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    La Belgique renforce les contrôles policiers sur son territoire pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Par Clémence Cluzel Publié le : 20/06/2025
    Les autorités belges ont annoncé jeudi renforcer dès cet été les contrôles policiers sur son territoire. Il ne s’agit pas de contrôles aux frontières, mais en interne, qui se concentreront sur les axes routiers, dans les trains et les bus du pays. Ces opérations visent à vérifier les titres de séjour et cartes d’identité des personnes, et de renvoyer les exilés en situation irrégulière hors de Belgique.
    La Belgique va renforcer dès cet été les contrôles policiers sur son territoire dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière, ont annoncé jeudi 19 juin le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin et la ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, sur la chaine flamande VTM.
    Il ne s’agit pas de contrôles aux frontières, mais en interne. Ils auront lieu sur les axes routiers principaux et au niveau des aires d’autoroutes très fréquentées. Ils seront également effectués à bord des lignes de bus internationales, particulièrement la ligne La Panne-Dunkerque, ainsi que dans certains trains, notamment au niveau de la gare de Bruxelles-Midi. Les arrivées de vols intérieurs à l’espace Schengen considérés comme étant des pays soumis à une forte pression migratoire, comme l’Italie et la Grèce, seront également concernés.
    Concrètement, les policiers vont vérifier les titres de séjour et cartes d’identité des personnes. Le but de ces opérations est d’identifier les personnes sans papiers ou celles ayant déjà demandé l’asile dans un autre pays européen, et de les renvoyer du sol belge. Elles visent aussi à renforcer la lutte contre la criminalité organisée (trafic de drogue et traite des êtres humains), assurent les autorités.
    « Nous assumons nos responsabilités en effectuant des contrôles stricts et ciblés aux carrefours stratégiques. Nous luttons ainsi contre les flux migratoires clandestins et empêchons le déplacement de la pression migratoire vers la Belgique, tout en luttant plus efficacement contre la criminalité afin de renforcer la sécurité sur notre territoire », a déclaré le ministre Quintin.
    Ces actions seront menées grâce à une étroite collaboration entre les services de la police fédérale, la police locale et l’Office des étrangers, un service du ministère qui statue sur les dossiers des demandes d’asile. Ce rapprochement entre ces différentes structures est vivement critiqué par les ONG des droits humains, pour qui cela traduit une criminalisation des étrangers, y compris les demandeurs d’une protection internationale.
    La ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, avait réaffirmé quelques semaines plus tôt sa volonté de mettre en place « la politique migratoire la plus stricte que la Belgique ait connu », comme le rapportait le média La Libre Belgique. « La pression sur la société est trop forte. L’afflux doit diminuer », a-t-elle défendu, soulignant des flux migratoires en constante évolution ces dernières années. Quelques 39 000 demandes d’asile ont été déposées en 2024, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente, qui, comme 2022, avait connu une baisse significative. La ministre a affirmé que la Belgique entend désormais renforcer sa fermeté à l’égard de l’immigration irrégulière et des demandes d’asile introduites successivement dans plusieurs pays européens, une pratique qu’elle qualifie de « shopping de l’asile ».
    Depuis sa prise de fonction en février dernier, le gouvernement nationaliste flamand de Bart de Wever a multiplié l’adoption de mesures répressives afin de lutter contre l’immigration illégale. Limitation du regroupement familial, restriction de l’accès à la citoyenneté belge, politique de renvoi des personnes déboutées dans leur demande de protection, suppression de structures d’accueil des migrants y compris des centres pour les mineurs étrangers non accompagnés (MNA), exclusion des hommes seuls des centres d’accueil, ou encore réduction de l’accès des réfugiés aux aides sociales... sont autant de restrictions et limitations rentrées en application ces derniers mois.
    Dans le même temps, une coupe drastique est prévue prochainement dans le budget alloué à la politique de l’asile.Ce durcissement de politique contre les migrants s’observe également dans les pays voisins, confrontés eux aussi à une montée des partis nationalistes et d’extrême-droite. L’Allemagne a ainsi rétabli le contrôle à ses frontières à l’été 2024, suivi par les Pays-Bas en novembre 2024. Le même mois, la France a instauré des contrôles temporaires, prolongés jusqu’au 31 octobre 2025, avec six de ces pays voisins (Luxembourg, Belgique, Italie, Espagne, Suisse, Allemagne). « Les gens qui se déplacent d’un pays à l’autre, c’est une réalité. Prétendre que l’on peut y mettre un terme grâce à des contrôles aux frontières, surtout entre les pays européens où la libre circulation est possible, est totalement absurde », a réagi le député fédéral écologiste Matti Vandemaele, cité par La Libre Belgique. « Les frontières belges font 1 445 kilomètres de long. Que veut faire la ministre ? Installer un poste de garde tous les dix mètres ? » interroge-t-il.
    Depuis 2021, la crise de l’accueil des migrants en Belgique continue de s’enliser. Les centres d’accueil sont engorgés faute de places suffisantes et les longs délais d’attente pour le traitement des demandes d’asile (plus d’un an en moyenne) exacerbent plus encore la situation. Fin 2024, environ 3 000 demandeurs d’asile, majoritairement des hommes, étaient en attente d’une place d’hébergement dans le réseau d’accueil national (Fedasil). Le délai moyen pour un homme seul est d’environ six mois avant d’obtenir une place dans l’un de ces centres. En attendant, les migrants survivent à la rue ou dans des squats, dans des conditions indignes.
    La Belgique a plusieurs fois été épinglée, dont en septembre dernier, par le Conseil de l’Europe pour son non-accueil des demandeurs d’asile. Les autorités belges ont ainsi été sommées d’augmenter la capacité de son réseau d’accueil, qui ne respecte pas les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Mais malgré les rappels à l’ordre, le gouvernement belge persiste dans sa volonté de réduire la capacité d’accueil des migrants dans les centres dédiés à cet effet. Pour la ministre de l’Asile et de la Migration, la baisse combinée du nombre d’arrivées de migrants et la hausse des retours des personnes en situation irrégulière dans leur pays d’origine ou dans des pays tiers permettent de justifier cette réduction du nombre de places disponibles dans les centres d’accueil en Belgique.

    #Covid-19#migrant#migration#belgique#UE#allemagne#CEDH#asile#droit#sante#politiquemigratoire#paysbas#frontiere

  • Les irréductibles Bretons contre les chercheurs d’or
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/06/16/les-irreductibles-bretons-contre-les-chercheurs-d-or_6613480_4500055.html

    Habitants, élus locaux et associations s’inquiètent des conséquences environnementales du projet d’exploration minière de l’entreprise canadienne Aurania. L’Etat devrait donner, ou non, son accord d’ici à la fin de l’année.

    Il a fallu ajouter des chaises. La salle polyvalente des Fougerêts (Morbihan) – 948 âmes – déborde ce soir de juin. Dans l’assemblée de 150 personnes réunie à l’appel du collectif Stop Taranis opposé aux projets miniers d’une société canadienne, on chuchote, on s’alarme. « Est-ce qu’ils ont le droit de venir chez moi sans autorisation si je ne suis pas là ? », s’inquiète un participant. « Que peut-on faire face à eux, nous, simples habitants ? », s’interroge un autre. A l’initiative de la manifestation, les membres du collectif né en octobre 2024 cherchent la parade. « Même si les permis étaient accordés, la seule façon de bloquer l’exploration est d’empêcher collectivement les fouilles sur les terrains privés », avance l’une des figures de proue du mouvement, vareuse bleue et chino rouge, Jean Baranger, 63 ans.

    Cet habitant de Brain-sur-Vilaine, à l’est de Redon, coanime ce 4 juin sa septième réunion publique autour du même sujet : les trois demandes de permis exclusifs de recherches de mines (PERM) déposées entre 2023 et début 2024 par l’entreprise Breizh Ressources, basée à Lorient, filiale de l’entreprise canadienne Aurania, immatriculée aux Bermudes. Les trois permis – dénommés Epona, Bélénos et Taranis – concernent 42 communes et s’étendent sur 850 kilomètres carrés entre le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire.

    L’entreprise envisage de sonder les sous-sols le long du cisaillement sud-armoricain – zone qui abrita des mines de fer au XIXe siècle – en espérant cette fois y trouver des terres rares et des minerais, tels l’antimoine, le zinc ou l’étain. « Ces métaux sont nécessaires à notre économie, mais, du point de vue de leur approvisionnement, nous dépendons aujourd’hui de pays étrangers », justifie Guillaume Mamias, géologue et responsable environnement chez Breizh Ressources. « Quand on lit leur dossier, on comprend surtout que l’or est leur quête principale », assure Jean Baranger, qui a travaillé sur les matières premières dans le secteur du luxe, notamment chez Chanel.

    #paywall

  • « Sans intervention, ma commune va devenir un centre de vacances » : à Locmariaquer, dans le Morbihan, le maire tente en vain de favoriser l’habitat à l’année
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/06/20/sans-intervention-ma-commune-va-devenir-un-centre-de-vacances-a-locmariaquer


    Le village de Locmariaquer (Morbihan), le 25 décembre 2020.
    RICHARD VILLALON/BELPRESS/MAXPPP

    « Immobilier, une crise européenne ». Dans la station balnéaire bretonne de Locmariaquer, où les résidences secondaires pullulent, la municipalité a échoué à faire accepter aux habitants un projet de logements en bail réel solidaire censé rajeunir la commune.

    Hervé Cagnard (sans étiquette) est encore « sous le choc », ce 12 juin. Maire de Locmariaquer (Morbihan), commune cossue de 1 600 âmes située sur la touristique côte bretonne, il rumine « l’échec » du référendum local organisé le 18 mai pour sonder les habitants sur l’aménagement des trois dernières réserves foncières municipales.

    L’élu proposait d’y construire une trentaine de logements en bail réel solidaire (BRS), dispositif dissociant le foncier du bâti, qui permet à des habitants aux revenus modestes d’acquérir des biens jusqu’à 40 % en dessous du prix du marché. Le BRS s’impose comme un levier pour contenir la spéculation immobilière tout en garantissant la transmission des habitations à des résidents à l’année. « Sans intervention, ma commune va devenir un Ehpad et un centre de vacances à ciel ouvert », martèle l’élu.

