• Ou peut-être une nuit : retours critiques | by Leïla | May, 2021 | Medium
    https://medium.com/@leilla/ou-peut-%C3%AAtre-une-nuit-retours-critiques-fd3c08902aa7

    Les mots choisis, “exclusivement, jamais”, ne faisaient pas simplement de moi une anomalie statistique mais une aberration ; une experte tenait un discours qui annihilait la possibilité même de l’existence de mon vécu. Être ramenée à une parole inaudible par un podcast qui s’efforce justement de briser le silence qui entoure l’inceste, ça tient du tragicomique. Moi qui, lors des premiers épisodes, pensais envoyer le lien vers la série à ma mère… je me suis retrouvée dans l’impossibilité de le faire par peur d’être ramenée encore une fois à une minimisation de ce que j’avais vécu.

    • Si j’ai eu de la haine quotidienne et des souhaits de vengeance pendant des années, cela fait longtemps que ce n’est plus le cas. Mais je crois que, s’il avait été adulte, ou en situation de pouvoir sur moi par ailleurs, mes sentiments auraient sans doute plus difficilement évolué dans cette direction. Quand, en tant que victime, on parle de son inceste, on marque aussi de la honte sociale de l’inceste la personne qu’on nomme comme notre agresseur. Et si je n’avais pas à porter cette honte si longtemps, et si j’aimerais pouvoir m’en débarrasser définitivement, je n’ai aucune envie qu’elle change de camp. Qu’on lui fasse honte ne me soulagera pas de la mienne. Il me semble que le risque que nommer puisse entraîner de la violence est un frein plus grand quand il s’agit de nommer quelqu’un du même âge ou de plus jeune que soi.

    • Pourquoi je dis que ça fait des dégâts psychiques, de penser l’amour et la domination comme mutuellement exclusifs, y compris dans le cadre de l’inceste ? Du côté des victimes, la plupart d’entre elles seront amenées, au cours de leur vie amoureuse et sexuelle, à revivre de la violence. Ce n’est pas juste une condamnation à la répétition de schéma : c’est aussi qu’on vit dans un monde violent entre humain·e·s traumatisé·e·s. Sans pour autant s’y résigner, on peut s’attendre, à des degrés divers, au surgissement de la violence dans les relations. Donc, une personne victime d’inceste qui a intégré ce discours, une personne qui croirait que l’amour et la violence sont mutuellement exclusifs, serait condamnée à relire chacune de ses relations dans laquelle de la violence émergerait comme n’ayant, finalement, pas contenu d’amour. Le genre de pensées, puis d’émotions que ça peut entraîner tendent à ajouter une forte douleur morale aux dégâts déjà importants causés par les violences en elles-mêmes (qu’il s’agisse des violences premières ou de la répétition par la suite, d’ailleurs). “En fait il ne m’aimait pas, je me suis fait avoir depuis le départ” est une pensée qui conduit à miner la confiance d’une personne dans ses ressentis (“tous ces moments où j’ai cru reconnaître et vivre de l’amour dans la relation, je me trompais”) et dans sa capacité de décision. Cela invite l’idée qu’il y a des personnes qui feraient semblant d’aimer mais qu’on est pas capables de détecter (“si je ne sais pas distinguer ce qui est de l’amour ou pas, suis-je condamné·e à vivre dans la peur de me tromper à nouveau ?”). Cela entretient donc un rapport au monde emprunt de méfiance ainsi que de l’hypervigilance, deux symptômes récurrents suite à des expériences d’abus traumatisantes.

  • « Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation » : chez les dominicaines du Saint-Esprit, une religieuse dans la tempête
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/25/je-tremble-d-etre-definitivement-chassee-de-ma-vocation-chez-les-dominicaine

    Avec sa guimpe blanche, son voile noir et son rosaire pendu à la ceinture, mère Marie Ferréol semble échappée de La Religieuse (1966), le film de Jacques Rivette. Cette religieuse des dominicaines du Saint-Esprit garde sur son visage les restes de la bonne humeur qui, depuis cinquante-cinq ans, fait sa personnalité, mais elle a perdu 10 kg en quelques semaines, ses cheveux ont blanchi et elle se dit « terrorisée » depuis le 22 avril. Ce jour-là, le cardinal Marc Ouellet, l’un des hommes les plus influents de la curie romaine, a signé son décret de renvoi définitif de la communauté catholique dont elle est membre depuis trente-quatre ans.

    Cette sanction, assortie d’une interdiction de toute vie communautaire, est rarissime, on en compte moins d’une dizaine par an dans le monde. C’est encore plus rare quand le motif n’est pas celui de « mœurs scandaleuses ». « Jamais je ne me consolerai de me voir arracher mon habit, confie la religieuse, réfugiée dans une abbaye d’Auvergne où, sur les conseils de son avocate, elle a fini par accepter de rencontrer Le Monde, samedi 22 mai. Je tremble d’être définitivement chassée de ma vocation, qui est ma raison de vivre. » Il ne lui reste, en effet, que quelques jours avant l’expiration du délai d’examen de sa supplique (une lettre de deux pages) et de l’épais recours qu’elle a déposés auprès du pape. Surtout, elle assure n’avoir aucune idée de la « faute grave » dont on l’accuse et qui donne à cette affaire des relents de procès en sorcellerie.

