• Émigration irrégulière : les arrivées de migrants aux Canaries ont battu un record
    https://www.seneweb.com/news/Societe/emigration-irreguliere-les-arrivees-de-m_n_429838.html

    Émigration irrégulière : les arrivées de migrants aux Canaries ont battu un record
    Par : Seneneb-News - SenewebNews-RP | 06 janvier, 2024 à
    Un nombre record de 39 910 migrants ont débarqué aux îles Canaries au cours de l’année 2023, soit une hausse de 154,5 % par rapport à 2022, rapporte Les Échos dans son édition de ce samedi 6 janvier. « La plupart des migrants étaient originaires du Maroc ou du Sénégal. Cette hausse s’explique par un certain nombre de facteurs notamment la pauvreté tandis que certains jeunes ont déclaré s’ennuyer simplement », note un rapport du journal Lefigaro parcouru par la source. Moustapha Ndiaye, président de l’association des pêcheurs de ville portuaire sénégalaise de Mbour, a ajouté que les licences de pêche délivrées par l’État du Sénégal étaient parmi les facteurs qui poussent les jeunes à tenter l’aventure au péril de leur vie.
    Si vous mourez de faim, vous finissez toujours par trouver quelque chose à manger ailleurs », a déclaré un jeune migrant dans le rapport susmentionné. « Que vous viviez ici ou mouriez ici, c’est pareil…Il n’y a pas de travail ici, pas d’argent. La seule solution, c’est l’Espagne », a renchéri un autre. L’ONG espagnole Caminando Fronteras indique que du fait du blocage de la route terrestre vers l’Afrique du Nord imposé par les contrôles du gouvernement du Niger, les jeunes traversent l’Atlantique vers les îles Canaries à bord de petits bateaux ou pirogues. Cette route dangereuse a fait des milliers de morts. « Entre 2028 et 2022, 7800 personnes sont mortes ou portées disparues », estime l’ONG. Le nombre total de migrants arrivés en Espagne, en 2023, s’élève à 56 852, soit une hausse de 82,1 % par rapport à 2022. Au moins 4000 migrants ont été interceptés par le patrouilleur sénégalais Walo

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#canaries#espagne#traversee#pauvretee#peche#jeunesse#routemigratoire#morbidite#sante

  • Plus exposés mais aussi plus fragiles, les jeunes enfants des ménages modestes sont les plus affectés par la #pollution_de_l’air

    La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les inégalités de santé chez les jeunes enfants en lien avec la pollution de l’air. Au-delà des différences d’exposition, qui sont en défaveur à la fois des jeunes enfants des ménages les plus aisés et des ménages les plus modestes, il existe de fortes disparités de vulnérabilité vis-à-vis de la pollution de l’air. 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets observables lors d’une augmentation de l’exposition à la pollution de l’air avant leur premier anniversaire, via le recours aux soins en lien avec certaines pathologies respiratoires. Plus souvent dans un moins bon état de santé à la naissance, ils ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé.

    L’exposition à la pollution de l’air est plus élevée chez les enfants les plus aisés et les plus modestes

    En France métropolitaine, ce sont les jeunes enfants vivant dans les ménages les plus aisés et dans les ménages les plus modestes qui sont les plus exposés à la pollution de l’air due aux particules fines de moins de 2,5 micromètres. D’une part, la pollution atmosphérique se concentre dans les villes, où les plus aisés résident plus souvent. D’autre part, les moins aisés vivent plus souvent, au sein des aires d’attraction des villes, dans les communes les plus polluées : au sein de ces espaces, ce sont les enfants des ménages les plus modestes qui sont les plus exposés du fait de leur localisation (graphique).

    Les enfants modestes, plus fragiles à la naissance et plus souvent hospitalisés en urgence pour asthme et bronchiolite

    Alors que les enfants nés prématurément représentent 9,1 % des naissances parmi les 10 % les plus modestes de la cohorte étudiée, ils représentent 6,1 % des enfants parmi les 10 % les plus aisés. Ainsi, les enfants les plus modestes ont un risque 1,5 fois plus élevé de naître prématurément que les plus aisés. En outre, parmi les enfants nés à terme, les plus modestes nécessitent en moyenne plus de soins lors de leur séjour de naissance. Avant leur troisième anniversaire, 1,4% des enfants sont admis à l’hôpital en urgence pour asthme sur la période étudiée (2008-2017). Cela représente environ 11 000 enfants nés chaque année qui sont touchés avant leur trois ans. En ce qui concerne les enfants les plus modestes, ils sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour asthme avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, soit un risque multiplié par 1,6. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite avant le deuxième anniversaire, qui concernent 3,6 % des enfants soit de l’ordre de 28 000 enfants nés chaque année, les différences sont encore plus marquées, avec un risque doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés (graphique). En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés. En l’absence de mesure directe de l’état de santé respiratoire, la consommation des médicaments contre l’asthme peut être interprétée à la fois comme le marqueur d’une pathologie respiratoire, aiguë ou chronique, mais également comme un indicateur de la qualité de sa prise en charge, puisqu’il existe des différences d’accès, de recours et d’observance des traitements.

    Des recours aux soins respiratoires plus fréquents chez les enfants surexposés à la pollution dans leur première année de vie

    La simple comparaison d’enfants plus exposés à la pollution de l’air que les autres de par leur lieu de vie sur des données observationnelles ne permet d’établir qu’une coïncidence entre cette exposition en moyenne sur l’année et le fait d’être traité pour soins respiratoires. Afin de pouvoir donner une interprétation causale aux estimations de l’effet d’une surexposition à la pollution atmosphérique, deux groupes de jeunes enfants sont ici comparés, un groupe « surexposé » et l’autre « sous-exposé » (l’appartenance à chaque groupe n’étant pas déterminé de façon univoque par le lieu de vie). L’assignation des enfants au groupe « fortement exposé » repose sur leur exposition dans leur première année de vie à un nombre plus important de jours avec une inversion thermique qu’habituellement dans leur commune de résidence, phénomène météorologique ayant pour conséquence l’accumulation des polluants atmosphériques, notamment, mais pas seulement, les PM2,5 et donc par une sur-exposition à la pollution de l’air de ces enfants « fortement exposés » (voir précaution méthodologique).

    Sur la période 2008-2017, environ 28 000 enfants de chaque génération sont hospitalisés pour bronchiolite avant leurs deux ans et 11 000 pour asthme avant leurs trois ans. Si l’on pouvait diminuer l’exposition moyenne annuelle aux principaux polluants atmosphérique d’environ 1 % sur la première année de vie, ce qui revient à préserver les enfants de moins de un an d’une quinzaine de jours d’augmentation ponctuelle importante de leur exposition à ces polluants, alors de l’ordre de 2 000 cas hospitalisés de bronchiolites, 1 800 cas hospitalisés d’asthmes et 6 100 prises en charge d’enfants avec des délivrances de médicaments anti-asthmatiques seraient évités.
    Les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air font plus souvent partie des plus modestes

    La vulnérabilité à la pollution de l’air est vraisemblablement variable d’un enfant à l’autre, ce qu’occultent ces comparaisons globales. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite et la délivrance de médicaments contre l’asthme, les effets importants, détectables statistiquement, seraient concentrés dans un groupe représentant 10 % des enfants, le groupe des enfants les plus affectés par la pollution de l’air. Que ce soit en termes d’hospitalisations en urgence pour bronchiolite ou de délivrance de médicaments anti-asthmatiques, les enfants les 10 % les plus affectés présentent plus souvent un état de santé défavorable à la naissance et font également plus souvent partie des plus modestes. Pour ce qui est des hospitalisations pour bronchiolite, ces disparités sont particulièrement marquées : les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air dans leur première année sont avant tout des enfants dont l’état de santé à la naissance est moins favorable : 18,7 % sont nés prématurément, contre 5,9 % parmi les 50 % les moins affectés. Ces enfants appartiennent aussi 1,9 fois plus souvent au dixième de niveau de vie le plus modeste, qui représente 17,4 % des enfants les plus affectés.

    https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/plus-exposes-mais-aussi-plus-fragiles-les

    #pollution #pauvreté #air #France #enfants #enfance #inégalités #statistiques #chiffres #santé #inégalités_de_santé #vulnérabilité #pathologies_respiratoires #asthme #bronchiolite #hospitalisation

    • Pollution de l’air : la double peine pour les enfants de familles pauvres

      Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques publié jeudi 4 janvier alerte sur les effets de la pollution de l’air sur les enfants. Ceux des familles les plus modestes sont les premières victimes des particules fines.

      LeLe titre de la publication est éloquent. « Plus exposés à la pollution de l’air, les jeunes enfants des ménages modestes, plus fragiles, sont les plus affectés », annonce la dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue le 4 janvier. Le département des études du ministère de la santé met en évidence de « fortes disparités de vulnérabilité » vis-à-vis de la pollution de l’air.

      L’étude se concentre sur les particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre, dites PM2,5. Celles-ci peuvent être émises directement dans l’air par l’industrie, les transports routiers ou par des sources naturelles comme les feux de forêt. 40 000 décès prématurés par an leur sont imputables, a établi Santé publique France. Sans compter les très nombreuses personnes atteintes de pathologies liées à ces contaminations de l’air.

      En cas de hausse de la pollution, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires observables « avant leur premier anniversaire », notamment par des consultations médicales, en lien avec certaines pathologies respiratoires. Parmi eux, les enfants issus des milieux les plus modestes sont davantage représentés.

      La Drees précise que les jeunes enfants des ménages les plus modestes et ceux des ménages les plus aisés résident dans les grandes aires urbaines en France métropolitaine, précisément là où l’air est le plus pollué. Les plus modestes vivent souvent dans les communes les plus polluées. « 10 % des enfants les plus modestes ont, l’année de leur naissance, une exposition moyenne aux particules fines supérieure de 0,5 microgramme par mètre cube à celle des 10 % d’enfants les plus aisés. »

      Cette étude et ses conclusions précises s’inscrivent dans le sillage d’autres publications et confirment l’ampleur du problème. En 2021, un rapport conjoint du Réseau Action Climat (RAC) et de l’Unicef était consacré au sujet. On pouvait y lire que « les inégalités environnementales entre les enfants commencent dès la conception en période in utero, se cumulent et persistent à la naissance puis pendant l’enfance ».

      Séverine Deguen est chercheuse indépendante sur la question des inégalités environnementales et l’une des autrices du rapport du RAC et de l’Unicef. Elle se réjouit aujourd’hui que ce sujet fasse l’objet d’études spécifiques de la part du ministère de la santé et aimerait que la pollution de l’air soit considérée comme un vrai problème de santé publique.

      La chercheuse n’est pas surprise des conclusions de l’étude et rappelle que les enfants de milieux modestes subissent ce qu’elle nomme « une double peine ». Ils doivent affronter la pauvreté de leurs familles et toutes ses conséquences de privations matérielles, et de surcroît subir des problèmes de santé résultants de leur exposition accrue à la pollution de l’air.

      Et eux n’ont pas d’échappatoire, contrairement aux foyers les plus riches. « Les personnes aisées ont des conditions de vie qui font que leur travail ne les expose pas davantage à des nuisances environnementales. Et elles peuvent y échapper, par exemple partir davantage en vacances », développe-t-elle.

      Les inégalités s’observent en réalité dès la naissance. Les nourrissons dont les parents sont pauvres commencent leur vie en moins bonne santé, sans lien direct avec la pollution, que ceux des milieux favorisés. Ces enfants ont aussi par exemple plus de chance de naître prématurément, ce qui les fragilise davantage face à ces maladies.
      Hospitalisations plus nombreuses

      Ce qui est confirmé par les chiffres des hospitalisations consécutives à des problèmes respiratoires. Chaque année, 11 000 enfants de moins de 3 ans sont hospitalisés pour de l’asthme. Ceux issus des foyers les plus pauvres sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour cette pathologie respiratoire avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, « soit un risque multiplié par 1,6 », précise la Drees.

      28 000 enfants de moins de 2 ans sont hospitalisés pour bronchiolite. Là, le risque d’être hospitalisé en urgence avant le deuxième anniversaire est « doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés ».

      Les enfants de foyers modestes sont aussi vulnérables à la pollution de l’air du fait de certains logements, ajoute la chercheuse. La précarité énergétique subie par certaines familles les conduit à vivre avec de l’humidité ou des moisissures sur les murs et une moindre qualité de l’air intérieur.

      « Souvent, les enfants souffrent davantage d’asthme, de bronchites et d’allergies, souligne Séverine Deguen. En général, ces problèmes restent circonscrits au lieu de vie mais vont venir complètement exploser à la moindre exposition supplémentaire à la pollution de l’air. »

      Réduire la précarité énergétique en rénovant les logements concernés reste un levier efficace et concret, défend encore la chercheuse, pour aplanir ces inégalités de santé et environnementales. Pour la Drees, la réduction de 1 % de l’exposition des enfants à la pollution de l’air pourrait éviter jusqu’à 2 000 cas de bronchiolites et 1 800 cas d’asthme nécessitant une hospitalisation.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050124/pollution-de-l-air-la-double-peine-pour-les-enfants-de-familles-pauvres

    • Les enfants pauvres, premiers à souffrir de la pollution de l’air

      Le ministère de la Santé a publié jeudi 4 janvier une étude révélant les inégalités environnementales qui frappent les enfants les plus modestes en France. Ces derniers sont les plus affectés par la pollution de l’air et cumulent l’ensemble des facteurs de risque : leurs lieux de vie sont plus exposés et situés à proximité des sources de pollutions, leur accès au soin est également dégradé.

      En conséquence, ils sont les premiers à souffrir de la détérioration de la qualité de l’air. Les enfants surexposés ont plus de risques d’être hospitalisés en urgence pour bronchiolite et pour asthme, rappelle l’étude. Plus fragiles à la naissance, les enfants issus de famille modestes sont également les plus enclins à subir des complications respiratoires.
      1 200 enfants morts prématurés en Europe

      Selon les données de l’étude, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires détectables lors d’une hausse de la pollution, et la majorité d’entre eux vivent dans les milieux les plus pauvres. « Ces enfants ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé », soulignent les auteurs du rapport.

      Au total, 11 000 enfants nés chaque année sont touchés avant leurs 3 ans par de l’asthme et 28 000 enfants sont affectés par une bronchiolite avant le deuxième anniversaire. Les enfants les plus modestes ont 1,6 fois plus de risques d’être touchés par de l’asthme que les plus aisés et 2 fois plus de risques pour la bronchiolite.

      En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés.

      En Europe, la pollution de l’air tue chaque année au moins 1 200 enfants et adolescents prématurément.

      https://reporterre.net/Les-enfants-les-plus-pauvres-sont-les-plus-touches-par-la-pollution-de-l

  • Review of zur Nieden, Susanne, Unwürdige Opfer : Die Aberkennung von NS-Verfolgten in Berlin 1945 bis 1949
    https://www.h-net.org/reviews/showrev.php?id=18269

    C’est un sujet pour l’année 2024 : l’exclusion et la culpabilisation des plus pauvres. La pratique la plus radicale de l’idéologie de la responsabilité individuelle pour la maladie et la pauvreté fut la définition assez floue et l’emprisonnement dans les camps nazis des « asociaux et criminels professionnels ».

    En principe et d’un point de vue de pauvre et de malade les déologies nazies et libérales sont identiques. Il y a une différence dans le détail : Les nazis t’assassinaient et t’euthanasiaient, les libéraux te laissent crever tout seul des suites de ta pauvreté et de ta maladie.

    Comme à l’époque nazie chaque personne non fortunée est encore aujourd’hui soumise à l’accusation de responsabilité pour son propre malheur. La transformation des états de providence en sociétés libérales ("there is no such thing as society", Thatcher) continue et se radicalise en temps de guerre.

    En 2024 on aura beaucoup de choses à découvrir et à contester.

    Reviewed by Veronika Springmann
    Published on H-Soz-u-Kult (November, 2003)

    In den vergangenen Jahren ist nicht nur einiges zur Geschichte der Nachkriegszeit in beiden deutschen Staaten veröffentlicht worden, auch die Anfänge der Debatten um Entschädigung und Wiedergutmachung wurden in den Blick genommen. Stellvertretend erwähnt sei hier der Sammelband Klaus Naumann (Hg.), Nachkrieg in Deutschland, Hamburg 2001.
    Susanne zur Nieden versteht ihre Untersuchung zum „Berliner Hauptausschuss Opfer des Faschismus“ als eine „Detailstudie im Kontext der Vergangenheitspolitik“ (S.11). Sie fokussiert sich auf die Diskussion um die Wiedergutmachung von NS–Verfolgten und deren Umsetzung in Berlin von Mai 1945 bis Ende 1948.

    Im ersten Teil der Untersuchung beschreibt Susanne zur Nieden die Versuche einer Gruppe von Überlebenden, eine „überparteiliche und gesamtdeutsche Verfolgtenpolitik“ zu initiieren. Das wurde bereits von Olaf Groehler 1995 Vgl. hier Olaf Goehler, Verfolgten- und Opfergruppen in den politischen Auseinandersetzungen in der SBZ und DDR, in: Jürgen Danyel (Hg.), Die geteilte Vergangenheit. Zum Untergang mit dem Nationalsozialismus und Widerstand in beiden deutschen Staaten, Berlin 1995, S. 17 – 31. beschrieben. Dies wird nun sehr detailreich ausgeführt, vor allem im zweiten Teil der Monographie, der sich nicht nur mit der konkreten Arbeit des Berliner Hauptausschusses „Opfer des Faschismus“ beschäftigt, sondern aufzeigt, nach welchen Kriterien Verfolgte des Nationalsozialismus aus der Entschädigungspraxis ausgeschlossen wurden. In ihrem Ergebnis kommt sie zu einem Resultat, welches bereits Constantin Goeschler formulierte: “Zwischen der Gesamtzahl derer, die im Dritten Reich oder durch dieses diskriminiert, verfolgt oder ermordet, und der Zahl derer, die nach dem Krieg in Deutschland als Verfolgte des Nationalsozialismus in Betracht gezogen wurden, herrscht eine erhebliche Diskrepanz. Vgl. Constantin Goschler, Nachkriegsdeutschland und die Verfolgten des Nationalsozialismus, in: Hans – Erich Volkmann (Hg.), Ende des Dritten Reiches – Ende des zweiten Weltkrieges. Eine perspektivische Rückschau, München/Zürich 1995, 317 – 342, hier: 318. Von dieser Diagnose ausgehend schält sich eine der Hauptfragen der Untersuchung heraus: Welche Überlegungen lagen der gängigen Praxis des Ein – bzw. Ausschlusses in die Gemeinschaft der Verfolgten zugrunde. Susanne zur Nieden lässt sich hier von der Annahme leiten, dass „Ausschluss und Grenzziehung“ konstitutive Elemente der Entschädigungspraxis gewesen seien. Dass sie diese Ausschlüsse nicht immer rückbindet an Normvorstellungen der Akteure, ist eine Schwäche des Bandes.

    Bereits im März 1945 hatte sich in Berlin eine Gruppe von Gegnern des nationalsozialistischen Staates zusammengeschlossen. Noch war Berlin nicht in Sektoren aufgeteilt und unterstand der sowjetischen Verwaltung. Der von der sowjetischen Militäradministration eingesetzte Berliner Magistrat arbeitete unter den extremen Bedingungen einer zerstörten Infrastruktur, einer Stadt voller Flüchtlinge und obdachloser Menschen. Im Mai 1945 gelang es einer Gruppe von Häftlingen um Ottomar Geschke eine Interessenvertretung für NS-Verfolgte zu initiieren. Ottomar Geschke, Stadtrat für Soziales, strich bereits in seiner ersten Rede heraus, dass er die soziale Betreuung der „Opfer des Faschismus“ für das Kernstück der Sozialpolitik halte: „ Ich habe mir gesagt, das deutsche Volk insgesamt, das tatenlos zugesehen hat, wie Millionen und Abermillionen in die KZ’s (sic!) in die Zuchthäuser und die Gefängnisse geworfen und durch Krematorien gejagt wurden, dieses deutsche Volk, also die Gesellschaft muss wiedergutmachen an uns.“ Zit. nach Susanne zur Nieden, Unwürdige Opfer, 31. Diese Passage macht deutlich, was Susanne zur Nieden erst im Schlusswort deutlich formuliert, sich aber als „leise“ Frage dennoch durch den ganzen Band zieht: Wie eng die Frage nach Wiedergutmachung von NS-Verbrechen mit einer anderen zweiten zusammenhing, nämlich wie die sich neu bildenden Instanzen im besetzten Deutschland mit den NS-Aktivisten beziehungsweise mit der Mehrheit der Mitläufer umgehen sollten.“(S. 186).

    Der Hauptausschuss, keinesfalls nur von Kommunisten geprägt, Das zeigt bereits die erwähnte Studie von Olaf Groehler. Vgl. dazu Barck, Simone, Antifa-Geschichte(n). Eine literarische Spurensuche in der DDR der 1950er und 1960er Jahre, Köln 2003. Vgl. Susanne zur Nieden, “...für das Ansehen, der ‚Opfer des Faschismus’ nicht tragbar“. Auseinandersetzungen um den Verfolgtenstatus von Minna R., Blockälteste im KZ Ravensbrück, in: Insa Eschebach/Sigrid Jacobeit/Susanne Lanwerd (Hgg.), Die Sprache des Gedenkens. Zur Geschichte der Gedenkstätte Ravnebsrück 1945-1995, Berlin 1999, 184 – 195. setzte sich zusammen aus ehemaligen NS-Verfolgten, unterschiedlichster politischer Couleur: „Ausschließlich NS-Verfolgte sollten ihre Leidensgenossen vertreten und betreuen.“ (S. 35). Sieht Jürgen Danyel in dieser pluralen Zusammensetzung demokratische Versuche, wertet es Susanne zur Nieden v.a. als taktisch. Eine Annahme, die in der Untersuchung nicht überzeugend belegt werden kann, auch nicht im zweiten Teil, der sich mit „Unwürdigen Opfern“ auseinandersetzt, und Fragmente von „Verfolgungsbiografien“ vorstellt. Insgesamt liest sich dieser Teil ungleich spannender als der vorhergehende.

    Susanne zur Nieden beschäftigt sich hier mit Überprüfungsaktionen des Berliner Hauptausschusses, in deren Verlauf Menschen der Status eines NS-Verfolgten aberkannt wurde. Susanne zu Nieden zeigt auf, an welchen Schnittstellen diese Überprüfungsaktion angesiedelt war. So geben uns diese Akten nicht nur Auskunft über das tatsächliche Procedere des Ausschusses, sondern berichten über die moralisch-politischen Vorstellungen der Gruppe, die darüber entschied, wer sich „Opfer des Faschismus“ nennen durfte. Deutlich wird hier, wie stark kollektive Erinnerung und Erinnerungsarbeit vom politischen und moralischen Impetus unterschiedlicher gesellschaftlicher Gruppen geleitet wird.

    Gegliedert ist der zweite Teil in vier Kapitel. Zunächst widmet sich Susanne zur Nieden der Frage, unter welchen Umständen es zu einer Überprüfung der anerkannten „Opfer des Faschismus“ kam. Im zweiten Kapitel wird von Menschen erzählt, die ihre Anerkennung als Opfer des Faschismus verloren haben. Moralischer und politischer Anspruch des Hauptausschusses zeigten sich in seiner formulierten gesellschaftlichen Vorbildfunktion, die es nicht zulassen konnte, dass sich innerhalb des OdF Menschen befanden, „die sich kriminelle Handlungen zuschulden kommen lassen“ (S.120). Susanne zur Nieden führt aus, dass es zwar einerseits einen rigiden moralischen Anspruch gegeben habe, andererseits dieser zunächst in den Richtlinien keinen ausdrücklichen Niederschlag fand. Bezeichnend hierfür der Fall zweier Frauen, denen homosexuelle Handlungen vorgeworfen wurden. Rechtlich gesehen konnten sie nicht belangt werden, da gleichgeschlechtliche Beziehungen unter Frauen nicht unter Strafe standen; der Leiter des Hauptausschusses fürchtete um das Ansehen des OdF und entzog beiden Frauen die Anerkennung (S. 128). Interessant an der Stelle die Auseinandersetzungen innerhalb des Hauptausschusses, nachdem die beiden Frauen Widerspruch einlegten: Hinsichtlich der Beurteilungen gab es keinesfalls einen Common Sense, sondern im Gegenteil sehr differierende Meinungen und Vorstellungen hinsichtlich der eigenen Rolle als „Sittenwächter“.

