• #Journal du regard : Juin 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-juin-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=5ue__HJy39o

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Cimetière, #Création, #Éte, (...)

  • #Journal du regard : Mai 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mai-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=8FLCqozCzqs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Fontainebleau, #Photographie, #Jardin, #Cimetière, #Création, #IA, #Printemps, #Musée (...)

  • Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert

    Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.

    Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?

    Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.

    Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.

    Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
    G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.

    Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une orga­ni­sa­tion gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.

    À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
    G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.

    À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.

    Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
    G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.

    D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.

    Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
    G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.

    La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.

    Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
    G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.

    En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.

    Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
    G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.

    En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
    G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.

    Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.

    Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
    G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.

    En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.

    Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
    G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.

    En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
    G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».

    En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».

    À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
    #colonialisme #animaux #ingénierie_démographique

    • La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique

      Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
      Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
      L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
      #livre

  • #Journal du regard : Avril 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-avril-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=QcKLOf2u-xM

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Création, #Printemps, #Mer, #Nice, #Marseille, (...)

  • #Montréal rivières

    Montréal Rivières propose une réflexion poétique sur notre relation avec l’#environnement_urbain et les #cours_d'eau souvent méconnus qui traversent la #ville. Dans le cadre de l’exploration des rivières enfouies de Montréal, Myriam Boucher, Antonin Gougeon-Moisan, Simon Chioini et Gabriel·le Caux se sont réunis pour créer une série de compositions musicales. Leur démarche repose sur l’utilisation d’enregistrements de terrain du ruisseau #Provost, situé près de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Les enregistrements ont été réalisés le 26 janvier 2024, lors d’une journée de pluie et de grêle. À travers une approche collaborative, les artistes ont transformé les sons naturels du #ruisseau en une #expérience_sonore, construite autour des murmures de l’eau et des sons environnants qui se fondent dans des paysages sonores.

    https://lfo-lab.bandcamp.com/album/montr-al-rivi-res


    #son #audio #eau #rivière #création_sonore #paysage_sonore

  • #Journal du regard : Mars 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mars-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=12ZS89yvZyg

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

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  • En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
    #destruction #paysage #colonisation #France #France_coloniale #histoire #terres #accaparement_des_terres #communs #agriculture #exportation #monoculture #paysannerie #foncier #expropriation #brutalité #violence #réquisition #droit_à_la_propriété #lois #maréchal_Bugeaud #enfumades #moyens_d’existence #insurrection #paupérisation #famine #razzias #arbres_fruitiers #eau #forêts #forêt #barrage #conflits #Code_forestier #érosion_des_sols #ressources #montagne #déforestation #environnement #érosion_des_sols #rentabilité #routes #vigne #jachères #terres_en_jachères #céréales #pâturages #eucalyptus #zones_humides #paludisme #arbres #laine #chasse #chasses_coloniales #ordre_colonial #animaux_sauvages #écocide
    #géographie_culturelle #géographie_du_droit #legal_geography

  • L’écologisation urbaine : regards de praticiens
    https://metropolitiques.eu/L-ecologisation-urbaine-regards-de-praticiens.html

    La prise en considération des enjeux écologiques influence-t-elle vraiment les pratiques professionnelles des concepteurs, architectes, urbanistes, paysagistes ? Le #paysagiste Maxime Bardou pose la question à la lecture du dernier ouvrage du géographe Sylvain Rode sur l’écologisation urbaine. Pour l’enseignant-chercheur en géographie Sylvain Rode, l’urbanisme devrait assurer le bien-être des sociétés humaines en ménageant les milieux et le vivant. Prendre soin, s’adapter, préserver les ressources et #Commentaires

    / #écologie_urbaine, #droit, #urbanisme, #anthropocène, paysagiste, #paysage, #projet_de_paysage, (...)

    #métier
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_bardou3.pdf

  • Cartographie de la densité de haies en France métropolitaine

    Par Thibaut Preux

    https://hal.inrae.fr/RURALITES/hal-03209589v1

    Assez impressionnant.

    Carte obtenue par agrégation des linéaires de haies recensés par le dispositif national de suivi du bocage* dans des mailles hexagonales de 2165 hectares. La haie est définie ici comme étant un élément de végétation longiligne composé d’arbres, arbustes ou arbrisseaux, sans interruption supérieure ou égale à 5 mètres, sur une largeur inférieure à 20 mètres.Le dispositif national de suivi du bocage est une combinaison de haies inventoriées par photointerprétation dans la BD Topo® entre 2003 et 2015 (16% du linéaire total), de haies inventoriées par le Registre Parcellaire Graphique (RPG) entre 2013 et 2016 (14%) et d’une fusion directe de ces deux bases (70%). Cette combinaison est assortie de post-traitements visant à homogénéiser la base de données (squelettisation, dédoublonage, nettoyage...). Bien que non synchrone et constituée de sources hybrides, cette base de données inédite constitue une avancée importante pour la caractérisation des haies en France.