    « Mère Marie Ferréol sait très bien ce qu’elle a fait. » Dom Nault est un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules. Il nous reçoit dans la sublime abbaye normande Saint-Wandrille, près d’Yvetot (Seine-Maritime). Les amoureux d’histoire et de littérature savent que c’est ici, au tout début du XXe siècle, que s’étaient installés la comédienne Georgette Leblanc et l’écrivain Maurice Maeterlinck, futur Prix Nobel. Lui traversait le réfectoire et la salle du chapitre à patins à roulettes pour se détendre entre deux poèmes, tandis qu’elle montait des spectacles de théâtre dans les ruines de l’abbaye. Jean-Charles Nault préfère dire « que ce lieu est habité par la prière depuis quatorze siècles et que quarante moines y ont été canonisés ». Avant d’ajouter : « Tout ceci nous oblige. »
    « Audits externes »

    Dom Nault s’éloigne régulièrement de son abbaye pour mener des visites canoniques dans diverses communautés monastiques françaises. Et aussi, plus rarement, des visites apostoliques, commandées, elles, par le Vatican. « Des sortes d’audits externes, si vous voulez. Le droit canonique a tout inspiré. » C’est ainsi qu’en 2020 le pape en personne l’a « chargé », explique-t-il, de l’inspection des dominicaines du Saint-Esprit. Cet institut regroupe une centaine de religieuses qui rayonnent autour de la maison-mère de Pontcallec, dans le Morbihan, et de cinq autres communautés. L’ensemble est à la fois « intello » et très « traditionnel » : latin obligatoire dès la 6e, enseignement de préférence philosophique et littéraire (l’école ne prépare pas au bac scientifique), comme à Saint-Pie-X, son école de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, fut élève et a « trouvé la foi », dit-elle, durant les messes en latin.

    #paywall #intégrisme #catholicisme #RN #civitas #misogynie #sexisme #manif_pour_tous #ivg #pédocriminalité #violophilie #fascisme

    Le "Dom Nault" décrit complaisamment comme "un grand homme brun au visage émacié mais toujours souriant, même lorsqu’il lâche ce genre de formules." n’est pas seulement un grand homme brun souriant, il est surtout aussi brun à l’intérieur qu’a l’extérieur puisque c’est un adepte de Jerôme Lejeune, promoteur du viol prolongé par gestation forcée.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Nault

  • Après l’annonce du divorce de Bill Gates, les révélations se multiplient sur le créateur de Microsoft

    Procédure de séparation lancée il y a deux ans, proximité avec Jeffrey Epstein, liaison avec une salariée du géant informatique et tentatives avec d’autres… La presse américaine a lancé un grand déballage sur le milliardaire et philanthrope.

    https://ghostbin.co/paste/hc7a38

    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/18/bill-gates-apres-l-annonce-de-son-divorce-les-revelations-sur-le-createur-de

    #grands_hommes

    • L’article référencé est intéressant en ce qu’il montre comment les différents cercles de très riches et super riches hommes surtout mais femmes aussi se cotoient au point d’être intimement liés et interconnectés.

      Vu que l’ancien couple Gates est aux rênes de l’organisation la plus puissante du monde dans le domaine de la gestion de l’intervention dans la recherche médicale, je propose de jeter un regard sur le comportement des institutions culturelles, politiques et médicales des États Unis pour découvrir leur éthique et comportement pratique par rapports aux éthnies considérées ouvertement comme inférieures par les puissants du monde dans le passé récent.

      Bombing Of Osage, Special | 57m 26s
      https://seenthis.net/messages/915966

      Quand les États Unis récupèrent les dechets des victimes de l’expérimentation humaine conduite par les Mengele japonais
      https://seenthis.net/messages/915980

      A mon avis on peut dessiner une ligne ligne directe entre les exactions étatsuniennes historiques et les interventions actuelles de la Bill & Melinda Gates Foundation . Ceci n’est pas le résultat du mauvais caractère des personnes responsables mais une conséquence incontournable de l’optimisation capitaliste et médicale mis en oeuvre par les acteurs historiques et présents.

  • Plaisir honteux | les éditions du remue-ménage
    https://www.editions-rm.ca/livres/plaisir-honteux

    TW pédo

    Lorsqu’un enfant est soumis à un abus sexuel par un de ses proches, il est possible (et relativement fréquent) qu’il ressente du plaisir sexuel. Le plaisir est ainsi associé aux émotions négatives et extrêmement destructrices qu’implique une relation incestueuse, et le traumatisme subi en est d’autant plus grave. Michelle Desaulniers a voulu mettre en lumière cette réalité que bon nombre d’entre nous préféreraient garder sous silence. Après avoir réalisé un film percutant d’une grande sensibilité intitulé Plaisir honteux, elle publie ce livre afin de poursuivre son questionnement sur le sujet. S’appuyant sur de nombreuses recherches scientifiques, cet ouvrage bien documenté dévoile dans toute son horreur la dynamique plaisir-abus qui s’établit entre l’agresseur et sa victime.

    Accompagnée de témoignages des plus bouleversants, la réflexion de Michelle Desaulniers nous oblige, en tant que société, à nous interroger sur notre responsabilité collective face à ce drame que vivent trop d’enfants. Devons-nous continuer d’éviter le sujet ou allons-nous regarder la réalité en face afin de trouver des solutions adéquates ?

    • d’autres via : https://twitter.com/OpalePublic/status/1220756746920132609

      " Les auteurs qui se sont penchés sur la problématique du plaisir sexuel des enfants en situation d’inceste ont décrit avec beaucoup d’indignation la manipulation extrêmement raffinée à laquelle les abuseurs soumettent leur victime . Cette indignation vient sans doute d’un constat douloureux qui semble a priori absurde : plus la relation incestueuse comporte de gratifications pour l’enfant (amour, attention, plaisir physique etc ) plus les séquelles de l’abus seront graves à long terme.

