• Face à des #Caf devenues des monstres numériques sans humanité, un collectif s’organise - Basta !
    https://basta.media/Face-a-des-CAF-devenues-des-monstres-numeriques-sans-humanite-un-collectif-

    Les personnes aux minimas sociaux témoignent de dysfonctionnements multiples dans les Caf, qui ont des conséquences dramatiques. Dans le même temps, les allocataires sont de plus en plus contrôlés. Un groupe d’associations veut que ça change.

    L’administration accuse les allocataires de fraude, mais c’est souvent aussi elle qui se trompe. « Catherine, 40 ans, handicapée, a une valve au cœur et vit avec l’allocation adulte handicapée (AAH). Elle a subi cinq contrôles de la Caf en 15 mois et demi. Elle découvre que ses droits sont suspendus sans aucune information préalable, ni information sur le motif de cette suspension.

    Chaque contrôle dure environ trois mois. Il faut trois mois supplémentaires pour rétablir les droits et verser un rappel, car la Caf est mal organisée et ne répond pas aux appels. Pendant toute cette durée elle ne perçoit aucune allocation et n’a aucune ressource. Elle doit se débrouiller en empruntant aux voisins et allant au Resto du cœur mais risque l’expulsion de son logement ».

    Mme X comprend que la Caf ne la reconnaît plus

    Quand on est allocataires du RSA ou de l’AAH, on peut aussi se retrouver sans aucune ressource parce que la Caf ne reconnaît plus votre nom. « Mme X bénéficie de l’AAH et des aides au logement, à deux ans de la retraite. En janvier 2019, le versement de toutes les aides de Mme X est suspendu sans explications. Grâce au travailleur social qui l’accompagne, Mme X comprend que la Caf ne la reconnaît plus.

    En effet, ayant divorcé, elle a repris son nom de jeune fille et la Caf pense verser l’AAH une mauvaise personne. Mme X a déjà fourni le document à sa Caf, mais celle-ci l’a égaré. Mme X envoie à nouveau le document. Ces démarches n’ont aucun effet sur les délais d’instruction et il leur est impossible d’obtenir un versement des aides, ne serait-ce que partiel. Mme X se retrouve sans ressources, contrainte à vivre de la mendicité autour de la Maison relais où elle est hébergée.

    Ce n’est que 12 mois après l’arrêt des versements que sa Caf valide finalement le document fourni par Mme X et procède à un rappel de tous ses droits. » Ce sont deux témoignages parmi les dizaines de ceux recueillis en quelques mois par le collectif citoyen « Changer de cap », qui se bat pour un service public plus humain et qui dénonce la numérisation à marche forcée des caisses d’allocations familiales (Caf).

    #Droits_sociaux #dématérialisation #allocataires #RSA #AAH #APL #classes_populaires #services_publics #contrôle #pauvreté

  • Les plus pauvres ne votent pas toujours pour Marine Le Pen

    D’une élection à l’autre, le cliché est tenace. Les plus pauvres voteraient en masse pour Marine Le Pen. Or, expliquent les spécialistes du sujet, ce présupposé est à nuancer, même si les résultats électoraux établissent que plus le revenu fiscal est faible dans une commune, plus elle vote Le Pen. En réalité, ces électeurs du RN ne sont pas parmi les plus démunis.

    L’image est devenue virale. Au soir du second tour, le 24 avril, deux électrices de Marine Le Pen venues assister au résultat du scrutin présidentiel dans le bureau centralisateur d’Hénin-Beaumont (Hauts-de-France) s’emportent sitôt la défaite de leur candidate connue.
    Le doigt d’honneur et les insultes proférées témoignent de leur déception. Sitôt diffusées sur les réseaux sociaux par les journalistes présents (lire le billet de Khedidja Zerouali), ces images ont attiré pléthore de commentaires et de moqueries notamment sur la pauvreté supposée des deux femmes.

    Les journalistes de La Voix du Nord sont revenus sur cette séquence dans un article et affirment avec fermeté que les analyses sont fausses. « Même des gens de gauche ont dit de faire attention au mépris de classe, parce que ces femmes souffriraient de leur condition sociale. Mais pas du tout ! Des internautes les perçoivent comme des “cassos” alors qu’elles-mêmes disent vivre bien. »

    Le cliché est tenace, et bavard quant aux représentations des classes populaires dans l’imaginaire. Forcément, eu égard à leur origine géographique, ces femmes, supportrices du Rassemblement national, seraient fatalement pauvres.

    Car les plus précaires voteraient forcément pour Marine Le Pen et ses électeurs seraient forcément précaires. Ils la soutiendraient par désespoir de leur condition, un présupposé non attesté scientifiquement, expliquent les spécialistes du sujet.
    Et ce même si les résultats électoraux démontrent une corrélation entre le revenu fiscal de référence moyen dans une commune et le candidat arrivé en tête au second tour. Plus ce revenu diminue, plus la candidate du RN est plébiscitée.

    Selon une enquête Ipsos, Marine Le Pen ne devance Emmanuel Macron que parmi les foyers disposant d’un revenu mensuel net inférieur à 1 250 euros. Et dans un mouvement inverse, plus ce revenu augmente, plus le président sortant séduit.
    De la même manière, les personnes qui se disent satisfaites de leur vie vont voter Macron au contraire des insatisfaites qui vont choisir Marine Le Pen. Laquelle a tout fait pour s’adresser aux plus précaires en mettant en avant des mesures en faveur du pouvoir d’achat.
    Seulement, la question est plus complexe dès lors qu’on y plonge dans le détail. La sociologue Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste de l’extrême droite, considère qu’il convient de prime abord de définir la réalité recouverte par la pauvreté des électeurs et électrices du Rassemblement national : « Parle-t-on de niveaux de vie, d’écart au revenu médian ? Peut-on se contenter de raisonner en termes de pauvreté matérielle ? L’indicateur de précarité me semble être davantage pertinent. »

    Il s’agit d’un indicateur constitué de onze questions auxquelles les sondé·es répondent par oui ou non qui permettent de déterminer, par exemple, si les sondé·es ont des fins de mois difficiles, s’ils sont en lien avec une assistante sociale, s’ils partent en vacances, s’ils ont dans leur entourage sur qui compter en cas de coup dur. « C’est encore plus important car on peut être pauvre en revenus mais avoir ses parents ou des amis derrière, donc on voit bien que la notion de pauvreté, en plus d’être stigmatisante, n’a pas grand sens quand elle est isolée de son contexte. »

    Bien sûr, poursuit-elle, « il est sûr que le Front national hier, le Rassemblement national aujourd’hui réalise ses meilleurs scores à mesure qu’on descend l’échelle des revenus. Mais ce sont des gens qui ne sont pas forcément en dessous du seuil de pauvreté. En réalité, il y a une dimension subjective à la pauvreté. Il y a des gens qui objectivement ne sont pas pauvres mais qui se sentent pauvres ou en déclin. Il y a tellement de manières de l’être ».

    Nicolas Duvoux, sociologue spécialiste de la pauvreté et professeur à l’université Paris 8, relève de son côté que les jeunes, une frange de la population plutôt possiblement en difficulté sociale, ont largement voté pour Jean-Luc Mélenchon.
    Ce qui prouve que la dimension économique ne saurait expliquer à elle seule le vote RN parmi les catégories sociales les plus pauvres.

    L’adhésion au discours raciste et identitaire, qui a essaimé par ailleurs à d’autres partis, ne peut être un élément évacué de l’analyse. Il s’agit aussi pour ces soutiens de Marine Le Pen de se distinguer des catégories sociales stigmatisées et racisées.

    De fait, pour Nicolas Duvoux, sans être riches non plus, « les électeurs du RN ne sont pas les plus démunis, ce ne sont pas ceux qui sont dans une détresse totale et sans perspective. En réalité, ils ont plutôt peur de ressembler à ceux qu’ils assimilent à des cas sociaux. Ils cherchent à mettre à distance ces figures repoussoirs, c’est un mécanisme absolument fondamental pour comprendre les ressorts de ce vote ».

    Violaine Girard, sociologue et maîtresse de conférences à l’université de Rouen-Normandie et autrice du livre Le Vote FN au village : trajectoires de ménages populaires du périurbain (éditions du Croquant), a enquêté dans les espaces périurbains du Bugey, région à une quarantaine de kilomètres à l’est de Lyon. Ce territoire a abrité des ménages des classes moyennes ou populaires, qui accèdent ensuite à la propriété.

    À la lumière de ses travaux, la sociologue confirme qu’il est compliqué d’imputer le vote RN des classes précarisées à leur seule condition économique. Le désespoir ne saurait l’expliquer en totalité.
    « Quand j’ai commencé à travailler sur ces questions-là, notamment entre 2009 et 2012, il y avait quand même aussi beaucoup de résultats d’enquêtes sociologiques qui montraient qu’il y a une part des électeurs du Front national qui venait des classes populaires et des catégories précarisées. Mais il y a aussi une proportion non négligeable d’indépendants ou de professions intermédiaires qui votaient pour Marine Le Pen, même s’ils sont moins nombreux que les ouvriers dans la société. Ces électorats sont composites et hétérogènes. »

    Violaine Girard insiste sur le fait que ces ménages populaires ou des catégories intermédiaires qui accèdent à la propriété dans des quartiers récents ne sont pas les plus pauvres. Le chômage de masse n’existe pas dans les zones qu’elle a étudiées. Ces personnes aspirent à une élévation sociale pour leurs enfants qui occupent des emplois stables grâce à leurs études, souvent en bac pro ou BTS.
    La chercheuse Nonna Mayer souligne qu’une des notions clés du vote en faveur de Marine Le Pen réside dans le niveau de diplôme. Moins on a fait d’études, plus il y a des chances qu’on vote pour elle. Ne pas avoir de diplôme dans une société de la connaissance peut engendrer beaucoup de frustration.

    Comme la peur du déclassement, forte chez les jeunes actifs parmi lesquels Marine Le Pen enregistre le meilleur score. « Il y a chez eux cette vieille idée tenace que les “assistés”, dans leur esprit les personnes issues de l’immigration, vivent mieux qu’eux et que tout leur est plus facile. » 

    Sortir d’une analyse nourrie de schémas misérabilistes

    Le sociologue Nicolas Duvoux voit aussi derrière le vote RN une occasion pour ces catégories populaires de se sentir privilégiées et d’obtenir une forme de reconnaissance symbolique. « Derrière le vote RN, il y a aussi une manière d’essayer de conjurer la crainte d’être déclassé ou d’être relégué. Elles se disent : on vaut mieux que ceux qui sont tout en bas et les étrangers, notamment par le truchement de la préférence nationale. » Ainsi pensent-elles, malgré le caractère antisocial du programme de Marine Le Pen, qu’il leur sera plus facile d’obtenir un logement ou un travail. Ce qui est faux. [c’est ne pas avoir lu le programme du RN que de dire cela, ndc]

    Divers travaux sociologiques ont exploré ce sentiment dont se nourrit l’extrême droite. « Le sociologue Robert Castel avait beaucoup travaillé sur la manière dont les aides sociales créent énormément de frustration et de concurrence au sein des pauvres, développe Nonna Mayer. Un autre sociologue, Olivier Schwartz, a écrit là-dessus et disait que les classes populaires ont une espèce de strabisme. Ils se définissent à la fois contre le haut et contre le bas de la société. Il montrait qu’il y avait la classe sociale objective mais aussi la classe sociale subjective et qu’elle était même plus importante. »

    Enfin, l’un des ressorts à ne pas négliger dans ce vote RN, pour Nicolas Duvoux, est ce sentiment de mépris des élites envers les classes moyennes et populaires. Ce qui explique pourquoi, dans les zones rurales, les personnes éloignées des centres de pouvoir et de décision peuvent opter pour l’extrême droite. « Les principaux représentants de la classe politique sont extrêmement distants socialement. Dans les anciennes professions des députés, il n’y a pas d’ouvriers », ajoute Violaine Girard.

    Il convient également d’observer les trajectoires de #politisation pour mieux comprendre ce qui se noue ici. De fait, les communes étudiées par Violaine Girard ne sont pas imprégnées par le militantisme, syndical ou politique, qui favorise plutôt le vote à gauche.
    D’où leur ancrage plutôt marqué à droite. « Les habitants du Bugey vivent parfois dans des déséquilibres financiers importants, ont des crédits sur trente-cinq ans, ont une seule voiture, ce qui complique leur vie. Face à la transformation du monde du travail, où les personnes se disent qu’elles doivent individuellement faire leurs preuves pour décrocher un CDI, par exemple en ne comptant pas leurs heures supplémentaires. Ce qui débouche sur des formes de politisation à droite. Puis, progressivement, les habitants de ces zones périurbaines se sont orientés vers le FN/RN. »

    Violaine Girard considère donc qu’il faut sortir d’une analyse nourrie « de schémas misérabilistes ». Elle explique à l’inverse que des personnes peuvent être au chômage et avoir gardé au contraire des formes de politisation à gauche pour différentes raisons, « parce qu’elles ont grandi dans une mairie communiste par exemple ».
    Ce que Nonna Mayer a également observé. « Il n’y a pas une fatalité qui ferait que systématiquement quand on est précaire on vote à l’extrême droite. Ça dépend du contexte politique. En 2012, plus on était précaire, plus on votait pour François Hollande, car ces personnes espéraient que la gauche s’occupe de leurs problèmes. Elles ont été très déçues et en 2017, à ma grande surprise, les plus précaires ont voté pour Marine Le Pen. Le vote dépend vraiment du contexte. »

    L’autre élément tendant à prouver que le vote RN n’est pas un vote cantonné aux classes les plus basses reste l’abstention. Le phénomène est massif chez les très pauvres, ceux qui sont en très grande précarité et échappent à tous les radars. « Il y a un gradient social très fort : plus vous êtes jeune et pauvre et moins vous votez. Et cette réalité s’est exprimée avec une très grande brutalité lors de cette élection », constate Nicolas Duvoux. 
    Une analyse partagée par Nonna Mayer qui rappelle que « le premier impact de la précarité, c’est de détourner du vote ». Dans les enquêtes que la chercheuse a menées lors des élections présidentielles de 2012 et 2017, elle a pu relever que les plus précaires ont tendance à se replier sur eux-mêmes et être démoralisés au point que cet exercice démocratique n’a plus de sens pour eux.

    D’autres font face à un obstacle matériel. Ils ne sont pas ou mal inscrits sur les listes électorales. « On a vu que plus de 50 % des précaires se sont exclus du vote d’une manière ou d’une autre à l’élection présidentielle de 2017, et ils font partie des rares abstentionnistes constants parce que, contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les mêmes qui s’abstiennent d’un tour à l’autre. »

    Faïza Zerouala
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280422/les-plus-pauvres-ne-votent-pas-toujours-pour-marine-le-pen

    #abstention #extrême_droite #RN #précarité #pauvreté

    • sur ces politisations fascisantes, on ne dira jamais assez la responsabilité d’une gauche qui a réintroduit la hiérarchie des salaires (individualisés) et excité la #concurrence entre les diverses figures du précarait (Jospin, 1998 déclarant préférer une « société de travail à l’assistance »). un point évacué par l’article qui ne cite à ce titre qu’une mécanique structrurale des « aides sociales » (sous couvert de Castel dont l’article à ce sujet évoquait le cas U.S, montrant que le welfare y est considéré comme profitant aux Noirs) et des contextes politiques locaux.

      instaurer ce type de concurrence, comme d’autres, tel est le rôle de l’État. il s’agit de rendre les ressorts de la domination immanents à la population elle-même.

  • 5 questions à Roland Riachi. Comprendre la #dépendance_alimentaire du #monde_arabe

    Économiste et géographe, Roland Riachi s’est spécialisé dans l’économie politique, et plus particulièrement dans le domaine de l’écologie politique. Dans cet entretien, il décrypte pour nous la crise alimentaire qui touche le monde arabe en la posant comme une crise éminemment politique. Il nous invite à regarder au-delà de l’aspect agricole pour cerner les choix politiques et économiques qui sont à son origine.

    https://www.carep-paris.org/5-questions-a/5-questions-a-roland-riachi
    #agriculture #alimentation #colonialisme #céréales #autosuffisance_alimentaire #nationalisation #néolibéralisme #Egypte #Soudan #Liban #Syrie #exportation #Maghreb #crise #post-colonialisme #souveraineté_nationale #panarabisme #militarisme #paysannerie #subventions #cash_crop #devises #capitalisme #blé #valeur_ajoutée #avocats #mangues #mondialisation #globalisation #néolibéralisme_autoritaire #révolution_verte #ouverture_du_marché #programmes_d'ajustement_structurels #intensification #machinisation #exode_rural #monopole #intrants #industrie_agro-alimentaire #biotechnologie #phosphates #extractivisme #agriculture_intensive #paysans #propriété_foncière #foncier #terres #morcellement_foncier #pauvreté #marginalisation #monoculture #goût #goûts #blé_tendre #pain #couscous #aide_humanitaire #blé_dur #durum #libre-échange #nourriture #diète_néolibérale #diète_méditerranéenne #bléification #importation #santé_publique #diabète #obésité #surpoids #accaparement_des_terres #eau #MENA #FMI #banque_mondiale #projets_hydrauliques #crise_alimentaire #foreign_direct_investment #emploi #Russie #Ukraine #sécurité_alimentaire #souveraineté_alimentaire

    #ressources_pédagogiques

    ping @odilon

  • « Avec Marine Le Pen, des millions de personnes basculeraient dans la pauvreté » Nicolas Duvoux
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/nicolas-duvoux-avec-marine-le-pen-des-millions-de-personnes-basculeraient

    Le programme de la candidate d’extrême droite saboterait le principe même de protection sociale et de solidarité. Sa mise en application créerait davantage de misère, analyse le sociologue.

    Marine Le Pen, candidate du « social » ? Pas pour un sou, selon Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII Vincennes Saint-Denis et spécialiste des questions de #pauvreté. Non seulement, les mesures sociales prônées par la leader d’extrême droite n’opèrent pas de changement radical avec les réformes libérales entreprises par Emmanuel Macron et ses prédécesseurs, mais elles y ajoutent, en plus, un principe de #discrimination contraire à l’idée même de #solidarité.

    Face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen joue à plein la carte du social. Qu’en est-il réellement ?

    On entend effectivement cette musique dans le programme de Marine Le Pen et sur laquelle elle n’hésite pas à s’appuyer. Lors de son discours le soir du premier tour, elle a ainsi mobilisé les termes de « fracture sociale », de « solidarité » et de « fraternité ». Néanmoins, son programme vise à construire et à financer une solidarité par l’exclusion d’une partie de la population. Elle propose de réserver les aides sociales aux seuls Français et de conditionner à cinq années de travail l’accès aux prestations de solidarité. Pour augmenter le pouvoir d’achat des Français, elle entend leur « rendre de l’argent », tout en faisant des économies en « réservant les allocations familiales exclusivement aux Français ». On a là une rupture radicale avec le contrat social tel qu’on le connaît aujourd’hui.

    C’est ce qu’elle appelle la « préférence nationale ».

    Cette priorité nationale se décline aussi dans les conditions d’accès au logement social et à l’emploi. Il ne faut jamais perdre de vue que derrière le discours de Marine Le Pen qui prend en compte la dureté de la vie économique et sociale, il y a un programme politique qui opère un traitement différentiel des citoyens et instaure, de fait, une forme assumée de discrimination, contraire à la Constitution. C’est une solidarité dont le fonctionnement et le financement reposent sur l’exclusion de millions de personnes. Or sans cette solidarité, ces dernières basculeraient mécaniquement dans la pauvreté. Paradoxalement, le programme social du RN aurait pour effet de créer davantage de misère sociale. Il faut préciser que ce traitement inégalitaire entre les citoyens n’est en rien comparable à certaines propositions du programme d’Emmanuel Macron qui peuvent paraître elles aussi « antisociales » au point de braquer une partie de l’électorat de gauche, en particulier sur sa volonté de conditionner le versement du RSA à une activité.

    Pour augmenter les salaires, elle partage la même méthode qu’Emmanuel Macron : l’exonération fiscale pour les entreprises.

    Pour inciter les employeurs à augmenter la rémunération de leurs salariés, elle propose en effet d’exonérer de cotisations patronales les entreprises qui revalorisent de 10 % le salaire des travailleurs gagnant jusqu’à trois Smic. Cela reviendrait en réalité à assécher les ressources de financement de la protection sociale. De même pour sa proposition d’exonération d’impôt sur le revenu des jeunes de moins de 30 ans ou de baisse de la TVA, qui consisteraient à supprimer des prélèvements obligatoires et donc à saper encore un peu plus les moyens attribués à la protection sociale. De telles mesures conduisent non seulement à un appauvrissement des sources de financement de la solidarité mais aussi à une restriction de la population éligible aux mécanismes de protection. C’est un programme à front renversé de l’idée même de solidarité.

    Au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête chez les 25-49 ans. Comment l’expliquez-vous ?

    Sa candidature a trouvé un fort écho chez les personnes d’âge intermédiaire comme chez les employés et les ouvriers. On peut interpréter ce solide ancrage électoral à la fois dans ces deux catégories socioprofessionnelles et dans cette tranche d’âge comme l’expression d’un sentiment de mépris et d’une revendication de dignité bafouée. Ce vote reflète une posture défensive face aux contraintes liées au pouvoir d’achat et que des mesures de très court terme comme la baisse de la TVA peut séduire. A contrario, le vote des plus 60 ans, largement dominé par Emmanuel Macron, incarne une frange de l’électorat qui a déjà pu acquérir une forme de sécurité économique et sociale après sa vie active. Tandis que Jean-Luc Mélenchon s’est emparé du vote de 18-24 ans qui représente une partie de la population encore en âge de nourrir des espoirs de changement.

    Le principal atout de Marine Le Pen reste donc le départ progressif à la retraite face au projet impopulaire de retraite à 65 ans défendu par Macron ?

    Oui car mis à part quelques coups de pouces envers des catégories de population spécifiques, comme le doublement de l’allocation accordée aux mères isolées ou la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapée, il n’y a pas de réelles mesures sociales dans le programme du RN. Concernant l’imposition des foyers les plus fortunés, le RN propose de remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF), dont seraient exonérés la résidence principale et les actifs professionnels. Elle revendique ainsi un choix inverse de celui fait par Macron afin de favoriser « l’enracinement », dit-elle. Cela conduit à une négation du rôle du logement dans les inégalités et leur reproduction. Enfin, elle veut créer un ministère de la lutte contre les fraudes dont on comprend aisément qu’il s’agit avant tout de contrôler les familles qui bénéficient des prestations sociales.

