• Food sovereignty for sale: supermarkets are undermining people’s control over food and farming in Asia
    http://www.grain.org/article/entries/5010-food-sovereignty-for-sale-supermarkets-are-undermining-people-s-control-

    The mall will almost certainly be occupied by retailers like the transnational giant Metro, which has already opened a wholesale market a few hundred metres away. It would be part of a major shift in the production, distribution and sale of food in India and across Asia that is having a major impact on the region’s small scale traders and processors, its fresh markets and street vendors.

    In the past decade or so, food corporations have been taking over a bigger and bigger slice of the pie, with major implications for the entire food chain. Corporate supermarkets are expanding faster in Asia than anywhere else on the planet. And as supermarkets and their procurement chains expand, they take revenue out of traditional food systems – and out of the hands of peasants, small scale food producers and traders. They also exert increasing influence over what people eat and how that food is produced.

    #alimentation #commerce #supermarché #paysannerie #agroalimentaire #inde

  • #Chine : paysans chinois et mondialisation, des tensions - Chine
    http://www.diploweb.com/La-paysannerie-chinoise-talon-d.html
    Pour #archives

    Géopolitique de la Chine. Voici une vaste réflexion sur la paysannerie chinoise. Les auteurs présentent successivement L’héritage et le redémarrage du monde rural chinois ; Le prix de la production : les dégâts du progrès ; Paysans chinois et mondialisation. Un propos structuré et documenté.

    La Chine est l’un des plus vieux pays agricoles du monde. 5 000 ans avant notre ère, elle pratiquait déjà, du moins dans la région du bas Yangzi, la riziculture inondée qui exige canaux, digues, élévateurs d’eau et, donc, une organisation communautaire, peu répandue ailleurs…

    #paysannerie #agriculture #alimentation

  • #Philippines : farmers call to stop ’Golden Rice’ trials - The Ecologist
    http://www.theecologist.org/News/news_analysis/2546891/philippines_farmers_call_to_stop_golden_rice_trials.html
    En toute logique, si les Philippines cèdent des terres aux investisseurs étrangers (et c’est le cas pour y produire du maïs, du soja, du manioc, de la canne à sucre) elles devraient pouvoir cultiver des légumes contenant de la vitamine A pour leur propre population

    A year after the uprooting of #Golden_Rice, more than a hundred farmers, scientists, consumers and basic sectors are calling for the immediate halt of the planned field tests and commercialization of Golden Rice (GR) in the Philippines.

    GR they say, will only pose more problems rather than solving the problem on hunger and malnutrition.

    The group also called for respect for farmers’ rights to land, seeds and technology and pushed for sustainable approaches to attaining food sufficiency and genuine rural development.

    Mr Bert Autor, spokesperson of SIKWAL-GMO (Bicol Initiative Against Golden Rice) and member of the Kilusang Magbubukid ng Bikol (KMB) said that they do not want Golden Rice as it will pave the way towards more GMOs and tie more farmers to indebtedness.

    We must protect our precious rice seed!

    “More small farmers are into greater debt because of high costs of production and dependency on modern seeds and other production inputs”, said Autor.

    "In a hectare, the average gross income of farmers in the Bicol River Basin is about P36,000. However, the cost of production reaches about P29,700 for the irrigation fee, fertilizer, pesticides and machineries, labor, seeds, land rent, etc.

    “Now they are introducing this Golden Rice to us. We believe that this is again a ploy to further control our seeds and extract profit from farmers. We do not want Golden Rice in Bicol!”

    In August 2013 more than 400 farmers and campaigners marched to the office of the Department of Agriculture’s Regional Office in Pili, Camarines Sur and uprooted the genetically modified Golden Rice.

    According to the farmers, the direct action is justifiable to prevent #contamination of their precious traditional and farmer-bred varieties, and protect the health of the people and the environment.

    #riz_doré #ogm #alimentation #paysannerie

  • Rapport : Oxfam liste les « mégas partenariats public-privé dans l’agriculture africaine »
    http://farmlandgrab.org/post/view/23897-rapport-oxfam-liste-les-megas-partenariats-public-prive-dans-l-a

    « Les politiques gouvernementales et l’aide internationale de près de 6 milliards de dollars aux grands partenariats public privé (PPP) risquent de fragiliser les #droits_fonciers des Africains, d’aggraver les inégalités et de nuire à l’environnement. Selon le dernier rapport d’Oxfam, « Un aléa moral ? Les mégas partenariats public-privé dans l’#agriculture africaine », les partenariats dits méga #PPP n’ont pas fait leurs preuves, présentent de nombreux risques et constituent une utilisation douteuse des fonds publics pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire », note le document qui indique par ailleurs que « près de la moitié de la population africaine dépend de l’agriculture pour sa subsistance.

    Les méga-partenariats public-privé dans l’agriculture africaine
    http://www.oxfam.org/fr/cultivons/rapports/un-alea-moral-0

    #agrobusiness #finance #terres #accaparement #paysannerie

  • AGTER - FRANCE. Quelques traits marquants de l’évolution des structures agraires au XXe siècle
    http://www.agter.org/bdf/fr/corpus_chemin/fiche-chemin-132.html
    Un dossier bien foutu sur l’évolution des structures paysannes et politiques agricoles en France. En fin d’article, plusieurs liens donnent accès à d’autres articles en rapport avec l’#agriculture et les #organisations_agricoles #paysannerie #foncier

    L’agriculture et la #ruralité ont connu en France des transformations radicales au cours du 20ème siècle. La première moitié du siècle, profondément marquée par les deux guerres mondiales, se caractérise par une croissance régulière mais limitée de la production agricole, sans changement important dans la #structure_agraire et les dynamiques rurales depuis la fin du 19ème. C’est cependant durant cette période que se préparent les innovations techniques et sociales qui favoriseront, après la Seconde guerre mondiale et durant toute la seconde moitié du siècle, des bouleversements majeurs de l’agriculture.

    En soixante ans, on assiste en effet à une métamorphose des structures agraires qui se traduit notamment par la division par cinq du nombre d’actifs agricoles et la multiplication par trois de la taille moyenne des exploitations. Cette fiche esquisse à grands traits les principales étapes qui ont conduit à ces transformations.

  • Au #Cambodge, le pouvoir laisse les conflits fonciers dégénérer
    http://www.lecourrier.ch/123289/au_cambodge_le_pouvoir_laisse_les_conflits_fonciers_degenerer
    via @cdb_77

    Om Sophy, la porte-parole de leur mouvement, motive ses camarades en chantant leurs revendications au micro. « Justice, justice, justice ! », crie-t-elle, alors que ceux qui la suivent reprennent en chœur ses formules. Cette femme dynamique de 35 ans, mère de quatre enfants, espère conduire les protestataires jusqu’à la Cour de justice de Kampong Chhnang pour faire valoir leurs droits. La société KDC a saisi de force 512 hectares de rizières, plantations et terrains constructibles à Lor Peang. Elle est dirigée par l’épouse du ministre cambodgien de l’Energie et des Mines.

    #foncier #terres #oligarchie #paysannerie

  • Le blues du paysan laisse place à la #colère
    http://www.lecourrier.ch/123050/le_blues_du_paysan_laisse_place_a_la_colere

    Depuis, il n’a plus peur de fronder, quitte à passer pour l’« emmerdeur » de service. Ses responsables sont tout trouvés : « L’industrie laitière dicte sa loi », accuse-t-il à propos des distributeurs et transformateurs – Migros, Coop, Emmi, Cremo, etc. – qui tirent les prix vers le bas. Mais aussi les associations professionnelles – Union suisse des paysans en tête –, ces « pions défendant davantage leur fauteuil à Berne que les paysans ». La parole est dure, à l’image du labeur quotidien.

    Alors autant dire que les velléités du Conseil fédéral de libéraliser le marché du lait au sein de l’Union européenne – l’ouverture de la « ligne blanche » –, c’est la goutte de lait qui fait déborder la boille. Une nouvelle chute des prix serait fatale à bon nombre de ses semblables. « Chaque décision prise à Berne nous enfonce un peu plus », constate le paysan, amer.

    #lait #agro-industrie #agroalimentaire #paysannerie
    signalé par @cdb_77

  • Comment les paysans du corridor forestier de Fianarantsoa (Madagascar) dessinent-ils leur territoire ? Des cartes individuelles pour confronter les points de vue

    http://cybergeo.revues.org/26387

    via @cdb_77

    Comment les paysans du corridor forestier de Fianarantsoa (Madagascar) dessinent-ils leur territoire ? Des cartes individuelles pour confronter les points de vue

    How peasants from the forest corridor of Fianarantsoa (Madagascar) do draw their territory? Individual maps to gather several points of view
    ¿Cómo los campesinos del corridor forestal de Fianarantsoa (Madagascar) dibujan su territorio? Mapas individuales para confrontar puntos de vista
    Dominique Hervé, Jean-Hyacinthe Ramaroson, Andry Randrianarison et Florence Le Ber

    #cartographie_participative

  • Campagne « Semences sans Frontières »
    http://kokopelli-semences.fr/ferme_ssf

    Vers l’autonomie semencière des populations

    La campagne “Semences sans Frontières” de l’association Kokopelli a pour mission de répondre à l’appel des communautés rurales des pays les plus pauvres, par l’envoi de semences biologiques de variétés potagères libres de droits et reproductibles.
    Pourquoi une telle initiative ?