    #cartographie
    #france
    #bocage
    #paysage

  • #Journal du regard : Février 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-fevrier-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=EdJ-NzzHZLk

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Jardin, #Création, #Hiver, #Niemeyer (...)

  • #Journal du #Regard : Janvier 2025

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-janvier-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=7qiYb9lm-pA

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Nuit, #Création, #Hiver (...)

  • Un groupe minier français détruit un #désert unique au #Sénégal

    #Dépossession des #terres, #destruction de l’#environnement, épuisement des ressources en #eau... Au Sénégal, une filiale du groupe minier français Eramet suscite la colère des habitants.

    Gora Gaye n’a pas peur de dire ce qu’il pense. Maire de la commune de #Diokoul_Diawrigne, située dans le nord-ouest du Sénégal, à quelques kilomètres de l’océan Atlantique, il est devenu le chef de file d’un mouvement de révolte contre la présence d’#Eramet_Grande_Côte, appelée aussi #Grande_Côte_Opérations (#GCO), sur son territoire.

    L’élu, membre de Pastef, le parti présidentiel, accuse cette entreprise minière, filiale du groupe français #Eramet, d’avoir un effet dévastateur sur l’environnement et les #conditions_de_vie de ses concitoyens. Le 28 décembre, avec plusieurs centaines de personnes, il a participé à une #marche à #Lompoul village, localité de sa commune, pour demander l’arrêt des activités de la compagnie. « GCO, dafa doy ! » (« GCO, ça suffit ! » en wolof), a scandé la foule.

    Détenue à 90 % par Eramet et à 10 % par l’État du Sénégal, GCO a le contrôle, au moins jusqu’en 2029, d’une #concession_minière qui couvre 445 000 hectares et s’étend sur 100 kilomètres le long du littoral. Dans cette région de dunes, riche en #sables_minéralisés, elle extrait depuis dix ans du #zircon (dont Eramet assure être le quatrième producteur mondial grâce à sa filiale sénégalaise) et d’autres minerais (#rutile, #ilménite, #leucoxène) utilisés par diverses industries (bâtiment, nucléaire…). Elle est partie du village de #Diogo, progressant lentement vers le nord, pour arriver en 2023 environ 20 kilomètres plus loin, dans les environs de Lompoul village, où elle se trouve toujours.

    Les moyens techniques qu’elle déploie sont gigantesques : pour traiter des milliers de tonnes de #sable par jour, elle fait serpenter une immense #drague reliée à une usine qui flotte sur un #bassin_artificiel. Depuis quelques mois, elle utilise aussi une unité d’#extraction_minière_sèche.

    Le périmètre que GCO a déjà exploité apparaît sur des images satellites sous la forme d’une longue étendue blanche, sans végétation. Auparavant, cet espace était occupé par des cultures vivrières : il fait partie des #Niayes, une bande côtière qui va de Dakar à Saint-Louis, et est dédiée au #maraîchage, assurant près de 80 % de la production nationale de #légumes.

    Il était aussi habité : plusieurs milliers de personnes ont dû abandonner leur village ou hameau pour laisser la place à la #mine et être relogés dans des « #sites_de_recasement ». Auparavant installés en bordure de l’océan, les habitants des villages de Foth et Diourmel se retrouvent aujourd’hui 20 kilomètres plus loin, à l’intérieur des terres, dans des petites maisons identiques, collées les unes aux autres, souvent trop exiguës pour accueillir décemment tous les membres de leur famille.

    Des terres « lessivées »

    Autour de Lompoul village, le #paysage a été transformé, dit Pape Sarr, membre d’un collectif de personnes affectées par les activités de GCO. « Vous voyez cette immense dune ? Elle n’existait pas il y a six mois. C’est GCO, dont l’usine flottante est passée ici, qui l’a créée. Le terrain était auparavant plat, favorable aux activités agricoles. Ils ont tout détruit », détaille-t-il.

    Lui-même possédait ici 4 hectares pour du #maraîchage et de l’#élevage, ce qui lui rapportait au minimum 30 millions de francs CFA par an (45 000 euros). Il en a perdu une partie au profit de la société minière. Parce qu’il s’opposait à cette #spoliation, il a été convoqué à la gendarmerie. Comme lui, des milliers de petits producteurs ont dû céder leurs terres contre des #indemnisations insignifiantes.

    Multitudes d’arbres arrachés, montagnes de sable retournées au bulldozer dans un bruit assourdissant : GCO s’affaire actuellement dans le désert de Lompoul, une zone de 300 hectares de dunes brunes située à 3 kilomètres du village éponyme. Sous l’action de ses énormes engins, ce lieu unique au Sénégal, prisé par les réalisateurs de cinéma et les touristes qui venaient y dormir dans des tentes aménagées, est en train de disparaître.

