• #Propriété_collective des #terres : « Des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste »

    basta ! : Dans le secteur agricole, on compte seulement une installation pour deux à trois cessations d’activité, alors qu’un agriculteur sur quatre doit partir à la retraite d’ici 2030. L’accès à la terre est-il le frein principal à l’activité agricole en France ?

    Tanguy Martin : L’accès à la terre est clairement un frein, économique d’abord. La terre, selon les régions, peut coûter assez cher. S’y ajoutent les coûts des bâtiments, du cheptel, des machines, dans un contexte où les fermes n’ont cessé de grandir en taille depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a aussi un principe de défiance : c’est plus facile de vendre ses terres, ou de les louer à son voisin qu’on connaît depuis très longtemps, qu’à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui peut vouloir faire différemment, non issu du territoire... Or, 60 % des gens qui veulent s’installer aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole. Les freins administratifs se combinent à ce parcours du combattant.

    Aujourd’hui l’accès à la terre se fait par le marché : les terres sont allouées aux gens capables de rentabiliser une ressource, et pas forcément aux gens capables de nourrir un territoire ou de préserver un environnement.

    À partir de quel moment la terre agricole est-elle devenue une marchandise ?

    Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la terre est restée un bien de prestige et de pouvoir à travers lequel on maîtrise la subsistance de la population. Mais après 1945, l’agriculture est entrée dans le capitalisme : on commence à faire plus de profit avec la terre et la production de nourriture, voire à spéculer sur le prix de la terre.

    La terre est même depuis devenue un actif financier. Aujourd’hui, les sociétés dites à capitaux ouverts (financiarisées), dont le contrôle peut être pris par des non-agriculteurs, ont fait main basse sur 14 % de la surface agricole utile française. C’est plus d’une ferme sur dix en France [1]. Le phénomène a doublé en 20 ans !

    Peut-on vraiment parler de spéculation sur les terres en France alors même que le prix stagne en moyenne à 6000 euros par hectare depuis plusieurs années ? Il est quand même de 90 000 euros par hectare aux Pays-Bas !

    Depuis quelques années, le prix de la terre stagne et on pourrait en conclure qu’il n’y a pas de spéculation. En réalité, le prix de la terre a globalement augmenté en France sur les 20 dernières années.

    Actuellement, ce prix augmente dans certaines régions et baisse dans d’autres. Les endroits où l’on peut spéculer sur la terre sont globalement ceux où l’agriculture s’est industrialisée : les zones céréalières dans le centre de la France, de betteraves en Picardie, de maïs dans le Sud-Ouest... Là, le prix de la terre continue à augmenter.

    En revanche, il y a des endroits en déprise, notamment les zones d’élevage comme le Limousin, où le prix de la terre peut baisser. Les prix augmentent aussi à proximité des villes et des zones touristiques, où la terre risque de devenir constructible.

    En France, ce sont les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui sont en charge de réguler le marché des ventes des terres agricoles. Elles sont très critiquées. Que faut-il faire de ces organisations ?

    Les Safer ont participé à limiter les inégalités d’accès à la terre et un prix de la terre relativement bas en France. C’est vrai, même s’il y a d’autres explications aussi, comme la plus faible valeur ajoutée produite par hectare en France.

    Pour autant, les Safer doivent encore évoluer pour pouvoir répondre aux enjeux alimentaires et agricoles du 21e siècle, il faut arriver à démocratiser leur gouvernance. Celles-ci restent aujourd’hui très liées aux décisions du syndicalisme majoritaire (de la FNSEA, ndlr). Les Safer doivent aussi devenir plus transparentes. Actuellement, les réunions de décision se tiennent à huis clos : c’est censé protéger les gens qui prennent les décisions pour qu’ils soient éloignés de certaines pressions, mais cela crée une opacité très délétère pour l’institution.

    Un autre élément à revoir, c’est la façon dont on fixe les objectifs politiques des Safer. Ces dernières, quand elles achètent une terre, doivent la revendre à la personne qui répond aux objectifs politiques qui sont notamment fixés dans des documents nommés « schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles ».

    Ces documents, écrits par l’État et validés par arrêté préfectoral, décrivent quel type d’agriculture vont viser les Safer et d’autres instances de régulation foncière. Or, ces documents, du fait que le syndicat majoritaire est largement consulté, défendent plutôt la prolongation de l’agriculture vers son industrialisation. Il y a donc un enjeu à ce que ces documents soient écrits pour défendre une agriculture du 21e siècle qui défend l’agroécologie, et des paysannes et paysans nombreux sur les territoires. À ces conditions-là, il n’y a pas de raison de vouloir se passer des Safer.

    Le fait que nous ayons un système qui alloue la terre, non pas en fonction de l’offre et de la demande, mais en vertu d’un projet politique censé répondre à l’intérêt général, est un trésor inestimable en France qu’il faut absolument garder.

    En creux de votre ouvrage se pose la question du rapport à la propriété. Est-il possible de dépasser le modèle du paysan propriétaire ?

    Sur le principe, rien ne justifie le fait qu’à un moment, une personne ait pu dire « cette terre m’appartient ». La terre étant à la fois un lieu d’accueil du vivant et le lieu où l’on produit la nourriture, on peut estimer que la propriété de la terre doit être abolie. Sauf que, dans une société très attachée à la propriété privée, cela paraît utopique.

    Prenons donc le problème d’une autre façon, et voyons ce qu’on peut déjà faire à court terme. Il faut avoir en tête que les agriculteurs ne sont pas majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent : 60 % de cette surface est louée dans le cadre du fermage. Il y a même des paysan·nes qui décident parfois de ne pas acheter la terre et préfèrent la louer pour éviter de s’endetter.

    D’autre part, on dispose d’une régulation foncière selon laquelle la terre n’est pas une marchandise comme les autres et ne doit pas être uniquement dirigée par le marché. Ces mécanismes juridiques permettent à l’État, aux collectivités locales et aux syndicats agricoles, de définir ensemble qui va accéder à la terre indépendamment du fait que ces personnes soient riches ou pas.

    On a là un embryon qui pourrait faire imaginer un droit de l’accès à la terre en France institué en commun. Il faut renforcer et orienter ces mécanismes – qui ont plein d’écueils ! – vers des enjeux d’alimentation, d’emploi, d’environnement... Chercher à démocratiser la question de l’accès à la terre et « le gouvernement des terres », c’est à la fois une capacité à se prémunir des effets mortifères du capitalisme, et cela permet de penser comment on pourrait gérer les terres autrement.

    Le capitalisme n’est pas une fatalité : il y a d’autres manières d’être au monde, de produire de l’alimentation, de vivre, de sortir d’un monde où le but n’est que la recherche du profit. C’est comme quand on milite pour la sécurité sociale de l’alimentation : la Sécurité sociale en 1946 n’a pas renversé le capitalisme, mais elle a créé des espaces de répits face au capitalisme, extrêmement importants pour que les gens vivent bien et envisagent de transformer la société.

    Le livre dresse un panorama des organisations qui travaillent au rachat des terres pour les mettre à disposition de paysan·nes répondant à des critères socio-environnementaux, avec des règles transparentes d’attribution de l’accès au foncier. Les surfaces acquises restent toutefois modestes. Peut-on uniquement compter sur ce type d’initiatives ?

    Les gens qui s’intéressent à la terre aujourd’hui ont bien compris qu’on n’allait pas abolir la propriété privée demain. Ils ont aussi compris que s’ils voulaient expérimenter d’autres manières de faire de l’agriculture et de l’alimentation, il fallait accéder à la propriété des terres.

    L’idée de la propriété collective, ce n’est pas l’abolition de la propriété privée, mais que des gens se mettent ensemble pour acheter de la terre. C’est ce que fait Terre de Liens en louant ensuite la terre à des paysan·nes qui mettent en œuvre des projets répondant aux enjeux de société, d’emploi, d’environnement, d’entretien du territoire... Mais c’est aussi ce que font d’autres structures de propriété foncière – la Société civile des terres du Larzac, la Terre en commun sur la Zad de Notre-Dame des Landes, Lurzaindia dans le Pays basque, la foncière Antidote, et bien d’autres.