      Bref chez les enfants ainsi manipulés « en douceur » la souffrance est tout aussi vive sinon plus vive que chez ceux qui sont forcés et menacés .
      (...)
      Rappelons en effet que d’après les résultats des recherches de Jehu 1988 , 80.4 % de ses répondants (ayant ressenti du plaisir ou non ) ont participé passivement aux abus dont ils étaient victimes . Que 64.7 % ont utilisé la relation incestueuse pour recevoir de l’attention et de l’affection , que 37.2% ont participé activement à l’abus soit par besoin d’amour soit par attirance pour le plaisir physique, que 49% éprouvaient de la tendresse pour leur abuseur et que 12% (Mac Card 1985 ) déclarent être restés passifs pendant la relation à cause du plaisir physique qu’elle procurait.

      Manifestement les relations incestueuses apportent des gratificications à l’enfant tant sur le plan émotionnel que physique . Voilà un énoncé qui dérange et que tous préféreraient ignorer. Pourtant ce fait doit être reconnu et non caché et nié comme c’est généralement le cas , parce que c’est justement pour cette raison que les conséquences sont si pernicieuses . Pour un grand nombre de victimes les relations sexuelles avec l’agresseur constituent en effet l’unique possibilité de se sentir psychologiquement et physiquement appréciées et aimées ( Forward et Buck 1988 , Maltz et Holmann 1987 ).

      Pour ces enfants, recevoir ces attentions sexuelles signifie tout bonnement recevoir de l’amour .Les auteurs qui ont étudié la question du plaisir dans l’inceste s’accordent à dire que l’incapacité à reconnaître la manipulation est le propre de tout inceste commis en douceur mais que lorsque le plaisir physique est présent, il devient pratiquement impossible pour l’enfant de prendre conscience de la situation.

      Selon Courtois (1988) un grand nombre d’abuseurs se donnent beaucoup de mal pour stimuler sexuellement leur victime jusqu’à ce que celle ci soit excitée ou vive un orgasme . Les abuseurs cherchent ainsi à prouver que l’enfant voulait vraiment ces relations sexuelles.

      Ces victimes subissent un véritable lavage de cerveau leur faisant croire que ce sont elles qui sont à blâmer : certains agresseurs prennent d’autant plus de plaisir aux réponses sexuelles de l’enfant qu’elles pourront servir à justifié leur geste. C’est extrêmement perturbant pour la victime , c comme si elle entendant "tu vois tu as joui . Tu le veux vraiment et tu aimes cela .

      Courtois ajoute que devenues adultes, ces personnes voient dans la relation vécue avec l’abuseur la preuve que leur sexualité a tjs été perverse .

      Livre #Plaisir_honteux, #Michelle_Desaulniers #1998 . Québec

      #inceste #pédophilie #pédocriminalité #viol #abus_sexuels #sans_violence

    • Rappelons en effet que d’après les résultats des recherches de Jehu 1988 , 80.4 % de ses répondants (ayant ressenti du plaisir ou non ) ont participé passivement aux abus dont ils étaient victimes .

      C’est quoi « participé passivement » à l’ agression (et non à l’abus qui est un anglicisme foireux de violophiles) ?

    • yo @mad_meg je comprends que tu ais des réactions épidermiques avec le sujet, mais faut pas me rentrer dedans comme ça c’est hyper désagréable. Je sais que tu t’adresse au texte et pas à moi, mais il se trouve que les extraits que je cite me semblent sans ambiguïté ou complaisance. J’ai pas lu tout le bouquin, qui doit pouvoir être critiqué, mais je reconnais beaucoup de mon expérience dans les extraits cités, et il me semble que cet aspect de la chose est rarement dit et que c’est important de le dire. Je pense que la figure de la victime pure et innocente est extrêmement toxique. Et encore une fois, même si la ligne est ténue, il ne s’agit pas de rendre les anciennes victimes responsables des agissements,des crimes, des adultes...

  • Argentine : ouverture du procès pour complicité dans l’affaire de viols d’enfants sourds par des prêtres

    Le procès de deux religieuses et sept autres femmes poursuivies pour complicité de viols commis par deux prêtres, condamnés en 2019, sur des enfants sourds et muets d’un pensionnat de l’Ouest de l’Argentine, s’est ouvert lundi.

    Dans une affaire qui avait secoué le pays du Pape François, les deux prêtres avaient été condamnés à plus de 40 ans de prison pour des abus sexuels et des viols d’enfants âgés de 4 à 17 ans commis entre 2004 et 2006 à l’institut Provolo de Mendoza. Un jardinier a également été condamné à 18 ans de prison.

    Sur la base des révélations lors de ce procès de 2019, de nouvelles enquêtes ont été ouvertes et une religieuse paraguayenne de 53 ans, une psychologue, une cuisinière, quatre directrices et la représentante légale de l’institution sont jugées pour corruption de mineurs et complicité.

    Une religieuse japonaise de 46 ans est elle poursuivie pour abus sexuels aggravés dans ce procès prévu pour une durée d’environ six mois où plus d’une centaine de témoins seront entendus.

    Aucune des prévenues qui comparaissent libres, seule la religieuse japonaise étant assignée à résidence, n’est présente à l’audience qui déroule en visio-conférence, a indiqué une source judiciaire.
    . . . . . .
    « Ils ont tout couvert, ils leur ont interdit d’apprendre la langue des signes pour que ça ne se sache pas », a-t-il déploré.