    Peu importe qu’il y ait encore sur place un opérateur touristique, l’Écolodge de Lompoul, en attente d’un accord sur le montant de son #indemnisation avant son départ : GCO continue d’avancer, sa drague et son #usine_flottante ne sont désormais qu’à quelques centaines de mètres du campement d’Écolodge, de sa trentaine d’employés et de ses clients, horrifiés.

    GCO dit « restaurer » des secteurs qu’elle a exploités en replantant des arbres, mais il faudra « plusieurs décennies pour remettre en état les terres qu’elle a complètement lessivées », s’indigne Gora Gaye auprès de Reporterre, rappelant combien les Niayes sont fragiles.

    Le #Collectif_de_défense_des_Niayes, un groupe de ressortissants de la zone, partage ses préoccupations. « Notre écosystème est en train d’être détruit et la population se retrouve sans recours », déplore l’un de ses membres, Idy Ka. Un autre, Cheikh Fall, expert environnemental, souligne que les habitants de la région ont demandé en 2022 la révision d’une #étude_d’impact environnemental et social des activités de GCO, mais que les autorités administratives ont validé le document sans prendre en compte leurs doléances.

    Tous s’inquiètent pour les ressources en eau : les maraîchers qui ont encore des champs constatent des perturbations hydriques. Des #puits sont à sec, comme si la #nappe_de_surface avait disparu. « Sur certains sites, pour trouver de l’eau en quantité suffisante, il faut désormais creuser à 50 ou 70 mètres, au lieu de 15 ou 20 mètres auparavant », explique Julien Potron, un entrepreneur spécialisé dans l’installation de pompes solaires.

    Comme d’autres, il est convaincu que GCO, qui utilise des milliards de m3 d’eau, est responsable de la situation. « Faux », répond l’entreprise dans un communiqué, assurant pomper « à plus de 450 m de profondeur, bien en dessous des nappes phréatiques utilisées par les agriculteurs ». Pourtant, une Commission départementale de recensement et évaluation des impacts et une équipe de GCO ont conclu en 2018, selon un document interne à la compagnie, que la baisse du niveau de l’eau des puits de plusieurs paysans était un « effet induit » de sa « drague » sur « la nappe ».

    « GCO nous a tout pris »

    Au bout du compte, on assiste à un #appauvrissement environnemental, mais aussi social et économique, explique Ousmane Sow, chef de village à Lompoul village. Les femmes qui vendaient des souvenirs aux touristes attirés par le désert sont désormais désœuvrées et sans revenus, tout comme les employés des six entreprises touristiques dont les lodges ont été avalés par la mine et les paysans qui n’ont plus de terres.

    « Les jeunes partent. Certains empruntent les filières de l’#émigration clandestine, un phénomène nouveau ici », assurent plusieurs habitants. « Un homme à qui on a pris de force ses champs est passé par le Nicaragua pour entrer clandestinement aux États-Unis », raconte, amer, Cheikh Fall. « [GCO] nous a tout pris : nos terres, nos cultures, nos traditions, notre désert, nos activités de subsistance, notre #dignité », a résumé Gora Gaye lors d’une conférence de presse.

    L’entreprise se défend en déclarant employer 2 000 collaborateurs et contractants, dont 97 % de Sénégalais ; avoir versé, en 2023, 25 millions d’euros de taxes, impôts et dividendes à l’État (avec un chiffre d’affaires de 238 millions d’euros en 2023), et avoir créé une « #oasis » dans une zone qu’elle a exploitée, à 10 kilomètres de Lompoul, pour remplacer le désert qu’elle est en train de pulvériser. Des chiffres et des mesures jugées dérisoires par ses détracteurs.

    « Complicité » des autorités

    Ces dernières années, les médias sénégalais ont rendu régulièrement compte du désarroi des populations locales. Mais cela n’a eu aucun effet : GCO n’a pas changé ses méthodes et l’administration sénégalaise a continué à la soutenir. Aujourd’hui, Gora Gaye et d’autres accusent publiquement les autorités locales de « complicité » avec l’entreprise française.

    Il est vrai que cette dernière veille à entretenir de bonnes relations avec les administrateurs et élus. Dans les rapports de 2022 et 2023 de l’#Initiative_pour_la_transparence_dans_les_industries_extractives (#ITIE), elle indique avoir versé, à titre de « paiements sociaux volontaires » et pour des « appuis divers », des centaines de milliers de francs CFA à des préfets, sous-préfets, chefs de village, maires, gendarmeries, etc. Contacté par Reporterre, le groupe Eramet n’a pas réagi à la question de savoir si ces versements étaient en conformité avec sa charte éthique.

    L’équipe au pouvoir depuis avril dernier, le président, Bassirou Diomaye Faye, et le Premier ministre, Ousmane Sonko, connus pour leurs idées souverainistes et dont le parti a remporté les élections législatives de novembre, modifiera-t-elle la donne ? Beaucoup d’habitants de Lompoul l’espèrent, même si l’actuel président de l’Assemblée nationale a travaillé de 2017 à 2024 pour GCO et même si le ministre de l’Environnement a fait, le 26 décembre, une visite de terrain avec GCO comme guide.