    Tout un tas de gens essaient d’acheter des terres pour en faire des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste. Cela permet d’imaginer d’autres rapports à la propriété. Ce sont des lieux d’expérimentation très importants pour susciter de nouveaux imaginaires, apprendre à faire autrement, créer de nouvelles manières d’être au monde.

    Le problème de ces lieux-là, c’est qu’ils ne peuvent pas permettre un changement d’échelle. Cela ne peut pas être la solution de sortie des terres du capitalisme. Comme elles n’abolissent pas la propriété, s’il fallait racheter toutes les terres, cela coûterait des centaines de milliards d’euros.

    Par ailleurs, ces terres ne sont pas à vendre à court terme – une terre se vend en moyenne tous les 75 ans. D’où la nécessité de faire à la fois des expérimentations de propriété collective, tout en ravivant la question de la régulation foncière pour sortir l’agriculture du capitalisme.

    En quoi la lutte de Notre-Dame des Landes, victorieuse en 2018, a reconfiguré les luttes, notamment anticapitalistes, autour des terres ?

    La question agricole et foncière, en France et même en Europe, était très peu investie par les milieux anticapitalistes. L’activisme des gens qui vont s’installer dans la Zad, les coopérations menées avec des syndicats agricoles comme la Confédération paysanne, ont – non sans débats houleux et conflits internes – mené à une lutte assez exemplaire sur un territoire.

    La répression peut être énorme, mais la capacité de résistance aussi. Cette lutte a produit des façons de faire sur le territoire – en termes d’habitat, d’agriculture collective, de vivre ensemble – inspirantes pour toute une génération militant contre le néolibéralisme et le capitalisme. Beaucoup de milieux politiques aujourd’hui parlent de subsistance, d’alimentation, de terres.

    Notre-Dame des Landes marque aussi le fait qu’avec de moins en moins d’agriculteurs dans la société (2,5 % des gens sont des travailleurs de la terre dont 1,9 % sont des agriculteurs au sens légal), les enjeux agricoles ne peuvent être uniquement du ressort des luttes paysannes. La centralité de ces luttes doit être partagée avec d’autres types d’acteurs politiques, notamment des gens qui habitent le territoire sans être forcément paysans.

    La dynamique des Soulèvements de la Terre est-elle un prolongement de Notre-Dame des Landes ?

    En effet, il me semble que Notre-Dame-des-Landes est une inspiration forte de la pensée qui s’agrège autour des Soulèvements, mouvement riche de sa pluralité. Les Soulèvements montrent que les espoirs nés de l’expérimentation à Notre-Dame-des-Landes sont possibles partout et qu’il va falloir faire différemment dans tous les territoires – chaque endroit ayant ses spécificités.

    Les questions de rapport à la terre ont aussi émergé dans l’espace politique des années 1990, avec les luttes au Chiapas, au Mexique, qui continuent d’inspirer les milieux politiques en Europe et en France. Cette circulation des imaginaires de luttes permet de penser des mondes différemment. Les Soulèvements arrivent à fédérer de manière assez importante et repolitisent très clairement ces questions de la terre. Ils portent ces questions sur tous les territoires qui ont envie de s’en emparer en disant : « C’est possible aussi chez vous ».

    Peut-on sortir l’agriculture du capitalisme ? Pour Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, il faut combiner les expérimentations de propriété collective tout en s’attachant à la régulation foncière.

    https://basta.media/Propriete-collective-des-terres-des-espaces-de-resistance-face-a-l-agricult
    #agriculture #résistance #capitalisme #accès_à_la_terre #terre #financiarisation #spéculation #Sociétés_d’aménagement_foncier_et-d’établissement_rural (#Safer)

  • Petits paysans et gros mensonges
    https://laviedesidees.fr/Nicolas-Legendre-Silence-dans-les-champs

    L’agonie du monde agricole n’est pas une fatalité due à quelque « modernisation ». Elle résulte de phénomènes politiques et économiques, depuis le dogme de l’industrialisation jusqu’à l’intimidation envers les contradicteurs, en passant par le lobbying des firmes agrochimiques. À propos de : Nicolas Legendre, Silence dans les champs, Arthaud

    #Société #biodiversité #agriculture #consommation #paysannerie

  • Une critique très intéressante du livre Terre et Liberté d’Aurélien Berlan est parue l’année dernière dans la revue L’inventaire. Cette critique se situe dans la même perspective que celle de Berlan, qui a ses limites, qui à mon avis apparaissent mieux avec cette critique de Nicolas Gey. A lire absolument !

    Nicolas Gey, « Subsister », L’Inventaire , automne 2022

    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2023/05/24/nicolas-gey-subsister

    #agriculture #subsistance

    • Bah c’était déprimant @deun 😭

      s’il est légitime de décrier le calcul des aides que la politique agricole commune indexe à la surface de production, il faut s’exprimer (ce qu’on fait moins) sur la dimension énergétique de ces aides, dont le calcul dépend aussi de la valeur calorique des aliments produits. De sorte que le maraîchage et l’arboriculture sont nettement moins subventionnés que la production d’oléo-protéagineux (comme les appellent les agronomes). Un kilo de tomate, du fait de la main-d’œuvre nécessaire pour sa culture et sa récolte, dépasse souvent le prix de 1 kg de blé, mais sa valeur politique est à peu près nulle : on n’a jamais fait de révolution pour cause de pénurie de tomates.

      […]

      Jusqu’à preuve du contraire, et dans les conditions qui sont les nôtres (et qui n’ont guère de raison de devenir plus favorables), on peut donc affirmer qu’il n’existe, en Occident, aucun modèle agricole économiquement viable susceptible de récolter davantage d’énergie qu’il n’en consomme pour la produire

      […]

      Pour nous subsistantialistes, il ne suffit pas de suggérer qu’on pourrait toujours, le moment venu, se déplacer et labourer avec un animal de trait (21), battre les céréales au fléau, trier le grain avec un tarare, remettre en service des moulins à vent ou à eau, entretenir nous-mêmes les sentiers, les conduites d’eau, les routes pavées et les entrepôts, que sais-je ? N’oublions pas de poser ces questions, en apparence naïves : Qui fait quoi, et surtout quand ? En d’autres termes, qui s’y lance maintenant, avant les autres, au risque de l’épuisement moral et physique ? Qui accepte de commercer avec l’ensemble d’une population directement et indirectement mécanisée et subventionnée ? Qui accepte, en somme, de troquer l’or contre la pacotille ?

      […]

      Jusqu’à preuve du contraire, toutes les expérimentations «  permacoles  » (27) et «  agroécologiques  » non mécanisées des régions tempérées ont échoué à produire non seulement des légumes sur des terres généreusement amendées et paillées (souvent avec fumier et paille du commerce), mais suffisamment de calories pour nourrir, au minimum, les agriculteurs eux-mêmes.

      Dans certains cas, comme au mas de Beaulieu de feu Pierre Rabhi, l’expérimentation, sur un hectare, est loin d’égaler la modeste production maraîchère d’un jardin ouvrier (28). Ailleurs, à la Ferme du Bec-Hellouin (29), Perrine et Charles Hervé-Gruyer renouvellent quant à eux les trouvailles de Bouvard et Pécuchet (30) en terre normande. Là-bas, les cultures nourricières cèdent systématiquement le pas aux productions à forte valeur ajoutée, jusqu’à délaisser la pomme de terre ! Les amendements proviennent de haras voisins ; les résultats publiés sont avant tout financiers, proviennent pour bonne part de formations, et lorsque les volumes de production de certains fruits ou légumes sont annoncés, il n’est jamais question de calories. Or la Ferme Potemkine du Bec-Hellouin est censée apporter sa contribution (sinon la solution) au problème de l’autonomie alimentaire (individuelle, communale, régionale, nationale, etc.). En dépit de l’évidence, une succession de rapports de l’Inra-AgroParisTech conclut toutefois au succès de l’entreprise agroécologique (31).