    Comment qualifier idéologiquement le volet social du RN ?

    Son programme ne remet pas en cause les réformes libérales adoptées par Macron et ses prédécesseurs. Elle ne souhaite plus supprimer la loi Travail qui a assoupli le code du travail, ni abroger les ordonnances travail qui ont plafonné le montant des indemnisations en cas de licenciement. Son volet social s’accommode de ce qui a été fait précédemment tout en se contentant de cibler de sous-catégories de populations, comme on l’a vu avec les mères isolées ou les personnes en situation de handicap, et en y ajoutant une composante d’exclusion sur le critère national. C’est une conception dévoyée et excluante de la solidarité, profondément dangereuse. Certains politistes parlent d’ailleurs de « welfare chauvinism » pour conceptualiser une politique de limitation d’accès à des droits sociaux aux « natifs » d’un pays par opposition aux « étrangers ». Cela correspond bien à son projet et à la conversion que Marine Le Pen a fait adopter à son parti.

    #RN #présidentielle #étrangers #préférence_nationale #travail #droits_sociaux #contrôle_des_pauvres #impôt #salaire #AAH #mères_isolées (deux mesures spécial drague des GJ)

    • Ce qui est sans doute le plus effrayant, c’est le fait que cet argument est peut-être bien « contre-productif », c’est-à-dire justement séduisant pour une bonne partie de la population :

      financer une solidarité par l’exclusion d’une partie de la population

      Exclure « les arabes et les noirs » des prestations, des soins, etc., et leur envoyer la bac dès qu’ils mouftent, et ainsi espérer avoir un système « qui fonctionne » pour les souchiens, puisque de toute façon c’est le sous-texte des politiques gouvernementales (pas officiellement fachotes) depuis des décennies, j’ai bien peur que ça ne soit plus un repoussoir. Et même : au moins avec les fafs c’est clair.

    • 3,5 millions de personnes risquent de perdre l’emploi qu’elles occupent
      https://www.nouvelobs.com/election-presidentielle-2022/20220415.OBS57184/avec-marine-le-pen-au-pouvoir-des-centaines-de-milliers-d-etrangers-et-de

      la préférence nationale est déjà partout, depuis longtemps. en 1988, parlement et sénat quasi unanimes adoptaient un RMI qui n’aurait été accessible au étrangers qu’après 3 ans de séjour légal si les socialistes n’avaient pas dû composer face à une mobilisation contre le projet de loi (2 ou 3000 personnes à Paris) et réduire cette durée de séjour préalable à un an. depuis, avec le RSA Hirsch Sarkozy 2007, cette durée préalable a été fixée à trois ans.

      chaque marche franchie nous empêche davantage de respirer.

      il y a beaucoup de sans papiers qui mettent 10 ans (ou plus) à être régularisés, et en plus d’avoir bossé comme un âne une partie de sa vie il faut atteindre une durée légale de séjour pour accéder à la solidarité nationale. parait que le travail est devoir qui ouvre des des droits.

      on ne nait pas raciste, on le devient
      priorité nationale, c’est bien trouvé.

      #racisme

    • MLP a abandonné le libéralisme FN pour un programme « social-populiste »

      Le Rassemblement national, historiquement méfiant vis-à-vis d’un Etat supposé faire « plus mal et plus cher que n’importe qui », est devenu le défenseur des services publics et des fonctionnaires, promoteur d’un agenda redistributif, protectionniste et interventionniste, explique le spécialiste de l’extrême droite Gilles Ivaldi, qui parle de « welfarisation ». Le cœur idéologique reposant sur la préférence nationale est intact, mais la priorité est de protéger les Français en leur réservant des aides sociales, en promettant des hausses de salaires et une retraite à 60 ans, et en mettant en place différents types de contrôles aux frontières pour préserver l’emploi et la production nationale.

      Cette évolution d’un ancrage économique libéral vers ce que Gilles Ivaldi a nommé le « social-populisme » a permis au parti d’extrême droite d’accroître fortement sa présence auprès des catégories traditionnellement acquises à la gauche comme les ouvriers, puis, plus récemment auprès des employés, alors que le FN des années 1980 était bien représenté dans des populations plus favorisées comme les industriels, les commerçants, ou les professions libérales.

      https://justpaste.it/5596m

  • #Pétition #CAF - Changer de cap
    https://changerdecap.net/petition-caf

    #Dématérialisation et #contrôles_discriminatoires :
    "Nous demandons le démantèlement des pratiques illégales des CAF"
    Le collectif Changer de Cap a initié un appel par le biais d’une tribune publiée le 5 avril 2022 par Basta ! 

    Cet #appel peut être signé par tous. Vous pouvez également le télécharger au format PDF.

    La #numérisation à marche forcée des #services_publics contribue à faire des #Caisses_d’Allocations_Familiales (CAF) un instrument de la mise en place d’une société de surveillance et de #pénalisation des plus #pauvres. Alors que la protection sociale est un droit universel depuis le Conseil national de la Résistance, les CAF développent une politique de plus en plus dure de contrôle des personnes en situation de précarité.

    Tous fichés…
    Plus de 1 000 données par personne sont collectées pour 13 millions de foyers[1], grâce à l’interconnexion de dizaines de fichiers administratifs (impôts, éducation, police, justice…) Les contrôleurs ont en outre le pouvoir de consulter nos comptes bancaires, nos factures de téléphone et d’énergie… Toutes ces données sont traitées à notre insu.

    Chaque allocataire fait l’objet d’un profilage établi par un logiciel, mais selon des variables définies par des décisions humaines. Des algorithmes déterminent des « scores de risque » de fraude, qui débouchent sur un véritable harcèlement des personnes en difficulté. Sont qualifiés de « risque » les variations de revenus, les situations familiales atypiques, la naissance hors de France… Il en résulte un ciblage des contrôles sur les personnes précaires, handicapées ou vulnérables.

    Plus de 32 millions de contrôles automatisés ont été réalisés par les CAF en 2020. Les témoignages collectés confirment la concentration de ces contrôles sur les femmes seules avec enfants, les chômeurs, des personnes handicapées, d’origine étrangère….

    Des contrôles indignes et illégaux
    Les méthodes de contrôle sont tout aussi inacceptables. La plupart de ces contrôles sont déclenchés automatiquement, sans en informer les allocataires et parfois sans notification, ce qui est contraire à la loi. Juridiquement la fraude doit être intentionnelle, mais ici les incompréhensions, les difficultés face au numérique, les erreurs, y compris celles des CAF, sont assimilées à de la fraude[2].

    Les procès-verbaux sont remplacés au mieux par des notifications sommaires, qui ne précisent ni les modalités de calcul de l’indu, ni les délais de réponse, ni les voies de recours. Dans de nombreux cas, les allocations sont suspendues pendant toute la durée du contrôle, sans respect du reste à vivre légalement imposé à tous les créanciers. Les contrôleurs sont pourtant dotés de larges pouvoirs juridiques et d’investigation, mais le calcul de leur prime d’intéressement dépend du montant des indus frauduleux détectés.

    Ces dérives sont amplifiées par la désorganisation des CAF, suite à la numérisation et aux réductions d’effectifs. Les allocataires connaissent de nombreux retards, des erreurs, des versements à tort, des absences de réponses, l’impossibilité de trouver un interlocuteur. On imagine le mal-être et la dégradation des conditions de travail des agents soucieux de défendre un service public humain.

    Les conséquences de telles orientations sont dévastatrices sur le plan social. La Fondation Abbé Pierre montre comment des familles ont été expulsées suite à des recouvrements qui ne tenaient pas compte du reste à vivre[3]. Rappelons que 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, que 12 % des Français souffrent de difficultés psychiques. L’action présente de la CAF y contribue, comme le montrent les témoignages recueillis.

    Une police et une justice parallèles
    Ainsi, à la faveur de la numérisation, une police et une justice numérique parallèles se mettent en place, insensibles à des situations humaines parfois dramatiques. Ces pratiques ne respectent pas les principes fondamentaux du droit, et sont entachées d’illégalité[4]. Elles découlent de la convention d’objectifs et de gestion 2018-2022 de la CNAF qui assimile les CAF à des entreprises et considère les prestations sociales comme des coûts à réduire. Tout en pratiquant en permanence le double langage, le pouvoir politique considère toujours « qu’on met un pognon de dingue dans des minima sociaux ».

    Transparence, légalité, solidarité
    On ne peut que s’inquiéter de l’intention de l’actuel président, s’il est réélu, de généraliser le versement automatique des aides sociales. S’il s’agit d’étendre ce type de pratiques, ce projet de maltraitance institutionnelle est inacceptable et monstrueux.

    *

    C’est pourquoi nous demandons le démantèlement des pratiques illégales qui se sont développées, l’instauration de sanctions contre ceux qui les ordonnent délibérément et un retour aux missions fondatrices de la Sécurité sociale et des services publics, dans une logique de confiance et de solidarité.

    Toute la transparence doit être faite sur la récolte et le traitement des données personnelles des allocataires par la CAF, ainsi que sur le rôle des logiciels et des algorithmes dans la prise de décision.

    Il est indispensable de remettre les humains au cœur du service public, tout particulièrement dans les CAF, et de faire du numérique un outil pour rendre effectif l’accès de chacun à ses droits sociaux, tout en respectant son intimité.

    [1] Vincent Dubois, Contrôler les assistés, Raisons d’agir, 2020, p. 257.

    [2] Comme le soulignait le Défenseur des Droite dès 20217 : lutte contre la fraude aux prestations sociales : à quel prix pour les usagers ? Voir ici

    [3] Fondation Abbé Pierre, 2020, Prestations sociales de la CAF et logement. Enquête sur les freins rencontrés 2020. Voir ici

    [4] Cabinet DBKM. Incompatibilité des mesures nationales de lutte contre la fraude aux prestations sociales avec le Pacte des droits civils et politiques. Rapport au comité des droits de l’homme des Nations unies (voir ici)

  • La revanche d’Inès : sortir de la pauvreté et combattre les inégalités
    https://laviedesidees.fr/La-revanche-d-Ines-sortir-de-la-pauvrete-et-combattre-les-inegalites.h

    Inès est cheffe de service d’un centre d’hébergement dédié à l’accueil des femmes sans domicile. Sa propre expérience de la pauvreté a fait naître en elle un sentiment de révolte sur lequel elle s’appuie pour motiver son engagement.

    #Société #inégalités #pauvreté #Les_artisans_de_l'égalité
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220404_ines.docx

  • Sondages : un exécutif très attentif aux humeurs de l’opinion

    300 sondages commandés par le service d’information du gouvernement retracent les interrogations d’un pouvoir particulièrement soucieux de son image et de la perception de son action.

    Il est des questions plus instructives que les réponses qu’elles appellent. Particulièrement lorsqu’il s’agit des sondages commandés par l’exécutif pour s’enquérir de l’opinion des Français. « Pensez-vous [qu’un événement analogue à l’invasion du Congrès américain par les partisans du candidat perdant, Donald Trump] pourrait survenir en France à la suite d’une élection ? » Concernant « la démission [du ministre de l’intérieur] Gérard Collomb, diriez-vous qu’elle affaiblit (…) le président de la République ? » Edouard Philippe est-il « un homme de droite » ?
    Ces interrogations figurent, parmi des milliers d’autres, dans les quelque 300 sondages commandés entre juin 2017 et mars 2021 par le service d’information du gouvernement (SIG) et dont Le Monde a obtenu la copie, fin février.

    Questionnements sur l’actualité, prospection sur de futurs projets de loi, coups de sonde sur l’image du pouvoir… Ces études confidentielles, jusqu’alors jamais publiées, retracent, en creux, les obsessions et les inquiétudes d’un exécutif particulièrement soucieux de la perception de son image et de son action.

    A dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, ils racontent aussi l’appétit pour les remontées de terrain d’un pouvoir qui, à force de cultiver la verticalité, s’est en partie coupé d’autres thermomètres permettant de mesurer l’état d’esprit des Français, comme les élus locaux ou les syndicats.

    [...]
    Pour obtenir ces quelque 300 sondages, [le journal] a fait plusieurs demandes auprès du service d’information du gouvernement (SIG) à partir d’août 2019, en invoquant la loi du 17 juillet 1978 qui accorde à toute personne un droit d’accès aux documents de l’administration. S’il a fourni dès le départ les baromètres mensuels de « suivi de l’action gouvernementale », le SIG s’est longtemps refusé à transmettre les sondages hebdomadaires couvrant l’actualité au nom du « secret des délibérations du gouvernement ».

    Un argument qui n’a pas convaincu la Commission d’accès aux documents administratifs (#CADA). Dans un avis daté de décembre 2020, cette autorité indépendante a estimé que les études d’opinion commandées en amont des projets de réforme ne relevaient pas de ce secret, « sauf circonstances particulières, non invoquées en l’espèce ».

    Malgré cet avis favorable, le SIG a poursuivi son obstruction et nous avons dû saisir le tribunal administratif. En février, alors que le tribunal ne s’était pas encore prononcé, une partie des documents nous a été transmise. Le reste, concernant principalement les retraites et le Covid-19, ainsi que les documents postérieurs à février 2021, ne nous a toujours pas été communiqué.

    https://justpaste.it/8i6dl

    On sait maintenant qu’il y a eu des McKinsey aux réunions d’un « conseil de défense » supposé composé exclusivement de responsables d’État. La loi sur le secret des affaires (cf, le rapport public sur Orpéa non publié) montre le chemin.

    #SIG #sondages #gouvernement #accès_aux_documents_administratifs #gilets_jaunes #covid-19 #retraites #pauvreté

  • Misère de l’assistance
    https://laviedesidees.fr/Misere-de-l-assistance.html

    Avec la proposition de conditionner le versement du RSA à 15 à 20 heures de #travail, la polémique sur l’assistance revient dans la campagne électorale. F.-X. Merrien rappelle que le raisonnement est erroné : les obstacles à la reprise d’emploi sont d’ordre social et psychologique.

    #Société #pauvreté #assistance

  • À Lille-Vauban, des services sociaux fermés pour cause d’agents en souffrance Nadia Daki
    https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2022/03/21/a-lille-vauban-des-services-sociaux-fermes-pour-cause-dagents-en-souffran

    Les travailleurs sociaux de l’Unité territoriale de prévention et d’action sociale (UTPAS) de Lille-Vauban, service du Département du Nord, reprennent aujourd’hui leur poste après trois semaines d’arrêt. Le public sera accueilli uniquement sur rendez-vous durant cette semaine de reprise. Le libre accès devrait être peu à peu rétabli dans le courant de semaine prochaine. Certains salariés disent revenir dans leurs bureaux avec une boule au ventre, trois semaines après avoir exercé leur droit de retrait total. Tous ont en tête l’événement tragique qui est survenu au 4e étage de l’unité. Le 25 février dernier, une réunion se tient là entre une partie du personnel, des cadres et une responsable hiérarchique dépêchée expressément. Ordre du jour : tenter de trouver une solution aux problèmes d’encadrement pointés dans l’antenne.


    L’UTPAS de Lille-Vauban, rue Desmazières, tout près du jardin Vauban. Son personnel est en charge de l’aide sociale à l’enfance et de la protection maternelle et infantile notamment. Photo : Pierre Leibovici. _

    Les salariés dénoncent des pratiques managériales brutales, un manque de considération voire du mépris, une surcharge de travail, un dysfonctionnement général du service. Le malaise est sensible et l’échange est vif. Brusquement, une des travailleuses sociales se lève. « Je l’ai vue ouvrir la fenêtre après qu’on lui a demandé sèchement de se taire, se souvient Nadège (Prénom modifié) , assistante sociale, présente ce jour-là. Je pensais qu’elle avait besoin de prendre un peu l’air. D’un coup, son regard s’est voilé et elle ne répondait plus aux sollicitations. Il s’en est fallu de peu qu’elle ne se défenestre. » La travailleuse sociale est rattrapée de justesse par un collègue.

    « Nous étions tous bouleversés et choqués, poursuit Nadège. Mais ce qui est très grave, c’est que la hiérarchie nous a demandé de la calmer, de ne pas appeler les secours et de reprendre la réunion. » Les salariés alerteront quand même les pompiers ainsi que le Samu... Quelques jours plus tard, une cellule d’écoute est mise en place par le Département et la médecine du travail est sollicitée ; 38 travailleurs sociaux sur un effectif total de 54 personnes font valoir leur droit de retrait total. Pendant trois semaines, les habitants des quartiers de Bois-Blancs, de Wazemmes et de Vauban-Esquermes désirant solliciter les services de l’UTPAS (l’aide sociale à l’enfance, la protection maternelle et infantile et le service social départemental) ont donc trouvé portes closes. Seul un accueil téléphonique était assuré.

    De multiples alertes
    « On se sent tous coupables vis-à-vis de notre collègue, poursuit Nathalie(Prénom modifié) , également assistante sociale. Elle avait eu une altercation assez violente il y a quelques mois avec la hiérarchie. On aurait déjà dû réagir. Nous sommes tous dans le même état qu’elle, on aurait pu tous vriller à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre. » Ce que regrettent les équipes, c’est que les alertes adressées à leur employeur n’aient pas été prises en compte. « Cela fait plus d’un an que nous faisons remonter les problèmes à la direction », souligne Olivier Treneul, porte-parole du syndicat Sud. Contacté, le Département nous a indiqué qu’il « ne communiquera pas sur ce dossier ».

    Dans un rapport d’enquête du #CHSCT (Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) rédigé par les représentants de Sud, que Mediacités a pu consulter, on apprend que plusieurs personnes sont en arrêt maladie ; certaines sont suivies par une psychologue du travail. Beaucoup témoignent du mépris et de l’isolement auxquels elles ont dû faire face. Stéphanie(Prénom modifié), assistante sociale, et ses collègues datent le début des difficultés à 2020 avec l’arrivée d’un nouveau chef de service, et leur amplification un an plus tard avec celle d’une nouvelle responsable. « Dès lors, l’organisation des services a été modifiée sans que nous soyons consultés au préalable, ni même informés des changements, explique-t-elle. Et des injonctions paradoxales ont compliqué notre travail quotidien. »

    Le service au public directement affecté
    Lorsque les familles sollicitent une aide financière par exemple, le travailleur social de l’UTPAS leur demande un certain nombre de pièces et accompagne le dossier d’une note à l’intention de sa hiérarchie. « Pour une même aide, les pièces exigées n’étaient pas les mêmes selon le bon vouloir des supérieurs, se désole Stéphanie. Parfois, on nous disait que telle pièce était nécessaire et parfois on nous reprochait d’avoir versé cette même pièce au dossier. Il arrivait aussi qu’on nous demande d’être très intrusifs dans la vie des gens sur des aspects qui n’étaient pas en lien direct avec la situation. Personne ne vient solliciter une aide avec fierté ou par gaité de cœur. Nous qui les recevons sommes convaincus du bien-fondé de leur demande. »

    « Toutes nos préconisations étaient systématiquement remises en question »
    Les travailleurs sociaux rapportent une autre pratique entravant leur travail : les multiples corrections de leurs notes par la direction. « Toutes nos préconisations étaient systématiquement remises en question, regrette Nadège. La responsable corrigeait nos écrits comme si nous étions à l’école, en pointant les fautes d’orthographe et de syntaxe. Elle avait toujours quelque chose à redire. Et ces allers-retours sur la forme retardaient de deux, voire trois semaines, la décision d’accorder une aide alors qu’avant, cela pouvait être réglé en quelques jours. »

    Cécile (Prénom modifié), assistante sociale, a trouvé une parade. « Mes écrits étaient systématiquement retoqués. Je me sentais infantilisée. La responsable voulait qu’on écrive tous dans son style. Cela fait plus de dix ans que j’exerce ce métier, mes notes n’avaient jamais posé de problème auparavant. Même les juges qui les lisaient ne me faisaient jamais de remarques. Pour éviter de rallonger le délai de traitement, je sous-traitais, c’est-à-dire que dès que j’avais une famille qui sollicitait une aide, je l’envoyais à ma collègue dont les écrits passaient mieux. »

    Un risque pour les populations les plus fragiles
    Plus inquiétantes encore : les répercussions directes sur les enfants placés ou à placer, publics les plus fragiles. Car ces navettes syntaxiques étaient aussi la règle lors d’une demande de protection d’un mineur. « Les rapports de signalement sont susceptibles d’être lus par les familles ou les enfants. Lorsque je les rédigeais, je veillais à ce qu’ils soient accessibles et je choisissais des mots facilement compréhensibles. Ça ne convenait pas à la responsable », rage Nathalie. Les témoignages sont accablants quant à l’issue de ces rapports. « La hiérarchie allait jusqu’à nous demander de changer nos préconisations de mise à l’abri d’enfants arguant qu’elle n’était pas d’accord avec nos conclusions alors qu’elle n’avait jamais rencontré les familles. Cela faisait plusieurs mois qu’on se disait tous qu’il y allait avoir un drame, soit chez nous avec une collègue en souffrance, soit du côté des publics concernés par la #protection de l’enfance. »

    Dans le rapport d’enquête que Sud a rédigé pour le CHSCT et qu’il a remis au Département, une travailleuse sociale raconte : « La hiérarchie nous demande de taire en audience des graves éléments de danger transmis par un partenaire et refuse d’assumer cette décision en audience. » Ou encore : « un rapport peut être retoqué jusqu’à 11 fois, certaines corrections de la responsable interviennent sur ses propres modifications. »

    Face à ces situations, les salariés décrivent une perte du sens de leur travail. Sabine(Prénom modifié), également assistante sociale, a préféré se mettre en arrêt maladie. « Comment aider des gens qui ne vont pas bien quand soi-même on va mal, se demande-t-elle. On est obligé de se battre en permanence pour exercer notre métier. Et on doit rappeler sans cesse à l’institution les besoins des populations alors que c’est la raison d’être d’un service #médico-social. » Le personnel de l’antenne demandait une mesure d’éloignement des cadres qu’ils estiment responsables des dysfonctionnements. « Dans un premier temps, le Département a refusé arguant qu’il ne prendrait pas de décision en urgence. Mais finalement, jeudi 17 mars, il nous a indiqué que ces deux personnes ne remettraient plus les pieds dans la structure », précise Olivier Treneul, de Sud.