    Déjà, trois députés de Pastef se sont mobilisés ces dernières semaines, demandant la création d’une commission d’enquête parlementaire et plaidant pour l’instauration d’un moratoire sur les activités de GCO afin d’évaluer les dommages et revoir éventuellement son contrat avec l’État. « Si le gouvernement ne réagit pas, nous bloquerons l’entreprise ; elle ne pourra plus progresser », avertit Gora Gaye.

    #Dépossession_foncière

    Les milliers de paysans contraints de laisser leurs terres à GCO n’ont reçu que des « miettes » en guise de dédommagement, selon de nombreux témoignages. « Les montants des indemnisations sont basés sur de vieux barèmes que l’État a fixés en 1974 et n’ont depuis jamais été révisés », précise Demba Fall Diouf, membre de l’association Forum civil. L’organisation Fian International a fait le calcul : en onze ans, le manque à gagner pour un paysan dont la terre est occupée depuis 2012 par GCO « est plus de vingt fois supérieur à l’indemnisation perçue ».

    Ousmane Sow, chef de village, donne l’exemple d’un producteur qui gagnait 500 000 francs CFA par semaine (760 euros), avant de devoir se séparer de ses champs contre 5 millions de francs CFA (7 600 euros). Aujourd’hui, ce sexagénaire est obligé, lui qui employait une trentaine de personnes, de gagner sa vie comme saisonnier pour d’autres producteurs. Il ne récupérera rien : après exploitation, GCO restitue les terrains à l’État.

    https://reporterre.net/Un-groupe-minier-francais-detruit-un-desert-unique-au-Senegal
    #déplacés_internes #extractivisme #minière #résistance
    #tourisme
    ping @6donie

  • #Journal du #Regard : Décembre 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-decembre-2024

    https://youtu.be/WpEFRf9qCX8

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Nuit, #création, #Hiver (...)

  • Pourquoi réserver un train est devenu un enfer (et pourquoi ça va empirer)

    Entre la multiplication des #marques et la #complexité de la #billetterie, l’ouverture à la #concurrence rend le #paysage_ferroviaire « kafkaïen », dénoncent les usagers.

    Aléop, Zou !, Lio, InOui, Trenitalia… Le paysage ferroviaire s’est transformé ces dernières années en une indigeste salade de #logos. Côté billetterie, ce joyeux capharnaüm entraîne un lot d’#aberrations : des #guichets #TER qui ne vendent pas de billets #TGV, des #cartes_de_réduction qui ne fonctionnent pas dans toutes les régions, l’application #SNCF_Connect qui n’affiche aucun billet Trenitalia ou Renfe...

    Et ce n’est qu’un début. Le paysage ferroviaire risque de devenir « insensé », prévient le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), François Delétraz. Une inquiétude largement partagée dans le petit monde du ferroviaire, y compris chez les partisans inconditionnels de l’ouverture à la concurrence : on assiste à « une extraordinaire #fragmentation [qui pose] une énorme préoccupation », s’alarmait le très respectable président de l’Autorité de régulation des transports, Thierry Guimbaud, lors du colloque annuel de l’Afra, le lobby des entreprises ferroviaires, le 8 octobre à Paris.

    « La situation est préoccupante », reconnaissait le même jour Claude Steinmetz, le patron de #Transdev, le premier challenger de la SNCF sur les TER. D’après ses calculs, il existe 45 titres de réduction différents pour les TER, toutes régions confondues. « L’opérateur historique [la SNCF] a onze sites internet de distribution, ajoutait-il. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? »

    Cette #complexification, pas vraiment en phase avec l’engouement des Français pour le train et l’urgence de décarboner les transports, est une conséquence directe de l’ouverture du réseau ferré à la concurrence. Big bang que dénoncent les syndicats de cheminots, notamment à travers un appel à la grève, à partir du mercredi 11 décembre au soir.

    La guerre des #applis

    Concernant les TER, transport du quotidien et clé de voûte de la transition énergétique des transports, la fin du #monopole_public est gérée par les régions. Comme elles investissent pour tenter d’améliorer l’offre, elles souhaitent que cela se voie. « Elles ont presque toutes mandaté des agences de com’ pour trouver un nom de marque — improbable — pour se différencier de leurs voisines tout en tournant le dos à la SNCF et à son bon vieux TER », raille la Fnaut, le 9 décembre dans un communiqué. Fluo, BreizhGo, Lio... Chacune déploie également sa propre #politique_tarifaire et son propre système de #réduction.

    Dans cette #jungle, plusieurs #applications de vente de billets comme SNCF Connect ou #Trainline espèrent s’imposer et promettent de rendre fluide le « #parcours_client ».