      […]

      Ce que nombre de «  permaculteurs  » (plus ou moins survivalistes) et «  d’agroécologistes  » ne perçoivent pas lorsqu’ils tentent l’expérience de «  l’autonomie  » (mais ils finissent invariablement par délaisser l’agriculture au profit d’activités plus lucratives, comme la formation, l’accueil de touristes, les «  soins alternatifs  », etc.), c’est le caractère systémique d’une organisation paysanne. Les dimensions d’héritage culturel, de normes, de devoirs, d’effort et de temps sont généralement refoulées ou fantasmées plutôt qu’appréhendées dans leur complexité et leurs limites. S’il est évidemment impossible de répondre à tous ses besoins (de la mine à la forge, de la carrière au four à chaux, des champs de lin aux métiers à tisser, etc.), il l’est presque autant, sous nos latitudes surpeuplées (37), de répondre à ses besoins les plus vitaux, sans se soumettre aux lois de la physique bien sûr, mais aussi à l’autorité d’un groupe, sinon à l’un.e de ses représentant.e.s.

      #déprime #céréales ! #calories #alimentation #nutrition #mode_de_vie #paysannerie etc etc

    • Bah c’était déprimant @deun 😭

      Ah ça ! J’ai lu l’article il y une quinzaine de jours et j’avoue que ça m’a bien sonné ...

      Pourtant, il y a des positions chez Nicolas Gey qui me paraissent assez biaisées, genre :

      Si la dénonciation des effets dévastateurs de la mécanisation, de l’aliénation des agriculteurs, de l’irrigation par pompage, des engrais de synthèse et des pesticides est parfaitement légitime, il est en revanche assez malhonnête d’en déduire que cette agriculture industrielle n’aurait obtenu que des «  résultats minimes  ». Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1990, les rendements céréaliers moyens ont bel et bien été multipliés par 4 en France et par 3 en moyenne dans le monde. Puisque la surface cultivée totale est restée à peu près constante (la surface de champs urbanisés étant pour l’instant «  compensée  » par la conversion des pâturages et le défrichement accéléré des ultimes forêts primaires), la production a donc été multipliée par trois et la population mondiale, dont la frange la plus riche s’est mise à consommer de plus en plus de viande (9), par 2,5 (passant de 2,4 à 6 milliards d’individus).

      La question (subsidiaire) aurait pu être : mais pour combien de temps ?

      Et d’ailleurs arrive cette forme d’aveu concernant les limites de cette croissance productive :

      Depuis les années 1990, effectivement, les rendements du blé plafonnent et paraissent même, depuis 2016, amorcer leur déclin.

      Avec, en filigrane, ce sentiment qui est mien, à savoir que le dérèglement climatique et son cortège de nuisances pourrait bien y être pour quelques chose.

      Après, il y aurait un fastidieux travail de vérification des données techniques (entre autre le raisonnement qui s’appuie sur un bilan calories entre le travail à fournir et récolte obtenue) et économique (valeur de la chose produite rapportée à la quantité de travail nécessaire pour la produire)

      Or ce sont précisément les productions agricoles les plus riches en calories et en travail, fût-il mécanique, que les expériences subsistantialistes tendent à ajourner (14). Et pour cause : acheter des céréales, des légumineuses, des sucres, des huiles issues de la production mécanisée et subventionnée revient à acheter chaque jour, pour moins de 2 euros le kilo, une quantité de travail que nous refuserions de fournir à ce prix. Pour fixer les idées : l’équivalent d’une journée de travail de cinq à sept heures (15). Payé au smic de 2021, le coût du travail nécessaire pour produire 1 kg de blé sans tracteur, moissonneuse-batteuse ni subvention serait donc compris entre 50 et 70 euros. Dans ces conditions, qui d’entre nous, s’il ne possédait une rente d’au moins 1500 euros par mois (ce qui le rangerait indiscutablement du côté des puissants), pourrait encore acheter quotidiennement son kilo de farine équitablement subsistantialiste (ou son équivalent énergétique d’environ 2 500 kcal) ?

      Et l’auteur lui-même nous invite à remettre cette évaluation sur le métier dans la note 15 :

      Cette estimation m’est propre, et mérite sans doute discussion. Je suis parti du principe qu’il fallait en moyenne 5 à 10 m2 de terre pour fournir 1 kg de blé tendre dans des conditions «  subsistantialistes  », sans tracteur ni engrais de synthèse. Le calcul consiste simplement à additionner le temps passé à labourer (ou bêcher) cette surface de terre, avant de la semer et d’enterrer le semis (afin qu’il ne soit pas détruit par des étourneaux, des corneilles ou des pies), puis de la désherber (des gaillet, vulpin, folle avoine, rumex, chénopode, renouée, amarante et chardon, entre autres) et de l’amender, avant de la moissonner, d’en transporter les gerbes jusqu’à l’aire de battage, de battre les gerbes, d’en vanner le grain, de le moudre puis de bluter la mouture. Sans compter le travail de cuisine et de boulangerie, ni le temps passé à récolter du bois pour la cuisson.

      La modélisation des rendements énergétiques lié aux activités agricoles, ça a déjà dû être fait. Après, vérifier si tous les paramètres ont été inclus, c’est plus compliqué. En outre, l’anticipation des circonstances (dérèglements climatiques, bouleversements socio- et géopolitiques) qui pourraient influer sur la validité de ces paramètres voire en introduire de nouveaux, ça rajoute du « niveau ». Pas d’autre choix pour l’instant que de confier toutes ces tâches d’expertises à un groupe d’étude comme celui qui travaille sur l’évolution du climat.

    • Est-ce qu’il faut nécessairement envisager les choses comme le fait Nicolas Gey (et Aurélien Berlan peut-être je ne sais pas bien) ? C’est-à-dire penser que la seule alternative à la société industrielle ce sont des sociétés paysannes où tout est fait localement, donc forcément à la main puisque qu’il n’y a pas d’autres types d’énergie disponible sur place ?

      Le texte a tout de même le mérite de pointer le prisme habituel autour du maraîchage et des légumes, en laissant de côté ce que l’on appelle les « grandes cultures », c’est-à-dire comme il l’indique les aliments qui nourrissent vraiment d’un point de vue calorique.
      Encore que, à mon sens, les légumes sont indispensables pour la santé, non pas à cause de leur contenu calorique, mais en terme de vitamines par exemple.

      Plutôt que produire à la main du blé dans une contrée où c’est fait avec d’énormes machines énergivores, on peut aussi s’intéresser aux régions où l’agriculture est déjà sans machines, mais où de petites machines sont introduites à l’intérieur d’une organisation où le travail manuel est la norme.

      Par exemple pour en Afrique, des batteuses sont utilisées pour décortiquer les haricots. Elles peuvent être apportées dans les ferme derrière une moto (par exemple le modèle Imara tech Multi-crop). Ca coûte 700$.

      Actuellement, les femmes et les jeunes supportent la majeure partie de la charge du battage, et l’utilisation du battage mécanisé libère leur temps pour d’autres tâches plus gratifiantes. Un exemple de cela est fourni par l’utilisation de la batteuse multicultures Imara tech, qui prétend traiter les haricots 75 fois plus rapidement qu’à la main.

      https://taat-africa.org/wp-content/uploads/2022/02/Catalogue_Haricot_commun_FR.pdf

      En France toujours pour des haricots on parlera plutôt pour battre les haricots d’une machine à 130000€

      https://www.youtube.com/watch?v=UBc-2m2t5zw

      La deuxième chose c’est de considérer le problème de la mécanisation dans sa dynamique et dans son contexte marchand.
      C’est ce qui manque à la perspective de Bey - à la critique anti-industrielle en général ? Elle finit par rejoindre la perspective survivaliste, comme Bey le reconnaît :

      Autrement dit, qui peut prétendre subvenir à ses besoins, vivre substantiellement de sa production ? S’il existe quelques personnes ou communautés d’Europe de l’Ouest qui y parviennent, je serais ravi, sinon de les rencontrer, du moins d’entendre de quelle manière elles s’y prennent. De ce point de vue, il n’est pas nécessaire de partager les orientations politiques du courant survivaliste pour souscrire au tragique de ses analyses.

      ... comme si le but c’était de vivre de sa propre production. Bien-sûr ce but est évident pour le survivaliste puisqu’il se prépare à une rupture d’approvisionnement généralisé. Mais pour les révolutionnaires ?