    Gesetzeskonflikte, in die „Opfer des Faschismus“ verwickelt waren, sind das Thema von Kapitel 3. Geschildert werden hier Schicksale von Menschen, die es nicht geschafft haben, sich im Nachkriegsdeutschland zu situieren. Tragisch komisch liest sich die Geschichte von Kurt W., der im Bezirksamt Charlottenburg für die Ausgabe von Bezugsscheinen für Kleidung zuständig war. Ihm wurde nun vorgeworfen, er habe etlichen Personen unabhängig von ihren behördlichen Ansprüchen Bezugsscheine ausgestellt. Während ihm ein Prüfer aufgrund dieses gesetzeswidrigen Verhaltens die Anerkennung absprach, setzte sich Maria Wiedmaier, Überlebende des Konzentrationslagers Ravensbrück, nun Leiterin des Charlottenburger OdF Ausschusses für Kurt W. ein mit der Begründung, Kurt W. würde immer noch das Lager mit den heutigen Verhältnissen verwechseln.
    Zur Aberkennung des Verfolgtenstatus konnte aber auch nachgewiesenes „schlechtes Verhalten im KZ“ führen. Susanne zur Nieden erläutert dies am Beispiel von Minna R., der vorgeworfen wurde, im Lager andere Häftlinge misshandelt zu haben. Vgl. dazu Barck, Simone, Antifa-Geschichte(n). Eine literarische Spurensuche in der DDR der 1950er und 1960er Jahre, Köln 2003. Weitere Gründe für die Annullierung einer Anerkennung lagen aber auch in „sozial auffälligem Verhalten“ (S. 124). Dazu gehörte auch der Handel mit den „roten Ausweisen“, die ein begehrtes Tauschobjekt darstellten. Deutlich wird in dieser Monografie aufgezeigt, dass es nicht nur eine scharfe Grenzziehung von Seiten der politischen Häftlinge gegenüber anderen Opfergruppen gab, sondern der Status eines OdF als „Ehrentitel“ zu verstehen sei(S.188). Geschaffen wurde das Bild des männlichen, sich selbstaufopfernden Widerstandskämpfers.[7]

    Bekanntermaßen folgten spätestens ab 1949 Ost– und Westdeutschland unterschiedlichen Prinzipien der Wiedergutmachung; in der Bundesrepublik wurden 1953 die Anordnungen im Bundesentschädigungsgesetz festgehalten; in der SBZ, bzw. DDR setzte sich ab 1949 das Fürsorgeprinzip durch. Alles in allem verrät die Untersuchung von Susanne zur Nieden ausführliche Quellenkenntnisse; gewünscht hätte ich mir an manchen Stellen eine genauere Analyse der Binnenstrukturen des Hauptausschusses, in die u.a. die unterschiedlichen politischen Traditionen und Absichten der Akteure miteinbezogen worden wären und somit eine Annäherung an die Motive und vielleicht auch Ängste, die handlungsleitend für die Entscheidungen waren, erfolgen hätte können. Den Grundstein für eine derartige Untersuchung hat aber Susanne zur Nieden mit der vorliegenden Studie gelegt. Leider ist das Buch nicht optimal redigiert; so sind Susanne zur Niedens zahlreiche Publikationen einer anderen Autorin zugeschlagen worden; eine Bescheidenheit , die - wenn auch unbeabsichtigt - überflüssig ist.

    Susanne zur Nieden. Unwürdige Opfer: Die Aberkennung von NS-Verfolgten in Berlin 1945 bis 1949. Berlin: Metropol Verlag, 2003. 208 S. ISBN 978-3-936411-20-1.

    #iatrocatie #maladie #santé #pauvreté #exclusion #néolibéralisme #capitalisme #nazis #euthanasie

  • Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works | Hein de Haas | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/dec/29/politicians-immigration-wrong-cheap-labour
    https://i.guim.co.uk/img/media/6e53b5beb207e5e821a2c7f58bdb45714b46e31e/0_0_2560_1536/master/2560.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works
    Hein de Haas
    We seem to be living in times of unprecedented mass migration. Images of people from Africa crammed into unseaworthy boats desperately trying to cross the Mediterranean, asylum seekers crossing the Channel into Britain, and “caravans” of migrants trying to reach the Mexico-US border all seem to confirm fears that global migration is spinning out of control. A toxic combination of poverty, inequality, violence, oppression, climate breakdown and population growth appear to be pushing growing numbers of people from Africa, Asia and Latin America to embark upon desperate journeys to reach the shores of the wealthy west.
    All of this results in the popular idea of a “migration crisis” that will require drastic countermeasures to prevent massive waves of people arriving in the future, apparently exceeding the absorption capacity of western societies and economies. Despite this, however, there is no scientific evidence to sustain the claim that global migration is accelerating. International migrants account for about 3% of the world population, and this percentage has remained remarkably stable over the past half a century. Likewise, refugee migration is much more limited than political rhetoric and media images suggest. About 10% of all international migrants are refugees, representing 0.3% of the world population. While refugee flows fluctuate strongly with levels of conflict, there is no evidence of a long-term increasing trend. About 80-85% of refugees remain in regions of origin, and that share has also remained rather stable over the past decades. And there is no evidence that illegal migration is spinning out of control – in fact, the large majority of migrants who move from the global south to the global north continue to move legally. For instance, nine out of 10 Africans move to Europe legally, with passports and papers in hand.
    The evidence also turns common understandings of the causes of migration on its head. The conventional view is that south-to-north migration is in essence the outgrowth of poverty, inequality and violence in origin countries – hence the popular idea that poverty reduction and development are the only long-term solutions to migration. However, this assumption is undermined by evidence showing that migration rises as poor countries become richer. This is because increasing levels of income and education, alongside infrastructure improvements, raise people’s capabilities and aspirations to migrate. Instead of the stereotypical “desperate flight from misery”, in reality migration is generally an investment in the long-term wellbeing of families and requires significant resources. Poverty actually deprives people of the resources required to move over long distances, let alone to cross continents.
    This is also one of the many reasons why, contrary to common assumptions, climate breakdown is unlikely to trigger mass movements of “climate refugees”. Research on the effects of droughts and flooding shows that most people will stay close to home. In fact, the most vulnerable people are most likely to get trapped, unable to move out at all. It is no coincidence that most migrants come from middle-income countries such as India and Mexico. The paradox is that any form of development in the poorest countries of the world – such as in sub-Saharan Africa – is therefore likely to increase their future emigration potential. Still, despite global averages remaining stable, it is difficult to deny that legal immigration to the US, Britain and western Europe has been growing over the past decades. The frequent discontent this has caused has gone along with repeated calls for less, more controlled or more selective immigration. But border crackdowns have clearly failed to achieve these objectives or have even made problems worse because they were not based on an understanding of how migration really works. The main reason is that these policies ignored the most important root cause of migration: persistent labour demand.
    The misleading assertion that poverty causes migration conceals the fact that labour demand has been the main driver of growing immigration to western countries since the 1990s. More widespread education, women’s emancipation and population ageing have led to labour shortages; these have fuelled a growing demand for migrant workers in sectors such as agriculture, construction, cleaning, hospitality, transport and food processing, as supplies of local workers willing and able to do such jobs have increasingly run dry. Without such chronic labour shortages, most migrants wouldn’t have come. But this hasn’t been a natural process. It is instead one that has been encouraged by decades of policies geared towards economic and labour market liberalisation, which have fuelled the growth of precarious jobs that local workers won’t take. Politicians from left to right know this reality, but they don’t dare admit it out of fear of being seen as “soft on immigration”. They choose instead to talk tough and revert to acts of political showmanship that create an appearance of control, but that in effect function as a smokescreen to conceal the true nature of immigration policy. Under this current arrangement, more and more migrants are allowed in, and the employment of undocumented workers is widely tolerated as they fill in crucial labour shortages.
    Politicians have turned a blind eye as proven by almost laughably low levels of workplace enforcement. To break away from this legacy of failed policies, politicians need to gather the courage to tell an honest story about migration: that it is a phenomenon that benefits some people more than others; that it can have downsides for some, but cannot be thought or wished away; and that there are no simple solutions for complex problems. Fundamental choices have to be made. For example, do we want to live in a society in which more and more work – transport, construction, cleaning, care of elderly people and children, food provision – is outsourced to a new class of servants made up mainly of migrant workers? Do we want a large agricultural sector that partly relies on subsidies and is dependent on migrants for the necessary labour? The present reality shows that we cannot divorce debates about immigration from broader debates about inequality, labour, social justice and, most importantly, the kind of society we want to live in.
    Hein de Haas is professor of sociology at the University of Amsterdam, and the author of How Migration Really Works

    #Covid-19#migrant#migration#flux#pauvrete#globalmigration#climat#afrique#asie#ameriquelatine#travailleurmigrant#economie#inegalite#sante

  • Le #Royaume-Uni plonge dans une #pauvreté historique

    Les écarts entre riches et pauvres retrouvent des niveaux proches de l’ère victorienne, avant l’État providence. Les #bas_salaires en sont la cause.

    Au cours des quinze dernières années, les inégalités se sont accrues de manière spectaculaire au sein de la société britannique. Au point que « le Royaume-Uni risque de retomber dans les « deux nations » de l’ère victorienne, marquée par un fossé grandissant entre la société dominante et une classe inférieure déprimée et frappée par la pauvreté, alerte un rapport sur la pauvreté, publié le 11 décembre.

    Le coefficient de Gini des #revenus, après impôts et prestations sociales, dans le pays – un indicateur qui permet de rendre compte de leur niveau d’inégalité – était le plus élevé d’Europe occidentale en 2022, avec 0,35 point. À titre de comparaison il ressort à 0,31 en Suisse, 0,29 en France et 0,28 en Allemagne.

    Le pays n’a jamais été aussi inégalitaire

    Le Royaume-Uni du premier ministre Rishi Sunak n’est néanmoins plus celui d’Oliver Twist, l’orphelin pauvre du livre de Charles Dickens, publié en 1838. « Évidemment, les conditions de vie sont meilleures pour l’individu moyen qu’au milieu du XIXe siècle », tempère David Gordon, professeur de justice sociale à l’Université de Bristol et directeur du Bristol Poverty Institute. La capitale anglaise, cadre de ce roman, n’en continue pas moins de concentrer ces maux. La City of London, centre de la finance nationale, était alors mitoyenne de plusieurs des arrondissements les plus pauvres d’Angleterre qui le demeurent aujourd’hui encore.

    « En termes d’écart de richesse entre les plus riches et les plus pauvres, nous avons reculé de vingt-cinq ans à la fin des dix-huit années de thatchérisme », indique le professeur. « L’écart se rapproche du niveau enregistré avant la mise en place de l’État providence au Royaume-Uni, tout au long de la première partie du XXe siècle, qui avait permis une réduction considérable de la pauvreté », poursuit ce dernier.

    Une constante apparaît dans les différents rapports publiés sur le sujet au cours des derniers mois : les deux plus forts mouvements d’accroissement des inégalités de l’époque contemporaine ont eu lieu lors de longues périodes de gouvernement conservateur. Ainsi à partir de l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, en 1979, qui « a cassé le consensus de l’après-guerre en mettant en place des politiques néolibérales qui ont augmenté les ressources de la moitié supérieure de la société aux dépens de celles des plus modestes », explique le spécialiste. Puis avec les mesures d’austérité budgétaire déployées en 2010 par David Cameron – qui ont notamment touché les personnes handicapées et les enfants – poursuivies par ses successeurs Theresa May de 2016 à 2019 puis Rishi Sunak depuis 2022.
    Insécurité professionnelle

    Cette évolution amène son lot de « problèmes déjà visibles pendant les époques victorienne et édouardienne (ndlr : 1837 à 1914), poursuit David Gordon – des niveaux de criminalité et de maladie élevés, une société moins cohésive. »

    Le Centre for Social Justice les traite dans le détail dans son rapport et place l’accent sur le monde du travail, central dans l’accroissement de la pauvreté. Depuis 2000, 20 à 25% des travailleurs disent ainsi ressentir une insécurité professionnelle à la suite du développement de l’auto-entrepreneuriat et des contrats « zéro heure » – qui n’assurent aucune heure de travail hebdomadaire et donc aucun revenu. Mais aussi en raison de la détérioration des conditions de travail ainsi que du remplacement de nombreux emplois industriels « qualifiés, sûrs et souvent bien rémunérés » par des postes dans les services, non qualifiés et moins bien payés.

    Des #salaires insuffisants

    En septembre 2023, « 38% des bénéficiaires d’aides sociales avaient un emploi, ce qui signifie que leurs #revenus ne sont pas suffisants [pour vivre] sans le soutien du système d’#aide_sociale », confirme le rapport.

    David Gordon rappelle que « c’était déjà le cas lors de la première véritable enquête sur la pauvreté réalisée dans les années 1880 par Charles Boothe : la pauvreté est largement due à des revenus bas ». Le directeur du Bristol Poverty Institute rappelle que, à l’époque déjà, les politiciens ne voulaient pas croire à ses découvertes, certains que le comportement des plus pauvres – en l’occurrence l’alcoolisme ou la dépendance à la drogue – était la cause principale de leurs difficultés.

    https://www.tdg.ch/explosion-des-inegalites-a-londres-le-royaume-uni-plonge-dans-une-pauvrete-histo
    #inégalités #Londres #UK #Angleterre #statistiques #chiffres

  • Quei bambini chiusi in trappola a Gaza. Il racconto di #Ruba_Salih
    (une interview de Ruba Salih, prof à l’Université de Bologne, 5 jours après le #7_octobre_2023)

    «Mai come in queste ore a Gaza il senso di appartenere a una comune “umanita” si sta mostrando più vuoto di senso. La responsabilità di questo è del governo israeliano», dice Ruba Salih antropologa dell’università di Bologna che abbiamo intervistato mentre cresce la preoccupazione per la spirale di violenza che colpisce la popolazione civile palestinese e israeliana.

    Quali sono state le sue prime reazioni, sentimenti, pensieri di fronte all’attacco di Hamas e poi all’annuncio dell’assedio di Gaza messo in atto dal governo israeliano?

    Il 7 ottobre la prima reazione è stata di incredulità alla vista della recinzione metallica di Gaza sfondata, e alla vista dei palestinesi che volavano con i parapendii presagendo una sorta di fine dell’assedio. Ho avuto la sensazione di assistere a qualcosa che non aveva precedenti nella storia recente. Come era possibile che l’esercito più potente del mondo potesse essere sfidato e colto così alla sprovvista? In seguito, ho cominciato a chiamare amici e parenti, in Cisgiordania, Gaza, Stati Uniti, Giordania. Fino ad allora si aveva solo la notizia della cattura di un numero imprecisato di soldati israeliani. Ho pensato che fosse una tattica per fare uno scambio di prigionieri. Ci sono più di 5000 prigionieri palestinesi nelle carceri israeliane e 1200 in detenzione amministrativa, senza processo o accusa. Poi sono cominciate da domenica ad arrivare le notizie di uccisioni e morti di civili israeliani, a cui è seguito l’annuncio di ‘guerra totale’ del governo di Netanyahu. Da allora il sentimento è cambiato. Ora grande tristezza per la quantità di vittime, dell’una e dell’altra parte, e preoccupazione e angoscia senza precedenti per le sorti della popolazione civile di Gaza, che in queste ore sta vivendo le ore piu’ drammatiche che si possano ricordare.

    E quando ha visto quello che succedeva, con tantissime vittime israeliane, violenze terribili, immagini di distruzione, minacce di radere al suolo Gaza?

    Colleghi e amici israeliani hanno cominciato a postare immagini di amici e amiche uccisi – anche attivisti contro l’occupazione- e ho cominciato dolorosamente a mandare condoglianze. Contemporaneamente giungevano terribili parole del ministro della Difesa israeliano Gallant che definiva i palestinesi “animali umani”, dichiarando di voler annientare la striscia di Gaza e ridurla a “deserto”. Ho cominciato a chiamare amici di Gaza per sapere delle loro famiglie nella speranza che fossero ancora tutti vivi. Piano piano ho cominciato a cercare di mettere insieme i pezzi e dare una cornice di senso a quello che stava succedendo.

    Cosa può dirci di Gaza che già prima dell’attacco di Hamas era una prigione a cielo aperto?

    Si, Gaza è una prigione. A Gaza la maggior parte della popolazione è molto giovane, e in pochi hanno visto il mondo oltre il muro di recinzione. Due terzi della popolazione è composto da famiglie di rifugiati del 1948. Il loro vissuto è per lo più quello di una lunga storia di violenza coloniale e di un durissimo assedio negli ultimi 15 anni. Possiamo cercare di immaginare cosa significa vivere questo trauma che si protrae da generazioni. Gli abitanti di Gaza nati prima del 1948 vivevano in 247 villaggi nel sud della Palestina, il 50% del paese. Sono stati costretti a riparare in campi profughi a seguito della distruzione o occupazione dei loro villaggi. Ora vivono in un’area che rappresenta l’1.3% della Palestina storica con una densità di 7000 persone per chilometro quadrato e le loro terre originarie si trovano a pochi metri di là dal muro di assedio, abitate da israeliani.

    E oggi?

    Chi vive a Gaza si descrive come in una morte lenta, in una privazione del presente e della capacità di immaginare il futuro. Il 90% dell’acqua non è potabile, il 60% della popolazione è senza lavoro, l’80% riceve aiuti umanitari per sopravvivere e il 40% vive al di sotto della soglia di povertà: tutto questo a causa dell’ occupazione e dell’assedio degli ultimi 15 anni. Non c’è quasi famiglia che non abbia avuto vittime, i bombardamenti hanno raso al suolo interi quartieri della striscia almeno quattro volte nel giro di una decina di anni. Non credo ci sia una situazione analoga in nessun altro posto del mondo. Una situazione che sarebbe risolta se Israele rispettasse il diritto internazionale, né più né meno.

    Prima di questa escalation di violenza c’era voglia di reagire, di vivere, di creare, di fare musica...

    Certo, anche in condizioni di privazione della liberta’ c’e’ una straordinaria capacità di sopravvivenza, creatività, amore per la propria gente. Tra l’altro ricordo di avere letto nei diari di Marek Edelman sul Ghetto di Varsavia che durante l’assedio del Ghetto ci si innamorava intensamente come antidoto alla disperazione. A questo proposito, consilgio a tutti di leggere The Ghetto Fights di Edelman. Aiuta molto a capire cosa è Gaza in questo momento, senza trascurare gli ovvi distinguo storici.

    Puoi spiegarci meglio?

    Come sapete il ghetto era chiuso al mondo esterno, il cibo entrava in quantità ridottissime e la morte per fame era la fine di molti. Oggi lo scenario di Gaza, mentre parliamo, è che non c’è elettricità, il cibo sta per finire, centinaia di malati e neonati attaccati alle macchine mediche hanno forse qualche ora di sopravvivenza. Il governo israeliano sta bombardando interi palazzi, le vittime sono per più della metà bambini. In queste ultime ore la popolazione si trova a dovere decidere se morire sotto le bombe in casa o sotto le bombe in strada, dato che il governo israeliano ha intimato a un milione e centomila abitanti di andarsene. Andare dove? E come nel ghetto la popolazione di Gaza è definita criminale e terrorista.

    Anche Franz Fanon, lei suggerisce, aiuta a capire cosa è Gaza.

    Certamente, come ho scritto recentemente, Fanon ci viene in aiuto con la forza della sua analisi della ferita della violenza coloniale come menomazione psichica oltre che fisica, e come privazione della dimensione di interezza del soggetto umano libero, che si manifesta come un trauma, anche intergenerazionale. La violenza prolungata penetra nelle menti e nei corpi, crea una sospensione delle cornici di senso e delle sensibilità che sono prerogativa di chi vive in contesti di pace e benessere. Immaginiamoci ora un luogo, come Gaza, dove come un rapporto di Save the Children ha riportato, come conseguenza di 15 anni di assedio e blocco, 4 bambini su 5 riportano un vissuto di depressione, paura e lutto. Il rapporto ci dice che vi è stato un aumento vertiginoso di bambini che pensano al suicidio (il 50%) o che praticano forme di autolesionismo. Tuttavia, tutto questo e’ ieri. Domani non so come ci sveglieremo, noi che abbiamo il privilegio di poterci risvegliare, da questo incubo. Cosa resterà della popolazione civile di Gaza, donne, uomini bambini.

    Come legge il sostegno incondizionato al governo israeliano di cui sono pieni i giornali occidentali e dell’invio di armi ( in primis dagli Usa), in un’ottica di vittoria sconfitta che abbiamo già visto all’opera per la guerra Russia-Ucraina?

    A Gaza si sta consumando un crimine contro l’umanità di dimensioni e proporzioni enormi mentre i media continuano a gettare benzina sul fuoco pubblicando notizie in prima pagina di decapitazioni e stupri, peraltro non confermate neanche dallo stesso esercito israeliano. Tuttavia, non utilizzerei definizioni statiche e omogeneizzanti come quelle di ‘Occidente’ che in realtà appiattiscono i movimenti e le società civili sulle politiche dei governi, che in questo periodo sono per lo più a destra, nazionalisti xenofobi e populisti. Non è sempre stato così.

    Va distinto il livello istituzionale, dei governi e dei partiti o dei media mainstream, da quello delle società civili e dei movimenti sociali?

    Ci sono una miriade di manifestazioni di solidarietà ovunque nel mondo, che a fianco del lutto per le vittime civili sia israeliane che palestinesi, non smettono di invocare la fine della occupazione, come unica via per ristabilire qualcosa che si possa chiamare diritto (e diritti umani) in Palestina e Israele. Gli stessi media mainstream sono in diversi contesti molto più indipendenti che non in Italia. Per esempio, Bcc non ha accettato di piegarsi alle pressioni del governo rivendicando la sua indipendenza rifiutandosi di usare la parola ‘terrorismo’, considerata di parte, preferendo riferirsi a quei palestinesi che hanno sferrato gli attacchi come ‘combattenti’. Se sono stati commessi crimini contro l’umanità parti lo stabiliranno poi le inchieste dei tribunali penali internazionali. In Italia, la complicità dei media è invece particolarmente grave e allarmante. Alcune delle (rare) voci critiche verso la politica del governo israeliano che per esempio esistono perfino sulla stampa liberal israeliana, come Haaretz, sarebbero in Italia accusate di anti-semitismo o incitamento al terrorismo! Ci tengo a sottolineare tuttavia che il fatto che ci sia un certo grado di libertà di pensiero e di stampa in Israele non significa che Israele sia una ‘democrazia’ o perlomeno non lo è certo nei confronti della popolazione palestinese. Che Israele pratichi un regime di apartheid nei confronti dei palestinesi è ormai riconosciuto da organizzazioni come Amnesty International e Human Rights Watch, nonché sottolineato a più riprese dalla Relatrice speciale delle Nazioni Unite sui territori palestinesi occupati, Francesca Albanese.

    Dunque non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la retorica israeliana?

    Ma non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la narrativa israeliana. Sono anni che i palestinesi sono disumanizzati, resi invisibili e travisati. Il paradosso è che mentre Israele sta violando il diritto e le convenzioni internazionali e agisce in totale impunità da decenni, tutte le forme di resistenza: non violente, civili, dimostrative, simboliche, legali dei palestinesi fino a questo momento sono state inascoltate, anzi la situazione sul terreno è sempre più invivibile. Persino organizzazioni che mappano la violazione dei diritti umani sono demonizzate e catalogate come ‘terroristiche’. Anche le indagini e le commissioni per valutare le violazioni delle regole di ingaggio dell’esercito sono condotte internamente col risultato che divengono solo esercizi procedurali vuoti di sostanza (come per l’assassinio della reporter Shereen AbuHakleh, rimasto impunito come quello degli altri 55 giornalisti uccisi dall’esercito israeliano). Ci dobbiamo seriamente domandare: che cosa rimane del senso vero delle parole e del diritto internazionale?

    Il discorso pubblico è intriso di militarismo, di richiami alla guerra, all’arruolamento…

    Personalmente non metterei sullo stesso piano la resistenza di un popolo colonizzato con il militarismo come progetto nazionalistico di espansione e profitto. Possiamo avere diversi orientamenti e non condividere le stesse strategie o tattiche ma la lotta anticoloniale non è la stessa cosa del militarismo legato a fini di affermazione di supremazia e dominio di altri popoli. Quella dei palestinesi è una lotta che si inscrive nella scia delle lotte di liberazione coloniali, non di espansione militare. La lotta palestinese si collega oggi alle lotte di giustizia razziale e di riconoscimento dei nativi americani e degli afro-americani contro società che oggi si definiscono liberali ma che sono nate da genocidi, schiavitù e oppressione razziale. Le faccio un esempio significativo: la prima bambina Lakota nata a Standing Rock durante le lunghe proteste contro la costruzione degli olelodotti in North Dakota, che stanno espropriando e distruggendo i terre dei nativi e inquinando le acque del Missouri, era avvolta nella Kuffyah palestinese. Peraltro, il nazionalismo non è più il solo quadro di riferimento. In Palestina si lotta per la propria casa, per la propria terra, per la liberazione dalla sopraffazione dell’occupazione, dalla prigionia, per l’autodeterminazione che per molti è immaginata o orientata verso la forma di uno stato laico binazionale, almeno fino agli eventi recenti. Domani non so come emergeremo da tutto questo.