    L’institut Provolo, situé au pied des Andes, à Mendoza, à mille km à l’ouest de Buenos Aires, a été fermé en 2016 lorsque le scandale a éclaté.

    Ce grand bâtiment en briques au toit vert, fondé en 1995, accueillait gratuitement des élèves sourds et muets d’origine modeste qui étaient internes et retournaient chez eux le week-end.

     L’intégrale : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_argentine-ouverture-du-proces-pour-complicite-dans-l-affaire-de-viols-d-

    #catholicisme #maltraitance #viol #culture_du_viol #agressions_sexuelles #pédophilie #Argentine #église_catholique #violences_éducatives #enfance_volée #pédocriminalité #abus_sexuels #emprise #enfance #domination #hommes #femmes #religieuse #secret_de_polichinelle #handicap

  • Le berceau des #dominations - document
    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02561862/document

    Tous les jours, près de chez vous, un bon père de famille couche avec sa petite fille de neuf ans. Ou parfois elle lui fait juste une petite fellation. Ou c’est un oncle avec son neveu ; une grande sœur avec sa petite sœur. Dans cette anthropologie de l’inceste, Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l’inceste, en théorie interdit et condamné, est couramment pratiqué dans l’intimité des foyers français. À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe. Cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés devenus grands, et auprès de leur famille, sont restitués dans une trilogie dont Le berceau des dominations forme le premier livre. S’appuyant principalement sur une série d’entretiens réalisés en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille, l’auteur donne dans ce premier opus la parole aux incesteurs. Simples maillons d’une généalogie familiale où l’inceste leur préexiste, on comprend que les incesteurs incestent par facilité, par mimétisme, par opportunisme, ou encore par identification. Sans complaisance, mais sans mettre l’incesteur en position d’étrangeté, l’auteur guide le lecteur pas à pas dans un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres

    #inceste #pédophilie #pédocriminalité #dorothée_dussy

    • DD : Et vous, vous n’avez pas envie d’en parler ?

      AB : Je suis même surpris d’avoir accepté votre entretien, parce que j’ai déjà du mal à en parler au psy. J’ai accepté parce que si ça peut aider quelqu’un à comprendre, si ça peut aider... c’est le but. Ce qui me bloque un petit peu, c’est qu’on soit considéré comme des Fourniret, des trucs comme ça. Parce que dans la tête des gens, délinquant sexuel, c’est quelqu’un qui viole des enfants, qui les tue, qui les charcute. Je pense que dans la tête des gens, c’est ça.Dorothée Dussy et Arnaud Bias, avril 2009, extrait d’entretien

    • Françoise Héritier, après avoir consacré une grande partie de sa carrière aux règles de l’exogamie à travers le monde, a tenté de mettre face à face la théorie et le point de vue des praticiens1, sans réaliser qu’elle n’avait jamais travaillé sur le problème théorique de l’inceste, mais sur celui de l’interdit de l’inceste.

    • Il y aura toujours des intellectuels et des crétins pour considérer que la politisation des questions de violence domestique représente un dan-ger puritain qui instrumentalise le droit5, pour considérer que le volet répressif de la législation en matière de moeurs est nocif pour la démo-cratie et pour l’égalité entre individus. Les intellectuels pédophiles des années 1970 tenaient déjà ce discours. C’est la rhétorique du violeur et du pédophile, on le verra dans ce livre, qui consiste à discréditer toute description de la violence en brandissant le spectre de l’idéologisme fanatique et répressif anti-démocratique et en ignorant sa propre idéo-logie masculiniste. Inversement, il me semble que décrire et prendre acte des violences, de leurs spécificités, des effets qu’elles produisent et des conséquences qu’elles entraînent est un premier pas vers la paix et la démocratie. Les commissions « vérité et réconciliation » organisées après l’apartheid en Afrique du Sud et après le génocide au Rwanda, les procès des cadres nazi, khmers, serbes, et autres auteurs de crimes de masse partent du même principe. Décrire et dire la violence est un pas vers la paix.

    • Pour le dire autrement, les violences structurelles, les guerres et les taux usuraires pratiqués par les banques qui prêtent aux pays en instance de faillite, ne sont pas produites ex nihilo par des hommes entrés en fonction le cœur et le reste vierges de souvenirs et d’apprentissages.

    • En filigrane, cette description permet de réfléchir à la question de l’homme normal versus anormal ou monstrueux, et permet, au bout du compte et dans la conclusion qui referme le livre, de repenser le lien entre la pratique de l’inceste et la théorie de l’interdit.

    • Génie

      Dans la perspective de composer un texte émancipé des modèles masculins, classiques et légitimes, on n’hésitera pas, dans ce livre, à se référer à des voix inhabituelles en sciences sociales, et à tirer l’écriture vers une langue du quotidien et du domestique, l’espace de l’inceste.

    • J’ai été affectée – au sens proposé par Jeanne Favret-Saada16 – par l’ensemble de cette recherche. C’est-à-dire infectée par le système inceste, qui vous bloque quand vous voulez en parler, qui vous fait croire que vous êtes illégitime pour en dire quelque chose – vous êtes trop proche du sujet, vous êtes trop loin, vous êtes militante (c’est-à-dire hors-jeu du terrain scientifique), vos matériaux sont trop biaisés, vous avez parlé à des « victimes », à des « détenus », mais de quel droit omettez-vous le point de vue de ceux qui ont vécu un inceste heureux ? C’est le principe du système inceste : faire taire. Pour en sortir, il faut vomir plusieurs fois, mille fois, #vomir tant et tant que rien de ce qu’on peut vous dire pour vous arrêter ne vous touche plus car vous avez conjuré la guerre contre la nausée. Cela vous a rendu beaucoup plus libre, et notamment de décrire l’inceste from the inside.

      non mais ça.