    La plupart des paysans des pays les plus pauvres n’ont plus accès aux semences libres et fertiles. Leurs variétés paysannes traditionnelles ont été remplacées, au fil de ces dernières décennies, par des variétés modernes hybrides F1 et chimères génétiques (OGM) stériles de l’industrie agro‐chimique. Ces variétés génèrent un marché captif et obligent les paysans à racheter leurs semences tous les ans.

    #semences #paysannerie

  • De Notre-Dame-des-Landes à la vallée d’Humbligny : quelles possibilités d’instituer des lieux en biens communs ?
    http://scinfolex.com/2014/07/09/de-notre-dame-des-landes-a-la-vallee-dhumbligny-quelles-possiblites-dinst

    La semaine dernière est paru un article sur le site de Libération qui montre que les opposants au projet d’aéroport occupant le site de Notre-Dame-Des-Landes sont déjà en train d’imaginer la suite, en se référant au vocabulaire des biens communs. Source : S.I.Lex

  • Land Rush - WhyPoverty.net
    http://www.whypoverty.net/video/land-rush

    75% of Mali’s population are farmers, but rich nations like China and Saudi Arabia are leasing their land in order to establish large agribusinesses. Many Malian peasants do not welcome these efforts, seeing them as yet another manifestation of imperialism.

    The documentary follows American sugar developer Mima Nedelcovych’s Sosumar scheme – a $600 million partnership between the Government of Mali to lease 200-square kilometers of prime agricultural land for a plantation and factory.

    http://www.youtube.com/watch?v=O_pKnP-2mOQ


    #terres #pauvreté #agrobusiness #développement #paysannerie

    • Mali land grabs: ’You can take everything from a farmer but not his land’ – video
      http://www.theguardian.com/global-development/video/2014/jul/07/mali-land-grabs-farmer-video

      An estimated 90% of land in Africa has no registered owner, including areas farmed for generations by the same families in Mali. Multinational companies see opportunities to develop these areas, and governments in Mali and elsewhere hail such projects as bringers of progress. But for villagers who lose their ancestral lands – not just where they have farmed, but where many have buried their forebears – such advances are a catastrophe. In these scenes from Hugo Berkeley and Osvalde Levat’s documentary Land Rush, Malians battle to prevent the increasing acquisition of their land.

  • « Nous préparons une marche mondiale des paysans en 2020 » - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6060

    Reporterre - Presque deux ans après votre dernière marche qui réclamait une nouvelle réforme agraire, qu’avez-vous obtenu ?

    Rajagopal - Grâce à la loi qui a été votée et qui s’occupe des ressources foncières et forestières, 3,5 millions de personnes ont eu un nouvel accès aux terres. « L’accord des 10 points » que l’on a signé à l’issue de la marche en octobre 2012 prévoit aussi une loi qui reconnaisse la sanctuarisation de terres pour les plus démunis.

    Ce n’est qu’un lopin de terre, ce n’est pas une maison, mais c’est déjà ça. Si tu as ta propre terre, tu peux construire ta propre cabane dessus et personne ne viendra te déloger avec un bulldozer, ce qui arrive de plus en plus aux paysans qui ne sont pas propriétaires.

    Et dans cette loi, nous demandons aussi la propriété conjointe, que la terre ne soit plus seulement au nom de l’homme, mais aussi de la femme. C’est un changement important qui se produit, la plupart des titres de propriétés que l’on va octroyer maintenant vont être à double-titularité.

    La loi sur les ressources minières crée beaucoup de déplacements, la loi des zones économiques spéciales encourage l’artificialisation de vastes territoires agricoles ou encore la loi d’expropriation permet au gouvernement d’exproprier n’importe quelle terre de n’importe quel propriétaire, n’importe où.

    Avec ces trois lois, il n’y a plus de place pour les petits paysans, seulement pour les grands agriculteurs.

    Un certain nombre d’institutions internationales, comme l’Union Européenne, l’OMC, la Banque Mondiale ou le FMI, ne s’occupent pas des marginalisés et des plus démunis. Elles organisent la concurrence entre tous les pays, qui se battent pour attirer les grandes multinationales à l’intérieur de leurs frontières.

    Tout cela est orchestré par la Banque Mondiale, qui note les pays ; les compagnies vont investir là où la note est la plus haute, là où on leur offre un maximum d’avantages.

    C’est l’exemple de la Politique agricole commune (PAC), qui doit être différente pour ne pas porter préjudice aux pays tiers. Aujourd’hui, l’Union européenne promeut une agriculture industrielle et « contractuelle ».

    Et qu’est-ce que cela veut dire ? Que des terrains sont pris aux petits paysans, et que la terre est polluée par des engrais chimiques et des pesticides, comme les rivières où s’ajoute à la contamination chimique une consommation excessive d’eau.

    L’accaparement des terres, les fertilisant, les engrais, les emprunts bancaires, c’est toute la politique agricole que défendent ces institutions et qu’il faut changer. Car c’est un désastre total, pour les paysans bien sûr, mais pour l’humanité toute entière, avec l’augmentation des niveaux de pauvreté, des migrations, des bidonvilles, et de la violence. En Inde, il y a deux cents districts qui sont contrôlés par des groupes armés…

    #paysannerie #terres #agriculture #résistance #luttes_paysannes

  • paurtion : Revue Études rurales, n° 193

    Ce numéro interroge les causes et les conditions d’expression de la souffrance en milieu agricole.
    Mise en scène par les médias, la belle vie des agriculteurs cache mal une certaine désespérance. Le numéro présente l’étrange myopie des analyses sur la souffrance au travail, qui peinent à intégrer l’espace rural dans leur champ d’investigation. Pourquoi, donc, ce groupe professionnel qui semble payer un si lourd tribut en termes de suicides n’occupe-t-il pas une place plus large dans les réflexions en cours sur l’impact psychologique du travail ? Comment expliquer le passage à l’acte au-delà du seul facteur économique ? Ce varia revient sur la genèse des comportements suicidaires en privilégiant des approches psychologiques et sociologiques qui ouvrent de nouvelles perspectives à la compréhension de ce phénomène. Il envisage également la reconnaissance du statut des femmes dans la profession agricole.
    Un article propose une pérégrination sur les sessions savantes itinérantes dans les municipalités rurales de Flandre maritime, dont on découvre la signification proprement politique. Un autre article s’intéresse aux conditions climatiques et agraires qui ont favorisé le développement de l’Empire songhaï du Bilad al-Sudan occidental. Un dernier article, enfin, étudie les conditions de la recomposition permanente des royautés sacrées des hauts plateaux du Cameroun de l’Ouest.

    http://editions.ehess.fr/revues/numero/souffrances-paysannes

    #souffrance_paysanne #paysannerie #paysan #agriculture
    cc @odilon

  • Le Jardin de Babylone - Bernard Charbonneau (Encyclopédie des nuisances, 2002)
    http://biosphere.ouvaton.org/de-1182-a-1999/1780-1969-le-jardin-de-babylone-de-bernard-charbonneau-encycloped
    Texte écrit en 1969, extrêmement visionnaire et complet

    « La #nature est à la fois la mère qui nous a engendrés, et la fille que nous avons conçue. A l’origine, il n’y avait pas encore de nature. L’homme ne s’était pas encore distingué d’elle pour la considérer. Individus et société étaient englobés dans le #cosmos. C’est en Judée que naquit la nature, avec la Création : Jahvé a profané le cosmos et l’homme peut y porter la main. Même provisoirement écrasée, la révolte de la liberté humaine était à tout jamais déchaînée. Alors grandirent parallèlement la maîtrise et le #sentiment_de_la_nature. La science pénétra le mécanisme du cosmos, et ainsi la #technique permit de la transformer. Le sentiment de la nature apparaît là où le lien avec le cosmos est rompu, quand la terre se couvre de maisons et le ciel de fumées ; là où est l’#industrie, ou bien l’#Etat. La #campagne s’urbanise, et l’Europe devient une seule banlieue. Mais quand la nature vient à disparaître, c’est l’homme qui retourne au chaos.

