennies, l’un des leaders mondiaux des produits laitiers. Et qui, par ses pratiques, illustre les dérives de l’industrialisation de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

    Fondée en 1933, la petite entreprise Besnier, sise à Laval, produit au départ des camemberts. Dans les années 1950, elle se diversifie dans le beurre et la crème fraîche, puis le lait, pour devenir aujourd’hui, au fil d’OPA tous azimuts, un des mastodontes du secteur. Au dire de Daniel Jaouen, président du directoire, interrogé dans le quotidien Ouest-France le 23 novembre 2017, le groupe familial, détenu par les trois petits-enfants du fondateur, pèserait « plus de 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires, employant 80 000 salariés dans 90 pays ». On n’en sait guère plus, Lactalis, qui n’est pas coté en Bourse, refuse de publier ses comptes, préférant payer des amendes plutôt que de dévoiler ses marges… L’application de la loi Sapin va toutefois l’obliger à les rendre en partie publics, cette année. Et l’affaire du lait infantile contaminé rappelle que le groupe a déjà été l’objet de plusieurs polémiques.
    Condamné pour « fraude sur le lait et publicité mensongère »

    En 2000, Lactalis, qui s’appelait encore Besnier, du nom de son fondateur, a été condamné pour « fraude sur le lait et publicité mensongère » : l’industriel coupait son lait avec de l’eau. La fraude portait sur 70 % de la fabrication du groupe. En 2008, la marque Galbani, propriété du groupe, est accusée à son tour, avec d’autres marques, de recycler des fromages périmés et de les avoir mis en vente. Une pratique qui lui a permis de générer quelque 10 millions d’euros de chiffres d’affaires. En décembre 2012, le Canard enchaîné avait aussi accusé le groupe de vendre du lait stérilisé UHT pour du lait frais pasteurisé, au prix bien plus élevé. Une fraude découverte par la Répression des fraudes, mais qui avait été classée sans suite en raison d’un vide réglementaire. En mars 2015, l’entreprise a cette fois été condamnée à une amende de 56,1 millions d’euros dans l’affaire dite du « cartel des yaourts » pour entente illicite sur les prix des produits laitiers frais vendus sous marques de distributeurs.

    Enfin, depuis le début des années 2010, le groupe, qui pointe du doigt la « crise de la surproduction laitière », est régulièrement la cible des critiques des agriculteurs de la filière laitière qui lui reprochent d’acheter le lait à un prix trop bas. En 2016, une grande partie des éleveurs de l’Ouest ont bloqué le siège, à Laval, bien décidés à aller au bout de leur action pour obtenir le « juste prix » pour leur production. Ils accusaient le géant des produits laitiers de les étrangler avec un prix d’achat passé en deux ans de 36 centimes le litre à 26 centimes le litre. Les fournisseurs reprochaient à la firme d’être un des plus mauvais payeurs de la profession ! Lactalis a fini par céder, de crainte de voir son image abîmée auprès des consommateurs. Sic !

    Bien qu’empêtré dans cette affaire de contamination de son site mayennais, le géant laitier poursuit sa course au gigantisme. Début janvier, il a annoncé s’être offert le laitier américain propriétaire de la marque de yaourts traditionnels islandais Siggi’s, qui rencontre un énorme succès auprès des consommateurs américains. Un rachat qui fera de l’entreprise familiale française le numéro quatre du yaourt à marques aux États-Unis.
    Ils vont tous se retrouver dans le même bain de lait

    Avec cette affaire, les distributeurs sont sous la menace d’actions en justice de la part des familles. Selon le Parisien, Leclerc va prochainement faire l’objet d’une plainte. Une action de groupe aurait été lancée par dix familles contre le groupe Lactalis pour « mise en danger de la vie d’autrui ». « Le fait de poursuivre la vente de produits concernés par une opération de retrait/rappel est susceptible de constituer une tromperie aggravée, ce qui est un délit pénal », rappelle la DGCCRF. Les concernés risquent une peine de prison de sept ans et une amende de 750 000 euros.
    Alexandra Chaignon

    #patrons_voyous #Ya_basta !

