• #Palestine au #Collège_de_France : la protestation de #François_Héran

    _Titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, François Héran rend publique la lettre qu’il a adressée à son administrateur, Thomas Römer, à propos de l’#annulation du #colloque sur la Palestine de son collègue #Henry_Laurens._

    Paris, 9 novembre 2025

    Lettre à #Thomas_Römer,
    administrateur du Collège de France

    Cher Thomas,

    Malgré mon nouveau statut de retraité, tu as bien voulu m’inclure parmi les destinataires de ton message sur l’annulation du colloque de notre collègue Henry Laurens. Je t’en remercie.

    En lisant ton message envoyé à la presse, je découvre que, loin d’être l’apanage du #wokisme, la #cancel_culture peut aussi inspirer l’administration du Collège. Il fallait du courage pour donner des leçons d’#objectivité et d’#intégrité_scientifique à Henry Laurens, qui compte seulement à son actif quelques dizaines d’ouvrages sur la question d’Orient et les affaires de Palestine. Notre collègue, à l’évidence, ne maîtrise pas les enjeux du débat dans un domaine aussi brûlant.

    Il était bon de rappeler aussi qu’en la matière, les partis pris d’un hebdomadaire bien connu pour son traitement rigoureux des faits ont plus de #légitimité qu’un professeur occupant sa chaire depuis vingt-deux ans. On se demande comment ce dernier a osé inviter à son colloque un ancien chef de la diplomatie de l’UE ou un ancien premier ministre, aux côtés d’intervenants capables d’exprimer un large éventail de savoirs et d’opinions, alors qu’il était si simple d’inviter uniquement des intervenants validés par la #Licra.

    Ton message me suggère qu’une révision du règlement intérieur du Collège s’impose de toute urgence :

    Les professeurs qui souhaitent traiter de questions d’#actualité dans des colloques, des cours ou des séminaires risquant de donner lieu à #controverses, devront désormais soumettre la liste des participants à l’autorisation de l’administrateur.

    1. Ils devront également s’assurer de l’assentiment du ministre de la Recherche. Si l’on objecte que la détention d’un doctorat d’informatique ne donne aucune légitimité à intervenir dans des questions de science politique ou d’orientalisme (selon le principe de la séparation des ordres posé en d’autres temps par Pascal), on rappellera dûment aux professeur-es qu’il n’y a pas de plus haute autorité qu’un tweet ministériel.
    2. Le recrutement des professeur-es sera désormais soumis au tribunal de l’opinion publique et médiatique, selon une procédure à déterminer.
    3. Le règlement intérieur proclamera dans son préambule que la notion d’« #engagement », jadis inhérente au libre exercice de la recherche, est désormais désuète. Elle sera donc bannie du Collège. Il faudra effacer de la mémoire de notre institution toute référence aux grands intellectuels, littéraires ou scientifiques, qui se sont aventurés à sortir de la « #neutralité » telle qu’elle est strictement définie dans ton message et dans celui du ministre. On veillera aussi à tenir compte de cet impératif dans la préparation du 500e anniversaire de la fondation du Collège.

    Ces modifications du règlement contribueront, je n’en doute pas, à défendre le Collège. La fable se trompe : mieux vaut la prospérité du Chien que l’indépendance du Loup.

    En te renouvelant, cher Thomas, mes meilleures salutations,

    In dubio pro libertate
    François Héran*

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    Post Scriptum : l’argumentaire du colloque

    Ayant choisi de rendre publique ma lettre à l’administrateur du Collège de France, j’ajoute l’argumentaire du colloque, qui a été transmis à l’ensemble des professeurs. Comme à l’accoutumée chez Henry Laurens, c’est de la science historique de haut niveau, précise et rigoureuse. Pas une ligne, pas un mot, qui justifie le soupçon d’antisémitisme.

    Avec l’ouverture de la « question d’Orient » dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, la Palestine, qui dispose du statut particulier de Terre sainte, devient le lieu névralgique des relations internationales européennes. Durant les décennies qui précèdent la Grande Guerre, les luttes d’influence entre les puissances européennes se multiplient, chacune se présentant comme la protectrice d’une communauté religieuse. Alors que la France et la Russie étendent respectivement leur influence sur les catholiques et les orthodoxes, les Anglais se présentent comme les protecteurs des juifs en Palestine. C’est dans ce cadre que s’inscrit le mouvement sioniste.

    Si la France se voit reconnaître une primauté d’influence à l’issue des guerres balkaniques, les Britanniques profiteront de l’alliance nouée avec le mouvement sioniste lors de la Première Guerre mondiale pour s’arroger un mandat sur la Palestine. La période du mandat britannique est essentielle pour la mise en place des acteurs contemporains que sont le mouvement national palestinien et le mouvement sioniste. Pris dans une double obligation entre les uns et les autres, les Britanniques sont dans l’incapacité de trouver une solution politique satisfaisante pour les deux parties, que ce soit un État palestinien unitaire, une division en cantons ou un partage territorial. Ils doivent ainsi faire face à une révolte palestinienne, puis à une révolte juive. Non sans arrière-pensées, ils délèguent le dossier à l’ONU qui, avec le vote du plan de partage de novembre 1947, provoque une guerre entre Arabes et sionistes, puis, après le 15 mai 1948, une guerre israélo-arabe.

    Dans ce conflit de longue durée, les Européens s’identifient largement à l’État d’Israël. Dans les années 1950 et 1960, la France et l’Allemagne lui fournissent les armements qu’il demande, mais la priorité pour l’État hébreu est d’obtenir l’aide militaire américaine, qui ne devient substantielle qu’après la guerre de juin 1967.Après cette guerre, les « discussions à quatre » voient un rapprochement des positions de la Grande-Bretagne et de la France sur la nécessité d’un retrait des territoires occupés contre une reconnaissance de l’État d’Israël, mais la question de la prise en compte du facteur palestinien reste ouverte.

    S’ouvre ainsi un dialogue euro-arabe. Ce dernier mènera à la résolution de Strasbourg de 1975, appelant Israël à se retirer des territoires palestiniens occupés et à reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien, puis à une nouvelle déclaration en 1977 appelant à la création d’une patrie pour le peuple palestinien, et marquant pour la première fois l’opposition européenne à la construction de colonies israéliennes dans les territoires occupés. L’étape la plus importante demeure la déclaration de Venise du 13 juin 1980, qui parle de solution juste et préconise l’intégration de l’OLP dans les discussions de paix.

    Deux niveaux d’action sont à considérer. Le premier est celui de la politique propre à chaque État, le second est celui de l’action collective de la Communauté, devenue Union européenne, le tout étant pris dans le jeu complexe des relations transatlantiques. De fait, la présence de l’Union est forte dans le domaine économique, aussi bien par le traité d’association UE-Israël, qui fait de l’État hébreu le premier partenaire commercial de l’Union, que par le financement des institutions palestiniennes à partir du processus d’Oslo. Néanmoins, l’Europe n’est que simple observatrice des négociations du processus d’Oslo, et si le « quartet » des années 2000 lui reconnaît un rôle, c’est dans un cadre impuissant à faire accepter une solution politique satisfaisante.

    L’Europe est ainsi prise entre le poids de son héritage colonial et impérial, son identification culturelle avec Israël, la charge représentée par sa culpabilité dans la destruction des juifs d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale, l’importance de ses relations économiques, technologiques et scientifiques avec l’État hébreu, la montée de l’indignation d’une partie de son opinion publique, marquée par l’accusation d’apartheid et aujourd’hui de génocide dans la guerre de Gaza.

    La question est de savoir si les États européens vont, dans leur grande majorité, reconnaître l’État palestinien et exercer des pressions envers l’État hébreu, en particulier dans le domaine de l’économie, ou s’il s’agit là plutôt de faux-semblants destinés à masquer une impuissance, voireune adhésion, liées à leurs héritages historiques et à leurs engagements géopolitiques. Il n’en reste pas moins que l’Europe, dans sa globalité, est un des grands théâtres d’affrontements du conflit israélo-palestinien, en particulier dans les opinions publiques. En un sens, c’est une bonne part de l’identité européenne qui est en jeu, aussi bien dans l’interprétation de son passé que dans la définition de son identité à venir.

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    Adage juridique latin : Dans le doute, pour la liberté
    *
    François Héran explique l’immigration à Bruno Retailleau

    https://blogs.mediapart.fr/francois-heran/blog/101125/palestine-au-college-de-france-la-protestation-de-francois-heran-0

    #censure #France

    • Annulation d’un colloque sur la Palestine : lettre du conseil académique de « #Jewish_Voice_for_Peace »

      Plus de 120 universitaires représentant le Conseil académique de l’organisation américaine Jewish Voice for Peace expriment leur #inquiétude et leur #indignation face à l’#annulation par le Collège de France du colloque « Palestine et Europe ». « Lorsqu’une institution aussi prestigieuse se laisse contraindre à censurer des activités universitaires, elle risque de perdre son #indépendance et son intégrité académiques, mais elle crée également un précédent inquiétant. »

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      À Thomas Römer, administrateur du Collège de France
      et Philippe Baptiste, Ministre de l’Enseignement supérieur
      Le 10 novembre 2025

      Le Conseil académique de Jewish Voice for Peace* écrit pour exprimer son inquiétude et son indignation face à l’annulation par le Collège de France du colloque « Palestine et Europe », sur la base d’#attaques_médiatiques infondées et de #pressions exercées par le ministère français de l’Éducation.

      Nous comprenons que l’annulation du symposium, prévu depuis plusieurs mois, n’est intervenue qu’après la publication d’un article dans l’hebdomadaire conservateur français #Le_Point, le 7 novembre, qualifiant à tort le symposium de promoteur de l’#antisémitisme, ce qui a incité le ministre de l’Enseignement supérieur, #Philippe_Baptiste, à l’annuler, ce qu’il a fait. De plus, la justification fournie pour cette décision recherchait le recours à l’excuse fallacieuse de « garantir la rigueur scientifique », bien qu’aucune preuve n’ait été fournie à l’appui de cette affirmation. En effet, comme cela s’est déjà produit auparavant, cette justification s’avère être un bouclier pour commettre une #injustice, en censurant de manière injuste la #recherche_scientifique légitime et les conférences consacrées à sa diffusion.

      En tant que plus de 120 universitaires issus de diverses disciplines représentant le Conseil académique de Jewish Voice for Peace*, nous représentons un large éventail de domaines académiques liés aux études juives et l’histoire de l’antisémitisme, y compris les études sur le génocide. Nous nous opposons à toute forme d’antisémitisme, comme nous nous opposons à toutes les formes de racisme. Nous rejetons également tous les efforts visant à utiliser l’ accusation d’antisémitisme à des fins de censure ou pour supprimer des points de vue sur Israël et la Palestine qui devraient être entendus et discutés. L’accusation d’antisémitisme doit être réservée à toutes les occasions où elle est véritablement méritée. Mais l’utilisation fallacieuse et spécieuse de cette accusation pour mettre fin à des travaux universitaires légitimes et à un débat ouvert non seulement sape sa force morale, mais sert les objectifs de la censure. Au contraire, nous vous exhortons à défendre les principes largement partagés de la #liberté:universitaire : la publication et la diffusion des travaux universitaires, la libre recherche dans les #universités et le #débat_public dans les sociétés démocratiques.

      Nous connaissons bien les travaux universitaires des participants cités dans le projet de symposium et attestons de la grande qualité de leurs recherches universitaires et de leurs présentations publiques : leurs publications répondent aux normes les plus élevées en matière de #rigueur_académique, d’ #impartialité et d’#érudition. Il n’y a aucune preuve d’antisémitisme dans le programme qui a été publié, et toute allégation contraire repose sur une fausse représentation de ces universitaires et de leurs travaux. Les participants sont issus de certaines des plus prestigieuses universités d’Europe, où leurs travaux universitaires ont été entièrement examinés et approuvés. Le programme du symposium reflète à juste titre l’état actuel des discussions universitaires et des débats publics sur #Gaza et #Israël/#Palestine de manière plus générale. Nous vous exhortons à ne pas supprimer les discussions universitaires sur des questions d’#intérêt_public, même lorsque les passions s’exacerbent. Seul un engagement en faveur d’une vie intellectuelle ouverte et fondée sur des preuves peut permettre de replacer ces questions dans leur juste perspective et servir à la fois les objectifs universitaires et un débat public éclairé.

      Nous attirons votre attention sur les calomnies proférées par la LICRA, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Non seulement cette organisation mène une campagne diffamatoire contre le symposium , mais elle est depuis longtemps considérée comme un groupe dont la crédibilité scientifique est très limitée, concentrant ses efforts sur des campagnes visant à attiser les peurs et à enflammer la haine anti-arabe/musulmane/palestinienne. Le ministère de l’Enseignement supérieur et le Collège de France ne devraient pas se laisser influencer par un groupe dont les références scientifiques sont manifestement faibles et dont les objectifs sont polémiques, diffamatoires et incendiaires, sapant ainsi les critères mêmes des normes intellectuelles appliquées dans les universités françaises les plus prestigieuses. De plus, les établissements d’enseignement ont l’obligation, en période de tensions politiques exacerbées, d’acquérir et de diffuser des connaissances, de prendre en considération un large éventail de points de vue et de créer les conditions propices à un débat et à un jugement publics éclairés. Le #colloque que vous avez annulé proposait précisément cela.