    « Il y a une violence systémique et un vrai problème de management au sein du Département. »
    Après trois semaines de fermeture, les travailleurs sociaux redoutent une surcharge de travail considérable. « Nous étions déjà en épuisement professionnel. Depuis le 25 février, nous sommes nombreuses à avoir des difficultés à dormir. Tout ce qu’on souhaite, c’est de reprendre le travail dans de meilleures conditions », espèrent Sabine et ses collègues. L’éloignement des deux cadres incriminés calme les tensions mais ne règle pas le problème, assure Olivier Treneul. « Le sentiment de soulagement des collègues ne fait pas disparaître leur colère car l’employeur ne reconnaît pas l’alerte #DGI [danger grave imminent, NDLR]  ; il prend une mesure de mise à distance de ce danger. Il y a une violence systémique et un vrai problème de management au sein du Département. Depuis plusieurs années, ces violences se renouvellent et se multiplient. Et l’employeur minimise et nous inonde de discours bienveillants et idylliques. » On attend à présent une prise de position officielle du #département_du_Nord.

    #59 #violence #hiérarchie #encadrement #harcèlement #travail  #violence #surveillance #infantilisation #mépris

    • Dans les Hauts-de-France, les mères isolées s’enfoncent dans une « trappe de pauvreté » Pierre Leibovici
      https://www.mediacites.fr/lu-pour-vous/lille/2022/03/22/dans-les-hauts-de-france-les-meres-isolees-senfoncent-dans-une-trappe-de-

      Couples séparés, mères appauvries. Tel est le bilan que l’on peut tirer de l’étude de l’Insee sur les conditions de vie des mères isolées dans les Hauts-de-France, publiée mardi 8 mars https://www.insee.fr/fr/statistiques/6051322 . Premier enseignement : en dix ans, le nombre de familles monoparentales avec enfants a bondi de 10 %, pour atteindre 172 000. Elles représentent désormais près d’un quart (23 %) des familles avec enfant mineur dans la région.


      Photo : Marko Milivojevic / Pixnio.

      Si les séparations conjugales sont de plus en plus fréquentes dans les Hauts-de-France — comme dans les autres régions du pays —, que se passe-t-il pour les enfants ? Dans 85 % des cas, révèle l’Insee, ils sont élevés par leur mère. « En France, les familles monoparentales sont une réalité essentiellement féminine », confirme Céline Bessière, sociologue et autrice avec Sibylle Gollac du Genre du capital — Comment la famille reproduit les inégalités (éd. La Découverte) . Un constat d’autant plus vrai que la famille est nombreuse : « les hommes sont responsables de 17 % des familles monoparentales de 1 enfant et de 8 % de celles de 4 enfants et plus », précise l’Insee dans son étude régionale.

      Une mère isolée sur deux est en situation de pauvreté
      Or, dans les Hauts-de-France, les mères isolées sont bien plus frappées par la pauvreté que les pères dans la même situation : 49 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté en 2018, contre 33 % des hommes. « En plus d’être la région de France métropolitaine où le taux de pauvreté des familles monoparentales est le plus élevé, les Hauts-de-France affichent l’écart de pauvreté entre mères et pères isolés le plus prononcé », ajoutent Catherine Barkovic et Noémie Cavan, à l’origine de l’étude publiée par l’Insee.

      « Esclave entre tous est l’ex-femme du prolétaire », résume la sociologue Céline Bessière, reprenant le titre d’un chapitre de son livre. Elle détaille : « il n’est pas surprenant de trouver une telle proportion de femmes pauvres parmi les parents isolés dans les classes populaires, car elles sont prises dans une trappe de pauvreté. »

      « L’appauvrissement à l’issue de la séparation est une réalité partagée par les femmes des Hauts-de-France, comme par l’ex-épouse de Jeff Bezos »

      Bien avant la rupture, les mères isolées ont souffert de profondes inégalités de richesse au sein du couple — largement invisibilisées par un débat essentiellement focalisé sur l’égalité salariale. « L’écart moyen de revenus est de 42 % entre les hommes et les femmes qui sont en couple. Cet écart tombe à 9 % pour les célibataires », tranche Céline Bessière. L’explication est connue : les femmes assurent l’essentiel du travail domestique, non rémunéré, quand leurs compagnons continuent le plus souvent à travailler à temps plein et à percevoir un salaire.

      Lueur d’espoir
      « L’appauvrissement commence dans la conjugalité et s’aggrave au moment de la séparation », décrit la co-autrice du Genre du capital. « Ce processus traverse toutes les classes sociales, il est le même pour les mères isolées des Hauts-de-France que pour Mackenzie Bezos, l’ex-femme de Jeff, le fondateur d’Amazon. Bien sûr, les femmes issues de classes populaires se retrouvent dans des situations matérielles beaucoup plus dramatiques. »

      C’est ce que confirme l’Insee dans la région. Au-delà du faible niveau de revenus, de nombreuses mères isolées sont contraintes de quitter leur logement à l’issue d’une séparation. Un quart d’entre elles sont ainsi propriétaires de leur logement, contre 70 % des couples avec enfants. « C’est un cliché de penser que les femmes restent dans leur logement d’origine après une rupture, poursuit Céline Bessière. Si elles étaient copropriétaires avec leur conjoint, la plupart d’entre elles ne peuvent assurer seules le remboursement d’un emprunt immobilier. » Parties du domicile conjugal, 45 % des mères isolées rejoignent un logement social dans les Hauts-de-France, toujours selon l’Insee.

      Pour cette étude, l’institut statistique ne s’est pas penché sur un dernier phénomène qui frappe les mères isolées, dans les Hauts-de-France comme ailleurs : le non-versement des pensions alimentaires. Un rapport https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2016-071R.pdf , publié en 2016 par l’Inspection générale des affaires sociales, concluait que « le taux d’impayés des pensions alimentaires se situe [en] moyenne autour de 35 % ». Pour rétablir ce droit essentiel pour les époux séparés, Céline Bessière pointe l’importance de « l’intermédiation de la Caisse des allocations familiales (CAF) entre les époux ». Elle apporte une lueur d’espoir. Depuis le 1er mars 2022, la CAF verse automatiquement la pension alimentaire fixée par un juge sur le compte du père ou, bien plus souvent, de la mère bénéficiaire.

      #Femmes #pauvreté #divorce #pauvreté #classes_sociales #couples #Hauts-de-France

    • #Bruxelles : 48 travailleurs de Filigranes portent plainte pour harcèlement Vanessa Lhuillier
      https://bx1.be/categories/news/48-travailleurs-de-filigranes-portent-plainte-pour-harcelement

      Départs soudains, burn-out, turnover de 30%. La librairie Filigranes, avenue des Arts à Bruxelles, est peut-être le paradis pour les amateurs de livres, mais visiblement pas pour son personnel. Une plainte anonyme collective signée par 48 employés a été déposée auprès de la caisse d’assurance sociale Securex. Les travailleurs remettent en cause l’organisation du travail, mais également la méthode de management du créateur de la librairie, Marc Filispon. Ils l’accusent de harcèlement moral et sexuel. Le fondateur de la librairie se défend.


      – Photo : Belga/Laurie Dieffembacq

      “Au début, tout se passait bien entre lui et moi. Et puis, son comportement a changé lorsqu’avec d’autres salariés, nous avons porté plainte, car nous n’étions pas dans la bonne commission paritaire. J’ai été insultée, humiliée devant des clients. Un jour, je lui ai dit qu’en tant qu’employés, nous devions respecter le règlement de travail, mais que lui, en tant qu’employeur, il devait respecter la loi. Deux jours plus tard, je suis arrivée au travail à 8h et à 8h20 j’étais dehors avec mes affaires car on m’avait licenciée. C’était hyperviolent. Après 5 ans, du jour au lendemain, je n’étais plus compétente pour mon poste de cheffe de rayon.” 

      Cela fait presque 5 ans que Sophie a été licenciée brutalement pour s’être opposée à certaines méthodes de management chez Filigranes. Pourtant, elle rêve encore de Marc Filipson et est toujours inquiète des répercussions de son témoignage. “Marc Filipson a écrit à mes employeurs suivants pour leur dire de ne pas travailler avec moi. Il a empêché d’autres employés de sa librairie de me parler. Aujourd’hui, je suis représentante dans le domaine de la BD et je ne peux pas entrer à Filigranes.”

      48 travailleurs ont porté plainte
      Des témoignages comme celui de Sophie, nous en avons recueillis plusieurs. La plupart préfèrent rester anonyme. Ces employés sont soit en burn-out, soit démissionnaires, soit partis depuis quelques années déjà. A chaque fois, les discours sont les mêmes. Ils se plaignent de certaines conditions de travail comme le fait de ne pas pouvoir être payé pour ses heures supplémentaires, de devoir participer obligatoirement à des soirées caritatives, des changements d’horaires en dernière minute ou encore de l’absence de consignes claires par écrit. Certains mails que nous avons pu consulter restent évasifs sur la participation aux soirées caritatives ou annoncent des changements d’horaires moins de 15 jours à l’avance comme prévu par la loi.

      Et puis, ils se plaignent aussi du comportement du fondateur de Filigranes, Marc Filipson. De nombreuses personnes qui ont travaillé un jour chez Filigranes, rapportent des comportements inacceptables de sa part. “C’est un manipulateur qui sait très bien où appuyer pour faire craquer les gens. Cela lui plait aussi quand on a du répondant et qu’on ne se laisse pas faire.”

      La librairie employait 95 équivalents temps plein en 2021. 48 d’entre eux ont déposé une plainte collective anonyme auprès du secrétariat social Securex, et plus spécifiquement à la cellule psychosociale en charge de la protection du bien-être au travail. Dans cette plainte, les salariés se plaignent des heures supplémentaires qui parfois ne peuvent ni être récupérées ni payées, des changements d’horaires en dernière minute, de contacts répétés en dehors des horaires de travail, d’une surveillance par l’utilisation de carte pour accéder au logiciel de gestion, d’un manque de personnel… Ils précisent aussi que 5 personnes sont parties en burn-out sur les 6 derniers mois à cause notamment des coups de colère du patron, des insultes, des intimidations, d’incohérence dans les consignes, de remarques concernant la tenue vestimentaire ou le physique des employés, de contacts physiques non souhaités.

      Suite à la plainte déposée chez Securex, Filigranes disposait de 3 mois pour répondre. La veille de la date fatidique, cela a été fait. Le conseil d’administration de Filigranes dit vouloir creuser la question des heures supplémentaires et regrette que les employés se soient sentis obligés de participer aux soirées caritatives. Il précisera de manière claire que cela n’est pas le cas.

      Concernant les contacts en dehors des heures de travail, la lettre ne parle que d’une employée. Or, plusieurs personnes nous ont relaté les mêmes faits. Par rapport aux congés, la tâche revient aux chefs de rayon et vu l’activité de Filigranes, il est logique de ne pouvoir prendre des congés en novembre et décembre, mois qui représentent la majeure partie du chiffre d’affaires. Le conseil d’administration comprend “mal les doléances des travailleurs sur ce point, qui ne semblent pas mesurer l’importance de leur présence au sein du rayon”. Tous les chefs de rayon devront appliquer les mêmes règles pour éviter les sentiments d’inégalité.

      “Il nous oblige à l’appeler par son prénom et à le vouvoyer alors que nous, il nous tutoie et ne connaît pas nos prénoms. Dès que nous voulons prendre une initiative, il nous dit de foncer et, ensuite, il nous hurle dessus, car nous avons mal fait. Plus je travaillais et plus les choses étaient mal faites selon lui. Il tente toujours de diviser les équipes en nous demandant de dénoncer nos collègues. Sur la même journée, il peut vous demander de lui faire un câlin et ensuite vous hurler dessus sans raison.”

      “La famille Filigranes”
      Plusieurs anciens employés expliquent que vers 2010, Filigranes était comme une famille. “J’étais mère célibataire sans enfant une semaine sur deux et ces semaines-là, on faisait la fête à la fermeture, se souvient Sophie. Je ne connaissais personne à Bruxelles et Filigranes était ma deuxième famille. Marc faisait la fête avec nous et il ouvrait lui-même les bouteilles le soir. Cette ambiance, cela faisait qu’on acceptait plus de choses qui n’étaient pas toujours réglos. Les heures supplémentaires en dernière minute, les enveloppes pour avoir animé une soirée ou travaillé plus, tout cela était compensé par cette ambiance. Mais lorsque nous avons demandé à changer de commission paritaire, tout s’est arrêté.”

      En 2016, les employés de Filigranes étaient sur la commission paritaire 201 qui correspond au petit commerce indépendant. L’entreprise ayant grandi, les salariés ont voulu passer sur la commission paritaire 311 qui correspond à celle pour les grands commerces. Ce changement engendre des modifications dans les salaires ainsi que l’octroi d’avantages extra-légaux. “Cela lui a coûté de l’argent et c’est devenu plus difficile pour lui, reconnait Sophie. Comme Filigranes était en tort, certains employés ont porté plainte pour toucher leur différence de salaire de manière rétroactive. Et puis, il aurait dû y avoir une représentation syndicale, mais cela n’a pas été fait.”

      Pas de représentant syndical
      Plusieurs tentatives de mettre en place une représentation syndicale dans l’entreprise ont échoué. Pour qu’elle existe, il faut que 25% du personnel soit syndiqués. Entre le turn-over et la peur de certains, le taux n’était pas atteint. En janvier 2020, une nouvelle tentative a été lancée et des élections auraient dû avoir lieu. Seulement, avec le confinement, il n’y a pas eu de candidat qui s’est déclaré dans les temps. Des discussions sont toujours en cours avec les syndicats et la direction de Filigranes pour tenter de trouver une solution.

      Certains employés nous disent aussi n’avoir jamais eu aucun problème avec Marc Filipson. Ils reconnaissent son côté volubile, mais n’ont jamais été victime d’abus. “Souvent, il y a une période de séduction avec Marc, nous explique un employé qui a donné sa démission récemment. Il veut se mettre les gens dans sa poche et à un moment, vous ne savez pas toujours pourquoi, vous rentrez dans le collimateur. Moi, il m’a dit qu’il n’aimait pas les barbus. Quand j’ai demandé si on serait payé pour les chroniques qu’on nous demandait d’écrire dans le magazine de la librairie alors qu’on était en chômage temporaire durant le confinement, il a voulu me virer. Quand je suis revenu travailler à la librairie, j’ai dû m’excuser d’avoir posé la question.”

      Les travailleurs se plaignent aussi d’être filmés ou surveiller depuis la mise en place d’un nouveau logiciel de gestion. Pour le conseil d’administration, cela a été mis en place pour responsabiliser les travailleurs et les caméras n’ont pas vocation de surveiller les travailleurs et ne sont en principe pas utilisés à cet effet.

      “Pendant le confinement, Marc avait créé un groupe Whatsapp pour toute l’entreprise. C’était des messages tous les jours à toute heure. C’était insupportable, explique une responsable de rayon. Lors de votre jour de congé, il peut vous appeler 8 fois. Idem pendant votre pause. Comme il est là tous les jours, il considère que vous devez faire pareil,” ajoute un autre témoin.

      Des colères vives
      Plusieurs personnes ont également rapporté certaines discussions vives dans le bureau de la direction en présence de la directrice des ressources humaines. “Il m’a bloqué dans un coin pour me crier dessus durant 20 minutes. Je suis ressortie tremblante et en pleurs.” “Il a fait pression sur moi en utilisant la dépression de ma compagne devant tout le personnel de mon département. On dirait qu’il a des bouffées délirantes.” “Je lui ai demandé des excuses car personne ne pouvait parler comme ça à un autre être humain. Il a reconnu qu’il n’aurait pas dû avant de continuer à m’engueuler. Il est devenu tout rouge. J’ai cru qu’il allait me frapper. S’il l’avait fait, j’aurais été porter plainte directement.”

      Des arrêts maladie de longue durée
      Plusieurs personnes ont peur de Marc Filipson et finissent par se mettre en arrêt maladie. “Quand je suis allée voir ma psy, elle m’a envoyée chez un généraliste et une psychiatre pour obtenir un arrêt. La psychiatre m’a dit qu’elle avait déjà eu beaucoup de travailleurs de chez Filigranes qui rapportaient les mêmes faits.” “Mon médecin m’a fait un certificat juste pour Filigranes où je travaillais deux jours par semaine en disant que cet emploi était dangereux pour ma santé mentale, que je ne devais plus y retourner.”

      Une autre employée : “Pendant des mois, je ne parlais plus que de Marc. J’en rêvais. Ma consommation d’alcool augmentait. J’étais dans le déni jusqu’au jour où j’ai été arrêté pour burn-out. Je l’ai dit à Filigranes et on m’a répondu que je lâchais mon équipe. Je suis allée à la médecine du travail. Trop souvent, les personnes qui partent n’ont plus la force de faire les démarches légales. Elles veulent juste ne plus jamais entendre parler de cette entreprise. Moi, j’ai voulu qu’il y ait une trace pour que cela s’arrête. Ce management doit changer.”

      Par rapport au bien-être, deux personnes seraient actuellement en burn-out. Cependant, beaucoup de personnes en arrêt pour épuisement ont démissionné ces dernières semaines.

      Les chefs de département parlent aussi d’une pression qui vient de la direction pour la répercuter sur les libraires. Certains font tampon et disent encaisser les remarques ce qui nuit à leur santé mentale et physique. “Pendant un moment, il y a eu un coach pour nous expliquer comment diriger une équipe, explique Sophie. Son travail consistait surtout à nous expliquer comment parler avec Marc. Les personnes en contact direct avec lui que cela soit à la communication ou les directeurs opérationnels changent très souvent parce que la pression est trop importante.”

      Filigranes reconnait le manque de personnel dans certains rayons. L’entreprise dit avoir des difficultés pour recruter du personnel qualifié. Il lui a fallu plus d’un an pour trouver un directeur opérationnel comme demandé par le personnel afin d’éviter les contacts directs avec la direction. Son rôle sera d’assurer la gestion journalière entre la direction et les membres du personnel.

      Des cas de harcèlement sexuel
      Certains membres du personnel anciens ou actuels font également état de remarques sur le physique. “Il a dit à un collègue lors de mon embauche que tant que je souriais, tout irait bien”, se souvient Sophie. “On m’a demandé d’engager plutôt des étudiants mignons et homosexuels”, ajoute un responsable de rayon. “Marc Filipson passe souvent à la caisse et met la main aux fesses des caissiers. Il a un problème. On doit dire à nos jeunes de faire attention et de ne pas se trouver seul avec lui.“

      Ces graves accusations, David affirme en avoir été la victime. Il a commencé à travailler chez Filigranes en 2009 en tant que libraire. “Tout se passait bien à cette époque. Je suis devenu chef de rayon assez rapidement. J’avais déjà de l’expérience comme libraire spécialisé dans les beaux-arts en France et Marc Filipson ne connaissait pas trop cette matière. Rapidement, je me suis rendu compte qu’il y avait des approximations dans la gestion, mais les gens restaient car ils avaient des compensations. C’était l’esprit famille de Filigranes. Il faut se rendre compte que pour Marc, verser un salaire est une faveur. Tout le monde doit se sentir investi et personnellement, j’aimais bien faire les interviews des auteurs, le soir lors des rencontres avec les clients. D’un point de vue professionnel, tout allait bien. Dans le privé, c’était plus complexe.“

      David a alors près de 40 ans. Il ne cache pas son homosexualité et dit de lui-même qu’il avait une réputation de grande gueule. “Marc trouvait cela très drôle de me mettre la main à l’entrejambe. Après quelques fois, je lui ai demandé d’arrêter. Je lui ai dit que je porterais plainte s’il continuait. J’ai été très ferme et il a arrêté jusqu’à une fête du personnel où il était ivre.” Lors de cette soirée, le patron de Filigranes a proposé à David de le retrouver dans les toilettes pour une relation intime. “J’ai refusé. Le lendemain, il est venu vers moi avec des billets de 100 euros, soi-disant pour mes vacances. Je pense surtout qu’il a voulu acheter mon silence.” 

      C’était en 2015. David n’a pas porté plainte. “Nous étions avant #metoo. La parole n’était pas aussi libre que maintenant. A l’époque, je me suis demandé si je ne l’avais pas provoqué, si tout n’était pas de ma faute. Je n’ai donc rien dit. Aujourd’hui, je parle pour qu’il ne le fasse plus. J’ai été ferme et il a arrêté mais tout le monde n’a pas cette force de caractère. Il se sent totalement intouchable et ne se rend pas compte de ce qu’il fait. C’est la même chose au niveau du travail où il pense qu’il ne doit pas respecter les lois.”

      Après 3 ans chez Filigranes, comme beaucoup d’autres, David souhaitait déjà partir mais il aimait son travail et avait une position privilégiée. En octobre 2019, finalement, il quitte l’entreprise. “On me donnait des consignes que je ne pouvais pas appliquer. Je ne voulais pas de cette hiérarchie verticale et devenir un tyran par rapport aux libraires dans mon rayon. Je ne faisais plus que de la gestion. Je suis donc parti. Je n’étais pas en burn-out. Cependant, j’ai fait un long travail psy pour me dire que je n’étais pas coupable, que je n’avais pas mal géré mon équipe, que ce n’était pas un échec. Je n’ai pas mal travaillé.”

      “Un patron exigeant mais des remarques souvent parfaitement justifiées”
      Enfin, le conseil d’administration défend Marc Filipson. “C’est grâce à sa personnalité hors du commun et sa vision extraordinaire que Filigranes est ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir une des plus grandes libraires d’Europe, peut-on lire dans la réponse envoyée à Securex. Vis-à-vis des travailleurs, il est clairement un patron exigeant mais ses remarques sont souvent parfaitement justifiées. Son franc-parler et sa personnalité exubérante l’amènent cependant parfois à ne pas utiliser toutes les formes requises, ce sur quoi il a conscience qu’il doit travailler. […] Il a dès lors été particulièrement heurté de lire que des travailleurs auraient rapporté l’existence d’insultes, de menaces ou humiliations, de remarques sexistes, racistes ou grossophobes… M. Filipson est quelqu’un de très ouvert, tolérant et ne se reconnaît pas du tout dans ces reproches.”