    1/5) Reconstruction de la nature, fin de la nature
    L’intervention puissante et aveugle de l’homme risque de rompre l’équilibre fragile dont l’homme est issu. Le souci de la #productivité s’attache trop au présent, pas assez à l’avenir ; alors vient un jour où le #rendement baisse. Si la production continue d’augmenter indéfiniment, alors se posera un autre problème, celui de l’élimination des déchets. Trop souvent, au constat de l’épuisement du milieu naturel, les fidèles du progrès opposent un acte de foi : « On trouvera bien un moyen. » Or il y a de fortes chances que nous soyons obligés de reconstituer à grand frais les biens qui nous étaient fournis par la nature ; et ceci au prix de discipline autant que d’efforts. L’homme naît de la nature comme au sein d’une mère. Là où elle disparaît, la société moderne est obligée de fabriquer une surnature, l’homme devra réempoissonner l’océan comme il empoissonne un étang. Mais alors l’homme doit imposer à l’homme toute la rigueur de l’ordre que le Créateur s’est imposé à lui-même. En substituant dans cette recréation l’inhumanité d’une police totalitaire à celle d’une nature totale.

    Si l’homme dépasse la nature, il en est aussi le fruit. Aussi voit-on se développer dans les sociétés industrielles et urbaines un « sentiment » de nature qui reflète la gravité de la rupture avec le cosmos. Ainsi au siècle de l’artifice, nous avons la passion de cette nature que nous détruisons. Le sentiment de la nature est à la fois profond et extérieur à la vie des individus ; il se nourrit d’apparences, son domaine est celui de la peinture et du spectacle. Sauf exception, nous aimons la nature, mais nous craignons d’y vivre.

    2/5) La fin des paysans
    « Là où il existe, le #paysan est l’homme du pays, il est englobé dans la pulsation du cosmos. L’Eden terrestre n’est pas un don de Dieu, mais le fruit de la peine, moissonneurs des plaines courbés sur l’horizon. Au siècle de la division du travail le paysan est l’homme des cultures et des travaux multiples. Jusqu’en 1914, il fallait prendre la carriole à la gare pour gagner le village, et parfois du village c’est à pied qu’il fallait gagner l’encart. Jusqu’en 1945 l’industrie agricole n’existait vraiment qu’aux USA et dans quelques pays neufs. Maintenant des machines toujours plus puissantes ébranlent son univers. La campagne doit se dépeupler pour accueillir le peuple des tracteurs. Il n’y a plus de nature ni d’homme qui puisse tenir devant l’impitoyable tracé des raisons de l’Etat ou de la Production. Des lois déracinent les peuples comme le bulldozer les haies.

    L’instruction primaire obligatoire fut une sorte de #colonisation bourgeoise de la campagne. En même temps qu’il apprenait à lire et à écrire, le jeune paysan devait désapprendre : sa langue et son folklore. Les instituteurs de la IIIe République participèrent d’autant plus à cette entreprise de colonisation qu’ils étaient fils de paysans, pour lesquels devenir bourgeois était une promotion sociale. On peut imaginer une évolution différente où l’école eût continué l’Eglise dans le village, s’insérant dans la nature et la tradition en leur ajoutant, avec l’instruction, la dimension de la conscience. Mais les manuels scolaires, qui se lamentaient de la « dépopulation » des campagnes, se mirent à déplorer leur surpopulation.

    Le plan Monnet a déraciné les paysans que 1789 avait enracinés en leur donnant la terre. Comment des ingénieurs auraient-ils pu concevoir la campagne autrement que comme une industrie ? Dans cette optique, la campagne française était évidemment « sous-développée ». Le plan prévoyait le passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture de marché qui intégrait le paysan dans le cycle de l’argent et de la machine. Le paysan vivait sur la propriété de polyculture familiale, maintenant il se spécialise. La monoculture le fait dépendre du marché. Désormais il lui faut acheter pour vendre, et vendre pour acheter, le superflu dont il commence à prendre l’habitude, et le nécessaire : les machines, les engrais, et même la nourriture. Les critères du plan furent exclusivement techniques : rendements à l’hectare, consommation d’énergie, possession d’une auto ou d’un téléphone. Certains facteurs ne furent pas pris en compte : la conservation des sols, la saveur des produits, l’espace, la pureté de l’air ou de l’eau. A plus forte raison certains facteurs humains comme le fait d’être son propre maître. La vie à la campagne comportait un relatif isolement, la participation à un groupe retreint mais aux liens solides ; et voici que l’organisation administrative et syndicale, la diffusion de l’instruction et de la presse, de la TV, absorbent les paysans dans la société globale.

    La seconde révolution industrielle, celle des hydrocarbures et de la chimie, va s’imposer aux campagnes européennes. La machine va trop vite pour la pensée : son usage précède toujours la conscience de ses effets. La tronçonneuse ne laisse plus le temps de la réflexion comme la hache. Si on peut abattre un chêne en quelques secondes, il faut toujours un siècle pour le faire. Le tracteur n’est plus le monopole du très grand propriétaire, les produits chimiques diminuent le travail du paysan, mais comme il faut les payer, il faut d’autant plus travailler. La petite exploitation n’était pas rentable. Le progrès technique signifie la concentration, la mécanisation engendre la grande exploitation. Le ruisseau n’est plus que l’effluent d’un terrain saturé de chimie et il suffit de quelques pompes-canons pour le tarir. Qu’est devenue la vie secrète des vallons ? Il n’y a plus que l’eau morte des retenues collinaires. Le travail devient vraiment du travail, c’est-à-dire du travail d’usine. Avant peu, les paysans réclameront à leur tour le droit de passer leurs vacances à la campagne.

    L’électrification et l’adduction d’eau multiplient les tâches en intégrant le paysan dans le système urbain. L’#aménagement_du_territoire, ou plutôt le déménagement, étendit ses méthodes à la campagne. La grande presse, et surtout la TV, achèvent d’entraîner la campagne dans le circuit des villes. Avant la dernière guerre, la ville gagnait dans la campagne, maintenant elle la submerge. C’est ainsi qu’à la France des paysages succède celle des terrains vagues. Et bientôt la France rurale ne sera plus que la banlieue de Paris. La campagne n’est plus qu’un élément d’une seule économie dont la ville est le quartier général. Le reste n’est plus que terrain industriel, aérodromes, autostrades, terrain de jeu pour les citadins. Partout pénètrent les autos, et avec elles les masses, les murs : la ville.

    3/5) Le cancer de l’urbanisation
    Les villes anciennes étaient beaucoup moins nombreuses et beaucoup plus petites que les nôtres. Elles étaient perdues dans la nature. En hiver, la nuit, les loups venaient flairer leurs portes, et à l’aube le chant des coqs résonnait dans leurs cours. Puis un jour, avec le progrès de l’industrie, elles explosèrent, devenant un chaos. Le signe le plus voyant de la montée du chaos urbain c’est la montée des ordures. Partout où la population s’accumule, inexorablement l’air s’épaissit d’arômes, l’eau se charge de débris. La rançon du robinet, c’est l’égout. Sans cesse nous nous lavons, ce n’est plus une cuvette qui mousse, mais la Seine.

    Les villes sont une nébuleuse en expansion dont le rythme dépasse l’homme, une sorte de débâcle géologique, un raz de marée social, que la pensée ou l’action humaine n’arrive plus à dominer. Depuis 1960, il n’est plus question de limiter la croissance de Paris, mais de se préparer au Paris de vingt millions d’habitants dont les Champs-Élysées iront jusqu’au Havre. Les tentacules des nouveaux faubourgs évoquent irrésistiblement la prolifération d’un tissu cancéreux. La ville augmente parce qu’elle augmente, plus que jamais elle se définit comme une agglomération. La ville augmente parce que les hommes sont des êtres sociaux, heureux d’être nombreux et d’être ensemble. Il est bien évident qu’elle n’est pas le fruit d’un projet.

    Les hommes se sont rassemblés dans les villes pour se soustraire aux forces de la nature. Ils n’y ont que trop bien réussi ; le citadin moderne tend à être complètement pris dans un milieu artificiel. Non seulement dans la foule, mais parce que tout ce qu’il atteint est fabriqué par l’homme, pour l’utilité humaine. Au milieu des maisons, les hommes ont amené de la terre, construit un décor. Les usagers des jardins publics sont trop nombreux : regardez, mais ne touchez pas. Les coûts de Mégalopolis grandissent encore plus vite que sa taille. Il faut faire venir plus d’énergie, plus d’eau. Il faut assurer le transport des vivants, se débarrasser des cadavres et autres résidus. Il boit une eau qui n’est plus que celle, « recyclée » de ses égouts, la ville en est réduite à boire sa propre urine. Je propose en plus d’estimer en francs le mètre carré ou le mètre cube d’air pur, comme le kilowatt. Le XIXe siècle avait ses bagnes industriels, le nôtre a l’enfer quotidien du transport. Mégalopolis ne peut être sauvée que par le sacrifice, chaque jour plus poussé, de ses libertés.