      Lorsqu’une institution aussi prestigieuse que le Collège de France se laisse contraindre à censurer des activités universitaires, elle risque non seulement de perdre son #indépendance et son intégrité académiques, mais elle crée également un précédent inquiétant pour les universités qui luttent pour maintenir leurs normes internes et leurs procédures d’autogestion en ces temps de plus en plus autoritaires.

      Soyons clairs : la décision d’annuler cet événement important est un acte de censure, qui permet aux propos arbitraires et incendiaires circulant dans les médias de servir de base à une décision qui aurait dû être, et qui devrait être aujourd’hui, selon toute norme raisonnable, de soutenir le symposium et ses objectifs. Lorsque des sujets « sensibles » sont ouvertement abordés et débattus par le public, les points de vue scientifiques peuvent être affinés et diverses perspectives peuvent être ouvertement discutées et débattues. La communauté universitaire internationale s’est traditionnellement appuyée sur le Collège de France pour maintenir ces normes, malgré les demandes croissantes des groupes politiques et des responsables gouvernementaux. C’est ni plus ni moins que son #autonomie très admirée qui est en jeu, une autonomie qui a inspiré les collèges et les universités du monde entier. Nous appelons donc le Collège de France à maintenir ses principes les plus élevés et à revenir sur sa décision, afin de permettre au symposium de se dérouler avec son programme publié et important.

      Nous demandons également au ministère français de l’Enseignement supérieur de revoir le processus qui a conduit à une décision aussi malavisée, privilégiant une opinion publique incendiaire et mensongère au détriment de critères scientifiques. Cette décision aurait dû refléter l’autonomie de l’université. Le refus de modifier le jugement scientifique ou professionnel en réponse à une intervention extérieure aurait défendu cette autonomie et reflété à la fois les normes scientifiques du Collège et son attachement à la liberté académique et à la liberté de recherche.

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      *Le Conseil académique de Jewish Voice for Peace est un réseau de chercheurs qui se consacrent à la promotion de la vision et des valeurs de JVP https://www.jewishvoiceforpeace.org. Forts de notre engagement commun en faveur des valeurs juives progressistes et de la libération de la Palestine, nous organisons des actions de solidarité avec la lutte pour la liberté du peuple palestinien dans les milieux éducatifs et universitaires. Nous mettons à profit nos compétences en tant que chercheurs, éducateurs et écrivains pour développer une analyse critique de la censure contemporaine sur la Palestine. Nous nous opposons à l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme pour censurer ou criminaliser les discours critiques à l’égard du traitement réservé aux Palestiniens par l’État d’Israël. Nous défendons les droits du travail, la liberté académique et les droits d’association dans l’enseignement supérieur et confirmons les valeurs fondamentales de Jewish Voice for Peace.

      https://blogs.mediapart.fr/jewish-voice-peace-conseil-academique/blog/111125/annulation-dun-colloque-sur-la-palestine-lettre-du-conseil-academiqu
      #ESR #recherche #science #enseignement_supérieur

    • Comment le Collège de France en est venu à annuler un colloque scientifique sur la Palestine

      La décision de suspendre l’événement, prise le 9 novembre par l’administrateur de l’établissement, crée un précédent. Des universitaires dénoncent le rôle joué par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui aurait contribué à faire du colloque un « #événement_politique ».

      Pourquoi un colloque universitaire consacré à la Palestine a-t-il été annulé au Collège de France ? La question est posée après la décision prise par l’administrateur de l’établissement de déprogrammer un événement intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », qui devait se tenir les 13 et 14 novembre, coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep Paris).

      Les motivations ayant conduit à cette décision radicale – du jamais-vu depuis le Second Empire, quand le cours d’Ernest Renan fut « suspendu jusqu’à nouvel ordre » par l’empereur Napoléon III, le 26 février 1862 – interpellent dans leur enchaînement. A en croire Thomas Römer, l’administrateur du Collège de France, elle s’est imposée « en réaction à la polémique entourant la tenue » de l’événement.

      La « polémique » a démarré avec un article du Point, publié le 7 novembre. Sous le titre « Un colloque propalestinien à haut risque », le média formule l’hypothèse de « deux journées à tendance pro-Hamas ». La liste des intervenants « ne laiss[ant] aucune place au doute », « le colloque sera propalestinien, antisioniste et décolonial », décrète l’hebdomadaire. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), interrogée, y voit même un cas d’« entrisme pur et simple ».

      « Foire antisioniste »

      Dès sa parution, l’article est posté sur X par la Licra, qui annonce « saisir » le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, car il s’agit d’un « colloque antisioniste » et d’un « dévoiement » du Collège de France. Le 8 novembre, sur Europe 1, la vice-présidente de la ligue, l’avocate Galina Elbaz, décrit les intervenants comme des « personnalités très sulfureuses qui ont toutes eu des prises de position qui flirtaient avec l’#apologie_du_terrorisme ». Une « #foire_antisioniste » où se seraient retrouvés « défenseurs du #Hamas, militants de #BDS [Boycott Désinvestissement Sanctions], éditorialistes d’#Al-Jazira », insiste la Licra.

      Ces accusations, qui insistent sur le financement du #Carep par des fonds qataris et l’accusent d’œuvrer en sous-main pour les #Frères_musulmans, indignent Salam Kawakibi, le directeur exécutif du centre de recherche. « Nous ne sommes ni des agents du Qatar ni des Frères musulmans, déclare-t-il. Nous sommes financés par un fonds privé, et nous dépendons de l’#Arab_Center_for_Policy_Studies, le plus prestigieux think tank arabe basé à Doha et qui compte des antennes à Washington, Beyrouth, Amman, Tunis, Madrid et Paris. » Le fondateur du centre, Azmi Bishara, vient plutôt de la gauche laïque. Le conseil d’orientation du Carep Paris est dirigé par Denis Bauchard, un diplomate respecté à la retraite, ayant été ambassadeur, notamment en Jordanie et au Canada.

      Le Carep a également été accusé par Le JDD d’avoir choisi à dessein le 13 novembre, qui coïncide avec le 10e anniversaire des attentats du Bataclan et des terrasses, à Paris, et du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-saint-Denis). La date a en réalité été proposée par l’administration du Collège de France.

      Dans un communiqué annonçant l’annulation de l’événement, dimanche 9 novembre, Thomas Römer a tenu à rappeler la « stricte neutralité de l’établissement au regard des questions de nature politique ou idéologique ». En tant que « responsable de la sécurité des biens et des personnes, ainsi que de la sérénité des événements », il explique par ailleurs n’avoir d’autre choix que de renoncer « face à la polémique, mais aussi aux risques qui se manifestent autour de ce colloque ».

      Le Collège de France a indiqué au Monde, mardi 11 novembre, que le colloque « ne contrevenait pas aux règles générales en matière de #liberté_académique », mais a souligné que « la question de la pluralité des analyses a été publiquement mise en cause par différents acteurs », ce qui aurait suffi à compromettre la tenue de l’événement. « La violence des mises en cause sur les réseaux sociaux nous a fait craindre des risques liés à d’éventuels débordements aux abords et au sein de l’amphithéâtre », ajoute-t-on.

      Henry Laurens, coorganisateur du colloque au titre du Collège de France, est l’historien français le plus reconnu sur le Proche-Orient. Contacté par Le Monde, il a souhaité s’en tenir à son « devoir de réserve et aux strictes règles de la collégialité ». Des proches le disent très affecté par les accusations d’antisémitisme portées par plusieurs polémistes. Une source interne au Collège de France estime que « l’annulation du colloque est désastreuse : elle a causé plus de bruit et de dommages que n’en aurait causé sa tenue ».
      « Tout cela est assez emblématique de ce qui se passe dans le monde académique avec des approches très orientées, un regard très militant sur la question du Proche-Orient », juge, à l’inverse, Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des juifs de France, qui se félicite que le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche se soit « largement fait écho du fait que cela dépassait le cadre usuel pour la #recherche_publique ». Dès l’annonce de l’#annulation du colloque, dans un tweet, le ministre, Philippe Baptiste, a en effet salué une « décision responsable d’une institution qui doit symboliser l’excellence du savoir (…) et, pour cela, être le lieu du débat dans toute sa #pluralité, ouvert à tous les courants de pensée ».

      « Je doute que vous soyez en mesure de garantir un débat »

      M. Baptiste n’a pas été un simple spectateur dans cette affaire. Au lendemain de la publication de l’article du Point, il a adressé une lettre à l’administrateur du Collège de France, que Le Monde s’est procurée. Dès les premières lignes, M. Baptiste considère que ce colloque fait l’objet d’une « vive #polémique ». « Sans préjuger des propos qui seront effectivement tenus, je ne peux que constater, à la lecture du programme, un parti pris sur un sujet délicat et fortement polémique », acte-t-il. Avant de mettre en garde M. Römer : « Au vu de ce programme, je doute que vous soyez en mesure de garantir un débat où le pluralisme des idées puisse pleinement s’exprimer. »
      Conscient que son statut de ministre « dans un Etat de droit » lui interdit d’empêcher la tenue d’une manifestation scientifique, Philippe Baptiste poursuit d’une phrase sibylline : « C’est mon rôle de le faire respecter [le code de l’éducation et le principe de liberté académique], et ce y compris dans le contexte de ce colloque, bien que je sois personnellement en profond désaccord avec l’angle retenu par celui-ci. »

      L’entourage du ministre assure au Monde que « c’est la décision exclusive du Collège de France que de choisir d’annuler le colloque » et qu’il n’y a eu « aucune pression » exercée par M. Baptiste. « Un événement comme celui-ci, avec la visibilité qu’il avait acquise au fil des jours, était porteur de risques de troubles à l’ordre public », justifie-t-on sans préciser sous quelle forme auraient pu avoir lieu ces troubles. C’est par « un écosystème de chercheurs, dont certains se sont émus du programme », ajoute-t-on, que le ministre a été informé, le 6 novembre, de la tenue de ce colloque.

      Selon nos informations, un groupe d’universitaires appelé « réseau de recherche sur le racisme et l’antisémitisme », structure fédérative associant huit universités et des associations dont la Licra, a produit de nombreux échanges entre les 8 et 10 novembre. Dans cette boucle qui compte des dizaines de membres de sensibilité plutôt pro-israélienne, on affirme que « certains collègues ont lâché la rampe et ne font plus aucune distinction entre leur expertise scientifique et leur #militantisme », qu’ils ont « pris l’habitude de se servir de leurs diplômes et de l’autorité morale qui en émane pour faire passer ce qui est tout bonnement de l’ordre de la #propagande [propalestinienne] ».

      On y évoque aussi la nécessité de prendre des « mesures coercitives pour les faire rentrer dans le cadre ». Enfin, on y raille le débat de clôture du colloque du Carep, qui prévoyait des prises de parole de l’ancien chef de la diplomatie française Dominique de Villepin, de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, et de l’ex-haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell.

      « Accablant »

      Historienne et politiste, directrice de recherche au CNRS, Stéphanie Latte Abdallah devait intervenir au cours de l’une des tables rondes sur « Le sionisme comme projet européen d’expansion coloniale ». Elle confie être « choquée » par cette annulation et balaie tout caractère univoque dans les exposés prévus. « Il s’agit d’un colloque qui a un sujet scientifique, la Palestine et l’Europe, et des intervenants qui sont les meilleurs spécialistes de cette question, explique-t-elle. Les choix scientifiques relèvent des libertés académiques et non de la décision d’un ministre. En revanche, quand un colloque clairement politique est organisé au Sénat, le 10 novembre, par l’organisation israélienne #Elnet, financée par le gouvernement de Nétanyahou, cela ne semble poser de problème à personne. » Un autre intervenant, qui préfère garder l’anonymat, ironise : « Faudra-t-il aussi, à chaque colloque sur Israël, inviter un chercheur présentant le point de vue palestinien ? »

      Quant au panel de clôture, « il était bien séparé de la dimension purement scientifique », précise Mme Latte Abdallah. « Faire intervenir Dominique de Villepin, Josep Borrell et Francesca Albanese était un acte conclusif politico-diplomatique, centré sur des questions de #droit_international par des figures qui le portent, en plein génocide, dans un contexte où il nous oblige plus encore », décrit-elle en soulignant que « tout se passe comme si, au lieu de faire respecter le droit international, il était au contraire devenu une cible et quelque chose de dangereux ».