    A Locmariaquer, la majorité de la population est retraitée. Incapables d’acheter dans cette station balnéaire où le prix de l’immobilier rivalise avec les tarifs parisiens, jeunes et actifs sont repoussés toujours plus loin dans les terres. Les rares logements à vendre sont captés par des résidents secondaires. Nombre de biens à louer à l’année sont fréquemment transformés par leurs propriétaires en plus rentables locations à la nuitée. Ici, six habitations sur dix sont des résidences de vacances. Symbole d’un territoire qui vieillit et vit au rythme du tourisme, l’école élémentaire ne compte plus que 54 enfants. Ils étaient 62, l’année passée.

    #paywall

  • Malgré les controverses, #Imerys étend sa carrière d’#andalousite à #Glomel

    Le producteur français de minéraux a démarré, lundi 2 juin, l’exploitation d’une quatrième #fosse_d’extraction d’andalousite sur sa #carrière de Glomel (Côtes-d’Armor). Face aux controverses sur l’#impact_environnemental du projet, Imerys met en avant sa nécessité pour faire perdurer l’exploitation – à l’origine de 25% de la production mondiale du minéral, crucial pour les refractaires industriels – et son investissement récent dans une usine de traitement de l’eau.

    Les entrailles de la terre se sont soulevées. Le monticule de roches gris anthracite, qui s’élève à plus de deux mètres en son point le plus élevé, est le stigmate de cette opération violente. Le sol, rendu boueux et luisant par les averses bretonnes, porte de larges fractures, recouvertes d’un quadrillage de fils rouges et verts encore enroulés par endroits. Quelques jours auparavant, lundi 2 juin, ces derniers ont fait détonner 143 #mines – des émulsions encartouchées pour briser la roche et des billes de nitrate-fioul pour disjoindre les morceaux – placées jusqu’à 10 mètres de profondeur pour entamer une zone de 40 mètres par 30, presque au sommet d’une petite colline. La roche libérée a déjà commencé à être déblayée par un engin de chantier. Le deuxième tir, qui continuera l’extension de la carrière d’andalousite d’Imerys à Glomel (Côtes-d’Armor) est prévu aux alentours de la mi-juin.

    (#paywall)

    https://www.usinenouvelle.com/article/malgre-les-controverses-imerys-etend-sa-carriere-d-andalousite-a-glom
    #extractivisme #Bretagne

  • Radio : Silvia Pérez-Vitoria, Les résistances paysannes face à l’industrialisation, 2019

    Silvia Pérez-Vitoria, enseignante en #agroécologie à l’Université internationale d’Andalousie (Espagne), travaille depuis de longues années sur les questions paysannes.

    Dans le cadre de la tournée nationale de conférences-débats organisée par l’#Atelier_paysan sur le thème « La technologie va-t-elle sauver l’agriculture ? La place de la machine dans l’autonomie paysanne. » à l’automne 2019, elle répondra aux questions : Comment les paysans ont failli disparaître ? Comment y a t il eu une ré-émergence des luttes paysannes dans le monde ? Son idée pivot : il faut redonner la centralité à la question paysanne.

    Suivi de quelques éléments sur la Guerre des paysans en Allemagne et alentours de #1525

    https://sniadecky.wordpress.com/2025/06/11/rmu-perez-vitoria

    Avec le PDF qui va bien :
    https://archive.org/download/rmu-096-perez-vitoria-resistances-paysannes/RMU_096_PerezVitoria-Resistances-paysannes.pdf

    #Racine_de_Moins_Un #paysannerie

  • EDF : le spectre de la corrosion refait surface à la centrale nucléaire de Civaux
    https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/edf-le-spectre-de-la-corrosion-resurgit-a-la-centrale-nucleaire-de-civaux-


    La centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, est la plus puissante et la plus récente du parc atomique tricolore, après l’EPR de Flamanville, dans la Manche.
    STEPHANE MAHE

    Selon nos informations, deux nouvelles indications de corrosion sous contrainte sont apparues sur le réacteur 2 de la centrale de Civaux, dans la Vienne. Le phénomène a été constaté sur des tuyauteries ayant déjà fait l’objet de réparations.

    « Personne ne peut dire, ni affirmer qu’on n’en trouvera pas de nouveaux [problèmes de corrosion, NDLR]. » Il « ne faut pas baisser la garde », notamment parce que « les réparations ont été faites à l’identique ». C’est le message qu’avait fait passer Bernard Doroszczuk, alors encore président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lors de sa dernière audition devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), en mai 2024.

    Un an plus tard, cet avertissement sonne comme un mauvais présage. En effet, selon nos informations, les équipes d’EDF pourraient, de nouveau, faire face à un problème de corrosion sous contrainte sur le réacteur 2 de la centrale de Civaux (Vienne) au niveau de tronçons de tuyauteries et, plus particulièrement, des « coudes ayant déjà été changés », selon une source proche du dossier. Il s’agirait « d’amorçage de corrosion sous contrainte », c’est-à-dire « du début du phénomène ». « La question d’un arrêt technique prolongé se pose », rapporte cette même source. Et ce, alors que le deuxième réacteur de Civaux, d’une puissance de 1 450 mégawatts (MW), est à l’arrêt depuis le 5 avril, dans le cadre d’une opération de maintenance programmée pour une visite partielle et le rechargement du combustible.

    #paywall

    • suite de l’article :

      Deux indications confirmées et une expertise en cours

      Contactée par la rédaction, l’Autorité de sûreté #nucléaire et de radioprotection (ASNR) confirme la présence de « deux indications de corrosion sous contrainte ». Cela signifie que les fissures identifiées laissent penser à de la corrosion sous contrainte. Des analyses actuellement réalisées par l’exploitant doivent permettre de confirmer la nature de ces indications. EDF indique, pour sa part, qu’une « expertise est en cours sur des tuyauteries, conformément au programme de contrôles 2025 définis dans la stratégie de traitement de la corrosion sous contrainte ». L’électricien ajoute ne pas disposer « à ce stade des résultats ».

      Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un phénomène de corrosion sous contrainte, ou CSC dans le jargon, ne correspond pas à l’apparition de rouille, mais à de minuscules fissures sur une partie de la tuyauterie. EDF y a été confronté, pour la première fois, fin 2021, en découvrant des fissures sur le réacteur 1 de #Civaux, la centrale française la plus récente et la plus puissante du parc atomique, après l’EPR de Flamanville (Manche).

      Première réparation à l’automne 2022

      À l’époque, l’électricien observe ces fissures sur la surface de la tuyauterie de circuits auxiliaires, connectés directement au circuit primaire principal, qui entoure le réacteur et dans lequel circule une eau à 320 degrés. Il est ici question de tuyaux tortueux. Ces derniers ne sont pas rectilignes, mais cheminent, avec des tronçons verticaux, horizontaux et des coudes. La taille des fissures varie alors d’une centaine de microns à quelque 5 millimètres.

      C’est au printemps 2022 que des premiers contrôles et investigations ont été menés sur Civaux 2, considéré comme prioritaire en raison du design de ses tuyauteries, également tortueuses. La présence de corrosion sous contrainte a par la suite été confirmée, conduisant à des réparations durant l’automne. Plus généralement, 2022 fut une année noire pour l’électricien tricolore, celui-ci ayant pris la décision de mettre à l’arrêt de nombreux réacteurs, entraînant une importante baisse de la production nucléaire et des pertes records pour le groupe.

      Quid de la vitesse de propagation ?

      Le fait de voir réapparaître des indices de corrosion sous contrainte sur le réacteur numéro 2 de Civaux montre que « le phénomène s’amorce rapidement, le temps de deux cycles de production », pointe un bon connaisseur du secteur. Selon lui, « l’estimation de la vitesse de propagation des fissures sera fondamentale ». Une des pistes actuellement à l’étude pour retarder le phénomène de propagation repose sur la réduction de l’oxygénation dans les tuyauteries. Le gendarme du nucléaire a d’ailleurs demandé à EDF de réfléchir à la manière dont l’électricien pourrait réduire le taux d’oxygène au cas par cas, c’est-à-dire selon les réacteurs ou selon les types de réacteurs.

      Fin mai, l’Autorité de sûreté affirmait encore que la corrosion sous contrainte était un « phénomène complexe multifactoriel », dont « on ne connaîtra probablement jamais la totalité du rôle de chacun des phénomènes en détail », concédait Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASNR, en marge de la présentation du rapport annuel de l’autorité devant les parlementaires. L’une des causes avérées est la géométrie des tuyauteries, plus complexe sur les réacteurs les plus récents (les paliers de 1 450 mégawatts et de 1 300 mégawatts), mais d’autres facteurs entrent en jeu.

      Civaux 2 sélectionné pour produire du tritium

      « Pour autant, nous avons aujourd’hui une compréhension qui est suffisante pour pouvoir gérer et prévenir correctement le risque associé », précise Julien Collet. « EDF nous a soumis une proposition de programme de suivi et de contrôles en service avec quelles zones à contrôler, quels types de contrôles et quelle périodicité des contrôles pour être capable de détecter à temps une dégradation des tuyauteries », ajoutait-il.

      L’unité 2 de la centrale de Civaux est censée redémarrer au début de l’été. C’est sur ce réacteur que doivent être menées les premières expérimentations de production de #tritium, un gaz rare indispensable à la fabrication des #armes_atomiques. Dans cette optique, des éléments en lithium ont été introduits sur certains combustibles pendant les opérations de maintenance. EDF n’a pas indiqué à quelle date précise le réacteur pourrait, de nouveau, être connecté au réseau électrique.

  • « T’es malade ? Sois responsable, arrête ! » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/tes-malade-sois-responsable-arrete-20250608_MTCYUHKBQNA7HBMQ2XJNRA5UJU
    https://www.liberation.fr/resizer/V16meCwOz7XpK65zG_ozy_R2IAA=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/SGHNDA2HBVA5BFXLAZ2M5YTGC4.jpg

    Agnès Giannotti rappela que la hausse des IJ est liée au vieillissement d’une population qu’on maintient au travail des années supplémentaires, aux difficultés d’accès aux soins - quand il faut aujourd’hui des semaines voire des mois de plus qu’il y a dix ans pour obtenir une IRM, une consultation chirurgicale, une intervention et la rééducation nécessaire, la prise en charge d’une lésion orthopédique en accident de travail pouvant durer une année au lieu de quatre mois auparavant ; quand il faut des mois pour qu’un patient en arrêt puisse bénéficier d’une visite de préreprise en médecine du travail, même constat. Elle n’a pas pointé devant la ministre la responsabilité d’un gouvernement et d’un président qui, malgré les promesses faites en campagne électorale, n’a rien mis en place pour améliorer la qualité de l’air en lieu clos alors que se poursuit, sous le radar, une pandémie aggravant dans le monde entier le nombre de personnes handicapées par le covid long.