    Emerge di nuovo questa cultura patriarcale della guerra, a cui come femministe ci siamo sempre opposte…

    Con i distinguo che ho appena fatto e che ribadisco – ossia che non si può mettere sullo stesso piano occupanti e occupati, colonialismo e anticolonialismo -mi sento comunque di dire che una mobilitazione trasversale che aneli alla fine della occupazione deve essere possibile. Nel passato, il movimento femminista internazionalista tentava di costruire ponti tra donne palestinesi e israeliane mobilitando il lutto di madri, sorelle e figlie delle vittime della violenza. Si pensava che questo fosse un legame primario che univa nella sofferenza, attraversando le differenze. Ci si appellava alla capacità delle donne di politicizzare la vulnerabilità, convinte che nella morte e nel lutto si fosse tutte uguali. La realtà è che la disumanizzazione dei palestinesi, rafforzata dalla continua e sempre più violenta repressione israeliana, rende impossibile il superamento delle divisioni in nome di una comune umanità. Mentre i morti israeliani vengono pubblicamente compianti e sono degni di lutto per il mondo intero, i palestinesi – definiti ‘terroristi’ (anche quando hanno praticato forme non-violente di resistenza), scudi-umani, animali (e non da oggi), sono già morti -privati della qualità di umani- prima ancora di morire, e inscritti in una diversa classe di vulnerabilità, di non essenza, di disumanità.

    Antropologa dell’università di Bologna Ruba Salih si interessa di antropologia politica con particolare attenzione a migrazioni e diaspore postcoloniali, rifugiati, violenza e trauma coloniale, genere corpo e memoria. Più recentemente si è occupata di decolonizzazione del sapere e Antropocene e di politiche di intersezionalità nei movimenti di protesta anti e de-coloniali. Ha ricoperto vari ruoli istituzionali tra cui membro eletto del Board of Trustees del Arab Council for the Social Sciences, dal 2015 al 2019. È stata visiting professor presso varie istituzioni tra cui Brown University, University of Cambridge e Università di Venezia, Ca’ Foscari.

    https://left.it/2023/10/12/quei-bambini-chiusi-in-trappola-a-gaza-il-racconto-di-ruba-salih

    #Gaza #Israël #Hamas #violence #prison #Palestine #violence_coloniale #siège #trauma #traumatisme #camps_de_réfugiés #réfugiés #réfugiés_palestiniens #pauvreté #bombardements #violence #dépression #peur #santé_mentale #suicide #crime_contre_l'humanité #apartheid #déshumanisation #résistance #droit_international #lutte #nationalisme #féminisme #à_lire #7_octobre_2023

    • Gaza between colonial trauma and genocide

      In the hours following the attack of Palestinian fighters in the south of Israel Western observers, bewildered, speculated about why Hamas and the young Palestinians of Gaza, born and bred under siege and bombs, have launched an attack of this magnitude, and right now. Others expressed their surprise at the surprise.

      The Israeli government responded by declaring “total war”, promising the pulverization of Gaza and demanding the inhabitants to leave the strip, knowing that there is no escape. Mobilising even the Holocaust and comparing the fighters to the Nazis, the Israeli government engaged in an operation that they claim is aimed at the destruction of Hamas.

      In fact, as I am writing, Gaza is being razed to the ground with an unbearable number of Palestinian deaths which gets larger by the hour, with people fleeing under Israeli bombs, water, electricity and fuel being cut, hospitals – receiving one patient a minute – on the brink of catastrophe, and humanitarian convoys prevented from entering the strip.

      An ethnic cleansing of Palestinians in Gaza is taking place with many legal observers claiming this level of violence amounts to a genocide.

      But what has happened – shocking and terrible in terms of the number of victims – including children and the elderly – creates not only a new political scenario, but above all it also imposes a new frame of meaning.

      Especially since the Oslo accords onwards, the emotional and interpretative filter applying to the “conflict” has been the asymmetrical valuing of one life over the other which in turn rested on an expectation of acquiescence and acceptance of the Palestinians’ subalternity as a colonised people. This framing has been shattered.

      The day of the attack, millions of Palestinians inside and outside the occupied territories found themselves in a trance-like state – with an undeniable initial euphoria from seeing the prison wall of Gaza being dismantled for the first time. They were wondering whether what they had before their eyes was delirium or reality. How was it possible that the Palestinians from Gaza, confined in a few suffocating square kilometres, repeatedly reduced to rubble, managed to evade the most powerful and technologically sophisticated army in the world, using only rudimentary equipment – bicycles with wings and hang-gliders? They could scarcely believe they were witnessing a reversal of the experience of violence, accustomed as they are to Palestinian casualties piling up relentlessly under Israeli bombardments, machine gun fire and control apparatus.

      Indeed, that Israel “declared war” after the attack illustrates this: to declare war assumes that before there was “peace”. To be sure, the inhabitants of Sderot and southern Israel would like to continue to live in peace. For the inhabitants of Gaza, on the other hand, peace is an abstract concept, something they have never experienced. For the inhabitants of the strip, as well as under international law, Gaza is an occupied territory whose population – two million and three hundred thousand people, of which two thirds are refugees from 1948 – lives (or to use their own words: “die slowly”) inside a prison. Control over the entry and exit of people, food, medicine, materials, electricity and telecommunications, sea, land and air borders, is in Israeli hands. International law, correctly invoked to defend the Ukrainian people and to sanction the Russian occupier, is a wastepaper for Israel, which enjoys an impunity granted to no other state that operates in such violation of UN resolutions, even disregarding agreements they themselves signed, never mind international norms and conventions.

      This scaffolding has crucially rested on the certainty that Palestinians cannot and should not react to their condition, not only and not so much because of their obvious military inferiority, but in the warped belief that Palestinian subjectivity must and can accept remaining colonised and occupied, to all intents and purposes, indefinitely. The asymmetry of strength on the ground led to an unspoken – but devastatingly consequential – presumption that Palestinians would accept to be confined to a space of inferiority in the hierarchy of human life.

      In this sense, what is happening these days cannot be understood and analysed with the tools of those who live in “peace”, but must be understood (insofar as this is even possible for those who do not live in Gaza or the occupied Palestinian territories) from a space defined by the effects of colonial violence and trauma. It is to Franz Fanon that we owe much of what we know about colonial violence – especially that it acts as both a physical and psychic injury. A psychiatrist from Martinique who joined the liberation struggle for independence in Algeria under French colonial rule, he wrote at length about how the immensity and duration of the destruction inflicted upon colonised subjects results in a wide and deep process of de-humanisation which, at such a profound level, also compromises the ability of the colonised to feel whole and to fully be themselves, humans among humans. In this state of physical and psychic injury, resistance is the colonised subject’s only possibility of repair. This has been the case historically in all contexts of liberation from colonial rule, a lineage to which the Palestinian struggle belongs.

      It is in this light that the long-lasting Palestinian resistance of the last 75 years should be seen, and this is also the key to understanding the unprecedented events of the last few days. These are the result, as many observers – including Israeli ones – have noted, of the failure of the many forms of peaceful resistance that the Palestinians have managed to pursue, despite the occupation, and which they continue to put into play: the hunger strikes of prisoners under “administrative detention”; the civil resistance of villagers such as Bil’in or Sheikh Jarrah who are squeezed between the separation wall, the expropriation of land and homes, and suffocated by the increasingly aggressive and unstoppable expansion of settlements; the efforts to protect the natural environment and indigenous Palestinian culture, including the centuries-old olive trees so often burnt and vandalised by settlers; the Palestinian civil society organisations that map and report human rights violations – which make them, for Israel, terrorist organisations; the struggle for cultural and political memory; the endurance of refugees in refugee camps awaiting implementation of their human rights supported by UN resolutions, as well as reparation and recognition of their long term suffering; and, further back in time, the stones hurled in resistance during the first Intifada, when young people with slingshots threw those same stones with which Israeli soldiers broke their bones and lives, back to them.

      Recall that, in Gaza, those who are not yet twenty years old, who make up about half the population, have already survived at least four bombing campaigns, in 2008-9, in 2012, in 2014, and again in 2022. These alone caused more than 4000 deaths.

      And it is again in Gaza that the Israeli tactic has been perfected of firing on protesters during peaceful protests, such as those in 2018, to maim the bodies – a cynical necropolitical calculation of random distribution between maimed and dead. It is not surprising, then, that in post-colonial literature – from Kateb Yacine to Yamina Mechakra, just to give two examples – the traumas of colonial violence are narrated as presence and absence, in protagonists’ dreams and nightmares, of amputated bodies. This is a metaphor for a simultaneously psychic and physical maiming of the colonised identity, that continues over time, from generation to generation.

      Despite their predicament as colonised for decades and their protracted collective trauma, Palestinians inside and outside of Palestine have however shown an incredible capacity for love, grief and solidarity over time and space, of which we have infinite examples in day-to-day practices of care and connectedness, in the literature, in the arts and culture, and through their international presence in other oppressed peoples’ struggles, such as Black Lives Matter and Native American Dakota protestors camps, or again in places such as the Moria camp in Greece.

      The brutality of a 16 years long siege in Gaza, and the decades of occupation, imprisonment, humiliation, everyday violence, death, grief – which as we write happen at an unprecedented genocidal intensity, but are in no way a new occurrence – have not however robbed people of Gaza, as individuals, of their ability to share in the grief and fear of others.

      “Striving to stay human” is what Palestinians have been doing and continue to do even as they are forced to make inhumane choices such as deciding who to rescue from under the rubbles based on who has more possibility to survive, as recounted by journalist Ahmed Dremly from Gaza during his brief and precious dispatches from the strip under the heavy shelling. This colonial violence will continue to produce traumatic effects in the generations of survivors. Yet, it has to be made clear that as the occupied people, Palestinians cannot be expected to bear the pain of the occupier. Equal standing and rights in life are the necessary preconditions for collective shared grief of death.

      Mahmoud Darwish wrote, in one of his essays on the “madness” of being Palestinian, written after the massacre of Sabra and Shatila in 1982, that the Palestinian “…is encumbered by the relentless march of death and is busy defending what remains of his flesh and his dream…his back is against the wall, but his eyes remain fixed on his country. He can no longer scream. He can no longer understand the reason behind Arab silence and Western apathy. He can do only one thing, to become even more Palestinian… because he has no other choice”.

      The only antidote to the spiral of violence is an end to the occupation and siege, and for Israel to fully comply with international law and to the UN resolutions, as a first and non-negotiable step. From there we can begin to imagine a future of peace and humanity for both Palestinians and Israelis.

      https://untoldmag.org/gaza-between-colonial-trauma-and-genocide
      #colonialisme #traumatisme_colonial #génocide

    • Can the Palestinian speak ?

      It is sadly nothing new to argue that oppressed and colonised people have been and are subject to epistemic violence – othering, silencing, and selective visibility – in which they are muted or made to appear or speak only within certain perceptual views or registers – terrorists, protestors, murderers, humanitarian subjects – but absented from their most human qualities. Fabricated disappearance and dehumanisation of Palestinians have supported and continue to sustain their physical elimination and their erasure as a people.

      But the weeks after October 7th have set a new bar in terms of the inverted and perverse ways that Palestinians and Israel can be represented, discussed, and interpreted. I am referring here to a new epistemology of time that is tight to a moral standpoint that the world is asked to uphold. In that, the acts of contextualising and providing historical depth are framed as morally reprehensible or straight out antisemitic. The idea that the 7th of October marks the beginning of unprecedented violence universalises the experience of one side, the Israeli, while obliterating the past decades of Palestinians’ predicament. More than ever, Palestinians are visible, legible, and audible only through the frames of Israeli subjectivity and sensibility. They exist either to protect Israel or to destroy Israel. Outside these two assigned agencies, they are not, and cannot speak. They are an excess of agency like Spivak’s subaltern,[1] or a ‘superfluous’ people as Mahmoud Darwish[2] put it in the aftermath of the Sabra and Chatila massacre. What is more is the persistent denying by Israel and its Western allies, despite the abundant historical evidence, that Palestinian indigenous presence in Palestine has always been at best absented from their gaze – ‘a problem’ to manage and contain – at worse the object of systemic and persistent ethnic cleansing and erasure aiming at fulfilling the narcissistic image of “a land without a people for a people without a land.” Yet, the erasure of Palestinians, also today in Gaza, is effected and claimed while simultaneously being denied.

      A quick check of the word “Palestine” on google scholar returns one million and three hundred thousand studies, nearly half of them written from the mid 1990s onwards. Even granting that much of this scholarship would be situated in and reproducing orientalist and colonial knowledges, one can hardly claim scarcity of scholarly production on the dynamics of subalternity and oppression in Palestine. Anthropology, literary theory, and history have detected and detailed the epistemological and ontological facets of colonial and post-colonial erasure. One might thus ask: how does the persistent denial of erasure in the case of Palestinians work? We might resort to psychoanalysis or to a particular form of narcissistic behaviour known as DAVRO – Deny, Attack, and Reverse Victim and Offender[3] – to understand the current pervading and cunning epistemic violence that Israel and its allies enact. Denying the radical obstructing and effacing of Palestinian life (while effecting it through settler-colonialism, settler and state violence, siege, apartheid, and genocidal violence in Gaza) is the first stage in Israel’s and western allies’ discursive manipulation. Attacking historicisation and contextualisation as invalid, antisemitic, propaganda, hate speech, immoral, outrageous, and even contrary to liberal values is the second stage. Lastly is the Reversing Victim and Offender by presenting the war on Gaza as one where Israel is a historical victim reacting to the offender, in response to demands that Israel, as the colonial and occupying power, takes responsibility for the current cycle of violence.

      This partly explains why the violent attack that Hamas conducted in the south of Israel last October, in which 1200 people were killed, is consistently presented as the start date of an ‘unprecedented’ violence, with more than 5000 Palestinians killed in carpet bombings of Gaza until 2022 doubly erased, physically and epistemically. With this, October 7th becomes the departure point of an Israeli epistemology of time assumed as universal, but it also marks an escalation in efforts to criminalise contextualisation and banish historicisation.

      Since October 7th, a plurality of voices – ranging from Israeli political figures and intellectuals, to mainstream and left-leaning journalists – has condemned efforts to inscribe Gaza into a long term history of colonialism as scurrilous justification for the killing of Israeli civilians. Attempts to analyse or understand facts through a historical and political frame, by most notably drawing attention to Gazans’ lived experience over the past 16 years (as a consequence of its long term siege and occupation) or merely to argue that there is a context in which events are taking place, such as General UN director Guterres did when he stated that October 7th “did not happen in a vacuum,” are represented as inciting terrorism or morally repugnant hate speech. In the few media reports accounting for the dire and deprived conditions of Palestinians’ existence in Gaza, the reasons causing the former are hardly mentioned. For instance, we hear in reports that Palestinians in Gaza are mostly refugees, that they are unemployed, and that 80% of them are relying on aid, with trucks of humanitarian aid deemed insufficient in the last few weeks in comparison to the numbers let in before the 7th of October. Astoundingly, the 56 years old Israeli occupation and 17 years old siege of Gaza, as root causes of the destruction of the economy, unemployment, and reliance on aid are not mentioned so that the public is left to imagine that these calamities are the result of Palestinians’ own doing.

      In other domains, we see a similar endeavour in preventing Palestine from being inscribed in its colonial context. Take for instance the many critical theorists who have tried to foreclose Franz Fanon’s analysis of colonial violence to Palestinians. Naming the context of colonial violence and Palestinians’ intergenerational and ongoing traumas is interpreted as morally corrupt, tantamount to not caring for Israeli trauma and a justification for the loss of Israeli lives. The variation of the argument that does refer to historical context either pushes Fanon’s arguments to the margins or argues that the existence of a Palestinian authority invalidates Fanon’s applicability to Palestine, denying therefore the effects of the violence that Palestinians as colonised subjects have endured and continue to endure because of Israeli occupation, apartheid, and siege.

      But perhaps one of the most disconcerting forms of gaslighting is the demand that Palestinians should – and could – suspend their condition of subordination, their psychic and physical injury, to centre the perpetrators’ feelings and grief as their own. In fact, the issue of grief has come to global attention almost exclusively as an ethical and moral question in reaction to the loss of Israeli lives. Palestinians who accept to go on TV are constantly asked whether they condemn the October 7th attack, before they can even dare talk about their own long history of loss and dispossession, and literally while their families are being annihilated by devastating shelling and bombing and still lying under the rubbles. One such case is that of PLO ambassador to the UK Hussam Zomlot, who lost members of his own family in the current attack, but was asked by Kirsty Wark to “condemn Hamas” on screen. To put it another way: would it even be conceivable to imagine a journalist asking Israeli hostages in captivity if they condemn the Israeli bombardments and the war on Gaza as a precondition to speak and be heard?

      “Condemning” becomes the condition of Palestinian intelligibility and audibility as humans, a proof that they share the universal idea that all human life is sacred, at the very moment when the sacrality of human life is violently precluded to them and when they are experiencing with brutal clarity that their existence as a people matters to no one who has the power to stop the carnage. This imperative mistakes in bad faith the principle that lives should have equal worth with a reality that for Palestinians is plainly experienced as the opposite of this postulate. Israel, on the other hand, is given “the extenuating circumstances” for looking after Israelis’ own trauma by conducting one of the most indiscriminate and ferocious attacks on civilians in decades, superior in its intensity and death rate to the devastation we saw in Afghanistan, Iraq, and Syria, according to the New York Times. Nearly 20.000 killed – mostly children, women, and elderly – razed, shelled, bulldozed while in their homes or shelters, in an onslaught that does not spare doctors, patients, journalists, academics, and even Israeli hostages, and that aims at making Gaza an unlivable habitat for the survivors.

      Let us go back to the frequently invoked question of “morality.” In commentaries and op-eds over the last few weeks we are told that any mention of context for the attacks of October 7th is imperiling the very ability to be compassionate or be moral. Ranging from the Israeli government that argues that a killing machine in Gaza is justified on moral grounds – and that contextualisation and historicisation are a distraction or deviation from this moral imperative – to those who suggest Israel should moderate its violence against Palestinians – such as New York times columnist Nicholas Kristof who wrote that “Hamas dehumanized Israelis, and we must not dehumanize innocent people in Gaza” – all assign a pre-political or a-political higher moral ground to Israel. Moreover, October 7th is said to – and is felt as – having awakened the long historical suffering of the Jews and the trauma of the Holocaust. But what is the invocation of the Holocaust – and the historical experience of European antisemitism – if not a clear effort at historical and moral contextualisation? In fact, the only history and context deemed evocable and valid is the Israeli one, against the history and context of Palestinians’ lives. In this operation, Israeli subjectivity and sensibility is located above history and is assigned a monopoly of morality with October 7th becoming an a-historical and a meta-historical fact at one and the same time. In this canvas Palestinians are afforded permission to exist subject to inhabiting one of the two agencies assigned to them: guardian of Israeli life or colonised subject. This is what Israeli president Herzog means when he declares that there are no innocents in Gaza: “It’s an entire nation out there that is responsible. This rhetoric about civilians not aware, not involved, it’s absolutely not true. They could’ve risen up, they could have fought against that evil regime”. The nearly twenty thousand Palestinian deaths are thus not Israel’s responsibility. Palestinians are liable for their own disappearance for not “fighting Hamas” to protect Israelis. The Israeli victims, including hundreds of soldiers, are, on the other hand, all inherently civilians, and afforded innocent qualities. This is the context in which Heritage Minister Amichai Eliyahu, of Itamar Ben Gvir’s far-right party in power, can suggest nuking Gaza or wiping out all residents: “They can go to Ireland or deserts, the monsters in Gaza should find a solution by themselves”. Let us not here be mistaken by conceding this might just be a fantasy, a desire of elimination: the Guardian and the +972/Local call magazines have provided chilling evidence that Palestinian civilians in Gaza are not “collateral” damage but what is at work is a mass assassination factory, thanks to a sophisticated AI system generating hundreds of unverified targets aiming at eliminating as many civilians as possible.

      Whether Palestinians are worthy of merely living or dying depends thus on their active acceptance or refusal to remain colonised. Any attempts to exit this predicament – whether through violent attacks like on October 7th or by staging peaceful civil tactics such as disobedience, boycott and divesting from Israel, recurrence to international law, peaceful marches, hunger strikes, popular or cultural resistance – are all the same, and in a gaslighting mode disallowed as evidence of Palestinians’ inherent violent nature which proves they need taming or elimination.

      One might be compelled to believe that dehumanisation and the logic of elimination of Palestinians are a reaction to the pain, sorrow, and shock generated by the traumatic and emotional aftermath of October 7th. But history does not agree with this, as the assigning of Palestinians to a non-human or even non-life sphere is deeply rooted in Israeli public discourse. The standpoint of a people seeking freedom from occupation and siege has consistently been reversed and catalogued as one of “terror and threat” to Israeli state and society when it is a threat to their colonial expansive or confinement plans, whether the latter are conceived as divinely mandated or backed by a secular settler-colonial imaginary. In so far as “terrorists” are birthed by snakes and wild beasts as Israeli lawmaker Ayelet Shaker states, they must be exterminated. Her words bear citation as they anticipate Gaza’s current devastation with lucid clarity: “Behind every terrorist stand dozens of men and women, without whom he could not engage in terrorism. They are all enemy combatants, and their blood shall be on all their heads”. Urging the killing of all Palestinians women, men, and children and the destruction of their homes, she continued: “They should go, as should the physical homes in which they raised the snakes. Otherwise, more little snakes will be raised there. They have to die and their houses should be demolished so that they cannot bear any more terrorists.” This is not an isolated voice. Back in 2016 Prime Minister Netanyahu argued that fences and walls should be built all around Israel to defend it from “wild beasts” and against this background retired Israeli general and former head of Intelligence Giora Eiland, in an opinion article in Yedioth Aharonoth on November 19, argues that all Palestinians in Gaza die of fast spreading disease and all infrastructure be destroyed, while still positing Israel’s higher moral ground: “We say that Sinwar (Hamas leader in Gaza, ndr) is so evil that he does not care if all the residents of Gaza die. Such a presentation is not accurate, since who are the “poor” women of Gaza? They are all the mothers, sisters, or wives of Hamas murderers,” adding, “And no, this is not about cruelty for cruelty’s sake, since we don’t support the suffering of the other side as an end but as a means.”

      But let us not be mistaken, such ascription of Palestinians to a place outside of history, and of humanity, goes way back and has been intrinsic to the establishment of Israel. From the outset of the settler colonial project in 1948, Palestinians as the indigenous people of the land have been dehumanised to enable the project of erasing them, in a manner akin to other settler colonial projects which aimed at turning the settlers into the new indigenous. The elimination of Palestinians has rested on more than just physical displacement, destruction, and a deep and wide ecological alteration of the landscape of Palestine to suit the newly fashioned Israeli identity. Key Israeli figures drew a direct equivalence between Palestinian life on the one hand and non-life on the other. For instance, Joseph Weitz, a Polish Jew who settled in Palestine in 1908 and sat in the first and second Transfer Committees (1937–1948) which were created to deal with “the Arab problem” (as the indigenous Palestinians were defined) speaks in his diaries of Palestinians as a primitive unity of human and non-human life.[4] Palestinians and their habitat were, in his words, “bustling with man and beast,” until their destruction and razing to the ground in 1948 made them “fossilized life,” to use Weitz’ own words. Once fossilised, the landscape could thus be visualised as an empty and barren landscape (the infamous desert), enlivened and redeemed by the arrival of the Jewish settlers.

      Locating events within the context and long durée of the incommensurable injustices inflicted upon the Palestinians since 1948 – which have acquired a new unimaginable magnitude with the current war on Gaza – is not just ethically imperative but also politically pressing. The tricks of DARVO (Denying Attacking and Reversing Victim and Offender) have been unveiled. We are now desperately in need of re-orienting the world’s moral compass by exposing the intertwined processes of humanisation and dehumanisation of Jewish Israelis and Palestinians. There is no other way to begin exiting not only the very conditions that usher violence, mass killings, and genocide, but also towards effecting the as yet entirely fictional principle that human lives have equal value.

      [1] Spivak, G. “Can the Subaltern Speak?” (1988). In Lawrence Grossberg and Cary Nelson, eds., Marxism and the Interpretation of Culture, pp. 271–313. Urbana: University of Illinois Press; Basingstoke: Macmillan.

      [2] Mahmoud Darwish, “The Madness of Being a Palestinian,” Journal Of Palestine Studies 15, no. 1 (1985): 138–41.

      [3] Heartfelt thanks to Professor Rema Hamami for alerting me to the notion of DAVRO and for her extended and invaluable comments on this essay.