    Après le style primitif, après l’ordre monarchique, le désordre de la période individualiste, la ruche monolithique d’une collectivité totalitaire. Si nous n’y prenons garde, en supposant un meilleur des mondes sans crise ni guerre, nous finirons dans une caverne climatisée, isolée dans ses propres résidus ; où nous aurons le nécessaire : la TV en couleur et en relief, et où il nous manquera seulement le superflu : l’air pur, l’eau claire et le silence. La ville pourrait bien devenir le lieu de l’inhumanité par excellence, une inhumanité sociale. Peut-être que si la science réussit à rendre l’individu aussi indifférencié qu’une goutte d’eau, la ville pourra grandir jusqu’à submerger la terre. Peut-être que le seul moyen de mettre un terme à la croissance inhumaine de certaines agglomérations est de laisser la pénurie atteindre un seuil qui, en manifestant avec éclat l’inconvénient d’y vivre, découragera les hommes d’y affluer.

    Le citadin s’est libéré en s’isolant du cosmos ; mais c’est ainsi qu’il a perdu sa liberté. Aujourd’hui, pour être libre, prendre des vacances, c’est sortir de la ville.

    4/5) Le tourisme, produit de l’industrie
    Pour les primitifs et les paysans, rien n’est plus étranger que l’idée de voyager. Ceux qui ont traversé les pays ignorés du tourisme savent à quel point leurs habitants sont surpris de voir un homme qui se déplace pour son plaisir. A l’origine, l’homme ne change de lieu que contraint par une nécessité supérieure : pour fuir un ennemi, s’enrichir, ou obéir à l’ordre d’un dieu. Pour le Moyen Age, le voyageur, c’est le pèlerin ou le trafiquant. Le voyage généralisé apparaît lorsque les conditions économiques et sociales permettent à l’individu de rompre avec son milieu. Il naît avec la richesse, la sécurité des routes, la curiosité et l’ennui. Le premier touriste, ce fut peut-être l’empereur Hadrien. Au contraire, le goût des voyages décroît avec la misère et l’insécurité. Le temps des invasions n’est jamais celui du tourisme ; alors l’individu se cramponne au sol pour subsister. Comme autrefois, il n’est pas assez d’une existence pour connaître vraiment son canton, parce qu’il lui faut avancer pas à pas. Et le quitter pour un autre, c’est le perdre.

    Le #tourisme commence au XVIIIe siècle, et d’Angleterre il gagne l’Europe. Le voyage n’est plus le fait d’une aristocratie, il devient celui d’une classe sociale tout entière : la bourgeoisie, et finalement les masses populaires. Pour un homme des villes, vivre physiquement et spirituellement, c’est retourner à la nature. Accablés de vêtements et d’artifices, nous nous étendons nus sur le sable. Ce sont les hommes de l’auto et de l’avion qui escaladent à pied les montagnes. La sympathie pour les sociétés indigènes aboutira tout au plus à un folklore pour touristes plaqué sur un abîme d’uniformité. On enfermera les derniers hommes sauvages, comme les derniers grands mammifères, dans des réserves soigneusement protégées, où ils joueront le rôle du primitif devant un public de civilisés. Le parc national n’est pas la nature, mais un parc, un produit de l’organisation sociale : le jardin public de la ville totale. C’est la terre entière qui devrait devenir un parc national ; tandis que la masse humaine irait vivre sous cloche dans quelque autre planète.

    La nature reste l’indispensable superflu de la société industrielle. La nature est photogénique ; notre civilisation de l’image est portée à l’exploiter pour compenser la rationalité de son infrastructure mathématique. Les mass media diffusent quotidiennement les mythes de la Mer, de la Montagne ou de la Neige. Le touriste n’est qu’un voyeur pour lequel le voyage se réduit au monument ou au site classé. Partout l’artifice cherche à nous restituer la nature. Isolé de la nature dans son auto, le touriste considère d’un œil de plus en plus blasé le plat documentaire qui se déroule derrière le miroir. Admirer les glaciers à travers les vitres d’un palace n’empêche pas de se plaindre de la faiblesse du chauffage. Un touriste ne vit pas, il voyage ; à peine a-t-il mis pied à terre que le klaxon du car le rappelle à l’ordre ; le tourisme et la vraie vie ne se mélangent pas plus que l’huile et l’eau. Avec la société capitaliste, le tourisme est devenu une industrie lourde. L’agence de tourisme fabrique à la chaîne quelques produits standard, dont la valeur est cotée en bourse. Il n’y aura plus de nature dans la France de cent millions d’habitants, mais des autoroutes qui mèneront de l’usine à l’usine – chimique ou touristique.

    L’auto, qui nous permet de nous déplacer aisément, par ailleurs nous enferme. Certains massifs de Pyrénées dépourvus de routes sont moins fréquentés qu’à l’époque de Russel et de Chausenque. Mais demain, le bulldozer permettra aux modernes centaures d’envahir partout la montagne, sans risque d’abîmer leurs délicats sabots de caoutchouc. Il faut du nouveau à l’individu moderne, n’en fût-il plus au monde. Le touriste change de lieu chaque fois plus vite – jusqu’au moment où le voyageur n’est plus qu’un passager affalé qui ronfle dans le fauteuil d’un avion lancé à mille à l’heure. Ce qui rend les voyages si faciles les rend inutiles. L’avion fait de Papeete un autre Nice, c’est-à-dire un autre Neuilly. Les temps sont proches où l’avion pour Honolulu n’aura pas plus de signification que le métro de midi. Tourisme ? Exactement un circuit fermé qui ramène le touriste exactement à son point de départ. A quoi bon l’auto qui permet de sortir de la ville, si elle nous mène au bord d’un autre égout ? Sur deux cents kilomètres de plage landaise, il n’est pas un feston de la frange des vagues qui ne soient ourlé par les perles noires du mazout. Et le soir, à la villa, le bain d’essence devient le rite complémentaire du bain de mer. On pouvait voir les bancs de perche évoluer dans les algues par trois mètres de fond dans l’étang de Biscarosse ; selon un rapport du Muséum il est aujourd’hui classé dans la quatrième catégorie, le maximum de pollution. La paix de l’hiver est rompue par les skieurs, le blanc des neiges, piétiné et balafré, n’est plus qu’un terrain vague maculé de débris et de traces. La montagne est mise à la portée des masses payantes. Mais est-elle encore la montagne ? Il n’y a plus de montagne ; il ne reste qu’un terrain de jeu. Le domaine du loisir étant celui de la liberté, pourquoi dépenser des milliards à couvrir les montagnes de téléphériques pour hisser le bétail humain sur les crêtes ? Aujourd’hui sites et monuments sont plus menacés par l’admiration des masses que par les ravages du temps. On voit venir le moment où les lieux les plus célèbres se reconnaîtront au fait que la visite en est interdite.

    Rien n’empêche la société industrielle d’enfermer la momie de Thoreau dans la vitrine de la littérature bucolique. Si nous voulons retrouver la nature, nous devons d’abord apprendre que nous l’avons perdue.

    5/5) Conclusion : échec et résurrection du sentiment de la nature
    Il n’est pas de lieu plus artificiel que ceux où la nature est vendue. Si un jour elle est détruite, ce sera d’abord par les industries de la mer et de la montagne. Si un « aménagement du territoire » désintéressé et intelligent s’efforce d’empêcher le désastre, il ne pourra le faire qu’au prix d’une organisation raffinée et implacable. Or l’organisation est l’exacte antithèse de la nature. Le « sentiment de la nature » s’est laissé refouler dans le domaine du loisir, du superflu et du frivole. La révolte naturiste n’a engendré qu’une littérature et non une révolution. Le scoutisme n’a pas dépassé l’enfance.

    Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade, et où ensuite pour sauver la nature ils l’organisent. Ils écrivent un livre ou font des conférences pour convier l’univers à partager leur solitude : rien de tel qu’un navigateur solitaire pour rassembler les masses. L’amoureux du désert fonde une société pour la mise en valeur du Sahara. Cousteau, pour faire connaître le « monde du silence », tourna un film qui fit beaucoup de bruit. Le campeur passionné par les plages désertes fonde un village de toile. Ainsi, réaction contre l’organisation, le sentiment de la nature aboutit à l’organisation.

    En réalité il n’y a probablement pas de solution au sein de la société industrielle telle qu’elle nous est donnée. L’organisation moderne nous assure le superflu en nous privant du nécessaire. En dehors de l’équilibre naturel dont nous sommes issus, nous n’avons qu’un autre avenir, un univers résolument artificiel, purement social. L’homme vivra de la substance de l’homme, dans une sorte d’univers souterrain. Si l’espèce humaine s’enfonçait ainsi dans les ténèbres, elle n’aurait fait qu’aboutir à la même impasse obscure que les insectes. A moins qu’on ne s’adapte pour grouiller comme des rats dans quelque grand collecteur. Que faire ?