  • Moi, agricultrice

    Des années d’après-guerre à aujourd’hui, des #pionnières agricultrices vont mener un long combat de l’ombre pour passer de l’#invisibilité_sociale, d’un métier subi, à la reconnaissance pleine et entière de leur statut. Trop longtemps considérées « #sans_profession », sous la #tutelle juridique et économique de leurs époux, ces militantes de la première heure livrent le récit intime d’une conquête restée dans l’oubli de l’histoire de l’#émancipation_des_femmes. La nouvelle génération, héritière de cette lente marche vers l’égalité des droits, témoigne également, bien décidée à garantir les acquis gagnés de haute lutte par leurs mères et leurs grands-mères.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64524_0

    –—

    Anne-Maire Crolais (à partir de la min 40’09) :

    « Les places, ça se gagne. Est-ce qu’on veut, nous, les femmes, en gagner ou pas ? Il faut le savoir, c’est tout. C’est simple. Un homme ne laissera jamais sa place. (...) Si on veut le pouvoir, on y va. »

    #femmes #vocation #agriculture #reconnaissance #émancipation #injustice_sociale #luttes #cohabitation #travail #agricultrices #Jeunesse_agricole_catholique (#JAC) #profession #identité_professionnelle #existence_sociale #paysannerie #mai_68 #paysannes #paysans-travailleurs #permis_de_conduire #histoire #féminisme #indépendance_financière #statut #droits_sociaux #droits #congé_maternité #clandestinité_sociale #patriarcat #égalité_des_droits #sexisme_ordinaire
    #film #film_documentaire #documentaire

  • Marc Badal, Petits mondes paysans, 2013
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/04/24/badal-paysans

    Ce texte constitue la dernière partie du livre de
    Marc Badal,
    Vidas a la intemperie :
    Nostalgias y prejuicios sobre el mundo campesino,
    publié en 2017
    chez Pepitas de Calabaza (en co-édition avec Cambalache).

    Le texte a été traduit par Séverine Denieul
    et publié dans la revue L’Autre côté n°4,
    « Un monde en voie de disparition : les paysans », hiver 2019.

    https://www.revuelautrecote.com

    #Marc_Badal #Histoire #paysannerie #paysans #vulgarisation

  • Ces #terres qui se défendent

    Pour son hors-série hivernal, le magazine indépendant Socialter s’associe au collectif Reprise de terres pour s’attaquer à l’accaparement des terres en France et au système productiviste qui le soutient.

    Nous sommes au seuil d’une catastrophe foncière. Dans les dix prochaines années, la moitié des agriculteurs français va partir à la retraite, et c’est près d’un quart du territoire français qui va changer de mains. Un chambardement démographique qui aiguise déjà toutes les convoitises : celles de l’agro-industrie et ses pesticides, des bétonneurs et leurs entrepôts, des aménageurs de territoire et leurs autoroutes. Leur monde se fera sans les vivants et contre eux.

    Alors comment inventer des tactiques foncières, politiques et juridiques pour contrer cet accaparement ? Quelles alliances politiques nouer pour lui opposer un front solide ? Comment résorber les divisions historiques entre #paysannerie et protection du vivant ? Comment dépasser l’opposition entre mise en culture des terres et libre évolution – entre nature et culture ?

    https://fr.ulule.com/hors-serie-socialter-ces-terres-qui-se-defendent

    #résistance #reprise_de_terres #accaparement_des_terres #France #foncier #agriculture #retraite #démographie

    déjà signalé par @halbnar :
    https://seenthis.net/messages/978693

  • La Commune de Paris et ses enseignements pour aujourd’hui https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/03/07/la-commune-de-paris-et-ses-enseignements-pour-aujourdhui_155 | #archiveLO (#archiveLO, 2 mars 2021)

    #Commune_de_paris #1871 #éphéméride

    – La Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871)
    – Commémorer la Commune… pour mieux en trahir les idéaux
    – Des enseignements dévoyés
    – Les travailleurs apprennent de leurs expériences
    #Démocratie_prolétarienne et #démocratie_bourgeoise
    – «  L’Internationale sera le genre humain  »
    – La nécessité d’un #parti_révolutionnaire

    En septembre 1870, par l’intermédiaire des militants, très minoritaires, qui se réclamaient de ses idées, Marx avait avant tout conseillé aux travailleurs de la capitale de «  procéder méthodiquement à leur propre organisation de classe  ». Ils n’en eurent pas le temps et certains n’en comprirent pas la nécessité. Avec la Commune de Paris, le #prolétariat se retrouva donc au pouvoir sans avoir pu s’organiser en conséquence ni avoir eu la possibilité de trancher entre les différents courants politiques qui existaient en son sein  : #communistes, #anarchistes, partisans de #Proudhon ou de #Blanqui notamment.

    Les tâtonnements, voire les fautes des dirigeants de la Commune en matière financière comme dans le domaine militaire, la difficulté de concevoir et de mettre en œuvre une politique en direction de la #paysannerie pauvre, ne purent être surmontés en raison de l’absence d’un véritable parti. Il manqua une #organisation et des dirigeants concentrant l’expérience du #mouvement_ouvrier et qui auraient pu se lier aux masses dans la période précédente. Ils ne purent pas davantage écarter certains patriotes se réclamant du socialisme qui, comme l’écrit #Trotsky, «  n’avaient en fait aucune confiance  » en la classe ouvrière et, pire, qui «  ébranlaient la foi du prolétariat en lui-même  ».

    C’était déjà la conclusion tirée par les plus conscients des militants révolutionnaires de cette époque. #Marx, #Engels, bien sûr, mais aussi le Hongrois #Léo_Frankel, militant de l’#Association_internationale_des_travailleurs et qui avait été un des dirigeants de la Commune. Il écrivit peu après son écrasement  : «  Afin de réaliser cet objectif [la prise du pouvoir], les ouvriers se doivent de créer un parti autonome s’opposant à tous les autres partis, “unique moyen” pour liquider le règne des autres classes.  » Frankel sera l’un des fondateurs du Parti général des ouvriers de Hongrie en 1880.

    Ce sont les deux révolutions russes de 1905 et de 1917 qui tranchèrent définitivement cette question. Pour que la formidable pression révolutionnaire s’exerce pleinement, et contrairement à ce qu’affirmait le courant anarchiste, il fallait une organisation centralisée, soudée, dont les militants étaient en contact permanent avec les entreprises et avec les soldats du front et de l’arrière. Un parti à même d’adapter sa politique aux flux et aux reflux de la révolution et d’impulser ainsi une politique jetant les bases d’une société communiste  : ce fut la tâche du #Parti_bolchevique.

    #anarchisme

  • Tirpaa : les droits des paysan·nes sont le dernier rempart contre la confiscation de toute les semences par les brevets de multinationales

    Le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture – souvent aussi appelé « Traité sur les semences » – doit réunir à New-Delhi du 19 au 25 septembre son Organe Directeur composé de ses 144 États membres. Depuis son entrée en vigueur en 2004, le Système multilatéral du Traité gère l’accès à plusieurs millions d’échantillons de semences pour la plupart collectées dans les champs des paysans de toute la planète puis conservées dans les « banques de germoplasmes ». Il met ces « ressources phytogénétiques » à disposition des chercheurs et de l’industrie qui les utilisent pour sélectionner et commercialiser de nouvelles variétés. En contre-partie, son article 9 promet :

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/10/09/tirpaa-les-droits-des-paysan·nes-sont-le-derni

    #international #paysannerie

  • 70 ans d’agriculture française au service de l’accumulation capitaliste | Tanguy Martin
    https://www.terrestres.org/2022/06/14/70-ans-dagriculture-francaise-au-service-de-laccumulation-capitaliste

    En 1950, 31 % de la population active française était alors agriculteur.rice. En 2020, ce chiffre est tombé à … 2,5%. Cette spirale sans fin est le produit d’une politique qui a délibérément reposé sur l’industrialisation, le productivisme, la production et la consommation de masse, la concentration des terres et la disparition des paysan.es. Après 70 ans de modernisation agricole, l’impasse écologique se double d’une impasse économique et sociale. Tanguy Martin 14 juin 2022 Source : Terrestres

  • Paysannes indiennes : une année de lutte intense

    Chukki Nanjundaswamy, de Via Campesina, a évoqué ce qui s’est passé après les mobilisations et les protestations des agricultrices et agriculteurs dans le pays