    Pour l’heure, elles se livrent surtout une guerre sans merci. Écrasant leader, SNCF Connect (85 % des ventes) refuse de vendre des billets pour ses concurrents (#Trenitalia et la #Renfe) et leur met des bâtons dans les roues. Elle ne leur permet pas de vendre tous les tarifs disponibles et ne partage pas les informations trafic en temps réel. Trainline se plaint également de ne pas réussir à trouver sa #rentabilité, en raison des #commissions faméliques que lui verse la SNCF (2,9 % sur la vente des billets, contre 10 % pour un billet Trenitalia).

    Pour ne rien arranger, les régions n’ont aucune intention de faire confiance à ces applications de billetterie. Elles développent, chacune dans leur coin, leur propre système de distribution. Et comme les TER, demain, seront gérés par une multitude de compagnies différentes, ce sont les #régions qui vont centraliser l’information et la transmettre, avec plus ou moins de bonne volonté, à SNCF Connect, Trainline et consorts.

    « Impossible, pour le commun des mortels,
    de s’y retrouver »

    Cette complexification trouve une illustration déjà bien visible à Marseille : « Entre les Ouigo, les TGV InOui, la Renfe qui propose une liaison avec Barcelone, les TER gérés par la SNCF et bientôt les TER gérés par Transdev, vous avez cinq #opérateurs différents dans une même gare. Mais il n’existe aucun endroit où on peut tout acheter, résume François Delétraz. Impossible, pour le commun des mortels, de s’y retrouver. »

    Mais alors, que fait la police ? Pour l’heure, les règles sont encore à écrire et le gendarme du ferroviaire, l’#Autorité_de_régulation_des_transports, saisi de nombreux contentieux, prévient que les arbitrages sont pour bientôt. La Commission européenne compte également mettre de l’ordre dans ce Far West ferré. D’ici fin 2025, elle doit présenter un projet de règlement forçant les compagnies ferroviaires et les applications de vente de tickets à jouer la même partition.

    « On espère que cela améliorera la visibilité, souligne Vincent Thevenet, spécialiste ferroviaire de l’ONG Transport & Environment. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est arriver à un système où les #prix seraient différents d’une plateforme à l’autre, avec un risque de #spéculation à la baisse ou à la hausse. Dans le transport aérien, c’est un gros problème. » L’initiative européenne ne se concrétisera pas avant plusieurs années et pourrait ouvrir ensuite une phase de guérilla juridique longue et couteuse, nouvelle tradition du monde ferroviaire.

    La situation ne manque pas d’ironie. Après trente ans d’efforts pour fabriquer une concurrence, largement artificielle, entre des entreprises ferroviaires européennes, toutes publiques, l’Union européenne les enjoint désormais de s’entendre et de se coordonner pour éviter le fiasco.

    Contactée par Reporterre, #SNCF_Voyageurs renvoie la responsabilité aux régions. « Ce sont elles qui définissent notamment les politiques tarifaires et la billettique », souligne l’entreprise. SNCF Voyageurs n’est plus qu’un simple « exploitant des services ferroviaires » comme un autre. L’entreprise publique s’est simplement préparée à affronter l’extraordinaire #morcèlement du ferroviaire. « Notre filiale SNCF Connect & Tech propose des solutions pour répondre aux appels d’offres lancés par les régions pour l’exploitation de leurs systèmes d’information et de billettique », souligne l’entreprise.

    Un « #allotissement » qui complique tout

    La billetterie n’est pas le seul sac de nœuds à dénouer. Pour faciliter l’entrée de concurrents à la SNCF, les régions découpent le réseau TER en une multitude de petits « lots ». Chacun fait l’objet d’un #appel_d’offres et est attribué pour dix ans à un délégataire de #service_public. Même la SNCF, lorsqu’elle remporte le lot, doit créer une nouvelle filiale.

    « Résultat, dans dix ans nous aurons une centaine de PME du rail. Les régions affirment qu’avec leurs bras musclés elles parviendront à harmoniser tout ça, mais cela entraînera une litanie de problèmes », s’inquiète Frédéric Michel, guichetier à la gare Saint-Charles de Marseille et militant Sud-Rail. Les compagnies doivent par exemple partager l’information aux voyageurs en temps réel, synchroniser les horaires pour faciliter les correspondances, gérer les aléas.

    Le premier TER non SNCF doit circuler mi-2025 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. Comment #Transdev, filiale de la Caisse des dépôts en voie de #privatisation, s’entendra avec les autres acteurs en cas d’avarie ? « Aujourd’hui, c’est déjà compliqué de gérer les #ruptures_de_correspondance entre un TER et un TGV, alors qu’on appartient à la même entreprise. Demain, avec une entreprise concurrente, ça n’existera plus », souligne Frédéric Michel.

    « Qui va payer l’hôtel et le billet de rechange des passagers qui ont raté leur Ouigo à cause d’un retard de TER sur Transdev ? La région Sud y réfléchit. Ça commence dans six mois et elle ne sait pas comment faire », affirme François Delétraz.