    La nature n’est pas une mère au sens sentimental du terme, elle est la Mère : l’origine de l’homme. L’homme doit péniblement se maintenir entre ces deux abîmes : la totalité cosmique et la totalité sociale ; et c’est ce terme même de nature qui lui indique où est son étroit chemin. Il faudra dominer l’industrie comme on a dominé la nature. Il nous faut réviser nos notions de nécessaire et de superflu. Il faut affronter le standard de vie, les investissements, les fusées et la bombe atomique pour choisir l’air pur. Ce n’est que si l’homme est capable de se dominer qu’il pourra continuer de dominer la terre. La solution suppose un renversement des valeurs. Il faut que la fin : la nature pour les hommes, commande les moyens : la science, l’industrie, l’Etat. Pour nous et surtout pour nos descendants, il n’y a pas d’autres voies qu’une véritable défense de la nature. Désormais toute entreprise devrait être envisagée en tenant compte de la totalité de l’équilibre qu’elle perturbe. Les hommes qui se voueraient à une telle révolution pourraient constituer une institution, indépendante des partis ou des Etats, consacrée à la défense de la nature. Elle se considérerait comme une sorte d’ordre, imposant à ses membres un certain style de vie, qui les aiderait à prendre leurs distances vis-à-vis de la société actuelle. Ils pratiqueraient une sorte d’objection de conscience. La merveille de Babylone est ce jardin terrestre qu’il nous faut maintenant défendre contre les puissances de mort.

    #ruralité #paysannerie #urbain_diffus #banlieue_totale #administration_du_désastre #wilderness #écoumène #critique_techno #système_technicien #déracinement #effet_rebond #hors_sol #soleil_vert #contre-productivité

    • A relire ici Charbonneau, il me semble y trouver bien plus de raisons qu’il ne m’a été nécessaire d’en réunir pour chercher à cesser de penser nos existences en fétichisant comme lui la Nature - mère ou non, peu importe - et en se mettant en travers de la pensée un dualisme aussi sclérosant que nature vs culture.

      Si je fais volontiers mien ses constats historiques quant à la dévastation à laquelle il assiste, je ne suis pas du tout en accord avec la manière dont il prétend trancher -

      l’origine de l’homme. L’homme doit péniblement se maintenir entre ces deux abîmes : la totalité cosmique et la totalité sociale ; et c’est ce terme même de nature qui lui indique où est son étroit chemin.

      , etc ;
      ou des perspectives aussi clairement exprimées que celles-ci (c’est moi qui graisse ) :

      Ce n’est que si l’homme est capable de se dominer qu’il pourra continuer de dominer la terre. La solution suppose un renversement des valeurs. Il faut que la fin : la nature pour les hommes ,

      [...]

      Les hommes qui se voueraient à une telle révolution pourraient constituer une institution , indépendante des partis ou des Etats, consacrée à la défense de la nature. Elle se considérerait comme une sorte d’ordre ,

      Voilà qui me semblent quant à moi tout aussi sinistres (il y a dans un tel propos naturaliste quelque chose qui sonne banalement chrétien -

      dominer la terre, la nature pour l’homme

      - voir fasciste à mes oreilles : le naturalisme s’y donne assez vite à voir se prenant les pieds dans son propre tapis culturel) - et participer de - cela même que l’auteur croit critiquer et combattre.

      Lisant cela, l’innocence naturalisme des hétérosexistes anti-industriels (ou l’hétérosexisme innocent des naturalistes anti-industriels) dont Aude cite un morceau de choix me surprends finalement assez peu ; il procède assez clairement de vieilles carences critiques qu’il partage avec ceux dont il se réclame.

      (autres morceaux de bravoure hétérosexiste issu du même site - là encore, je graisse :

      Sur ce blog, nous n’avons aucune préférence religieuse et une seule éthique, la volonté d’être à l’écoute d’une nature … qui nous a fait homme ou femme . La volonté des gays et lesbiennes de se marier et d’avoir un enfant est une forme de discrimination envers l’autre sexe [tiens donc : mais lequel ?] : un couple hétéro est naturellement dédié à une relation sexuelle et seul capable d’assurer la reproduction nécessaire à l’espèce. L’homosexualité, c’est donc la volonté de transcender les limites naturelles et sociales en s’accaparant du mariage [sic] , une institution jusque là réservé à l’union d’un homme et d’une femme

      http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/11/23/mariage-des-homosexuels-lois-de-la-nature-et-socialisme
      et en commentaire, cet accès de délirium :

      la revendication d’une ultra-minorité d’activistes qui parlent le langage de l’égalitarisme idéologique, synonyme de dé-différenciation.

      - où l’on retrouve notre vieil ami Escudero dans le texte...

      .
      C’est ballot pour eux, mais je préfère de loin consacrer du temps... aux écrits des féministes matérialistes, par exemple, qu’à grenouiller en compagnie de pareil tissu d’imbécilité béate).

    • Oui il y a certains trucs qui ont mal vieilli dans le texte de Charbonneau, notamment dans les pistes qu’il propose. Aussi un autre terme que « dominer » aurait sûrement été choisi s’il avait écrit son texte aujourd’hui.
      Pour ma part sur ces questions je reste sur la grille #écoumène vs #wilderness, qui a l’avantage de trancher la fausse dichotomie nature/culture et de rappeler que l’humain et ses milieux se co-créent (partout, localement et sans avoir recours à des institutions) et que le souci est là où cette co-creation n’a plus lieu.

    • @koldobika

      Je me suis attelé depuis plusieurs mois à la découverte (passionnante) des travaux de A. Berque.
      malgré quelques limites évidentes (un ton facilement universaliste abstrait), je dois dire que j’en trouve la lecture des plus stimulantes. Son érudition est parfois à double tranchant : autant je me régale à le suivre dans ses références, ses rapprochements et ses comparaisons... et parfois, il me semble qu’il se complaît dans ce qui ressemble tout de même à du jargon. Et, par exemple, ses références à Heidegger ne sont pas de mon goût.

      Heureusement, il y a bien d’autres choses chez lui, et il a le bon goût d’en laisser plus qu’assez en libre accès.

      je disputerai volontiers un de ces jours de ce qu’il me semble apporter au débat (entre autres, il m’a fait penser à Gunther Anders comme à l’historien d’art Gombricht) mais je pense que l’originalité de son approche exige, de ma part au moins, un temps de digestion conséquent avant de prétendre commencer d’en faire quelque chose.

      Quoi qu’il en soit, merci encore de me l’avoir fait connaître !

    • Ce n’est pas de la Nature avec un grand N qu’il s’agit, cette dame est très recommandable et bien des professeurs lui font la cour. Cette « Nature » n’existe pas, nous avons vu les Landes, les Pyrénées, suivi les chemins de montagne où des générations de paysans sont allés apporter des provisions à des générations de bergers. La « Nature » nous laisse froids, mais nous connaissons ces grands caps de bois qui s’avancent dans les landes vides, les derniers tisons qui luisent pendant que dans le ciel étoilé de l’été monte de plus en plus strident le chant des grillons. Avez-vous brisé contre une roche un de ces cailloux creux remplis de cristaux violets ? Alors vous avez connu le sentiment de la nature

      Le sentiment de la nature, force révolutionnaire, 1937, Bernard Charbonneau
      ça reste assez peu défini dans les pages suivantes, il y parle de Rousseau, de la déclinaison en littérature du sentiment de la nature, ce que j’y perçois surtout c’est une aspiration à sortir de la rationalité totale et de l’industrialisation de tout, mais les catégories dont il cause ne sont pas très claires.
      J’y trouve une résonance avec Retrouver l’Océan, d’Henri Raynal http://www.peripheries.net/article3.html et avec La mystique sauvage, de Michel Hulin http://www.peripheries.net/article53.html

  • Conflicts over land in Asia
    http://farmlandgrab.org/post/view/23681

    CSR Asia has published a new report on Conflicts Over Land: A Role of Responsible and Inclusive Business. The report examines the rise of “land grabs” in Asia and how this impacts on poor and vulnerable people in the region. Recent years have seen significant increases in land deals across Asia and there is increasing pressure on land for investments in extractive resources, aquaculture, biofuels, infrastructure, real estate development and, in particular, demand for agricultural land to grow food for export. The rising demand has further fuelled land investments, speculation and illegal and unethical transfer of lands, small and large.

    #terres #Asie #agrobusiness #paysannerie

  • The Next Breadbasket - National Geographic
    http://www.nationalgeographic.com/foodfeatures/land-grab
    Magnifique reportage sur la #paysannerie mais je n’ai pas encore pris le temps de lire

    She never saw the big tractor coming. First it plowed up her banana trees. Then her corn. Then her beans, sweet potatoes, cassava. Within a few, dusty minutes the one-acre plot near Xai-Xai, Mozambique, which had fed Flora Chirime and her five children for years, was consumed by a Chinese corporation building a 50,000-acre farm, a green-and-brown checkerboard of fields covering a broad stretch of the Limpopo River Delta.