      [4] Cited in Benvenisti M (2000) Sacred Landscape: The Buried History of the Holy Land since 1948. Berkeley: University of California Press. pp.155-156.

      https://allegralaboratory.net/can-the-palestinian-speak
      #violence_épistémique #élimination #in/visilité #nettoyage_ethnique #oppression #DAVRO

  • Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/19/etats-unis-le-gouverneur-du-texas-signe-une-loi-criminalisant-l-entree-illeg

    Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    Le Monde avec AFP
    Le gouverneur du Texas, le républicain Greg Abbott, a signé lundi 19 décembre une loi controversée criminalisant l’entrée illégale dans cet Etat américain du Sud, frontalier du Mexique, une prérogative en principe réservée aux autorités fédérales. Ce partisan déclaré de Donald Trump, qui accuse l’administration du président démocrate Joe Biden d’« inaction délibérée » face à l’immigration clandestine, a symboliquement signé cette loi à Brownswille, devant un pan du mur à la frontière avec le Mexique, projet phare de l’ex-président républicain. La loi « crée une infraction pénale d’entrée illégale au Texas à partir d’un pays étranger », et prévoit jusqu’à vingt ans de prison en cas de récidive, a précisé le gouverneur.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis
    Le texte, censé entrer en vigueur en mars, donne aussi aux autorités de l’Etat le pouvoir d’arrêter les migrants et de les expulser vers le Mexique, une compétence d’ordre fédéral, ce qui augure de recours en justice sur sa constitutionnalité. Le gouvernement mexicain avait réagi au vote de cette loi, le 15 novembre, en « rejetant catégoriquement toute mesure qui habilite les autorités locales ou d’un Etat à arrêter et renvoyer des citoyens mexicains ou étrangers au Mexique », selon un communiqué de son ministère des affaires étrangères. M. Trump, en campagne pour reprendre la Maison Blanche, et M. Abbott accusent le président américain, Joe Biden, de fermer les yeux sur l’immigration illégale à la frontière sud, principalement composée de ressortissants de pays d’Amérique latine qui disent fuir la pauvreté et la violence.
    Le Monde avec AFP

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#frontiere#immigrationillegale#ameriquelatine#pauvrete#violence#sante

  • « Avec l’élection de Javier Milei en Argentine, le futur disparaît de la politique », Miguel Benasayag et Gilles Luneau
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/20/avec-l-election-de-javier-milei-en-argentine-le-futur-disparait-de-la-politi

    Pourquoi un peuple, les Argentins, porte-t-il à la présidence du pays un homme, #Javier_Milei, qui promet de faire pire que tous ceux et celle [Cristina Kirchner, 2019-2023] qui l’ont précédé au pouvoir ? Pour y répondre, il faut faire un détour par l’histoire du pays qui, en près de quatre-vingts ans, a vu alterner le péronisme, les dictatures militaires et la social-démocratie, cumulant quarante ans pour le premier, vingt-quatre ans pour les secondes, quatorze ans pour la troisième.

    Le #péronisme est difficilement résumable. C’est une sorte de bonapartisme sud-américain, mélangeant promesse de justice sociale, protectionnisme économique, fierté nationale et incarnation du pouvoir dans la figure du chef. Gouvernant sur de longues périodes, il a structuré l’Etat-providence argentin en plaçant ses affidés dans les institutions, les syndicats, les collectivités territoriales.
    Au gré des tendances qui le composent – de l’extrême droite à l’extrême gauche –, il a gouverné en social-démocrate (Nestor Kirchner) ou en ultralibéral (Carlos Menem). Dans tous les cas, avec un clientélisme et un niveau de corruption qui font référence.

    L’élection de Javier Milei, le 19 novembre, est l’expression massive (55,65 % des voix) d’un rejet du péronisme et de ses avatars néolibéraux, ayant plongé 40 % des 46 millions d’habitants dans la #pauvreté et détruit les revenus avec 143 % d’#inflation. L’analyse du vote montre que les 29,99 % de voix qui se sont portées sur lui au premier tour sont principalement celles des #jeunes, qui n’ont pas connu la dictature et qui votaient pour la première fois. Ils ne s’émeuvent pas des propos révisionnistes de Javier Milei voulant, par exemple, supprimer la pension attribuée aux torturés, pour la donner à leurs tortionnaires à qui il rendra la liberté.

    Prime au machisme

    Depuis le retour à la démocratie en 1983, aucun gouvernement n’avait osé amoindrir la condamnation de la #dictature. Lui veut stopper le travail de mémoire et de justice, et inverser les accusations, jusqu’à privatiser l’Ecole de mécanique de la marine, où, durant la dernière dictature, furent torturés et assassinés 5 000 prisonniers.
    Il y a aussi la prime au #machisme avec l’annonce de la suppression du ministère des femmes. Dans le pays le plus féministe d’Amérique du Sud ! Le pays qui fut le premier au monde à reconnaître le mariage homosexuel. Le pays où la lutte contre la dictature a d’abord été l’affaire des #femmes, des mères et grands-mères de la place de Mai. Il faut aussi relever, au second tour, le soutien décisif de la droite néolibérale de l’ancien président Mauricio Macri, qui avait obtenu 23,81 % des voix au premier tour et sans qui Javier Milei serait resté limité au tiers des voix. Une partie des voix de la social-démocratie est également venue grossir le discours de haine et acter ainsi sa propre mort.

    Le rejet du péronisme ne suffit pas à expliquer l’arrivée au pouvoir d’un homme sans autre projet que de détruire l’organisation politique de l’Etat. Jusqu’ici, en démocratie, l’élection a vu s’affronter des projets politiques comme autant de promesses de futurs. Projets contradictoires posant les termes du débat de société. Cette cartographie du monde politique est obsolète.

    La libéralisation des échanges économiques et financiers, la poursuite effrénée de l’#extractivisme, l’« algorithmisation » du monde entier ont périmé la vieille carte de lecture des Etats et des projets politiques pour structurer l’action publique, sans pour autant répondre à la question du futur dans le nouvel état du monde, sauf à pousser les camps traditionnels (gauche-droite) à offrir la même réponse – continuer avec les vieilles règles économiques –, ce qui est psychologiquement et politiquement déstabilisant.

    Les peuples sont face à un chaos mondial sans réponse parce que ce chaos est illisible. Cela s’est manifesté avec Donald Trump et l’attaque du Capitole, avec Jair Bolsonaro et le saccage, à Brasilia, du palais présidentiel, de la Cour suprême et du Congrès. Ce qui est nouveau avec l’élection de Milei, c’est qu’elle représente les débordements de ce chaos, l’aveu de la non-lisibilité du monde. Tout aussi grave, Milei annonce que ce chaos est non réductible, non canalisable, et qu’il faut s’unir pour l’aggraver.

    Unir sur la haine des autres

    Il y a deux façons de réunir les gens : positivement sur un projet auquel on peut opposer un autre projet. Ou négativement en unissant sur la haine des autres. C’est le sens du glissement des mots d’ordre de campagne, du « Que se vayan todos ! » (« qu’ils s’en aillent tous ! ») de 2001 au « Que venga cualquiera ! » (« que vienne n’importe qui ! ») de 2023. Cela trahit un congédiement de la #raison : quand on est pauvre, voter pour quelqu’un qui veut fermer les services publics, c’est voter pour être le premier à en pâtir. Voter pour exporter massivement la production agricole, c’est voter pour s’affamer. Voter pour la suppression de la banque centrale et le passage au dollar, c’est abandonner sa souveraineté.

    Cette colère des urnes argentines ne parle pas de projet possible dans un monde chaotique. On est dans un processus de refus de prise en compte du réel pour le transformer. Une expression de l’impuissance à maîtriser une situation. Un vote sans autre espoir que de tout casser, ce n’est pas pour rien que le symbole de Milei est la tronçonneuse qu’il a brandie à longueur de campagne. Le vote pour Milei est un gigantesque lâcher-prise, un appétit de jouissance barbare. Dans La Psychologie de masse du fascisme, écrit entre 1930 et 1933, Wilhelm Reich souligne que « le peuple n’a pas été trompé, à un moment donné il a désiré le fascisme ». Une pulsion de mort collective.

    Avec Javier Milei, le futur disparaît de la politique. Sa présidence proclame la fin de la promesse positive, la #fin_de_la_politique construite dans les contradictions plutôt que dans la guerre. Milei, c’est l’impossibilité de projets alternatifs, c’est la négation de la gauche « horizontale », participative, écologique. Avec lui, le futur est réduit à une menace.

    Dans la France cartésienne, il est difficile d’accepter des noyaux d’illisibilité dans la lecture du monde. Le « en même temps » des macronistes relève de cet aveuglement : l’incapacité à présenter un projet singulier en contradiction avec un autre. La façon coloniale de gérer le chaos, c’est ce « en même temps », la façon du colonisé d’affronter le chaos, c’est « fonçons, on va tous jouir du chaos ». Pourtant, à l’image de la science qui intègre l’aléatoire dans ses raisonnements, la seule lecture rationnelle de l’illisible, c’est d’accepter un noyau d’illisibilité. Socialement, on a du mal à l’admettre, mais si on n’admet pas l’illisible, on augmente le chaos.

    Miguel Benasayag est un philosophe et psychanalyste franco-argentin, ancien résistant guévariste torturé par la junte militaire au pouvoir en #Argentine dans les années 1970 ; Gilles Luneau est journaliste et essayiste

    #politique #fascisme

    • Milei, c’est le retour de l’Argentine dans le giron occidental, OCDE, FMI, BM, dollar, avec mise en coupe réglée de l’économie.
      C’est l’Empire qui se rebiffe et qui dit qu’il ne faut pas moufter. Et les argentins qui ont décidé que c’était bon pour eux. Ils verront.
      Ils verront, mais nous, on n’en saura rien. Tout sera normal. Jusqu’à ce qu’un gauchiste reprenne un petit peu de pouvoir. Et là, on lui collera sur le dos tout ce qui ne fonctionne pas et on t’en fera des tonnes sur tous les supports médiatiques. Parce qu’un gauchiste, il est responsable de tout ce qui ne fonctionne pas. Et un collabo. de l’Empire, il n’est jamais tenu comptable des conséquences de ses actions. Jamais.

  • https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231212-en-direct-le-hamas-gaza-est-%C3%A0-son-point-de-rupture-assure-le-minis
    17h50

     : Joe Biden fustige le gouvernement israélien qui « ne veut pas d’une solution à deux États »

    Joe Biden a affirmé mardi que, contrairement à Washington, le gouvernement israélien « ne voulait pas d’une solution à deux États » avec les Palestiniens. « C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël », a encore dit le président américain, en appelant le Premier ministre Benyamin Netanyahu à « renforcer et changer » l’exécutif israélien. Il a aussi estimé qu’Israël, qui bombarde intensément la bande de Gaza, commençait à perdre le soutien de l’opinion publique mondiale.

    C’est la première fois depuis l’attaque du 7 octobre dernier que le président démocrate fait ainsi état publiquement de ses divergences avec l’exécutif israélien.

    #Pauvre_Joe #Pauvre_Monde

    • 🇮🇱שלמה קרעי - Shlomo Karhi sur X : « מכבדים ומוקירים את נשיא ארצות הברית ג’ו ביידן שיצא מגדרו בתקופתה הקשה ביותר של מדינת ישראל. זוהי ידידות אמת. אבל אנחנו חיים כאן, זוהי ארצנו. נחלת אבותינו ההיסטורית. לא תהיה כאן מדינה פלסטינית. לעולם לא נאפשר להקים מדינה נוספת בין הירדן לים. לעולם לא נחזור על אוסלו. ובמילותיו של… » / X
      https://twitter.com/shlomo_karhi/status/1734631075043778670

      Nous respectons et chérissons le président des États-Unis, Joe Biden, qui a fait tout son possible pendant la période la plus difficile de l’État d’Israël. C’est la vraie amitié.

      Mais nous vivons ici, c’est notre pays. La propriété historique de nos ancêtres. Il n’y aura pas d’État palestinien ici. Nous ne permettrons jamais qu’un autre État s’établisse entre le Jourdain et la mer. Nous ne retournerons jamais à Oslo.

      Et selon les mots du président Biden : « La sécurité du peuple juif est ici en jeu. »

      Définitivement oui. Un État palestinien le mettrait en danger.

      Merci, Monsieur le Président.

      Le type est Ministre des Communications de l’état sioniste, il est infiniment plus puissant que le Hamas mais personne n’a rien entendu ni vu.

      #genocide_joe #farce

  • The wealthy Nigerians buying citizenship overseas
    (article paru en 2020, que je me mets ici pour archivage)

    Every year an increasing number of Nigerians flee poverty and unrest at home. Now, rich Nigerians are planning their escape too. And they’re taking their money with them.

    Dapo has spent too long at home in Lagos, Nigeria. Back in October, protests against the SARS police unit kept him from going to his office. “First, we were told to stay at home because of the coronavirus. Then this,” he says.

    A wealthy Nigerian, Dapo, who is in his late 30s, does not want to make himself identifiable by giving his surname and age, lest it draw unwanted attention.

    He has had a “backup plan” for getting out of Nigeria for some time, he says. “I have Maltese citizenship. I can leave for there any time.” With one small obstacle – a 14-day quarantine upon arrival – Dapo could be permanently in Malta any time he pleases. He is not planning to go imminently, but describes it as his “plan b’’.

    Dapo is one of a rapidly growing number of Nigerians who have bought so-called “golden visas” or foreign citizenships-by-investment this year. In his case it was Malta, the Mediterranean island where citizenship can be acquired for a minimum investment of 800,000 euros ($947,180) through the Malta Citizenship by Investment Programme.

    Not that he has any special love for Malta. A record 92 countries around the world now allow wealthy individuals to become residents or citizens in return for a fee, sometimes as low as $100,000 but often several million dollars. It is billed as a “win-win”: The country gets much-needed foreign investment and, in return, the new citizens have new passports that open up more of the world to travel or live in.

    Golden visas are the lesser-reported side of the Nigerian migration story. Every year thousands of Nigerians make their way to Europe via perilous crossings over the Sahara and Mediterranean. Now their wealthier counterparts are also making their way to Europe but via a different route.
    A record year for golden visas

    Whether rich or poor, the reasons for leaving one’s home country are often the same. Fear of political uncertainty at home and hope for better opportunities elsewhere. But 2020 has been exceptional.

    Like Dapo, Folajimi Kuti, 50, was watching the #EndSARS protests from his home in Lagos in October. “I have children, they’re teenagers, and they’re asking me questions like, ‘How did we get here?’” he says, referring to the violence that accompanied demonstrations against the controversial Special Anti-Robbery Squad (SARS).

    Kuti says he has believed for some time that social unrest would boil over in Nigeria, because of issues of poverty and police brutality. “It had been clear for the past two or three years that something was going to happen. It’s happened now in 2020 but, frankly, we’ve been expecting this outburst for a while so it wasn’t a matter of ‘if’. It was a matter of ‘when’.”

    Citizenship or residency abroad has become appealing, he adds. As a financial adviser to the wealthy, Kuti knows the process of applying for one having walked clients through it before. Most of his work involves advising Nigeria’s growing number of millionaires about investments and wealth planning. But now they are asking about foreign citizenships and Kuti himself is tempted by the idea. “Just knowing that if you need to go you certainly could and move without any restriction.”

    The rush for golden visas among rich Nigerians started before October’s SARS protests. At London-based Henley & Partners, one of the world’s largest citizenship advisory firms, applications by Nigerians increased by 185 percent during the eight months to September 2020, making them the second-largest nationality to apply for such schemes after Indians.

    More than 1,000 Nigerians have enquired about the citizenship of another country through Henley & Partners this year alone, which Paddy Blewer, head of marketing, says “is unheard of. We’ve never had this many people contacting us”.

    Many, like Kuti, saw political problems ahead and wanted an escape plan. Others were focused on coronavirus: What if the pandemic overwhelms Nigeria?

    “There is a lack of primary healthcare capacity that would be able to manage with either a second wave or whatever happens in, say, 2025,” says Blewer. “Let’s say there is COVID-21 still going on in 2025 that is of an order or magnitude worse. It’s, ‘Do I want to be based here and only based here, or do I want an alternative base of operations where I believe I will be safer and I will be able to run my global businesses’.

    “And, I think, that’s what COVID has driven.”

    It was in July, when the number of COVID-19 cases in Nigeria escalated, that wealthy Nigerians started looking more seriously at citizenship abroad, experts say. “Those with medical conditions that could not fly out – a lot of them are buying passports just because if there is any problem they can fly out,” says Olusegun Paul Andrew, 56, a Nigerian entrepreneur and investor who spends much of the year in the Netherlands.

    “Flying out” of Nigeria is hard and not just because of the coronavirus pandemic. Just 26 countries allow Nigerian passport holders visa-free entry, many of them part of West Africa’s ECOWAS arrangement. Both the United Kingdom and Europe’s Schengen zone require Nigerians to obtain visas ahead of travelling.

    For the wealthy, this is too much hassle. “They don’t want to be queueing for visas for any EU country or whatever,” says Andrew. Instead, why not purchase the citizenship of a country with visa-free access to Europe?
    To Europe, via the Caribbean

    Bimpe, a wealthy Nigerian who also does not wish to give her full name, has three passports. One Nigerian, which she says she never uses, and two from Caribbean nations: St Kitts and Nevis; and Grenada.

    The St Kitts and Nevis passport, which cost her $400,000 via a real estate investment programme, was useful when she travelled between London and New York on business as it allows for visa-free travel to the UK and Europe. But now that she has retired in Abuja, Bimpe, whose husband has passed away, wants her three adult sons to have the same opportunities to travel and live abroad.

    “My kids were interested in visa-free travel. They are young graduates, wanting to explore the world. So that was the reason for my investment,” she explains.

    Her investment to gain a Grenada passport for herself and her sons took the form of a $300,000 stake in the Six Senses La Sagesse hotel on the Caribbean island, which she bought in 2015 through a property development group called Range Developments. Like most countries offering their citizenship for sale, Grenada allows real estate investments to qualify for a passport.

    Bimpe’s family has lived overseas before – spending nine years in the UK between 2006 and 2015. Of her three sons, she says: “One, for sure now, is never going to leave Nigeria. He loves it here. The second one lives in England. He’s been in England long enough to get British residency. My youngest – for him, living abroad is a very, very attractive option. He’s not very happy [in Nigeria]. He went to England very young – at age 12 – and he’s had a problem adjusting since. He’s been back in Nigeria five years and he’s still not settled.”

    Now aged 26, Bimpe’s youngest son is looking at settling in the UK or in the US where, thanks to his Grenada citizenship, he qualifies for an E-2 visa, something not available to his fellow Nigerians since President Donald Trump’s ban on immigrant visa applications in February. Bimpe believes his career opportunities in acting – he studied Drama in the UK – are better abroad, and therefore considers the Grenada citizenship to be a worthwhile investment.

    Neither Bimpe nor her sons have ever been to Grenada even though their investment allows them to stay on the Caribbean island, once known as The Spice Island. “I intend to go. I would like to go,” she says. “Just when I did [the investment], it was soon after my husband died and I wasn’t in the mood for travel and then I got my passport but there was no good reason for travel due to the pandemic.”

    The Six Senses La Sagesse is being constructed by Range Developments, whose founder and managing director, Mohammed Asaria, says it is not unusual for investors never to visit. In fact, since there is no obligation for citizenship investors to visit Grenada, interest in the scheme has ballooned among Nigerians.

    “We have between high single figures and low double-digit sales of hotel units on a monthly basis to Nigerians. The average investment is just under $300,000,” says Asaria. “It’s a big market for us. And it’s going to get bigger. There are 300 million people [in Nigeria].” Of these, more than 40,000 are millionaires and, therefore, potential customers for golden visas, according to the Knight Frank Wealth Report.

    It is a similar story across the Caribbean. Arton Capital, a citizenship advisory group, says demand from Nigerian families for Antigua and Barbuda citizenship is up 15 percent this year compared with the last.

    St Lucia has also seen a record number of Nigerians applying in 2020. “It’s more than it’s ever been over the past four years,” says Nestor Alfred, CEO of the St Lucia Citizenship-by-Investment Unit.

    The citizenship market is not exclusive to the Caribbean, but these are the cheapest and they maintain that all-important visa-free access to Europe that their clients are hankering after.
    Tax incentives

    “I’m rich but I’m not a Donald Trump. I wasn’t looking for a tax escape,” says Bimpe.

    Investing in a foreign citizenship is not illegal for Nigerians, but the issue of wealthy citizens moving their assets overseas is a thorny one in Nigeria, where about $15bn is lost to tax evasion every year, according to the country’s Federal Inland Revenue Service. Much of that money finds its way to the Caribbean, as was highlighted in the leaked documents that formed part of the Panama Papers in 2016.

    The tax benefits of an overseas citizenship are undoubtedly attractive. Citizens can become tax residents of countries like Dominica, where there is no wealth or inheritance tax, or Grenada which offers “corporate tax incentives”. In Europe, Malta has long been courting hedge funds with its light-touch regulations.

    Being a citizen of a country with a more stable currency is also appealing to the wealthy. “Second citizenship helps with capital mobility. Pull up a graph of the Naira. If you look at the Naira for the last 10 years it’s been a horrible journey,” says Asaria. Better, therefore, in the minds of the wealthy, to own assets in euros or even East Caribbean dollars which are pegged to the US dollar.

    “Businesses are struggling, inflation on the rise, insecurity, and a host of other issues. These issues have prompted an increase in citizenship or residency-by-investment from wealthy Nigerians in a bid to secure a better future for their families in developed countries,” says Evans Ahanaonu, a Lagos-based representative for High Net Worth Immigration, a citizenship advisory firm. Grenada and Turkey are popular for clients wanting quick access to Europe, he adds, while some go straight for the UK Innovator Visa which means setting up a business in the UK.

    Given the number of applications processed by the citizenship advisory firms interviewed just for this article, a conservative estimate would put the amount invested by Nigerians into citizenship schemes at more than $1bn this year alone.
    Where rich and poor migrants meet

    The loss of wealth from Nigeria has severe implications for levels of employment in the country. With wealthy businesspeople investing their capital outside Nigeria rather than in it, there is less funding for local businesses or government projects which might otherwise generate employment. This, in turn is causing more poorer Nigerians to want to move overseas as well, in search of better work opportunities, a trend backed up by the findings of a 2018 survey by Afrobarometer, the data analysis group.

    Just before the pandemic struck, Kingsley Aneoklloude, 35, was able to make his way to Europe, but via a very different route.

    He was working as a mechanic in his village in Edo State, one of the country’s poorer provinces which have been untouched by oil wealth, where he earned 1,500 naira ($3.95) a week.

    The salary was poor but the final straw was police brutality. Aneoklloude was briefly employed as a local election monitor during the 2015 presidential elections. He says he was pressured by representatives of a political party to manipulate ballot papers, but refused, after which he became afraid for his safety. “I left because they were chasing me. Honestly, they come and chase me,” he says.
    Libya migrant business

    First, he went to Kano State in the north of Nigeria. Then, in December 2019, Aneoklloude made the dangerous journey to Europe via Niger, then Libya, “where there was a heavy war in Tripoli”, before crossing the Mediterranean.

    While adrift on the Mediterranean Sea, his small boat was rescued by Open Arms, an NGO which helps refugees and migrants crossing the Mediterranean. Their ship docked in Lampedusa, one of the Italian Pelagie Islands, where Aneoklloude’s asylum application for Germany was processed.

    Now in Potsdam, Germany, he is waiting to hear the outcome of his application for new citizenship and a job. “I have a nine-month contract for work, but they need the immigration officer to sign the contract before I start,” he explains.

    At 35, Aneoklloude is just a few years younger than Dapo. Both have witnessed police brutality from different angles, and both saw the Mediterranean as their way out.

    But now, with Nigeria’s economy officially in another recession, more will likely follow. It is a dangerous spiral: The more wealth taken out of Nigeria, the fewer jobs available to its poorest.

    https://www.aljazeera.com/features/2020/12/10/wealthy-nigerians-buying-citizenship-overseas

    #visas #golden_visas #Nigeria #migrants_nigérians #réfugiés_nigérians #riches #pauvres #migrations #asile #réfugiés #Malte #foreign_citizenships-by-investment #citoyenneté #Henley_&_Partners

  • Thomas Piketty : « L’idéologie antipauvres finit par conduire à une dégradation générale de la qualité du service public »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/09/thomas-piketty-l-ideologie-antipauvres-finit-par-conduire-a-une-degradation-

    Ce n’est pas en se défoulant sur les plus précaires que l’on va résoudre les problèmes sociaux, plaide l’économiste dans sa chronique.

    Disons-le d’emblée : l’enquête édifiante publiée par Le Monde sur les procédures intrusives et ubuesques subies par des milliers d’allocataires des caisses d’allocations familiales (CAF) pose des problèmes fondamentaux pour l’avenir de la Sécurité sociale et des services publics, en France, en Europe et dans le monde. En épluchant des milliers de lignes de code indûment dissimulées, en rencontrant des personnes fragilisées et des parents isolés injustement pourchassés pour des trop-perçus imaginaires, les journalistes ont montré les conséquences dramatiques de ces pratiques algorithmiques aveugles sur les existences quotidiennes.

    Encore faut-il préciser que les agents des CAF sont souvent (? ndc) les premiers à dénoncer ces pratiques imposées par leur direction et par les responsables politiques à l’institution sociale à laquelle ils sont attachés. Rappelons que les CAF gèrent avec des moyens limités non seulement les allocations familiales, mais aussi le revenu de solidarité active (revenu de base et complément de revenu pour les bas salaires), les allocations logement, celles destinées aux parents isolés ou aux personnes handicapées, les prestations liées aux gardes d’enfants, etc., soit au total près de 14 millions d’allocataires (environ la moitié des ménages).

    Les coûts de fonctionnement des CAF comme des caisses de l’Assurance-maladie et de l’ensemble des caisses de la Sécurité sociale ont toujours été extrêmement modestes : entre 2 % et 3 % des prestations versées suivant les cas, contre 15 % à 20 % pour les compagnies d’assurances privées. Cette efficacité publique est une bonne chose en soi, à condition toutefois de ne pas pousser trop loin dans cette direction.
    Le problème est que le pouvoir politique n’a cessé de faire pression sur les caisses pour réduire toujours davantage ces coûts. La situation s’est notamment dégradée à la suite de l’arrivée au pouvoir en 2007 de Nicolas Sarkozy, qui a mis en avant la nécessité d’une chasse sans merci à la fraude sociale et les allocataires soupçonnés de ruiner le système.