  • Pointer au chômage plutôt qu’au travail : les combines des multinationales pour couler définitivement leurs usines - Basta !
    https://www.bastamag.net/Pointer-au-chomage-plutot-qu-au-travail-les-combines-des-multinationales-p

    Lorsqu’elles décident de fermer un site, les multinationales ne lésinent pas sur les moyens. Quitte, dans les cas extrêmes, à saboter les machines. La « loi Florange » de 2014 leur impose la recherche d’un repreneur, mais sans obligation de résultat. Comme les directions n’ont souvent aucune envie de voir s’implanter un concurrent – ou, pire, de laisser les clés aux salariés qui auront créé leur société coopérative – elles usent de tous les stratagèmes disponibles pour empêcher une reprise. Combien de sites industriels rentables ferment ainsi chaque année ?

    #patrons_voyous

  • Tiens, tiens, tiens ...

    La déclaration tronquée d’Amazon à la Sécurité sociale | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/la-declaration-tronquee-damazon-la-securite-sociale-574200

    Alors que la médecine du travail de Saône-et-Loire a rendu un rapport accablant sur les conditions de travail dans les entrepôts logistiques Amazon, la multinationale est prise en flagrant délit d’une fraude qui vise à faire baisser ses statistiques élevées d’accidents du travail.

    À l’évidence, les commentateurs boursiers ne s’y trompent pas lorsqu’ils louent les formidables capacités d’innovation du géant de l’industrie numérique Amazon, le numéro un mondial du e-commerce. Après ses pratiques d’optimisation fiscale, son exploitation intensive de sa main-d’œuvre pilotée par ordinateurs, ses pressions permanentes sur les syndicalistes, la multinationale se lance désormais dans la fausse déclaration d’accidents du travail.

    «  Le soir du 18 février dernier, dans l’entrepôt, en quittant mon poste, j’ai ressenti uneparalysie à la jambe, raconte Sébastien (1), ex-salarié de l’entrepôt Amazon de Sevrey (Saône-et-Loire). Je ne ressentais pas de douleur et sur le moment j’ai pensé que c’était seulement à cause d’une dure journée de travail. Je ne me suis pas inquiété. Mais le lendemain matin, en allant travailler, ma jambe était toujours engourdie. Je n’avais jamais eu ce genre de problème. Si bien qu’en sortant du travail, le 19 février, je suis allé consulter mon médecin traitant car cela me paraissait anormal. Il m’a longuement ausculté et interrogé pour savoir ce que je faisais dans la vie et quand je lui ai dit que, la veille, j’étais resté toute la journée accroupi à mon poste de travail, il a diagnostiqué “une paralysie du sciatique poplité externe” et considéré qu’il s’agissait d’un accident du travail.  » Lorsqu’il retourne à l’entrepôt, Sébastien remet les documents de son médecin aux managers d’Amazon qui, immédiatement, le raillent et lui répètent que son médecin n’y connaît rien.

    La multinationale s’est livrée 
à un acte répréhensible par la loi

    « Je me suis retrouvé face à deux managers qui me disaient que pour eux ce n’était pas un accident du travail. Je n’ai pas insisté, je n’ai pas voulu leur tenir tête. J’ai dit aux managers qu’ils pouvaient téléphoner à mon médecin et voir cela avec lui, et qu’en ce qui me concerne je m’en tenais aux compétences d’un médecin. Mais pris de doute, je suis retourné consulter une seconde fois mon médecin traitant, qui a confirmé son diagnostic. Il m’a dit que je n’étais pas le premier salarié déglingué de chez Amazon qu’il voyait dans son cabinet. Puis, quelques jours plus tard, je reçois un courrier de la Sécu m’informant que mon dossier sera bientôt étudié et que j’ai la possibilité d’en consulter les pièces. Je l’ai fait, et bien m’en a pris ! »

    Ce que découvre Sébastien le stupéfie. Amazon s’est livrée à un acte répréhensible par la loi en rédigeant, signant et adressant à la Sécurité sociale une fausse déclaration d’accident du travail. «  Aucun fait accidentel le 18 février 2015, indique-t-elle. Est allé chez son médecin traitant le 19 février pour une douleur à la cuisse sans lien avec le travail  », y affirme Amazon dans le questionnaire employeur. Plus loin, on lit : «  Il relate que cette douleur est chronique, ancienne, et qu’il n’y a pas eu de fait accidentel le 18 février.  » Un mensonge qui se reproduit dans le Cerfa de déclaration d’accident du travail : «  Aucun fait accidentel : l’opérateur nous déclare avoir mal à la jambe depuis longtemps.  »