    • Comme l’explique Finkelhor, la demande pour des statistiques permettant de renseigner le nombre d’en-fants violés est ancienne, et, notent les auteurs qui éditent le livre avec lui, cette demande est depuis longtemps satisfaite. On savait donc déjà, en 1986, mais aussi en 1929, en 1940, et donc vraiment depuis long-temps, que les abus sexuels sont assez courants dans la vie des enfants. Cependant, pour une variété de raisons, dont le scepticisme des psycha-nalystes (Masson 1984), dont les discours des pro-libération sexuelle, non seulement ces statistiques n’ont jamais suscité un grand battage publique, mais, à chaque nouvelle publication, elles paraissent inédites (c’est encore le cas du sondage IPSOS demandé en 2009 par l’associa-tion d’aide aux victimes d’inceste « AIVI » et qui estime à 3% le nombre de personnes ayant été victime d’inceste en France, estimation sous-éva-luée de l’avis des commanditaires et des commentateurs).

    • En résumé, pour 60 millions de Français, si on compte 5% de victimes d’abus sexuels intrafamilial, ce qui est dans la fourchette basse proposée par les enquêtes quantitatives, cela fait au moins trois mil-lions de personnes ayant été incestées. Mais pour compter convenable-ment le nombre de personnes impliquées dans les situations d’inceste, il faut évidemment ajouter les incesteurs ! Il n’y a pas de statistiques les concernant mais s’il y a trois millions de victimes, on peut estimer que les incesteurs se comptent donc aussi en millions ! Si cela vous paraît trop insupportable, ça ne me gène pas de descendre à quelques cen-taines de milliers d’incesteurs, mais alors il faut admettre que ceux-ci auraient incesté non pas un mais plusieurs enfants de leurs famille. En tous cas, pour incester trois millions d’enfants, il faut du monde...

    • Dans les éléments qui rendent très difficile d’admettre le nombre réel de viols et d’incestes, et qui rendent très difficile la compréhension de l’inceste comme une expérience atroce, et plus largement, du viol comme une expérience atroce, il y a l’initiation à la vie sexuelle, pour chaque homme et chaque femme, faite de situations qui ne sont pas toutes heureuses, souhaitées, réussies. Continuum d’expériences vé-cues par tous et toutes depuis l’adolescence, du rapport sexuel plus ou moins agréable, plus ou moins avec du désir, plus ou moins arraché, qui rend les partenaires plus ou moins violeurs ou plus ou moins violés.

    • Rien de mystérieux et d’inévitable dans l’invisibilité et le silence sur les violences subies ou agies, tout est affaire de pratique, donc de logique et de pédagogie. Idem pour la violence psychologique et la violence physique : si tu n’as pas ravalé l’insulte que tu as balancé à la gueule de ton copain qui t’avait énervé, ou contredit l’insulte que tu as reçue de ton copain que tu n’as pas attendu parce qu’il était en retard, tu rends l’insulte admissible. Tu compliques ce faisant les cri-tères d’évaluation de ce qui rendra, plus tard, une insulte admissible ou non admissible et tu t’exposes à ne plus réagir s’il t’arrive par la suite te faire encore salement traité(e). Sans parler des expériences vécues dans l’enfance. Les gifles ou les fessées qu’on reçoit de ses parents pour nous apprendre à écouter les adultes et en réaction à une bêtise qu’on a faite, nous font intérioriser dès l’enfance la justification de la violence.

    • Mais du coup, en l’absence de discours spontané sur l’inceste, les auteurs d’inceste ont intériorisé eux aussi les façons de parler d’inceste propre aux professionnels. Même l’élaboration de leurs récits sur leurs propres actes est devenue conditionnée par ces prescripteurs de normes que sont d’un côté les psy, et de l’autre les magistrats

    • l’hypothèse du dérapage à deux et de celle de l’inceste fraternel consenti, (...) n’existent que dans la pensée des personnes élevées dans l’ordre social incestueux. Car aucun adulte, ancien enfant incesté par un frère ou une sœur aîné(e), n’a jamais révélé, écrit, ou témoigné avoir entamé de son plein gré un inceste fraternel. En réalité, tous les enfants inces-tés par un frère ou une sœur plus âgé expriment avoir vécu des abus sexuels, et comme pour les autres histoires incestueuses, être ensuite devenus plus ou moins sexuellement dépendants de la situation, avoir plus ou moins construit un récit de la situation acceptable pour eux-mêmes, etc. C’est l’incesteur qui fait croire (à son psychiatre, sur des forums d’association d’aide aux victimes, ...), et se fait croire, qu’il y a des incestes fraternels consentis, ou que le dérapage était mutuel.