      Parmi les universitaires, plusieurs dénoncent une censure. D’après le politiste Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS et membre de l’Observatoire des atteintes à la liberté académique, « tout cela est vraiment accablant ». « Le ministre a dérogé au principe de respect de la liberté académique, et il le sait. Dans un même courrier, le ministre dit qu’il est le garant de la liberté académique, mais qu’il se garde d’agir pour la garantir. »

      Alors que le colloque était programmé depuis plusieurs mois, les organisateurs s’étonnent d’un tel revirement. « Sous couvert de garantir la #scientificité, le ministre justifie ainsi une intervention politique dans le champ de la recherche, en contradiction avec sa mission première : protéger la liberté académique », écrivent dans un communiqué, le 10 novembre, les responsables de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France et le Carep.

      Appel à la démission

      Cette annulation va « créer un précédent dangereux : il suffira désormais d’un article polémique ou d’un tweet ministériel pour censurer un colloque jugé “sensible”. Accuser ces chercheurs d’antisémitisme ou de militantisme revient à disqualifier sans fondement leurs travaux, pourtant validés par leurs pairs et publiés dans les revues scientifiques les plus prestigieuses, alertent-ils. La recherche n’a pas vocation à être équilibrée politiquement : elle doit reposer sur la compétence, la méthode et la probité intellectuelle. »

      « C’est le ministre qui a transformé ce colloque en événement politique, et c’est une première, observe l’une des intervenantes, qui souhaite taire son nom. Cela brouille toute possibilité d’une réflexion scientifique, équitable et compréhensive. On voit monter ce côté trumpiste, c’est comme une restriction de notre périmètre de recherche, alors même qu’il y a une énorme incompréhension du conflit et un manque de culture générale et de connaissance de l’histoire. »

      L’association France Universités, qui réunit les chefs d’établissement, indique avoir découvert « avec stupeur » cette annulation. Dans un communiqué daté du 10 novembre, elle exprime son incompréhension et une « vive inquiétude » à l’égard des libertés académiques. Près d’un millier de chercheurs, enseignants, étudiants ont signé une pétition dénonçant « la volonté délibérée d’empêcher la recherche académique sur Israël-Palestine, dès lors qu’elle contrevient aux cadres intellectuels portés par les soutiens à la politique israélienne », qu’ils jugent « extrêmement préoccupante ». Demandant une « réponse à la hauteur des enjeux », ils appellent à la démission de Philippe Baptiste.

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/11/11/comment-le-college-de-france-en-est-venu-a-annuler-un-colloque-scientifique-

    • Annulation du colloque « La Palestine et l’Europe » au Collège de France : « Cette interdiction ouvre la voie à une ère de censure institutionnelle »

      Dans une tribune au « Monde », un collectif de plus de 300 universitaires, parmi lesquels Jean-François Bayart, Judith Butler et Pierre-Cyrille Hautcœur, s’élève contre l’annulation de l’événement. Ils y voient une « atteinte sans précédent à la liberté académique ».

      N ous, membres de la communauté scientifique, chercheurs, enseignants, étudiants et citoyens attachés à l’indépendance du savoir, exprimons notre profonde inquiétude face à l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », initialement prévu au Collège de France.
      Cette décision, prise à la suite d’un article polémique et de pressions directes exercées par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, constitue une atteinte sans précédent à la liberté académique en France. Sous prétexte de garantir l’intégrité scientifique, le ministère a légitimé une intervention politique dans le champ de la recherche, en contradiction avec sa mission première : protéger l’indépendance des universitaires et la pluralité des approches scientifiques.

      Issus d’universités prestigieuses telles que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), la School of Oriental and African Studies de Londres, l’université d’Amsterdam, l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et le Centre national de la recherche scientifique, à Paris, ou la Queen Mary University of London, les intervenants ont été injustement discrédités, sur la base d’amalgames et d’accusations infondées. Leur compétence, leur rigueur et la reconnaissance internationale de leurs travaux ne sauraient être effacées par des campagnes de dénigrement.
      Des principes mis en péril
      La recherche n’a pas vocation à plaire ni à se conformer à un « équilibre politique » dicté par le pouvoir. Elle repose sur la méthode, la critique, le débat argumenté, des principes aujourd’hui mis en péril. En confondant évaluation scientifique et contrôle idéologique, cette interdiction ouvre la voie à une ère de censure institutionnelle, où des calomnies médiatiques suffiraient à bâillonner la réflexion universitaire.

      Nous refusons que la France suive cette pente. Nous refusons que le Collège de France devienne le réceptacle d’une telle dérive. Nous affirmons que la mission des universités et des institutions de recherche n’est pas de conforter le pouvoir, mais d’éclairer la société.
      Nous appelons le Collège de France à revenir sur sa décision et à garantir la tenue de ce colloque dans le respect de la liberté intellectuelle. Nous appelons le ministère à honorer son devoir de protection de la recherche, non à en devenir le censeur. Et nous appelons la communauté scientifique tout entière, en France et en Europe, à défendre fermement le principe fondateur de toute science : le droit de penser librement.
      ¶Parmi les signataires : Michel Agier, anthropologue, directeur d’études EHESS ; Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po ; Frédéric Bauden, professeur à l’université de Liège ; Jean-François Bayart, professeur à l’IHEID (Genève) ; Sophie Bessis, historienne ; Karim Emile Bitar, enseignant à Sciences Po ; Judith Butler, professeure distinguée à l’université de Californie ; Bernard Chazelle, professeur à Princeton ; Delphine Dulong, professeure à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; François Héran, professeur honoraire au Collège de France ; Pierre-Cyrille Hautcœur, directeur d’études à l’EHESS ; Michel Kaplan, président honoraire de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Catherine Mayeur-Jaouen, professeure d’histoire contemporaine à Sorbonne Université ; Maurice Sartre, professeur honoraire à l’université de Tours. Liste complète des signataires à retrouver ici : https://docs.google.com/document/d/1p3GSo7mWGeE_0kWoqF_PcYMicwkzm9wK/edit

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/11/interdiction-du-colloque-la-palestine-et-l-europe-au-college-de-france-cette

    • Colloque annulé au Collège de France : les manœuvres d’universitaires pro-Israël

      L’interdiction du colloque « Palestine et Europe » qui devait se tenir au Collège de France les 13 et 14 novembre suscite de nombreuses réactions. Entre stupéfaction et dénégation, le temple du savoir vacille. Comment une telle décision, portant une si grave atteinte à la liberté académique et d’enseignement a-t-elle été prise ? Le Collège de France et son administrateur ont fait l’objet de pressions orchestrées notamment par un collectif d’avocats, en coordination avec un réseau de chercheurs, le #RRA (#Réseau_de_recherche_sur_le_racisme_et_l’antisémitisme), qui a largement échangé par courriels pour parvenir à ses fins. Nous avons pu consulter ces échanges, dont la lecture révèle une entreprise coordonnée de délégitimation, de délation et d’influence.

      « Nous avons adressé un courrier à l’administrateur du Collège de France, plus copie au ministre de l’Enseignement, hier par e-mail. J’imagine que notre courrier et toutes les autres initiatives ont permis cette annulation. Bravo à tous. #Déborah_Journo »

      Par ce mail triomphal, l’avocate Déborah Journo s’enorgueillit d’avoir contribué à l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe », coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études de Paris (Carep Paris), qui devait se dérouler au Collège de France les 13 et 14 novembre et qui vient d’être déprogrammé par Thomas Römer - l’administrateur de ce prestigieux établissement.

      Le message de l’avocate est adressé à une centaine d’universitaires, regroupés sous le nom de RRA, Réseau de recherche sur le racisme et l’antisémitisme. Cette structure a été créée en 2019 et a son siège et sa direction à l’université de Picardie. Elle se présente comme un « dispositif contractuel » regroupant « des unités de recherche rattachées à différents partenaires » publics et privés. La plaquette énumère : « Universités, CNRS, associations, institutions publiques ou privées. » Ce RRA se propose de fédérer « les unités de recherche et laboratoires », de renforcer « les synergies » et d’organiser des colloques. Sa direction revendique environ 500 membres, qui communiquent beaucoup entre eux.

      Dans la boucle de mails, des membres du réseau jubilent après l’interdiction du colloque du Collège de France :

      « Je ne boude pas le plaisir de voir ce colloque annulé », lâche une chercheuse (#Danielle_Delmaire, de l’université de Lille).

      « Bravo... j’ose espérer que cela puisse nous servir au sein de nos établissements pour faire jurisprudence. Vaillamment », ajoute une autre, tout aussi satisfaite (#Véronique_Benzaken, Paris-Saclay).

      D’autres encore espèrent que la punition fera office d’avertissement : « L’idée d’inviter des politiques dans un colloque académique – fût-il orienté, malfaisant et non pluraliste – tentera moins de personnes. » (#Paul_Audi, Paris-Descartes).
      Lobby

      Pour bien comprendre ce qui se joue dans ces échanges, il faut remonter au 7 novembre dernier.

      Ce jour-là, l’hebdomadaire Le Point publie un article de son rédacteur en chef #Erwan_Seznec dénonçant la tenue, « au Collège de France », de ce que ce magazine appelle un « colloque propalestinien à haut risque », qui « réunira », selon Seznec, « des personnalités aux positions radicales ».

      L’article provoque une nouvelle panique morale dans le monde politique et médiatique, mais aussi universitaire : au sein du groupe RRA, on perçoit le colloque comme « un autre signe du basculement progressif dans la légitimation et la banalisation des actions antijuives sous couvert d’antiracisme et d’anticolonialisme » - dixit le politologue retraité Pierre-André Taguieff.

      Ce samedi 8 novembre, l’avocate Déborah Journo explique aux universitaires du RRA qu’elle écrit au ministre de l’enseignement pour « dénoncer ce colloque au sein d’un établissement public sous sa tutelle ». Le colloque est annulé et, deux jours plus tard, l’avocate se félicite de l’efficacité de son action.

      Déborah Journo est avocate, elle déclare sur LinkedIn « consacrer l’essentiel de [son] activité à des actions de lobbying auprès du gouvernement, des institutions, des ONG ». Elle est également signataire d’une tribune publiée en août dernier, et sobrement titrée : « Non, il n’y a pas de génocide à Gaza. » Après le 7-Octobre, elle a fondé l’association Actions Avocats, qui mène des actions de lobbying ou des actes juridiques notamment pour défendre « toutes les victimes du racisme, de l’antisémitisme et du terrorisme ».

      Le Collège de France, temple du savoir et de la rigueur scientifique, aurait-il été influencé par l’action de l’avocate lobbyiste ? C’est en tout cas ce dont se targue l’intéressée.

      Rappelons qu’officiellement, c’est au nom de la « sérénité des débats » et du « respect de l’intégrité scientifique » que le colloque qui devait se tenir les 13 et 14 novembre a été annulé par l’administrateur du Collège de France Thomas Römer.

      Pour le chercheur à l’origine du colloque, Henry Laurens, c’est bien « la question de la liberté académique qui est en jeu ». Il exprime des réserves quant à la possibilité de pouvoir encore l’exercer à l’avenir : « Il y a déjà un colloque qui est prévu sur Gaza avec mon collègue Didier Fassin. Au mois de décembre, on verra pour ce colloque-là. »

      #Dénigrement

      Les membres du groupe d’universitaires constitué autour de RRA tiennent des propos dénigrants et calomniateurs à l’égard de leurs collègues investis dans les études autour de la Palestine. Paul Audi écrit par exemple :

      « Personnellement je crois ces gens capables de tout. Il y a un an j’ai fait une émission de radio face à Henry Laurens, et je l’ai vu accumuler des contre-vérités et des mensonges en s’abritant derrière son “autorité”. C’était ahurissant. Ce professeur n’est pas autre chose qu’un militant. »

      Le sérieux méthodologique des enseignants et chercheurs ainsi incriminés est sans cesse remis en cause. Ils sont accusés d’être avant tout des militants, au mieux négligents sur le plan scientifique, au pire antisémites. « De Didier Fassin à Henry Laurens et quelques autres, académo-militants qui occupent le terrain, le Collège de France est en passe de devenir le Collège de la France antijuive », écrit très sérieusement #Pierre-André_Taguieff.

      « Il ne faut pas se tromper de sujet. Il faut avoir balayé le programme de ce colloque […] pour mesurer à quel point il n’a rien à voir avec le périmètre académique et pourquoi il s’agit effectivement d’un meeting », estime quant à lui l’historien Emmanuel Debono.

      Délation, fichage, calomnies : la chasse est ouverte

      Dans ce climat d’insultes et de dénigrement, certains échanges entre universitaires les mieux gradés laissent apparaître une véritable #chasse_aux_sorcières visant les chercheurs travaillant sur les questions palestiniennes, au-delà du seul cas du colloque au Collège de France.

      Le samedi 8 novembre 2025, le directeur de Sciences Po Strasbourg, Emmanuel Droit, s’inquiète de l’invitation, dans son IEP, de la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah. Ne pouvant, dit-il, « pas faire grand-chose en interne », il écrit à son réseau afin d’obtenir des informations qui lui serviraient à prévenir la présidence de l’université de Strasbourg contre cette historienne et anthropologue : « Que savez-vous à propos de Stéphanie Latte-Abdallah ? [...] Si jamais vous avez des infos sur cette chercheuse du CNRS me permettant d’alerter la présidence de l’Unistra, je vous en serai reconnaissant. »

      Les réponses aux relents nauséabonds ne tardent pas : « Clairement militante pro-palestinienne étant elle-même d’origine palestinienne Tte sa production universitaire est là-dessus Ses interventions aussi » (#Régine_Waintrater, Paris-Cité).