    Le train, un service marchand comme un autre

    Cette #désorganisation générale du réseau est concomitante à une #transformation fondamentale : depuis vingt ans, le train s’éloigne progressivement d’une logique de #service_public pour épouser les pratiques commerciales du privé. Et la quête de rentabilité est désormais exacerbée à la SNCF, à cause de la pression de son principal actionnaire, l’État, qui lui impose de doubler la somme qu’elle fait remonter chaque année pour financer l’entretien du réseau vieillissant (6,5 milliards d’euros).

    C’est cette pression qui explique la hausse continue et diffuse des #tarifs (8,2 % en moyenne sur un an selon l’Insee en 2023), la suppression des dessertes non rentables et des #guichets en gare, la hausse à 19 euros de la commission pour l’échange d’un billet InOui six jours avant le départ, la fin des billets non personnalisés qui pouvaient être troqués... La liste est potentiellement sans fin, des irritants qui pénalisent les « usagers » devenus « clients ».

    Des syndicats de cheminots au lobby des entreprises ferroviaires, en passant par les élus et les usagers, tous les acteurs du monde ferroviaire sont au moins d’accord sur un point : l’argent public manque cruellement en France pour faire face au mur d’investissement nécessaire à la sauvegarde et au développement d’un réseau vieillissant. Constat implacable de l’association allemande Alliance pour le rail, qui publiait en juillet dernier un classement des pays européens en matière d’#investissement_ferroviaire. La France apparaît bonne dernière.

    https://reporterre.net/Pourquoi-reserver-un-train-est-devenu-un-enfer-et-pourquoi-ca-va-empirer
    #réservation #train #transport_ferroviaire #SNCF #France #billets

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1087591
    @sombre

  • #Journal du #Regard : Novembre 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-novembre-2024

    https://www.youtube.com/watch?v=fxOSZ-09YXo

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Cimetière, #Automne (...)

  • L’histoire enfouie du #remembrement

    Après-guerre, en #Bretagne surtout, et dans une moindre mesure dans les zones moins bocagères, les #haies ont été arrachées à coups de bulldozer, les talus arasés, et les vergers réduits à néant. C’est ce qu’on a appelé le remembrement et voici son #histoire oubliée racontée dans une #BD.

    En mai 1978, #Gildas_Le_Coënt, emprisonné neuf mois en hôpital psychiatrique, est libéré. Cette affaire marque un nouvel épisode de la bataille bretonne contre le remembrement. Elle reflète une réalité vécue par des milliers de #paysans à travers la France pendant les décennies de #modernisation_agricole. #Inès_Léraud est journaliste, et lanceuse d’alerte en 2019 face à l’omerta des algues vertes. Elle publie aujourd’hui « Champs de bataille, l’histoire enfouie du remembrement », sa deuxième BD, une enquête avec Pierre van Hove, publiée chez La Revue Dessinée et les Éditions Delcourt.
    Des blessures toujours vives dans la mémoire collective

    Les témoignages recueillis révèlent des traumatismes profonds. Comme le rapporte Jacqueline Goff née en 1953 : "Je revois l’apparition des bulldozers, ce #saccage qui détruit tout, les arbres, les talus. Ce n’était pas un remembrement, un #démembrement, c’était le #chaos." sur France Culture. Cette #mémoire douloureuse se transmet encore dans les villages, où certaines familles ne se parlent plus depuis cette époque.

    Une modernisation imposée qui a divisé les campagnes

    Le remembrement, lancé après la Seconde Guerre mondiale, visait à adapter l’#agriculture française aux enjeux de #productivité et de concurrence internationale. "C’était une #société_paysanne qui n’était pas dans une logique de l’argent" explique Inès Léraud, "il s’agissait de regrouper les #parcelles, d’arracher les #arbres, les #talus, pour avoir des champs facilement cultivables par des machines". Cette politique crée alors des tensions durables, opposant les "gagnants", appelés "profiteurs" et les "lésés" du remembrement.

    Ce qui frappe Inès Léraud et Léandre Mandard en travaillant sur le sujet du remembrement, c’est l’ampleur des #résistances et des #conflits liés à cette question. Un #mouvement_contestataire qu’on aurait difficilement imaginé vu le peu de cas qu’en ont fait les sociologues ruraux et les historiens jusque-là. "Or, dans les archives départementales, les cartons de réclamation, de recours, de lettres, de mécontentement. Il y en avait partout, dans toutes les archives départementales où je suis allée sur le territoire français. Les bulldozers du remembrement ont dû être accompagnés des forces de l’ordre pour intervenir" explique Inès Léraud.

    Un impact environnemental majeur qui persiste

    Les conséquences de cette transformation radicale des #paysages se font encore sentir aujourd’hui. "Il y a 23 000 kilomètres de haies qui disparaissent chaque année, il y en a 3 000 qui sont replantées, donc on perd 20 000 kilomètres de haies chaque année", souligne Inès Léraud. Cette destruction massive du #bocage, associée à la diminution drastique du nombre d’agriculteurs (passé de 7 millions en 1946 à 400 000 aujourd’hui), illustre l’ampleur des changements opérés. "Certains chercheurs parlent même d’#éthnocide, on a perdu 90% des paysans." explique Inès Léraud.