    Depuis novembre 2020, les paysannes indiennes se battent pour leurs droits, qui sont constamment menacés par le gouvernement autoritaire d’extrême droite dirigé par le Premier ministre Narendra Modi. Le pays lutte en partenariat avec des multinationales contre le programme de Modi, qui met en danger la vie de nombreux agriculteurs du pays, en particulier des femmes. 80% de la nourriture indienne est produite par des femmes. Elles sont majoritaires dans les champs et les plantations, même si elles ne sont pas officiellement considérées comme des agricultrices. Et ce sont elles qui souffrent le plus du manque de politiques publiques.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/04/23/paysannes-indiennes-une-annee-de-lutte-intense

    #international #inde

  • 5 questions à Roland Riachi. Comprendre la #dépendance_alimentaire du #monde_arabe

    Économiste et géographe, Roland Riachi s’est spécialisé dans l’économie politique, et plus particulièrement dans le domaine de l’écologie politique. Dans cet entretien, il décrypte pour nous la crise alimentaire qui touche le monde arabe en la posant comme une crise éminemment politique. Il nous invite à regarder au-delà de l’aspect agricole pour cerner les choix politiques et économiques qui sont à son origine.

    https://www.carep-paris.org/5-questions-a/5-questions-a-roland-riachi
    #agriculture #alimentation #colonialisme #céréales #autosuffisance_alimentaire #nationalisation #néolibéralisme #Egypte #Soudan #Liban #Syrie #exportation #Maghreb #crise #post-colonialisme #souveraineté_nationale #panarabisme #militarisme #paysannerie #subventions #cash_crop #devises #capitalisme #blé #valeur_ajoutée #avocats #mangues #mondialisation #globalisation #néolibéralisme_autoritaire #révolution_verte #ouverture_du_marché #programmes_d'ajustement_structurels #intensification #machinisation #exode_rural #monopole #intrants #industrie_agro-alimentaire #biotechnologie #phosphates #extractivisme #agriculture_intensive #paysans #propriété_foncière #foncier #terres #morcellement_foncier #pauvreté #marginalisation #monoculture #goût #goûts #blé_tendre #pain #couscous #aide_humanitaire #blé_dur #durum #libre-échange #nourriture #diète_néolibérale #diète_méditerranéenne #bléification #importation #santé_publique #diabète #obésité #surpoids #accaparement_des_terres #eau #MENA #FMI #banque_mondiale #projets_hydrauliques #crise_alimentaire #foreign_direct_investment #emploi #Russie #Ukraine #sécurité_alimentaire #souveraineté_alimentaire

    #ressources_pédagogiques

    ping @odilon

  • Towards a just agricultural transition in North Africa

    The bleak reality of global climate change becomes clearer with each new report issued by the Intergovernmental Panel on Climate Change.1 North Africa is extremely vulnerable in the face of climatic and environmental crises, which are a daily occurrence in the lives of the millions of people living in the arid, semi-arid and desert areas of the region. Over the last few decades, drought rates and temperatures have risen continuously, leading to increasing desertification. The region also suffers from severe water scarcity2, land degradation and livestock depletion.3 The accelerated environmental crises directly and indirectly affect agriculture (including grazing) and fishing activities. They also intensify poverty and erode food sovereignty.4 Approximately 52 per cent of the total population in North Africa live in rural areas5 and this population, which includes small-scale farmers and farm workers, is among the poorest and most impacted by the stark effects of agroecological crises.

    North Africa’s perilous situation in regard to climate change stands in contrast to the fact that the region accounts for a very small percentage of global greenhouse gas emissions. In 2017, the entire African continent produced approximately 4 per cent of global carbon dioxide emissions, while the average emissions per African person were the lowest in the world, at approximately 0.9 tonnes per annum.6 In the North Africa region, Egypt produced 0.6 per cent of global emissions, Algeria 0.5 per cent, Tunisia 0.1 per cent and Morocco 0.15 per cent.7 A recent study shows the global unevenness of greenhouse gas emissions: while the Global North’s rates stand at 90 per cent, the Global South produces only 10 per cent.8 However, countries in the Global South bear the brunt of the crises brought on by climate change, and are in dire need of a just transition – to help mitigate the harmful impacts of environmental change and to adapt to their long-term consequences.

    Agriculture is both negatively impacted by climate change and a significant contributor to it. Due to the dominance of global capitalist food systems and industrial agricultural production, land use and forest management accounted for a total of 23 per cent of greenhouse gas emissions between 2007 and 2016.9 North African countries are no exception to this pattern, dominated as they are by a high-emissions corporate food regime.10 Against this background it is vital to assess the possibilities for, and obstacles to, a just transition in the North African agricultural sector.

    (...)

    https://longreads.tni.org/towards-a-just-agricultural-transition-in-north-africa
    #Afrique_du_Nord #transition_agricole #agriculture #climat #changement_climatique #désertification #eau #sécheresse #pêche #souveraineté_alimentaire #néolibéralisme #paysannerie #extractivisme #agriculture_régénérative #agro-écologie #agroécologie

  • L’Actu des Oublié.e.s — Saison II — Episode 2

    Nous partons cette semaine au Paraguay où les peuples originaires et la petite paysannerie se soulèvent contre une loi qui vise à punir plus durement les occupations illégales de terres ; puis en Colombie, où les luttes indigènes prennent une nouvelle dimension, notamment grâce à la dynamique du Paro Nacional qui provoque une transformation globale de la société.

    <iframe width="100%" src='https://seenthis.net/https://audioblog.arteradio.com/embed/172290" style="margin : 0 ;padding : 0 ;border : none ;"></iframe>

    Belle écoute !

  • Interview de @latelierpaysan par @le_postillon et publication d’un livre : L’Atelier Paysan, Reprendre la terre aux machines, 2021
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/06/29/latelier-paysan-livre

    Loin de se limiter aux seules métropoles, le déferlement high-tech s’abat aussi sur les campagnes et les activités agricoles, transformant peu à peu les anciens paysans en simples opérateurs de machines. Pour contrer ce mouvement de fond, une coopérative d’autoconstruction de machines agricoles s’est monté il y a une dizaine d’années en Isère. L’Atelier paysan – c’est son nom – aujourd’hui installé à Renage, à trente kilomètres de Grenoble, connaît un petit succès et une croissance importante ces dernières années. Discussion avec deux de ses membres autour de la philosophie, des questionnements et des limites de cette structure

    Le temps joue pour nous : les AMAP, la Bio et les circuits courts apparaissent de plus en plus dans les médias comme dans nos assiettes – l’opinion publique est acquise. Si chaque consommateur change ses habitudes alimentaires, si chaque agriculteur se forme à l’agroécologie, alors la victoire est au bout de la fourchette.

    Ceci est une fable.

    L’appel à la responsabilité individuelle, ce « chacun doit faire sa part », ne mettra jamais fin au modèle alimentaire industriel et marchand. Celui-ci est une machine à produire artificiellement au moindre coût, une machine à confisquer les savoirs et savoir-faire, à enrichir les industries technologiques, à déshumaniser.

    Il est temps d’échapper à notre enfermement dans les niches d’un marché alimentaire réservé aux classes aisées et de reprendre entièrement la terre aux machines. Ce manifeste propose de sérieuses pistes de rupture.

    L’Atelier Paysan accompagne la conception et le colportage des technologies paysannes. Les auteurs, paysans, syndicalistes et militants, sociétaires de la coopérative, font le constat que les alternatives paysannes, aussi incroyablement riches soient-elles, s’avèrent totalement inoffensives face au complexe agro-industriel, plus prédateur que jamais.

    https://www.seuil.com/ouvrage/reprendre-la-terre-aux-machines-l-atelier-paysan/9782021478174

    #interview #l'atelier_paysan #agriculture #autonomie #low-tech #politique #capitalisme #alimentation #paysannerie #auto-construction

  • Infographie | Enclosures numériques : l’accaparement technologique des terres

    Les registres cadastraux numériques contenant des informations sur les terres et autres ressources naturelles deviennent les nouveaux « actes de naissance » des propriétés rurales. De plus en plus, la localisation et la mesure des terres via la technologie de géoréférencement (GPS) sont rendues obligatoires pour l’accès aux politiques publiques, aux crédits, pour l’accomplissement des réglementations environnementales ; elles deviennent aussi l’une des conditions permettant de déterminer les droits de propriété lors des processus de régularisation foncière.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/06/01/infographie-enclosures-numeriques-laccaparement-technol

    #paysannerie #terre

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

  • Des fraises pour le renard en streaming - Replay France 3 | France tv
    https://www.france.tv/france-3/la-ligne-bleue/2128147-des-fraises-pour-le-renard.html


    chouette doc

    Une révolution se prépare dans nos campagnes : à travers le pays se forment des communautés de paysans où vie domestique et vie sauvage dialoguent et négocient pour le plus grand bénéfice de tous. Toute cette nature soi-disant nuisible, que l’agriculture conventionnelle a cherché à exterminer avec des pesticides, coexiste avec l’homme pour le bien de tous. Zoom sur trois fermes emblématiques des régions françaises, à la découverte d’un pan méconnu de la biodiversité. Le renard prédateur naturel des campagnols, ces petits rongeurs dévastateurs, devient un allié. Ailleurs, les oiseaux, les libellules et les insectes contribuent à la pollinisation.