  • U.S. Launches First Deep-Sea Mineral Lease Evaluation in 30 Years Near American Samoa
    21/05/2025
    https://gcaptain.com/u-s-launches-first-deep-sea-mineral-lease-evaluation-in-30-years-near-amer


    Greenpeace activists from New Zealand and Mexico confront the deep sea mining vessel Hidden Gem, commissioned by Canadian miner The Metals Company, as it returned to port from eight weeks of test mining in the Clarion-Clipperton Zone between Mexico and Hawaii, off the coast of Manzanillo, Mexico November 16, 2022.
    REUTERS/Gustavo Graf

    The Department of Interior has initiated its first mineral lease sale evaluation in over 30 years, targeting deep-sea critical minerals in waters offshore American Samoa. This groundbreaking move comes as part of President Trump’s broader strategy to enhance domestic critical mineral development.

    “Critical minerals are fundamental to strengthening our nation’s resilience and safeguarding our national interests,” said Secretary of the Interior Doug Burgum. “By providing opportunities to responsibly access deep-sea mineral resources, we are supporting both American economic growth and national security.”

    The initiative follows President Trump’s Executive Order “Unleashing America’s Offshore Critical Minerals and Resources,” which positions seabed mineral development as crucial to U.S. national security. This strategic focus comes amid increasing activity by China and Russia in the Pacific region and America’s continued dependence on foreign critical minerals.

    U.S.-based company Impossible Metals submitted a formal lease sale request to the Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) on April 8, 2025. BOEM’s evaluation process will prioritize scientific research, public engagement, and environmental stewardship.

    The process will begin with a request for information in the Federal Register, seeking input from various stakeholders including Indigenous Island communities, ocean users, industry representatives, and government agencies. This feedback will inform BOEM’s assessment of geological conditions, environmental and cultural impacts, and existing area uses such as navigation and fishing.

    The initiative’s scope is substantial, with the Interior Department managing approximately 3.2 billion acres of the Outer Continental Shelf—an area exceeding the entire U.S. landmass. Administration officials estimate that U.S. waters contain more than 1 billion metric tons of polymetallic nodules rich in manganese, nickel, copper, and other critical minerals. The economic impact could be significant, with projections suggesting a $300 billion boost to U.S. GDP over 10 years and the creation of 100,000 jobs.

    However, the initiative faces potential challenges. While the U.S. can authorize mining within its territorial waters (up to 200 nautical miles from shore), international waters present more complex jurisdictional issues.

    The International Seabed Authority, established under the UN Convention on the Law of the Sea—which the U.S. has not ratified—continues to debate standards for deep-sea mining, particularly regarding environmental impacts.

    Environmental groups have expressed concerns, advocating for a complete ban on deep-sea mining due to potential irreversible impacts on marine biodiversity. Supporters counter that deep-sea mining could reduce the need for extensive land-based mining operations, which often face opposition from local communities.

    The initiative aligns with other recent administration actions to enhance domestic mining capabilities, including fast-tracking permits for 10 mining projects across the United States and implementing an abbreviated approval process for mining projects on federal lands.

    • même contenu, mais pour Clarion-Clipperton (sujet de la photo d’illustration ci-dessus)

      The Metals company fait la première demande d’exploitation minière en haute mer aux États-Unis
      29/04/2025
      https://lemarin.ouest-france.fr/sciences-environnement/the-metals-company-fait-la-premiere-demande-dexploitation-minie
      https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyNTA0ZGYyYjYyNjg2ZDJjMGIyNjQ4NzM2ZmZhNDk3OWI1NjE

      Le décret de Donald Trump sur l’autorisation d’exploitation minière dans les eaux internationales a trouvé son premier candidat. Sans surprise, le canadien The Metals company (TMC), qui avait annoncé son intention de passer par l’administration américaine, a annoncé avoir déposé la première demande d’exploitation minière commerciale dans les eaux internationales auprès des États-Unis, mardi 29 avril.

       Aujourd’hui marque une étape majeure pour l’indépendance en minerais et la résurgence industrielle de l’Amérique , a commenté le PDG de TMC, Gerard Barron. TMC a déposé des demandes d’exploration pour deux sites dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), dans le Pacifique, dont une avec un permis d’exploitation en plus. La CCZ est reconnue pour sa concentration en nodules polymétalliques. Au total, les deux zones déjà en partie explorées par TMC via un contrat avec l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), contiennent environ 15,5 millions de tonnes de nickel, 12,8 millions de tonnes de cuivre, 2 millions de tonnes de cobalt et 345 millions de tonnes de manganèse.
      La question de la primauté de l’autorité

      Cette demande est possible en raison d’un litige sur l’autorité compétente. L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOOA) est compétente en vertu d’une législation américaine de 1980, établissant des règles pour l’exploration et la récupération commerciale des minerais des fonds marins dans les eaux internationales. Mais l’AIFM, dont ne font pas partie les États-Unis, a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales.
      L’entreprise canadienne avait annoncé en mars son intention de solliciter directement l’administration américaine pour un contrat d’extraction minière commerciale. À la suite de quoi le président américain a signé un décret visant à accélérer l’examen des candidatures et la délivrance de permis d’exploration.
      Les États-Unis, qui espèrent se dégager de la dépendance face à la Chine pour l’approvisionnement en métaux stratégiques, estiment que l’extraction minière sous-marine pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars son PIB sur dix ans.
      « Un acte de mépris du droit » pour les défenseurs de l’environnement

      L’annonce de TMC restera dans les mémoires comme un acte de mépris total pour le droit international et le consensus scientifique , a dénoncé dans la foulée Ruth Ramos, chargée de campagne « Protect the Oceans » pour Greenpeace.
      Les défenseurs des océans estiment que l’extraction minière sous-marine menace des écosystèmes cruciaux et encore peu connus.

      The Metals company fait la première demande d’exploitation minière en haute mer aux États-Unis
      29/04/2025
      https://lemarin.ouest-france.fr/sciences-environnement/the-metals-company-fait-la-premiere-demande-dexploitation-minie


      Les véhicules collecteurs de nodules polymétalliques sont capables d’aller à une profondeur de près de 2 500 mètres.
      TMC

      Le décret de Donald Trump sur l’autorisation d’exploitation minière dans les eaux internationales a trouvé son premier candidat. Sans surprise, le canadien The Metals company (TMC), qui avait annoncé son intention de passer par l’administration américaine, a annoncé avoir déposé la première demande d’exploitation minière commerciale dans les eaux internationales auprès des États-Unis, mardi 29 avril.

       Aujourd’hui marque une étape majeure pour l’indépendance en minerais et la résurgence industrielle de l’Amérique , a commenté le PDG de TMC, Gerard Barron. TMC a déposé des demandes d’exploration pour deux sites dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), dans le Pacifique, dont une avec un permis d’exploitation en plus. La CCZ est reconnue pour sa concentration en nodules polymétalliques. Au total, les deux zones déjà en partie explorées par TMC via un contrat avec l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), contiennent environ 15,5 millions de tonnes de nickel, 12,8 millions de tonnes de cuivre, 2 millions de tonnes de cobalt et 345 millions de tonnes de manganèse.
      La question de la primauté de l’autorité

      Cette demande est possible en raison d’un litige sur l’autorité compétente. L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOOA) est compétente en vertu d’une législation américaine de 1980, établissant des règles pour l’exploration et la récupération commerciale des minerais des fonds marins dans les eaux internationales. Mais l’AIFM, dont ne font pas partie les États-Unis, a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales.
      L’entreprise canadienne avait annoncé en mars son intention de solliciter directement l’administration américaine pour un contrat d’extraction minière commerciale. À la suite de quoi le président américain a signé un décret visant à accélérer l’examen des candidatures et la délivrance de permis d’exploration.
      Les États-Unis, qui espèrent se dégager de la dépendance face à la Chine pour l’approvisionnement en métaux stratégiques, estiment que l’extraction minière sous-marine pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars son PIB sur dix ans.
      « Un acte de mépris du droit » pour les défenseurs de l’environnement

      L’annonce de TMC restera dans les mémoires comme un acte de mépris total pour le droit international et le consensus scientifique , a dénoncé dans la foulée Ruth Ramos, chargée de campagne « Protect the Oceans » pour Greenpeace.
      Les défenseurs des océans estiment que l’extraction minière sous-marine menace des écosystèmes cruciaux et encore peu connus.

    • L’environnement des nodules polymétalliques du Pacifique étudié à la loupe par l’Ifremer
      07/01/2025
      https://lemarin.ouest-france.fr/sciences-environnement/lenvironnement-des-nodules-polymetalliques-du-pacifique-etudie-


      Les nodules polymétalliques du Pacifique sont convoités pour leurs propriétés minérales.
      IFREMER

      Détenteur d’un contrat d’exploration dans la zone de Clarion-Clipperton depuis 2001 auprès de l’Autorité internationale des fonds marins, l’Ifremer est de retour de campagne après plus de quarante jours passés dans le Pacifique. Du 19 novembre au 2 janvier, 29 scientifiques ont rejoint l’équipage de l’Atlante, navire de la Flotte océanographique française (Fof) opéré par Génavir, pour la mission Eden.