    • S’il n’existe aucun témoignage allant dans le sens du consentement, mais qu’il existe au contraire une multitude de témoignages indiquant des situations d’abus, quelles références, quelle documentation, quel savoir oriente le psychiatre pour qu’il classe l’inceste fraternel ailleurs qu’au rang des agressions ? Aucun, sinon un savoir d’acteur social ayant intériorisé la grammaire de l’inceste et spéculant la pratique à l’aune de la théorie. En effet, plus loin dans son texte, Becker précise : « L’abus sexuel se réfère à la question du consentement dont l’absence définit l’abus. L’inceste, en revanche, renvoie à la relation de parenté qui détermine les partenariats socialement permis et/ou interdits. Il peut donc y avoir inceste sans qu’il y ait le moindre abus sexuel, car cette distinction se réfère à des systèmes de normes distincts. L’abus sexuel se définit en fonction de ce que Foucault (1976) nomme « le dispositif de sexualité », gérant le désir et le pouvoir, alors que l’inceste renvoie au dispositif d’alliance qui organise les règles et leur transmission. » On touche là un biais du raisonnement, important car il est constitutif d’un hiatus qui fait le bonheur de la pratique de l’inceste. Ce n’est pas l’inceste qui renvoie au dispositif d’alliance, c’est l’interdit de l’inceste. L’inceste n’est pas le pendant empirique de l’interdit de l’inceste. C’est une autre notion, qui caractérise une relation se définissant précisé-ment par la double condition de la contrainte sexuelle et de l’exercice de cette contrainte sur un enfant de la famille

    • pull up selecta :

      L’inceste n’est pas le pendant empirique de l’interdit de l’inceste. C’est une autre notion, qui caractérise une relation se définissant précisé-ment par la double condition de la contrainte sexuelle et de l’exercice de cette contrainte sur un enfant de la famille

    • my girl :

      Dans les pages qui suivent, on parlera indifféremment d’auteurs d’abus sexuels, d’inces-teurs, d’agresseurs, et on ne fera pas de différence entre la littérature scientifique consacrée à l’inceste et celle qui est consacrée aux agres-sions sexuelles pédophiliques. Car les auteurs d’inceste ne constituent pas un groupe clinique, comme le souligne Jean-Michel Darvez-Bor-noz26. En effet, les agressions d’enfants sont rarement commises par une personne totalement étrangère. Inversement, près de 80% des agressions sont commises par des agresseurs ayant un lien de proxi-mité, sinon un lien familial, avec l’enfant. Cette proportion indique que même en l’absence de spécifications, les résultats des études sur les agresseurs d’enfant portent en réalité sur des agressions incestueuses au sens large.

    • Les garçons, encore plus que les filles, peinent à dévoiler les abus sexuels tout sim-plement car il leur faut du temps, et un long travail de raisonnement, pour penser aux abus sexuels comme à des abus sexuels (cf. Dussy, 2008) et non comme à une initiation ou à l’expression affective ina-déquate (Holmes, Offen et Waller, 199730).

    • La réalité est toujours plus riche que les stéréotypes et les en-quêtes permettent de constater que les types d’abus sexuels commis par des femmes ne sont pas moins violents, sérieux, et intrusifs, que ceux commis par les hommes (Saradjian, 199632). Tardif et Lamou-reux, comme Saradjian et l’ensemble des chercheurs ayant publié sur les femmes auteurs d’abus sexuels, relèvent une expression agressive manifeste chez plusieurs femmes abuseures allant jusqu’à éprouver de la satisfaction à voir souffrir leurs victimes, à verbaliser des pulsions homicides et à recourir à des armes ou à la force au cours de leurs abus.

    • notons, là encore, que pour les spécialistes de l’enfance, comme pour tout le monde, c’est donc le point de vue du « pénétrant », et non celui du « pénétré », qui déter-mine l’intention donnée au geste sexuel.

    • Ni dans la littérature que j’ai consultée, ni dans l’enquête, je n’ai rencontré de situations d’inceste (ou de jeux sexuels) entre des jumeaux, ou des cousins du même âge. Les jumeaux, et les cousins du même âge, vont explorer la sexualité ailleurs qu’au sein de leur famille.

    • Louise Armstrong, porte-parole de la position féministe états-unienne sur l’inceste, explique que les professionnels nord-américains de la santé et du travail social ont fait de l’inceste un produit d’exportation, asceptisé de toute possibilité de critique sociale et, ajoute-t-elle, de
      toute trace d’une analyse féministe. En faisant de l’inceste une pathologie, c’est-à-dire une question relevant de champ de compétences médicales, on esquive la question politique : il ne s’agit plus de travailler à la transformation sociale ou de réfléchir sur les moyens d’éliminer les abus sexuels intrafamiliaux, ce qui passerait par la reconnaissance des
      positions précises de chacun (dominants/dominés) dans cette affaire.
      Par le jeu de la terminologie ad hoc (maladie, névroses, traumatisme, souffrance, douleur, symptômes, déviance) poser l’inceste comme une pathologie détourne l’attention sur les dégâts psychologiques que provoquent les abus sexuels incestueux. Il n’y a plus lieu de s’intéresser ou de nommer comme telle l’agression, ni de décrypter ses mécanismes, au centre desquels figure la question de genre, selon Louise Armstrong, puisque d’un côté, il y a la souffrance des femmes et des enfants, qu’il faut guérir et traiter (quand la guérison n’est pas assimilée à la possibilité de pardon accordé à l’agresseur), et de l’autre côté, il y a des déviants, qu’il faut aussi traiter. Or, comme en l’évoquaient déjà les groupes de femmes il y a trente ans (notamment dans le premier recueil de témoignages regroupé par Louise Armstrong : kiss daddy
      good night
      ), la plupart des agresseurs incestueux, garçons ou hommes adultes, ne sont pas déviants ; il y a parmi eux des pédophiles cinglés, mais la grande majorité n’agresse que leurs enfants, ou cousine, sœur, nièce, belle-fille, petite-fille, etc. et en dehors de cela, ils sont très bien
      insérés dans la société, comme on va s’en rendre compte dans les pages qui suivent.