      Nous avons joint Marc Filipson qui n’a pas souhaité échanger avec nous par rapport à ces critiques. “Le conseil d’administration et mes avocats ont répondu à cette plainte. Il n’y a jamais eu ni harcèlement moral ni sexuel chez Filigranes.”

      Une analyse de risque
      Le conseil d’administration réfléchira à la nécessité de mettre en place un coaching collectif pour harmoniser les relations de travail et ouvrir à la communication bienveillante. Il demande aussi à Securex de réaliser avec lui, une analyse de risque pour évaluer l’impact des mesures sur le bien-être des travailleurs.

      #librairie #violence #hiérarchie #encadrement #harcèlement #harcèlement_sexuel #travail #discrimination #violence #salaire #surveillance #racisme #grossophobie #infantilisation #mépris #Belgique

      #NDLR  : La librairie a du mal à recruter du personnel, normal sa réputation est faite.
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      Le cas "Filigranes" : Kairos prévenait il y a deux ans... les médias n’en avaient cure - Kairos
      https://www.kairospresse.be/le-cas-filigranes-kairos-prevenait-il-y-a-deux-ans-les-medias-nen-avaie

      Il y a presque deux ans, nous publiions un article sur « la plus grande librairie d’Europe » et son patron, sise au cœur de Bruxelles, dénonçant à l’appui de témoignages les comportements pour le moins douteux(1) de ce dernier, mais aussi les passe-droits politiques dont il bénéficiait. Cela nous aura valu des remerciements discrets de certains libraires (aussi d’un éditeur parisien), mais également des demandes d’explications de la part de la Communauté française (qui n’a toutefois rien fait suite aux atteintes dénoncées dans l’article…), après une plainte reçue portant sur un passage de l’article qui ne leur aura pas plus. Aujourd’hui, alors que la moitié du personnel porte plainte contre Marc Filipson (48 des 95 employés), certains médias se réveillent. Là encore, cette situation démontre comment la presse ne joue pas son véritable rôle et ne l’ouvre que quand elle ne peut plus la fermer… A l’époque, une des employées avait tenté d’alerter les médias : en guise de réponse, elle n’avait eu que le silence. 

      Ci-dessous, l’article de Juin 2018. 

      Tout paraît en général calme, bon-enfant, serein. Mais la violence du management moderne se révèle rarement dans la présentation et la façade commerciale, au contraire, puisque le spectacle de l’harmonie en est son garant. Elle sévit donc dans un entre-deux, dans les injonctions, les menaces, infligeant souffrances et « burn-out », révélés au détour d’un témoignage anonyme ou de celui qui, parti, exprime tout ce qu’il a vécu et ne pouvait plus garder pour lui seul. Aujourd’hui, des libraires de « la plus grande librairie de plain-pied d’Europe », sise à Bruxelles, là où les politiciens belges et autres personnages médiatiques vont faire leurs emplettes le dimanche, nous révèlent ce qui se cache derrière la couverture. 

      Bienvenue à la librairie Filigranes, fournisseur breveté de la Cour de Belgique, ouverte 7 jours sur 7, 2600 m² de surface, bar, champagne et caviar, petite restauration, piano, produits bios, jeux, vins… et livres, « où l’on peut flâner dans les rayons, lire en buvant un café ou écouter les auteurs lors des présentations et séances de dédicaces ». Son patron, Marc Filipson, instituteur de formation, « insatisfait par son salaire, quitte l’enseignement lorsqu’une opportunité se présente », et reprend une petite Librairie en 1983, « La Providence ». Mais c’est en 1988 que l’aventure de Filigranes commence vraiment, alors qu’il déménage avenue des Arts, dans une surface de 180 m². Année 2000, Filigranes passe à 1000 m² ; 2007, 1700 m² ; 2013, pour ses 30 ans, elle passera à 2600 m². C’est l’emballement.

      Pour celui qui dit « J’aime vendre, je me fous de ce qu’on peut dire » (Le Soir, 21/02/2016), le livre est un produit comme un autre. « Tout chez moi part du plaisir de vendre, j’ai toujours été un commerçant, j’ai toujours aimé vendre », ajoute MF, mais malheureusement, « il y a les mauvais choix en interne, ces collaborateurs bourrés de qualités sans doute, mais qui ne conviennent pas pour le job » (L’Echo, 23/12/2017). Filipson engage donc des libraires talentueux, « mais ce qu’il veut, c’est autre chose : des vendeurs, des gendarmes, des robots… ». L’homme, dans ses diverses interviews, ne parlera pas de sa gestion du personnel, lui qui pense juste « être trop bon ». Ce qui est curieux, c’est que depuis 1987, Filipson n’ait pas pensé à déposer une copie du règlement de travail au bureau régional du Contrôle des lois sociales, en vertu de la loi du 12 avril 1965. Clairement en infraction, lorsqu’on demande à l’administration centrale du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, pourquoi depuis plus de trente ans cette obligation n’a jamais été respectée et qu’ils ne trouvent aucune trace de règlement du travail chez eux, ils nous disent « c’est qu’il n’y a eu aucune plainte ». En trente ans ? Étrange. En tous cas, selon nos témoignages, une plainte a bien été déposée à l’inspection du travail en 2017. Le risque pour Filigranes : une amende, ou bien plus. 

      Enfin, cette absence de règlement officiel rend tout à fait plausible ce que nous disaient les libraires actuels ou ayant travaillé chez Filigranes, que nous avons rencontrés, à savoir qu’il n’y avait pas d’horaires fixes, pas de barèmes imposés par une commission paritaire plus adaptée, des démissions forcées, des arrêts maladie nombreux, un turn-over énorme (une centaine de personnes en 6 ans), avec beaucoup de licenciements injustifiés. Et si auparavant le renvoi pouvait se faire aisément et sans justificatif en Belgique, maintenant il est obligatoire de motiver la décision, au risque d’un contrôle si on ne le respecte pas, « mais il n’y en a jamais, nous dit une employée », le C4 indiquant « incompatibilité d’humeur, restructuration, divergences… ». Les institutions en seraient d’ailleurs informées : « l’Onem indemnise souvent quand un collègue démissionne, car l’organisme et le syndicat sont au courant ». Et quand l’employé au bout du rouleau se voit refuser un C4 « à l’amiable » accordé de manière aléatoire, il démissionne, la plupart du temps avec aucun plan de secours et au risque de se voir refuser les indemnités de chômage… 

      Par ailleurs, la commission paritaire ne semblait pas la bonne jusqu’il y a à peine quelques mois, définissant dès lors de mauvaises conditions imposées par l’employeur sans cadre légal en termes de salaires, congés, heures supplémentaires(2)…

      SOUFFRIR POUR RÉUSSIR 
      Mais « comme le disent des coachs, aujourd’hui, pour réussir il faut avoir souffert », n’est-ce pas (Le Soir, 20/02/2016) ? Et pour ce faire, un coach, « Marcus, roi de Filigranie »(3), en engagera un, organisant à l’époque « des séances obligatoires de coaching de 8 heures pour faire accepter les visions du management de Marc Filipson ».

      C’est vrai, faut savoir se vendre. Point de morale dans ce cas. Ainsi, quand Zemmour passera par la Belgique, on l’invitera en grande pompe pour venir débattre à la librairie. Ce sera annulé ? Pas grave, le buzz aura été fait et on aura parlé de qui ? De Filigranes, et donc de Filipson. « Depuis cette demande d’interdiction [de la venue de Zemmour à Filigranes] par l’élue Écolo, le livre se vend à nouveau par brouettes, alors que, début décembre, quasiment plus personne ne l’achetait »(4). Le jour même « Zemmour fut introduit avec humour par Marc Filipson », au déjeuner conférence du Cercle de Lorraine, réunissant patrons, noblesse, médias et politiques. Ce n’est pas un problème si l’invité déclarait que les « musulmans dans le peuple français nous conduira au chaos et à la guerre civile ». « Après cela, il fut tout de même invité à venir manger la galette des rois chez Filigranes en conviant la presse, alors même que la librairie avait reçu des menaces et que les employés lui avaient demandé d’en tenir compte ». Mais la cupidité, ou l’âme commerçante, a tout de même ses limites, et on se demanderait s’il n’y a pas là quelques prédilections pour la Kippa plutôt que la Burka. Zeymour donc, mais pas Dieudonné. 

      L’homme sait ce qui rameute, mais quand on ose questionner le choix d’inviter Nabila en grande pompe dans sa librairie, ce serait là « snober » l’auteure : « Face à un phénomène comme Nabila qui a vendu plus de 65.000 exemplaires de son livre, on ne peut pas juste répondre que c’est une littérature en dessous de tout. Nos enfants, adolescents, lisent “Harry Potter”, mais aussi Nabila. Il faut accepter cela et se poser la question de savoir pourquoi, à 24 ans, on décide d’écrire déjà son autobiographie ». (RTBF, 8 juin 2016). Un peu de philosophie… ou de marketing : le jour où il invita la Youtubeuse Enjoy Phoenix, plus de 4.500 personnes attendaient devant la libraire. Et quand on aime vendre, c’est plus intéressant d’avoir 4.500 potentiels acheteurs de torchons que 10 personnes qui savent ce qu’est un livre et viennent pour ça. Pour Nabila, la devanture du magasin et une partie de l’intérieur avaient été redécorés pour l’occasion. C’est peut-être aussi pour ça que « nos enfants, adolescents, lisent Nabila »… C’est là une logique récurrente empruntée aux médias de masse : participer à créer le phénomène en feignant qu’on ne fait juste que le relayer. 

      Et pour se faire voir, vendre, affecter la générosité, rien de tel que la charité, ce pantomime dont raffolent ceux qui ne veulent surtout rien changer à la société qui génère la misère qu’ils pallient à coups de piécettes, ou d’achat de livres et de coupes de champagne. Les soirées caritatives, celles que la bonne bourgeoisie et les notables affectionnent, car elles ne remettent jamais en question l’inégalité dont ils profitent, laissent aux associations 10 % des gains de la soirée et 100 % des bénéfices du bar. Les libraires, c’est leur soirée « Mère Thérésa ». Certes, « ils peuvent récupérer ces heures une fois (alors que c’est du travail en soirée qui devrait valoir au moins le double), mais surtout pas quand ça les arrange… Mais le mieux est de le faire officiellement bénévolement en annonçant qu’on offre son travail pour ces soirées-là. Mais surtout, ce n’est absolument pas une question de choix : la plupart des employés croient que c’est “obligatoire” et quand ils s’y refusent ça ne se passe pas très bien (…) Il y a une forme de chantage affectif/jugements de valeur de notre professionnalisme et notre « solidarité » »… Rien n’est « imposé » donc, mais tout est suggéré. Les clients achètent donc leurs livres, assurés de faire une bonne action en ne faisant rien. 

      L’homme a aussi ses relations politiques. Alors que Filigranes ouvre 7 jours sur 7, 365 jours de l’année, il le faisait bien avant que la portion de rue qu’il occupe soit déclarée zone touristique. Le Soir se demandait il y a peu « Mais pourquoi faire passer en zone touristique une portion de rue occupée à la très grande majorité par des immeubles de bureaux ? L’échevine du Commerce de la Ville de Bruxelles répondant sans hésiter “C’est une demande de Filigranes” » (Le Soir, 13/05/18). Selon nos informations auprès des syndicats, « quatre jours après la demande de Filigranes de passer en zone touristique, celle ci à été acceptée ». Cette demande ne semble en outre pas là pour entériner une pratique (ouvrir 7/7 jours, 365 jours/ an) déjà à l’œuvre, mais « parce qu’avec la nouvelle commission paritaire, il doit désormais payer les gens double les week-ends et jours fériés, ce qui n’est pas le cas si le commerce est situé en zone touristique ». Ce qui devient embêtant avec la nouvelle commission paritaire (CCP311), c’est que le travail du dimanche et en soirée, qui demeure assez flou, est soumis à négociation avec le syndicat et sur base uniquement volontaire, là où l’ancienne commission paritiaire (201) permettait à Filigranes d’obtenir une dérogation pour « commerce de journaux ». Le passage en zone touristique autorise par ailleurs l’ouverture, après négociation, à une quarantaine de dimanches par an… pas commode pour le 365/365.

      LE CAS FILIGRANES : PARADIGME DES TECHNIQUES MANAGÉRIALES « FAMILIALES » 
      Filigranes n’est pas une exception, et c’est bien là l’intérêt. Il y a des fonctionnements qui attirent, repoussent, créent, suscitent des types de personnalité et des formes relationnelles particulières dans un certain contexte social. Ainsi, la forme que prend l’organisation du travail dans une société capitaliste, la crainte de perdre son emploi dans un monde compétitif où il faut se vendre et où le chômage est structurel, la valorisation attachée au fait de ne pas être « sans », les crédits, le loyer… tout cela brise à la racine les possibles élans de solidarité, le rapprochement, le souci pour la souffrance au travail de l’autre, générant des « petits chefs », des dégoûtés, des dégoûtants, des soumis, des souffrants. Dans un système du « Marche ou crève », la plupart, malheureusement, tentent de tirer leur épingle du jeu, une minorité se révolte et se voit vite signifier son renvoi, mais la majorité encaisse, souffre, déprime, somatise. Restent ceux qui tirent parti du traitement inique collectivement organisé, tirant profit du peu de pouvoir qu’ils prennent par procuration à celui qui a le monopole de la brimade. Ceux-là, la perversité patronale sait les instrumentaliser, en tirer profit ; elle sait qui est faible, qui a besoin d’un « père », mais elle sait aussi qu’il faudra, quand les velléités du prétendant iront trop loin, voulant être chef à la place du chef, le virer. D’autres y croient, n’ont « pas vu », voulaient bien faire. Ophélie(5), responsable d’un des rayons rentables du magasin depuis 6 ans, a été licenciée en arrivant un matin à 8 h : « on a décidé de mettre fin à ton contrat parce que tu n’es plus un bon chef de rayon. Tes collègues ne portent pas leur badge, X prend des pauses trop longues… On te paiera 6 mois de salaire ». Les virés constituent alors des exemples : « les gens ont peur de perdre leur boulot, ils ne connaissent pas leurs droits ». Le licenciement abusif est exceptionnel en Belgique. Et puis, comme « la Filigranie a tant grandi qu’elle est maintenant une des provinces les plus lucratives de l’Empire des Lettres »(6), on laisse faire…
       
      COMME SI TOUT ÉTAIT NORMAL…  
      Si Marc Filipson tient dans la main le livre « Divertir pour dominer », sur la photo publiée dans l’interview faite par l’inénarrable Béatrice Delvaux ce 20 février 2016, c’est surtout la division et le contrôle que semble affectionner le patron : « caméras pointées sur le poste de travail des employés », « sa fille placée comme relais autoritaire », faisant l’aller-retour deux fois par mois de Londres, « salaires variables pour des mêmes fonctions », « contrôle des “Like” sur Facebook et convocation dans le bureau du patron si certains lui déplaisent ». Mais le plus pernicieux peut-être est la forme « soft » que prend ce type de management où l’on use et abuse des positions hiérarchiques, mais où on fait aussi croire qu’on est « une grande famille ». C’est la technique du Teambuilding, bouleversement pervers des relations hiérarchisées qui, sorties de leur contexte, font « oublier » au subalterne sa position quand il revient dans le contexte de travail. Une fois dans la réalité professionnelle, les « liens » créés à l’extérieur rendent plus difficile la contestation. 

      En somme, on retrouve dans cette étude de cas qu’est Filigranes, la forme spectaculaire que prend notre société dans son ensemble : on tente de tout lisser, faisant le nécessaire pour qu’on ne puisse percevoir que ce qu’on voit est le résultat diamétralement opposé de ce qui se passe en coulisse. Ce serait comme en vacances dans un hôtel dans un de ces pays dont on affectionne le climat, mais dont on tente d’oublier la politique, ce contraste entre le buffet all-inclusive et l’esclavage dans la cuisine dont il procède. C’est donc Filigranes, mais c’est presque partout : c’est le jeu du « comme si ». On fait comme si tout allait bien. Mais le problème, c’est que ça en rend beaucoup malades… 

      « Je me fous de tout ce qu’on peut dire de moi. Je suis un provocateur, c’est plus fort que moi » (Le Soir, 21/02/2016), disait Marc Filipson. Très bien ! Nous sommes ainsi sûrs qu’il accueillera avec sagesse et ouverture notre article de ce Kairos estival, que vous trouverez d’ailleurs dans les rayons de la librairie… Filigranes. Enfin, dépêchez-vous, ils risquent de partir vite ! 

      Alexandre Penasse *

      TÉMOIGNAGE DE SAMANTHA 
      J’ai travaillé durant près de 9 ans au sein de la Librairie Filigranes, pour terminer en 2014 au poste de directrice. À la suite de nombreux désaccords concernant la politique extrême de Mr Filipson en matière de gestion du personnel, nous avons décidé de mettre fin à mon contrat. Si je vous écris, ce n’est nullement dans un esprit de vengeance, mais simplement parce que derrière la façade lisse présentée aux médias se cache une tout autre vérité. La réalité est bien loin de la situation idéale décrite dans la presse. Au-delà des chiffres disponibles sur le site www.bnb.be et qui prouvent que Filigranes ne va pas bien, il est également temps de dénoncer les pratiques managériales extrêmes mises en place par Mr Filipson, s’appuyant sur un climat de tyrannie et de peur. Personne ne fait état des centaines de licenciements et de départs volontaires dus à la seule personnalité de Mr Filipson, ni du climat malsain qui règne dans cette entreprise. Entre allusions sexuelles, gestes déplacés, insultes et crises de colère, personne n’est à l’abri. Et il n’est jamais fait état de la pression et du harcèlement subis par les employés, menacés de licenciement au moindre désaccord exprimé ! À grands coups de communiqués de presse racoleurs et infondés ( la soi-disant association avec le Pain quotidien, la soi-disant installation à New York et Miami, le soi-disant lancement d’un site e‑commerce), Mr Filipson tente simplement de noyer le poisson en présentant une entreprise soi-disant débordante de projets. Les chiffres vont mal, les employés vont mal, et Mr Filipson, au travers de la presse, tente d’en faire assumer la responsabilité par ses anciens employés. 

      À l’époque, Samantha a envoyé ce courrier à plusieurs médias, sans réponse. 
      Notes et références
      1.  Nous n’avions pas révélé avec toute la précision les propos relatifs aux témoignages de harcèlements sexuels, par crainte d’être attaqué par un personnage puissant, mais ce qui avait été dit se révélait extrêmement grave.
      2. Suite à l’intervention de certains employés, une nouvelle commission paritaire a donc été imposée à la direction, la CP311, ce qui permit de travailler 35 heures par semaine (au lieu de 38 pour le même salaire), des augmentations salariales, des congés supplémentaires, des week-ends off, et de toucher des primes (ancienneté, petite enfance, formation, etc.) au cours de l’année.
      3. Filiber, le journal de Filigranes, fin d’année 2017.
      4. Alexis Chaperon, CEO de Filigranes, La Libre, 02/01/2015.
      5. Prénom fictif.
      6. Filiber, Ibid.

    • #Mdr ! Sanctions antiRusse : La Russie vole plus de 400 Airbus et Boeing : un casse à 10 milliards de dollars ! Léo Barnier

      L’espoir des loueurs occidentaux de voir revenir leurs avions basés en Russie fond comme neige au soleil. A trois jours de la date posée par les autorités européennes pour reprendre possession de ces appareils, moins de 100 d’entre eux ont été récupérés sur plus de 500 en service dans les compagnies russes. Vladimir Poutine est donc en passe de réussir le casse du siècle dans l’aviation en confisquant plus de 400 avions, soit près de 10 milliards d’actifs. Mais sans soutien opérationnel des industriels occidentaux et sans possibilité d’acheter des pièces détachées, ce casse pourrait se transformer très vite en cauchemar pour la Russie.


      Aeroflot devrait être plus protégée que ses consœurs. (Crédits : Maxim Shemetov)

      L’horloge tourne, mais les avions ne reviennent pas. A la demande des autorités européennes, les loueurs occidentaux ont jusqu’au 28 mars pour reprendre possession de leurs avions loués en Russie. Et le compte n’y est pas pour l’instant. Sur plus de 500 appareils placés par des sociétés de leasing étrangères auprès des compagnies russes, environ 80 ont, selon nos informations, réussi à être récupérés. S’il reste encore trois jours, il est peu probable que le total dépasse la centaine d’avions. Un coup dur à court terme pour les loueurs, mais aussi à moyen terme pour les compagnies russes.

      Dix milliards de dollars dans la balance
      Lors d’un échange organisé par Eurocontrol le 25 mars, Henrik Hololei, directeur général de la direction Mobilité et transports de la Commission européenne, n’a pas hésité à déclarer que ces appareils « ont désormais été volés à leurs propriétaires légitimes ». Le fonctionnaire bruxellois réagit ainsi à la loi validée il y a deux semaines par Vladimir Poutine autorisant les compagnies russes à faire réimmatriculer en Russie les avions loués auprès de sociétés étrangères, et à obtenir des certificats de navigabilité russes pour continuer à les exploiter sur les lignes intérieures.

      Cette décision a pour objectif de contourner la suspension des certificats de navigabilité par différentes autorités de l’aviation civile à travers le monde, mais aussi « de permettre aux compagnies aériennes russes de conserver la flotte d’avions étrangers et de les exploiter sur des liaisons intérieures », comme indiqué sur le site de la Douma d’État (l’Assemblée législative russe).

      Le décompte exact est difficile à tenir, mais les proportions sont là. Au total, cette flotte louée en Russie par des compagnies étrangères est évaluée autour de 550 appareils et représente environ 12 milliards dollars d’actifs selon un expert du secteur. En s’accaparant au moins les quatre cinquièmes de cette flotte, le Kremlin met donc la main sur l’équivalent de près de dix milliards de dollars.

      Une récupération difficile
      Henrik Hololei a précisé que les autorités européennes avaient suivi avec attention tous les déplacements de ces appareils dans des pays tiers, afin de les immobiliser sur place en collaboration avec les autorités locales et de les récupérer avec succès.