      #paywall

    • A map of the CCZ marking the exploration areas issued by the... | Download Scientific Diagram

      https://www.researchgate.net/figure/A-map-of-the-CCZ-marking-the-exploration-areas-issued-by-the-Internati

      A map of the CCZ marking the exploration areas issued by the International Seabed Authority (straight black lines) and Areas of Particular Environmental Interest (APEIs; dashed black lines) (International Seabed Authority 2020, 2021). The background map reflects low-resolution bathymetry in the area (GEBCO 2014). The area BGR-E (red lines) is shown in higher resolution in the lower, right-hand map

      from
      (PDF) A review of megafauna diversity and abundance in an exploration area for polymetallic nodules in the eastern part of the Clarion Clipperton Fracture Zone (North East Pacific), and implications for potential future deep-sea mining in this area
      https://www.researchgate.net/publication/369352650_A_review_of_megafauna_diversity_and_abundance_in_an_explorat

      on distingue les abords de l’atoll de Clipperton sur la moitié supérieure du bord droit (Est) de la carte
      les Samoa états-uniennes sont un peu plus bas que le coin opposé (170° Ouest, 14° S)

    • Map of the Clarion-Clipperton Zone showing the general location of sampling sites in the German, IOM, Belgium, and French areas and APEI-3.

      https://www.researchgate.net/figure/Map-of-the-Clarion-Clipperton-Zone-showing-the-general-location-of-sam

      from :
      (PDF) Macrofauna-sized foraminifera in epibenthic sledge samples from five areas in the eastern Clarion-Clipperton Zone (equatorial Pacific)
      janvier 2023
      https://www.researchgate.net/publication/367404423_Macrofauna-sized_foraminifera_in_epibenthic_sledge_samples_f

  • La meute, un livre qui nous apprend autant sur le journalisme que sur LFI - AOC media

    via https://diasp.eu/p/17666045

    https://aoc.media/analyse/2025/06/02/la-meute-un-livre-qui-nous-apprend-autant-sur-le-journalisme-que-sur-lfi

    #politique #propagande #individualisme #néolibéralisme

    Parmi les livres consacrés à la France Insoumise (#LFI), La meute de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou se distingue par son succès éditorial et sa visibilité médiatique. Présenté comme une « enquête » sur le fonctionnement interne du mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon, l’ouvrage prétend « révéler » les violences symboliques, les dérives autoritaires et l’ambiance de courtisanerie qui régneraient dans les cercles dirigeants de LFI. Ce livre s’inscrit dans une longue tradition de récits journalistiques centrés sur les « coulisses » des partis et de la lutte pour le pouvoir. publicité

    Mais La meute est aussi un révélateur des limites structurelles du journalisme politique. (...)

    • (Mais La meute est aussi un révélateur des limites structurelles du journalisme politique.) ... En procédant à une analyse comparée avec une enquête sociologique que j’ai conduite entre 2018 et 2020 (Le populisme de gauche, La Découverte, 2021), je voudrais interroger ce que voit, ce qu’occulte et ce que fabrique ce type de production journalistique. À travers cette critique, il ne s’agit pas d’opposer les vertus de la science à la superficialité supposée du journalisme. Il s’agit de comprendre les conditions sociales de production de chaque régime de savoir, et les effets d’objectivation – ou de distorsion – qui en découlent.

      La critique que je propose ici se déploiera en cinq temps. Je reviendrai d’abord sur la personnalisation de l’analyse, La meute réduisant trop souvent la dynamique d’un mouvement collectif à la psychologie d’un seul homme. Je montrerai ensuite comment le livre produit une vision caricaturale du militantisme. J’examinerai en troisième lieu le traitement différentiel dont LFI est l’objet, à travers l’illusion d’exceptionnalité que construisent les auteurs. Je consacrerai un quatrième moment à l’analyse des routines journalistiques et de leurs effets de vision, avant de conclure sur les différents régimes d’intelligibilité politique qui animent le journalisme et la sociologie.
      La fascination-répulsion pour le leader

      Le livre de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou porte pour sous-titre « Enquête sur la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ». L’introduction de mon livre s’intitule « La France insoumise au-delà de son leader ». Deux perspectives se font face : réduire une dynamique collective aux tourments psychologiques de son leader (« pour comprendre LFI, il faut disséquer l’homme » et « faire l’exégèse de ses frustrations ») vs examiner ce que les conditions sociales font aux pratiques politiques d’un individu et sur ce que ces pratiques disent de notre société.

      La dimension la plus saillante de La meute est la centralité absolue accordée à Jean-Luc Mélenchon. Dès les premières pages, l’ancien candidat à la présidentielle est décrit comme une figure à la fois charismatique et destructrice, adulée et redoutée, omniprésente et insaisissable. Les auteurs mobilisent un lexique quasi-psychanalytique : ils parlent de ses colères, de ses dépressions supposées, de ses complexes, de sa mégalomanie latente. On lit par exemple que Mélenchon est capable « d’humilier » ses plus proches dans un silence « glacial », qu’il se vit en « prophète », ou encore qu’il préfère « la soumission » à la contradiction ».

      Ce type de portrait produit une anthropologie morale de la politique : les propriétés sociales des agents sont remplacées par des traits de caractère, les logiques structurelles sont réduites à des tempéraments et les conflits politiques sont reconfigurés comme des histoires de fidélité ou de trahison. Il en résulte un effet de subjectivisation : la politique est ramenée à un théâtre d’ombres peuplé de personnages emblématiques. La logique des institutions, des règles, des ressources militantes disparaît.

      Dans cette perspective, le mouvement devient l’ombre portée de son fondateur. Toute dynamique organisationnelle est rapportée au psychisme d’un seul homme. Le récit produit ainsi une illusion de causalité descendante : c’est parce que Mélenchon est colérique que les cadres partent ; c’est parce qu’il est mégalomane que les listes sont verrouillées ; c’est parce qu’il est paranoïaque que les conflits internes s’exacerbent. Une telle lecture ignore les médiations, les épreuves, les négociations, les inerties, bref tout ce qui fait la réalité complexe d’une organisation politique.

      Dans Le populisme de gauche, j’avais tenté de procéder autrement. Plutôt que d’expliquer les tensions internes par les traits d’un leader, j’avais objectivé les effets de structure liés à un modèle organisationnel mouvementiste, à une arène politique présidentialisée et à un champ médiatique guidé par l’audimat : une verticalité assumée, une absence de démocratie interne, une relation ambivalente aux médias, une mise en scène de la conflictualité. Ces éléments ne sont pas les produits de l’humeur d’un homme : ils sont le résultat d’un ensemble de choix stratégiques opérés sous une série de contraintes institutionnelles et de circonstances historiques.
      Une vision caricaturale du militantisme

      L’un des effets les plus délétères de La meute réside dans sa représentation du militantisme comme une forme de servitude volontaire et implacable. À de nombreuses reprises, les auteurs décrivent les membres de LFI comme des exécutants dociles, insensibles à la violence qu’ils subissent et/ou qu’ils exercent, prompts à obéir au chef, incapables de distance critique. On prétend que les insoumis répètent les éléments de langage sans broncher, qu’ils acceptent tout, par fidélité ou par crainte, et qu’ils se battent pour défendre leur gourou, même quand ils savent qu’il a tort.

      Cette vision relève d’un schéma que la sociologie du militantisme ne peut confirmer : celui d’un militant « aliéné », soumis aux caprices du chef, incapable de recul. Les données ethnographiques dont je dispose contredisent cette hypothèse. Les militants que j’ai interrogés – à Paris, Marseille, Amiens, Lyon ou Toulouse – sont loin d’être dupes des limites de leur organisation. Ils identifient souvent les manques de démocratie, la centralisation du pouvoir, les pratiques autoritaires. Mais ils en font une lecture stratégique : ces défauts sont perçus comme des effets de contexte, des contreparties d’une efficacité électorale, ou les symptômes d’un passage encore inachevé vers une forme organisationnelle plus démocratique.

      Les militant·es ne sont pas les objets passifs d’une entreprise de captation du consentement. Ils sont des acteurs sociaux dotés d’un sens pratique, capables d’adopter une posture distanciée, de formuler des critiques internes, voire de transgresser les injonctions venues d’en haut. Il n’est pas rare de voir des militants insoumis réécrire les tracts, réinterpréter les consignes nationales, détourner les slogans ou négocier avec les logiques locales. Autrement dit, ils bricolent leur engagement.

      Charlotte Belaïch et Olivier Pérou présentent les militant·es insoumis comme des « pions » que le leader déplacerait et manipulerait à sa guise. Je ne souhaite pas tordre le bâton dans l’autre sens. LFI, c’est vrai, est une organisation qui dépossède les militants au profit du leader et des sympathisants. J’y ai consacré un chapitre entier de mon livre. Mais cette dépossession n’est pas la soumission grégaire d’une « meute » à son « mâle alpha ». La question intéressante – politiquement, intellectuellement – à poser est de comprendre comment et pourquoi des militants acceptent de jouer un jeu qu’ils peuvent par ailleurs critiquer. La meute empêche de poser cette question.
      L’illusion d’exceptionnalité

      Un troisième travers de La meute est sa tendance à présenter comme spécifiques à La France Insoumise des phénomènes qui relèvent, en réalité, de dynamiques structurelles propres à l’ensemble des partis contemporains. Les violences sexistes et sexuelles, les stratégies d’invisibilisation des dissidents, les tensions entre appareils et bases, l’abaissement du coût d’entrée dans les partis politiques, le développement de l’activisme numérique, les conflits autour des investitures ou la personnalisation du pouvoir ne sont pas des anomalies propres à LFI. Ces phénomènes traversent le champ partisan dans son ensemble, qu’il s’agisse du Parti socialiste, d’Europe Écologie – Les Verts, de Renaissance ou du Rassemblement national.

      Or les auteurs de La meute postulent dès leur avant-propos que « LFI n’est pas un parti comme les autres ». Une telle affirmation, dénuée de fondement comparatif, participe d’un traitement différentiel qui tend à construire une image d’exceptionnalité négative. La France insoumise serait pire que ses rivaux. Ce faisant, La meute occulte la généralité des transformations du champ politique : la présidentialisation des partis, la perte de pouvoir des militants, la gestion managériale des campagnes, la prégnance d’une culture patriarcale et d’une division genrée du travail militant, etc.

      Il y a là un effet de grossissement propre au regard journalistique : faute de pouvoir historiciser les phénomènes, les journalistes sur-interprètent leur nouveauté. Faute de pouvoir les comparer, ils les absolutisent. Cette illusion d’exceptionnalité permet de nourrir une dramaturgie éditoriale : LFI serait le théâtre d’un effondrement moral et d’une dérive sectaire. Or, si l’on replace les faits dans une perspective sociohistorique, on voit apparaître des régularités. La centralisation des décisions, par exemple, est renforcée dans tous les partis lors des campagnes présidentielles ; les mises à l’écart sont monnaie courante dans les partis à fort leader ; les conflits idéologiques se rejouent fréquemment sous la forme de conflits personnels. Ainsi, La meute pèche par absence de mise en contexte. Elle transforme en symptômes d’une dérive ce qui relève d’une logique plus générale du champ politique.