    Glorification des « premiers de cordée »

    Et qu’importe si toutes les études montrent que la fraude fiscale et l’évasion en col blanc portent sur des montants autrement importants. Puisqu’il est compliqué de s’en prendre aux plus riches, vengeons-nous sur les plus pauvres ! Cette glorification des « premiers de cordée » et cette stigmatisation des plus #pauvres (réputés incapables de « traverser la rue » pour trouver un emploi, et régulièrement accusés de coûter un « pognon de dingue ») se sont encore accentuées avec Emmanuel Macron depuis 2017. Sommées de débusquer les #fraudeurs et de faire du chiffre avec des moyens humains réduits, les CAF se sont alors lancées dans la dérive algorithmique mise au jour par les journalistes. [dès 2010, en fait,c-à-d sous Hollande ndc]

    Le pire dans cette évolution est que l’#idéologie_antipauvres finit par conduire à une dégradation générale de la qualité du service public. Si vous n’en avez pas fait l’expérience vous-même, demandez autour de vous. Depuis plusieurs années, si vous envoyez un message aux CAF sur l’interface prévue à cet effet, la machine vous répond que les messages traités actuellement sont ceux réceptionnés il y a trois mois, et que le vôtre devra attendre (six mois plus tard, il attend toujours).

    En revanche, si l’on vous reproche un trop-perçu, parfois fantaisiste, il faut payer tout de suite, sans recours possible. Pour ceux qui en ont les moyens, ces situations ubuesques sont pénibles mais gérables. Pour tous ceux dont les finances sont tendues, c’est insupportable. De toute évidence, les #CAF ne disposent pas des moyens humains permettant de rendre un service de qualité et de traiter correctement les usagers, ce qui est extrêmement douloureux pour toutes les personnes impliquées.

    Cette dégradation du service public se retrouve dans de multiples domaines, par exemple avec des délais de plus de six mois pour obtenir des papiers d’identité, des procédures de remboursement toujours trop lourdes auprès de l’Assurance-maladie et des mutuelles, ou encore l’opacité extrême des #algorithmes d’affectation dans l’enseignement supérieur, dans un contexte de pénurie de places et de moyens dans les filières les plus recherchées.

    Stratégie de droite

    La stratégie de la droite visant à stigmatiser les pauvres et les « assistés » comme responsables des maux du pays est doublement perdante : elle fragilise les plus modestes et conduit à la dégradation du service public pour tous et au règne du chacun-pour-soi, au moment même où nous aurions besoin de socialiser davantage de ressources pour pourvoir aux besoins criants dans la santé, l’éducation et l’environnement. La vérité est que c’est dans le secteur privé que se trouvent les gaspillages et les rémunérations indues, et non dans les caisses sociales et les services publics.

    Cette nouvelle idéologie antipauvres est d’autant plus inquiétante qu’elle est au cœur des recompositions politiques actuelles. La loi antisquatteurs adoptée fin 2022 par une coalition RN-LR-Renaissance en est l’incarnation. Elle montre aussi les impasses de cette approche : ce n’est pas en se défoulant sur les plus #précaires et en fragilisant l’ensemble des #locataires à grands coups de bail raccourci de location meublée et d’expulsion accélérée que l’on va résoudre les problèmes de logement des dizaines de millions de ménages mal logés et mal isolés.

    Cette question est aussi l’occasion de combattre le RN sur le seul terrain qui vaille : celui des faiblesses et des incohérences de son programme. La conversion sociale du RN est un leurre. Le parti reste profondément imprégné de libéralisme économique, comme le montre sa volonté de supprimer l’impôt sur la fortune immobilière, de la même façon que Jean-Marie Le Pen voulait supprimer l’impôt sur le revenu dans les années 1980. Il est plus que temps de sortir des obsessions identitaires actuelles et de remettre les questions socio-économiques au centre du débat public.

    https://seenthis.net/messages/1028926

  • « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53696/la-vie-etait-devenue-impossible--au-bangladesh-la-pauvrete-et-linsecur

    « La vie était devenue impossible » : au Bangladesh, la pauvreté et l’insécurité poussent des milliers de personnes à l’exil
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    La nuit est noire de jais. À 50 km des côtes libyennes, ce 3 novembre, seul le phare du Zodiac de sauvetage du Geo Barents, navire de Médecins sans frontières (MSF), éclaire les visages des 30 passagers de l’embarcation qui lui fait face. Ils sont tous Bangladais. Un peu plus d’une demi-heure plus tard, tous posent le pied sur le pont du bateau humanitaire. L’inquiétude fait place au soulagement. Les premiers sourires se dessinent. Ce sauvetage leur assure de faire route pour l’Italie, destination finale d’un périple entamé à des milliers de kilomètres de là, au Bangladesh. Chaque année, des milliers de ses ressortissants empruntent cette route migratoire qui passe par la Méditerranée centrale. Souvent le trajet est le même : les exilés prennent l’avion depuis Dacca, la capitale, et atterrissent en Égypte après plusieurs escales avec un visa de travail, obtenu avant le départ par un passeur.
    Les frais de ce voyage sont réglés directement au Bangladesh, ou à l’arrivée en Égypte. Depuis Le Caire, les candidats à l’exil sont ensuite transférés par des passeurs, en voiture ou dans des vans, jusqu’à l’ouest de la Libye. C’est là, depuis une plage de cette région propice aux départs, qu’ils prennent finalement la mer direction l’Europe. Sur les 152 882 personnes débarquées en Italie cette année, 12 100 sont bangladaises. Soit la quatrième nationalité représentée par les primo-arrivants dans le pays, derrière la Guinée, la Tunisie et la Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui poussent ces migrants sur la route la plus meurtrière au monde ? Pour Nordine Drici, président de l’association Planète Réfugiés et Droits de l’Homme, et ancien juge à la Commission nationale du droit d’asile (CNDA), « le contexte de pauvreté très important dans le pays » en est l’une des réponses. « Les inondations, les cyclones, rendent les Bangladais très vulnérables, explique-t-il. Sur ce petit territoire disputé par 168 millions d’habitants, et qui se rétrécie à vue d’œil avec l’érosion de la côte, avoir une terre à cultiver est un privilège que très peu de gens peuvent s’offrir ». (...) Malgré les « progrès remarquables » accomplis par le Bangladesh dans la réduction de la pauvreté monétaire globale, la pauvreté multidimensionnelle reste élevée et les inégalités de revenus se sont accrues, affirme l’Organisation des nations unies (ONU), en particulier dans les zones urbaines. L’ONG Oxfam confirme : la pauvreté dans le pays est « aussi extrême que généralisée », presque la moitié de la population vivant avec moins d’un dollar par jour. Une situation qui, avec le changement climatique, ne cesse de s’aggraver. « De par sa position géographique […] le Bangladesh subit régulièrement des catastrophes naturelles aux conséquences désastreuses », déplore aussi Oxfam. Fin août 2023, de fortes pluies et inondations soudaines ont provoqué destructions d’habitations, glissements de terrain, et perte de cultures dans le sud-est du pays. Et ce, trois mois après le passage dévastateur du cyclone Mocha, qui avait déjà causé de sérieux dégâts dans plusieurs régions.
    Gouverné d’une main de fer par la Première ministre Sheikh Hasina depuis 2009, le pays est actuellement en proie à une sévère répression menée par les autorités en place. Début octobre, des manifestations pour réclamer un meilleur pouvoir d’achat et d’autres évènements, organisées par le parti nationaliste du Bangladesh (BNP), dans l’opposition, ont été sévèrement réprimées. D’après un rapport publié le 27 novembre par Human Rights Watch, en un mois, au moins 10 000 militants ont été arrêtés, 5 500 personnes blessées et 16 sont mortes, dont deux policiers.
    À l’approche des élections, le 7 janvier 2024, « la violence politique est extrême, assure Nordine Drici. Avec le retour en force de l’opposition, le régime se sent en insécurité, et la Première ministre, fragilisée. Le retour de bâton est d’autant plus fort pour les Bangladais ». Comme Abdulla, Rubel a quitté sa ville natale de Muksudpur « pour des raisons de sécurité ». « Dans mon pays, les droits de l’Homme ne sont pas respectés. À cause du conflit qui oppose la Ligue Awami [parti au pouvoir] et le BNP, la violence augmente de jour en jour. Vivre là-bas est trop dangereux pour moi », racontait-il au lendemain de son sauvetage en mer..

    #Covid-19#migrant#migration#bangladesh#libye#italie#pauvrete#violence#emigration#routemigratoire#mediterranee#humanitaire#sante

  • Des chèques qui sauvent des vies - Québec Science
    https://www.quebecscience.qc.ca/societe/des-cheques-qui-sauvent-des-vies

    Comment lutter contre la pauvreté extrême dans les pays en développement ? En donnant de l’argent aux pauvres, tout simplement ! Si l’aide sociale existe depuis des décennies dans plusieurs pays industrialisés (depuis 1970 au Québec), une centaine de pays à revenu faible et moyen offrent maintenant des allocations ou des pensions de vieillesse aux personnes les plus démunies, qui peuvent ainsi répondre à leurs besoins essentiels comme elles l’entendent.

    Ainsi, depuis 2006, au Pérou, tous les ménages pauvres comptant au moins une femme enceinte ou un enfant reçoivent 100 soles (35 $ CA) par mois. En Haïti, le programme Ti Manman Cheri, fondé en 2013, vire chaque trimestre 1000 gourdes (10 $) aux familles admissibles, pour chaque enfant qui fréquente l’école primaire. Au Sénégal, les ménages vulnérables reçoivent 25 000 francs CFA (54 $) tous les trois mois, un programme fondé en 2014. Parfois assortis de conditions – comme envoyer son enfant à l’école ou le faire vacciner –, ces modestes paiements constituent souvent le seul filet de protection sociale.

    Les effets socioéconomiques de ces mesures – sur l’indépendance économique, l’autonomisation des femmes ou la sécurité alimentaire, par exemple – ont fait l’objet de plusieurs études. Leurs bénéfices pour la santé publique ne sont cependant pas encore reconnus à leur juste valeur, soutient Aaron Richterman, médecin et professeur à la division des maladies infectieuses de l’hôpital de l’Université de Pennsylvanie. Dans deux études récentes, ses collègues et lui ont montré que les programmes de transferts d’argent diminuent la mortalité chez les femmes et les enfants de cinq ans et moins, en plus de lutter efficacement contre l’épidémie de VIH.

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • Les femmes de Gaza coincées entre occupation et contrôle social (2017) - Socialisme libertaire

    Les femmes de Gaza coincées entre occupation et contrôle social. 
    Contrôle des naissances, contraception et avortement. 
    Dans la bande de Gaza, sous blocus total depuis exactement dix ans, l’auteure a mené une recherche sur les déterminants socioculturels des grossesses non désirées, de la contraception et des avortements. Dans ce territoire densément peuplé où le taux de fécondité reste élevé et où la vie quotidienne est si difficile, comment sont-ils perçus ? Comment les barrières sociales qui font entrave à leur prise en charge agissent-elles et quel impact cela a-t-il sur les tendances démographiques ? (...)

    #Gaza #femmes #oppression #domination #pauvreté #religion #patriarcat

    https://www.socialisme-libertaire.fr/2017/05/les-femmes-de-gaza-coincees-entre-occupation-et-controle-socia

  • Les ménages les plus aisés ont échappé au piège de l’inflation, pas les plus modestes

    L’#Insee publie deux études qui permettent de mesurer l’impact de l’inflation sur le niveau de vie. Conséquence d’une #politique_antiredistributive du gouvernement, les 10 % les plus aisés sont les seuls à avoir vu leur capacité d’acheter progresser.

    LaLa France a connu en 2022 le plus fort taux d’inflation depuis le milieu des années 1980, avec un niveau moyen de 5,2 %. Cette accélération de la hausse des prix est souvent difficile à traduire en termes d’impact sur le niveau de vie, car le taux d’inflation concerne un panier moyen assez éloigné de la réalité des dépenses quotidiennes des ménages. De même, il est parfois difficile de saisir la réalité de l’évolution des revenus qui viendrait compenser cette hausse des prix.

    Deux études de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiées jeudi 23 novembre dans le cadre de son « Portrait social de la France » annuel tentent néanmoins de saisir le phénomène. La première décrypte l’impact sur les niveaux de vie des mesures sociofiscales, c’est-à-dire des mesures prises par le gouvernement sur le plan des allocations, exceptionnelles ou non, et des changements fiscaux. La seconde tente d’établir un état des lieux de l’évolution du niveau de vie en 2022 en estimant l’impact de l’évolution des différents types de revenu.

    Cela ne surprendra personne, mais le résultat de cette dernière étude confirme la baisse majeure du niveau de vie en France en 2022. Selon l’Insee, les mesures sociofiscales et l’évolution des revenus n’ont, en moyenne, compensé que 90 % de la hausse estimée des dépenses liées à l’inflation. C’est-à-dire que les revenus ont augmenté 10 % en deçà de la hausse des dépenses.

    Mais la facture n’a pas été la même pour tout le monde. Pour 80 % des Français, l’impact négatif est plutôt compris entre 15 % et 20 %, et plutôt proche de 20 %. Mais pour les 10 % qui bénéficient des revenus les plus élevés, l’année 2022 a été une année où les revenus ont dépassé de 10 % la hausse des prix.

    Autrement dit, l’inflation a encore creusé les inégalités réelles. Cette vérité est d’autant plus dure que pour les plus modestes, la compensation n’est liée qu’à des mesures ponctuelles, alors que pour les plus riches, ce sont les revenus primaires qui ont augmenté.
    Les effets des mesures gouvernementales

    Pour comprendre le phénomène, il faut revenir à l’impact de la hausse des prix sur les dépenses des ménages. L’Insee a travaillé sur l’hypothèse d’une stabilité des comportements, autrement dit sur une structure stable des dépenses. Dans les faits, bien sûr, l’inflation conduit à des changements de comportement de consommation. Mais l’idée ici est de comparer l’effet de l’inflation de 2022 sur le niveau de vie de 2021, l’hypothèse est donc cohérente.

    L’Institut estime que le renchérissement de ces dépenses s’élève en moyenne à 1 320 euros sur 2022. Mais là encore, la situation n’est pas la même selon le niveau de revenu. Si les plus riches ont une facture plus élevée en euros courants, ce qui est logique puisqu’ils consomment davantage, l’impact de cette hausse est beaucoup plus faible. Ainsi, les Français qui ont les 10 % des revenus les plus hauts ont vu leur niveau de vie amputé par l’inflation de 3,6 %. Mais pour ceux qui ont les revenus les 10 % les plus bas, cet impact négatif est de 7,4 %, soit plus du double.

    En face, deux sources de revenu sont venues compenser cette dégradation : d’un côté la politique sociofiscale, de l’autre l’effet des revenus primaires, c’est-à-dire l’effet des revenus du travail et du patrimoine.

    Sur le premier terrain, le gouvernement a multiplié les mesures ponctuelles comme le chèque énergie, la prime exceptionnelle de rentrée, l’indemnité inflation ou la revalorisation anticipée de certaines prestations. À cela se sont ajoutées quelques mesures pérennes de revalorisation, notamment celle de l’allocation pour les familles monoparentales ou la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé. Enfin, il y a eu la dernière phase de la suppression de la taxe d’habitation, imposée à l’État après sa décision de supprimer cette taxe pour les classes moyennes lors du premier quinquennat.

    Toutes ces mesures ont coûté 5,7 milliards d’euros en termes nets et, logiquement, elles ont d’abord profité aux plus modestes. Cumulées, elles ont apporté 190 euros supplémentaires par ménage en moyenne, mais l’effet est de 360 euros pour le premier décile de revenus (les 10 % qui ont les revenus les plus bas), soit un effet positif de 3,4 % sur leur niveau de vie. On voit qu’on est loin de la hausse des dépenses.

    A contrario des autres mesures sociofiscales, qui ont logiquement moins d’effet à mesure que le revenu augmente, la fin de la taxe d’habitation, qui concerne les 20 % de la population aux revenus les plus élevés, a, elle, permis d’ajouter 0,4 % de niveau de vie à cette seule population. Ce qui a un effet intéressant : l’effet des mesures sociofiscales sur les hauts revenus est, au total, plus important que pour les classes moyennes supérieures (les 30 % de la population dont les revenus sont supérieurs à la moyenne, mais inférieurs aux 20 % les plus riches).
    Des revenus du travail en faible progression

    Le deuxième élément clé pour saisir l’évolution du niveau de vie est celui des revenus primaires. Pour les plus modestes, l’essentiel des revenus est lié au salaire. Plus on s’élève dans la hiérarchie sociale, plus la part des revenus du patrimoine (immobilier, produits financiers divers, dividendes) augmente.

    Ce que montre l’étude de l’Insee, c’est que l’évolution des salaires a été très éloignée de celle des prix. Ils n’ont en effet augmenté le niveau de vie qu’entre 1,5 % et 2 % en moyenne, bien loin, par conséquent, des effets inflationnistes. Et là encore, ce sont les plus modestes qui en ont le moins profité.

    Pour les plus aisés, notamment les 10 % de la population aux revenus les plus élevés, l’augmentation des salaires n’a pas été très élevée en termes de niveau de vie. Mais elle est plus que compensée par l’augmentation des revenus du patrimoine. Cette dernière représente pour ces 10 % pas moins de 970 euros en moyenne, soit 1,5 % du niveau de vie. Pour les 90 % de la population restante, l’effet des revenus du patrimoine est en moyenne de 150 euros, soit entre 0,5 et 0,8 % du niveau de vie.

    Cette situation n’est pas étonnante, et elle est le fruit d’un phénomène de long terme en partie explicable par la stratégie du gouvernement de supprimer en 2018 l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et d’introduire un niveau maximal d’imposition sur les revenus du capital à 30 % (c’est le prélèvement forfaitaire unique ou PFU). Cela a conduit une partie des individus aisés à faire basculer leur revenu du salaire vers le dividende, plus intéressant fiscalement. C’est ce qui explique aussi l’écart de performance entre ces deux types de revenu.

    Au total, l’effet de l’évolution des revenus est très faible pour les plus modestes : ils ne compensent qu’à 25 % la hausse du prix des dépenses pour les 10 % aux revenus les plus faibles. Mais les plus aisés, eux, sont bien protégés : les 10 % aux revenus les plus élevés voient leurs revenus primaires compenser à 95 % la hausse de leurs dépenses liées à l’inflation.

    C’est ainsi que l’on en arrive au résultat final : malgré un effort de compensation important de l’État, les plus modestes restent les plus grandes victimes de l’inflation, tandis que les plus aisés, eux, gagnent sur tous les tableaux : hausse des revenus primaires grâce aux revenus du patrimoine et surplus de revenu grâce à la suppression de la taxe d’habitation.

    Il convient de le souligner : si les plus aisés voient leurs revenus augmenter plus vite que leurs dépenses, c’est certes grâce aux revenus du patrimoine, mais aussi et surtout à cause de cette suppression de la taxe d’habitation, qui est une mesure antiredistributive. Or, si le Conseil d’État a contraint le gouvernement à supprimer l’ensemble de cette taxe, rien n’empêchait ce même gouvernement de trouver des mesures compensatoires pour ne pas favoriser les revenus des plus aisés tout en appauvrissant la puissance publique et sa capacité de redistribution.

    Ce résultat est d’autant plus préoccupant que les plus modestes doivent principalement compter sur des mesures provisoires qui les laissent à la merci du bon vouloir de l’État, tandis que les plus riches, eux, peuvent s’appuyer pour leurs revenus sur des mesures pérennes (fin de la taxe d’habitation, baisse de l’impôt sur le capital).

    Si donc on réfléchit aux effets durables de l’inflation, il est important de noter, puisque les prix ne baisseront pas, que la perte de niveau de vie des Français sera durable. Le décalage entre le niveau des prix et les revenus va rester constant, faute de dynamique des revenus du travail et compte tenu du retrait des mesures anti-inflationnistes, qui ne prennent pas en compte cet aspect durable. Les plus riches, eux, peuvent se réjouir puisque l’amélioration de leur sort, déjà très favorable, sera encore plus notable avec le ralentissement des prix.
    La responsabilité du gouvernement

    Derrière ces chiffres déjà désastreux, il y a une réalité encore plus dure. Pour les ménages les plus modestes, les revenus du travail sont insuffisants et les revenus sociaux sont incertains, et même souvent menacés. La politique d’attaques contre les allocations-chômage en 2023 en a apporté la preuve formelle : le gouvernement n’est pas un garant fiable de l’évolution future de leur niveau de vie.

    On notera d’ailleurs que, malgré les « chèques énergie » et autres « indemnités inflation », les ménages les plus exposés aux dépenses importantes d’énergie et de carburant ont été les plus touchés. Le niveau de vie des ménages ruraux est ainsi plus dégradé que celui des ménages de la région parisienne, qui, en moyenne, est plutôt stable.

    En réalité, la responsabilité gouvernementale dans la situation décrite par l’Insee est bien plus vaste. Emmanuel Macron l’avait annoncé dès sa conférence de presse du 14 juillet 2020 : il défend une politique de « modération salariale » en vue de favoriser les profits et l’accumulation du capital. Cette logique sous-tend l’ensemble des réformes du marché du travail, des retraites et de l’assurance-chômage menées depuis 2017. Et elle va se poursuivre, comme l’a confirmé le chef de l’État mardi 21 novembre.

    Il n’y a donc aucune surprise à ce que les revenus salariaux ne suivent pas les prix. Évidemment, l’autre conséquence de cette politique, c’est que l’État, pour tenter de modérer l’effet désastreux de sa propre politique, doit intervenir avec des mesures coûteuses mais forcément partielles. Mesures que ce même État fera payer aux plus modestes plus tard par une politique de dégradation de la redistribution et des services publics au nom de la « réduction de la dette », puisqu’il refuse toute hausse d’impôts.

    La boucle est bouclée. Ce refus de la redistribution fiscale est, comme on l’a vu, très favorable aux plus aisés sur le long terme. L’État apparaît alors comme un Don Quichotte économique, feignant de lutter contre un mouvement de fond. À cette différence près avec l’Hidalgo de la Mancha que c’est lui-même qui initie et soutient ce mouvement de fond.

    Les satisfecit continus du gouvernement se glorifiant des différentes mesures d’aides contre les effets de l’inflation ne peuvent donc pas dissimuler l’échec patent de sa stratégie. En donnant la priorité aux profits et aux rentes, il met à contribution le travail et expose les ménages modestes aux conséquences directes de l’inflation.

    Ainsi, l’effet de l’inflation, plus fort pour le bas de la distribution des revenus, n’est pas le fruit d’une force économique malheureuse et incontrôlable, elle est directement le produit d’une politique. Et de fait, la faiblesse de la hausse des revenus du travail face aux prix confirme l’importance de l’indexation salariale pour préserver le niveau de vie des travailleurs. Mais le gouvernement préfère protéger les revenus des plus riches, et c’est même le cœur de sa philosophie économique.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/231123/les-menages-les-plus-aises-ont-echappe-au-piege-de-l-inflation-pas-les-plu
    #redistribution #économie

    #pauvreté #richesse #riches #pauvres #inflation #statistiques #chiffres #France #fiscalité #niveau_de_vie

  • « En sociologie, la prise en compte du ressenti peut aider à identifier les inégalités les plus critiques », Nicolas Duvoux
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/20/en-sociologie-la-prise-en-compte-du-ressenti-peut-aider-a-identifier-les-ine

    La sociologie ne peut prétendre à la neutralité, puisqu’elle est une science étudiant la société au sein de laquelle elle émerge. Elle est prise dans les divisions et conflits sociaux, elle met au jour des formes de contrainte et de domination auxquelles elle ne peut rester indifférente. De quel côté penchons-nous ?, demandait à ses pairs le sociologue américain Howard Becker, dans un texte majeur (« Whose Side Are We on ? », Social Problems, 1967). Cependant, cette discipline n’a pas vocation à se substituer à la politique et aux choix collectifs qui relèvent du débat public. La contribution qu’elle peut apporter est de formuler un diagnostic aussi précis que possible sur les dynamiques sociales et la différenciation de leurs effets selon les groupes sociaux.

    L’inflation et la hausse des prix alimentaires très forte depuis l’année 2022 affectent beaucoup plus durement les ménages modestes. Ceux-ci consacrent en effet une part plus importante de leurs revenus à ce poste de consommation. Le relever revient à formuler un constat objectif. De même, la hausse des taux d’intérêt immobiliers exclut davantage de l’accès à la propriété les ménages sans apport (plutôt jeunes et de milieux populaires) que les autres. Il y va ainsi des évolutions de courte durée, mais aussi de celles de longue durée : le chômage touche plus fortement les moins qualifiés, les ouvriers et employés, même s’il n’épargne pas les cadres, notamment vieillissants ; la pauvreté touche davantage les jeunes, même si elle n’épargne pas les retraités.
    Formuler un diagnostic suppose d’éviter deux écueils qui se répondent et saturent un débat public fait d’oppositions, voire de polarisation, au détriment d’une compréhension de l’état de la société. La littérature du XIXe siècle – comme les sciences sociales avec lesquelles elle a alors partie liée – a souvent oscillé entre d’un côté une représentation misérabiliste du peuple, en soulignant la proximité des classes laborieuses et des classes dangereuses, et de l’autre une vision populiste qui exalte les vertus des classes populaires. Claude Grignon et Jean-Claude Passeron l’ont montré dans un livre qui a fait date (Le Savant et le Populaire, Gallimard, 1989). De la même manière, le débat public semble aujourd’hui osciller entre un optimisme propre aux populations favorisées économiquement et un catastrophisme des élites culturelles.