      La qualité de chercheuse de Stéphanie Latte Abdallah est également attaquée dans ce climat calomniateur qui règne dans le groupe RRA : « Elle fait toutes ces déclarations douteuses dans les médias, clairement pas scientifiques, a-historiques et non vérifiées », écrit #Évelyne_Chayes (CNRS).

      Enfin l’initiateur de cette traque, #Emmanuel_Droit, répond : « Merci oui en faisant des recherches, je viens de voir qu’elle n’a que le mot génocide à la bouche.... »

      Un informateur confie à Blast que ces personnes, importantes au sein de la hiérarchie du monde universitaire, exercent une influence considérable, capable de museler les voix contestataires : « Ils ont beaucoup de pouvoir. Ils ont beaucoup de moyens d’intimider les autres. Donc, il y a beaucoup de gens qui se taisent par #peur. » De plus, « ils ne veulent pas que tout ce qui est relatif à la reconnaissance du génocide puisse être audible », analyse une autre source.

      Un autre encore nous indique que « sous une apparence et des valeurs républicaines et de laïcité, il se joue beaucoup d’ostracisme et un double discours qui s’est envenimé après le 7 octobre en soutenant Israël mais sans jamais le revendiquer vraiment ».

      Dans une autre boucle de mails, un historien propose de constituer, avec l’aide du réseau RRA, des fiches sur les intervenants du colloque annulé sur la Palestine : « Je souhaite constituer un petit groupe de volontaires pour travailler sur l’épluchage des bios de ces intervenants. Il faut du pédigrée et du verbatim, et constituer la revue de presse accablante que cet aréopage mérite. Merci de me contacter si vous souhaitez réfléchir et mettre en œuvre, rapidement, ce travail de salubrité publique. Bien à vous, Emmanuel Debono. »

      Connivences politiques

      Plusieurs membres du RRA se félicitent en outre d’avoir influencé la position de ministres dans une décision aussi sensible que celle de l’annulation du colloque prévu au Collège de France.

      L’une de ces membres, #Déborah_Levy, écrit ainsi le 9 novembre : « Les ministres Aurore Bergé et Philippe Baptiste, prévenus depuis jeudi dernier (les alertes que vous faites remonter ici sont donc précieuses), ont demandé à l’administrateur du Collège de France d’annuler ce colloque, eu égard au risque élevé de trouble à l’ordre public et afin de garantir la sécurité des personnes. »

      À plusieurs reprises, les liens de proximité et de courtoisie entre ces universitaires et l’exécutif apparaissent au fil des échanges. Le 1er novembre, #Isabelle_de_Mecquenem (université de Champagne-Ardenne) évoque ainsi « une invitation à échanger avec le ministre de l’Enseignement supérieur », avant de préciser que la rencontre n’aura finalement pas lieu en raison de « l’instabilité politique ».

      À la lecture des échanges, une inquiétude sourde de voir leur #responsabilité engagée dans la décision d’interdire le colloque apparaît chez certains membres du RRA : « Chers amis, Aucun d’entre nous n’est responsable de l’annulation du colloque. A ma connaissance, en tout cas, nous n’avons pas demandé une telle chose. Comme beaucoup d’autres, nous avons fait état de notre effarement devant la programmation d’un meeting politique au Collège de France, où il ne faisait aucun doute que les échanges “scientifiques“ annoncés étaient de la poudre aux yeux. Albanese ? Villepin ? Peut-être en invitée surprise aurions-nous vu monter à la tribune Rima Hassan… »

      On retiendra de cette histoire qu’un colloque organisé avec et par des personnalités et des scientifiques confirmés et respectés, tels que Salam Kawakibi - directeur du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris - ou encore Henry Laurens, a pu être interdit entre autres sous la pression d’un #lobbying d’universitaires aux positions ouvertement favorables au gouvernement d’Israël.

      D’autre part, cet événement confirme la volonté d’empêcher la tenue de manifestations scientifiques consacrées à l’histoire de la Palestine, lorsqu’elles ne sont pas agréées par les milieux pro-israéliens. Plus grave encore, les participants font l’objet de manigances et malveillances susceptibles d’affecter leur carrière universitaire.

      La LDH, (Ligue des droits de l’Homme) dans un communiqué publié hier soir, résumait la situation en ces termes : « Cette décision interroge sur l’exercice de la liberté académique et la nécessaire diffusion auprès des citoyens du travail scientifique. (...) Les chercheurs doivent pouvoir librement, indépendamment de toutes pressions directes ou indirectes, organiser des événements scientifiques sur le thème, sous le format et les modalités qui leur paraissent appropriés. »

      Contactée ce mardi 11 novembre au sujet de l’implication du RRA dans l’annulation du colloque, #Céline_Masson, la directrice de la structure universitaire, n’a pas souhaité répondre à nos questions : elle a tenu à préciser que le RRA n’avait aucun lien avec l’annulation du colloque.

      https://www.blast-info.fr/articles/2025/colloque-annule-au-college-de-france-les-manoeuvres-duniversitaires-pro-i

    • Le colloque scientifique sur la Palestine connaît un succès inédit en ligne

      Annulé par le Collège de France, l’événement consacré à la relation entre la Palestine et l’Europe se tient les 13 et 14 novembre dans les locaux du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris, devant un public très nombreux, mais à distance.

      Entrera ? N’entrera pas ? Sur un trottoir parisien, jeudi 13 novembre à 8 h 15, une cinquantaine de personnes patientent dans une file d’attente devant le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep). Les locaux sont exigus, 35 places maximum, et tout le monde ne pourra pas y pénétrer, prévient un agent de sécurité. Par petits groupes, on se questionne, pour savoir qui dispose ou non d’une invitation nominative pour assister au colloque scientifique « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines ».

      Les entrées se font au compte-goutte. Arrive Henry Laurens, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, suivi de plusieurs intervenants. A quelques exceptions près, tous sont des chercheurs représentant des institutions universitaires prestigieuses à Londres, Madrid, Amsterdam, Montréal, Rome ou encore Bruxelles.
      L’incompréhension se lit sur les visages, l’inquiétude aussi. Comment le Collège de France a-t-il pu en venir à annuler cette rencontre académique ? Comment ce lieu du savoir ouvert à tous a-t-il pu « se refermer comme une huître sous la pression d’un article du Point puis du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche ? », interroge un couple de retraités, dans la file d’attente.
      « Conditions dégradées »
      L’administrateur de l’établissement, Thomas Römer, avait annoncé l’annulation de l’événement, le 9 novembre, « face à la polémique, mais aussi aux risques qui se manifestent autour » – tels que « d’éventuels débordements aux abords et au sein de l’amphithéâtre », avait-on précisé au Monde. Dans un courrier adressé le 8 novembre à M. Römer, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste, avait confié être « personnellement en profond désaccord avec l’angle retenu » par le colloque tout en rappelant l’« entière responsabilité » de l’administrateur s’il décidait de le maintenir.
      L’événement a lieu malgré tout, ces 13 et 14 novembre, mais « dans des conditions très sensiblement dégradées, au regard, notamment, de la taille de la salle, par rapport à celles initialement prévues », a convenu le juge du tribunal administratif de Paris, saisi en référé de cette annulation par plusieurs collectifs de chercheurs et associations, le 12 novembre. Du fait de cette réorganisation dans un autre lieu et de la transmission des échanges en visioconférence, il a estimé que les libertés académique, d’expression et de réunion n’étaient pas atteintes, rejetant ainsi les pourvois formés contre le Collège de France.

      « Bienvenue dans la seule salle parisienne qui a osé accueillir ce colloque », démarre Salam Kawakibi, le directeur exécutif du Carep, co-organisateur de l’événement. Le petit auditoire, qui se tient pour partie debout, est décuplé à distance, plus de 500 personnes suivant les échanges en direct sur YouTube.
      En guise d’introduction, le chercheur en sciences politiques évoque un souvenir remontant à 2002, à Alep, en Syrie : « J’organisais à l’Institut français un colloque scientifique sur la pensée religieuse et la réforme dans le monde musulman. C’était l’époque où le pouvoir autoritaire de Bachar [Al-Assad, l’ex-président syrien] était à son apogée, voulant surveiller les respirations avant même les idées. Pourtant, le colloque a eu lieu. Les agents de sécurité sont venus, ils ont posé des questions, ont pris des notes, fait leur rapport. Mais personne n’a empêché le colloque avant qu’il ne commence. »
      « Droit de penser sans tutelle »
      En France, en 2025, « certains imaginent la recherche comme un débat télévisé », regrette le chercheur : « Ils n’ont pas compris que la science ne cherche pas l’équilibre entre les opinions mais la vérité (…). Nous revendiquons, le droit de penser sans tutelle, de discuter sans permission et de chercher sans peur. On peut interdire les colloques mais on ne peut pas interdire les questions. »
      « Malgré les pressions, les censures, le colloque se tient et nous ne pouvons que nous en féliciter », souligne l’ex-ambassadeur Denis Bauchard, président du conseil d’administration du Carep, avant de lancer les travaux, avec un exposé d’Henry Laurens. « Nous sommes en train de vivre une atteinte en règle contre les libertés académiques et l’indépendance de la recherche, renchérit auprès du Monde Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po et vice-président du conseil d’administration du Carep. On est dans un moment incroyable, où l’on juge de la recherche à partir de traits qui sont prêtés à certains chercheurs de façon mensongère, au lieu de juger un travail sur la qualité et la rigueur scientifique de ce qui est produit. Aujourd’hui nous n’allons pas parler de “la Palestine”, mais de “la relation entre l’Europe et la Palestine”. Et c’est un vrai sujet de recherche qui a été très peu pratiqué. »
      Josep Borrell, ex-haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, dont l’intervention est prévue en clôture des échanges, confie également sa « surprise » : « En Espagne, on ne peut pas imaginer qu’un ministre dise à une université ce qu’elle doit faire ou pas. »

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/11/13/annule-le-colloque-scientifique-sur-la-palestine-connait-un-succes-inedit-en

  • Cameroun : Paul Biya réélu président, annonce le Conseil constitutionnel
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20251027-cameroun-paul-biya-r%C3%A9%C3%A9lu-pr%C3%A9sident-annonce-le-conseil-co

    Selon le Conseil constitutionnel et les chiffres officiels annoncés ce lundi 27 octobre, le chef de l’État sortant, du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) est réélu pour sept ans, en remportant 53,66 % des suffrages, avec plus de 2,470 millions de voix. À la tête du Cameroun depuis 43 ans, Paul Biya, 92 ans, entame donc son huitième mandat.

    Le Cameroun est devenu un « État-Ehpad »
    https://afriquexxi.info/Le-Cameroun-est-devenu-un-Etat-Ehpad

    Au cours d’un dîner informel à Genève en 2025, le politologue Jean-François Bayart, avec la lucidité ironique qui lui est coutumière, proposait une formule saisissante pour caractériser la scène politique camerounaise : un « État-Ehpad ». Par cette expression, empruntée au lexique de la gérontologie institutionnelle – les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) –, il ne s’agissait nullement de pointer l’existence d’une politique sociale tournée vers les aînés, quasi inexistante au #Cameroun, mais bien de désigner une forme particulière de gouvernementalité, dans laquelle la vieillesse, loin de marquer le retrait, est le cœur même du pouvoir. Cette métaphore révèle un fait saillant : l’architecture de l’État camerounais repose sur une #gérontocratie_institutionnalisée, où les plus hauts sommets des pouvoirs civil et militaire sont occupés par des figures âgées, souvent octogénaires ou nonagénaires, et dont la longévité dans les fonctions d’autorité dépasse l’entendement.

    Le président #Paul_Biya, qui aura 93 ans en février 2026, en incarne l’illustration la plus éloquente. À la tête du pays depuis 1982, il vient d’annoncer sa candidature – pour un huitième mandat – à l’élection présidentielle du 12 octobre. Il gouverne entouré d’un cercle restreint d’hommes et de femmes dont plusieurs occupent depuis des décennies des postes stratégiques de la République. Dans la sphère civile, cette #gérontocratie se manifeste par la longévité exceptionnelle d’acteurs tels que Marcel Niat Njifendji, réélu à la présidence du Sénat à 91 ans, Cavaye Yeguie Djibril, 85 ans, président de l’Assemblée nationale depuis 1992, ou encore Adolphe Moudiki, 86 ans, directeur général de la Société nationale des hydrocarbures depuis 1992.