      Il existe bien sûr des différences entre LFI et les autres partis. Étudier ces différences, comprendre leur genèse et examiner leurs effets était au cœur du livre que j’ai produit il y a quatre ans. Dans La meute, ces différences sont absolutisées et essentialisées, ce qui empêche ainsi les auteurs d’effectuer la moindre comparaison avec d’autres partis. Aux yeux des auteurs, LFI n’est pas seulement différent de ses rivaux, il est « incomparable ». Le fonctionnement du PS, de Renaissance, de LR ou du RN n’est donc jamais évoqué dans le livre. Pas de sociologie sans comparaison, disait Durkheim. Le journalisme politique, lui, ne s’encombre pas d’un tel scrupule.
      Sur quelques contraintes et routines journalistiques

      Il serait injuste d’attribuer aux seuls auteurs de La meute les biais observés dans leur ouvrage. Ceux-ci tiennent largement aux routines professionnelles du journalisme politique, et à la configuration du champ médiatique dans lequel il s’insère. Enquêter sur un mouvement politique, dans le cadre d’un journal de presse écrite, impose un certain nombre de contraintes : travailler dans l’urgence, répondre à l’attente d’un lectorat informé mais impatient, produire du récit plutôt que de l’analyse, mettre en avant les personnes plus que les structures.

      Entre 2018 et 2020, pendant que je menais mon enquête sur LFI, j’ai également mené une sous-enquête sur les journalistes responsables de la « gauche » au sein du Monde, de Libération, du Figaro, du Parisien, de Mediapart, du Nouvel obs et de quelques autres. Je les ai rencontrés et longuement interrogés sur leurs parcours de vie, leur métier, leurs conditions de travail, leurs sociabilités, leurs opinions politiques. Tous mes interlocuteurs ont évoqué les contraintes susmentionnées. Ils décrivent un univers professionnel marqué par la concurrence entre rédactions, la pression des rédacteurs en chef, la rareté du temps d’enquête, l’ambiguïté des relations avec les sources, la nécessité de rendre les dissensions visibles pour que le politique « fasse événement ».

      Cette configuration engendre un double effet de vision. D’une part, elle produit un biais de survisibilité des dirigeants, au détriment des militants ordinaires. D’autre part, elle valorise les récits de rupture, les conversions spectaculaires, les défections dramatisées, au détriment des continuités souterraines, des pratiques ordinaires, des ajustements quotidiens. Loin d’être spécifiques à La meute, ces biais sont inhérents au journalisme politique. Ils expliquent pourquoi la sociologie, quand elle se donne le temps de l’enquête, produit une image du politique souvent à rebours de celle des médias : plus lente, plus nuancée, moins spectaculaire, mais aussi plus fidèle à la complexité du réel.
      Deux régimes d’intelligibilité de la politique

      Au terme de cette critique, il ne s’agit pas de récuser en bloc l’intérêt de La meute. L’ouvrage livre des informations utiles, donne à entendre des voix critiques, documente des faits que les instances dirigeantes de LFI auraient tort de minimiser. Mais il faut lire La meute pour ce qu’il est : un produit du champ journalistique, obéissant à ses logiques propres, qui limitent la portée de l’enquête.

      Ce que montre en creux la confrontation de ce livre avec une enquête sociologique, c’est la nécessité de penser LFI non comme une énigme psychologique, ni comme une dérive sectaire, mais comme une forme partisane spécifique, située historiquement, et travaillée par des tensions internes. Il faut replacer LFI dans l’histoire longue des gauches radicales, de leurs rapports au pouvoir, à l’État, aux médias, aux intellectuels. Il faut restituer la complexité des configurations militantes, les désaccords internes, les trajectoires sociales différenciées des cadres et des militant·es. Il faut, enfin, s’interroger sur ce que LFI fait aux dispositifs classiques de la représentation politique, et sur ce qu’elle révèle, par contraste, du dépérissement des partis traditionnels.

      À cette fin, la sociologie ne prétend pas dire le vrai contre le faux. Elle cherche à construire des objets, à articuler des registres d’analyse, à restituer les contradictions plutôt qu’à les trancher. Elle n’a ni l’immédiateté du reportage, ni la flamboyance du portrait. Mais elle a, parfois, le pouvoir de faire apparaître ce que le regard médiatique ne perçoit pas, ou ne peut pas percevoir. C’est dans cet écart – entre ce que le journalisme politique raconte, et ce que la sociologie peut faire apparaître – que se joue, aujourd’hui, une part essentielle de notre compréhension du politique.

      La comparaison entre La meute et Le populisme de gauche dépasse le cas particulier de La France Insoumise. Il s’agit de deux manières d’enquêter sur le politique, de deux régimes de vérité, portés par des univers professionnels différents. La divergence la plus visible tient à la temporalité. Là où le journalisme travaille sous contrainte d’urgence, avec une logique de révélation, la sociologie s’inscrit dans la longue durée et dans une logique de compréhension. Le premier privilégie les épisodes spectaculaires, les crises les conflits interpersonnels ; la seconde s’attache aux processus, aux bifurcations, aux trajectoires, aux routines. Le journalisme construit l’événement, la sociologie le réinscrit dans l’histoire.

      Une seconde divergence concerne le statut des sources. Dans La meute, les témoignages – souvent anonymes – sont présentés comme des faits bruts, porteurs d’une vérité auto-évidente. En sociologie, les entretiens sont des matériaux à interpréter, replacés dans un contexte, croisés avec d’autres données, analysés à partir d’un cadre théorique. La vérité n’est jamais immédiate ; elle est à construire dans un va-et-vient permanent entre matériaux empiriques, réflexions théoriques et comparaison chrono-historiques.

      Troisièmement, les deux approches se distinguent par leur degré de réflexivité. Les journalistes s’effacent généralement derrière le récit, laissant penser qu’ils accèdent à une forme de transparence sur le réel. Le sociologue, lui, explicite sa position, ses choix méthodologiques, ses limites. Il assume que tout regard est situé, et que l’objectivité réside moins dans une neutralité proclamée que dans une réflexivité assumée.

      Vient ensuite la question du régime de preuve. Le journalisme repose sur l’effet de révélation : une citation, une scène, un témoignage valent comme preuve. La sociologie travaille sur des configurations, des régularités, des effets de structure. Elle ne cherche pas à révéler, mais à expliquer. Là où le journalisme met en avant le spectaculaire, la sociologie construit du général à partir de cas empiriques singuliers.

      Enfin, les deux démarches n’ont pas la même finalité. La meute cherche à alerter, à dénoncer, à disqualifier. Mon enquête sociologique poursuivait un autre horizon : rendre intelligibles les logiques à l’œuvre dans un mouvement politique, en restituant ses tensions, ses contradictions et ses ambivalences. Elle ne disculpe ni n’accable, mais cherche à comprendre. La meute et Le populisme de gauche convergent sur de nombreux constats. Mais la posture des auteurs est différente. La meute dit à ses lecteurs qu’il faut faire barrage à La France Insoumise. Le populisme de gauche leur dit qu’ils sont suffisamment intelligents pour se faire leur propre avis.

  • #Journal du regard : Mai 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mai-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=8FLCqozCzqs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Fontainebleau, #Photographie, #Jardin, #Cimetière, #Création, #IA, #Printemps, #Musée (...)

  • #Démarchandisation, c’est quoi encore ce truc ?
    Les acteurs qui portent ce sujet sont les « louches » de la gauche (Autain, Castets, Ruffin, Vallaud), les même qui voudraient une primaire.
    La théorie de la valeur, ça, je vois bien. Si ca s’inscrit là-dedans, je peux entendre. Mais si c’est encore un contre feu alors pas besoin.

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/260525/demarchandisation-cette-idee-qui-federe-discretement-la-gauche

    #théorie_de_la_valeur
    #paywall

  • #Permis_miniers délivrés en #Bretagne : pour quoi faire ?

    C’est un projet qui commence à faire pas mal de bruit en Bretagne : un projet d’#exploration_minière qui concerne au total 22 communes bretonnes, 4 du côté d’#Hennebont et 18 dans le pays de #Redon (+ 2 communes du 44)./ Des demandes de permis d’exploration minière ont été déposés par une société canadienne. Elle veut explorer le sous-sol en espérant y trouver des #métaux_rares très recherchés actuellement. Communes et habitants se mobilisent, car l’État devrait rendre sa décision fin 2025. illustration dans le #Pays_de_Redon visé par l’un de ces permis de recherche

    https://www.youtube.com/watch?v=aMT7BwVU5dc


    #mines #extractivisme #France #Canada #résistance #sous-sol #métaux_rares #projet_taranis #stop_taranis #taranis #Breizh_Ressources (https://www.breizh-ressources.bzh) #Aurania_Resources #Fruta_del_Norte #or #mines_d'or #eau #eau_potable

    signalé aussi par @simplicissimus ici :
    https://seenthis.net/messages/1103635

  • Merz : Italienisches Albanien-Modell eine Option für Deutschland

    Italiens Rechtsregierung ist bislang mit dem Vorhaben gescheitert, Asylverfahren nach Albanien auszulagern. Für #Kanzler_Merz ist das Thema trotzdem nicht erledigt – trotz mehrerer Gerichtsentscheidungen gegen das italienische Albanien-Modell.

    Bundeskanzler Friedrich Merz kann sich zur Eindämmung irregulärer Migration nach Europa auch Asylverfahren in Staaten außerhalb der EU vorstellen. Mit Blick auf den einstweiligen Stopp entsprechender Pläne Italiens durch die dortige Justiz sagte der CDU-Vorsitzende bei seinem Antrittsbesuch in Rom, er kenne die Entscheidungen der Gerichte. „Aber dies kann natürlich nach wie vor eine Option sein“, fügte er nach einem Treffen mit der rechtskonservativen Ministerpräsidentin Giorgia Meloni hinzu.