    Cruel paradoxe

    Pouvoir envisager l’avenir de manière conquérante vous place du côté des classes aisées ou en ascension. Cette thèse a un enjeu politique évident : le rapport subjectif à l’avenir nous informe sur la position sociale occupée par un individu et non sur sa représentation de la société. Pour ne prendre qu’un exemple, sur la fracture entre les groupes d’âge, on n’est guère surpris qu’en pleine période inflationniste le regain de confiance en son avenir individuel soit le privilège quasi exclusif [d’un %] des seniors. Il faut être déjà âgé pour penser que l’on a un avenir, cruel paradoxe d’une société qui fait porter à sa jeunesse le poids de la pauvreté et de la précarité de l’emploi, au risque de susciter une révolte de masse.
    Peut-être est-ce un signe de l’intensité des tensions sociales, nombre d’essais soulignent le décalage entre la réalité d’une société où les inégalités sont relativement contenues et le pessimisme de la population. Les dépenses de protection sociale sont parmi les plus élevées du monde, sinon les plus élevées. En conséquence de ces dépenses, les Français jouissent d’un niveau d’éducation, d’égalité et d’une sécurité sociale presque sans équivalent. Ces faits sont avérés.

    Mais le diagnostic ne se borne pas à ce rappel : les données objectives qui dressent le portrait d’une France en « paradis » sont, dans un second temps, confrontées à l’enfer du « ressenti », du mal-être, du pessimisme radical exprimé par les Français, souvent dans des sondages. Ainsi, dans « L’état de la France vu par les Français 2023 » de l’institut Ipsos, il apparaît que « 70 % des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France ». Les tenants de la vision « optimiste », qui se fondent sur une critique du ressenti, tendent à disqualifier les revendications de redistribution et d’égalité.

    Or l’écart entre le « ressenti » et la réalité objective des inégalités peut être interprété de manière moins triviale et surtout moins conservatrice. Cet écart peut être travaillé et mis au service d’un diagnostic affiné de la situation sociale, un diagnostic qui conserve l’objectivité de la mesure tout en se rapprochant du ressenti.

    Une autre mesure de la pauvreté

    La notion de « dépenses contraintes » en porte la marque : ce sont les dépenses préengagées, qui plombent les capacités d’arbitrage des ménages, notamment populaires, du fait de la charge du logement. Entre 2001 et 2017, ces dépenses préengagées occupent une part croissante du budget, passant de 27 % à 32 %, selon France Stratégie. « Le poids des dépenses préengagées dans la dépense totale dépend d’abord du niveau de vie. Il est plus lourd dans la dépense totale des ménages pauvres que dans celle des ménages aisés, et l’écart a beaucoup augmenté entre 2001 (6 points d’écart) et 2017 (13 points d’écart). »
    Cette évolution et le renforcement des écarts placent de nombreux ménages – même s’ils ne sont pas statistiquement pauvres – en difficulté. La volonté de rapprocher « mesure objective » et « ressenti » permet de prendre une tout autre mesure de la pauvreté, qui double si l’on prend en compte le niveau de vie « arbitrable » , soit le revenu disponible après prise en compte des dépenses préengagées.

    De ce point de vue, l’équivalent du taux de pauvreté, c’est-à-dire la part des personnes dont le revenu arbitrable par unité de consommation est inférieur à 60 % du niveau de vie arbitrable médian, s’établissait à 23 % en 2011, selon des travaux réalisés par Michèle Lelièvre et Nathan Rémila pour la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Ce chiffre atteint même 27 % si l’on prend en compte les dépenses peu compressibles, comme l’alimentation. Comparativement, le taux de pauvreté tel qu’on le définit traditionnellement se fixait en 2011 à 14,3 %. L’augmentation de la fréquentation des structures d’aide alimentaire témoigne des difficultés croissantes d’une part conséquente de la population.

    Le parti du catastrophisme

    L’optimisme empêche de penser les réalités dans toute leur violence et d’identifier les remèdes qui conviennent le mieux à ces maux. Le catastrophisme doit également être évité. Il a tendance à accuser exclusivement les super-riches dans la genèse des maux sociaux, en mettant en avant une explosion des inégalités démentie par les faits, si l’on exclut le patrimoine et la forte augmentation de la pauvreté dans la période post-Covid-19. En prenant le parti du catastrophisme, la sociologie, et avec elle la société, s’exonérerait d’un travail de fond.
    Un certain nombre de points soulignés par ceux qui critiquent le pessimisme restent vrais. La société française a connu une relative mais réelle démocratisation de l’accès à des positions privilégiées. Les postes d’encadrement n’ont cessé d’augmenter en proportion de la structure des emplois, une partie non négligeable de la population – y compris au sein des catégories populaires – a pu avoir accès à la propriété de sa résidence principale, a pu bénéficier ou anticipe une augmentation de son patrimoine. Les discours sur la précarisation ou l’appauvrissement généralisés masquent la pénalité spécifique subie par les groupes (jeunes, non ou peu qualifiés, membres des minorités discriminées, femmes soumises à des temps partiels subis, familles monoparentales) qui sont les plus affectés et qui servent, de fait, de variable d’ajustement au monde économique. Le catastrophisme ignore ou feint d’ignorer les ressources que les classes moyennes tirent du système éducatif public par exemple.

    Le catastrophisme nourrit, comme l’optimisme, une vision du monde social homogène, inapte à saisir les inégalités les plus critiques et les points de tension les plus saillants, ceux-là mêmes sur lesquels il faudrait, en priorité, porter l’action. La prise en compte du ressenti peut aider à les identifier et à guider le débat et les décideurs publics, à condition de ne pas entretenir de confusion sur le statut des informations produites, qui ne se substituent pas aux mesures objectives, mais peuvent aider à les rapprocher du sens vécu par les populations et ainsi à faire de la science un instrument de l’action.

    Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, auteur de L’Avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine (PUF, 272 pages, 23 euros).

    voir cette lecture des ressorts du vote populaire RN depuis les années 2000
    https://seenthis.net/messages/1027569

    #sociologie #inflation #alimentation #aide_alimentaire #dépenses_contraintes #revenu_arbitrable #revenu #pauvreté #chômage #jeunesse #femmes #mères_isolées #précarité #taux_de_pauvreté #patrimoine #inégalités #riches #classes_populaires

    • « Les inégalités sont perçues comme une agression, une forme de mépris », François Dubet - Propos recueillis par Gérard Courtois, publié le 12 mars 2019
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/12/francois-dubet-les-inegalites-sont-percues-comme-une-agression-une-forme-de-

      Entretien. Le sociologue François Dubet, professeur émérite à l’université Bordeaux-II et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), vient de publier Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 112 p., 11,80 €).

      Reprenant l’expression de Spinoza, vous estimez que la société est dominée par les « passions tristes ». Quelles sont-elles et comment se sont-elles imposées ?

      Comme beaucoup, je suis sensible à un air du temps porté sur la dénonciation, la haine, le #ressentiment, le sentiment d’être méprisé et la capacité de mépriser à son tour. Ce ne sont pas là seulement des #émotions personnelles : il s’agit aussi d’un #style_politique qui semble se répandre un peu partout. On peut sans doute expliquer ce climat dangereux de plusieurs manières, mais il me semble que la question des #inégalités y joue un rôle essentiel.

      Voulez-vous parler du creusement des inégalités ?

      Bien sûr. On observe une croissance des inégalités sociales, notamment une envolée des hyper riches qui pose des problèmes de maîtrise économique et fiscale essentiels. Mais je ne pense pas que l’ampleur des inégalités explique tout : je fais plutôt l’hypothèse que l’expérience des inégalités a profondément changé de nature. Pour le dire vite, tant que nous vivions dans une société industrielle relativement intégrée, les inégalités semblaient structurées par les #classes sociales : celles-ci offraient une représentation stable des inégalités, elles forgeaient des identités collectives et elles aspiraient à une réduction des écarts entre les classes [et, gare à la revanche ! à leur suppression]– c’est ce qu’on appelait le progrès social. Ce système organisait aussi les mouvements sociaux et plus encore la vie politique : la #gauche et la #droite représentaient grossièrement les classes sociales.

      Aujourd’hui, avec les mutations du capitalisme, les inégalités se transforment et se multiplient : chacun de nous est traversé par plusieurs inégalités qui ne se recouvrent pas forcément. Nous sommes inégaux « en tant que » – salariés ou précaires, diplômés ou non diplômés, femmes ou hommes, vivant en ville ou ailleurs, seul ou en famille, en fonction de nos origines… Alors que les plus riches et les plus pauvres concentrent et agrègent toutes les inégalités, la plupart des individus articulent des inégalités plus ou moins cohérentes et convergentes. Le thème de l’#exploitation de classe cède d’ailleurs progressivement le pas devant celui des #discriminations, qui ciblent des inégalités spécifiques.

      Pourquoi les inégalités multiples et individualisées sont-elles vécues plus difficilement que les inégalités de classes ?

      Dans les inégalités de classes, l’appartenance collective protégeait les individus d’un sentiment de mépris et leur donnait même une forme de fierté. Mais, surtout, ces inégalités étaient politiquement représentées autour d’un conflit social et de multiples organisations et mouvements sociaux. Dans une certaine mesure, aussi injustes soient-elles, ces inégalités ne menaçaient pas la dignité des individus. Mais quand les inégalités se multiplient et s’individualisent, quand elles cessent d’être politiquement interprétées et représentées, elles mettent en cause les individus eux-mêmes : ils se sentent abandonnés et méprisés de mille manières – par le prince, bien sûr, par les médias, évidemment, mais aussi par le regard des autres.

      Ce n’est donc pas simplement l’ampleur des inégalités sociales qui aurait changé, mais leur nature et leur perception ?
      Les inégalités multiples et individualisées deviennent une expérience intime qui est souvent vécue comme une remise en cause de soi, de sa valeur et de son identité : elles sont perçues comme une agression, une forme de #mépris. Dans une société qui fait de l’#égalité_des_chances et de l’#autonomie_individuelles ses valeurs cardinales, elles peuvent être vécues comme des échecs scolaires, professionnels, familiaux, dont on peut se sentir plus ou moins responsable.

      Dans ce régime des inégalités multiples, nous sommes conduits à nous comparer au plus près de nous, dans la consommation, le système scolaire, l’accès aux services… Ces jeux de comparaison invitent alors à accuser les plus riches, bien sûr, mais aussi les plus pauvres ou les étrangers qui « abuseraient » des aides sociales et ne « mériteraient » pas l’égalité. L’électorat de Donald Trump et de quelques autres ne pense pas autre chose.

      Internet favorise, dites-vous, ces passions tristes. De quelle manière ?

      Parce qu’Internet élargit l’accès à la parole publique, il constitue un progrès démocratique. Mais Internet transforme chacun d’entre nous en un mouvement social, qui est capable de témoigner pour lui-même de ses souffrances et de ses colères. Alors que les syndicats et les mouvements sociaux « refroidissaient » les colères pour les transformer en actions collectives organisées, #Internet abolit ces médiations. Les émotions et les opinions deviennent directement publiques : les colères, les solidarités, les haines et les paranoïas se déploient de la même manière. Les #indignations peuvent donc rester des indignations et ne jamais se transformer en revendications et en programmes politiques.

      La démultiplication des inégalités devrait renforcer les partis favorables à l’égalité sociale, qui sont historiquement les partis de gauche. Or, en France comme ailleurs, ce sont les populismes qui ont le vent en poupe. Comment expliquez-vous ce « transfert » ?

      La force de ce qu’on appelle les populismes consiste à construire des « banques de colères », agrégeant des problèmes et des expériences multiples derrière un appel nostalgique au #peuple unique, aux travailleurs, à la nation et à la souveraineté démocratique. Chacun peut y retrouver ses indignations. Mais il y a loin de cette capacité symbolique à une offre politique, car, une fois débarrassé de « l’oligarchie », le peuple n’est ni composé d’égaux ni dénué de conflits. D’ailleurs, aujourd’hui, les politiques populistes se déploient sur tout l’éventail des politiques économiques.

      Vous avez terminé « Le Temps des passions tristes » au moment où émergeait le mouvement des « gilets jaunes ». En quoi confirme-t-il ou modifie-t-il votre analyse ?

      Si j’ai anticipé la tonalité de ce mouvement, je n’en avais prévu ni la forme ni la durée. Il montre, pour l’essentiel, que les inégalités multiples engendrent une somme de colères individuelles et de sentiments de mépris qui ne trouvent pas d’expression #politique homogène, en dépit de beaucoup de démagogie. Dire que les « gilets jaunes » sont une nouvelle classe sociale ou qu’ils sont le peuple à eux tout seuls ne nous aide guère. Il faudra du temps, en France et ailleurs, pour qu’une offre idéologique et politique réponde à ces demandes de justice dispersées. Il faudra aussi beaucoup de courage et de constance pour comprendre les passions tristes sans se laisser envahir par elles.

      #populisme

  • 🟥 Egalité climatique : une planète pour les 99% - Oxfam France

    À quelques jours de la COP28, Oxfam publie un nouveau rapport sur les inégalités climatiques dans le monde. Ce rapport révèle que les 1% les plus riches émettent plus de CO2 que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité soit 5 milliards de personnes.
    Alors que les individus, les entreprises et les pays les plus riches continuent de détruire la planète, les personnes les plus pauvres, celles qui sont les plus marginalisées, sont parallèlement les plus durement touchées par la crise climatique.

    #écologie #planète #pollution #CO2 #riches #pauvreté #inégalités #dérèglementclimatique #inégalitésclimatiques

    https://www.oxfamfrance.org/rapports/egalite-climatique-une-planete-pour-les-99

  • Bon, d’accord, le nouveau taré argentin a l’air sévèrement taré. Mais est-ce quelqu’un aurait des articles avec un peu de fond qui analysent pourquoi ce nouvel étron bolsonaro-trumpiste est parvenu à se faire élire ? (Culture-war réactionnaire ? Nullité du camp d’en face ? Gauche qui aurait abandonné les pauvres ? Classes moyennes barbarisées ?)

    • Notamment cette partie je pense :
      "Le discours de M. Milei touche surtout les jeunes, particulièrement exposés aux réseaux sociaux et aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. « Jamais, depuis la fin de la dictature, la droite radicale n’a eu une résonance aussi puissante auprès des jeunes », constate Ariel Goldstein, chercheur au Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet) à Buenos Aires. Selon un sondage du cabinet de conseil Synopis (9), la moitié des militants de M. Milei, majoritairement des hommes issus des classes moyenne et populaire urbaines, ont moins de 29 ans. Pendant la pandémie, « l’État est devenu leur ennemi », explique Sergio Morresi, politiste de l’université nationale du Littoral. « À leurs yeux, le discours progressiste selon lequel l’État est celui qui prend soin de nous, nous protège, nous aide, n’a pas de sens. Leur seule expérience est celle d’un État qui ne fonctionne pas. »"

    • taux de participation de 76 %

      Ils veulent apparemment le changement, quel qu’il soit.

      De mon côté, suivi de loin, je me souviens :
      – accusations de corruption contre les dirigeants de gauche
      – arrivée au pouvoir de la droite corrompue, marasme économique
      – retour d’une certaine gauche, mais sans retour à la normale
      – tensions sur la monnaie, historique lourd de ce point de vue, marchés internationaux peu amicaux
      – inflation incontrôlable

    • une salve de « vive la liberté, bordel ! », son slogan préféré, crié d’une voix rocailleuse de rockeur.

      « On peut s’attendre à un scénario de grande conflictualité sociale », estime Lara Goyburu, politiste à l’université de Buenos Aires, avec la probable mobilisation des syndicats et des organisations sociales. A moins, ajoute-t-elle, que Javier Milei n’opte pour la répression afin d’imposer ses réformes.
      Le président élu ne dispose pas de majorité au Congrès, ni de gouverneur provincial ou de maire appartenant à sa coalition : les doutes sur sa capacité à gouverner restent entiers. « Cela peut provoquer une paralysie institutionnelle. Car même en comptant sur les députés d’une partie de la droite, il n’aura pas de majorité qualifiée, observe la politiste. Aussi, il ne pourra peut-être pas retirer l’avortement légal ou dollariser l’économie, mais il va pouvoir couper de nombreuses dépenses publiques en gouvernant par décret. »

      dans Le Monde
      https://archive.ph/YfWEQ

      edit vu l’ampleur de la #pauvreté et le taux d’#inflation, on voit mal comme un ministre de l’économie aurait pu contrer ce sale type

      #Argentine

    • à propos de Milei un seen de @deun, " extrême droite et misère de position"
      https://seenthis.net/messages/1019616

      cite DES INSURRECTIONS SANS LUMIÈRES
      https://lundi.am/Des-insurrections-sans-lumieres

      à quoi ont ajouter la parution aujourd’hui de
      QUI EST JAVIER MILEI LE NOUVEAU PRÉSIDENT ARGENTIN LIBERTARIEN ? (D’après Pablo Stefanoni, La rébellion est-elle passée à droite ?)
      https://lundi.am/Qui-est-Javier-Milei-le-nouveau-president-argentin-libertarien

      une ode punk a icelui

      https://www.youtube.com/watch?v=6-g2OjuuNCs

      « Allez vous faire foutre, salauds d’empresaurios[empresario (entrepreneur) et dinosaurio (dinosaure) ] / Allez vous faire foutre, sodomites du capital / On en a marre des ordures keynésiennes / Le moment libéral est arrivé / Nous avons un leader, et c’est un référent majeur / Qui arrive toujours à incommoder l’État / Javier Milei, notre futur président / Javier Milei le dernier des punks / Toujours mobilisé contre la pression fiscale / Toujours mobilisé contre l’étatisme prédateur / Luttant pour une Argentine libertarienne / Et pour la liberté du peuple travailleur. »

      un résumé vidéo du Monde via @sandburg
      https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/article/2023/11/19/qu-est-ce-que-la-figure-de-javier-milei-nous-dit-des-crises-que-traverse-l-a

      #extrême_droite #paléolibertarianisme #libertariens

    • Argentine : Javier Milei n’est ni Trump ni Bolsonaro, il est pire,
      Ludovic Lamant
      https://www.mediapart.fr/journal/international/201123/argentine-javier-milei-n-est-ni-trump-ni-bolsonaro-il-est-pire

      L’Argentin Javier Milei est le dernier avatar d’un mouvement de fond des droites extrêmes « anti-système » qui s’épanouissent dans les failles et insuffisances des démocraties actuelles. Mais les rapprochements avec Donald Trump ou Jair Bolsonaro échouent à saisir la spécificité du phénomène.
      Le « saut dans le vide » tant redouté par les gauches argentines s’est produit : le #libertarien Javier Milei a été élu dimanche 19 novembre, avec un score sans appel et bien supérieur à ce qu’annonçaient des instituts de sondage décidément très peu fiables pour prendre le pouls du malaise qui traverse ce pays.
      Milei a devancé de plus de onze points son adversaire péroniste, le ministre de l’économie sortant, Sergio Massa, rassemblant pas moins de 14,5 millions de voix (sur 36 millions d’inscrit·es) . Sa formation, La liberté avance, s’est imposée dans 21 des 24 provinces du pays. Il a profité d’un report massif des voix des candidat·es arrivé·es en troisième et quatrième places au premier tour.

      Sans surprise, Donald Trump est l’un des premiers à avoir félicité sur X le vainqueur : « Je suis très fier de toi. Tu transformeras ton pays et lui redonneras de nouveau sa grandeur ! » Lors du premier tour, le 22 octobre, le fils de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro, député à Brasilia, avait fait le déplacement à Buenos Aires pour soutenir Milei : « Javier incarne l’espoir que les choses changent », avait-il dit, alors qu’il arborait ce jour-là une pince à cravate en forme de pistolet devenue virale sur les réseaux.
      Dès le mois d’août dernier, à l’approche des primaires dont Milei était déjà sorti vainqueur, Jair Bolsonaro en personne s’était fendu d’une vidéo de soutien : « [Milei et moi] partageons beaucoup de choses en commun. [...] Nous défendons la famille, la #propriété_privée, le #libre_marché, la liberté d’expression, le droit à se défendre. »

      Le énième avatar d’une « internationale national-populiste » ?

      Le triomphe de l’outsider Milei s’inscrit dans ce mouvement de montée en puissance des #droites les plus extrêmes, engagées dans une #guerre_culturelle contre les gauches progressistes. Milei tempête contre « la caste » comme Trump l’a fait contre « l’establishment » de Washington. Milei s’est fait connaître en tant qu’expert des plateaux de télévision à partir de 2015, comme Trump est passé par la télé-réalité dans les années 2000 pour accroître sa notoriété.
      En plus de leur style agressif, extravagant et télégénique, les trois – avec Jair Bolsonaro – tonnent contre « le communisme » et/ou « le socialisme » et défendent - sur des registres à peine différents - le droit de chaque citoyen à porter une arme pour se défendre. Trump, Milei ou encore Boris Johnson du temps du Brexit se sont nourris d’une explosion des inégalités dans leur pays, capitalisant sur le mal-être d’une classe moyenne appauvrie.

      « Des petits commerçants, des indépendants, qui gagnent peu, sont très remontés contre le #péronisme, et voient qu’ils gagnent quasiment la même chose que des chômeurs qui bénéficient de plans sociaux, expliquait à Mediapart le sociologue Gabriel Vommaro, du centre de recherche argentin Conicet et de l’EHESS à Paris. C’est une vieille histoire en sociologie politique, qui se répète : celle du jeune Blanc aux États-Unis, ou du Brexiter en Angleterre. »
      Interrogé par le site en espagnol de CNN, le patron de la version argentine du Monde diplomatique, José Natanson, identifie un autre point commun : tous ont profité, avant leur victoire, d’une « sous-estimation » : « Il y a l’idée qu’ici, cela ne peut pas arriver, qu’un personnage pareil ne peut pas devenir président de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay... Jusqu’à ce que cela arrive. »
      Mais le jeu des échos et comparaisons s’arrête là, au sein de cette « internationale national-populiste ». Les raccourcis qui présentent Milei comme un « Trump argentin » ne suffisent pas à comprendre ce qui se joue à Buenos Aires. L’ascension de Milei s’inscrit d’abord dans un contexte de dégradation du système politique argentin. Et beaucoup de ses caractéristiques sont très spécifiques.

      Un homme sans parti

      Aux États-Unis, Donald Trump s’est imposé aux primaires du parti républicain. Au Royaume-Uni, les partisans du Brexit ont pris d’assaut le parti conservateur (Tories). À Buenos Aires, Milei a construit son ascension sans ancrage national. Son pseudo-parti, La liberté avance, a enchaîné les mauvais scores aux différentes élections régionales qui ont ponctué l’année 2023, preuve que cette entité peine à exister si Milei ne se présente pas.
      Cela signifie d’abord que Milei a les mains libres pour fixer sa ligne radicale, en toute indépendance, avec quelques personnes clés de son entourage. À commencer par son énigmatique sœur cadette, Karina, qu’il surnomme, au masculin, « El jefe » (le chef), ou encore « Le messie », et qui fut la stratège en chef de sa campagne victorieuse.
      Revers de la médaille : à ce stade, son parti est loin de détenir les clés de la Chambre des député·es. Milei ne détiendra que 38 élu·es à la chambre basse (contre trois sur le mandat précédent). La majorité absolue est à 129. Il devra donc convaincre des député·es de la droite plus traditionnelle, par exemple au sein du PRO de Patricia Bullrich et Mauricio Macri.
      D’où les analyses de certains observateurs, qui font déjà de l’ancien président #Mauricio_Macri (2015-2019), le premier à avoir soutenu Milei durant l’entre-deux-tours, le « parrain » de la présidence Milei à venir.

      Une ascension éclair

      Au Chili, le candidat néo-pinochetiste José Antonio Kast, qui a failli l’emporter face à Gabriel Boric en 2021, est élu pour la première fois député en 2002. Au Salvador, Nayib Bukele, devenu l’une des figures les plus inquiétantes de l’extrême droite au pouvoir dans les Amériques après son élection à la présidence en 2019, a démarré sa carrière politique en 2012, depuis la gauche.
      Là encore, Milei tranche avec ce type de parcours. Il a été élu député national pour la première fois en décembre 2021. L’ascension éclair de ce novice en politique, dénué a priori de toute capacité de négociation politique, s’explique en grande partie par un contexte très local : le bilan calamiteux de la présidence péroniste d’Alberto Fernández depuis 2019. En particulier sur le front économique : une inflation de 648 % sur la période, des dévaluations du peso à répétition, et un taux de pauvreté en hausse, à 40,1 % de la population (18,5 millions d’Argentin·es).