    Les institutions judiciaire, diplomatique, et d’autres postes parlementaires et ministériels ne sont pas en reste, avec Laurent Esso (82 ans), Clément Atangana (84 ans), Laurentine Koa Mfegue (88 ans), ou encore Madeleine Tchuente (76 ans), tous encore en fonction malgré le poids de l’âge. Nombre de leurs homologues aujourd’hui décédés ont, jusqu’à leur dernier souffle, continué à siéger, comme Delphine Zanga Tsogo ou Delphine Medjo. Dans les rangs de l’armée, le tableau est tout aussi évocateur. Les nominations militaires de juillet ont conforté cette logique de la reconduction d’un personnel militaire sénescent : Martin Mbarga Nguelé, 93 ans ; René Claude Méka, 89 ans ; Emmanuel Amougou, 73 ans…

    Ces papis qui gouvernent le Cameroun
    https://www.youtube.com/watch?v=-44CZCQIgJM

    Ils ont pour certains 56 ans de fonction, mais dirigent un pays où 65 % de la population a moins de 35 ans. Voici pour vous, le top 10 des papis qui gouvernent le Cameroun, depuis bientôt une soixantaine d’années...

    On ne fait que concentrer le pouvoir au Palais [présidentiel] entre les mains de quelqu’un qui est de plus en plus vieux et de plus en plus incapable, du point de vue physiologique. Regardez dans nos campagnes : quand on dit déjà que quelqu’un a 80 ans, la majorité traîne avec 90 ans ! Même en URSS, qui était un gouvernement de vieillards, on n’a pas connu ça. À 89 ans, quelle que soit la santé, quelle que soit la force, vous n’êtes plus à l’optimum, vous n’êtes même plus à 25 % de vos capacités. C’est physiologique.

    #ploutocratie

  • « Aux armes, citoyennes » : les femmes oubliées de la Révolution
    https://lvsl.fr/aux-armes-citoyennes-les-femmes-oubliees-de-la-revolution

    En mars 1792, #Pauline_Léon réclame le droit de s’armer pour « défendre la patrie » contre les armées austro-prussiennes : « Législateurs, des femmes patriotes se présentent devant vous pour défendre le droit qu’a tout individu, vous ne pouvez nous le refuser. À moins que l’on ne prétende que la déclaration des droits n’a point d’application pour les femmes ? Et qu’elles doivent se laisser égorger comme des agneaux sans avoir le droit de se défendre ? ». Ces mots résonnent comme l’un des plaidoyers « féministes » les plus vibrants de la période. Encore méconnue du grand public, Pauline Léon, ses compagnes de lutte et les masses féminines de la Révolution ont été mises sur le devant de la scène par le documentaire Aux armes citoyennes, co-réalisé par Émilie Valentin et Mathieu Schwartz pour la chaîne Arte. Riche (...)

    #Féminisme_et_lutte_des_classes #L'héritage_oublié_des_révolutions_françaises #Société #Enragées #Exagérées #Girondins #Jacobins #Montagnards #Olympe_de_Gouges #Révolution_Française #Théroigne_de_Méricourt

  • Pillage du Congo : pourquoi les Occidentaux soutiennent le #Rwanda
    https://lvsl.fr/pillage-du-congo-pourquoi-les-occidentaux-soutiennent-le-rwanda

    Depuis près de trente ans, le Rwanda de #Paul_Kagame incarne un « miracle africain » aux yeux des Occidentaux. Salué par Bill Clinton et Tony Blair, célébré par l’Union européenne pour ses « performances économiques », le chef d’Etat est l’orchestre d’un système de #Prédation sans équivalent en Afrique. Derrière d’incontestables progrès sociaux, on trouve une mécanique de […]

    #International #Coltan #impérialisme #Kivu #Minerais_critiques #or #république_démocratique_du_Congo

  • Les frères Reclus et Bakounine
    https://www.partage-noir.fr/les-freres-reclus-et-bakounine

    C’est en novembre 1864 que Bakounine, rentrant de Suède et rejoignant Florence, séjourne à Londres, puis passe quelques jours à Paris. Il a commencé à fonder une société secrète, dont le nom variera mais qui est essentiellement connue en tant que Fraternité internationale. #Itinéraire_-_Une_vie,_une_pensée n°14/15 : « Elisée Reclus »

    / #Élisée_Reclus, #Jacques_Reclus, #Paul_Reclus, #Michel-Alexandrovitch_Bakounine, Itinéraire - Une vie, une pensée, #@narlivres

    #Itinéraire_-_Une_vie,une_pensée_n°14/15:« _Elisée_Reclus »
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/itineraire_reclus2.pdf

  • Les médias, toujours contre la gauche - Éditions Agone
    https://agone.org/les-medias-toujours-contre-la-gauche

    À l’occasion de la réédition en poche du livre de Pauline Perrenot, Les médias contre la gauche, nous donnons à lire un extrait de son introduction. Et si, comme le signale l’autrice, « nous ne tirons aucune satisfaction à voir les diagnostics ici posés demeurer d’une brûlante actualité », le constat est sans appel, au royaume de l’éditocratie rien n’a changé, ou bien, c’est pire…

    Les médias plus que jamais contre la gauche [LettrInfo 25-VIII] - Éditions Agone
    https://agone.org/les-medias-toujours-contre-la-gauche-lettrinfo-25-viii

    Un an après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française, deux auteurs faisaient paraître, pour Acrimed, un livre sous le titre Tous les médias sont-ils de droite ?. Pour être provocatrice, la question indiquait toutefois sans abus une tendance forte. Une quinzaine d’années plus tard, cette tendance s’est confirmée au point que la question qu’on doit se poser maintenant est : tous les médias sont-ils d’extrême droite ?

    #Pauline_Perrenot #journalisme #médias #droite #extrême_droite #politique #éditorialisme #Acrimed

  • « #Covas_do_Barroso », un docu-western sur la face sombre de la #transition_énergétique au #Portugal

    https://www.youtube.com/watch?v=ZklsYH2S58Y

    Le réalisateur #Paulo_Carneiro sort le 26 mars un film choral qui remet en scène la résistance d’un village portugais contre un mégaprojet de #mines de #lithium porté par la multinationale britannique #Savannah.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/260325/covas-do-barroso-un-docu-western-sur-la-face-sombre-de-la-transition-energ
    #film #énergie #résistance #extractivisme #lutte

  • Repenser le #Travail pour contrer l’exploitation des #Vivants
    https://www.terrestres.org/2025/02/22/penser-les-alliances-politiques-contre-lexploitation

    Le #Capitalisme exploite le travail des humains... et des non-humains. Une transformation radicale du travail est donc nécessaire, soutient le philosophe Paul Guillibert, qui appelle à une alliance entre anticapitalistes, antiracistes et écologistes pour un « communisme du vivant ». Comment faire communauté autour de l’autonomie et de la subsistance dans un monde désormais majoritairement urbain ? L’article Repenser le travail pour contrer l’exploitation des vivants est apparu en premier sur Terrestres.

    #Décroissance #Ecologie Politique #Luttes #Philosophie

  • L’histoire enfouie du #remembrement

    Après-guerre, en #Bretagne surtout, et dans une moindre mesure dans les zones moins bocagères, les #haies ont été arrachées à coups de bulldozer, les talus arasés, et les vergers réduits à néant. C’est ce qu’on a appelé le remembrement et voici son #histoire oubliée racontée dans une #BD.

    En mai 1978, #Gildas_Le_Coënt, emprisonné neuf mois en hôpital psychiatrique, est libéré. Cette affaire marque un nouvel épisode de la bataille bretonne contre le remembrement. Elle reflète une réalité vécue par des milliers de #paysans à travers la France pendant les décennies de #modernisation_agricole. #Inès_Léraud est journaliste, et lanceuse d’alerte en 2019 face à l’omerta des algues vertes. Elle publie aujourd’hui « Champs de bataille, l’histoire enfouie du remembrement », sa deuxième BD, une enquête avec Pierre van Hove, publiée chez La Revue Dessinée et les Éditions Delcourt.
    Des blessures toujours vives dans la mémoire collective

    Les témoignages recueillis révèlent des traumatismes profonds. Comme le rapporte Jacqueline Goff née en 1953 : "Je revois l’apparition des bulldozers, ce #saccage qui détruit tout, les arbres, les talus. Ce n’était pas un remembrement, un #démembrement, c’était le #chaos." sur France Culture. Cette #mémoire douloureuse se transmet encore dans les villages, où certaines familles ne se parlent plus depuis cette époque.

    Une modernisation imposée qui a divisé les campagnes

    Le remembrement, lancé après la Seconde Guerre mondiale, visait à adapter l’#agriculture française aux enjeux de #productivité et de concurrence internationale. "C’était une #société_paysanne qui n’était pas dans une logique de l’argent" explique Inès Léraud, "il s’agissait de regrouper les #parcelles, d’arracher les #arbres, les #talus, pour avoir des champs facilement cultivables par des machines". Cette politique crée alors des tensions durables, opposant les "gagnants", appelés "profiteurs" et les "lésés" du remembrement.

    Ce qui frappe Inès Léraud et Léandre Mandard en travaillant sur le sujet du remembrement, c’est l’ampleur des #résistances et des #conflits liés à cette question. Un #mouvement_contestataire qu’on aurait difficilement imaginé vu le peu de cas qu’en ont fait les sociologues ruraux et les historiens jusque-là. "Or, dans les archives départementales, les cartons de réclamation, de recours, de lettres, de mécontentement. Il y en avait partout, dans toutes les archives départementales où je suis allée sur le territoire français. Les bulldozers du remembrement ont dû être accompagnés des forces de l’ordre pour intervenir" explique Inès Léraud.

    Un impact environnemental majeur qui persiste

    Les conséquences de cette transformation radicale des #paysages se font encore sentir aujourd’hui. "Il y a 23 000 kilomètres de haies qui disparaissent chaque année, il y en a 3 000 qui sont replantées, donc on perd 20 000 kilomètres de haies chaque année", souligne Inès Léraud. Cette destruction massive du #bocage, associée à la diminution drastique du nombre d’agriculteurs (passé de 7 millions en 1946 à 400 000 aujourd’hui), illustre l’ampleur des changements opérés. "Certains chercheurs parlent même d’#éthnocide, on a perdu 90% des paysans." explique Inès Léraud.

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-20-novembre-2024-8473983
    #bande-dessinée #résistance #paysage

  • Le réalisateur et producteur Paul Morrissey, figure du cinéma underground, est mort
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2024/10/29/le-realisateur-et-producteur-paul-morrissey-figure-du-cinema-underground-est

    Le jeune homme de 27 ans commence comme simple collaborateur technique sur My Hustler (1965), avant de coréaliser le splendide Chelsea Girls (1966), premier grand succès du cinéma underground. Sur un écran scindé en deux, une succession de plans fixes observe les pensionnaires du mythique Chelsea Hotel dans une suite d’actions prosaïques. Fascinant et rarement projeté, le film – qui dure plus de trois heures – accomplit un rêve de voyeurisme de l’insignifiance qui prophétise la télé-réalité.
    Entre 1968 et 1972, Paul Morrissey réalise la trilogie Flesh/Trash/Heat – Warhol, qui se remet d’une tentative d’assassinat, n’est plus que producteur. La série suit les tribulations d’un gigolo addict à l’héroïne qui tente péniblement de survivre dans un New York interlope. La caméra de Morrissey est magnétisée par la beauté de son acteur, Joe Dallesandro, sans doute l’une des apparitions les plus sensuelles du cinéma américain – on le reverra dans Je t’aime moi non plus (1976), de Serge Gainsbourg.

    Morrissey confère ses contours et ses lettres de noblesse au #cinéma underground, et applique strictement les principes de la Nouvelle Vague : budget de 10 000 dollars, 16 mm et son direct, tournage sauvage dans un New York éteint, minimum d’indications données aux acteurs. La trilogie donne à voir les existences et les corps de marginaux qui n’auront jamais droit de cité dans la fiction majoritaire. Ce sera le plus grand succès de Paul Morrissey, qui s’extirpe ainsi de l’ombre de son mentor, inaugure le cinéma des années 1970 et influencera jusqu’à Jim Jarmusch et les frères Safdie.

    Identité sexuelle tourmentée

    Suivra Lonesome Cowboys (1968), parodie gay de western hollywoodien. Réalisé par Warhol, écrit et produit par Morrissey, le film sera salué par Henri Langlois. Ils coréaliseront le documentaire The Velvet Underground and Nico. A Symphony of Sound (1966) et L’Amour (1972), l’histoire de deux hippies américaines à Paris, avec Karl Lagerfeld (1933-2019) dans son propre rôle.

    Warhol nourrit l’ambiguïté : il appose devant chaque titre la formule « Andy Warhol’s », même lorsqu’il n’est que producteur. Ce sera le cas des deux très beaux films d’horreur signés Morrissey : Chair pour Frankenstein (1973), tourné en 3D, et Du sang pour Dracula (1974) où, à cause d’une pénurie de jeunes filles vierges, le vampire ne trouve plus de quoi s’alimenter. Le magnétisme trouble d’Udo Kier, dégurgitant sans cesse des trombes de sang, saisit la sexualité comme une dimension tragique et désespérée de l’existence.