    • Dans le monde de l’incesteur, vous avez en permanence un goût de bizarre collé au cerveau, au point que vous finissez par vous demander si vous êtes cinglé(e) ou si ce que vous venez d’entendre ou de dire est normal.

    • La loi définit le viol à partir du non-consentement d’au moins un des partenaires à la relation sexuelle. L’incesteur définit le viol à partir de l’état d’esprit qui prédispose à son passage à l’acte. Il cherche du plaisir sexuel, et en homme autonome, va le chercher là où il peut le trouver, là où c’est facile, pas cher, et sans nécessité d’opérations de séductions dont le résultat n’est en outre jamais assuré. L’incesteur se sert ; il n’est pas forcément un violeur et n’a pas l’intention de vio-ler, au sens de violenter, d’exercer une violence.

    • L’incesté, en retour, crie rarement (voire jamais), ne se plaint pas (en tous cas pas explicitement), ne s’oppose par à la relation sexuelle. L’incesté est obéissant, comme la plupart des enfants, il est assez rapidement habitué à la relation sexuelle et les éventuelles marques d’opposition ou de refus disparaissent avec la répétition des rapports. Belote : rien ne manifeste l’absence de consentement des incestés à l’inceste. Rebelote : en conséquence de quoi l’incesteur ne sait pas qu’il viole.

    • L’affaire DSK, à l’été 2011, a fait couler beaucoup d’encre dans le sens de l’importance des nuances dans la définition profane du viol. De tous les pense-bêtes qu’on a pu lire, il faut retenir que dans l’ordre social dominant, qui est le monde de l’incesteur et de nous tous, une femme (ou une enfant) qui hurle son refus n’est pas forcément une femme qui refuse le rapport sexuel. Pour qu’il y ait viol, il faut que l’homme qui souhaite le rapport sexuel ait un profil de violeur, comme on l’a appris de la bouche de spécialiste pendant l’été DSK. Je refuse de faire écho et de citer les auteurs de cette affirmation qui serait simplement ridicule si elle n’était pas dramatiquement performative. L’idée fait long feu et le fait que leur incesteur n’ait pas un profil de violeur retient les incestés parfois pendant des décennies de penser qu’ils/elles ont été incestés. Pour qu’il y ait viol, il faut en sus que le rapport ait été extorqué avec intention de nuire, ou quelque chose d’approchant une connotation agressive. Le consentement du partenaire n’entre pas en ligne de compte dans la définition commune du viol. L’appétit vient en mangeant, comme dit le proverbe, et dans une langue ad hoc le désir, peut s’obtenir en cours de « repas ». Tout le monde le sait, se passer du consentement de son/sa partenaire pour démarrer un rapport sexuel est tout à fait banal. Sur le continuum du consentement qui va de « oui, j’ai très envie tout de suite, jette toi sur moi », au « viol », les options séparant les deux pôles sont nombreuses. Sans parler de l’excitation sexuelle fatalement induite par la stimulation, pour les garçons comme pour les filles, même quand l’intérieur de la tête est en révolte ou en stand by. Sans mentionner non plus une autre des caractéristiques de la définition courante du viol, qui suppose un événement unique, et non des années de relation affective. Au bout du compte, difficile pour quiconque de savoir exactement à quel endroit du continuum on se situe et les incesteurs ont des raisons logiques, donc légitimes, de considérer qu’ils ne sont pas des violeurs.

    • Le point de vue de la fillette est totalement absent du discours candide du père qui explique que dans la mesure où il imaginait sa fille opérationnelle sur le marché de la sexualité, ce qu’il insinue par « je n’ai pas senti de résistance », il ne lui portait pas préjudice en ayant avec elle des relations sexuelles.

    • Si un rapport sexuel avec une fille de quinze ans paraît à l’incesteur et au légistaleur moins de la pédophilie, moins de l’inceste, moins de l’abus de mineur, et donc moins condamnable, c’est d’un point de vue mascu-liniste, c’est-à-dire libéral s’agissant de l’appropriation du corps des femmes. Du point de vue de la fille, et surtout du point de vue de la fille violée, il n’est pas plus acceptable d’être violéeà 16 ans qu’à 13.

  • Il m’aimait - #Christophe_Tison - Babelio
    https://www.babelio.com/livres/Tison-Il-maimait/20107

    « Je ne pouvais pas parler, je n’y avais même jamais pensé tellement tout cela était de me faute, tellement j’étais compromis et depuis si longtemps. Et puis, au fond, je l’aimais bien, Didier. Depuis plusieurs années, je m’étais habitué à lui. A sa présence, à ses cadeaux et à son amour des enfants. »

    bon petit bouquin, qui se lit en une soirée. #pédophilie #pédocriminalité #garçon #enfant

  • Inceste à hurler du silence
    Replay france 3 Aquitaine | France tv
    https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/la-france-en-vrai-aquitaine/2369429-emission-du-lundi-22-mars-2021.html

    Inceste à hurler du silence

    diffusé le lun. 22.03.21 à 23h30

    disponible jusqu’au 22.04.21
    art de vivre
    52 min
    tous publics
    plus que 2j

    De quelle guérison parler lorsque le corps a été violenté, l’identité humiliée, l’interdit transgressé, la loi a été bafouée ? Depuis 20 ans, la Maison d’Accueil Jean Bru à Agen aide les victimes à restaurer l’estime de soi, l’identité individuelle, la place dans la généalogie. Le but des équipes de la maison d’accueil est de les libérer de l’aliénation psychologique et de la honte, un travail sur le moyen et le long-terme. En oeuvrant à la réconciliation des victimes avec elles-mêmes, cela contribue à les aider à recréer une vie ordinaire avec une histoire singulière. La réalisatrice Hélène Trigueros a recueilli, au cours de ce film inédit, des témoignages de victimes prêtes à s’exprimer sur leur traumatisme ainsi que des personnels soignants.