      Un candidat « mono-thématique »

      Milei a longtemps été le candidat d’une seule proposition, la dollarisation de l’économie argentine face à l’inflation galopante (et son pendant, la fermeture de la Banque centrale), qu’il a martelée sur les plateaux télé. « Trump parlait d’économie mais de beaucoup d’autres choses, notamment d’international. Milei est davantage mono-thématique : il critique la caste et parle d’économie », relève le sociologue Gabriel Vommaro.
      Carlos Pagni, l’éditorialiste du quotidien La Nación l’explique autrement à Mediapart : « Milei n’est pas Bolsonaro, il serait plutôt comme la fusion de Bolsonaro et [Paulo] Guedes dans la même personne », en référence au conseiller économique ultralibéral de la présidence Bolsonaro.
      Si l’attention des médias, surtout à l’étranger, s’est fixée sur la personne extravagante de Milei, le triomphe électoral de dimanche est bien le fruit d’un binôme. Son choix de s’entourer de Victoria Villaruel comme candidate à la vice-présidence, a été un coup de maître.
      Il lui a permis de se faire entendre sur d’autres sujets que l’économie (critique des féminismes, opposition au droit à l’#avortement, dénonciation de la politique mémorielle sur la dictature menée par les Kirchner, etc.). Villaruel a permis à Milei à se relier à cette internationale ultra-conservatrice, de Giorgia Meloni en Italie à Santiago Abascal en Espagne, pour laquelle le libertarien n’avait jusqu’alors montré que peu d’intérêt.

      Un programme encore plus extrême

      Milei se dit « libéral libertarien » ou encore « anarcho-capitaliste ». Au-delà du vertige des étiquettes, son programme semble aller encore plus loin que ceux de Bolsonaro, Trump ou Kast. L’économiste portègne veut tout à la fois supprimer les ministères de l’environnement et de l’éducation, privatiser les médias publics et les compagnies énergétiques. « Tout ce qui peut se retrouver aux mains du secteur privé, sera remis aux mains du secteur privé », a-t-il déclaré lundi 20 novembre, lors de son premier entretien post-élection.
      Il veut encore libéraliser les ventes d’organes, faciliter le port d’armes et abroger le #droit_à_l’avortement. Il est revenu en fin de campagne sur ses promesses de privatiser l’école et l’éducation, reconnaissant lundi qu’il s’agit d’une compétence des provinces... Victoria Villaruel a de son côté encore électrisé la fin de campagne en promettant de fermer le musée ouvert depuis 2015 dans l’un des principaux centres de torture de la dictature argentine (1976-1983) à Buenos Aires, l’ESMA.
      À ce stade, celles et ceux qui pariaient sur un assouplissement de Milei une fois élu, contraint à des compromis avec des partis traditionnels pour former des majorités au sein de la Chambre, comme l’anticipait durant la campagne Guillermo Francos, annoncé comme son futur ministre de l’intérieur, en sont pour leurs frais. L’économiste de 53 ans, qui préfère « la mafia à l’État », a prévenu dès dimanche soir : « Il n’y a pas de place pour le gradualisme, la tiédeur ou les demi-mesures. »

      Un autre rapport à la religion ?

      Donald Trump et surtout Jair Bolsonaro ont pu compter sur le soutien des évangéliques. Milei confère lui aussi une place centrale au religieux, mais cela s’est surtout traduit, durant sa campagne, par une série de vives critiques à l’encontre du pape argentin François, accusé par des pans de la droite d’être trop progressiste (et de soutenir la campagne des péronistes). Bousculé sur le sujet par Sergio Massa durant le premier débat télévisé début octobre, Milei avait dû faire en partie marche arrière.
      Surtout, Milei assume une forme de mysticisme, qui transparaît dans les entretiens qu’il a donnés sur un registre plus personnel. Lorsqu’il était un peu moins connu, Milei a par exemple expliqué que la Banque centrale était « le malin », et que le socialisme avait été inventé par « le diable ». Son biographe, le journaliste Juan Luis González, auteur d’El Loco (Le fou, Planeta, 2023), décrit un « leader messianique », qui compare ses actions à des passages des textes sacrés, mais se compare aussi lui-même à des figures de la Bible, comme Moïse.
      Milei est persuadé que Dieu, non seulement existe et qu’il est libertarien, mais aussi qu’il lui est arrivé d’échanger avec lui. Il a déjà expliqué très sérieusement qu’il parlait à Dieu à travers son chien, Conan, mort en 2017, et dont il avait fait réaliser, peu de temps avant sa mort, six clones aux États-Unis.
      L’économiste reprend aussi souvent à son compte une citation de l’Ancien Testament, devenue très populaire sur les réseaux : « À la guerre, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. » L’un de ses autres slogans durant les meetings – « Je suis venu pour réveiller les lions », en référence à ses électeurs –, porte aussi cette couleur messianique, dont on peine à savoir, à ce stade, comment elle jouera sur sa manière de présider l’Argentine.

      #messianisme (de bazar)

    • #Milei_fou_furieux Après le #narco_capitalisme, l’#anarcho_capitalisme (en tant que dernier avatar du #capitalisme_de_désastre)

      L’économiste reprend aussi souvent à son compte une citation de l’Ancien Testament, devenue très populaire sur les réseaux : « À la guerre, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. » L’un de ses autres slogans durant les meetings – « Je suis venu pour réveiller les lions », en référence à ses électeurs –, porte aussi cette couleur messianique, dont on peine à savoir, à ce stade, comment elle jouera sur sa manière de présider l’Argentine.

      Pour ce dernier point, c’est pourtant assez facile à imaginer ...

    • En Argentine, la naissance du fascisme religieux de marché
      https://legrandcontinent.eu/fr/2023/08/21/en-argentine-la-naissance-du-fascisme-religieux-de-marche

      On pourrait nommer « fascisme religieux de marché » ou « autoritarisme technocratique » le type de régime que les libertariens et les nationalistes conservateurs entendent fonder en Argentine. Une pareille formule a déjà existé dans l’histoire de l’Amérique latine : dans le Chili de Pinochet, dans l’Argentine de Videla, dans le Pérou de Fujimori et dans le Brésil de Bolsonaro. Elle combine des réformes néolibérales avec l’autoritarisme politique, qui s’est exprimé dans les régimes dictatoriaux des années 1970 en Amérique latine et au Brésil ces dernières années. Une différence avec le phénomène Bolsonaro pourrait être que ce dernier bénéficiait d’un fort soutien de la part des militaires et des évangélistes, ce qui ne serait pas si évident à réaliser pour Milei.

      " La victoire de Milei aux primaires montre qu’une partie importante de la société considère que la voie de la recomposition sociale par le biais d’une proposition conflictuelle et autoritaire est plus appropriée. "
      Ariel Goldstein

      Le libéralisme de Milei et la démocratie libérale ne sont pas compatibles. Aucune société démocratique ne peut supporter ces réformes d’ajustement sans autoritarisme. Ce qui est intéressant, c’est la façon dont son langage combine les appels religieux avec la doctrine économique néolibérale. Il utilise des versets bibliques pour justifier ses positions économiques de réduction des dépenses publiques, telles que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3 : 19).

      Une phrase revient souvent dans La révolution libérale, un documentaire de Santiago Oría qui défend l’héritage de Milei, ainsi que dans sa campagne : « la guerre la victoire ne va pas aux plus nombreux, car c’est du Ciel que vient la force » (Maccabées 3 : 19).

      Milei est l’instrument de la revanche d’une partie de la société contre une classe politique perçue comme inutile, parasitaire et uniquement tournée vers ses propres intérêts. L’adhésion à un leader désigné comme celui qui punira un ennemi explique la montée en puissance de Milei, comme tous les phénomènes de droite radicale16.

      « Ceux qui jettent des pierres, je vais les mettre en prison et s’ils encerclent la Casa Rosada, ils devront me sortir mort » a-t-il déclaré lors de l’une de ses dernières apparitions télévisées. Milei mise ainsi sur une violence rédemptrice qui le montre, dans cette vision guerrière et religieuse, comme le grand illuminé. Il semble, en ce sens, avoir un profil plus fondamentaliste que Trump et Bolsonaro, qui dérive peut-être du fait qu’il a moins d’expérience politique que ces derniers.

      Ce que nous vivons est une nouvelle destruction de la composante rationaliste du libéralisme par un autoritarisme et un fondamentalisme religieux qui se l’approprient. Il appartient à la gauche, aux sociaux-démocrates, aux progressistes et aux libéraux de s’unir pour défendre cet ensemble d’idées et de valeurs afin de préserver la démocratie. En effet, le processus de normalisation, sous Milei, a été extraordinairement rapide. Aucun cordon sanitaire n’a été formé comme en Europe.

      Milei semble avoir un profil plus fondamentaliste que Trump et Bolsonaro, en raison de sa moindre expérience politique.

      Il a une vision fanatique de la réalité dans laquelle il fait une distinction entre les personnes « pures » et « impures ». Par exemple, cette réflexion adressée à la dirigeante de l’opposition, Elisa Carrió : « Chacun est gouverné par la morale et l’éthique, les gris disparaissent et les tièdes deviennent de parfaits complices des criminels (ils ne diffèrent que par les formes) ». Dans ce type de réflexion, il défend une croisade morale contre les « impurs », qui est évidemment dangereuse pour la pérennité du système démocratique. Dans cette vision complotiste, ceux qui ne sont pas d’accord avec lui sont transformés en ennemis qui représentent un danger pour son existence.

    • L’ouragan Milei. Les sept clés de l’élection argentine
      https://www.contretemps.eu/argentine-milei-libertarien-extreme-droite-macri

      Cette victoire d‘un économiste qui se définit comme « anarcho-capitaliste » – et qui appartient plus précisément au courant « paléolibertarien » analysé notamment par Pablo Stefanoni – ouvre en tout cas un scénario inédit et imprévisible. Comment comprendre ce basculement politique qui a porté au pouvoir un homme sans expérience politique ni véritable mouvement structuré derrière lui, mais appartenant à une nouvelle extrême droite globale ?

    • « La victoire de Javier Milei en Argentine s’inscrit dans un contexte mondial de consolidation des droites radicales », Olivier Compagnon, Historien, David Copello, Politiste
      https://archive.ph/p1Uu3

      Une fois que l’on s’est accoutumé au spectacle de foules saccageant le Capitole à Washington, comme cela s’est produit le 6 janvier 2021, ou le palais du Planalto à Brasilia, le 8 janvier 2023, on se formalise moins qu’un nouveau venu, étranger à la scène politique il y a encore trois ans, fasse campagne, tronçonneuse à la main et insultes aux lèvres, en promettant de libéraliser le port d’armes et le commerce d’organes.
      La victoire de Milei s’inscrit donc dans un contexte régional – mais aussi global – de consolidation de droites radicales qui ne cherchent plus à masquer les aspects les plus extrêmes de leur programme, mais les mettent en scène pour en faire des produits d’appel. (...) l’essentiel réside désormais dans l’hubris, la démesure, la provocation, voire la bouffonnerie.

      Ces droites ont des phobies communes, du nord au sud de l’Amérique et de part et d’autre de l’Atlantique – l’avortement, la « théorie du genre » [terme employé pour marquer un rejet des études de genre], les communautés LGBTQIA+, le « marxisme culturel » [une théorie conspirationniste mettant en cause les élites intellectuelles], les migrants, etc. Elles désignent à la vindicte populaire leurs nouveaux ennemis de l’intérieur, qui se sont substitués aux communistes depuis la fin de la guerre froide. Se présentant sous les atours de la nouveauté, leur discours de rejet de la « caste » politique ne s’en accommode pas moins du recyclage de barons de la politique locale, changeant d’étiquettes partisanes au gré des occasions, ou de vieilles gloires des années passées.

      (...) Seize années de kirchnérisme (2003-2015 et 2019-2023), entrecoupées par le mandat du libéral Mauricio Macri (qui n’a pas hésité une seconde avant d’apporter son soutien à Milei), n’ont pas permis de réenchanter durablement le politique, de stabiliser une économie minée par la dette et les crises cycliques ni de mettre en place des politiques de redistribution pérennes.
      Epuisés par l’un des confinements les plus stricts du monde au plus fort de la pandémie de Covid-19, asphyxiés par une inflation qui pourrait atteindre, selon la Banque centrale du pays, plus de 180 % fin 2023, lassés des scandales de corruption, les Argentins ont voté en majorité pour une altérité radicale, bien que celle-ci ne présage pas vraiment de jours meilleurs.
      Le suffrage des plus jeunes, particulièrement prononcé en faveur de Milei, attire l’attention. Celles et ceux qui, nés en 2007, ont voté pour la première fois lors de ces élections n’ont connu, leur vie durant, que des taux d’inflation et des indices de pauvreté supérieurs à 20 %. Face à la misère, la relativisation des crimes passés de la dictature par Milei et sa vice-présidente, Victoria Villarruel, ainsi que leur dénigrement du travail de mémoire ne suscitent guère que l’indifférence.

    • Bon, je ne vois pas beaucoup de réponses à ta question dans les commentaires, donc en voici une réponse largement pompé de cet article :
      https://www.humanite.fr/monde/argentine/argentine-javier-milei-la-victoire-du-fmi

      1ere raison : le fond de crise

      C’est bien la droite de Mauricio Macri, président de 2015 à 2019, qui a créé les conditions de l’arrivée de Milei à la Casa Rosada (maison rose), avec l’aide de l’organisme financier siégeant à Washington.

      En doublant le poids de la dette publique extérieure (69 % du PIB) et en signant, fin 2018, le prêt le plus important jamais accordé par le FMI à un pays (56 milliards de dollars), le gouvernement Macri s’est plié aux recettes du FMI et a plongé l’économie dans une spirale récessionniste. En effet, la stratégie de « l’austérité expansionniste » promue par le programme de réajustement du FMI n’a en rien fonctionné.

      Ce que prédisaient déjà à l’époque nombre de détracteurs de l’accord. « Si le gouvernement s’en tient aux objectifs de ce programme, des millions d’Argentins connaîtront des souffrances et des difficultés accrues à mesure que le chômage et la pauvreté augmenteront avec la récession », prévenaient, fin 2018, les économistes Mark Weisbrot et Lara Merling.

      Ainsi, avec son couteau placé sous la gorge de la banque centrale argentine, le FMI n’a fait qu’accentuer ses difficultés macroéconomiques. Fuite de capitaux, dépréciation du peso, hausse du poids des devises étrangères dans la dette, croissance du déficit de la balance courante…

      L’« assainissement budgétaire » et le resserrement monétaire, appliqué à la lettre par le gouvernement de droite, ont piégé le pays dans le bourbier d’une dette ingérable, alimentée par une spirale inflationniste et dépréciative au coût humain catastrophique.

      Au terme du mandat de Macri, la pauvreté a augmenté de 50 % et l’inflation atteint les 54 %. Seuls vrais gagnants de ce désastre économique : les fonds vautours états-uniens, véritables charognards des marchés financiers, n’hésitant pas à traîner le pays devant les tribunaux américains pour empocher des milliards de dollars, après avoir racheté pour une bouchée de pain des parts de la dette extérieure de Buenos Aires.

      2eme raison : une gauche pas à la hauteur

      Fin 2019, la gauche péroniste reprend les rênes du pays. Mais, dans ces conditions, il est bien difficile pour le président Alberto Fernandez (centre gauche) de redresser la barre. Avec son ministre de l’Économie, Sergio Massa, il hérite d’une situation exécrable et la renégociation d’une partie du prêt du FMI, ramené à « seulement » 44 milliards, n’y changera rien, bien au contraire.

      Contrairement à Néstor Kirchner (2003-2007) et à Cristina Fernandez de Kirchner (2007-1015), qui avaient réussi à relever le pays après la terrible crise de 1998-2002 qui avait poussé 65 % des Argentins en dessous du seuil de pauvreté, lui est pieds et poings liés par un FMI qui se retrouve en position de force, accentuée par un défaut de paiement dès mai 2020.

      Le Fonds continue ainsi d’imposer des coupes à la hache dans les dépenses publiques et sociales. Le contexte mondial ne joue pas en la faveur de l’Argentine, avec d’abord les conséquences économiques de la pandémie de Covid, puis une sécheresse exceptionnelle qui a diminué de 20 % les recettes du secteur des exportations agro-industrielles, pilier de l’économie nationale.

      4,9 milliards d’euros d’« aide » ont été de nouveau débloqués, en avril dernier. En échange de ces crédits, le FMI impose baisse du déficit budgétaire et politique de contrôle des dépenses, avec, par exemple, une suspension des subventions sur l’énergie. « Ce sont des usuriers, ils nous asphyxient avec les intérêts de l’argent qu’ils nous ont prêté », dénoncera plus tard le président Fernandez, conspuant des positions aussi inflexibles qu’« idéologiques ». Le pays est alors traversé par des mouvements sociaux contre l’austérité et l’inflation qui conspuent autant le FMI et sa dette « illégitime » que le gouvernement qui met en place ses exigences.

      Finalement, avec des taux d’inflation frôlant tous les records, les classes populaires subissent une précarisation accélérée et le bilan des années Fernandez est – forcément – mauvais. C’est dans ce contexte que surgit Javier Milei. Quoi de plus simple pour lui que de s’en prendre à l’« establishment », de surfer sur le mécontentement populaire et, au final, de remporter la mise, avec le soutien de la droite qui lui aura préparé le terrain.

      3eme raison : le soutien de la droite traditionnelle entre les 2 tours

      Avec des mesures d’austérité que la gauche n’a pas été en mesure de résilier, la droite a en effet ouvert la porte à l’arrivée de l’extrême droite, ce qui s’est d’ailleurs confirmé après le premier tour. En effet, entre le maintien au pouvoir du centre gauche et l’arrivée d’un néofasciste, celle-ci n’a pas longtemps hésité à se prononcer en faveur de Milei.

      Après sa qualification pour le second tour, celui-ci a en effet reçu le soutien de Patricia Bullrich (22 % au premier tour), candidate malheureuse de la droite traditionnelle, ainsi que de l’ancien président Mauricio Macri en personne.

      4eme raison, en finir avec le Péronisme

      Particularité de ce tribun facho : Il avait en face de lui les héritiers du péronisme, (donc de la dictature, des escadrons de la mort, etc.) . Il ne pouvait donc pas se réclamer du soutien de l’armée comme Bolonaro. Voilà pourquoi son camp a communiqué sur son pseudo « anarchisme de droite » (avec plein de guillemets, hein ? parce que l’anarchie, ça ne peut pas être de droite). Parce qu’il a connoté dans sa campagne, le dépassement de toute forme d’autoritarisme (c’est un comble, mais ça a fonctionné).

      C’est bien résumé ici :
      https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/peron-peronismo-argentine-election-politique-javier-milei

  • « Le plus dur est de les voir pleurer » : comment les bénévoles des Restos du Coeur apprennent à dire non aux bénéficiaires
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/le-plus-dur-est-de-les-voir-pleurer-comment-les-benevol

    L’hiver approche. Et à Clermont-Ferrand, comme ailleurs, les Restos du Coeur sont contraints de refuser pour la première fois des bénéficiaires. Une angoisse du quotidien pour les bénévoles qui doivent annoncer la mauvaise nouvelle aux personnes précaires.

    Dans le centre de distribution des Restos du Cœur situé au cœur de Clermont-Ferrand, la queue s’allonge. À l’intérieur, dans la salle d’attente, Rima, ticket numéroté à la main, tape du pied. Elle attend son tour pour pouvoir s’inscrire pour la campagne d’hiver. Elle semble stressée : “J’espère qu’on pourra m’accepter. J’ai entendu dire qu’ils refusaient des gens en ce moment”. Son tour arrive. Catherine, bénévole, l’accueille dans son bureau. Rima dévoile ses comptes : son allocation d’adulte handicapé, le nombre d’enfants, le montant du loyer, ses dépenses en électricité, … Tout y passe. Après calcul, le logiciel est formel : le barème a été dépassé. Catherine murmure, bien embêtée : “Je suis désolée. Ça ne va pas être possible. Au niveau de nos barèmes, vous êtes un peu au-dessus. Je suis désolée. On ne va pas pouvoir vous accorder l’aide alimentaire”. Rima se mure dans le silence. Elle semble dépitée par la nouvelle. La bénévole tente de la rassurer : “Mais, vous aurez quand même droit à d’autres aides des #Restos_du_Coeur. Je vais vous donner une carte hors alimentaire. C’est-à-dire que si vous avez besoin de vêtements ou de services autres que l’alimentaire, vous pourrez toujours en bénéficier”. La femme repart avec son chariot - qu’elle comptait remplir - vide. 

    Une formation pour être prêt à dire “non”

    Pour la première fois, en plus de 30 ans d’existence, l’association d’aide aux plus précaires, créée par Coluche, doit limiter le nombre de bénéficiaires pour la campagne d’hiver 2023.

    une fable apologétique. en fait, depuis les années 90, il faut satisfaire à des « critères sociaux » pour être « bénéficiaire ». c’est ces critères qui sont durcis actuellement en raison de l’augmentation des demandes et faute de ressources.

    #barème (modifié) #pauvres #pauvreté #alimentation

  • Die Bürgergeld-Armutsspirale : Dispo gekündigt, Handy kaputt, Hungertage
    https://www.freitag.de/autoren/janina-luett/die-buergergeld-armutsspirale-dispo-gekuendigt-handy-kaputt-hungertage

    La vie de pauvre en Allemagne te ronge. Voilà comment ça se passe. Après une certaine durée de la vie comme bénéficiare de Bürgergeld tu n’a pas seulement des dettes que tu ne pourras jamais rembourser, en sus tu te coltines des troubles anxieux sans remède.

    La politique de la terreur contre les pauvres n’est pas une exclusivité allemande. Ailleurs on crève sur les trottoirs de sa ville ou sous le soleil du paysage transformé en désert. Il y a plus qu’assez de raisons pour s’engager dans la lutte solidaire contre les responsables de la pauvreté dans le monde.

    Von Janina Lütt - Sie überlegen, ob Sie mit dem Bürgergeld ganz gut hinkommen würden? Unsere Kolumnistin Janina Lütt erklärt, wie das Geld erst ausreicht – aber dann ein kaputtes Handy und ein übersehenes Abo langsam, aber sicher in die Armut ziehen

    Und wieder geht sie los, die Hetze gegen Bürgergeld-Beziehende. 3,25 Milliarden Euro mehr braucht der Sozialminister Hubertus Heil aus dem Etat, und schon hetzt die CDU wieder gegen Armutsbetroffene und will Bürgergeldempfänger dazu zwingen, zu arbeiten. Sonst, so lautet der Tenor, kündigen ja alle ihre Jobs, um sich das Leben mit Bürgergeld einfacher zu machen! Da sich nicht-armutsbetroffene Menschen kaum vorstellen können, wie man mit Bürgergeldbezug in die Armutsspirale gerät, schreibe ich es mal auf. Damit Hubertus Heil das nicht ganz alleine erklären muss.

    Das vorweg: Es gibt durchaus Beispiele von Menschen, die eine Weile gut mit Bürgergeld leben können – temporär. Dabei kommt es darauf an, wie die Ausgangssituation aussieht: Mussten Sie noch nie Sozialleistungen beantragen? Haben Sie Rücklagen? Dann ist die Situation vorerst nicht schlimm. Aber je länger Sie von Bürgergeld leben müssen, desto schlimmer wird es. Wenn Sie armutsbetroffen sind, leben Sie ein Leben auf Verschleiß.

    Die erste Zeit kommen sie noch ganz gut mit ihrem Geld aus: Ihre Wohnung ist ja bereits eingerichtet, mit etwas Glück haben Sie schon ein Auto und sogar ein bisschen angespart, als Sie gearbeitet haben. Das monatliche Bürgergeld ist knapp, aber die Einkäufe können Sie damit bestreiten (wenn Sie den Bio-Laden meiden), und wenn der Toaster kaputtgeht, gibt es ja Kleinanzeigen. Dann geht Ihre Waschmaschine kaputt. Sie lesen nach: Ah, Sie können beim Amt ein Darlehen bekommen! Prima, das machen Sie. Sie diskutieren ein wenig über den Preis, aber Sie haben Glück: Das Darlehen wird bewilligt. In den kommenden Monaten spüren Sie die monatlichen Abzüge, denn das Darlehen zahlen Sie nun zurück. Es wird enger. Natürlich, denn sie bekommen nun faktisch weniger Geld, als Sie für das Existenzminimum brauchen.
    Bei Bürgergeld kündigt Ihnen die Bank den Dispo

    Vielleicht kriegen Sie das noch kompensiert, die Rücklagen sind zwar kleiner, aber okay, zur Not, denken Sie sich, gibt es ja noch den Dispo. Dann springt Ihr Auto nicht mehr an. Oder Ihnen fällt im Stress das Handy runter und zersplittert, der Touchscreen funktioniert nicht mehr. Sie bekommen einen Brief von Ihrer Bank: Da diese inzwischen mitbekommen hat, dass Sie Bürgergeld beziehen, wird Ihnen der Dispo aufgekündigt.

    Jetzt schauen Sie schon panischer auf die Kontoauszüge. Sie sehen, dass da monatlich noch Zahlungen abgehen, die Sie nicht bedacht haben: Ein Online-Abo für eine Zeitung, und Spotify, oder die Bahncard, was haben Sie sich dabei gedacht? Schnell kündigen Sie, aber: Die Kündigung gilt erst in drei Monaten. Ihre Rücklagen schmelzen dahin.