    Quand la réalité dépasse la fiction


    #agriculture #terres #agrobusiness #alimentation

    • J’ai beaucoup aimé ce livre, même si je préfère encore son premier livre Ishmael (Dispo ici http://frishmael.wordpress.com)

      Particulièrement son étude du cirque traditionnel comme organisation tribale moderne. D’après mes souvenirs, le cirque n’a pas de hiérarchie (même s’il y a un directeur qui doit faire le sale boulot, il n’est pas plus important que les autres), les membres travaillent pour la perpétuation de la « tribu », et les membres lèguent à leur descendance non pas de l’argent mais un moyen de vivre (la maîtrise de leur art du cirque et une place dans le cirque). Et en plus le cirque est nomade mais c’est juste un clin d’œil.

      L’auteur évoque aussi son expérience dans une maison d’édition d’organisation tribale qu’il avait fondé.

      Je vois bien les GAEC ou autres structures agricoles comme des entreprises de type tribal avec une intégration forte des différentes composantes agricole en #permaculture qui font que les coûts et bénéfices ne seraient pas reliés à telle ou telle activité mais globalement à l’association. Et un tel groupement fournirait une base d’existence aux enfants de la structure.

      Je me demande à quel point les structures de la #paysannerie traditionnelle étaient tribales ? Il y avait une forte entraide mais la politique de « tout à l’aîné » ne va pas du tout dans ce sens

      cc @koldobika

    • Alors la politique de « tout à l’aîné », du moins tel que ça se pratiquait ici au Pays Basque, c’était justement pas « tout ». Ce que l’aîné·e (femme ou homme) récupérait c’était d’abord la responsabilité de la maison et des terres, pas la propriété. Le pouvoir de décision revenait en même temps aux maîtres jeunes (l’ainé·e et sa/son coinjoint·e) et aux maîtres vieux (les parents de l’aîné·e), mais la maison appartenait à la famille, élargie et transgénérationnelle. Ou plutôt c’est la famille qui appartenait à la maison.
      Les cadets avaient des choix plus restreints : épouser un·e aîné·e d’une autre ferme (mais statistiquement moins d’aînés que de cadets), le célibat dans la ferme familiale, le clergé, l’armée (cf. les « cadets de Gascogne », où on trouvait les mêmes structures familiales), l’émigration. C’était effectivement autoritaire et inégalitaire comme dit Todd, mais pas en terme de ressources matérielles.
      Après, pendant les périodes fastes, bon nombre de cadets ont aussi construits leurs propres maisons. Il faudrait que je reprenne un bouquin que j’ai sur ce sujet, pour pouvoir t’en dire plus.

    • En même temps si je comprends bien ton exemple, il y avait quand même une certaine propriété de fait à l’ainé (par rapport au reste de la fratrie) dans le sens où pour la génération suivante, ce sont forcément les enfants de l’aîné qui continuent le cycle.

      Mais j’ai l’impression que tant qu’il y a propriété privée, la question du partage ou non entre enfants, et dans quelles conditions, se pose.

    • J’aime bien ce passage :)

      Si le monde est sauvé, il ne le sera pas par des vieilles têtes avec des nouveaux programmes mais par des nouvelles têtes sans programme du tout.

      Pourquoi pas des nouvelles têtes avec des nouveaux programmes ? Parce que où vous trouvez des gens travaillant sur des programmes, vous ne trouvez pas des nouvelles têtes, vous en trouvez des anciennes. Les programmes et les vieilles têtes vont de pair, comme fouets de cochers et cochers.

      Le fleuve que j’ai mentionné plus tôt est le fleuve de la vision. Le fleuve de la vision de notre culture nous mène à la catastrophe. Des bâtons plantés dans son lit peuvent entraver son flux, mais nous n’avons pas besoin d’entraver son flux, nous avons besoin de détourner complètement son cours. Si le fleuve de notre vision culturelle commence à nous éloigner de la catastrophe et à nous diriger vers un futur soutenable, alors les programmes seront
      superflus. Lorsque le fleuve coule dans la direction que vous voulez, vous n’y mettez pas des bâtons pour l’entraver.

      Les vieilles têtes pensent : Comment faisons-nous pour faire cesser ces mauvaises choses ?

      Les nouvelles têtes pensent : Comment faisons-nous pour faire des choses qui soient comme nous voulons qu’elles soient ?

      cf. paragraphe 8 – Nouvelles têtes sans programmes

    • La question de la transmission me trotte dans la tête. Ça serait plus facile avec des biens communs gérés sur le long terme (forêts comestibles pour la nourriture, l’énergie, les matières premières) et un type d’habitat léger qui pourrait absorber facilement le grossissement de population si besoin est.

    • @nicolasm, je pense que ce qui peut aider la société à démarrer autre chose, à amorcer un nouveau départ , c’est que chacun puisse réaliser que la vraie richesse se trouve dans l’humain (à commencer par soi), l’échange, la solidarité, et non dans le PIB ou la croissance. Si « ca met du temps à démarrer », c’est que les gens sont trop occupés à travailler. Dans le nouveau départ, je verrais bien la possibilité de recréer l’abondance - la nourriture abondante, etc - à la place de la rareté artificiellement entretenue.

      #nouveau-départ #abondance #temps-libre #richesse #humain

    • On s’est mal compris, je disais que je trouvais que le bouquin mettait du temps à démarrer (justement j’ai pas trop accroché au passage sur le fleuve et les bâtons ;)

      Mais sinon oui, Daniel Quinn est un des auteurs qui m’ont le plus marqués, et ses bouquins sont très facile à lire malgré la complexité de ce qui est soulevé. Je recommande tout ses bouquins avant Beyond civilization qui sont Ishmael, Story of B (sur l’animisme) et My Ishmael (sur l’éducation et l’école). Dispo en anglais et en numérique sur le net si on cherche un peu.

    • La Taupe (@la_taupe) :

      Dans le nouveau départ, je verrais bien la possibilité de recréer l’abondance - la nourriture abondante, etc - à la place de la rareté artificiellement entretenue.

      C’est aussi ma vision. Si on est libéré de la préoccupation d’avoir à manger, et si les paysages qui nous nourrissent sont beaux et apportent une sorte de bien être (je ne sais pas vraiment comment dire, mais dans le sens ou le fait de voir du vert et de la vie améliore la guérison des patient.e.s d’hopital), alors peut être qu’on pourra espérer mieux. Mais ça ne sera pas suffisant. Ce sont toujours les paysan.ne.s qui crèvent en premier de la faim, donc le problème est aussi ailleurs, et c’est un morceau plus difficile à changer que la production de nourriture.

    • Edward Goldsmith (ou Teddy Goldsmith) a été l’un des principaux fondateurs de l’écologie politique et co-fondateur de l’ONG Survival international pour la défense des peuples indigènes .

      Le document Blueprint for Survival, dont il est co-auteur, - imprimé en France sous le titre de « Changer ou disparaître » - a été publié en 1972 dans la revue The Ecologist.

      https://en.wikipedia.org/wiki/Blueprint_for_Survival

      It recommended that people live in small, decentralised and largely de-industrialised communities. Some of the reasons given for this were that:

      – it is too difficult to enforce moral behaviour in a large community
      – agricultural and business practices are more likely to be ecologically sound in smaller communities
      – people feel more fulfilled in smaller communities
      – reducing an area’s population reduces the environmental impact

      The authors used tribal societies as their model which, it was claimed, were characterised by their small, human-scale communities, low-impact technologies, successful population controls, sustainable resource management, holistic and ecologically integrated worldviews, and a high degree of social cohesion, physical health, psychological well-being and spiritual fulfilment of their members.

      #Edward_Teddy_Goldsmith #survival #blueprint #ecology

      http://www.teddygoldsmith.org/page3.html
      https://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Goldsmith
      http://www.edwardgoldsmith.org/books/a-blueprint-for-survival
      http://alerte-environnement.fr/2009/08/17/changer-ou-disparaitre

      L’hommage d’Hervé Kempf à Edward Goldsmith :
      http://www.reporterre.net/spip.php?article527

  • Dahab, le poumon vert du Caire, par Pauline Beugnies
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/135/A/50563

    « L’île d’or » à un kilomètre du centre du Caire, un havre de paix sans voiture dans la ville la plus polluée d’Afrique… On y arrive en felouque et s’y déplace à dos d’âne ; vingt mille fellahs y cultivent de petites parcelles de terre. Chrétiens et Musulmans se partagent les lieux dans une atmosphère plutôt harmonieuse. Le gouvernement ne s’est pas déplacé jusqu’ici, on n’y trouve pas d’école, d’hôpital, de poste de police… Il gère cependant une partie des terres au sud de l’île, de l’horticulture destinée à l’exportation. Et menace d’expulser les habitants pour moderniser l’île, la rendre plus « accessible », peut-être en faire un complexe hôtelier avec les conséquences que cela comporterait pour les paysans. Depuis 2001, ceux-ci luttent pour rester sur leurs terres.