      La situation s’est avérée bien plus complexe pour les avions qui n’ont pas quitté le territoire russe. A priori, certains loueurs ont tenté de récupérer leurs avions sur place. Outre les difficultés pour se rendre en Russie, leurs équipes ont aussi été bloquées par l’obligation de faire valider les plans de vol par les autorités russes pour sortir du territoire.

      La capacité des loueurs à reprendre possession de leurs appareils a aussi été suspendue à la coopération des compagnies russes. Mis à part Aeroflot, compagnie d’État soutenue par le pouvoir, les petits opérateurs privés sont dans une situation bien plus délicate. Ils peuvent difficilement s’opposer au Kremlin, qui n’avait pas hésité à sacrifier la première compagnie privée du pays Transaero au profit d’Aeroflot en 2015. Mais de l’autre ils savent que de confisquer les appareils des loueurs étrangers risque de les priver de toute possibilité de reconstituer leur flotte si le conflit s’apaise. D’autant que des connaisseurs du secteur voient mal comment les appareils confisqués pourraient voler plus de six mois sans aucun soutien occidental.

      Il est enfin possible qu’il y ait une différence de traitement selon l’actionnariat du loueur. Si les sociétés occidentales n’ont bénéficié d’aucune largesse de la part des autorités russes, le traitement réservé à leurs consœurs chinoises reste une interrogation. Celles-ci sont en effet concernées par l’obligation de récupérer leurs avions édictée par les autorités européennes, car leurs activités internationales passent très largement par des structures irlandaises.

      La suite : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/la-russie-vole-plus-de-400-airbus-et-boeing-un-casse-a-10-milliards-de-dol

      #ukraine #sanctions anti #Russes #blocage des #frontières #Irlande #paradis_fiscal #leasing #avions #aviation #transport balle dans le pied

  • #Vomir #Canada : D’ici 2028, les vaches laitières devraient pouvoir mettre bas sans être enchaînées Julie Vaillancourt - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1871152/vaches-laitieres-enchainees-agriculture

    Au Canada, la majorité des vaches laitières sont élevées en stabulation entravée, ce qui implique qu’elles mettent souvent bas, enchaînées, dans des stalles trop petites pour elles. Ça pourrait changer : les experts recommandent maintenant de leur donner plus de liberté de mouvement pour améliorer leur bien-être.


    Il manque d’espace dans les stalles régulières pour que les vaches mettent bas à leur aise. Photo : Radio-Canada

    La scène est désolante aux yeux du profane : une vache, la chaîne au cou, qui met bas dans sa stalle, souvent trop petite pour lui permettre de se mouvoir avec agilité. L’animal tente de se retourner pour voir son veau, mais son carcan métallique l’entrave partiellement ; le producteur laitier doit apporter le nouveau-né en face de sa mangeoire pour que la vache puisse enfin le lécher.

    Une action plus fréquente au Québec qu’ailleurs au Canada, car c’est dans la province qu’on retrouve le plus de fermes en stabulation entravée, un système où chaque vache garde toute sa vie une place fixe dans l’étable, enchaînée à une barre d’attache.


    Un des principes les plus importants, pour le vétérinaire Edwin Quigley, est que les vaches doivent faire le plus possible d’exercice. Photo : Radio-Canada

    Pour le vétérinaire Edwin Quigley, qui pratique dans la région de Chaudière-Appalaches, le fait que 72 % des vaches de la province vivent ainsi (contrairement à la moyenne canadienne de 44 %) est consternant. “Des vaches attachées dans un espace de quatre pieds par six à l’année longue et qui ne changent pas de place, il manque quelque chose.”

    Ce “quelque chose”, c’est la liberté de mouvement, beaucoup plus présente en stabulation libre, une façon d’élever les bovins laitiers dans des espaces à aire ouverte. Avec ce modèle, les vaches disposent de logettes individuelles où elles vont manger ou se reposer à leur guise, sans jamais être immobilisées de force.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en stabulation entravée, la prévalence de blessures aux jarrets chez l’animal est de 56 % comparativement à 47 % en stabulation libre, de 43 % pour les blessures aux genoux comparativement à 24 % en stabulation libre.

    Conséquence, entre autres, d’une surface de couchage souvent trop abrasive en comparaison avec la litière de plus de 15 centimètres d’épaisseur qu’on retrouve régulièrement dans les étables en stabulation libre.

    Quant aux 33 % de blessures au cou en stabulation entravée, elles trouvent évidemment leur source dans le port constant de la chaîne.


    Au Canada, les vaches qui passent leur vie dans des stalles entravées ont plus de blessures qu’avec d’autres systèmes d’élevage. Photo : Radio-Canada

    Le “Code de pratique pour le soin et la manipulation des bovins laitiers”, un outil de référence à l’intention des producteurs laitiers canadiens, est actuellement en révision, puisque la dernière mouture date de 2009.

    Nous avons obtenu la version préliminaire du nouveau code, dont l’élaboration sera terminée d’ici la fin de l’année. Elle propose dorénavant de loger les vaches laitières au pâturage ou en stabulation libre afin qu’elles aient la possibilité de se mouvoir davantage. Quant au vêlage, les producteurs devraient obligatoirement permettre aux vaches de mettre bas en stabulation libre d’ici 2028, s’il n’en tient qu’aux experts canadiens qui se penchent présentement sur la question.

    https://fr.scribd.com/document/566235947/Code-de-pratique-pour-le-soin-et-la-manipulation-des-bovins-laitiers#down

    Ce serait la moindre des choses aux yeux d’Edwin Quigley, qui supervise présentement l’agrandissement de l’étable d’un de ses clients, Dave Kelly, un producteur laitier de Saint-Nazaire-de-Dorchester, dans la région de Chaudière-Appalaches.


    Dave Kelly, producteur laitier, veut améliorer le bien-être de ses vaches et collabore avec son vétérinaire pour changer les choses. Photo : Radio-Canada

    M. Kelly tente d’améliorer le bien-être de ses vaches à la mesure de ses moyens. “Il y a des gens qui pensent qu’on utilise les vaches comme des machines, moi, je ne suis pas d’accord avec ça, mais il faut qu’elles soient bien dans ce qu’elles ont à faire, c’est important.”

    Au programme chez lui, des travaux de construction pour bâtir une section où ses vaches pourront mettre bas en stabulation libre : un enclos de groupe où les vaches auront le loisir de bouger à leur guise pendant le vêlage sans être gênées par l’étroitesse de leurs stalles ou, pire encore, leurs chaînes.


    En stabulation, la litière disposée sur le sol rend la surface plus confortable et aide à éviter l’abrasion. Photo : Radio-Canada

    Un virage pris par de plus en plus de producteurs laitiers du Québec qui, massivement, convertissent leurs troupeaux à l’élevage en stabulation libre pour l’ensemble de leurs opérations, et non uniquement le vêlage. “On fait du rattrapage, soutient Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec.”

    “Des vaches attachées toute leur vie, on tend à éliminer ces pratiques-là. On est à la croisée des chemins en termes de bien-être animal”, conclut-il.

    #chaînes #beurk #boycott #alimentation #sirop_d'érable #assiette #malbouffe #agriculture #élevage #élevage #alimentation #vaches #viande #agrobusiness #lait #agro-industrie #quelle_agriculture_pour_demain_ #violence #torture #capitalisme

    • Monsieur trudeau, vous êtes une honte pour la démocratie ! Veuillez nous épargner votre présence Christine Anderson, députée européenne (Allemande) au Parlement européen

      Après parlé avec des parlementaires européens lors de sa visite officielle de deux jours à Bruxelles, la parole a été donnée à la députée allemande Christine Anderson qui a interpellé le Premier ministre canadien, disant qu’il ne devrait pas pouvoir s’exprimer au Parlement européen.

      Anderson a accusé Trudeau d’admirer ouvertement la dictature de base chinoise et a appelé le Premier ministre pour avoir piétiné “les droits fondamentaux en persécutant et en criminalisant ses propres citoyens en tant terroristes simplement parce qu’ils osent s’opposer à son concept pervers de démocratie”.

      le Canada est passé du statut de symbole du monde moderne à celui de « symbole de la violation des droits civils » sous la « chaussure semi-libérale » de Trudeau.

      Elle a terminé son discours en disant à Trudeau qu’il était « une honte pour toute démocratie. Veuillez nous épargner votre présence.
      https://www.youtube.com/watch?v=vtnfcVAZB6I


      Le député croate Mislav Kolakusic a également dénoncé Trudeau pour avoir violé les droits civils des Canadiens qui ont participé aux manifestations du « Freedom Convoy ». Lors de son propre discours cinglant devant ses collègues parlementaires européens, Kolakusic a déclaré à Trudeau que ses actions en promulguant la loi sur les urgences étaient « une dictature de la pire espèce ».
      Trudeau s’est assis et a écouté Kolakusic informer le premier ministre que de nombreux Européens l’ont vu « piétiner des femmes avec des chevaux » et bloquer « les comptes bancaires de parents célibataires ».
      L’eurodéputé roumain Christian Terhes a également refusé d’assister au discours de Trudeau aux autres membres de l’UE.

      Source :
      https://thecanadian.news/vous-etes-une-honte-un-depute-allemand-interpelle-trudeau-en-face-lors
      https://twitter.com/lemairejeancha2/status/1507033759278940161
      https://vk.com/wall551774088_43985?z=video640533946_456239116%2Fa7ea5429d710b84557%2Fpl_post_55

      NDR Cette députée allemande est de droite, mais la vérité ne fait pas de politique.

       #canada #justin_trudeau #trudeau la #violence #contrôle_social #police #dictature #violences_policières #violence_policière #répression #violence #maintien_de_l'ordre #brutalité_policière #manifestation #violences_policieres

    • Salaire mirobolant et logement de fonction : le train de vie princier du directeur du Fresnoy à Tourcoing Pierre Leibovici
      https://www.mediacites.fr/lu-pour-vous/lille/2022/03/24/salaire-mirobolant-et-logement-de-fonction-le-train-de-vie-princier-du-di

      Les angles morts, Quelques obscurcissements, Prolongations… Le titre de ces romans signés Alain Fleischer était-il prémonitoire ? Il résonne en tout cas avec le rapport publié, vendredi 18 mars, par la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France sur l’association Le Fresnoy — Studio national des arts contemporains, dont il est le directeur.


      Ouvert au public en 1997, l’imposant bâtiment du Fresnoy, situé dans le quartier du Blanc Seau à Tourcoing, abrite une école supérieure d’art ainsi qu’un lieu de représentation et de production (cinéma, danse, photo, arts numériques). L’établissement, imaginé dès 1987 par l’artiste Alain Fleischer à la demande du ministère de la Culture, est aujourd’hui mondialement reconnu. Trente-cinq ans plus tard, et malgré son âge de 78 ans, il n’a toujours pas lâché le bébé.

      Un salaire brut de 91 000 euros
      « Le cinéaste », « l’auteur », « le photographe, le plasticien » : le parcours d’Alain Fleischer est fièrement détaillé sur le site Internet du Fresnoy, qui lui consacre une page entière. « L’ambassadeur du Fresnoy », ajoute la Chambre régionale des comptes dans son rapport : « il en est pilote stratégique, notamment pour l’évolution vers le projet de StudioLab international [un programme de collaboration entre artistes et scientifiques], il initie les grands partenariats et exerce les fonctions de responsable pédagogique ».

      « Le montant de sa rémunération ne s’appuie pas sur son contrat de travail »
      Pour remplir ces missions, Alain Fleischer bénéficie d’un confortable salaire de 91 000 euros bruts par an, soit 7 600 euros bruts par mois. Un montant stable sur la période allant de 2016 à 2019, sur laquelle se sont penchés les magistrats financiers, mais qui interroge : « le montant de sa rémunération ne s’appuie sur aucun élément présent dans son contrat de travail qui date de plus de 30 ans, pas plus que des avenants ultérieurs dont le dernier date, en tout état de cause, de 2002 ». La Chambre demande donc instamment une révision du contrat de travail du directeur et sa validation par le conseil d’administration de l’association.

      Un immeuble pour logement de fonction
      Dans la suite de leur rapport, les magistrats recommandent aussi que le conseil d’administration valide la mise à disposition d’un logement de fonction pour Alain Fleischer. Ou plutôt d’un « immeuble d’habitation », peut-on lire sans plus de précisions. Ce bâtiment, ainsi qu’un autre d’une surface de 11 000 m2, est la propriété de la région Hauts-de-France, principal financeur du Fresnoy.

      Quelle est la valeur de l’avantage en nature consenti à l’association et à son directeur ? Difficile à dire : la dernière évaluation, réalisée en 2002, tablait sur un coût de 455 823 euros par an. Un montant sans doute bien plus élevé vingt ans plus tard, d’autant que la région prend à sa charge les travaux et la majeure partie de l’entretien des bâtiments. « Une réévaluation de la valeur de ces biens immobiliers qui figurent dans les comptes de l’association serait nécessaire », acte la Chambre régionale des comptes.

      Gouvernance à clarifier
      Autre recommandation adressée au studio d’art contemporain : la clarification de la gouvernance de l’association. À l’heure actuelle, un conseil d’administration cohabite avec une assemblée générale. Mais les deux instances, dont les missions diffèrent, sont composées des mêmes membres : 10 membres de droit et 14 personnalités qualifiées. Pour mettre fin à cette « confusion », les magistrats appellent donc l’association à revoir ses statuts.

      Cette dernière recommandation vaut aussi pour la rémunération de certains membres du conseil d’administration. Car, d’après la Chambre régionale des comptes, « des membres du conseil d’administration, du fait de leurs fonctions et qualités professionnelles et artistiques, peuvent être amenés à remplir le rôle de commissaire de certaines expositions du Fresnoy ou à effectuer des missions de représentation, donnant lieu à versement d’émoluments ». Et de conclure, en des termes toujours policés, que l’association devrait réviser ses statuts « par souci de sécurité juridique ».

      Sollicité à l’issue de l’audit des magistrats financiers, le président de l’association, Bruno Racine, s’est engagé à suivre toutes leurs recommandations et à mettre à jour les statuts dans un délai de six mois. « Cette révision permettra de préciser les modalités de recrutement du directeur », a-t-il affirmé. Écrivain et haut-fonctionnaire, aujourd’hui âgé de 70 ans, Bruno Racine a toutes les raisons de prêter attention aux recommandations de la Chambre régionale des comptes : il a un temps été conseiller-maître à la Cour des comptes.

      #Fresnoy #Tourcoing #argent #fric #art #art_press #claude_leveque @legrandmix #art_contemporain pour #bobo #ruissèlement #ruissellement #photographie #guerre_aux_pauvres

    • Énergie : au Royaume-Uni, même les pommes de terre deviennent trop chères LePoint.fr
      https://www.msn.com/fr-fr/finance/other/%C3%A9nergie-au-royaume-uni-m%C3%AAme-les-pommes-de-terre-deviennent-trop-ch%C3%A8res/ar-AAVqibD?ocid=msedgdhp&pc=U531#

      Durant des siècles, les pommes de terre ont été, par excellence, l’aliment de base des populations pauvres. Faciles à cultiver, peu chères à l’achat et nourrissantes, elles étaient l’élément de base ? sinon le seul - de populations entières. À tel point qu’au XIXe siècle, l’apparition du mildiou en Irlande ? une maladie qui anéantit presque totalement la culture de la pomme de terre ? provoqua une famine ? et la mort de près d’un million de personnes.

      Par les temps qui courent, cependant, la pomme de terre semble perdre son avantage auprès des populations dans le besoin. En effet, selon The Guardian, https://www.theguardian.com/business/2022/mar/23/food-bank-users-declining-potatoes-as-cooking-costs-too-high-says-icela de plus en plus de personnes ayant recours aux banques alimentaires refusent les pommes de terre, ne pouvant se permettre la dépense énergétique nécessaire à la longue cuisson de ces dernières.

      Une inflation record en 30 ans
      « C’est incroyablement inquiétant », a expliqué le gérant d’une chaîne de supermarchés low cost sur la BBC. « Nous entendons parler de certains utilisateurs de banques alimentaires qui refusent des produits tels que les pommes de terre et d’autres légumes-racines parce qu’ils n’ont pas les moyens de les faire bouillir », détaille-t-il, parlant de « la crise du coût de la vie » comme du « plus important problème intérieur » au Royaume-Uni.

      Outre-Manche, le coût de la vie continue d’augmenter rapidement, rapporte The Guardian. L’inflation a atteint 6,2 % en février, selon les chiffres de l’Office for National Statistics, une première depuis trente ans. Elle est alimentée par la hausse du coût de l’essence et du diesel et d’un large éventail de produits de nourriture aux jouets et jeux. En 2021, l’inflation spécifique aux produits alimentaires a été de 5,1 % au Royaume-Uni.

      #pauvreté #prix de l’#énergie #spéculation #capitalisme #marché_libre-et_non_faussé #électricité #spéculation #alimentation #banques_alimentaires #pommes_de_terre

    • Stanze – di Gianluca e Massimiliano De Serio – Videoinstallazione – Italia 2010

      Il diritto d’asilo calpestato, poesia civile sulle tracce delle “catene poetiche” della tradizione orale somala. E i muri, e le vicende, dell’ex caserma La Marmora di via Asti, a Torino, autentica «centrifuga» simbolica della storia d’Italia.

      «Quanto è sconnessa la terra sotto i miei piedi,/ quanto è vasta la sabbia,/ andavo avanti sballottato e dappertutto le dune si moltiplicavano».

      «Mi hanno preso le impronte, non sono più come i miei coetanei./ Mi hanno reso povero in tutto, sono senza prospettiva di vita qui in via Asti./ Chi ci ha respinto ci ha fatto restare sul marciapiede in mezzo a una strada, ci ha relegato a dormire lungo i muri./ Ci obbligano a tornare indietro,/ non possono capire che il trattato di Dublino è il colonialismo: a chi possiamo denunciarlo?».

      In Stanze si respira la vertigine deserto, si intuisce la fatica del viaggio. Si ascolta una madre che teme per il figlio emigrato. Si sente sotto i piedi la lastra nera del mare. Si impara che cosa sia il bisogno di fuggire da una terra invivibile, ma anche la disillusione per essere finiti in un Paese diverso da come lo si sognava. Si diventa testimoni della miseria e dell’indifferenza vissuti in Italia. E si è inchiodati alla denuncia: «Gli italiani non hanno mantenuto la promessa fatta», quella di un’accoglienza che dia un minimo di sostanza al diritto d’asilo concesso sulla carta.

      Nato come videoinstallazione, Stanze è stato girato con un gruppo di giovani rifugiati somali che sono stati “ospiti” degli spogli locali dell’ex caserma La Marmora di via Asti, a Torino. Le riprese, senza luce artificiale, si sono svolte in un’unica giornata ma la preparazione è durata mesi, in collaborazione con la mediatrice culturale e scrittrice Suad Omar. In questo «film di parola e non di azione» (è la definizione dei fratelli De Serio) gli attori, a turno, narrano le loro storie per circa un’ora, fermi davanti alla camera da presa, in versi somali con sottotitoli in italiano.

      La forma recupera e riattualizza il genere della “catena poetica” (una serie di liriche collegate fra loro, strumento di dibattito pubblico e politico nella tradizione orale della Somalia). Mentre, nei contenuti, la cronaca e la testimonianza si fanno poesia civile, con un’asprezza senza tempo che ricorda a tratti i salmi più scabri e le denunce più dure dei profeti dell’Antico Testamento.

      Una parte dei testi proposti dal gruppo di giovani rifugiati non si limitano alla situazione del diritto d’asilo ma “interpretano” anche la storia dell’ex caserma La Marmora, decifrando in quelle mura «una vera e propria centrifuga della storia italiana», come ricorda l’associazione di “mutuo soccorso cinematografico” Il Piccolo Cinema di Torino: «Fondata durante il primo periodo coloniale italiano nel corno d’Africa, la caserma è poi diventata sede, durante il fascismo, della Guardia nazionale repubblicana e vi si sono consumate torture e fucilazioni dei partigiani prigionieri». Da qui la ripresa in Stanze (stanze come strofe poetiche, stanze di mattoni) di alcuni stralci degli atti del processo che, nel 1946, vide alla sbarra alcuni fascisti che “lavorarono” in via Asti. Ancora Il Piccolo Cinema: «Nel film gli ex abitanti della caserma, attraverso un percorso di sdoppiamento storico ed esistenziale, si fanno carico della nostra stessa storia e delle sue mancanze».

      Prodotto per la prima edizione del “Premio Italia Arte Contemporanea” del Maxxi di Roma, Stanze ha ottenuto la menzione speciale della giuria «per l’uso innovativo del linguaggio filmico nel rappresentare la condizione umana di sofferenza e di oppressione che attraversa la nostra storia».