    Die Darlehensabzüge von Ihrem Bürgergeldsatz wegen Ihres finanziellen Super-Gaus – Sie erinnern sich: die Waschmaschine – werden nun immer höher, Sie haben immer weniger Geld zur Verfügung. Jetzt steigen die Lebensmittelpreise, auch die ganz normalen Einkäufe werden Ende des Monats zu teuer. Ihr Konto geht gen Null. Sie bekommen einen Schweißausbruch, Ihnen wird klar: Sie müssen Ihren Bruder um etwas Geld bitten, oder Ihre Eltern, oder Freunde – wenn Sie welche haben. Sehr unangenehm, wenn Sie an den letzten Streit denken, stimmt’s? Aber Sie bekommen 100 Euro, und die Situation entspannt sich.
    Dann ist die Wohnung zu groß: Sie zahlen einen Teil der Miete selbst

    Dann steigen die Energiekosten. Nun gut, die meisten Heizkosten werden ja übernommen! Da finden Sie einen Brief im Briefkasten, vom Jobcenter: Ihre Wohnung ist nicht angemessen. Sie wohnen auf 60 Quadratmetern allein, damit ist die Wohnung zehn Quadratmeter zu groß, und die Heizkostenrechnung wird nicht komplett übernommen. Dann kommt die Stromrechnung. Auch sie übersteigt den Anteil im Bürgergeld von 42,55 Euro bei Weitem.

    Sie bekommen eine E-Mail von Ihrem Vermieter: Die Mietzahlungen von dem Jobcenter sind nicht ausreichend, Sie müssen bitte die Restmiete für die vergangenen drei Monate überweisen. Wie, dafür haben Sie nichts zur Seite gelegt, als der Brief vom Jobcenter kam? Nicht gut. Natürlich wird ihnen nahegelegt, eine kleinere Wohnung zu suchen, und vor allem eine günstigere. Ich muss Ihnen nicht sagen, wie die Verhältnisse auf dem Wohnungsmarkt sind, oder? Sie haben kaum eine Chance.

    Sie gehen zum Termin mit Ihrem Sachbearbeiter. Sie überzeugen ihn, in der Wohnung wohnen bleiben zu dürfen, wenn Sie die Differenz selbst zahlen. 50 bis 70 Euro, die Ihnen nun monatlich fehlen.
    Manche Bürgergeldempfänger legen Hungertage ein

    Die Armutsspirale dreht sich nun: kaputte Schuhe, kaputte Kleidung, kaputter Wasserkocher, teure Medikamente, Zuzahlungen, Cranberry-Saft gegen Blasenentzündung. Hoffentlich sind Sie nicht chronisch krank, das ist teuer.

    Ihrer Familie schulden Sie inzwischen Hunderte Euro, und allen wird langsam klar, dass Sie es nie zurückzahlen können, solange sie weiter von Bürgergeld leben. Was tun Sie? Verzichten Sie auf bestimmte Lebensmittel? Ich kenne Bürgergeldempfänger, die „Hungertage“ einlegen, oder die so lange schlafen, wie sie können, damit Sie auf eine Mahlzeit am Tag verzichten können.

    Und nun wird Ihnen gesagt: Sparen Sie! Ich hatte eine Phase, da trug ich löchrige Unterhemden und hatte Plastiktüten in den Schuhen, weil die Sohle unten Löcher hatte und der Regen reinlief. Damals war meine bis jetzt schlimmste Zeit als Armutsbetroffene.

    Es ist schwer, sich ein Leben als Arme vorzustellen, wenn man nie arm war, daher versuche ich so gut es geht, Ihnen diese Situation nahezubringen. Als Armutsbetroffene haben Sie immer Stress, weil der ständige Mangel Ängste schürt: Kann ich meine Wohnung behalten? Kann ich nächsten Monat genug zu Essen kaufen? Kann ich meine Rechnungen bezahlen? Kann ich meine Medikamente bezahlen? Zahlt das Amt diesen Monat?

    Ich habe immer noch Angst davor, dass ich am Anfang des Monats kein Geld bekomme, weil in früheren Jahren das Amt nicht regelmäßig gezahlt hatte, dabei ist das Jahre her. Armut prägt einen Menschen für das Leben.

    #IchbinArmutsbetroffen

    Janina Lütt lebt mit ihrem Kind in Elmshorn. Auf freitag.de schreibt sie eine regelmäßige Kolumne über den Kampf mit und gegen Armut

    #Allemagne #Bürgergeld #Hartz_IV #pauvres

  • 🛑 « Se nourrir ou se chauffer » : huit jeunes sur dix ont froid en hiver - Reporterre

    Plusieurs jeunes ont dénoncé devant le ministère de l’Économie, le 17 novembre, l’inaction du gouvernement en matière de précarité énergétique (...)

    #jeunes #précarité #pauvreté

    https://reporterre.net/Etudiants-precaires-Il-faut-choisir-entre-se-nourrir-ou-se-chauffer

  • La #pauvreté s’insinue dans la vie des #femmes_âgées

    Le #rapport sur « l’état de la pauvreté 2023 » publié mardi 14 novembre par le #Secours_catholique montre que la pauvreté s’aggrave en France. Elle frappe en premier lieu les #mères_isolées mais aussi les #femmes_seules, et notamment celles de plus de 55 ans. #Témoignages.

    FontenayFontenay-le-Comte (Vendée).– Alors qu’elle déguste une salade de pommes de terre aux œufs et au thon dans la grande salle d’accueil du Secours catholique de Fontenay-le-Comte, en Vendée, Christiane grimace. La septuagénaire a la bouche criblée d’aphtes, favorisés par certains aliments. La faute aux noix et au chocolat qu’elle a reçus dans son colis des Restos du cœur. Mais elle n’a plus le choix, son alimentation est conditionnée par l’aide alimentaire. Elle n’aurait jamais imaginé en arriver à cette extrémité.

    Dix jours avant la fin du mois, Christiane n’a plus rien. Même pas de quoi se payer ses cigarettes, qui la « font tenir ». Assise à côté d’elle, Nathalie, 61 ans, raconte avoir perdu quatre kilos en quelques mois. Les repas sont frugaux et ses soucis financiers lui coupent l’appétit.

    Un karaoké se prépare non loin d’elles, dans la même salle. Une première pour distraire les bénéficiaires et bénévoles de cette antenne du Secours catholique qui arrivent peu à peu.

    Les parcours de Christiane et Nathalie témoignent d’une aggravation de la pauvreté, surtout chez les femmes, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel publié mardi 14 novembre. Les mères isolées sont surreprésentées, suivies des femmes seules, démontre l’association.

    L’étude se fonde sur environ 50 000 fiches renseignées par les personnes accueillies en 2022. De fait, la précarité féminine a régulièrement augmenté ces vingt dernières années. Les femmes représentent désormais 57,5 % des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6 % en 1999. Les mères isolées représentent 25,7 % des bénéficiaires. 20,9 % sont des femmes seules.

    Les femmes isolées âgées de plus de 55 ans sont elles aussi de plus en plus nombreuses à solliciter une aide, peut-on lire dans le rapport : « Ces femmes rencontrent des situations de précarité singulières, notamment dues à l’isolement qu’elles subissent. Elles n’ont pas les ressources pour faire face aux charges qu’elles doivent supporter, souvent seules. » Ce qui témoigne « d’une précarisation des adultes isolés vieillissants, éloignés du marché du travail ou dont les faibles pensions de retraite sont insuffisantes pour mener une vie décente ».

    Élodie Gaultier, responsable du secteur Sud-Vendée pour le Secours catholique, confirme que les personnes accueillies sont principalement des femmes.

    Dans le département, plus de 14 000 foyers sont soutenus par le Secours catholique. « Les profils que nous croisons ici sont souvent des personnes qui ont plus de 50 ans. Elles peuvent se retrouver seules parce qu’elles sont veuves ou divorcées. D’autres ont toujours été célibataires. »

    Certaines sont si isolées qu’elles ne viennent pas seulement pour obtenir une aide matérielle. « Elles viennent aussi parce qu’elles sont seules et qu’elles ont besoin de discuter. J’avais rencontré une personne dont je n’entendais presque pas le son de la voix parce qu’elle n’avait plus l’habitude de parler à d’autres personnes… » La fracture numérique isole aussi, ajoute Élodie Gaultier. Et la hausse des prix de l’alimentation (6,8 % en 2022) fragilise les foyers modestes.

    Lorsqu’elle était active, Christiane était comptable dans plusieurs entreprises. Elle a élevé seule sa fille, sans aucune aide. Mais elle n’a pas été rémunérée à la hauteur de son travail et le ressent comme une injustice cruelle. « Je me suis fait exploiter parce qu’on ne m’a jamais fait cotiser une retraite de cadre alors que j’avais toutes les responsabilités de l’entreprise sur mon dos. Les heures, je ne les comptais pas non plus. Je ne voyais pas le problème financier à ce moment-là, mais c’est un tort. Maintenant j’en paye les pots cassés. »

    La septuagénaire touche 1 200 euros de retraite, juste en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit environ 1 210 euros par mois. Plusieurs dépenses l’accablent, dont l’énergie, en forte hausse (+ 23,1 %).

    Son chauffage électrique consomme beaucoup, malgré les travaux d’isolation réalisés par son propriétaire. Elle a dû s’acquitter de 1 000 euros de régularisation en fin d’année alors qu’elle paye déjà 146 euros par mois. La Caisse d’allocations familiales lui a avancé la somme, qu’elle finit de rembourser.

    Avec un loyer de 500 euros et d’autres dépenses incompressibles, Christiane suffoque. Elle a contracté auprès d’Emmaüs un autre prêt sans intérêt, de 1 500 euros, prélevé à hauteur de 43 euros par mois pour encore un an et demi. La retraitée devait absolument s’acheter une voiture. Être véhiculée est indispensable dans cette zone rurale, même si Christiane l’utilise le moins possible en raison du prix de l’essence.

    Nathalie, la sexagénaire énergique, a été maîtresse de maison dans un foyer pour adultes handicapés, physiques et mentaux. Elle aimait se rendre utile. Il y a trois ans, elle a été placée en invalidité en raison de plusieurs pathologies chroniques.

    Aujourd’hui, elle touche une pension d’invalidité et une rente d’invalidité versée par la mutuelle de son ancien employeur, soit 860 euros. « Il me reste 180 euros pour acheter de quoi manger, de quoi me nourrir, de quoi bouger. Et pour la moindre chose qu’on doit faire, les courses ou les rendez-vous médicaux, il faut la voiture. Ça coûte cher. »

    Sa dernière fille, âgée de 20 ans, a quitté le domicile familial il y a quelques mois. Nathalie l’a déclaré, son aide pour le logement (APL) a été recalculée. Elle a reçu une notification de dette. « Le mot fait peur, je leur dois 200 euros. »

    Nathalie paye plus de 450 euros de loyer pour sa maison à l’écart de tout, dans une commune du Marais poitevin. Elle va devoir déménager en janvier, faute de moyens, dans un appartement moins spacieux, « de 80 m2 à 45 m2 ». Elle est en plein dans le tri. C’est difficile. Il n’y a pas de garage, pas de cave, rien pour stocker. « J’ai beaucoup pleuré, je suis quelqu’un qui essaie d’aller de l’avant pour ne pas sombrer parce que c’est facile de sombrer. »
    « Pas toute seule dans cette situation »

    Si Christiane compte le moindre centime, c’est parce qu’elle s’est trouvée en surendettement, sans chéquier, ni carte bleue mais avec une carte de retrait plafonnée. Elle n’a pas droit au découvert. Il y a quelques années, elle s’est associée avec une personne pour de l’immobilier mais l’entreprise a mal tourné.

    L’ancienne comptable s’est retrouvée à assumer seule des dettes importantes. Elle a dû vendre la maison qu’elle avait fait construire « pour être tranquille à la retraite, pour ne pas avoir de loyer, justement ». Elle s’est « privée de vacances pour payer la maison ». Depuis six ans, elle loue son ancienne maison.

    Un crève-cœur. Comme de devoir se tourner vers le Secours catholique et l’aide alimentaire. « C’est très difficile, parce qu’on se sent descendue très, très bas. Pour l’amour propre, c’est très humiliant. » Elle fréquente l’épicerie solidaire de l’association et les Restos du cœur.

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    Le rapport annuel du Secours catholique en quelques chiffres

    En 2022, le Secours catholique a accueilli 1 027 500 personnes dans 2 400 lieux dédiés, grâce à 3 500 équipes locales et 60 000 bénévoles. Un chiffre en nette augmentation (près d’un tiers) par rapport aux 780 000 bénéficiaires de 2021.

    Leur niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établit à 538 euros par mois, soit 18 euros par jour, pour subvenir à tous leurs besoins, dont le logement.

    25,7 % des ménages rencontrés au Secours catholique sont des mères isolées. 20,9 % sont des femmes seules.

    Une femme sur dix accueillie au Secours catholique a plus de 55 ans.

    Près de 30 % des femmes vivent dans un logement précaire.

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    Le Secours catholique a permis à Nathalie et Christiane de partir en séjour une semaine à Lourdes, dans les Pyrénées, en septembre. Elles en conservent un souvenir ému. Cela leur a permis retrouver une forme de sociabilité, avec des personnes qui les comprennent. « Je me suis aperçue que je n’étais pas toute seule dans cette situation », confirme Christiane.

    La pauvreté s’insinue partout et empêche tout. Nathalie a réussi à faire baisser à 100 euros sa facture d’électricité mensuelle. Pour cela, elle a réduit le chauffage et mis systématiquement « trois épaisseurs de vêtements et [s]on peignoir ». L’ancienne maîtresse de maison détaille. « Je ne mange plus énormément mais parce que je ne peux plus manger des choses que j’aime comme le poisson. » Elle s’en tient à un menu type. « Du pain, du jambon, des pâtes et des œufs. Du thon et des sardines. Pas de viande, parce que c’est hors de prix. »

    Nathalie aime aussi tricoter, faire du crochet, de la couture. Mais le matériel est onéreux. Idem pour la photo. « Il faut bouger pour avoir de beaux paysages. » Impensable avec le coût du carburant.

    Outre les privations matérielles, la pauvreté grignote aussi les liens sociaux. Christiane a été longtemps trésorière d’une association de sa commune. Elle a démissionné au début de l’année car elle ne pouvait plus suivre le rythme des sorties et des repas. Sans en donner la raison. Sa fille n’est pas au courant du détail des difficultés de sa mère. Christiane se refuse à l’accabler.

    Son moral est au plus bas. « J’avais peur de la mort, mais là je suis prête à partir. Parce que j’ai l’impression que je ne sers plus à rien », soupire-t-elle.

    Nathalie a elle aussi un moral vacillant, mais essaie de dépasser ses coups de déprime. « En fait, c’est le Secours catholique qui m’a sortie de tout ça en début d’année. Ça fait deux ans que je viens mais avant je prenais ce dont j’avais besoin à l’épicerie solidaire, je payais, je partais aussitôt, parce que c’était tellement affligeant pour moi de devoir faire ça. Je voulais être digne, moi, et ça, c’est compliqué d’accepter de venir ici. » Aujourd’hui, elle s’implique comme bénévole à la boutique solidaire.

    L’année prochaine sera pire, elle sera à la retraite. Elle percevra 534 euros. Nathalie n’a pas pu cumuler beaucoup de trimestres. Elle a enchaîné des petits contrats et des périodes de chômage. À chaque grossesse, elle s’est arrêtée trois ans pour s’occuper de son bébé. Elle a ensuite élevé seule ses trois enfants.

    Elle a conscience de cette inégalité de genre, même si elle ne souhaite pas s’étaler sur sa propre histoire. « Les femmes ont voulu devenir indépendantes, c’est une belle chose, mais on ne leur a pas donné assez de moyens pour le devenir. C’est-à-dire que si on veut élever nos enfants seules parce qu’on est avec un homme avec qui c’est compliqué, on ne nous aide pas forcément. »

    À cet égard, le parcours de Nathalie est commun. Le rapport le décrit : « Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi, et leurs carrières hachées se traduisent par de faibles retraites. » Pour le moment, Nathalie essaie de « ne pas penser » à ce basculement pour ne pas s’effondrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/141123/la-pauvrete-s-insinue-dans-la-vie-des-femmes-agees
    #femmes

    • État de la pauvreté en France 2023

      En 2022, au Secours Catholique-Caritas France, 59 700 bénévoles répartis dans près de 2 400 lieux d’accueil ont rencontré 1 027 500 personnes. Ce sont 552 400 adultes et 475 100 enfants qui ont ainsi été accompagnés. Le recueil d’information annuel, réalisé via les fiches statistiques extraites d’un échantillon représentatif des dossiers d’accueil, concerne 49 250 ménages en 2022. Il permet l’étude des situations de pauvreté des personnes rencontrées cette même année. Ce rapport comprend deux grandes parties fondées sur les statistiques collectées par l’association : un dossier thématique qui porte cette année sur les conditions de vie des femmes rencontrées par l’association et le profil général qui compte 16 fiches décrivant les caractéristiques sociodémographiques, les situations face à l’emploi ainsi que les ressources et conditions de vie des ménages rencontrés.

      https://www.secours-catholique.org/m-informer/publications/etat-de-la-pauvrete-en-france-2023
      #statistiques #chiffres

    • Pourquoi les femmes sont-elles plus exposées à la pauvreté ?

      Dans son rapport annuel sur l’« État de la pauvreté », paru ce mardi 14 novembre, le Secours catholique alerte sur la #précarité croissante des femmes, indissociable des charges qui pèsent sur elles de manière structurelle.

      Le constat est sans appel : la pauvreté s’incarne de plus en plus au féminin. Alors qu’elles constituaient déjà la moitié des bénéficiaires du Secours catholique à la fin des années 1980, les femmes sont aujourd’hui largement surreprésentées avec près de 60 % des demandes, selon le rapport annuel de l’association basé sur les statistiques issues des 1 027 500 personnes qui l’ont sollicitée en 2022.

      Ce chiffre s’inscrit dans un contexte d’aggravation de la pauvreté, puisque le niveau de vie médian constaté a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établissait à 538 euros par mois en 2022 (contre 579 euros en 2021), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous les besoins, dont le logement. Pire, trois quarts des bénéficiaires survivent très en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 40 % de cette somme – par comparaison, ils étaient 65 % en 2017.

      Cette tendance s’explique notamment par la forte #inflation des #prix de l’#alimentation (+ 6,8 % en 2022) et de l’#énergie (+ 23,1 %). Selon les auteurs du rapport, « tout porte à croire que cette dégradation se poursuit en 2023, comme en atteste la forte hausse du nombre de personnes faisant appel à l’#aide_alimentaire des associations ».

      https://www.humanite.fr/societe/femmes/pourquoi-les-femmes-sont-elles-plus-exposees-a-la-pauvrete

  • La sortie de la crise du Covid-19 s’est traduite par une hausse de la pauvreté et des inégalités
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/14/la-sortie-de-la-crise-du-covid-19-s-est-traduite-par-une-hausse-de-la-pauvre

    Les indicateurs de niveaux de vie pour l’année 2021, publiés mardi 14 novembre par l’Insee, montrent que 550 000 personnes ont basculé dans la pauvreté, tandis que les ménages les plus aisés ont vu leur niveau de vie augmenter.
    (...) Cette hausse de la pauvreté s’est accompagnée d’un creusement des inégalités. La moitié de la population la moins aisée a vu reculer son niveau de vie en euros constants (c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation), après une hausse en 2020. Ce recul est plus marqué pour les 20 % les plus pauvres. A l’inverse, la moitié de la population la plus aisée a vu son niveau de vie augmenter, avec une hausse plus forte pour les 20 % les plus riches.

    https://archive.ph/tFriA

    9,1 millions de personnes, 14,5 % de la population sous le seuil de pauvreté en 2021

    En 2021, les inégalités et la pauvreté augmentent
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/7710966

    Titre-restaurant : le gouvernement « étudie » une prolongation de leur utilisation pour les courses alimentaires
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/11/14/titre-restaurant-le-gouvernement-etudie-une-prolongation-de-leur-utilisation

    Depuis août 2022, l’utilisation des titres-restaurant a été étendue à tous les produits alimentaires, même s’ils ne sont pas consommables directement sans cuisson ou préparation (farine, pâtes, riz, œufs, poisson, viande…). Mais cette dérogation devait prendre fin le 1er janvier 2024. « Est-ce que c’est simple à faire ? », s’est interrogé le ministre au sujet d’une éventuelle prolongation de la dérogation. « Non, car il faut une disposition législative », a-t-il relevé.

    « Nous sommes en train d’étudier les possibilités législatives qui permettraient d’étendre au-delà du 31 décembre 2023 cette faculté d’utilisation », a-t-il enchaîné. « Au moment où je vous parle, je n’ai pas la solution législative. Je vous le dis très simplement, mais je suis favorable à cette extension », a insisté le numéro deux du gouvernement.
    Jusqu’à la dérogation, les titres-restaurant servaient à régler uniquement des repas, plats cuisinés, salades préparées, sandwichs (servis sur place ou à emporter) ainsi que les fruits et légumes ou les produits laitiers.

    #pauvreté #inflation #alimentation

    • « Au moment où je vous parle, je n’ai pas la solution législative. Je vous le dis très simplement, mais je suis favorable à cette extension »,

      C’est dommage qu’il y ai pas de 49.3 pour cette extension à laquelle il est si favorable ! ils ont tous été utilisé par leur Bête Morne pour faire les poches du peuple et envoyer l’assistance publique à équarrissage.


      On dirait le porc napoléon qui envoie Malabar à la « retraite »...

    • merci @mad_meg c’est corrigé et puis cette involontaire tentative de concaténation d’autorité et d’austérité restait bancale
      est-ce nazie que tu voulais écrire ? si tel était le cas, tout ce qui est rigide, rigoureux ou strict n’est pas nazi. ne dépouillons pas les entreprises humaines de leurs spécificités (l’ignominie est elle-aussi multiple), l’histoire de son relief, on y pigerait plus grand chose il me semble.

      sinon, c’est une minable rustine, je soulignais qu’ils l’enlevaient, ils la maintiennent ? tout continue... c’est réservé aux salariés en poste, les indépendants, les retraités, les étudiants, celleux qui chôment peu ou prou, ponctuellement ou davantage auront moins ou rien.
      pendant ce temps - même france cul le disait hier, en termes moins tranchés- on balance des milliards pour l’assistance aux entreprises (CICE, exonérations) mais ni la prime d’activité ni les minima, ni les allocs chômage ou les bourses ou les retraites, ne sont substantiellement augmentées (sabrées ou retardées, ça oui, ça arrive), alors même qu’une autre rustine, les restos du coeur, pleure misère et réduit son périmètre pour limiter la demande en triant plus qu’auparavant ses « bénéficiaires »...

      "ceux qui ne sont rien" c’était pas juste un maladroit signe de mépris mais aussi - en même temps !- un lapsus significatif qui (re)dit "c’est notre) projet !"

      "nous ne sommes rien..." pointait une vieille chanson. une nouvelle prolétarisation nous y ramène. programme politique transpartidaire. et pour « accepter » d’en être de ce rien, quoi de mieux que de savoir qu’il y a des moins que rien (étrangers, ultra précaires, etc), produits comme tels à cette fin.
      à descendre cette pente, on aura non seulement la préférence nationale, la stigmatisation des assistés (incapables de se libérer du besoin par le travail, êtres de pur besoin, animaux eux-aussi) et l’autoritarisme mais aussi -combien arriveront à voter Philippe, Darmanin ou Attal pour le moins pire ? - le RN .

      sauf si, puisque l’achat de plus d’armes que jamais pour le maintien de l’ordre annonce sans doute de nouvelles « réformes », comme lors de la mobilisation contre celle des retraites, le RN est de nouveau contraint de faire tapisserie, et mieux encore, que d’autres valeurs que celles d’une réaction omniprésente viennent occuper l’espace politique, pour ne plus en laisser à la fascisation.

      #économie

  • The Old Oak

    Au nord-est du #Royaume-Uni, dans une localité marquée par le chômage dû à la fermeture de la mine de charbon, le pub local, « The Old Oak », va accueillir des #réfugiés_syriens, ce qui divisera la population…

    Lorsque le bus qui transporte les quelques familles de réfugiés qui vont s’installer dans la petite ville arrive, l’#hostilité est palpable. La #cohabitation sera difficile, y compris à l’école pour certains des enfants nouvellement accueillis. Le pub tenu par TJ Ballantyne [Dave Turner] fréquenté par quelques habitués et menacé de fermeture, devient le lieu de tous les débats et sera celui d’une forme de #réconciliation grâce à une idée de Yara [Ebla Mari], jeune femme syrienne et de Tania [Debbie Honeywood], bénévole auprès des réfugiés. Les deux camps commencent à faire connaissance jusqu’à ce qu’un incident empêche la poursuite du projet.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Old_Oak
    #Ken_Loach #film #pauvreté #accueil #solidarité #anti-migrants #rejet #UK #désindustrialisation #mine #chômage