    L’Egypte en mouvement : http://seenthis.net/messages/258271

  • Les petits paysans seraient plus productifs que l’agriculture industrielle
    http://www.bastamag.net/Des-petites-fermes-plus

    Ce n’est pas l’industrie agro-alimentaire qui nourrit le monde, mais les petits producteurs. Ceux-ci produisent jusqu’à 80 % de l’alimentation des pays non industrialisés, rappelle l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Mais combien d’entre nous se rendent compte qu’ils le font avec moins d’un quart de la superficie agricole mondiale, et que cette part, déjà maigre, se réduit comme peau de chagrin ? », interpelle l’ONG Grain, dans un rapport rendu public le 18 juin. (...)

    En bref

    / Agriculture , #Alimentation, #Droit_à_la_terre, Quelle #Agriculture_pour demain (...)

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ?

  • Affamés de #terres : Les petits producteurs nourrissent le monde avec moins d’un quart de l’ensemble des terres agricoles
    http://www.grain.org/fr/article/entries/4960-affames-de-terres-les-petits-producteurs-nourrissent-le-monde-avec-moins
    GRAIN a étudié les données en profondeur pour voir ce qui se passe réellement, et le message est limpide. Il est urgent de remettre les terres aux mains des petits producteurs et de placer la lutte pour la réforme agraire au cœur de la lutte pour de meilleurs systèmes alimentaires.

    Malgré les lacunes inhérentes à ces données, c’est avec assurance que nous pouvons tirer six conclusions principales :

    La grande majorité des fermes dans le monde aujourd’hui sont petites et se réduisent encore
    Les petites fermes sont actuellement contraintes d’occuper moins d’un quart des terres agricoles mondiales
    Nous perdons rapidement des fermes et des agriculteurs dans de nombreux endroits du monde, tandis que les grandes exploitations s’agrandissent
    Les petites fermes demeurent les principaux producteurs de denrées alimentaires dans le monde.
    Les petites fermes sont en général plus productives que les grandes
    La plupart des petits producteurs agricoles sont des femmes

    Plusieurs de ces conclusions peuvent paraître évidentes, mais deux éléments nous ont frappés.

    Le premier réside dans l’ampleur de la concentration actuelle des terres, un problème que les programmes de réforme agraire du 20e siècle étaient censés avoir résolu. Ce que nous voyons se produire actuellement dans de nombreux pays est une sorte de réforme agraire inverse, qu’il s’agisse de l’accaparement de terres par de grands groupes en Afrique, du récent coup d’état piloté au Paraguay par l’agroalimentaire, de l’expansion massive des plantations de soja en Amérique latine, de l’ouverture de la Birmanie aux investisseurs étrangers, ou de l’extension de l’Union européenne et de son modèle agricole à l’Est. Dans tous ces processus, les petits producteurs et leurs familles voient le contrôle de leurs terres usurpé, tandis que des élites et de puissantes entreprises les poussent à se retrancher sur des parcelles de plus en plus petites, ou à simplement quitter leurs terres pour aller grossir des camps ou rejoindre les villes.

    #agriculture #alimentation #paysannerie #agrobusiness

    • En Europe de l’Ouest, l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, la France et la Norvège ont perdu environ 70 % de leurs exploitations agricoles depuis les années 1970 et, dans certains cas, cette tendance s’accroît.

      Ouch (commentaire nombriliste, c’est pas mieux ailleurs)

  • Action contre l’usine des « Mille vaches » : une institutrice à la retraite raconte ses 48h de garde à vue
    http://www.bastamag.net/Ferme-usine-des-Milles-Vaches

    Le projet de ferme-usine des Milles-Vaches en Picardie, conçu par un entrepreneur du BTP, continue de diviser. Fermement opposée à ce modèle agro-industriel, Dominique Henry, institutrice et agricultrice à la retraite, a participé le 28 mai aux côtés d’une soixantaine de paysans et de militants, à une action de démontage de la salle de traite. Interpellée, elle a passé plus de 48h en garde à vue et sera jugée, ainsi que quatre autres paysans, le 1er juillet prochain pour dégradation et vol en réunion. (...)

    #Témoignages

    / Agriculture , #Syndicalisme, Quelle #Agriculture_pour demain ?, Des grands projets... inutiles (...)

    #Quelle_agriculture_pour_demain_ ? #Des_grands_projets..._inutiles_ ?

  • Rôle d’un certain type d’#élevage dans la résilience face au changement du #climat et au pic d’#énergie, dans deux textes qui se croisent :

    Bee keeping for the energy descent future, David Holmgren
    http://www.resilience.org/print/2011-01-27/bee-keeping-energy-descent-future

    This thought might make some permie purists feel a little smug as they grind and leach acorns for their daily bread, but the resilience of many of our cherished tree crops to climate chaos is not much better than annual crops, a point made (through gritted teeth) by my good mate Graeme Brookman at the Food Forest. (Lack of winter chill and extreme heat waves are having increasing impact on the yield from mainstay tree crops at the Food Forest.)

    Compared with annual crops, one disadvantage of tree crops is vulnerability due to specific seasonal conditions for fruit set and ripening. Long lead times and resources involved in planting and establishment of tree crop species and varieties adapted to emerging climates are also problematic.

    Diversity gives us a “hedge” against climate (and market) chaos, with some winners and some losers each season, but this value from diversity is most useful in small scale systems supplying a household rather than market systems where some degree of commitment to scale and specialisation is inevitable (even in a more localised world).

    Microclimate buffering of extreme weather conditions is another advantage of food forests but much of that buffering of heat scorch, frost, wind damage etc is restricted to the understorey. It is the tree canopy, especially in temperate climate systems, exposed to full sun that provides the greatest yields.

    Timber forests are more capable of dealing with the extreme weather and seasonal chaos than food forests. They grow fast when moisture and temperature allow but continue to slowly gain (dense) wood in all but the most extreme seasons. Ironically it is grasslands with grazing animals that might be one of the most resilient systems of land use in the face of climate chaos; these opportunistic systems mostly developed through the pulsing of ice age and interglacial over the last few million years. Animals represent storages that dampen the pulse while predators act to further moderate and protect the whole system. Hunter/gatherer and nomadic pastoralist cultures (at their best) incorporated this wisdom of nature to survive and thrive harsh climatic transitions of the past. This interpretation might be a bitter pill to swallow for vegetarian and vegan idealists wedded to the idea that the keeping of livestock represents the most destructive and unethical of our land uses. (They will have to console themselves with the fact that the obscenity of factory farming of pigs, poultry and cattle will be consigned to the rubbish bin of history in a post peak oil world.)

    Some of the historical advantages of pastoral farming and even nomadic pastoralism could also be important in the energy descent future. Animals (rather than machines and fossil fuel) do most of the work converting plant biomass into condensed and self-transporting storages of value to people. At the same time, they provide environmental services, such as vegetation management, fertility cycling, transport, companionship and even security.

    Now the issue of security is a big one. Many years ago a friend travelling through the Sudan noticed that no one kept chooks and that those who could afford to, ate powdered eggs from the EU. When he asked why no one kept chooks, the answer was that someone with an M16 rifle would come along and claim the chook as theirs

    The Resilient Farm and Homestead : An Innovative #Permaculture and Whole Systems Design Approach, Ben Falk

    1816, THE YEAR WITHOUT A SUMMER
    Resiliency planning, development, and operations require planning for worst-case scenarios, but we humans tend to have short memories indeed. We look back at the past with rose-colored glasses, perhaps a necessary psychological mechanism, but physically, it’s certainly a maladaptive one.
    “Those who forget the past are bound to repeat its mistakes.” The Year Without a Summer is a particularly informative planning example, as it highlights the effects of a wholly natural chain of events: volcanic eruptions. The year 1816 saw a killing frost every month of the year. People died in a snowstorm in July in northern Vermont. And this was all before human beings started really tampering with the climate in earnest. This was merely the result of a series of volcanic eruptions occurring the year before in 1815, many of them on the opposite side of the planet. A year without a summer is not “likely” to happen again—it’s guaranteed to. It’s merely a question of when, not if.
    As with any decision in life, we can plan for inevitable events, or we can ignore them and pretend that they won’t happen again. While the latter is certainly the modus operandi of the Modern Age, it’s not a terribly resilient way of engaging the future. So how to plan for the inevitable vagaries of Earth’s dynamic, plate-tectonic-driven influences (not to mention any other change agents such as global trade resource supply disruption)? The following strategies serve as a general overview. Write them off as tinfoil-hat approaches at your own peril:
    • Store months of food, preferably a year’s supply or more. It’s easy and not that expensive, and in the end it saves you money (food costs are always increasing).
    • Diversify, diversify, diversify. Note the crops that failed in 1816 in New England: vegetables and grains, annuals, fruits and nuts. Pastures, on the other hand, probably had a decent year, given that moisture levels remained high (evaporation stayed low), and the animals grazing on such pastures can handle frost easily enough. Grazing systems may have actually benefited from such a catastrophic year. That’s the power of diversity. Sure, you won’t live on meat and milk alone; that’s where the stored food comes in. Grains and beans from the year—or five years before—added to the animal-based diet would do wonders to round out the survivability of a year like 1816. Add some greens to the mix—kale, chard, arugula, and a host of other cold-hardy greens don’t care about a little frost. Now you have not only a survivable but a thriveable way to get through a particularly dynamic year like 1816. Whether it happens again in 2014 or 2114, it really doesn’t matter. You’re prepared. Your surplus can be sold or traded for value. You are a resource to your community if a food disruption only lasts a week or the entire growing season.