    Die Koalition in Rom aus drei rechten und konservativen Parteien will Asylverfahren für im Mittelmeer aufgegriffene Migranten in Albanien abwickeln, was durch die Justiz jedoch mehrfach unterbunden wurde. Derzeit prüft der Europäische Gerichtshof, ob ein solcher Umgang mit Migranten mit europäischem Recht vereinbar ist. Die eigens errichteten Lager in dem Nicht-EU-Land Albanien stehen seit Monaten weitgehend leer. Bislang hat das Modell noch nie funktioniert.

    (#paywall)

    https://www.migazin.de/2025/05/18/merz-italienisches-albanien-modell-option
    #Italie #Allemagne #migrations #réfugiés #modèle_italien #modèle_albanais #Albanie #externalisation

    –-

    ajouté à la métaliste sur les tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers (https://seenthis.net/messages/731749), mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers :

    https://seenthis.net/messages/900122

  • Bruxelles entend faciliter le renvoi hors d’Europe des demandeurs d’asile
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/20/bruxelles-entend-faciliter-le-renvoi-hors-d-europe-des-demandeurs-d-asile_66

    Bruxelles entend faciliter le renvoi hors d’Europe des demandeurs d’asile
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen)
    La droite conservatrice et radicale, ainsi qu’une partie de la gauche nordique, semble avoir remporté la bataille idéologique en matière d’immigration à Bruxelles. Après avoir autorisé, en mars, les Etats européens à créer des « plateformes de retour » des sans-papiers hors d’Europe, la Commission européenne a décidé, mardi 20 mai, de revoir le concept de « pays tiers sûrs », et partant, de faciliter les expulsions de demandeurs d’asile vers des pays par lesquels ils n’ont fait que transiter. Ce changement ouvre également la porte à l’ouverture de centres de demandeurs d’asiles dans des pays éloignés, à l’image des projets développés, mais depuis arrêtés, par le Danemark ou le Royaume-Uni avec le Rwanda.
    La révision du concept de « pays tiers sûrs », présent dans le règlement sur la procédure d’asile adopté en mai 2024 dans le cadre du pacte asile et migration, « permettra d’accélérer les procédures d’asile et de réduire la pression sur les systèmes d’asile, tout en préservant les garanties juridiques pour les demandeurs et en assurant le respect des droits fondamentaux », précise la Commission dans un communiqué.
    L’exécutif européen répond positivement à la demande que lui avait faite une quinzaine de pays en mai 2024. A l’époque, à l’initiative du Danemark, de l’Autriche ou de l’Italie, ces pays avaient exigé de la Commission « d’identifier, d’élaborer et de proposer de nouveaux moyens et de nouvelles solutions pour prévenir l’immigration irrégulière en Europe », dont les plateformes de retour ou la redéfinition du concept de pays tiers sûrs. A l’époque, l’Allemagne s’opposait encore à ce type de projets, aujourd’hui elle les soutient.
    Concrètement, en s’appuyant sur cette notion de pays tiers sûr, « les Etats membres pourront considérer une demande d’asile comme irrecevable lorsque les demandeurs pourraient bénéficier d’une protection effective dans un pays tiers considéré comme sûr pour eux », précise l’exécutif européen.
    Alors que la législation de 2024 exige que les autorités chargées de l’asile prouvent l’existence d’un lien entre le demandeur et le pays tiers sûr concerné (avoir vécu dans ce pays, y avoir travaillé, etc.), la Commission propose de supprimer ce lien. Désormais, le simple passage d’un demandeur d’asile par un pays avant d’atteindre l’Union européenne (UE) peut être considéré comme un lien suffisant pour lui appliquer le concept de pays tiers sûr, indique la nouvelle législation. C’était une demande insistante de l’Italie, qui souhaite renvoyer en Tunisie nombre d’arrivants sur ses côtes. A contrario, la France, dont la Constitution impose ce critère de connexion dans sa propre procédure d’asile, était assez réticente et ne poussait pas au changement.
    Enfin, « en l’absence de lien ou de transit, le concept peut être appliqué s’il existe un accord ou un arrangement avec ce pays tiers sûr », précise la Commission, qui assure qu’elle contrôlera les accords passés entre les Etats membres et ces pays tiers. Cela ouvre la porte à une politique d’externalisation de la gestion de l’asile dans des pays tiers. Encore faut-il que les Etats européens trouvent des Etats volontaires pour recevoir ces demandeurs d’asile.
    Une gageure, car pour être reconnu pays tiers sûr, ces Etats devront remplir « un certain nombre de conditions, telles que la protection contre le refoulement, l’absence de risque réel d’atteintes graves et de menaces à la vie et à la liberté en raison de la race, de la religion, de la nationalité, de l’appartenance à un groupe social ou de l’opinion politique, ainsi que la possibilité de demander et de recevoir une protection effective ». « Ce sera aux Etats membres de désigner, et de s’assurer que les Etats avec qui ils souhaitent travailler sont sûrs », précise Markus Lammert, un porte-parole de la Commission.
    Si une bonne moitié des Etats-membres ainsi que l’aile droite du Parlement européen saluent cette proposition, le centre et la gauche de l’hémicycle font grise mine. « Je conteste vivement la révision du concept de pays tiers sûr », dénonce la libérale Fabienne Keller, de Renew. « La suppression du lien de connexion est problématique, car cela signifie qu’un migrant pourrait être envoyé dans un pays tiers avec lequel il n’a aucun lien et pourrait se retrouver en situation de vulnérabilité, voire de maltraitance. »
    « L’efficacité de ce concept paraît contestable puisqu’elle dépend de la bonne volonté d’Etats tiers, qui devraient accepter des personnes n’ayant aucun lien avec eux », juge Camille Le Coz, directrice du centre de réflexion Migration Policy Institute Europe. Cela risque d’encourager une logique transactionnelle avec les pays voisins de l’Europe, et surtout, « les personnes auraient certainement un intérêt limité à s’intégrer sur place et s’engageraient certainement dans des mouvements secondaires, quitte à tenter de retourner en Europe. »
    « Le plus grand risque, estime Catherine Woollard, la directrice du réseau européen des réfugiés et exilés, c’est de plonger des réfugiés dans les limbes. Des Etats européens vont invoquer ce concept d’Etat tiers sûr pour rejeter leurs demandes d’asile, tandis que les pays tiers en question refuseront d’accueillir ces personnes… On a connu cela avec l’accord UE-Turquie [signé en 2016], où des milliers de personnes rejetées par la Grèce étaient refusées par son voisin turc. Cela a créé des drames. Avec cette proposition, l’Europe tente une nouvelle fois d’externaliser la responsabilité des réfugiés vers des pays extérieurs à l’UE, alors que nombre de ces pays accueillent déjà beaucoup plus de réfugiés que la plupart des Etats membres. »

    #Covid-19#migrant#migration#UE#asile#payssurs#externalisation#politiquemigratoire#hubderetour#expulsion#protection#sante

  • Vous imaginiez quoi ? Sauver la planète avec des technologies Terran ?
    Ce qui marche, c’est les forets et la mer. Ces 2 trucs que vous voulez « valoriser » donc bousiller.

    Les entreprises de capture du CO₂ dans l’air émettent plus de carbone qu’elles n’en éliminent
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/21/les-entreprises-de-capture-du-co-dans-l-air-emettent-plus-de-carbone-qu-elle

    La start-up Climeworks se proposait de piéger le CO₂. Vite valorisée à 1 milliard de dollars, elle a été imitée par bien d’autres. Cette technologie n’a pas tenu ses promesses, et, aujourd’hui, beaucoup d’entreprises et de particuliers pourraient s’estimer floués.

    Cela veut-il dire que la tonne de CO₂ vaut 0,0022 € ?

    Article complet sans #paywall :
    https://seenthis.net/messages/1116417

  • Néstor Siurana / X : « 🔁 DIFUSIÓN para más mapas como este y seguir publicando contenido. https://t.co/hW8JU8zCGr » / X
    https://x.com/nestorsiurana/status/1924081121630798100

    👉🏽💥 Mapa DEFINITIVO para entender cómo funciona la ECONOMÍA de #África. ‼️
    Aparecen TODAS las uniones económicas, asociaciones y divisiones que nos ayudan a entender los FLUJOS ECONÓMICOS 💰 del continente.

    la source est là, mais sous #paywall et dans une version un peu plus ancienne
    https://www.africa-energy.com/map/economic-africa-macro-data-and-markets-1

    le site regorge de cartes (plus de 500…) mais réservées aux abonnés. Seules 22 sont accessibles gratuitement, moyennant inscription.
    News archive | African Energy – Maps
    https://www.africa-energy.com/news-centre/maps

  • Avec son Uber du cloud, Nvidia verrouille un peu plus l’infrastructure de l’IA
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/avec-son-uber-du-cloud-nvidia-verrouille-un-peu-plus-l-infrastructure-de-l


    Dans le cadre de Computex, Nvidia a notamment annoncé la création d’une « marketplace » du cloud
    Ann Wang

    Au salon Computex de Taiwan, Nvidia dévoile « DGX Cloud Lepton », une nouvelle plateforme pensée comme un « Uber » de la puissance de calcul. En orchestrant les ressources de ses partenaires, le géant des GPU cherche à prendre la main sur l’infrastructure mondiale de l’IA.

    Dans la ruée vers l’IA, Nvidia s’est imposée comme l’un des quasi uniques vendeurs de pioches. Et l’entreprise met désormais les bouchées doubles pour en devenir le loueur officiel. En amont de Computex, grande messe de l’informatique qui se tient du 20 au 23 mai à Taipei (Taiwan), la firme américaine a notamment annoncé le lancement d’un nouveau service « DGX Cloud Lepton », une plateforme sur laquelle des développeurs d’applications et d’agents IA peuvent trouver de la ressource en calcul à la demande.
    Cette « marketplace » — ou « usine IA à échelle planétaire » comme l’appelle Nvidia — agrège les ressources de partenaires comme les spécialistes du cloud IA CoreWeave, Crusoe ou Lambda, mais aussi les groupes Nscale (Royaume-Uni), Nebius (Pays-Bas), Foxconn et Softbank. Nvidia imagine Lepton comme un Uber du calcul.

    #paywall

  • #Allemagne : les #refoulements de migrants à la frontière sont-ils légaux ?

    En Allemagne, le nouveau ministre de l’Intérieur a annoncé de possibles refoulement de demandeurs d’asile à la frontière allemande. Qui sera concerné par cette mesure ? Et cette politique est-elle vraiment légale ? InfoMigrants s’est entretenu avec deux avocats spécialisés dans les questions d’asile.