    #griculture #paysannerie

  • #Bernard_Ronot préserve notre patrimoine pour sauver l’agriculture durable

    Bernard Ronot s’est engagé pour la force de vie des semences anciennes en conservant 200 variétés de blés. Le principe consiste à planter en permanence ces variétés. Chaque année Bernard offre ces semences aux paysans volontaires qui préservent à leur tour ce patrimoine de l’humanité.

    Bernard a ainsi fondé l’association #Graines_de_Noé (http://www.graines-de-noe.org).
    Agriculteur de 83 ans, il raconte la #Révolution_Verte de l’agriculture d’après-guerre, utilisatrice d’intrants chimiques, dans laquelle il s’est engagé à 100%.

    Ce documentaire est surtout l’histoire d’une #prise_de_conscience et d’un retour, après 30 ans de cultures intensives, à un choix d’une agriculture vivante et naturelle. L’histoire d’une #reconquête et d’un engagement pour la #conservation_des_semences anciennes de blé. L’histoire d’un cheminement, d’un modèle d’agriculture à un autre pour redécouvrir le sens du mot « #paysan » : celui avant tout de nourrir le monde.

    https://vimeo.com/138429645

    Bernard Ronot :

    « (La révolution verte) ça a été un restant des guerres sur toute la ligne. Si le nitrate est un explosif, les fongicides sont des restants des gaz de guerre. Tout ce qui a fait éclater l’agriculture, c’est le restant des guerre. Les énergies de guerre qui ont été maîtrisées par l’homme quand ils ont arrêté de se battre, elles étaient toujours existantes »

    La science est indispensable pour faire évoluer. On a besoin des chercheurs. Si ils ont des têtes et des neurones développées, c’est pas par hasard. C’est eux qui font évoluer une société. Mais il faut la faire évoluer dans l’#indépendance de l’homme, et pas dans la #dépendance.

    La société c’est qui ? C’est d’abord nous, c’est pas les autres. C’est nous. Et la société du bas, c’est nous, individuellement. Et si nous on croit à ce qu’on fait, si on croit vraiment à ce qu’on fait, rien peut nous démonter. Si on se met en unité avec la #nature... les plantes, la terre, les animaux et bien des hommes silencieux, attendent. Ils sont prêts à partir, mais ils sont silencieux.

    « La transmission de la vie, c’est la semence. Il faut rentrer dans l’#action. (...) Si nous avons la chance d’avoir compris quelque chose, notre travail c’est de savoir comment le transmettre. On peut avoir le meilleur langage du monde, mais si il n’y a pas réceptivité en face, ça ne fait rien. »

    « Dans la vie nous sommes des #locomotives. Ou nous sommes le voyageur sur le quai, ou nous sommes le wagon, ou nous sommes la locomotive. Il faut savoir où on va. Si nous avons la chance de savoir où on va, nous avons le devoir d’être une locomotive, qui va peut-être doucement, qui va lentement et qui va surement. »

    « J’étais un #exploitant_agricole et je suis devenu un agriculteur. Dans tout domaine de la société nous avons des #arts. Nous devons être des artistes. Et l’agriculture c’est l’art de la #terre. »

    #agriculture #semences #blé #nitrates #paysannerie #vulpin #fertilisants #oligo-éléments #champignon #rendement #fongicides #pucerons #insecticides #guerre #restant_de_guerre #énergies_de_guerre #se_remettre_en_cause #reconversion #semences_anciennes #dégustation_du_pain #conservatoires #circuit_lent #agriculture_biologique #rendements #valeur_énergétique #prise_de_conscience #circuits_courts #céréaliculture #gratuité #endettement #recherche_fondamentale #science #partage

  • Recueillir les larmes, en ignorer les causes : le traitement médiatique pourri du malheur agricole - FRUSTRATION
    https://www.frustrationmagazine.fr/recueillir-les-larmes-en-ignorer-les-causes-le-traitement-mediat

    Un système qui endette et accule

    C’est bien d’un système politique et économique dont est victime Christian Rougier. Ce système qui génère de l’endettement par l’investissement excessif et des faibles revenus par des prix trop bas fait des heureux : les grandes entreprises d’outils agricoles se frottent les mains, à fourguer des tracteurs à 100 000€ au premier venu. Les semanciers, fabricants de phytosanitaires (dont le géant Bayer-Monsanto) et les distributeurs d’aliments pour animaux, mais aussi les acheteurs et intermédiaires que sont les coopératives agricoles et la grande distribution. Toutes ces très grandes entreprises ont intérêt à ce que les agriculteurs soient pris à la gorge, sidérés par un endettement qui ne les rend certainement pas libre de leurs mouvements. Comment changer de modèle et rompre avec ces vautours quand on doit 500 000€ à la banque ?

    #traitement_médiatique
    #agriculture #exploitant·es #paysannerie #PAC

    • Car le drame de cet homme, c’est de devoir embaucher des locaux. D’où le titre de l’article, “Saison agricole : “Si on embauche des locaux, on ne va pas sortir nos récoltes””. Pourquoi cela ? “Des gens sont partis au bout de quelques jours et on en a remercié qui n’étaient pas efficaces. Il leur faut des pauses-café et cigarettes, ils ont mal aux vertèbres ou aux genoux et ils ne veulent pas arriver trop tôt.”

      Sans complexe, le producteur (un bien grand mot quand on fait travailler les autres) explique l’ardeur au travail des étrangers en comparaison des Français au fait que les premiers “ont faim et ils n’ont droit à rien”. Alors qu’en France “Il y a trop de social”.

      Ah ah !

      Je corrige : semencier.
      #agrobusiness #agribusiness #agribashing

  • Reclasser les agriculteurs
    http://www.laviedesidees.fr/Gilles-Laferte-Embourgeoisement-enquete-cerealiers.html

    À propos de : Gilles Laferté, L’Embourgeoisement : une enquête chez les céréaliers, Raisons d’agir. Accumulation patrimoniale, rôle politique local, pavillons ostentatoires, études supérieures des enfants, retraite en ville, ce sont là les traits caractéristiques d’une #bourgeoisie agricole hésitant à se constituer comme telle. G. Laferté nous invite à y voyager.

    #Société #agriculture #paysannerie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200506_gentlemenfarmers.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200506_gentlemenfarmers.pdf

  • Le gouvernement a créé une #cellule_militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie

    Le gouvernement veut « faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’#agriculture_industrielle », dénoncent de multiples défenseurs de l’#agriculture_paysanne et biologique, réunis dans cette tribune. Ils s’inquiètent fortement de la création de la #cellule_de_renseignement #Demeter, lancée fin octobre, soi-disant destinée à lutter contre l’« #agribashing ».

    Il y aura un avant et un après Demeter. Le 13 décembre, le ministre de l’Intérieur de la République française Christophe #Castaner s’est rendu dans le Finistère en compagnie de la présidente de la #FNSEA #Christiane_Lambert. Dans le cadre d’une #convention signée entre son ministère et ce #syndicat_agricole. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la #police républicaine est-elle aux ordres d’une structure privée ? — n’est pas la dernière, de loin.

    En effet, ce voyage avait pour but principal de lancer une cellule de la #gendarmerie_nationale appelée Demeter, la déesse grecque des moissons. Et marque reconnue, depuis des lustres, de l’agriculture sans pesticides. Quel en est le but affiché ? La lutte contre « l’agribashing ». Ce terme est une invention des communicants de la FNSEA, qui prétend sans en apporter la moindre preuve qu’on assisterait en #France à une entreprise concertée de dénigrement du monde agricole. Elle permet à ce syndicat de maintenir ce qu’elle fait depuis des dizaines d’années : une pression lobbyiste pour obtenir en retour des avantages économiques.