    • Agriculture intelligente face au climat

      Le modèle d’agriculture intelligente face au climat que la FAO s’efforce de promouvoir a trois grands objectifs :

      Accroître durablement la productivité et les revenus agricoles
      Aider les communautés rurales et les agriculteurs à s’adapter aux effets du changement climatique et à renforcer leur #résilience
      Réduire ou éliminer, si possible, les émissions de #gaz_à_effet_de_serre de l’#agriculture.

      La manière dont les agriculteurs affrontent ces objectifs varie selon les contextes locaux.

      L’aide de la FAO

      La FAO collabore avec les partenaires nationaux et locaux dans le monde entier pour les aider à mettre au point des solutions testées et adaptées à l’échelon local.

      Par exemple, sur les hauts plateaux du Kilimandjaro, l’Organisation a travaillé avec les agriculteurs pour relancer un système d’#agroforesterie vieux de 800 ans, connu sous le nom de Kihamba, qui fait vivre environ un million de personnes et une des populations rurales à plus haute densité d’Afrique.

      L’agroécosystème Kihamba, semblable à une forêt vierge tropicale de montagne, optimise l’utilisation de terres limitées, offre une grande variété d’aliments tout au long de l’année et maintient les eaux souterraines en bonne santé, entre autres services environnementaux.

      Pendant ce temps, un projet en Chine dispense aux éleveurs de yaks de nouvelles connaissances et de nouveaux outils pour restaurer les #pâturages dégradés, en améliorant l’efficacité et la productivité de leurs troupeaux tout en piégeant le #carbone de l’atmosphère.

      Dans les Andes péruviennes, la FAO encourage la conservation des variétés locales de maïs, de pommes de terre et de quinoa, qui sont cultivées avec succès depuis des siècles dans des conditions climatiques et d’altitude spécifiques. Garantir une vaste #biodiversité des cultures et des animaux sera déterminant pour adapter l’agriculture au #changement_climatique.

      Parmi les autres études de cas présentées dans la publication FAO success stories on climate-smart agriculture, citons :

      Au Kenya et en Tanzanie, le travail avec les agriculteurs dans des écoles de terrain, qui a permis d’identifier et de mettre au point des systèmes agricoles résilients, intelligents face au climat, adaptés aux conditions locales
      En Inde, un projet qui a exploité le potentiel des femmes en tant qu’agents de changement social pour promouvoir les pratiques agricoles intelligentes face au climat
      Au Nicaragua, une initiative visant à aider les communautés côtières à élaborer leur propre plan de gestion des ressources naturelles et stratégie de développement rural, pour inverser la dégradation de l’environnement et renforcer leur résilience
      Au Malawi, au Vietnam et en Zambie, une assistance aux décideurs pour concevoir des politiques nationales visant à promouvoir et à soutenir l’agriculture intelligente face au climat
      Au Nigeria, des projets qui ont introduit de nouvelles technologies d’engrais, et en Ouganda, des approches innovantes de gestion de l’utilisation des #sols dans le bassin du fleuve Kagera.

      #ruralité #paysannerie

  • PAC : La politique des petits pas n’est pas à la hauteur des enjeux d’une agriculture d’intérêt général (revenu et emploi paysan, qualité alimentaire, préservation des écosystèmes et des ressources naturelles)
    https://www.facebook.com/pages/Syndicat-ELB/149700191885806

    Au delà de tous les aspects techniques, la #PAC se résume à définir comment on répartit les presque 10 milliards d’aides qui viennent dans le cadre du 1er pilier.
    Il faut savoir que l’ensemble des aides publiques à l’#agriculture, qu’elles proviennent de la PAC, de l’Etat, des Régions, ou des départements, représentent en gros le revenu de la ferme France. Leur juste répartition devrait donc contribuer à ce que chaque paysan de la ferme France puisse accéder à un #revenu décent ! En étant majoritairement réparties en fonction du nombre d’hectares, et non en fonction des actifs, les aides ne sont pas pensées pour répondre à cet objectif.
    Une deuxième question que le ministre devrait se poser au moment de prendre une décision est de savoir si cette décision contribuera au maintien ou au contraire à la diminution du nombre de #paysans.
    Enfin le troisième enjeu est celui d’une agriculture productive de qualité alimentaire et de respect de la nature. Les aides à l’agriculture sont des aides provenant de l’#impôt de tous les citoyens, il faut donc qu’elles soutiennent une agriculture d’intérêt général, revenu et #emploi paysan, qualité alimentaire et respect de la nature.

    C’est au regard de ces enjeux qu’il faut apprécier les décisions qui sont en train d’être prises pour la nouvelle PAC. Cette nouvelle PAC est un paquet global dans lequel il y a des éléments qui vont dans le bon sens et d’autres dans le mauvais sens. Il y a surtout un élément essentiel, central, qui poursuit sa trajectoire négative : c’est l’objectif de diminuer le nombre de paysans qui est toujours au coeur de l’application française de la PAC. Il s’agit là d’un élément véritablement mauvais, car moins il y a de paysans, et moins l’agriculture sera attractive pour les jeunes. Il faut arrêter de penser que la disparition de certains assure la survie de ceux qui restent, au contraire, elle la fragilise et la menace. Il y a suffisamment de territoires en France ou ailleurs qui, tous sans exception, le démontrent.

    Plusieurs décisions politiques se traduiront par la diminution du nombre de paysans : le plancher des 10 vaches pour la PMTVA (Prime Vaches Allaitantes), le fait que la France ait refusé d’activer une ligne « petites fermes » proposée par Bruxelles, ou le fait qu’il n’y ait pas de plafonnement toutes aides comprises, etc...
    Le seuil des 10 vaches est particulièrement grave, car cette logique ne peut que s’amplifier à l’avenir, avec un seuil qui remonterait encore vers 15 ou 20 vaches pourquoi pas ?
    Le ministre nous explique que cela n’est pas bien grave car ceux qui ont moins de 10 vaches touchent d’autres aides ! Et ceux qui ont plus de 10 vaches ne perçoivent-ils pas aussi d’autres aides ?
    En prime ovine, la petite dégressivité de 2€ à partir de la 500eme brebis correspond en fait à un non plafonnement et donc à encourager les troupeaux de plus en plus gros, avec toutes les conséquences qu’on connait : achat massif d’aliments onéreux, risques bactériologiques dans la qualité des eaux, etc.

    De façon générale, dans les différentes productions, l’idée est de soutenir la production avec toujours moins de producteurs. Il y a une obsession qui consiste à penser que les grosses exploitations sont plus compétitives, et donc qu’une agriculture composée de grosses exploitations est une agriculture compétitive... alors que toutes les études montrent que le différentiel de revenu entre les grosses fermes et les autres n’est dû qu’au différentiel d’aides publiques qu’elles perçoivent !
    Cette PAC qui se traduira par une discrimination accélérée des paysans, comporte pourtant des éléments bien intéressants qui auraient pu être généralisés. Le plan « protéines végétales » est un bon plan et les éleveurs du Pays Basque engagés dans les démarches de qualité (AOC, Herriko...) qui exclut l’alimentation OGM, devront se saisir de cette opportunité.

    La nouvelle ICHN (indemnité compensatoire de handicaps naturels) maintient des éléments essentiels sur lesquels #ELB avec toute la #Confédération_paysanne s’est très fortement mobilisé : une revalorisation de 15% dès 2015 qui n’a pu être possible que parce qu’il y a un plafond à 50 hectares avec une revalorisation de 50% pour les 25 premiers hectares. Même l’ancienne PHAE (Prime Herbagère Agro-Environnementale) qui était plafonnée à 100 hectares, vient aujourd’hui en complément de l’ICHN, en étant plafonné à 75 hectares !
    C’est le fait de mettre des plafonds raisonnables qui permet de revaloriser correctement les premiers hectares ou les premiers UGB. Ce mécanisme est en faveur de la grande majorité des paysans, il montre qu’avec le même argent mieux réparti, on peut faire beaucoup mieux pour tous !

    De façon générale, c’est ce qui manque à la nouvelle PAC, et c’est dommage. La situation est tellement urgente, que la politique des petits pas dans un sens n’est pas à la hauteur des enjeux !

    Mixel Berhocoirigoin

    #paysannerie #agrobusiness #justice_fiscale