    Le nouveau ministre allemand de l’Intérieur, #Alexander_Dobrindt, a ordonné à la police fédérale de refouler les demandeurs d’asile à la frontière, à moins qu’ils ne soient considérés comme vulnérables.

    Nous avons interrogé deux experts juridiques sur la légalité de ce nouveau tour de vis migratoire. Matthias Lehnert est avocat spécialisé dans le droit d’asile à Leipzig, dans l’est de l’Allemagne. Engin Sanli est avocat spécialisé dans le droit d’asile et de l’immigration à Stuttgart, dans le sud du pays.

    InfoMigrants : Selon vous, qui sera le plus touché par cette nouvelle politique ?

    Matthias Lehnert : Tous ceux qui veulent entrer en Allemagne dans le but de demander l’asile peuvent être concernés. Les personnes vulnérables sont censées être exemptées des refoulements à la frontière, mais on ne sait pas encore exactement comment les personnes seront classées ou reconnues comme vulnérables par la police à la frontière. Ne seront pas seulement touchés des personnes possédant des passeports de pays que l’Allemagne considère comme « sûrs », mais aussi des personnes originaires d’autres pays. Le gouvernement a déjà admis que des #demandeurs_d'asile avaient été refoulés à la frontière.

    Engin Sanli : Je pense que les demandeurs d’asile originaires de pays considérés comme sûrs par le Parlement allemand seront les premiers concernés (l’Allemagne classe les pays suivants comme « sûrs » : les États membres de l’UE, l’#Albanie, la #Bosnie-Herzégovine, la #Géorgie, le #Ghana, le #Kosovo, la #Macédoine, le #Monténégro, la #Moldavie, le #Sénégal, la #Serbie, ndlr). La nouvelle politique est largement basée sur un paragraphe existant dans la loi allemande sur l’asile, à savoir le paragraphe 18. Il stipule que les demandeurs d’asile peuvent être refoulés à la frontière s’ils viennent d’un pays sûr ou si un autre pays est responsable de leur demande d’asile. Dans la pratique, il n’est généralement pas possible de vérifier à la frontière si un autre pays européen est responsable de la demande d’asile d’une personne, comme par exemple en vérifiant ses empreintes digitales dans une base de données de l’Union européenne, de sorte que les personnes seront probablement toujours conduites dans des centres d’accueil et non pas refoulées à la frontière.

    Engin Sanli : Non. Seules les personnes qui traversent la frontière pour demander l’asile sont concernées, pas celles qui sont déjà dans le pays.

    Matthias Lehnert : Une fois que quelqu’un est entré en Allemagne, une fois qu’il a passé un poste frontière, il reste autorisé à demander l’asile.

    Est-ce que tout le monde sera désormais arrêté à la frontière ?

    Engin Sanli : Non. La nouvelle politique peut théoriquement être appliquée partout le long de la frontière allemande, mais en pratique, la police se concentrera probablement sur les points de passage les plus fréquentés par les migrants. Le gouvernement allemand souhaite faire passer le nombre de policiers chargés des contrôles frontaliers de 10 000 à 14 000, ce qui n’est pas suffisant pour contrôler tous les points de passage aux frontières.

    Le ministre de l’Intérieur a déclaré que les demandeurs d’asile vulnérables sont censés être exemptés de cette politique. Il a cité les femmes enceintes et les enfants. Existe-t-il des critères juridiquement contraignants pour déterminer qui est vulnérable ?

    Matthias Lehnert : Une directive européenne sur l’asile liste différents types de groupes vulnérables, comme les femmes célibataires et enceintes, les mineurs, certaines familles avec des enfants en bas âge et les personnes souffrant de problèmes médicaux ou psychologiques. À mon avis, la police fédérale aux frontières n’est pas en mesure ou n’est pas qualifiée pour reconnaître si une personne est vulnérable ; elle n’a pas été formée et n’a aucune qualification pour cela. Parfois, il est évident qu’une personne soit vulnérable, par exemple lorsqu’une grossesse est à un stade très avancé ou s’il s’agit d’une femme seule avec trois enfants. Mais souvent, par exemple dans le cas des victimes de traumatismes, il est très difficile de reconnaître ces critères pour des personnes qui n’ont pas été formées et sans une évaluation adaptée.

    La légalité de cette politique suscite de nombreuses interrogations. Selon vous, est-il légal pour l’Allemagne de rejeter des demandeurs d’asile à la frontière ?

    Engin Sanli : Cela est autorisé en vertu du #droit allemand. Les demandeurs d’asile peuvent se voir refuser l’entrée sur le territoire s’ils viennent d’un autre État membre de l’UE ou d’un autre pays sûr, en vertu du paragraphe 18 de la loi sur l’asile et du paragraphe 16a de la Constitution. Mais en vertu du #droit_européen, et plus précisément du #règlement_Dublin III, le cas de chaque demandeur d’asile doit être examiné, y compris la question de savoir si un autre pays est responsable, avant que le demandeur d’asile ne soit renvoyé dans un autre pays.

    Enfin, la question se pose de savoir si l’Allemagne est autorisée à effectuer des contrôles frontaliers à long terme dans le cadre de l’accord de #libre_circulation de l’espace Schengen. L’extension continue des contrôles frontaliers pourrait également constituer une violation de l’#accord_de_Schengen.

    Matthias Lehnert : Je pense que cette politique n’est pas légale. Le gouvernement allemand a évoqué un article de la législation européenne qui permet de suspendre le règlement de Dublin en cas d’urgence. Mais nous ne sommes pas dans une situation d’#urgence. Si vous regardez les chiffres de l’asile, ils ont baissé, il n’y a pas d’afflux massif de migrants. Il est important de noter ici que le droit européen prime sur le #droit_allemand, c’est à dire que le droit européen est donc plus important que le droit allemand.

    Il existe également une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme qui stipule que tout demandeur d’asile a le droit de bénéficier d’une procédure d’asile appropriée, ce que, selon moi, la politique de refoulement à la frontière ne respecte pas.

    Les demandeurs d’asile ont-ils la possibilité de contester un refus à la frontière ?

    Engin Sanli : Si une personne se voit refuser l’entrée à la frontière allemande, elle peut légalement s’y opposer et contester la décision en intentant une action en justice. Les tribunaux allemands transmettent alors généralement l’affaire à la Cour européenne de justice.

    Vous attendez-vous à des actions en justice de la part d’organisations pro-réfugiés ?

    Engin Sanli : Ces organisations peuvent contester la politique de deux manières. La première consiste à engager une action en justice contre cette politique, en affirmant qu’elle est anticonstitutionnelle. Je pense qu’il est peu probable que cela se produise, car la Constitution allemande autorise le refoulement aux frontières, comme je l’ai mentionné.

    La deuxième option consisterait pour les organisations à soutenir légalement et financièrement les personnes dont la demande a été rejetée à la frontière afin qu’elles contestent ce refoulement devant les tribunaux. Je pense que cela se produira probablement, certaines organisations comme Amnesty International et ProAsyl ont déclaré qu’elles avaient l’intention de contester la politique de cette manière.

    Matthias Lehnert : Je m’attends à ce que cette politique soit contestée devant les tribunaux.

    Combien de temps prendront ces actions en justice ?

    Matthias Lehnert : Je m’attends à ce que les premières décisions soient rendues dans deux ou trois mois, mais il est difficile de le dire avec certitude. Mais je pense que la première décision interviendra bientôt.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64534/allemagne--les-refoulements-de-migrants-a-la-frontiere-sontils-legaux
    #illégalité #légalité #frontières #migrations #contrôles_frontaliers #réfugiés #frontières_intérieures #vulnérabilité #tri #pays-tiers_sûrs #asile

  • Défilé néonazi à Paris : le récit d’un incroyable laisser-faire

    17 mai 2025 | Par Donatien Huet, Youmni Kezzouf et Matthieu Suc

    https://www.mediapart.fr/journal/france/170525/defile-neonazi-paris-le-recit-d-un-incroyable-laisser-faire

    La justice a donné son feu vert pour qu’un millier de néonazis paradent dans Paris le 10 mai. Mediapart a eu accès au rapport de la préfecture de police qui demandait l’interdiction de la manifestation. Et a enquêté sur des membres du cortège ainsi que sur deux incidents antisémites. L’ensemble rend l’autorisation peu compréhensible.

  • Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert

    Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.

    Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?

    Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.

    Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.

    Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
    G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.

    Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une orga­ni­sa­tion gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.

    À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
    G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.

    À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.

    Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
    G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.

    D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.

    Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
    G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.

    La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.

    Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
    G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.

    En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.

    Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
    G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.

    En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
    G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.

    Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.

    Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
    G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.

    En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.

    Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
    G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.

    En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
    G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».

    En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».

    À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
    #colonialisme #animaux #ingénierie_démographique

    • La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique

      Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
      Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
      L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
      #livre

  • #Eusko basque : quand utiliser une #monnaie_locale déclenche un réflexe coopératif

    Lancée en 2013, l’#Eusko_basque est la principale monnaie locale en Europe. Une étude menée à #Bayonne montre que son usage ne favorise pas seulement les #circuits_courts, mais il semble aussi rendre les utilisateurs… plus coopératifs.

    Alors que la guerre des monnaies fait rage, entre le dollar, l’euro ou même le yuan, la question des monnaies locales revient sur le devant de la scène. Les monnaies locales complémentaires, ou monnaies locales convertibles, sont des dispositifs monétaires mis en place à l’échelle d’un territoire pour favoriser l’#économie_locale. Échangeables à parité avec l’euro (1 eusko = 1 euro), mais utilisables uniquement au sein d’un réseau restreint d’acteurs – commerçants, associations, institutions –, elles visent à réorienter la consommation vers des circuits courts.

    Si leurs dynamiques ont largement nourri la réflexion théorique, les monnaies locales complémentaires font l’objet de bien moins d’analyses empiriques sur leurs #retombées concrètes. Elles n’en demeurent pas moins un phénomène significatif au sein des initiatives d’#innovation_sociale. Plus de 4 500 expériences de ce type ont été recensées dans la littérature au cours des trente dernières années.