      Alcune scene e una presentazione del video da parte di Gianluca e Massimiliano De Serio sono presenti su You Tube: https://www.youtube.com/watch?v=GvWW0Ui7Nr0

      Il sito Internet dei fratelli De Serio è: www.gmdeserio.com
      https://viedifuga.org/stanze

    • Intervista a Gianluca e Massimiliano De Serio - Quella stanza fuori dall’Africa

      Quella stanza fuori dall’Africa Teresa Macri ROMA Incontro con i gemelli De Serio, menzione speciale della giuria per il Premio Italia Arte Contemporanea al Maxxi. «Abbiamo girato un film-catena poetica che recupera la tradizione orale somala, prima dell’avvento della scrittura. Nel nostro caso, la narrazione orchestrata dalla poetessa Suad Omar è declinata da alcuni rifugiati politici che interpretano le loro storie di esiliati» Gianluca e Massimiliano De Serio con il mediometraggio Stanze, si sono aggiudicati una menzione speciale da parte della giuria e una passione smodata da parte del pubblico. Sarebbe stato un esemplare epilogo se, nel catastrofico crinale italiano come quello che stiamo attraversando, la giuria avesse inviato un chiaro segno politico puntando sul loro film che riesce a coagulare paradigma storico, displacement, soggettività e funzione del linguaggio poetico attraverso i racconti di alcuni politici somali in Italia. Comunque sia i fratelli De Serio (Torino, 1978) sono stati appena premiati alla 28ma edizione di Torino Film Festival con il documentario Bakroman sui ragazzi di strada del Burkina Faso. Fin dal 1999, i gemelli indagano senza tregua e senza alcun rigurgito ideologico sui temi dell’identità culturale, «negoziata», fluida e in divenire nell’epoca tardo-capitalista, sui conflitti tra urbanità e minoranze etniche che stanno ridefinendo le nostre società occidentali. La loro è una ricerca «etica», indirizzata sullo scontro degli spazi sociali e sul disagio dell’estetica, nei confronti della politica. Una ricerca in con-trotendenza con l’immaginario simulacra-le così ripercorso dalla loro stessa I-Generation. Ragione dei numerosissimi riconoscimenti internazionali ricevuti finora: Nastro d’Argento per il miglior cortometraggio (2004), il festival di Edimburgo (2006), Oberhausen (2006), Stoccarda (2005), Vendó me (2005 e 2006) e, come miglior film italiano, per tre anni consecutivi al Tff. L’asserzione dell’artista Francis Alys «a volte fare qualcosa dl poetico può diventare politico e a volte fare qualcosa dl politico può diventare poetico» sembra descrivere li vostro film. Come è nata e si è sviluppata l’idea dl «Stanze»? Poesia e politica non sono per forza estranee. Al contrario. Cosl come l’estetica può veicolare un contenuto etico, il rapporto fra le due sfere deve essere il più coerente possibile. In particolare, Stanze è un lavoro che si sviluppa in entrambe le direzioni. E un film/catena poetica che recupera la tradizione orale somala prima dell’avvento della scrittura. La poesia era lo strumento di discussione etica e politica della società somala, con essa si creavano catene poetiche attraverso le quali si dibatteva: venivano apprese a memoria dalla società e servivano per un dibattito pubblico, sublimato dalla bellezza e dal rigore della metrica. Nel nostro caso, le poesie, create sotto la maestria della poetessa Suad Omar, sono declinate da un gruppo di rifugiati politici che interpretano le loro storie di esiliati e si fanno carico della nostra storia e delle nostre mancanze.
      «Stanze» è centrato sulle forme di potere autoritarie: dal colonialismo italiano In Africa al fascismo del ventennio fino all’attuale stato dl diritto discrezionale... Il film è un lento scivolare dalla diaspora dei somali all’inadeguatezza del nostro paese nell’accoglierli secondo le regole internazionali. Progressivamente, i rifugiati arrivano ad interpretare stralci del processo, del 1946 nella caserma di via Asti di Torino, in cui vennero condannate alcune guardie nazionali repubblicane fasciste, colpevoli di sevizie, di torture e uccisioni di numerosi partigiani (tutti amnistiati, creando in questo modo un vuoto storico e giudiziario). I somali, figli indiretti della nostra storia e delle colpe coloniali e fasciste e oggi rifiutati dalla nostra società, prendono la voce dei testimoni del processo, attuando una sorta di sdoppiamento storico ed esistenziale che incolpa prima di tutto l’Italia e ne riempie il vuoto morale e politico. I luoghi di ogni «stanza poetica» sono alcune sale della tremenda caserma di via Asti, che paradossalmente è stata un provvisorio posto di accoglienza di centinaia di rifugiati politici somali nel 2009, alcuni dei quali protagonisti del film. Lo sradicamento del soggetto post-coloMale è al centro delle vostre analisi sia In «Zakarla» che in «Stanze». In ciò conta molto l’humus torinese dove vivete? Torino è una città che ha visto nascere i movimenti di potere, ma anche di protesta e di avanguardia in Italia. E un luogo di spe:
      * rimentazione sociale dove si cerca di supplire alle mancanze del govemo in materia di rifugiati politici. Molte delle nostre storie nascono e si creano nel nostro quartiere o nella nostra città. Qui ha sede il Centro Studi Africani, dove ha avuto inizio la ricerca per realizzare Stanze. Il presidente, ora purtroppo scomparso, era Mohamed Aden Sheickh, ex ministro somalo che è stato sei anni in cella di isolamento sotto la dittatura di Siad Barre ed è a lui e ai rifugiati politici che dedichiamo il lavoro. Grazie a lui abbiamo incontrato Abdullahi, Suad Omar e tutti i rifugiati politici protagonisti. La necessità dl ritornare su accadimenti passati della storia Italiana (come II film dl Martone "Nol credevamo») è un meccanismo dl presa di coscienza del presente attraverso una di logica della memoria? Il nostro è un tentativo di creare una nuova immagine del presente, fuori da ogni formato e da ogni cliché, capace di farsi carica di significato e di aprirsi a riflessioni future e a ri-letture del passato, sotto una nuova estetica e rinnovati punti di vista. Stanze, per esempio, parte dalle storie della diaspora presente, dalle torture in Libia e dai respingimenti, dai non diritti dei rifugiati, che si perpetuano tutti i giorni tra Africa e Italia, fin dentro il nostro stesso paese. Questa diaspora ha radici profonde e interpella la nostra storia più nera, sconosciuta o opportunisticamente dimenticata, quella del colonialismo, degli eccidi in Somalia da parte degli italiani, delle colpe dei fascisti, mai pagate fino in fondo come ci insegna via Asti. C’è nella vostra ricerca una attenzione alla struttura metrica che stabilisce anche Il ritmo del film. II riferimento è alla catena poetica dl Stanze», alla rima del rappers in «Shade ? Da anni onnai lavoriamo sul tentativo, di volta di volta diverso, di creare una «nuova oralità». La trilogia dedicata a Shade era un lungo flusso di coscienza in freestyle, che abbandonava le classiche regole del genere per farsi nuova parola e immagine, icona, memoria di se stessa. In Stanze abbiamo spazializzato il suono, lo abbiamo reso scultura, capace di riflettersi su un’immagine aderente al concetto di catena poetica e in grado di farsi bella, perfetta, ipnotica, sia nella metrica e nel suono, ma anche nei colori e nelle luci. Solo così crediamo si possa restituire la dignità e il coraggio di mettersi in gioco dei nostri protagonisti: ognuno con i suoi strumenti, in un dialogo continuo che si fa scambio, dialettica, alleanza.
      PREMIO ITALIA ARTE Rossella Biscotti presenta il suo «Processo» dopo il 7 aprile L’artista Rossella Biscotti è la vincitrice della prima edizione del Premio Italia Arte Contemporanea, curato da Bartolomeo Pietromarchi e organizzato dal Mani per sostenere e promuovere l’arte italiana rigosamente under 40. «II Processo», realizzato dalla Biscotti (Molfetta, 1978, ma vive in Olanda) consta in una installazione molto formale di architetture residuali in cemento armato ispirate alla conversione logistica subita dalla razionalista palestra della scherma realizzata da Luigi Moretti al Foro Italico in aula bunker durante i processi politici degli anni di piombo, tra cui quelli legati al caso Moro. Parallelamente e più pregnantemente un audio, disseminato nel museo, invia le registrazioni del famoso processo .7 Aprile». A colpire la giuria è stata «l’intensità del lavoro e il forte legame che l’artista ha saputo costruire fra l’architettura del museo e quella dell’opera». L’installazione sarà acquisita dal Marci e verrà pubblicata una monografia dell’artista. Tre gli altri finalisti in lizza: Rosa Barba (Agrigento, 1972) con il suo museo nascosto» nei depositi; Piero Golia (Napoli 1974) che cerca di confondere lo spettatore spostando continuamente il punto di vista, e i gemelli De Serio, menzione speciale per il loro mediometraggio «Stanze».

      https://archive.ph/Ob2nj#selection-68.0-68.2

    • Italy’s De Serio Brothers on CineMart-Selected Colonial-Era Drama ‘Prince Aden’ (EXCLUSIVE)

      Gianluca and Massimiliano De Serio, the Italian directing duo best known internationally for their Locarno premiere “Seven Acts of Mercy,” are developing a colonial-era drama that they’re presenting during the Rotterdam Film Festival’s CineMart co-production market.

      “Prince Aden” begins in 1935, when a 16-year-old Somali boy passes the test to become a dubat, a soldier in the Italian army that has invaded Ethiopia on the orders of Mussolini. Aden Sicré is sent to the frontlines, but after being injured on his first day of service he’s forced to return home – where he is unexpectedly hailed as a war hero by the Fascist regime.

      Five years later, Aden is recruited to take part in a recreation of the daily life of an African village at the newly built Mostra d’Oltremare exhibition center in Naples. But when Italy enters the Second World War, the “human zoo” suddenly closes, stranding Aden and the other African inhabitants for three years as Allied bombs destroy the city around them.

      Inspired by the book “Partigiani d’Oltremare,” by the Italian historian Matteo Petracci, the film follows the unexpected turns in the years after, as Aden and other African fighters play a pivotal role in the partisan struggle against fascism in Europe, and the would-be shepherd is hailed as the film’s titular prince.

      “Prince Aden” sheds light on an “unknown story” that helped shape the course of Italy in the 20th century, according to Gianluca. Yet it’s a story that’s become increasingly relevant against the backdrop of modern-day Europe.

      “We found that this story is not so far from those of thousands of young people who leave their homeland and come to Italy and Europe to find a new life today,” he said. “There is a kind of mirror” with current events.

      Massimiliano said that “this story is a contemporary story, not only a story of our recent past,” which reflects how events between the colonial era and the present day are connected.

      “We need to talk about not only our origin [as colonizers and fascists], but also we need to talk about the importance of Africa to our story, and also the importance of the Italian story to the African one,” he added. “The film will not only be a film about colonialism, because everything starts from there, but also about post-colonialism.”

      The De Serio Bros. addressed similar topics in their 2010 film installation “Stanze” (Rooms) (pictured), which looked at issues of colonialism, post-colonialism and their consequences on the condition of migrants today.

      Central to “Prince Aden” will be an interrogation of the ways in which the Fascist regime exploited the image of its young African hero for its own purposes. The brothers will also examine the role played by the Mostra d’Oltremare, as well as the Italian film industry, in promoting the propaganda of the Fascist government, raising questions of how history is staged and narratives framed.

      It’s a timely subject in an era when previously marginalized voices across the world are struggling to reclaim their own stories. Massimiliano noted how an increasing number of young Italian writers, artists and musicians with African roots have in recent years begun to produce art that echoes their own experiences as second- and third-generation Italians.

      However, he said, “there is not a real debate in Italy’s culture about our colonialism and the ashes of this colonialism after the ‘60s” similar to how the Black Lives Movement has cast fresh light on race history in the U.S.

      That lack of accountability or reflection extends to cinema, which “didn’t really face up to colonialism” after the fall of the fascist regime, Massimiliano said. That, in turn, has had a profound effect on Italian culture today.

      “Cinema works with images. It gives visibility to something, and it hides something else,” said Gianluca. “For us, cinema is a responsibility…. It’s a choice. It’s close to the work of archaeologists: going under the surface and looking for pieces of our identity that are hidden not only in the past, also in the present.”

      The De Serio Brothers’ debut feature, “Seven Acts of Mercy,” made a splash on the festival circuit after premiering in competition in Locarno in 2011. The brothers later premiered in the Venice Film Festival in 2016 with the documentary “River Memories,” about one of the largest shanty towns in Europe. Two years ago, they bowed “The Stonebreaker,” starring “Gomorrah’s” Salvatore Esposito, in the festival’s Venice Days strand.

      “Prince Aden” is produced by Alessandro Borrelli for La Sarraz Pictures. As the filmmakers search for potential co-producing partners during CineMart, Massimiliano stressed that their film is inherently a “European project” that is “important for Europe.”

      “We are the doors of Europe in the Mediterranean today,” he said, “and I think that this project could be a way for Europe to understand better the European roots that are not only the European, Christian roots, but also the roots of our tragic and somehow also beautiful links [and] violent links with Africa. The film will be violent and tender at the same time.”

      https://variety.com/2022/film/global/rotterdam-cinemart-de-serio-brothers-prince-aden-1235167410

    • La macabra storia dell’ex Caserma La Marmora di Torino

      Ormai in disuso, la vecchia Caserma La Marmora dal ’43 al ’45 fu luogo di detenzione e di tortura, dove persero la vita molti italiani.

      Al giorno d’oggi, al civico numero 22 di via Asti a a Torino si trova l’ex #Caserma_Dogali, ora Caserma La Marmora.

      La struttura militare fu il centro di terribili atti di tortura e fucilazione durante il Secondo conflitto mondiale.

      Alle origini, la caserma di via Asti divenne la sede di un Reggimento di fanteria.

      Costruita dal 1887 al 1888, il progetto della struttura fu opera del capitano del Genio, #Giuseppe_Bottero.

      Inizialmente, all’inaugurazione si scelse il nome di caserma “Dogali” di Torino (solo in futuro poi prenderà il nome “La Marmora”).

      Questa denominazione in particolare, richiama l’infausta battaglia di Dogali, la quale ebbe luogo in corrispondenza della costruzione dell’edificio.

      Al tempo, il corpo si spedizione italiano era impegnato nel Corno d’Africa, in Eritrea, per portare avanti le pretese coloniali del governo #Depretis.

      Risaputa è la sconfitta dell’esercito italiano, che proprio durante la battaglia di Dogali del 26 gennaio del 1887 venne piegato da un’impensabile esercito etiope.

      La disfatta coprì di vergogna l’Italia agli occhi delle potenze mondiali.

      In seguito, il ministro Depretis diede le dimissioni a distanza di poche settimane.

      Indubbiamente, il catastrofico evento generò clamore in tutta la penisola.

      Nel capoluogo piemontese si prese la decisione di intitolare una via con il nome del tenente colonnello Tommaso De Cristoforis, casalese di origini che perse la vita durante la campagna africana.

      Mentre, invece la nuova caserma prese il nome dell’infima battaglia.

      Come primo impiego militare, si ospitarono al suo interno due reggimenti di fanteria.

      Mentre dal luglio del 1912, fu sede del comando del Battaglione Aviatori della neo-aeronautica militare italiana.

      Nel 1920, su richiesta dell’Alto Comando militare, la caserma ospitò un reggimento di Bersaglieri, il IV.

      Mentre l’anno successivo cambiò nome, diventando Caserma “La Marmora”, in onore di #Alfonso_La_Marmora, generale e politico de Regno di Sardegna, ideatore dell’unità dei bersaglieri.

      Purtroppo, nel 1943 la Caserma La Marmora divenne il centro di terribili avvenimenti.

      Dopo l’armistizio dell’ 8 settembre 1943, i partigiani, grazie all’appoggio degli alleati, misero a ferro e fuoco il Piemonte.

      Così si decise di riconvertire la caserma come quartier generale dell’#Ufficio_Politico_Investigativo (l’#Upi).

      Sotto la gestione della #Guarda_Nazionale della neo-nata #Repubblica_Sociale.

      Il nuovo incarico era quello di reprimere ed eventualmente annichilire ogni forma di lotta clandestina partigiana, con ogni maniera necessaria.

      Nelle camere della caserma, sotto il comando del colonnello #Giovanni_Cabras e del maggiore #Gastone_Serloreti, si rinchiudevano e si interrogavano i partigiani catturati.

      Gli interrogatori venivano portati avanti attraverso spietate torture psicologiche e fisiche.

      Che si concludevano con la fucilazione o con la deportazione in Germania dei ribelli, in accordo con i nazisti.

      Tra la notte del 27 e del 28 gennaio però, un’incursione partigiana, comandata da #Livio_Scaglione, riuscì ad occupare la caserma e liberare i prigionieri.

      Con la fine della guerra, l’ex struttura militare cadde inevitabilmente nella desuetudine, che continua fino ai giorni nostri.

      Tuttavia nel 1962, in ricordo degli eroi che persero la vita, venne posta una lapide nella caserma, esattamente nel luogo in cui avvennero le esecuzioni.

      https://mole24.it/2021/05/05/la-macabra-storia-dellex-caserma-la-marmora-di-torino
      #partisans

    • Après trois heures de voyage depuis Fort-Dauphin à travers les monts Anosy sur une piste cabossée faisant office de route nationale, le Grand Sud malgache apparaît, immense et isolé. Brutalement vert après deux longues années de sécheresse. En redescendant vers le plateau du Mandrare défilent champs de maïs et de mil, bordés de haies de cactus aux épaisses feuilles hérissées d’épines. Des enfants jouent dans des flaques disputées à de nonchalants zébus.

      Il a suffi de quelques jours consécutifs de pluies, mi-janvier, puis des averses apportées dans le sillage du cyclone Batsiraï début février, pour que la vie reprenne à nouveau sa place. Là où elle semblait condamnée.

      La route trace, cap à l’ouest, traverse Amboasary, gros bourg au débouché de vastes plantations de sisal, puis rejoint Ambovombe, capitale de la région de l’Androy et centre humanitaire où sont installés les bureaux régionaux des agences onusiennes et des ONG d’urgence chargées d’assurer les distributions de vivres jusqu’à la fin de la période de soudure et l’arrivée des récoltes. Le pire a été évité. « Nous avons mis le paquet pour qu’une crise alimentaire très sévère ne dégénère pas. Et jusqu’à présent, grâce à l’augmentation des rations dans les zones les plus critiques, nous considérons que nous avons réussi », assure Jean-Benoît Manhes, représentant adjoint de l’Unicef.

      Dans les trois provinces d’Androy, d’Anosy et d’Atsimo-Andrefana, qui composent le Grand Sud malgache – cette région semi-aride, abandonnée depuis des décennies aux cycles récurrents des sécheresses et de la faim, le « kéré » dans le dialecte local –, environ 1,4 million de personnes – soit près de 40 % de la population − ont toujours besoin d’assistance.

      Vulnérabilité

      Ce chiffre reste aussi important qu’en mai 2021, lorsque les indicateurs s’étaient soudainement assombris avec l’annonce de 28 000 personnes menacées de famine. Quelques semaines plus tard, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, y avait vu, depuis Ambovombe, la « première famine climatique », fustigeant l’injustice imposée à un pays « qui n’a en rien contribué au réchauffement, mais qui en paie aujourd’hui le prix » . La formule avait fait mouche, reprise en boucle par les médias du monde entier. Jusqu’à être récupérée en novembre 2021 à la tribune de la 26e conférence des Nations unies sur le climat par le président malgache, Andry Rajoelina, pour exhorter les pays pollueurs à financer des mesures d’adaptation au nom de ses « compatriotes [qui] endurent le tribut d’une crise climatique à laquelle ils n’ont pas participé » .

      A la terrasse du Taliako, où se retrouvent les expatriés après leur journée sur le terrain, un employé du PAM, familier des théâtres humanitaires, ne peut garder ce qu’il a sur le cœur : « C’est la plus grande opération de marketing que j’aie vue depuis longtemps pour lever des fonds. Il y a des mots qu’il faut manier avec prudence », lâche-t-il en s’interrogeant sur l’ignorance réelle ou feinte de son patron, ex-gouverneur républicain de Caroline du Sud et proche de Donald Trump, nommé à la tête de l’institution en 2017.

      Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) anticipent une diminution des précipitations et une multiplication des épisodes de sécheresse en Afrique australe d’ici à la fin du siècle. Une plus grande irrégularité des pluies et la multiplication des événements extrêmes y sont déjà des phénomènes observés.

      Mais, selon une étude publiée en décembre 2021 par l’initiative World Weather Attribution, le dérèglement climatique ne peut être rendu directement responsable de la sécheresse exceptionnelle enregistrée depuis 2019 dans le sud de la Grande Ile de l’océan Indien. Cette équipe scientifique internationale qui travaille sur les liens entre les événements climatiques extrêmes et le réchauffement estime que le déficit pluviométrique de 40 % par rapport à la normale, subi au cours des deux dernières années, ne s’est produit qu’une fois en cent trente-cinq ans. Trop peu, selon eux, pour conclure autrement qu’à « une manifestation de la variation naturelle du climat » . Ils rappellent en revanche la vulnérabilité d’une population rurale dont plus de 90 % vivent dans l’extrême pauvreté.

      Région laissée pour compte

      Depuis la première crise documentée pendant la période coloniale, en 1895, une quinzaine de kéré ont été recensés sans que les multiples promesses de plans de développement n’aient permis de changer le destin d’une région laissée pour compte, plus que les autres, par le pouvoir central. Trente ans après la famine de 1990, dont la gravité avait provoqué un sursaut de mobilisation, tout apparaît − ou presque − à recommencer.

      A Ambovombe, comme si l’urgence humanitaire était devenue une fatalité, le PAM s’est installé dans les locaux de l’ancien Commissariat général pour le développement intégré du Sud, institution défunte parmi d’autres.

      Il n’y a toujours pas de routes asphaltées. Pour se procurer de l’eau, les villageois doivent parcourir des distances qui peuvent se compter en dizaines de kilomètres. Dans le meilleur des cas, en charrette à zébu, et souvent, pour les femmes qui en ont la charge, à pied, un bidon sur la tête. Même le précieux périmètre irrigué de Behara, aménagé sur les alluvions fertiles des rives du Mandrare, a été délaissé. En mai 2021, c’est de cette zone rizicole jadis prospère qu’est venue l’alerte à la famine.

      « C’est moins dur aujourd’hui. Nous avons reçu de l’aide », témoigne Alphonse Monja, chef de l’un des fokontany (division administrative) de la commune, devant la file des ménages venus recevoir leur distribution mensuelle de vivres. Près d’un tiers d’entre eux bénéficie également d’une allocation monétaire financée par la Banque mondiale. Il préférerait cependant que soit réparé le canal d’irrigation qui lui permettait d’arroser son champ : « De nombreux experts sont venus. Ils ont fait des études puis je ne les ai jamais revus. Le canal est cassé depuis trente ans. Comment pouvons-nous assurer des récoltes avec des pluies de plus en plus irrégulières ? »

      Village après village, l’histoire se répète. Derrière son petit bureau en Formica, Fenolily, maire d’Ambazoa, énumère sans peine la liste des projets reçus par sa commune. Celle-ci, à moins d’une heure d’Ambovombe et proche de l’océan, présente les maux propres au Sud, avec ses paysages déboisés, ses vents forts qui érodent les sols, l’absence de sources d’eau et une population qui ne cesse de croître.