    Morrissey continuera de réaliser au compte-gouttes quelques films peu concluants – notamment une parodie du Chien des Baskerville. Dans ses entretiens tardifs, il se montrait de plus en plus amer et critique vis-à-vis de Warhol – « Cet homme n’a jamais rien fait de sa vie », disait-il. Il aimait renvoyer l’image d’un conservateur, fervent catholique, détestant la contre-culture et la faune de marginaux à laquelle son nom était pourtant associé.
    Justement, on sentait au fond de son regard de cinéaste une identité sexuelle tourmentée, un mélange de fascination et d’angoisse pour le corps de ses acteurs – il filmait en intrus un monde interdit. En 1975, il confiait au critique américain Jonathan Rosenbaum : « Mes films dépeignent une sorte de vide intérieur chez des personnes qui traversent une période culturelle transitoire : elles ne savent pas qui elles sont, ni ce qu’elles doivent faire. »

    #Paul_Morrissey

    • Cela dit, pour le Frankenstein et le Dracula, le « co-réalisateur » italien, Antonio Margheriti, revendiquait dans les interviews d’être le vrai réalisateur, disant que les ricains ne savaient pas faire grand chose avec une caméra.

      Voir aussi ce commentaire de Science-Fiction magazine à propos de Chair pour Frankenstein :
      https://www.sfmag.net/spip.php?article2311

      Aujourd’hui, bien sûr, l’enthousiasme sera plus mitigé : la mise en scène académique de Morrisey accuse mal le poids des ans. A ce propos, il n’est d’ailleurs pas évident de savoir qui réalisa réellement ce Chair pour Frankenstein (et son contemporain Du Sang pour Dracula) : le nom de Andy Warhol est mis en avant mais la réalisation est généralement créditée à Paul Morrisey, excepté en Italie où c’est Anthony Dawson (alias Antonio Margheriti) qui est mentionné. Il est à présent admis que le cinéaste italien a réalisé les deux films, Morrisey ayant un rôle assez flou de superviseur de la mise en scène et Warhol apportant sa caution artistique. Notons que la production est assurée par un autre trublion, à savoir Jean Yanne.

      Quant à la fameuse trilogie Flesh/Trash/Heat, c’est rigolo à regarder, mais c’est tellement conçu pour « choquer le bourgeois » que j’ai toujours trouvé ça assez vain (comme le Je t’aime moi non plus de Gainsbourg, d’ailleurs). Parce que le bourgeois de toute façon adore être choqué par ce genre de choses, et que finalement pas grand chose ne le choque là-dedans (le fait que ce soit fait avec Warhol permet déjà de s’en douter).

      #cinéma_barré

  • « Les #cyclistes ne respectent pas le #code_de_la_route », vraiment ?

    https://theconversation.com/les-cyclistes-ne-respectent-pas-le-code-de-la-route-vraiment-242040

    C’est un argument que l’on a beaucoup entendu depuis la mort de Paul, cycliste de 27 ans tué sur une piste cyclable par un automobiliste en #SUV le 15 octobre à Paris : les cyclistes ne respecteraient pas le code de la #route. Et s’ils ont des #accidents, ils n’auraient qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Mais est-ce vraiment le cas ? A-t-on raison de mettre sur le même plan les autos, les bus, les camions et les cyclistes ?

    Depuis la mort de #Paul, cycliste de 27 ans tué sur une piste cyclable par un #automobiliste en SUV le 15 octobre à Paris, on entend de plus belle l’argument selon lequel les cyclistes ne respecteraient pas le code de la route. S’ils ont des accidents, ils n’auraient qu’à s’en prendre à eux-mêmes.

    Ce raisonnement simpliste oublie que si les cyclistes prennent parfois des libertés avec le #code, c’est avant tout pour assurer leur sécurité en se protégeant des #voitures, des #bus et des #camions.

    Car, s’il est le même pour tout le monde, le code de la route a d’abord été conçu pour les automobilistes et prend insuffisamment en compte les spécificités des déplacements à #vélo. Même constat pour l’aménagement de la #voirie.

  • #Paulette_Nardal, pionnière méconnue de la #négritude

    L’histoire a retenu les « pères » de la négritude : Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Léon Gontran Damas. C’était oublier le rôle fondamental de Paulette Nardal et de ses sœurs dans l’émergence de la pensée noire francophone.

    La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris lui aura offert une #exposition inédite. Ce 26 juillet 2024, la #statue de Paulette Nardal a émergé des eaux de la Seine, seule femme noire parmi ces dix « femmes en or » debout, reconnues par la France sous les yeux du monde entier. L’intellectuelle martiniquaise, au rôle déterminant dans l’histoire de la #pensée_noire_francophone, a pourtant longtemps été oubliée.

    Durant des décennies, les historiographes de la négritude ont mis en lumière les « pères » de ce mouvement littéraire, philosophique, esthétique et politique porté par trois étudiants noirs qui, dans les années 1930, s’étaient rencontrés à Paris : Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas. Dans le tome 3 de ses essais intitulés Liberté, Senghor renvoyait à cette définition de la négritude d’après Césaire : « la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture ».

    Ainsi, l’importance de Paule dite Paulette Nardal (1896-1985) dans l’émergence de ce mouvement a été éclipsée. Journaliste et femme de lettres, fondatrice, avec d’autres de La Revue du monde noir, elle a animé avec ses sœurs, à l’entre-deux-guerres, un salon littéraire qui a vu défiler, à Clamart, au sud de Paris, toute l’intelligentsia noire installée ou de passage dans la capitale.

    Parfois, on se contentait de l’appeler « la marraine de la négritude » d’après l’expression de l’écrivain martiniquais Joseph Zobel, comme si ses sœurs – Paulette est l’aînée de sept – et elle n’avaient joué qu’ un rôle de lointaines inspiratrices.

    Pourtant, elles écrivaient, discutaient, traduisaient, établissant des ponts entre intellectuels anglophones et francophones dès les années 1920. Les sœurs Nardal, et Paulette en particulier, étaient à la fois des femmes d’action et des penseuses, des battantes pour la « cause noire ».
    Première femme noire diplômée d’anglais à la Sorbonne

    Paulette Nardal est née le 12 octobre 1896, à la Martinique, dans une famille bourgeoise. Naîtront ensuite six filles (Émilie, Alice, Jane, Cécile, Lucie et Andrée), toutes éduquées dans l’amour des lettres « latines » et de la musique. Son père, Paul Nardal, fils d’esclaves, est le premier Martiniquais ingénieur des ponts et chaussées ; sa mère, Louise Achille, est institutrice et professeur de musique. Paulette Nardal sera elle-même institutrice, avant de gagner Paris, en 1920, à l’âge de 24 ans. Elle s’inscrit à la Sorbonne avec sa sœur Jane et y poursuit des études d’anglais.

    Première femme noire diplômée en anglais de la Sorbonne, elle travaille pour son mémoire de fin d’études sur l’écrivaine américaine abolitionniste Harriet Beecher Stowe, autrice de La case de l’oncle Tom.

    Dès son arrivée en métropole, elle est témoin de l’effervescence autour de Batouala, roman du Martiniquais René Maran, premier livre d’un Noir couronné par le prix Goncourt en 1921.

    Elle observe la vie quotidienne à Paris, ville bouillonnante dans l’entre-deux-guerres, où l’on croise des soldats noirs démobilisés, où les « bals nègres » sont à la mode, où de nombreux intellectuels et artistes noirs évoluent – Joséphine Baker triomphe sur scène.

    Paris est alors un carrefour. Les Afro-Américains, les Antillais et les Africains, d’abord méfiants les uns à l’égard des autres, y découvrent leur commune appartenance à une « race » avec, cependant, des différences culturelles notables.
    Au salon de Clamart, débats et mises en réseau

    Il faut souligner l’importance du salon de Clamart, où elle reçoit tous les dimanches avec ses sœurs Jane et Andrée entre la fin des années 20 et le début des années 30. C’est le moment où les trois sœurs ont joué pleinement leur rôle de traductrice et ont participé activement à la mise en réseau des intellectuels noirs, d’où qu’ils viennent. Si Aimé Césaire avoue y passer rarement, on y croise plus fréquemment Léopold Sédar Senghor.

    Elles débattent et créent des passerelles entre anglophones de passage à Paris (intellectuels, poètes, artistes américains et de toutes les diasporas africaines) et francophones, quelles que soient leurs origines et fonctions, conscients de leur appartenance commune à la « condition noire ». Outre René Maran, on y croise les écrivains américains Alain Locke, auteur du manifeste « The New Negro » et Claude McKay, la sculptrice Augusta Savage… On s’y fait écho du « Harlem Renaissance », un mouvement afro-américain porté par les intellectuels et artistes noirs outre-Atlantique, qui a inspiré celui de la négritude.

    L’intellectuelle est aussi journaliste : pour La Dépêche africaine (1928-1932), où sa sœur Jane publie également, pour La revue du Monde noir qu’elle a créé (1931-1932) avec Léo Sajous et René Maran et plus tard pour L’Etudiant noir (créé par Aimé Césaire en 1935, dont il n’y eut que deux numéros). En témoin de son temps, elle donne son opinion sur les différentes formes de colonisations : celle des Français, qui selon elle civilise et éduque, lui semble plus douce. Plus tard, en 1935, elle prendra position contre l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie de Mussolini.

    En tout, Paulette Nardal écrit une dizaine d’articles dans La Dépêche africaine (organe du « Comité de défense de la race nègre », fondé par le Guadéloupéen Maurice Satineau en 1928). Pour La revue du monde noir, parution bilingue anglais-français dont elle est secrétaire de rédaction, elle traduit tous les textes. Ses sœurs Jane et Andrée y contribuent, ainsi que son cousin Louis Thomas Achille.

    Dans l’éditorial de La Revue du monde noir de 1931, le cap est clairement fixé :

    « Créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien intellectuel et moral qui leur permette de se mieux connaître, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur Race, tel est le triple but que poursuivra “La revue du monde noir”. »

    Dans le dernier numéro de la même revue, en 1932, elle publie un texte qui fera date : « Éveil de la conscience de race ». Il s’agit pour elle de redonner aux Noirs la fierté d’être des Noirs.

    Paulette Nardal fut aussi assistante parlementaire, auprès du député martiniquais Joseph Lagrosillière ou du député du Sénégal Galandou Ndiaye, à partir de 1934.

    En 1939, elle se trouve sur le bateau Bretagne quand celui-ci est torpillé par les Allemands. Sauvée de justesse, elle gardera à vie des séquelles. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle regagne la Martinique où elle encourage les femmes à exercer leur droit de vote acquis en avril 1944. Elle occupera, un bref moment, un poste à l’ONU.

    En Martinique, elle publie dans le mensuel La femme dans la cité, qu’elle a créé et qu’elle dirige entre 1945 et 1951, dans lequel elle défend toujours la cause des femmes.

    Elle accorde ainsi une grande importance à l’éducation et aux droits des Martiniquaises et écrit un rapport officiel sur le féminisme dans les colonies (1944-1946). En 1954 elle fonde une chorale, « La joie de chanter », où les choristes interprètent des negro spirituals.

    Sa vie durant, Paulette Nardal a vécu en femme indépendante, ne reculant devant aucune difficulté, même si ses positions politiques furent parfois incomprises ou jugées ambiguës à l’égard de la colonisation française, parce qu’elle aimait la France, sa culture et l’accueil qu’elle réservait aux Noirs. Elle était catholique et ne remettait pas en cause l’idée de la civilisation liée à celle de la colonisation. Vu ses positions réformistes modérées, on a pu dire qu’elle défendait une « négritude de droite ».
    « Nous avons balisé la piste pour les hommes »

    Toujours solidaire des femmes et prenant fait et cause pour la « négritude », elle avait l’impression d’avoir été dépossédée de la « maternité » d’une pensée qu’elle forgeait théoriquement et pratiquement depuis les années 1920. Elle le dit clairement, par exemple dans une lettre de 1963, adressée au biographe de Senghor Jacques Louis Hymans, « où elle exprime son amertume – et celle de ses sœurs – d’avoir été spoliées par Césaire, Damas et Senghor », relève Cécile Bertin-Élisabeth :

    « Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avions brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelle. Nous n’étions que des femmes. Nous avons balisé la piste pour les hommes »

    Dans l’histoire des idées, la « domination masculine » est bien présente : le rôle des penseuses est souvent passé sous silence, comme le montre Eve Gianoncelli dans une thèse soutenue en 2016, qui s’appuie notamment sur la trajectoire de Paulette Nardal.

    Quand il s’agit de l’Afrique et de ses diasporas, cette tendance à l’invisibilisation des voix des femmes est encore plus flagrante – ce sont d’abord les hommes qui écrivent, conceptualisent, ont des préfaciers français (ce fut le cas des « pères » de la négritude).

    https://www.youtube.com/watch?v=vxdY68tCA_s&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Ftheconversation.com

    Heureusement, le rôle de Paulette Nardal et de ses sœurs est mieux connu depuis quelques années grâce à de nouvelles recherches, des thèses), des films, une première biographie, un livre d’entretiens et bien d’autres publications.