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-20-novembre-2024-8473983
    #bande-dessinée #résistance #paysage

    • Champs de bataille

      Le « remembrement ». Cette politique décisive pour le déploiement de l’agriculture intensive a été peu documentée. Aucun livre d’histoire ou de sociologie n’a été consacré aux perdants de cette politique ni aux résistants à ce bouleversement.
      À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’État fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises. Accessibilité des champs par des machines, regroupement des parcelles et disparition des haies et talus. C’est le « remembrement ». L’objectif est que la #paysannerie produise davantage, que le pays atteigne son auto-suffisance alimentaire et que la France devienne une puissance agricole mondiale.

      https://www.editions-delcourt.fr/bd/album-champs-de-bataille

      #livre

    • Le remembrement, une division des terres et des êtres

      Après la Seconde guerre mondiale, la France a connu un remembrement de ses terres, au profit d’une agriculture productiviste. Peu documentée, cette politique a profondément transformé les paysages et divisé les villages. Quelles sont les conséquences réelles de cette politique ?

      Pendant près de quatre ans, de la Bretagne aux Ardennes en passant par le Limousin, la journaliste Inès Léraud a mené une enquête sur le remembrement des terres en France, avec l’appui de Léandre Mandard, doctorant au Centre d’histoire de Science-Po. En allant à la rencontre des témoins du remembrement, ils ont retracé l’histoire des politiques agricoles en matière de gestion des terres. Plus de 60 ans après le grand remembrement, quel bilan tirer de cette politique ? Comment étaient perçues ces transformations par les différentes parties prenantes ?

      Le remembrement, moteur de la productivité agricole française

      Le processus de remembrement des terres a lieu après la Seconde guerre mondiale, comme l’explique Inès Léraud : « L’Etat fait redessiner les terres agricoles dans la plupart des campagnes françaises, afin que les champs soient accessibles par des chemins carrossables et facilement cultivables par des machines. C’est le remembrement. Les petites parcelles sont regroupées pour en former des grandes. Dans les régions de bocage, les haies et talus disparaissent sous les lames des bulldozers. L’objectif est que la paysannerie produise davantage et que la France devienne une puissance agricole mondiale. Au cours de ce processus, la taille des fermes augmente considérablement, et les plus petits paysans disparaissent. »
      « Le plus grand « plan social » qu’a connu la France »

      L’enquête d’Inès Léraud, mise en dessin par Pierre Van Hove, souligne l’opposition du monde paysan au remembrement, une paysannerie elle-même fracturée entre les agriculteurs qui tirent profit du remembrement, et ceux qui en souffrent, les "lésés". En effet, la politique de remembrement fut pensée, selon Inès Léraud, au service de l’expansion industrielle de la France : la mécanisation de l’agriculture devait permettre aux agriculteurs d’exploiter de plus grandes surfaces avec moins de travailleurs, libérant ainsi une main d’œuvre conséquente pour les usines. Des centaines de milliers d’exploitations agricoles disparaissent. « Le nombre de paysans et de salariés agricoles passe de 7 millions en 1946 à 3,8 millions en 1962. (...) C’est le plus grand « plan social » qu’a connu la France. », explique l’autrice. « En 1961, les paysans sans ferme composent 70% des effectifs ouvriers de l’usine Citroën, construite à Rennes un an auparavant. Une politique de transfert de main-d’œuvre savamment orchestrée… », poursuit-elle.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-l-idee/le-remembrement-selon-ines-leraud-et-pierre-van-hove-9818632

  • Sortons la controverse sur l’éolien d’une vision fixiste du #paysage
    https://metropolitiques.eu/Sortons-la-controverse-sur-l-eolien-d-une-vision-fixiste-du-paysage.

    La question paysagère est souvent mobilisée pour contester les projets éoliens. Laure Cormier souligne l’intérêt des projets attentifs à une vision plurielle du paysage et au quotidien des habitant·es des territoires d’installation. La France, avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, par l’adoption du paquet « #énergie-climat » de l’Union européenne (UE), est l’un des pays européens à avoir le plus augmenté sa production d’énergie éolienne entre 2009 et 2020 (Fond et Keller 2023). Cette trajectoire, félicitée par #Terrains

    / #transition_énergétique, paysage, #éoliennes, énergie, #participation, #planification