      Il n’est pas question pour l’élu de se plaindre des pirogues reçues pour s’initier à la pêche, même si l’activité a longtemps été considérée comme celle des parias, ni de l’introduction de semences plus résistantes à la sécheresse ou de la « formation en vie associative » dispensée aux agriculteurs. Mais il s’interroge : « On ne nous demande jamais de quoi nous avons besoin, des projets arrivent un beau jour de l’extérieur, durent quelques années, et puis on passe à autre chose. »

      « Une rente éphémère qu’il faut capter »

      A la sortie du village composé de petites cases en bois ou en tôles qui éblouissent sous le soleil, un bâtiment en ciment peint en blanc abrite une « unité de transformation de cactus » censée produire « un complément alimentaire pour les petits ruminants », porté par le Programme des Nations unies pour le développement. Il n’a jamais servi. Personne ici n’aurait l’idée ni les moyens de payer pour de la farine de cactus dont les animaux sont nourris gratuitement après avoir brûlé les épines.

      La chambre froide offerte pour faciliter le stockage des poissons est également à l’arrêt : pas d’argent pour le carburant qui permettrait de la faire tourner. La coopération allemande envisagerait de la doter de panneaux à énergie solaire.

      Au fil des ans, les populations, qui n’ont jamais attendu beaucoup de l’Etat, ont aussi perdu l’espoir que l’aide extérieure puisse transformer leur vie. « Elle n’est plus perçue que comme une rente éphémère qu’il faut capter, constate un économiste malgache fin connaisseur de la région. Chaque village possède sa stratégie. Mais l’argent est loin de toujours aller à ceux qui en ont le plus besoin et, finalement, le système censé secourir les plus fragiles a plutôt tendance à conforter les inégalités » , affirme-t-il, conscient du malaise suscité par ses propos.

      A côté des critères de « vulnérabilité » retenus par les agences pour établir les listes officielles des bénéficiaires de vivres ou de dons monétaires − et souvent perçus comme peu lisibles par les villageois − prévalent d’autres règles. Fixées cette fois au sein des communautés, par les individus qui ont du pouvoir sur le reste du groupe : chefs de lignage, riche usurier, etc. « Quand le PAM ou les ONG ont terminé leurs distributions officielles, chacun doit redonner ce qu’il a reçu et un nouveau partage est réalisé. Ce n’est pas un secret. Mais personne n’ira l’ébruiter, pour éviter les représailles », poursuit-il.

      « L’aide nous tue aussi à petit feu »

      Au marché hebdomadaire de Sampona, Nirina (elle n’a donné que son prénom) semble ignorer ces arrangements. Assise par terre, devant un carré de tissu sur lequel sont disposés des petits tas de figues, la jeune mère de cinq enfants sait seulement que « son nom a été effacé de l’ordinateur et qu’elle n’a jamais reçu d’aide » . Son village se trouve à quatre heures de marche. Les cactus restent sa seule nourriture, avec les quelques vivres qu’elle pourra s’acheter si la vente est bonne.

      Face à la « plus grave sécheresse depuis quarante ans », l’heure est à nouveau à un grand plan pour le Sud. Le président Rajoelina a organisé en juin 2021, à Fort-Dauphin, une conférence pour « l’émergence », dont il est ressorti une liste de projets plus ou moins ambitieux qu’il reste encore à financer.

      De son côté, la Banque mondiale a annoncé une enveloppe de 200 millions de dollars (182 millions d’euros) pour un programme baptisé Mionjo, ce qui signifie « se lever » en langue antandroy. « Depuis toutes ces années, des milliards de dollars ont été dépensés pour le Sud. Nous pouvons déplorer le manque de volonté politique des gouvernements successifs, mais nous devons aussi faire notre autocritique », soupire un bailleur.

      A Ambovombe, le jeune gouverneur de l’Androy n’attend que cela : « Cette région est qualifiée de manière infamante de cimetière de projets. Cela nous fait honte, mais que chacun prenne sa part. Nous ne sommes pas les seuls responsables de la pauvreté ici, blâme Lahimaro Soja, juriste de formation et originaire de la région. L’aide humanitaire sauve des vies lorsque frappe le kéré, mais elle nous tue aussi à petit feu. La population a fini par croire que c’est un droit, au point d’en devenir dépendante. Rien n’est facile dans le sud de Madagascar, mais nos enfants méritent un autre avenir. »

      Par Laurence Caramel (Ambovombe, Madagascar, envoyée spéciale)

      #Madagascar #kéré #sécheresse #famine #alimentation #aide_alimentaire #pauvreté

  • La grande famine et les travaux forcés | (signalé par @EllenAgreaux)
    https://liberationirlande.wordpress.com/2012/06/09/la-grande-famine-et-les-travaux-forces

    Au plus fort de la famine, l’Etat britannique mit en œuvre les Famine Relief Schemes [dispositifs de soulagement de la famine] un projet de grands travaux qui devaient permettre de nourrir les gens en échange de travail.

    Ce système était destiné à contenir et maîtriser le problème, pas de le résoudre. Il était très élaboré et répandu. Beaucoup de routes, connues sous le nom de Famine Roads ou Green Roads (parce qu’elles ne menaient nulle part) furent réalisées. De même, de longs murs furent construits le long des montagnes, surtout dans la région de Burren (comté de Clare). Les impôts destinés aux pauvres [« Poor Rates »] furent utilisés pour financer ces grands travaux. Le pays fut divisé en districts fiscaux sur la base des circonscriptions électorales.

    Chaque district fiscal avait une maison de correction [« workhouse »] qui était tenue par des gardes eux-mêmes supervisés par des inspecteurs, responsables devant le gouvernement. En 1847, fournir du travail aux gens était d’un piètre utilité puisque tant de gens étaient malades ou affamés, incapables de travailler. On faisait travailler les femmes et les enfants à casser des pierres ou à balayer des cailloux.

    Presque tous ces grands travaux étaient improductifs, puisque le gouvernement ne voulait pas retirer des occasions de profit aux promoteurs privés. Des canaux ont aussi été construits, mais beaucoup furent abandonnés. Le gouvernement britannique a dépensé plus de 9 millions de livres pour ces dispositifs, dont 7,5 millions venaient des impôts destinés aux pauvres. Quelques années plus tard, la Guerre de Crimée allait coûter 63,5 millions de livres au gouvernement.

    #pauvreté #pauvres #histoire #travail

  • Enquête sur les ESAT : quand l’#exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale – dièses
    https://dieses.fr/enquete-sur-les-esat-quand-lexploitation-des-ouvriers-passe-pour-de-laction-s

    Pas de SMIC ni de #droit du #travail

    Il est vrai que les entreprises auraient tort de se priver de sous-traiter aux ESAT tant la main d’œuvre y est sous-payée et dépourvue de droits. Le journaliste décrit page après page la condition des travailleuses et travailleurs des ESAT que ne cessent de dénoncer différents collectifs #antivalidistes, comme l’avaient fait avant eux les militants handicapés des années 19703. La rémunération en ESAT équivaut en moyenne à 11% du SMIC, rappelle l’auteur en citant un rapport du Sénat sur le sujet. Avec l’aide que l’État verse à l’établissement, le revenu mensuel atteint 715 euros nets pour 35 heures de travail par semaine, sans aucune perspective d’évolution de carrière. Mais les ouvriers et ouvrières n’ont nul moyen de se défendre collectivement ni de revendiquer quoi que ce soit puisqu’ils ne bénéficient pas de la protection du Code du travail. Considérés comme des « usagers » de l’ESAT, ne pouvant pas même prétendre à la reconnaissance sociale habituellement attachée au statut de travailleurs, ils relèvent du Code de la famille et de l’action sociale. Conséquence : ils n’ont ni le droit de grève, ni de se pourvoir aux prud’hommes, ni de bénéficier des conventions collectives, et sont assujettis par exemple à des périodes d’essai pouvant atteindre un an. Sans compter qu’une retraite calculée sur une si faible rémunération les condamne à vivre avec un revenu inférieur au seuil de #pauvreté une fois devenus âgés. Ce n’est pas l’objet du livre, mais ces personnes finissent souvent par être parmi les plus jeunes résidents des EHPAD, si bien que beaucoup d’entre elles passent toute leur vie en institutions.

  • « La consommation des pauvres est toujours suspecte », Jeanne Lazarus, Sociologue au Centre de sociologie des organisations/Sciences Po/CNRS

    Tribune. Le pouvoir d’achat s’impose dans l’agenda politique. Chaque hausse de prix, en apparence anecdotique, dévoile le fil d’une histoire plus complexe : celle d’inégalités sociales croissantes, mais surtout le sentiment qu’il devient impossible d’atteindre le mode de vie promis à celles et ceux qui travaillent et se considèrent intégrés à la société. Derrière la notion de pouvoir d’achat, c’est le contrat social qui est en jeu.

    La France de l’après-guerre a donné la « propriété sociale » aux citoyens, selon les mots du sociologue Robert Castel (1933-2013) : jusque-là, la sécurité économique était un luxe réservé aux détenteurs de capital. La propriété sociale, c’est une sécurité économique qui émane du fait d’être membre d’une société et d’en détenir des droits sociaux.

    Le projet politique, social et économique de la reconstruction fut de stabiliser la vie économique des citoyens par la sécurité sociale, les retraites mais aussi la régulation du marché du travail et le développement du crédit, pour permettre à toutes et tous d’accéder à la consommation et à un mode de vie moyen. Le niveau d’équipement s’est élevé de façon spectaculaire pendant les « trente glorieuses ».

    Une consommation au-delà de la survie

    Il est désormais évident qu’un niveau minimal d’accès aux loisirs et à la culture est indispensable pour être intégré à la société. Ainsi, la loi de lutte contre les exclusions de 1998 incluait notamment une prime de Noël pour les personnes au RMI. Enfin, et c’est peut-être le plus important, la promesse de l’Etat social est que les enfants vivent au moins aussi bien, voire mieux, que leurs parents.

    En 2015, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) a demandé à des panels de citoyens de définir les besoins minimaux de consommation nécessaires pour participer à la vie sociale. Ces groupes ont par exemple établi que des personnes retraitées ont besoin d’une chambre supplémentaire pour recevoir leur famille, ou qu’une famille doit partir en vacances au moins une semaine chaque année.

    Cette liste de besoins fondamentaux a ensuite été chiffrée, et les chiffres produits (entre 1 424 euros pour une personne active seule et 3 284 euros pour un couple avec deux enfants) démontrent l’écart entre les salaires minimaux et ces besoins essentiels, c’est-à-dire une consommation qui s’étende au-delà de la survie.

    Une population angoissée de ne pouvoir transmettre

    Une part importante de la population est rongée par l’angoisse de ne pouvoir financer le mode de vie qu’elle juge minimal, et encore moins le transmettre à ses enfants. Cette situation est désormais sur le devant de la scène, et les politiques publiques ne semblent pas avoir trouvé la réponse. Comment permettre aux personnes de rester dans la classe moyenne, quand les revenus comme les assurances qui les garantissent s’effritent ?

    Trois leviers majeurs sont aujourd’hui utilisés : le premier est l’augmentation des revenus, minima sociaux, assurances sociales ou salaires. Les gouvernements débloquent des chèques énergie, abondent les fonds de solidarité au logement pour prévenir les expulsions, mettent en place des indemnités inflation. Ils défiscalisent certaines dépenses, placements ou primes versées par les entreprises. Si ces aides sont bienvenues, elles ne résolvent pas les problèmes à long terme.

    Le second consiste à demander aux personnes ayant les revenus les plus faibles de renoncer à la consommation et de se contenter du strict minimum. La consommation des pauvres est toujours suspecte : ne profitent-ils pas à l’excès des aides publiques qu’ils reçoivent sans effort ? La récente polémique sur les achats d’écrans plats lors de la rentrée scolaire l’a prouvé – même si les téléviseurs sont aujourd’hui tous plats, le terme continue à être synonyme de luxe abusif.

    Préparer les citoyens à une vie économique incertaine

    Le problème est que la frontière entre les personnes qui ne mériteraient pas de consommer et celles décrites comme des victimes innocentes de la perte de pouvoir d’achat est floue et mouvante. L’assisté, c’est toujours l’autre. Les représentations de la consommation normale et de la bonne vie sont profondément corrélées aux places sociales : si les ménages sont décrits comme pauvres, il semble normal de leur demander de se restreindre. S’ils sont décrits comme membres fragilisés de la classe moyenne, alors leurs aspirations semblent légitimes, et l’Etat est sommé de les protéger.

    La troisième voie, qui rencontre un fort succès auprès des gouvernants, est « l’éducation budgétaire », réputée permettre aux personnes de surnager dans la classe moyenne sans dépense supplémentaire. La Banque de France a été chargée depuis 2015 de mener la stratégie française d’éducation financière : site Internet, partenariat avec l’éducation nationale et avec de nombreux acteurs associatifs, bancaires et publics. En parallèle, les « points conseil budget » ont été multipliés, afin d’accueillir les représentants de la classe moyenne fragilisée, non suivis par les services sociaux mais rencontrant des difficultés budgétaires.

    Il s’agit au final de transférer sur les épaules des ménages le soin de faire face à la faiblesse et à l’instabilité de leurs revenus. La technique est plus douce : la restriction n’est pas tant imposée de l’extérieur que mise en œuvre par les personnes elles-mêmes, à qui l’on apprend à ajuster leurs désirs à leurs ressources, avec des effets positifs lorsque cela empêche les expulsions et les frais bancaires, mais aussi avec un message social très profond : le niveau de vie jadis promis n’est plus accessible à toutes et tous, et c’est désormais aux individus de se débrouiller. Protéger consiste aujourd’hui, de façon croissante, à préparer les citoyens à une vie économique incertaine, comme si l’idée de filets de sécurité collectifs était rangée au magasin des accessoires périmés.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/25/societe-la-consommation-des-pauvres-est-toujours-suspecte_6115198_3232.html

    #pauvres #salaire #minima_sociaux

  • L’#Algérie sous #Vichy

    De l’été 1940 à l’été 1943, l’#Algérie_française se donne avec enthousiasme à la révolution nationale voulue par #Pétain. Ce dont de nombreux Européens d’Algérie rêvent depuis longtemps s’accomplit : rétablissement de l’#ordre_colonial, mise au pas des populations et abrogation du #décret_Crémieux qui, en 1870, avait fait des Juifs d’Algérie des citoyens français.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64265_0

    #WWII #seconde_guerre_mondiale #histoire #Juifs #antisémitisme #Maréchal_Pétain #collaborationnisme #impérialisme #France #Georges_Hardy #général_Weygand #Maxime_Weygand #Juifs_d'Algérie #déchéance_de_nationalité #licenciement #citoyenneté #exclusion_scolaire #Juifs_indigènes #catégorisation #Italiens_d'Algérie #indigènes #extrême_droite #Edouard_Drumont #Drumont #émeutes_antijuives #musulmans #Gabriel_Lambert #Messali_Hajj #assimilation #Ferhat_Abbas #égalité_par_le_bas #propagande #pauvreté #discriminations #typhus #Georges_Claude #confiscation_des_biens #aryanisation_économique #service_des_questions_juives #terres #camps #internement #camps_de_travail #camps_d'éloignement #indésirables #torture #Bedeau #chasse_aux_Juifs #service_d'ordre_de_la_légion (#SOL) #étoile_jaune #fascisme #oppression #résistance #José_Aboulker #Opération_Torch #général_Juin #Alphonse_Juin #François_Darlan #général_Giraud #unités_de_travail #Henri_Giraud #rafles #Fernand_Bonnier_de_la_Chappelle #Marcel_Peyrouton #débarquement #Etats-Unis #USA #spoliation #Jean_Monnet #Sidney_Chouraqui #armée_d'Afrique #camp_de_Bedeau #de_Gaulle #déshumanisation

    ping @postcolonial @isskein @karine4 @cede

  • Lettres : sortir du QI / taffer à la MAF / ciblé par l’AP – Répression judiciaire des révoltes en Guadeloupe – Verdict des matons meurtriers de St Martin de Ré – L’envolée
    https://lenvolee.net/lettres-sortir-du-qi-taffer-a-la-maf


    Prison-Insider. revue de presse janvier 2022
    https://www.prison-insider.com/articles/france-notre-revue-de-presse-2022
    Prison et pauvreté, un « cercle vicieux »
    https://oip.org/analyse/prison-et-pauvrete-un-cercle-vicieux

    La #prison fonctionne à la fois comme sanction de la #pauvreté, source de paupérisation et entrave à la réinsertion à la sortie : tel est le sombre constat dressé par un récent rapport d’enquête publié par Emmaüs-France et le Secours catholique. S’appuyant sur la parole de nombreuses personnes détenues, il explore les liens qu’entretiennent prison et précarité, et propose un certain nombre d’actions concrètes pour « sortir du cercle vicieux ».

    #lenvolée

  • Londres tente de survivre au coût de la vie Marco Fortier à Londres - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/monde/europe/671619/le-devoir-au-royaume-uni-londres-tente-de-survivre-au-cout-de-la-vie

    La banque alimentaire la plus improbable de Londres se trouve à deux pas de la City, le cœur financier de la ville. Il faut chercher longtemps pour repérer l’organisme Food For All (Nourriture pour tous), niché dans le stationnement souterrain d’un immeuble anonyme, dans une petite rue sans issue.

    En descendant la rampe conçue pour les camions de livraison, on arrive dans un entrepôt humide, faiblement éclairé par des guirlandes lumineuses, où semble régner un chaos indescriptible. Une immense sculpture de quatre mètres, figurant un humain à tête de lion, ornée de paillettes et de lumières colorées, accueille les visiteurs.


    Photo : Frank Augstein Associated Press Les pauvres et les gens de la classe moyenne n’ont plus les moyens de vivre à Londres, à moins d’avoir la chance rarissime de mettre la main sur un logement social.

    Les apparences sont toutefois trompeuses. On entre ici dans une véritable machine à distribuer des repas, qui nourrit 2000 personnes par jour dans 40 points de distribution. « La demande augmente sans cesse. L’explosion du coût de la vie est la plus grande urgence en ce moment », dit Peter O’Grady, fondateur de cette œuvre de bienfaisance hors norme.

    Ce « vieux punk » de 58 ans, adepte de Hare Krishna, nous accueille dans son antre où s’active une dizaine de bénévoles en ce samedi midi de février. La chaleur humaine et les odeurs d’épices indiennes compensent l’aspect austère de l’endroit : on a l’impression d’entrer dans un lieu interdit, « souterrain », qui se trouve littéralement dans le sous-sol de Londres. « Pourquoi on est ici ? Parce que ça ne nous coûte pas trop cher de loyer, on a un bon deal », dit en souriant Peter O’Grady.

    Lui et son équipe tiennent à bout de bras cette soupe populaire depuis 1988. Il a commencé par nourrir une poignée de sans-abri en allant recueillir les dons des restaurants en fin de soirée. Au fil des ans, l’organisme de charité s’est affilié aux grandes banques alimentaires de Londres. Des dons d’entreprises et d’illustres mécènes comme Chrissie Hynde, chanteuse des Pretenders, ou Liam Payne, du groupe One Direction, complètent le tableau financier.

    Les « clients » de Food For All ont changé de visage depuis trois décennies. Ce ne sont plus nécessairement des itinérants, mais plutôt des travailleurs à petit salaire, des étudiants, des réfugiés, des mères de famille monoparentale, des retraités qui peinent à payer la facture d’électricité. Des gens de la classe moyenne, parfois.

    « Avant, les étudiants avaient les moyens de manger à leur faim, de payer le loyer et leur carte mensuelle de transport en commun. Plus maintenant. Pour beaucoup de monde, c’est eat or heat [la nourriture ou le chauffage]. J’ai même un ami de 58 ans qui est retourné vivre chez sa mère ! » lance Peter O’Grady.

    L’explosion du coût de la vie est une des plus grandes préoccupations des Britanniques. Davantage que la crise politique qui secoue le gouvernement de Boris Johnson, les risques de guerre en Ukraine, les listes d’attente dans les hôpitaux ou même la pandémie, qui ne fait plus les manchettes au Royaume-Uni.

    Se nourrir et se loger n’a jamais été aussi cher. La facture d’électricité et de gaz naturel risque d’augmenter de 54 % à compter du mois d’avril. Les économistes prévoient une inflation de 7 % dans les mois à venir, du jamais vu depuis des décennies. Les taux d’intérêt ont aussi commencé à augmenter, ce qui laissera encore moins d’argent dans les poches des travailleurs.

    Comme ailleurs dans le monde, les perturbations des chaînes de production et d’approvisionnement dues à la pandémie sont en bonne partie responsables de la crise, selon les économistes.

    « C’est terrible. Au Canada, vous avez des camionneurs qui manifestent contre les mesures sanitaires. Je crois qu’ici, on s’en va plutôt vers des émeutes pour dénoncer le coût de la vie », dit Ralph Urban, un retraité venu faire du bénévolat chez Food For All.

    Il s’apprête à monter à bord de la camionnette qui sillonne la ville pour distribuer les repas à des groupes communautaires. Avant de partir, Ralph Urban fait le plein de carburant : il savoure un cari végétarien cuisiné dans la mythique marmite géante de son ami Peter. Les bénévoles mangent gratuitement chez Food For All. Il ne faut pas le dire trop fort, mais des lits sont aussi offerts de façon informelle à ceux qui en ont besoin. Les entrailles de la caverne d’Ali Baba regorgent de ressources.

    Ce midi-là, une dizaine de jeunes sont venus éplucher des patates, couper des carottes, émincer des oignons, ranger des sacs de farine, faire une tournée de livraison à vélo, passer le balai ou laver la vaisselle en échange d’un bol de cari indien. Des étudiants, des travailleurs, qui composent avec les hauts et les bas de la vie dans une des villes les plus chères du monde.

    Certains clients et bénévoles ont besoin de services sociaux. Êtes-vous aussi travailleur social, Peter ? « Tout ce qu’on peut offrir, ce sont des mots de réconfort et quelques blagues », dit-il entre deux appels sur son vieux téléphone pas du tout intelligent.

    Survie 101
    Après avoir dit au revoir à Peter O’Grady et à ses amis, qui continuent de besogner dans leur repaire souterrain, on est ébloui par la lumière du jour. Les trottoirs de la City sont bondés de promeneurs qui profitent de cette journée de congé.