    Choqué, Sébastien a depuis adressé une attestation sur l’honneur à sa caisse primaire d’assurance maladie afin de rétablir la vérité et a également démissionné de l’entreprise. «  Quand j’ai quitté Amazon, les managers m’ont menacé, en me disant que si je parlais trop de cette affaire ils étaient prêts à parler de moi aux employeurs du coin pour me tailler une sale réputation, pour que je ne retrouve plus de travail nulle part. Mais j’ai décidé de parler car, selon moi, il faudrait vérifier une à une toutes les déclarations d’accidents du travail signées par Amazon afin de savoir si mon cas est unique. Avec tout ce que j’ai vu chez eux, je ne serais pas étonné qu’il y ait d’autres cas.  »

    Le signataire de ce faux est le manager Julien Lefevre, responsable hygiène sécurité environnement (HSE) de l’entrepôt de Sevrey. Bras droit du directeur pour l’évaluation des risques, il est normalement chargé de la sécurité des salariés et des programmes de prévention de réduction des accidents.

    Seule une enquête globale des pouvoirs publics sur les activités logistiques d’Amazon en France permettrait désormais d’établir si la fraude de ce manager d’Amazon relève du cas isolé ou d’une pratique courante de la multinationale visant à réduire illégalement son taux d’accidents du travail (2). «  Ce qui est sûr, témoigne Khaled Bouchajra, représentant de la section syndicale CGT du site d’Amazon Saran (Loiret), c’est que, systématiquement après un accident du travail, les managers courent vers l’infirmerie pour faire pression sur les salariés. Ils cherchent à les convaincre de rentrer chez eux et à ne pas déclarer leur accident du travail. Certains ont peur et obtempèrent. C’est une honte, un scandale ! »

    Un travailleur sur six est victime 
de troubles musculo-squelettiques

    Le nombre officiel d’accidents du travail chez Amazon demeure néanmoins élevé, comme l’indique un rapport accablant de la médecine du travail de Saône-et-Loire récemment présenté en comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’entrepôt de Sevrey. Bien que l’entrepôt n’ait été ouvert qu’en 2013, ce rapport indique que, parmi l’effectif total du site, un travailleur sur six est déjà victime de troubles musculo-squelettiques (TMS). Un ratio qui serait bien entendu d’autant plus élevé s’il était calculé sur la base des seuls « associates », anglicisme qualifiant les ouvriers d’Amazon. «  Les risques psychosociaux sont très présents, liés au contrôle continu de l’activité, à la pression pour la productivité, aux difficultés de prise en charge lors des arrêts liés à des problèmes de santé, à la prise en compte très insuffisante des difficultés physiques. S’y ajoutent aussi des tensions entre les personnes  », alerte le rapport.

    « La présence de deux pauses était un élément de prévention  », souligne-t-il également. Amazon, préférant l’intensification de la pénibilité du travail plutôt que la prévention, a en effet récemment supprimé la règle des deux pauses de vingt minutes et les a remplacées par une seule pause de trente minutes. «  La pression à la productivité joue un rôle aggravant car la succession trop rapide des gestes ne permet pas aux muscles de se relâcher, certains muscles restant donc en tension pendant toute l’activité. Exiger d’une personne qu’elle soit toujours à sa productivité maximale est donc une aberration en termes de prévention TMS. De nombreux salariés m’ont décrit cette situation. Il ne faut pas laisser toujours au même poste une même personne, on a beaucoup plus de risques d’en faire une personne malade, mais j’ai vu plusieurs personnes dans ce cas  », dit encore le médecin à l’origine du rapport. Le sourire imprimé sur les colis Amazon n’est décidément pas celui des travailleurs.

    * Journaliste, auteur de En Amazonie.
Fayard, 2013.
(1) Le prénom a été changé.
(2) Le service de presse d’Amazon n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

    Amazon, c’est la zone.

    #patrons_voyous #droit_du_travail et #santé_au_travail (sur lesquels les #petits_chefs s’assoient) #MEDEF_power

    • Innovation ? pas vraiment, la fausse déclaration d’AT est un très grand classique du patron voyou. Il y a tout plein de variantes ; l’intérimaire est souvent une cible privilégiée.

      Quelques techniques - liste non exhaustive :
      • en cas d’accident, ne pas laisser l’ambulance entrer dans l’entreprise et lui faire prendre en charge le salarié à la porte,
      • "offrir" quelques jours rémunérés de repos à la maison.

      Ceci dit, faire une déclaration à la CRAM sans l’avoir fait valider par le salarié, c’est quand même particulièrement débile.