    Le ministre, confronté avec son gouvernement à une situation politique difficile, a donc décidé de jouer ce rôle dangereux, affirmant par exemple : « Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. »

    Empêtré dans cette imprudente déclaration, le ministre démontre dans le même texte qu’il est incapable de prouver par le moindre fait la réalité de ce phénomène. Les #chiffres qu’il cite pour 2019 parlent d’eux-mêmes : sur la base de 440.000 exploitations agricoles, les plaintes portent sur 314 tracteurs volés, 24 vols avec violence, 657 voitures dérobées.

    Encore faut-il préciser que les vols avec violences ont diminué en un an de 31,4 %. La plupart des centres urbains se damneraient pour de telles #statistiques. Il est visiblement plus simple de mobiliser la police que de régler la situation dramatique de la #paysannerie française.

    Il y a encore plus grave. Volontairement, n’en doutons pas, M. Castaner mélange dans un stupéfiant gloubi-boulga la #délinquance vile — cambriolages, vols de matériel, incendies, dégradations —, les #occupations_de_terres_agricoles par des #gens_du_voyage, les actions antifourrure ou antichasse. C’est mettre sur le même plan criminel le vol, le droit des populations nomades, celui de la critique sociale et politique.

    Il y a encore plus grave. M.Castaner entend s’attaquer dans le cadre de Demeter, ainsi qu’il l’écrit, aux « actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples #actions_symboliques de #dénigrement du milieu agricole ou d’#actions_dures ayant des répercussions matérielles ou physiques ». Cette fois, on aura compris : il s’agit de faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle, dont la FNSEA est le principal soutien.

    La #démocratie, ce n’est pas pactiser avec les #lobbies dans le dos de la société

    Qui mène « des actions symboliques » contre ce système ? Le mouvement des #Coquelicots, qui réclame la fin des #pesticides, soutenu par un million de citoyens. Les #maires qui prennent des arrêtés contre ces poisons chimiques. Des dizaines de milliers de paysans qui ont déjà choisi l’agriculture biologique. Beaucoup d’autres, qui défendent le modèle de l’agriculture paysanne contre les projets délirants d’usines à vaches, à cochons ou à poulets. Et au total des centaines de milliers de citoyens engagés contre l’importation massive de #soja_transgénique et donc l’#élevage_industriel, contre la mort des oiseaux et des insectes, pour des rivières débarrassées de la pollution et des rivages sans algues vertes, enfin pour une #alimentation de haute qualité.

    Il ne fait aucun doute, à nos yeux, qu’une ligne a été franchie. La démocratie, ce n’est pas pactiser avec les lobbies dans le dos de la société. Et quand le ministre parle « d’améliorer [la] coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements », chacun comprend ce que cela veut dire. Cela signifie l’#intimidation accrue de tous les adversaires décidés de la FNSEA, qui passe nécessairement par la #surveillance_électronique et informatique, d’éventuelles #écoutes_téléphoniques, voire des #filatures, des #infiltrations, ou pire encore, la #délation.

    Nous prévenons solennellement le gouvernement que nous refusons cette #criminalisation et que nous demandons le démantèlement de la cellule Demeter. Notre contestation de l’agriculture industrielle, non-violente, se fait et se fera au grand jour, dans la conviction d’exprimer la volonté majoritaire de la société française. Nous voulons beaucoup de paysans, beaucoup plus de paysans, heureux et fiers de leur métier, enfin payés au prix convenable pour leur participation au bien commun. C’est en effet un autre monde que celui de la FNSEA.

    https://m.reporterre.net/Le-gouvernement-cree-une-cellule-militaire-pour-surveiller-les-opposan
    #répression #surveillance #résistance #industrie_agro-alimentaire #agriculture_biologique

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    • Présentation de « DEMETER », la cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole

      Edito

      Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. Des individus s’introduisent dans leurs exploitations agricoles et les bloquent. Ils font des films aux commentaires orduriers, avant de jeter les exploitants en pâture sur les réseaux sociaux. Parfois même, les intrus dégradent, cassent et volent.

      En se multipliant, certains actes confinent à l’absurde. Je pense à ces militants animalistes responsables de la mort de plus de 1 400 animaux dans l’Eure pour leur avoir fait peur en s’introduisant dans un élevage de dindes.

      Ces phénomènes, nous devons les prendre très au sérieux : ils gâchent la vie des agriculteurs, inquiets chaque jour de savoir ce qui peut leur arriver. Ils nourrissent l’agribashing, la défiance et l’hostilité.

      Comme élu des Alpes-de-Haute-Provence, terre d’élevage, j’ai vu tous les sacrifices que doivent accepter nos agriculteurs, toute la passion qu’ils mettent dans leur métier et le soin qu’ils donnent à leurs animaux.

      La réalité, c’est que nos agriculteurs font un travail difficile, exigeant, essentiel. Ils ne connaissent pas de repos, font une partie de la renommée de la France et nous permettent de bénéficier de produits de qualité exceptionnelle. Ils se soumettent à des contrôles stricts et réguliers, s’investissent pour améliorer le bien-être animal. La loi est particulièrement vigilante, c’est elle seule qui doit s’appliquer, et l’État est là pour y veiller. Rien ne justifie une quelconque intimidation.

      Nous devons assurer la sécurité des agriculteurs et les défendre, impérativement.

      J’ai donc décidé d’une série d’actions pour mieux protéger nos agriculteurs et c’est l’objet, notamment, de la Cellule Demeter. Créée au sein de la Gendarmerie nationale, la cellule Demeter va permettre :

      d’améliorer notre coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements ;
      de mieux connaître les groupes extrémistes à l’origine des atteintes et de pouvoir anticiper et prévenir leurs actions ;
      de pouvoir gagner en efficacité par des actions et des enquêtes mieux coordonnées.

      Cette cellule est un signal fort envoyé aux agriculteurs : les forces de l’ordre se tiennent à leur côté et sont là pour les aider.
      La création de la cellule est également une étape dans un plan plus vaste encore pour la sécurité du monde agricole. Ainsi, par la signature d’une convention entre le ministère de l’Intérieur, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs :

      nous nous assurons que des échanges d’information réguliers se fassent entre agriculteurs et forces de l’ordre ;
      nous renforçons la prévention en garantissant des diagnostics de sécurité pour les exploitations ;
      nous nous engageons à donner priorité aux interventions pour les agriculteurs victimes d’actions violentes.

      Cette convention, tout comme la Cellule Demeter, ce sont des actes forts et concrets. Ils s’inscrivent pleinement dans la stratégie déployée par le Gouvernement en faveur du monde agricole et le ministère de l’Intérieur participe ainsi à la mise en place des Observatoires de l’agribashing créés à l’initiative du ministère de l’agriculture.

      Avec Laurent Nuñez, nous sommes déterminés à combattre de toutes nos forces les atteintes contre les agriculteurs et leurs exploitations. Nous sommes déterminés à ce que chacun puisse exercer sa profession librement. Nous sommes résolus à protéger notre agriculture.

      Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur
      Les objectifs de la cellule DEMETER :

      Créée début octobre 2019 par la direction générale de la gendarmerie nationale, la « Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole » (cellule DEMETER) est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l’ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole en menant collégialement les actions dans les 4 domaines :

      de la prévention et de l’accompagnement des professionnels du milieu agricole par des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la commission d’actes délictueux, en lien avec les organismes de représentation du monde agricole (SDSPSR) ;
      de la recherche et de l’analyse du renseignement en vue de réaliser une cartographie évolutive de la menace et détecter l’émergence de nouveaux phénomènes et/ou groupuscules (SDAO en coordination avec SDPJ) ;
      du traitement judiciaire des atteintes visant le monde agricole par une exploitation centralisée du renseignement judiciaire, un partage ciblé de l’information et une coordination des investigations le nécessitant (SDPJ) ;
      de la communication, en valorisant opportunément toutes les actions menées dans ces différents domaines par la gendarmerie au nom de la cellule DEMETER et par des actions ciblées destinées à rassurer le monde agricole par la prise en compte de ses problématiques par les forces de l’ordre (SIRPA).