    Près de là, dans le quartier Clerkenwell en plein embourgeoisement, un jeune couple observe les maisons à vendre affichées dans la vitrine d’un courtier immobilier. Un loft à 1,5 million de livres sterling (2,5 millions de dollars canadiens). Un mini-logement de 750 pieds carrés à 1,4 million de dollars. Une maison en rangée de brique brune à 2,7 millions de dollars. De biens jolies résidences, mais on ne parle quand même pas du château de Windsor, où logent Sa Majesté la reine et sa suite.

    « On regarde ce qu’on n’aura jamais les moyens de se payer. C’est comme si on n’était plus les bienvenus dans notre propre ville », dit l’homme en soupirant.

    Les pauvres et les gens de la classe moyenne n’ont plus les moyens de vivre à Londres, à moins d’avoir la chance rarissime de mettre la main sur un logement social. On dit aussi que des retraités ayant acheté une maison au siècle dernier, avant l’explosion des prix, sont forcés de vendre parce qu’ils n’ont pas les reins assez solides pour payer les taxes municipales.

    Une véritable industrie de la « survie au coût de la vie » est en train de prendre forme. Les experts proposent des conseils aux Londoniens qui veulent s’exiler en région, ou aux étudiants étrangers tentés par les universités britanniques.

    L’entreprise de services financiers Wise a publié dès le mois d’août 2021 un guide soulignant les avantages pour les expatriés de s’établir à Cardiff (pays de Galles), à Édimbourg (Écosse) ou à Belfast (Irlande du Nord) pour en avoir plus pour leur argent.

    Le coût mensuel de location d’un appartement d’une chambre au centre de Londres est estimé à 1662 livres sterling (2860 $). Pour trois chambres, le loyer grimpe à 3188 livres sterling (5490 $). À ces tarifs, il vaut peut-être mieux louer un logement situé près d’une soupe populaire pour pouvoir se nourrir.

    Ce reportage a été en partie financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.

    #pauvreté #classe_moyenne #inégalités #économie #précarité #richesse #pauvres #politique #logement #capitalisme #discrimination #racisme #guerre_aux_pauvres #gentrification #urbanisme #logement #ville #villes #inégalités

    • La classe moyenne imagine, depuis un demi siècle qu’elle a intérêt à soutenir les intérêts des trés riches. Elle en paye donc la facture. Elle a toujours pas compris. L’exclusion c’est aussi pour elle.

  • Première : le musée des Beaux-Arts de Gand lance une visite guidée LGBTQ+ Anne François, Belga
    https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2022/02/08/premiere-le-musee-des-beaux-arts-de-gand-lance-une-visite-guid

    Le musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) a lancé lundi une visite guidée sur le thème de l’orientation sexuelle LGBTQ+. Cette nouveauté invite les visiteurs à découvrir l’histoire méconnue de douze œuvres et questionne, notamment, la représentation du genre à travers les époques. Il s’agit, selon le MSK, de la première initiative de ce type dans un musée des Beaux-Arts en Belgique. Elle a déjà été menée dans d’autres pays voisins.

    L’objectif de la visite guidée est d’inciter les visiteurs, quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle, à réfléchir à des thèmes auxquels ils n’auraient peut-être jamais pensé lors de leurs visites précédentes. La visite peut également être une façon pédagogique d’aborder différentes thématiques avec des groupes scolaires.

    Les visiteurs peuvent notamment admirer un tableau de famille du 17e siècle de la main de Cornelis De Vos (photo) sur lequel les jeunes garçons portent des robes longues, ainsi qu’une œuvre représentant la transformation d’Hermaphrodite, un dieu grec représenté comme une figure féminine possédant des organes génitaux masculins.

    La collection du musée contient également un vieux portrait d’un « homme ayant eu une relation avec un autre homme ». « Pour certaines œuvres, on voit immédiatement que le thème fait allusion au thème de la visite guidée, pour d’autres une explication est nécessaire afin de voir comment l’artiste a abordé le thème des genres de façon subtile ou explicite il y a des siècles », indiquait Bart Ooghe du MSK.

    Cette visite guidée a été inspirée par des initiatives menées précédemment au Victoria & Albert Museum à Londres et au Amsterdam Museum, où elles rencontrent beaucoup de succès. Le MSK considère l’inclusion de la communauté LGBTQ+ comme une étape importante dans la recherche de nouvelles perspectives permettant d’enrichir et d’actualiser les collections.

    La visite guidée sera amenée à évoluer au fil du temps et d’autres œuvres pourraient être présentées à l’avenir. A long terme, le MSK veut inclure une information permanente sur le thème LGTBQ+ pour une série de ses œuvres.

    La collection du Musée des Beaux-Arts de Gand est accessible en permanence, mais pour la visite guidée LGTBQ+ il faut réserver. La première d’entre elle est prévue pour samedi 12 février.

    #lgbt #lgbtq #lgbtq+ #genre #queer #lgbtq+ #pinkwashing #mode

  • DISCOURS EXPOSITION (IN)visibilité , par Gilbert Coqalane (02 février 2022)
    Ville de Villers les Nancy

    Vous devez vous dire que vous ne savez pas ce qui se passe, que vous ne comprenez rien, mais qu’après tout c’est peut être normal car vous êtes dans une exposition d’art.

    Je ne sais pas si cela peut vous rassurer, de mon côté, je ne comprends rien également. Une seule chose est sûre c’est que vous êtes au cœur de la perturbation intitulée “ Vernissage lapin “ et dans l’offensive “ visibilité “.
    Comme l’indiquait Raymond Devos, rien c’est déjà quelque chose, et cela se prouve par notre présence.

    Je viens de vous dire que je ne comprends rien, effectivement, je ne comprends pas pourquoi des ami.es artistes vivent dans la peur du lendemain, pourquoi des ami.es artistes ne peuvent pas prendre leurs retraites, pourquoi des ami.es artistes arrêtent leur activité au profit de jobs alimentaires ou cumulent plusieurs activités, pourquoi des ami.es retardent leurs parentalités, pourquoi des ami.es retardent la séparation avec leurs conjoints, je ne comprends pas pourquoi des ami.es reportent leurs soins médicaux,… ces amis ce sont également des collègues, des collègues artistes, des personnes que je n’ai jamais rencontrées pour la plupart, je m’inclus donc ce groupe...

    Je pourrais poser encore plus de questions, mais je préfère les réponses et j’ai essayé de comprendre, j’ai juste pris l’exemple et l’analyse de cette exposition.

    Je suis invité à exposer dans ce lieu, il y a un an et demi, un lieu comme il en existe des milliers en France, donc ce n’est pas une offensive contre Villers les Nancy, ni contre son personnel qui m’a très bien accueilli, je suis vraiment désolé pour le nombre incalculable de mensonges, ce n’est pas une offensive contre les élus que je ne connais pas, c’est une offensive artistique contre la précarité institutionnalisée.

    Donc il y a un an, on me contacte, on aime bien mon travail, ma démarche, ma notoriété, mon accessibilité…. on me propose un mois et demi d’exposition, donc je commence à créer :
    Le titre, le concept, le texte de présentation, le texte biographique, la liste des œuvres, les valeurs d’assurances, les différents allers retours ( 174 km ), le visuel de l’affiche, l’organisation par téléphone ( 166 min), l’organisation par mail ( 62 mails), ( oui oui 62 mails vous voyez ce n’est pas rien de ne rien créer), la préparation du contrat que je n’ai d’ailleurs pas encore reçu, le discours, et je ne me suis pas arrêté là, le montage était prévu aujourd’hui à partir de 10h30, j’ai volontairement choisi la date de montage la plus proche possible du vernissage et je ne suis pas venu installé.

    A ce moment précis nous sommes dans le présent. ici.

    Pourquoi tout ça pour au final ne rien installer ? J’ai décidé d’activer l’offensive “visibilité” pour rendre visible un fait courant : je ne suis pas payé. Et c’est un fait courant pour de nombreux artistes sollicités par les institutions.

    La suite logique de mon travail artistique aurait voulu, réflexion des œuvres, achat de matériel, réalisation des œuvres, emballage des œuvres et transport des œuvres, montage de l’exposition.

    Peut-on concevoir d’autres façons d’envisager l’art ?
    La suite logique aurait été la visite du public pour le bonheur du ministère de la culture, la visite des touristes pour le bonheur du ministère de l’économie, la visite des scolaires pour le bonheur du ministère de l’éducation nationale, la visite des habitants des ehpad pour le ministère des solidarités… j’en oublie certainement…

    Peut-on concevoir d’autres relations avec le public ?
    La suite logique aurait voulu, de faire vivre l’exposition, communiquer, démonter l’exposition, et stocker le tout.

    Peut-on concevoir d’autres façons d’exposer ?
    La même logique veut que le maire soit payé, que le directeur culture soit payé, que le personnel d’accueil soit payé, que le traiteur soit payé, que le graphiste soit payé, que l’imprimeur soit payé…

    Peux t-on envisager d’autres façon de partager ?
    L’artiste qui crée à lui tout seul ce réseau économique n’est pas payé, pire il perd de l’argent, et on lui vend la promesse d’éventuelles ventes de ces œuvres pour gagner de l’argent, mais faut-il encore éponger les dettes de l’organisation. Si je vends une œuvre c’est la vente d’une œuvre sauf qu’ici je produis une exposition et personnellement je n’ai jamais vu un collectionneur acheter une exposition, si vous en connaissez je veux bien son mail. Pour extrapoler c’est un peu comme si vous aviez dit au traiteur ( qui était prévu mais non présent à cause de la crise sanitaire) faites un grand banquet gratuit peut être que vous vendrez un pain surprise.

    Je ne suis pas payé, et je pourrais même dire nous ne sommes pas payés, nous ne sommes pas entres amis, ce n’est pas pour une association, c’est pour un lieu à gérance municipale, j’ai décidé de ne pas faire d’exposition, ou d’exposer autrement, d’exposer cette perturbation, de m’exposer, j’ai décidé d’être payé en visibilité d’où le titre de l’exposition, je me paie réellement avec ce qu’on me promet, et entre nous, mon devis visibilité risque d’être élevé.

    La visibilité est pour moi, c’est un dû, je me sers, mais cette visibilité je souhaite la partager pour que les lumières ne soit pas exclusivement portées sur les artistes, je suis de nature altruiste, je souhaite partager la lumière avec les décideurs.euses, qui connaissent la réalité de la précarité des artistes, qui alimentent cette précarité, mais je vous l’accorde, le monde va trop vite, nous sommes dans un pays administratif, les histoires de subventions, les histoires d’indépendance de programmation, vous avez d’autres missions plus importantes, et c’est tout à votre honneur.

    Il y a une citation qui dit “quand il y a un problème, il y a une solution”, c’est ce que propose cette exposition, trouver une solution, un temps pour la solution, laisser le temps aux décideurs de décider, une agora, un espace public, certes on ne va pas révolutionner le monde, on va agir localement, ensemble, je reste donc à disposition, nous allons trouver des solutions pour que les prochains artistes qui vont intervenir dans ce lieu soit rémunérés, nous avons donc un mois et demi pour trouver une solution provisoire ou même idéalement pérenne, pour ne pas alimenter ce système qui engendre de la précarité.

    Je vous propose donc la création d’une œuvre participative, immatérielle, invisuelle, perturbationiste, mais qui je vous rassure se verra, certes autrement que par une œuvre d’art, enfin quoique...

    Ce salaire ne peut être que source de création, regardez ce que font les artistes dans la précarité, imaginez ce qu’ils ou ce qu’elles vont faire en étant payés…

    Je désire que l’exposition soit ouverte aux heures
    traditionnelles, que ma démarche soit expliquée aux scolaires, aux habitants, aux pensionnaires des ehpad, faisons vivre cette exposition, j’invite toute personne à visiter l’exposition, à ne rien voir, en soutien à ce mois et demi et plus qui va durer pour trouver une solution viable.

    Le protocole prévoyait que je parle après monsieur le maire, il m’a donné en premier la parole, j’ai essayé de faire court, je vais vous redonner la parole, avant je réitère mes remerciements, au public qui est venu participer à cette offensive, et aux organisateurs qui ont permis à leur insu cette perturbation et la découvrent en même temps que vous.

    Juste pour terminer, de mon côté, je ne réclame pas d’argent, il est trop tard, je vais me débrouiller seul car j’ai déjà réfléchis à mon modèle économique, j’ai en ma possession 50 affiches de l’exposition “invisibilité” payées par la ville de Villers lès Nancy, si vous souhaitez me soutenir, ces affiches seront prochainement en vente sur internet, surement aux éditions l’armée recrute qui vient d’ouvrir et qui va fermer prochainement.

    Gilbert Coqalane

    #art #artiste #revenu #argent #précarité #pauvreté

    https://www.facebook.com/coqalanegilbert/posts/5409854692362743

  • Treize Minutes Marseille - Frédéric Audard Transport : et si la solution venait des Suds ? - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=fXijWG62YyE

    Treize Minutes Marseille⏱️ Découvrez ces conférences pluridisciplinaires nerveuses, et sympathiques qui donnent treize minutes à six chercheurs pour raconter leurs recherches et entraîner le public dans un butinage intellectuel et convivial. Allant des sciences humaines et sociales aux sciences expérimentales et dans un décor créé pour l’occasion, ces petites conférences s’adressent à tous.

  • En Finlande, l’Eglise va devoir "bientôt" présenter des excuses aux autochtones samis
    https://www.rts.ch/info/monde/12804134-en-finlande-leglise-va-devoir-bientot-presenter-des-excuses-aux-autocht

    Les #Samis, un peuple autochtone d’une zone qui couvre le nord de la #Suède, de la #Norvège et de la #Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie connue sous le nom de Laponie.
    Ce peuple est souvent nommé « Lapons » mais ce terme est non seulement un terme étranger mais aussi originellement péjoratif, issu de la racine lapp qui signifie porteur de haillons en suédois. Les activités traditionnelles des Samis étaient autrefois la pêche et l’élevage de rennes. Aujourd’hui seule une minorité des 85 000 Sames en vit encore. (Wikipédia)

    L’Eglise évangélique luthérienne de Finlande va devoir "bientôt" présenter des excuses au peuple autochtone sami du pays pour les injustices passées, a déclaré lundi un évêque finlandais.
    "Nous arriverons bientôt à ce moment où l’ensemble de l’Eglise évangélique luthérienne de Finlande devra présenter des excuses au peuple sami" pour "les méfaits passés et les péchés structurels qui continuent d’avoir un impact sur la vie des gens", a déclaré l’évêque d’Oulu Jukka Keskitalo, dans un discours adressé au pape François au Vatican.

    Durant la majeure partie du XXe siècle, ils ont été considérés comme non civilisés et inférieurs par leurs gouvernements.

    Politique d’assimilation jusqu’en 1960
    En Finlande, un programme de recherche en "biologie raciale" sur cette minorité s’est poursuivi jusque dans les années 1970, tandis que les politiques d’assimilation en vigueur au moins jusqu’aux années 1960 forçaient les enfants à fréquenter des écoles de langue finnoise où ils étaient battus ou punis s’ils parlaient leur propre langue.

    De nombreux Samis de Finlande s’apprêtent à témoigner des injustices qu’ils ont subies devant une commission "vérité et réconciliation", dont la première réunion s’est tenue en décembre dans la ville arctique d’Inari. Son rapport devrait être publié en 2023.

    L’évêque d’Oulu Jukka Keskitalo a suggéré que les excuses de l’Eglise de Finlande pourraient être présentées une fois que la commission "vérité et réconciliation" aura terminé son travail.
    "Il n’est pas possible - et cela n’en vaut pas la peine - de présenter des excuses tant que les événements douloureux n’ont pas été vécus ensemble honnêtement et qu’une compréhension commune n’a pas été établie sur ce qui s’est passé", a-t-il détaillé.

    Dans la Suède voisine, l’archevêque Antje Jackelen a déjà présenté ses excuses, en novembre dernier, pour le rôle de l’Eglise de Suède dans des siècles de "graves violations de la dignité humaine" à l’encontre du peuple sami. Elle a également annoncé un plan de réconciliation de 3,9 millions d’euros (4 millions de francs) sur dix ans.

    #église_protestante #pasteurs #clercs #autochtones #Nations_premières #peuples_autochtones #racisme #pauvreté #prison #racisme

    • Que vient foutre le pape François dans cette histoire avec des protestants ?

      La #papauté est elle devenue une société de conseil juridique pour les affaires de #pédophilie, les violations graves de la dignité humaine, l’extermination des minorités raciales ?
      Ses actes le prouvent.

    • commentaire parfaitement crétin !

      L’évêque luthérien était membre de la délégation finlandaise œcuménique au Vatican dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il a certainement choisi ce cadre pour donner un plus grand retentissement à sa déclaration.

      https://www.la-croix.com/Religion/eveque-finlandais-annonce-excuses-peuple-sami-2022-01-19-1201195604

      Il a également fait une comparaison explicite avec la démarche similaire de l’église catholique canadienne.

      En Finlande, l’Église évangélique luthérienne présentera des excuses aux Samis – Regard sur l’Arctique
      https://www.rcinet.ca/regard-sur-arctique/2022/01/18/en-finlande-leglise-evangelique-lutherienne-presentera-des-excuses-aux-samis

      Mgr Keskitalo a également rappelé que tout au long de l’histoire, les églises chrétiennes se sont également rendues coupables d’assimilation du peuple autochtone. De nombreux Samis de Finlande sont d’ailleurs sur le point de témoigner des injustices qu’ils ont subies devant une commission « vérité et réconciliation », dont la première réunion s’est tenue en décembre dans la ville arctique d’Inari. Un rapport devrait être rendu public en 2023.

      L’évêque a également évoqué dans son discours la relation entre les Autochtones du Canada et l’Église catholique. Les évêques catholiques du pays ont présenté des excuses aux peuples autochtones pour les abus dont ils ont été victimes dans les pensionnats.
      […]
      Il s’est toutefois dit « très heureux » des mesures prises entre l’Église évangélique luthérienne et les Samis. Comme symbole de son geste, il a remis au pape une édition commémorative d’une récente traduction de la Bible en langue samie du Nord. « Que cela soit le signe que notre rêve commun d’une Église avec de plus en plus de visages autochtones devient une réalité », a-t-il conclu.

      Et la conclusion de la réponse du Pape :

      Jukka Keskitalo sur Twitter
      https://twitter.com/JukkaKeskitalo/status/1483412868586483714

      « Piispan ja pastorin ei tule lakata unelmoimasta. Kiitos kun unelmoit ». Näihin sanoihin päätti Paavi Franciscus vastauksensa puheeseeni hänen yksityisvastaanotollaan Vatikaanissa.

      Bref, les différentes églises ont eu des pratiques similaires avec les autochtones, elles en sont conscientes, le reconnaissent et mènent des démarches similaires d’excuses et de réparation.

  • Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, le pacte de stabilité doit rester la "base" budgétaire dans l’Union européenne
    https://www.rtbf.be/info/monde/europe/detail_pour-le-chancelier-allemand-olaf-scholz-le-pacte-de-stabilite-doit-reste

    Le Pacte de stabilité et de croissance, qui limite le déficit public et la dette des membres de la zone euro, doit continuer à servir de "base" budgétaire en Europe, a estimé lundi le chancelier allemand Olaf Scholz.

    "Le pacte de croissance et de stabilité est un cadre dans lequel nous avons pu mettre en place, par exemple, le plan de relance européen" post-Covid, a estimé Olaf Scholz lors d’une conférence de presse conjointe à Madrid avec son homologue espagnol Pedro Sanchez.

    "L’Europe doit continuer à marcher ensemble dans les années à venir et nous y parviendrons (...) sur la base de notre pacte de stabilité et de croissance, qui a fourni le cadre d’opérations aussi importantes » , a-t-il ajouté.

    Débat sur l’avenir de ces règles communes
    Ces propos surviennent alors qu’un débat est ouvert au sein de l’Union européenne sur l’avenir de ces règles communes, actuellement suspendues à cause de la pandémie, et que plusieurs États membres, dont la France, l’Italie ou la Belgique, souhaitent réformer.

    Le Pacte "dans son ensemble n’est pas obsolète, mais la règle de la dette publique l’est" , a ainsi fait valoir dimanche le ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire, alors que la France a pris le 1er janvier la présidence du Conseil de l’UE. 
    . . . . . . .

    #ue #europe #union_européenne #eu #pauvreté

  • L’incroyable #inflation des pâtes de marque de distributeurs : + 57 % !

    https://www.olivierdauvers.fr/2022/01/17/lincroyable-inflation-des-pates-mdd-57

    C’est véritablement du jamais vu ! En novembre dernier, via mes fils Twitter et Linkedin, j’avais déjà révélé l’extraordinaire envolée du prix des pâtes, par exemple des coquillettes (mais toutes sont évidemment concernées). Nouveau point aujourd’hui, et toujours en exclusivité via mes camarades d’A3 Distrib. A présent, la hausse moyenne des coquillettes MDD atteint 57 %.

    Comme toujours, derrière la moyenne d’importants écarts. Leclerc et Intermarché, probablement parce qu’ils étaient nettement en-deçà de leurs concurrents avant sont les deux enseignes où l’inflation est la plus spectaculaire : + 69 %. A quelques centimes près, ils demeurent néanmoins toujours les plus discount : seuls les U sont moins chers à 1,23 €. A l’inverse, le plus “raisonnable” (au moins en apparence) est Cora : + 36 % “seulement”. Mais le prix Cora avant l’envolée des prix frôlait quand même l’usure : 97 centimes. De deux choses : ou Cora avait réellement besoin de vendre ses coquillettes 30 % plus cher que Leclerc pour vivre “décemment” (rapport à ses coûts d’exploitation) ou Cora… se gavait. Auquel cas à 1,32 € aujourd’hui ça doit être moins la fête sur le compte d’ex !

    Second enseignement de l’étude : à la différence de Barilla, Panzani a réussi à passer une partie de la hausse. Fin décembre, la coquillette Panzani n’avait “pris” que 13 %. Désormais c’est donc 22 %. Probablement encore insuffisant, ce qui laisse à anticiper une nouvelle hausse au plus tard post-négo. Scénario évidemment identique pour Barilla qui n’a pas encore réussi à récupérer grand chose… Au travers de cet exemple, se dessine en creux un printemps rouge sur le terrain des prix. Post-négo, sur les pâtes et au-delà, les étiquettes vont valser. Et pas qu’un peu.

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