    La statue de Paulette Nardal est temporairement exposée dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale, aux côtés des autres « femmes en or ». Son châle semble se prolonger par de puissantes racines de fromager, arbre bien connu en Afrique et aux Antilles. Le début d’une mise en lumière officielle.

    https://theconversation.com/paulette-nardal-pionniere-meconnue-de-la-negritude-239579
    #femmes #invisibilisation #historiographie #Martinique

  • #Chronovélo #cours_Berriat : de la #contrainte naîtront les nouveaux #usages

    Depuis plusieurs mois, trois unions de quartier font part dans la presse locale (https://www.placegrenet.fr/2023/10/20/chronovelo-grenoble-fontaine-trois-unions-de-quartier-refusent-le-futur-sens-unique-cours-berriat-sans-faire-lunanimite/616121) de leur désaccord concernant le tracé de la piste cyclable Chronovélo n°1 sur la portion du cours Berriat entre J. Jaurès et l’Estacade (https://www.ledauphine.com/transport/2023/11/22/isere-grenoble-mise-en-sens-unique-du-cours-berriat-les-unions-de-quarti). Afin de maintenir un double-sens automobile, leurs membres souhaitent que la Chronovélo soit réduite en largeur, alors que l’aménagement prévu est déjà en-deçà des recommandations du CEREMA (https://www.cerema.fr/fr/actualites/rendre-sa-voirie-cyclable-cles-reussite-guide-pratique-du).

    Parlons-Y Vélo vous explique pourquoi il s’agit d’une (très) mauvaise idée.
    Le transit, un faux débat

    Ces unions de quartier expriment des craintes quant à l’augmentation du trafic dû au report de circulation sur la rue Nicolas Chorier. Cependant, nous refusons de nous appuyer sur des craintes non étayées pour justifier une dégradation de l’aménagement cyclable prévu. Focaliser le débat sur le trafic de transit n’est qu’une expression de la peur du changement.

    Comme les unions de quartiers, nous constatons, que l’automobile dans les espaces urbains est source de bruits, de pollutions, de dangers en particulier pour les plus vulnérables. Il convient de rappeler que 99,8 % des piétons tués en France l’ont été par un conducteur de véhicule motorisé (Libération, 2023).

    Le trafic de transit, par définition, ne s’arrête pas dans le quartier, il le pollue uniquement. Nous proposons donc de revoir totalement le plan de circulation du quartier afin qu’il n’accueille plus de trafic de transit sur aucune de ses rues traversantes. Il s’agit du principe de « #plan_en_marguerite ». Ce type de plan de #circulation existe dans d’autres villes européennes dont personne ne viendrait questionner l’attractivité ou la vitalité commerciale : Gand en Belgique, Barcelone en Espagne, par exemple.

    Ce type de #plan_de_circulation est un des leviers pour imposer une contrainte sur le #trafic_automobile, sans empêcher l’utilisation de la #voiture pour les besoins des résident-e-s. Cependant, celle-ci perd en #attractivité par rapport aux autres modes de transport. Le quartier Chorier-Berriat est longé par deux lignes de tramway, dispose de nombreux arrêts de bus métropolitains, et jouxte la gare de Grenoble et ses nombreuses destinations routières et ferroviaires. En 2020, les données INSEE montrent que voiture, marche et vélo sont déjà proches en part d’utilisation pour les trajets domicile-travail, il ne suffit que d’un coup de pouce pour renverser la balance.

    La contrainte sur le trafic, un levier majeur pour son évaporation

    Il est aujourd’hui inutile de rappeler les bienfaits des modes actifs sur la santé, et le besoin de décarboner les transports de courte ou longue distance. un espace public libéré des voitures permet d’autres usages : végétalisation, jeux d’enfants, extension commerçante , bancs, etc. Contraindre les #accès_automobiles amène un effet qui ne revient presque jamais dans le débat public : il s’agit de l’#évaporation_du_trafic, qui a été récemment confirmée par une thèse (https://transitec.net/fr/actualites/item/11224-levaporation-du-trafic-un-concept-confirme-par-une-these.html). Il est donc faux de considérer le trafic automobile comme une donnée constante : celui-ci évolue selon les choix qui sont faits sur l’espace public.

    Le projet Cœur de Ville – Cœur de Métropole de Grenoble, qui a consisté entre autres à la suppression du transit sur l’axe Rey-Sembat-Lyautey en hyper-centre, a été un très bel exemple d’évaporation du trafic. après 1 an de mise en place, 4% du trafic en entrée du centre-ville avait disparu (https://www.eco-compteur.com/ressources/grenoble-alpes-metropole-france). La #fréquentation_piétonne, elle, a bondi.

    Mais pour le #secteur_Berriat, malgré de nombreux compteurs de trafic automobile présents sur les routes de la Métropole, il est impossible de pouvoir juger de l’évolution… faute de la diffusion des données. À l’instar des unions de quartier, nous attendons avec impatience la publication de chiffres à ce sujet. Le silence actuel profite aux marchands de peur, et contribue à des débats passionnés, sans étaiement objectif possible. Nous le regrettons.

    La qualité de ville, la vraie question

    Si la #part_modale du vélo à Grenoble a fortement augmenté depuis 2015 (https://www.ledauphine.com/transport/2023/11/27/isere-velo-grenoble-fait-la-course-en-tete), c’est grâce à l’arrivée d’un nouveau public sur les bicyclettes, qui n’osait pas utiliser ce transport jusqu’alors : femmes, enfants, personnes âgées, etc. ainsi que le développement de nouvelles pratiques : vélos adaptés aux PMR, vélos couchés, cyclologistique. Rappelons qu’un enfant doit rouler hors du trottoir dès ses 8 ans, ce qui implique qu’il puisse le faire sur la chaussée. Ces nouvelles utilisations du vélo sont permises par la largeur importante du réseau Chronovélo. En effet, une piste cyclable large ne permet pas seulement d’absorber un trafic plus important ; elle offre un cadre sécurisé et agréable aux personnes plus lentes ou disposant de vélos-cargos ou tricycles, sans être gênées par les cyclistes plus aguerris ou plus rapides. Ainsi, une largeur de 4 mètres est indispensable pour garantir une pratique du vélo accessible à toutes et à tous.

    Dans ce contexte, quel intérêt de questionner la population sur 250 mètres de voirie qui passeraient à sens unique, sur un cours qui mérite aujourd’hui une rénovation totale de ses espaces et de ses usages ? Pourquoi s’attarder sur ce qui est finalement un petit sujet, au regard de la question existentielle qui s’est toujours posée aux urbanistes : quelle ville voulons-nous ? Souhaitons-nous des rues où la voiture n’a pas ou peu de contraintes, au détriment d’alignements d’arbres (même à l’ombre en été), de terrasses (qui seront à l’ombre en été, ce qui n’est pas si mal, non ?) et de pavés perméables pour laisser entrer l’eau de pluie dans le sol ? Bref, nous sommes déçus de voir que le débat ne s’intéresse qu’à la circulation de quelques voitures, et qu’il est amené toujours de la même façon : des oppositions de principe au moindre changement d’habitude.
    Avec le temps, les avis changent

    En 2016, les unions de quartier Centre-Ville et Championnet rejoignaient Grenoble à Cœur , pour s’opposer à CVCM Grenoble et de facto au passage de la Chronovélo sur Rey-Sembat-Lyautey. En 2018, une partie des membres des unions de quartier Berriat, Centre-Ville et Championnet s’opposaient au passage de la Chronovélo sur l’axe Lafontaine-Berriat (https://www.placegrenet.fr/2018/12/10/plan-chronovelo-le-velo-qui-marche/530046). Puis, ces mêmes membres se sont opposées à la bordure (https://www.placegrenet.fr/2019/04/07/chronovelo-bordure-le-velo-qui-marche/530545) de séparation entre la Chronovélo et la voie routière . Aujourd’hui, peu ou prou les mêmes personnes se déclarent « favorables » à la Chronovélo. Il y a donc bon espoir de les voir défendre des Chronovélo suffisament larges dans les années qui viennent, sur les futurs projets… peut-être les quais rive gauche ?

    https://parlons-y-velo.fr/chronovelo-cours-berriat-de-la-contrainte-naitront-les-nouveaux-usage
    #vélo #aménagement_du_territoire #urbanisme #Grenoble

    • Rendre sa #voirie cyclable : les clés de la réussite - Un #guide pratique du #Cerema

      Comment transformer progressivement la voirie pour encourager la pratique du vélo en ville ? Le Cerema publie un guide pratique pour aider les collectivités et acteurs de la mobilité à développer des aménagements attractifs et performants, à travers 8 #leviers_d'action.

      Améliorer la qualité des #aménagements_cyclables

      Il a été conçu pour répondre à un besoin des collectivités, qui cherchent de plus en plus à généraliser les aménagements cyclables en ville. Pour cela, il faut transformer en profondeur la voirie et amener à une modification des pratiques.

      Largement illustré, ce document disponible sur la boutique en ligne du Cerema présente des exemples de bonnes pratiques, des schémas explicatifs, les éléments réglementaires et signale des points d’attention. Il fournit aussi des références et ressources pour approfondir les différents sujets.

      "La France ambitionne une forte croissance de la part modale vélo, qui ne peut se réaliser que si les aménagements cyclables proposés s’adaptent pour accueillir les nouveaux cyclistes, qu’il s’agisse d’enfants à vélo, de familles avec des remorques, ou d’utilisateurs de vélo cargo.

      Cette ambition suppose de réinterroger l’offre quantitative mais également qualitative des aménagements cyclables. C’est pour aider les aménageurs à relever ce défi que le Cerema publie aujourd’hui ce guide « #voirie_cyclable »" (Thomas Jouannot - Cerema)

      Il a été réalisé collectivement au Cerema, à la suite de nombreux échanges avec les collectivités notamment au cours de webinaires organisés pour accompagner la mise en place d’aménagements cyclables temporaires et leur pérennisation.

      https://www.cerema.fr/fr/actualites/rendre-sa-voirie-cyclable-cles-reussite-guide-pratique-du

    • L’évaporation du trafic, un concept confirmé par une thèse !

      Les retombées d’une thèse de doctorat engagée par Transitec sur l’évaporation du trafic nous permettront de conforter des démarches encore plus ambitieuses pour les projets de #mobilité à venir ! Une belle mise en lumière de la « part des anges » du trafic automobile.

      Notre collègue #Pauline_Hosotte a soutenu publiquement sa thèse de doctorat ès sciences, intitulée L’évaporation du trafic, opportunités et défis pour la mobilité d’aujourd’hui et demain. Cette recherche de quatre ans, sur une thématique orpheline tant dans la littérature que dans la pratique de l’ingénierie, a été réalisée grâce à une collaboration entre notre bureau et le Laboratoire de sociologie urbaine (LaSUR) de l’EPFL, sous la direction du Prof. Vincent Kaufmann.

      Défendue à huis clos quelques mois auparavant, devant un jury de scientifiques et praticiens, la thèse a été acceptée sans réserves et proposée à l’unanimité par ce jury pour le prix 2022 de distinction pour une thèse remarquable.

      Pourquoi l’évaporation du trafic ?

      Quotidiennement, nous observons le phénomène dit d’évaporation du trafic, qui conduit à constater qu’en cas de restriction de circulation volontaire ou non, une certaine part de trafic « disparaît » spontanément, et parfois durablement. Dans un contexte et une époque où la saturation des réseaux et la volonté de réorienter les politiques de mobilité vers une meilleure maîtrise de la voiture revêtent une grande importance, ce sujet est porteur de défis et d’opportunités. Quasiment absent de la littérature scientifique et largement méconnu, la thématique de l’évaporation du trafic méritait une plus grande attention. Ce travail de thèse comble ainsi une lacune et les enseignements qu’il apporte sont riches pour gérer non seulement la mobilité d’aujourd’hui, mais également pour façonner celle de demain.

      L’évaporation du trafic est parfois un sujet de fantasmes : les plus ambitieux considèrent qu’elle devrait tout permettre, les plus réticents que c’est un concept "fumeux". Certaines collectivités pourraient être tentées d’intégrer une part d’évaporation dans chaque projet de requalification de l’espace public, ce qui permettrait de faciliter l’action publique. Il n’existe en effet aucun consensus sur la valeur à lui faire prendre, ce qui permet, en gros, de mettre un voile bien peu pudique sur tous les effets néfastes des politiques publiques sur le mode voiture.

      Pourquoi une thèse ?

      Puisque nous croyons en ce phénomène sans pour autant penser qu’il suffit à justifier tout et n’importe quoi, nous avons voulu étayer scientifiquement ce qui se cachait derrière l’évaporation, en nous appuyant sur cette thèse. Le sujet n’est évidemment pas apparu aussi récemment chez nous, mais nous espérons pouvoir consolider certaines situations en nous appuyant sur ce travail, que nous jugeons important et fondateur pour de nouvelles approches de la mobilité plus ambitieuse en cette période de crise climatique.