      Le périmètre de compétence de la cellule DEMETER :

      La nécessité d’appréhender la globalité du phénomène des atteintes au milieu agricole implique que le périmètre de compétence de la Cellule DEMETER englobe la prévention et le suivi :

      des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité (ex : vol isolé de gasoil ou d’outillage,etc.) ou d’une criminalité organisée voire internationale (ex : filière de vol de GPS agricole, etc.) ;
      des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques.

      Peuvent ainsi être citées, de manière non exhaustive :

      les vols (d’engins, de matériels, de production, etc.) visant les exploitations agricoles de tous types (élevage, pisciculture, culture, viticulture) ;
      les dégradations (incendies, sabotage de matériel, etc.) commises à l’encontre des exploitations agricoles de tous types ;
      les cambriolages commis aux seins des exploitations agricoles (hangars, etc.) ou aux domiciles des agriculteurs ;
      les violations de domiciles ou intrusions visant des exploitations agricoles ou des professionnels de l’agro-alimentaire aux fins d’y mener des actions symboliques (libération d’animaux, tournage de vidéos clandestines,etc.) ;
      les occupations illégales de terrains agricoles aux fins d’installation temporaire par des groupes
      constitués de gens du voyage ou d’organisation d’événements festifs non autorisés (free-parties) ;
      les dégradations commises à l’encontre de certains professionnels liés aux milieu agricole ou agro-
      alimentaire (boucheries, abattoirs, activités de transport d’animaux d’élevage, etc.) ;
      les actions anti-fourrure liées à des élevages spécifiques ;
      les actions menées par certains groupes antispécistes vis-à-vis du monde de la chasse, intimement
      lié au monde agricole (impact de la régulation cynégétique sur la protection des cultures, identité
      rurale, etc.) peuvent être intégrées à la cellule DEMETER en fonction des circonstances.

      L’organisation de la cellule DEMETER :

      Destinée à garantir une approche transverse et globale, la Cellule DEMETER implique, au niveau central, la participation prioritaire et permanente :

      de la SDSPSR au titre des diverses actions de prévention et de suivi de la convention de partenariat entre la DGGN et la FNSEA/JA ;
      de la SDAO au titre du recueil et de l’exploitation du renseignement et de l’analyse de la menace ;
      de la SDPJ, du SCRC et de l’OCLDI, au titre de l’analyse des phénomènes de délinquance et du suivi et de la coordination des affaires judiciaires ;
      du SIRPA au titre de l’accompagnement médiatique du dispositif.

      À cet effet, la Cellule DEMETER est une structure :

      fonctionnelle, n’imposant pas de mise à disposition co-localisée des personnels des entités impliquées ;
      permanente afin d’assurer néanmoins un suivi constant de la problématique.

      Elle est un réseau de référents (titulaire/suppléant) spécifiquement chargés, au sein de leurs sous-directions ou services, de la centralisation et de l’analyse des informations.
      Signature d’une convention avec la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles et jeunes agriculteurs

      La signature d’une convention tripartite entre la FNSEA, les JA et le ministère de l’intérieur est destinée à :

      instaurer un échange réciproque et régulier avec la profession
      généraliser les dispositifs de prévention technique de la malveillance (diagnostics de sureté des exploitations)
      à prioriser l’intervention au profit des agriculteurs confrontés à des infractions violentes

      Les atteintes au milieu agricole (Données GN - Actualisation au 30 novembre 2019)

      Les tensions pesant sur le monde agricole ont conduit à la mise en place, le 3 octobre 2019, de la cellule « Demeter », au sein de la GN. Depuis le 1er janvier 2019, les atteintes à l’encontre du milieu agricole sont en hausse (+1,5%). Une étude plus approfondie fait apparaître des disparités géographiques importantes et révèle l’émergence de phénomènes ciblés (vols de matériels agricoles). Le regain d’attention des professionnels du secteur sur les risques auxquels ils sont exposés s’amplifie au regard de la hausse des audits et consultations de sûreté réalisés (+22,4 % soit 333 audits et consultations). Ces actions se poursuivent pour répondre aux inquiétudes des 440.000 exploitants de métropole.
      Un bilan en voie d’amélioration

      Le bilan 2019 des atteintes aux biens commises au préjudice du monde agricole affiche une hausse de +1,5 % (+216 faits) pour un total de 14 498 faits enregistrés (2 atteintes chaque
      heure). Deux tiers d’entre-elles (64,5%) sont constituées de vols simples (sur ou hors exploitations agricoles), en baisse de -2,2 %.

      Dans le détail, les vols avec violences (24 faits) comme les vols dans ou sur véhicules (1 310 faits) reculent respectivement de -31,4 % et -10,1 %. A contrario, on assiste à une recrudescence des destructions et dégradations (+23,3 % pour un total de 1 675 faits), des cambriolages et vols par ruse (+16,2 % pour un total de 1 484 faits) et des vols de véhicules (+10,2 % pour un total de 657 faits). Les crimes et délits dont sont victimes les agriculteurs se caractérisent par une forte logique saisonnière, connaissant leurs pics au printemps et en été. Après un début d’année marqué par la hausse continue de ces actes à l’encontre du monde agricole, une inversion de tendance s’observe à compter du mois d’août 2019, comparé aux mêmes mois 2018. L’étude géographique de l’évolution des AAB dans le milieu agricole témoigne de situations contrastées selon les territoires d’outre-mer ou de métropole. On enregistre en moyenne 133 faits de délinquance/an par département.

      La cartographie des départements les plus impactés par les atteintes dans les exploitations agricoles trouve une certaine cohérence avec celle des grandes zones de culture et d’élevage. Les régions à dominante céréalière sont notamment très concernées. Ce phénomène peut notamment s’expliquer par la présence de nombreux engins agricoles qui sont l’objet de trafics.
      Des vols de matériels agricoles à haute valeur ajoutée en augmentation

      Depuis le 1er janvier, 314 tracteurs et 307 accessoires agricoles ont fait l’objet d’une inscription pour vol dans le FOVES, en hausse par rapport à l’année 2018. Cela représente près d’1 tracteur volé chaque jour. Les préjudices qui résultent de ces vols peuvent s’avérer particulièrement élevés. Selon l’indice mensuel des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa), publié chaque fin de mois par l’Insee, le prix moyen des tracteurs agricoles a ainsi progressé de +20,8% en 10 ans (2008 à 2018), soit une moyenne de 2% par an.
      Une sensibilisation en hausse

      Depuis le 1er janvier 2019, 264 exploitations agricoles (+24,5%) et 69 (+15%) concessionnaires agricoles ont fait l’objet d’un audit ou d’une consultation de sûreté. L’implication des référents et consultants sûreté est à souligner mais l’effort doit se poursuivre au regard des 440 000 exploitations agricoles installées en métropole.

      https://www.interieur.gouv.fr/Le-ministre/Dossiers-de-presse/Presentation-de-DEMETER-la-cellule-nationale-de-suivi-des-atteintes-a

  • Prosper et Florencine
    2011
    Maéva Louis

    Prosper et Florencine, 86 ans, sont paysans dans un petit village des Pyrénées-Atlantiques. Ils n’ont jamais quitté leur campagne. Ce sont mes grands-parents maternels et j’ai réalisé ce film en immersion dans leur ferme, pour me rapprocher d’eux et fixer par l’image leur mode de vie d’un autre temps. Ce film a constitué mon mémoire de fin d’école de journalisme (Ijba), en 2011.

    https://www.youtube.com/watch?v=0yby9NYtAV8

  • Attribution des terres de la ZAD de NDDL - Notre Dame des Landes
    https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2297

    Appel à une nouvelle mobilisation le 26 octobre L’enjeu de ce rassemblement pour le mouvement, c’est que les terres préservées du bétonnage par la lutte n’aillent pas à l’agrandissement des exploitations existantes mais à de nouvelles installations porteuse d’une agriculture bio, locale, collective et respectueuse du bocage. Nous portons deux revendications simples : l’attribution des autorisations d’exploiter à l’ensemble des installations issues du mouvement qui en faisaient la demande aujourd’hui. (...)

    #ZAD #NDDL #paysannerie #SAFER #AGRICULTURE #BIO #RELOCALISATION #LUTTE #RENDEZVOUS #RENCONTRE #MANIFESTATION