    En France, l’Eusko, lancée en 2013 au Pays basque, est souvent citée comme un modèle. Avec plus de 5400 utilisateurs, 4,4 millions d’euskos en circulation et un volume de transactions de 6,5 millions d’euskos en 2024, il s’agit de la première monnaie locale d’Europe. Mais l’usage de ces monnaies peut-il avoir un effet sur les comportements individuels ? Notre étude menée à Bayonne montre que l’usage de l’Eusko ne favorise pas seulement les circuits courts, il semble aussi rendre les utilisateurs… plus coopératifs.
    Lab-in-the-field

    Pour explorer cette hypothèse, nous avons conçu une expérience de type « lab-in-the-field », c’est-à-dire un test comportemental inspiré des méthodes expérimentales classiques mais réalisé dans un cadre naturel. Ici, les cafés et librairies du centre-ville de #Bayonne.

    Nous avons recruté plus de 300 volontaires pour jouer à un jeu dit de « l’ultimatum », une expérience bien connue en économie comportementale. Le principe est simple : un joueur, le « proposeur », propose une partition d’une somme d’argent avec un autre joueur, le « répondant ». Ce dernier peut accepter ou rejeter l’offre. En cas de refus, aucun des deux ne gagne. Dans cette version de l’expérience, chaque participant prend sa décision avant de connaître celle de l’autre. Cette méthode permet d’évaluer les préférences de manière isolée, ainsi que les seuils d’acceptabilité de chacun.

    Mais cette fois, la nouveauté résidait notamment dans la monnaie utilisée pour jouer : certains participants jouaient avec des euros, d’autres avec des Euskos. Nous voulions savoir si la seule présence de cette monnaie locale, qui incarne un engagement collectif, pouvait influencer les choix des joueurs.

    Déclencheur de coopération

    Les résultats sont frappants. Les utilisateurs réguliers de l’Eusko se montrent significativement moins enclins à rejeter les offres lorsqu’ils jouent avec la monnaie locale plutôt qu’en euros. Autrement dit, face à une offre jugée imparfaite, ils choisissent plus souvent de l’accepter quand l’interaction se déroule en eusko. Ce comportement reflète une baisse de la réciprocité négative, c’est-à-dire une moindre tendance à « punir » une proposition perçue comme « injuste ».

    https://www.youtube.com/watch?v=65s6UKa9khI

    En revanche, un tel effet n’est observé chez les non-utilisateurs de l’Eusko, les échantillons ayant été randomisés. Nous en concluons que c’est bien l’usage régulier de la monnaie locale, et non une quelconque différence individuelle préalable, qui déclenche ce réflexe coopératif.

    #Valeurs communes

    Pourquoi une simple monnaie aurait-elle ce pouvoir ? Notre étude avance une interprétation théorique : l’Eusko active des intentions collectives déjà présentes chez ses utilisateurs. Autrement dit, en manipulant la monnaie, les participants se reconnectent à un engagement latent envers la solidarité locale. La monnaie devient un marqueur de valeurs communes, à la fois symboliques et morales, qui influe sur la manière dont les joueurs interprètent la situation.

    Ce mécanisme peut être éclairé par la théorie dite des « buts-cadres » ou goal-framing theory), selon laquelle notre comportement est façonné par des objectifs activés de manière contextuelle. Trois types de cadres coexistent : le cadre hédonique avec la recherche du plaisir/bien-être immédiat, le cadre de gain avec la recherche d’un intérêt personnel matériel à long terme et le cadre normatif avec l’adhésion à des règles et valeurs collectives.

    Dans ce contexte, l’Eusko ne crée pas de nouvelles motivations. Elle semble réactiver un cadre normatif préexistant chez les utilisateurs réguliers : un rapport au collectif, à la solidarité et à la coopération. En rendant ces objectifs saillants, la monnaie infléchit leur comportement de manière moins compétitive, plus conciliante.

    Relocaliser l’économie

    Le changement de monnaie dans cette expérience n’a pas modifié le comportement des « proposeurs », qui ont dans l’ensemble proposé une répartition équitable. Sans doute en raison du caractère public de l’expérience et d’un biais de désirabilité sociale ? L’effet observé concerne uniquement les « répondants », ceux qui acceptent ou refusent une offre. Les résultats confirment une intuition partagée par de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire : les dispositifs alternatifs comme les monnaies locales ne sont pas neutres.

    L’Eusko, comme d’autres monnaies locales en France, a souvent été défendu pour sa capacité à relocaliser l’économie et à renforcer les circuits courts. Cette étude montre qu’elle pourrait aussi jouer un rôle plus subtil mais tout aussi important : renforcer les normes de coopération au sein d’une communauté engagée. Ces résultats relancent les débats sur le rôle des outils monétaires dans la transformation sociale. Ils suggèrent une voie prometteuse pour la recherche : analyser non seulement les effets économiques directs de ces innovations, mais aussi leur capacité à façonner les représentations mentales et les comportements collectifs.

    Si des dynamiques identitaires liées au contexte basque sont parfois évoquées pour expliquer le succès de l’Eusko, celui-ci semble toutefois davantage porté par un contexte socio-politique fertile façonné par des décennies de mobilisation territoriale et de construction de la #confiance.

    https://theconversation.com/eusko-basque-quand-utiliser-une-monnaie-locale-declenche-un-reflexe
    #Pays_Basque #économie #relocalisation

  • Pacte 2026
    https://pacte2026.bizimugi.eu

    6 thématiques, 19 mesures

    Conscient·es de la nécessité absolue d’agir avec force et détermination aux niveaux de notre commune et de l’agglomération alors que nous sommes sur une trajectoire de réchauffement global de +3°C, désireuses et désireux de garantir un avenir vivable à la population tout en améliorant le bien-être et la santé de nos concitoyen·nes, nous nous engageons, si nous sommes élu·es en mars 2026, à ce que notre liste mette en œuvre sur le mandat 2026-2032 les mesures suivantes :

    HABITER

    1. Créer de nouveaux logements accessibles pour tout le monde sans consommer de nouveaux espaces.

    2. Construire et rénover des logements confortables et adaptés aux extrêmes climatiques.

    3. Aménager un cadre de vie plus végétalisé et convivial.

    SE NOURRIR

    4. Protéger les terres nourricières pour une agriculture paysanne, bio, locale et diversifiée.

    5. Garantir une alimentation saine, locale et accessible dans les cantines scolaires.

    6. Assurer à chaque habitant·e l’accès à une eau potable en quantité suffisante et de bonne qualité.

    SE DÉPLACER

    7. Développer des transports en commun plus pratiques et adaptés pour tou·tes.

    8. Relier les principaux lieux de vie et d’activités par des aménagements permettant à tout le monde de se déplacer en sécurité à pied et à vélo.

    9. Aménager un partage de l’espace public plus équitable et prioriser les piéton·nes, cyclistes et transports en commun.

    RELOCALISER L’ÉCONOMIE

    10. Généraliser l’utilisation de la monnaie locale.

    11. Développer une économie circulaire – par la réparation, le réemploi et la réduction des déchets – au service de l’emploi local.

    12. Protéger la population de la publicité extérieure.

    Réduire sa dépendance énergétique

    13. Réduire la consommation d’énergie de la collectivité pour diminuer les dépenses.

    14. Produire une énergie locale, citoyenne et renouvelable pour tendre vers la souveraineté énergétique.

    SE DONNER LES MOYENS D’AGIR

    15. Attribuer des moyens humains suffisants pour assurer la coordination des politiques écologiques (a minima un·e adjoint·e).

    16. Accorder une véritable place aux habitant·es dans les décisions impactant leur cadre de vie.

    17. Mettre en place un budget vert dès la première année de mandat.

    18. Former élu·es et agent·es aux enjeux écologiques et sociaux dès la 1ère année de mandat.

    19. Planifier son action pour un territoire à la hauteur des défis écologiques et sociaux.

    Chaque mesure du Pacte 2026 est déclinée en une série d’actions concrètes, avec des niveaux d’ambitions adaptés à la taille de la commune.

    https://pacte2026.bizimugi.eu/wp-content/uploads/2025/05/Pacte_2026-complet-fr.pdf

    #écologie #éco-socialisme #élections_municipales #2026 #programme_politique #politique #Bizi #Pays_Basque

  • L’agence de l’ONU pour l’aviation juge la Russie responsable de la destruction du MH17 en 2014
    https://www.francetvinfo.fr/monde/crash-en-ukraine/crash-du-mh17-en-ukraine-en-2014-la-russie-responsable-selon-l-agence-d

    Le 17 juillet 2014, le Boeing 777 qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu par un missile sol-air BUK de fabrication russe au-dessus de l’Ukraine, tuant 298 passagers et membres d’équipage. Plus de dix ans plus tard, l’agence de l’ONU pour l’aviation civile a estimé, lundi 12 mai, que la Russie était responsable du crash de l’avion, intervenu au-dessus du territoire aux mains des séparatistes prorusses.

    « La Fédération de Russie n’a pas respecté ses obligations en vertu du droit aérien international lors de la destruction du MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 », a estimé l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Pour sa « première décision » concernant un différend entre Etats membres, le Conseil de cette organisation, basée à Montréal (Canada), a jugé que les plaintes déposées par l’Australie et les Pays-Bas, les plus touchés par le drame, étaient « fondées en fait et en droit ».

    La Russie a toujours nié toute implication dans l’incident, et a réitéré sa position mardi. « La Russie ne fait pas partie des pays ayant participé à l’enquête sur cet incident. Nous n’acceptons donc pas toutes ces conclusions biaisées », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
    Un « moment historique »

    « Il s’agit d’un moment historique dans la quête de vérité, de justice et de responsabilité pour les victimes de l’accident du vol MH17, leurs familles et leurs proches », a réagi de son côté le gouvernement australien après cette annonce. Canberra demande de prendre rapidement des mesures pour remédier à cette violation. « Nous demandons à la Russie d’assumer enfin sa responsabilité dans cet horrible acte de violence et de réparer sa conduite flagrante, comme l’exige le droit international », a ajouté l’exécutif australien.

    De son côté, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, s’est félicité de cette décision, estimant que cela ne pourrait pas « effacer le chagrin et la souffrance » des proches des victimes, mais qu’il s’agissait d’"un pas important vers la vérité et la justice". Selon le gouvernement néerlandais, « dans les semaines à venir, le conseil de l’OACI examinera la manière dont la réparation juridique devrait avoir lieu ».