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-cormier.pdf

  • #Contre-cartographie : ce que Google Maps ne vous montre pas

    Pour trouver son chemin, et de préférence avec l’itinéraire le plus rapide, nombreuses sont les cartes dans nos poches : Google Maps, Waze, etc. Elles peuvent nous géolocaliser en temps réel, mesurer les distances parcourues, mais aucune d’entre elles n’est capable de représenter les ressentis et les vécus liés à nos déplacements. La contre-cartographie vient rebattre les cartes, et bouscule notre rapport utilitaire à l’espace. Ici, pas question de suivre la supposée #objectivité scientifique, on veut représenter le monde tel qu’on le vit pour mieux mettre en avant les problématiques invisibles à l’œil nu : dynamiques raciales, enjeux environnementaux ou même nos propres questionnements intérieurs.
    Tracks part à la rencontre de celles et ceux qui spatialisent les enjeux sociétaux et cartographient notre intime. L’artiste canadienne #Larissa_Fassler dessine les contours des #inégalités qu’elle lit dans les espaces publics. Le danseur et performeur #Mathias_Poisson porte son attention sur le vivant et suit ses sens pour cartographier sa #subjectivité. #Stéphanie_Sagot, quant à elle, œuvre à retranscrire le monde sous un prisme éco-sensible avec des cartes-peintures de #paysages.

    https://www.youtube.com/watch?v=zobSOVvxKsM


    #vidéo #cartographie #pouvoir #domination
    ping @reka

    • Notez qu’il y a en ce moment une discussion débat au sein de notre groupe informel réuni avec et autour du collectif orangotango+( This is not an atlas , Transcript, 2018, téléchargeable gratuitement sur le site https://notanatlas.org/book) sur la terminologie même de « contre-cartographie », et ceci entre les Philippines (Merci Joseph et Boris) L’Allemagne, la France, la Norvège et l’Amérique du sud (Argentine et Brésil, merci Paul et Severin ainsi que Camila), rien de moins ! Et un concensus est en train de se dégager doucement, pour renoncer au terme « contre-cartographie » au profit de quelquechose de moins « destructif », mais on continue à réfléchir.

      Merci @cdb_77 Cristina d’avoir signalé cet excellent reportage. Je me suis réjouis de voir Matthias et Larissa Fassler (je ne connaissais pas Stéphanie Sagot). C’est extrêmement bien fait il se dit des choses très fondamentales et intéressantes, qui ouvrent des pistes de réflexions qui méritent vraiment d’être développées. Je me rends compte, en les écoutant attentivement, que j’aime beaucoup ce qu’ils fon, j’aime rêver, et me plonger dans leurs univers aux marges de l’art, de l’imaginaire et du réel. De mon côté je développe des approches qu’elles soient radicales ou critiques, expérimentales et sensibles mais sur des chemins différents, m’appuyant beaucoup plus sur les représentations géométriques, sur l’usage souvent détourné de la sémiologie graphique, sur le graphisme suggestif. Ça montre un univers cartographique, des pratiques cartographiques en prolongement, très diversifiées qui font la richesse de cette écriture.

      Enfin il faut regarder les commentaires, certains sont dithyrambiques, d’autres carrément haineux et arrogants : ces commentaires destrructiufs sont très médiocres, mais c’est intéressant de voir comment c’est reçu par une diversité de personnes dans un contexte politique, culturel et social très explosif pour ne pas dire sensible.

  • L’Hôtel des gens de mer, mémoires d’un lieu de vie en zone à risques
    https://metropolitiques.eu/L-Hotel-des-gens-de-mer-memoires-d-un-lieu-de-vie-en-zone-a-risques.

    Comment documenter la disparition d’un ancien hôtel ouvrier : par la collecte de traces et de souvenirs, des plantes qui l’envahissent, des étapes de sa démolition ? En lisant Sophie Bertran de Balanda, la paysagiste Julie-Amadéa Pluriel questionne le devenir des sites industriels et des vies qui les traversent. À première vue, une #enquête. Une enquête lente et obstinée, réalisée pendant dix années par Sophie Bertran de Balanda, architecte et urbaniste. Le livre s’ouvre sur une liste de « personnages » #Commentaires

    / #friches, #paysage, #paysage_industriel, enquête, #mémoire, #récit

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_pluriel3.pdf

  • La place de la #haie dans l’#histoire de nos #paysages (1/2)

    Quentin Hubert et Michaël Leyman, Cercles naturalistes de Belgique. La haie a toujours existé en fonction des besoins du monde agropastoral. Quelles étaient ces fonctions et usages ? Où trouvait-on des haies ? Comment étaient-elles gérées ? Existe-il aujourd’hui encore des traces dans nos paysages des haies historiques ?
    Cette plongée dans le passé permet de développer une réflexion sur la vision actuelle des rôles écologiques que l’on associe à la haie, habitat pourtant entièrement façonné par l’être humain.

    https://www.youtube.com/watch?v=RT4QWqxehy4

    #paysage #conférence #bocage #haies

  • #Journal du #Regard : Octobre 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-octobre-2024

    https://youtu.be/15EB05yH9BM

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions
    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Tokyo, #Osaka, #Hakone, #Naoshima, #Teshima, #Japon, #Voyage (...)

  • #Journal du #Regard : Septembre 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-septembre-2024

    https://youtu.be/znK5sj4MGYs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions
    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Melun (...)