      Et la suite ?

      Outre la maitrise de ce sujet que nous transmettons à chaque membre de notre équipe et la méthode que nous développons en ce sens au niveau technique, nous travaillons à la rédaction d’un document vulgarisateur et appliqué à nos métiers. Il prendra la forme d’une « pause technique », notre série de publications de partage de connaissance dont le premier numéro sur la mobilité des femmes en Afrique est sorti en 2021 et dont le second, consacré à l’essor du vélo à Paris et les enseignements à en tirer, vient de paraître.

      Vous voulez en savoir plus ?

      Pour échanger de manière plus spécifique à vos propres enjeux autour de cette thématique d’actualité, nous organisons volontiers des séances de présentation et de discussion particulières en présentiel ou visioconférence.

      https://transitec.net/fr/actualites/item/11224-levaporation-du-trafic-un-concept-confirme-par-une-these.html



  • 🐋 Libérez Paul Watson - de Sea Shepherd 🐋

    Le dimanche 21 juillet, la police danoise 🇩🇰 a décidé d’arrêter le capitaine Paul Watson dans le port de Nuuk au Groenland. Il faisait route vers le pacifique nord pour barrer la route au plus grand baleinier jamais construit dans l’histoire de la chasse baleinière, le Kangei Maru. Ce navire japonais 🇯🇵 inauguré en mai 2024 est une machine de guerre conçue pour tuer des milliers de baleines jusque dans les coins reculés de la planète.

    Le Japon 🇯🇵 agit impunément en violation du moratoire international sur le commerce de viande de baleines entré en vigueur en 1986. Moratoire que le Danemark 🇩🇰 a ratifié. Il répand le sang des baleines à l’heure même où une mobilisation mondiale s’organise pour libérer leur plus grand défenseur.

    Âgé aujourd’hui de 73 ans, Paul Watson a dédié sa vie entière à la défense de l’océan et des baleines en particulier. S’il est extradé vers le Japon, il encourt une peine de 15 ans d’emprisonnement. Dans les faits, la perpétuité. Il n’en repartirait pas vivant.

    Nous demandons aux député-es 🇫🇷 de faire pression sur la ministre danoise 🇩🇰 pour empêcher l’extradition et obtenir la libération de Paul Watson.


    Publication : 08 / 08 / 2024
    Commission : Affaires étrangères
    Admissibilité : pas de seuil


    .

    https://politipet.fr/2373
    https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2373

  • Un courageux précurseur de la limitation des naissances : Eugène Humbert
    https://www.partage-noir.fr/un-courageux-precurseur-de-la-limitation-des-naissances-eugene

    Un certain nombre d’adresses auront été familières à travers le monde aux compagnons de plusieurs générations. Ainsi du 6 de la rue des Savoises, à Genève, où plus de quarante années durant, Louis Bertoni rédigea et composa avec des moyens de fortune son Réveil anarchiste ; ainsi du 140 de la rue Mouffetard et du 4 de la rue Broca où Jean Grave fit successivement la Révolte et #Les_Temps_nouveaux ; ainsi encore du 15 de la rue d’Orsel, où Matha d’abord et Pierre Martin ensuite maintinrent (...) #Liberté_n°167_du_1er_avril_1970

    / #Paul_Robin, #Eugène_Humbert, #Jeanne_Humbert, Les Temps nouveaux, Archives Autonomies , Le (...)

    #Archives_Autonomies_ #Le_Libertaire
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/liberte-1958-1971-n167.pdf

  • Terezin, l’imposture nazie (2019)- YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=Ai2zZ-bA09o

    Près de 15000 enfants juifs de Prague, de Bohême-Moravie, d’Allemagne, de Hollande et du Danemark ont été enfermés dans la forteresse de Terezín, avant d’être déportés à Auschwitz. À la libération, des milliers de dessins, des centaines de poèmes et des dizaines de journaux intimes de ces enfants ont été découverts dans les casernes de la citadelle. À partir de ces témoignages exceptionnels, le film de Chochana Boukhobza retrace l’histoire du camp-ghetto de Terezín.

    Cette chronique du ghetto à hauteur d’enfants, évoque aussi le rôle des éducateurs et des artistes qui, jour après jour, ont encadré et accompagné ces enfants, jusqu’à partager leur sort à Auschwitz.
    Réalisateur : Chochana Boukhobza

    • Sea Shepherd France sur X
      https://x.com/SeaShepherdFran/status/1815041713850741030

      Paul Watson, arrêté pour avoir sauvé plus de 5000 baleines dans le sanctuaire baleinier antarctique.

      La perfidie du système de la notice rouge d’Interpol : après avoir été mise en ligne pendant des années, la notice avait récemment disparu du site internet d’Interpol, laissant croire à Paul Watson et à ses avocats qu’il était désormais libre de ses mouvements.

      Un piège pour qu’il baisse sa garde. Il a depuis voyagé sans encombres, en France, en Suisse, aux Pays-bas, en Irlande... tous ces pays ont décidé d’ignorer cette notice rouge honteuse utilisée comme outil politique par le Japon visant à traquer et à punir Paul Watson pour s’être opposé à la chasse baleinière illégale antarctique.

      Mais le Danemark en a décidé autrement. Il se range, une fois de plus, du côté des nations voyous qui violent les lois et traités de protection des mammifères marins. Après les massacres de globicéphales, voilà qu’il joue dans le camp des baleiniers japonais. Tout en étant signataire des conventions européennes de protection des baleines...

    • Il semblerait que Paul Watson soit un personnage assez controversé. Ce thread (source : https://x.com/vietkrmpzh/status/1163036815349227520)

      1) [Thread] En quoi Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, est un dangereux raciste malthusianiste ? C’est important de le rappeler quand beaucoup le considèrent comme une icône.

      Et dans un contexte où la collapsologie est en vogue, y’a quelques rappels à faire.

      2)Paul Watson a eu comme mentor et source d’inspiration Dave Foreman, co-fondateur de l’orga écolo Earth First (https://en.wikipedia.org/wiki/David_Foreman).

      Ce dernier est un Républicain, qui revendique "un lien historique entre réel conservatisme et écologie" (The Sun, 2005)

      3) Ce dernier quitte Earth First en 1989 car elle serait trop influencée par des marxistes et anarchistes... Selon un journaliste, elle est pourtant "ouvertement patriotique et basée sur la mythologie des cow-boys".

      Dave Foreman est donc très conservateur, mais ça veut dire quoi ?

      4) "Un conservateur au sens premier du terme : pour lui, c’était toujours mieux avant. C’était mieux du temps du far-west, c’était mieux avant la révolution industrielle, c’était mieux avant la naissance de l’agriculture, c’était mieux avant le développement de l’humanité."

      5) Ca vous rappelle quelque chose ? #collapsologie
      Le principal combat de Foreman ? C’est la surpopulation de la planète. AH !

      6) "Selon lui, la destruction de l’écosystème ne vient pas tant de choix politiques de société, surtout pas de la recherche effrénée de profits inhérente au système capitaliste et aux rapports de production l’ayant précédé"

      7) "Non, le problème vient des progrès scientifiques et technologiques (et non de leur utilisation) et de l’existence même de l’humanité, et en particulier de sa croissance numérique continue."

      8) Mais en fait, Foreman se bat contre l’immigration et la surpopulation aux Etats-Unis, surtout contre l’immigration pauvre, celle des personnes racisées. Pour lui, la cause de la crise écologique, ce sont les immigré-e-s. C’est un partisan de la répression anti-immigration.

      9) Quel lien avec Paul Watson ? "Les deux hommes ne sont pas de simples amis ou compagnons de luttes. Ils ont les mêmes références intellectuelles, en premier lieu Coyotes and Town Dogs de Susan Zakin mais surtout The Monkeywrench Gang de Edward Abbey."

      10) "Foreman et Watson ont ensemble participé aux travaux racistes de l’ultra réactionnaire sénateur Jack Metcalf (pourtant dénoncé par Foreman comme la principale influence anti-écolo à la solde du lobby industriel de Reagan)."

      11) "Les deux hommes ont également collaboré au livre Life on the Brink : Environmentalists confront overpopulation, recueil raciste dirigé par Philip Cafaro et Eileen Crist de textes sur la lutte contre l’immigration et la surpopulation."

      12) "Watson y développe sa thèse malthusienne et sa « solution humaine » de n’autoriser la reproduction « qu’aux personnes pouvant prouver leur capacité à subvenir financièrement et pédagogiquement aux besoins de leur progéniture. »"

      Eco-fascisme vous dites ?

      13) Ca semble important de considérer que l’écologie peut être très dangereuse quand elle est réactionnaire et raciste, et plus généralement quand elle ne s’attaque pas aux racines, c’est à dire aux rapports de domination (comme le capitalisme ou le racisme).

      14) La collapsologie reproduit ces mêmes schémas, car parmi elleux, on retrouve beaucoup de racistes qui pointent la sur-population comme cause des problèmes. Et c’est dangereux. Très dangereux.

      Faisons attention à qui on donne de la force.

    • Les notices rouges d’Interpol (mais on en voit de toutes les couleurs) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Notice_rouge

      Une notice rouge (communément appelée abusivement « mandat d’arrêt international » est un message de signalement international diffusé par Interpol à la demande d’un service de police pour demander à ses homologues du monde entier la localisation et l’arrestation d’une personne recherchée par une juridiction nationale ou un tribunal international, et ce en vue d’obtenir son extradition. Chaque pays membre décide de la valeur qu’il accorde à une notice rouge.

      Faudrait bien qu’Interpol s’occupe activement de Netanyahou ...

    • L’affaire Paul Watson torpille l’écologie radicale
      https://engrainage-media.com/laffaire-paul-watson-torpille-lecologie-radicale

      De ses liens avérés avec les sphères d’extrême-droite, en passant par son malthusianisme assumé et le véritable culte de la personnalité qui lui est voué, la figure de Paul Watson devrait être plus clivante, notamment pour permettre aux actions militantes radicales de retrouver la place qu’elles méritent sur la scène médiatique.

      Warning sign : on trouve ses fèces dans nombres de bibliothèques dividuelles.
      On croyait que c’était la mer, mais c’était Éléments terre.

      #extrême_droite #vert_brun

  • #Paul_Pillar, avant les frappes iraniennes

    Is Israel’s plan to draw the US into a war with Iran? | Responsible Statecraft
    https://responsiblestatecraft.org/iran-israel-war

    […] the bombing of the embassy facility in Damascus was a clear enough escalation (and expansion of Israeli offenses against the laws of war), that it probably reflected a carefully calculated decision at the highest levels of Benjamin Netanyahu’s government . The calculation did not have much to do with any dent, which is likely to be short-term and minimal, that loss of the IRGC officers would make in Iranian capabilities.

    Rather, the attack was part of an effort to escalate Israel’s way out of a situation in which its declared objective of “destroying Hamas” is out of reach, the worldwide isolation of Israel because of its actions in Gaza is becoming undeniable, and even its habitually automatic U.S. backing has patently softened. For Netanyahu personally, escalating and expanding the war, insofar as this also means continuing it indefinitely, is also his only apparent hope for staving off his political and legal difficulties.

    Escalation as an intended way for Israel to work its way out of the Gaza dead end has two elements. The main one is to provoke Iran to hit back, which can enable Israel to present itself as defending rather than offending and to push debate away from the destruction it is wreaking on Gaza and toward the need to protect itself against foreign enemies. The other element is to increase the chance of the United States getting directly involved in conflict with Iran.

  • Les #forces_mobiles

    Historiquement créées pour gérer les troubles à l’ordre public résultant de manifestations ou de mouvements de foule, les 64 #compagnies_républicaines_de_sécurité (#CRS) et les 116 escadrons de #gendarmes_mobiles (#EGM) constituent une réserve nationale employable sur l’ensemble du territoire pour des missions de maintien de l’ordre ou de sécurisation. Ces unités sont fortement polyvalentes, et très mobiles, afin de répondre aux besoins exprimés sur l’ensemble du territoire métropolitain, ainsi qu’en Outre-mer. En 2022, les effectifs de CRS étaient de 11 164 agents et ceux de gendarmes mobiles de 12 502, stables au cours des dix dernières années. Dans une insertion au rapport public annuel de 2017, la Cour des comptes faisait le constat d’un emploi croissant de ces forces. Cette hausse des missions était associée à une baisse des effectifs des unités de forces mobiles au début des années 2010. Ils ont depuis connu un rebond, sans pour autant permettre de recompléter toutes les unités. Les constats effectués à l’époque sont pour la plupart réitérés dans ce rapport, et les pistes d’amélioration explorées en 2017 ont souvent été mises à mal par la succession de crises sur la période couverte 2017-2023. Ce rapport vise donc à confronter les constats et recommandations de 2017 à un contexte évolutif, notamment concernant l’emploi de ces unités.

    https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-forces-mobiles
    #gendarmerie_mobile #France #maintien_de_l'ordre #cour_des_comptes #rapport #forces_de_l'ordre