    (@tintin - jusqu’à ce jeudi soir sur le site - j’avais vu mais merci pour le cc sur l’autre seen)

    #inceste #pédocriminalité

  • Tuer l’indien dans le coeur de l’enfant - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/093799-000-A/tuer-l-indien-dans-le-coeur-de-l-enfant
    https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/093799-000-A/1920x1080?ts=1618391296&watermark=true&text=true

    Adopté au #Canada en 1876, l’#Indian_Act avait pour but de faire des #Amérindiens des citoyens de seconde zone séparés de la population blanche, et de sédentariser un #peuple_nomade pour mieux contrôler ses territoires et ses ressources. Un #génocide_culturel, des générations d’enfants violentés : une enquête implacable sur l’origine des traumatismes qui hantent les communautés autochtones du Canada.

  • (@tintin - Urgent. Qui peut enregistrer ce docu et le mettre à dispo ? Il n’est visible que jusqu’à ce soir minuit. Merci !) //edit 26/03 : Merci pour vos retours ! y’a d’autres docus sur France3 qui sont supers//

    Le sous-sol de nos démons
    La France en Vrai - Midi-Pyrénées -
    en streaming - Replay france 3 Midi-Pyrénées | France tv
    https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/l-heure-d/2289237-la-france-en-vrai.html

    aussi là sans inscription :
    https://www.francetelevisions.fr/le-club/evenements-exclusifs/avant-premiere-le-sous-sol-de-nos-demons-5075

    disponible jusqu’au 26.03.21
    société
    52 min
    2019
    tous publics

    réalisé par Baptiste de Cazenove, Olivier Laban-Mattei
    (non ! Fanny Fontan et écrit avec Feriel Alouti)
    plus que 5h

    A l’hôpital Lapeyronie de Montpellier, tous les jours Magali écoute les récits de pédophiles et pédocriminels, au sein du CRIAVS (Centre de ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles). Tous les jours, Mathieu tente de convaincre, en dehors du centre, de l’importance de mettre en place un numéro unique pour pédophiles et éviter les passages à l’acte. Les consultations et les groupes de paroles que Magali anime se trouvent à l’intérieur de l’hôpital. Dans un huis-clos caché aux yeux de tous, des hommes malades et pour la plupart condamnés pour des crimes sexuels, atterrissent ici. Au sous-sol de l’hôpital, au bout de longs couloirs, dans des pièces fermées, parfois obscures, ils ont l’obligation d’être suivis.

    #CRIAVS #pédocriminalité

  • Lire une littérature pédophile : le cas des études littéraires sur Gabriel Matzneff
    https://malaises.hypotheses.org/1238

    Automne 2010, j’assiste avec petite vingtaine de lycéen·nes à un festival organisé autour de deux prix littéraires dans une ville de province. L’invitation étant liée à la participation à un concours scolaire et non à notre initiative personnelle, nous découvrons tou·te·s avec probablement un certain émerveillement un monde de lectures de poésie, de débats littéraires et d’échanges avec des écrivain·es en chair et en os. Le dernier jour, la clôture de notre séjour sous la forme d’un échange avec le président de l’association qui finance l’initiative donne lieu à un épisode inattendu. À une participante qui demande s’il est possible de garder contact avec certain·es des écrivain·es présent·es et de correspondre, cet homme fait une réponse positive et factuelle avant de marquer un temps d’arrêt. Il raconte alors que quelques années auparavant, un écrivain avec qui une lycéenne – invitée dans les mêmes conditions que nous – avait correspondu, a entretenu avec celle-ci une relation qui a eu d’importantes répercussions psychiatriques, pour elle et pour la compagne de l’auteur. Celui-ci, conclut le président de l’association, est désormais exclu du jury. Ce récit, qui tranche avec l’atmosphère générale du festival où trônent naturellement les écrivain·es, ne figure pas dans le compte-rendu que je fais de ce séjour pour mon lycée mais est pourtant présent dans ma mémoire avec une grande netteté. La littérature, c’est aussi ça.

    2019, à la veille de Noël, la presse annonce la publication du livre Le Consentement de Vanessa Springora. Une des multiples figures féminines qui parcourent l’œuvre de Gabriel Matzneff prend la parole dont elle était privée et remet le monde à l’endroit. Le livre est notamment introduit par un long article du Monde qui rappelle la complaisance dont a bénéficié Gabriel Matzneff, d’abord dans un contexte intellectuel post-libération sexuelle où le discours pro-pédophile avait acquis une légitimité importante, puis plus discrètement mais toujours activement dans un milieu littéraire qui lui attribue des prix (le prix Renaudot en 2013), des tribunes (dans Le Point) et l’invite dans différents espaces publics et médiatiques au nom des qualités littéraires et de la force de transgression qu’il lui reconnaît1. À la suite de cet article, c’est surtout un extrait de l’émission Apostrophes en 1990 qui fait le tour des réseaux sociaux, ainsi que diverses citations des œuvres de l’auteur, parmi les plus crus ou explicites (généralement sans avertissement ni analyse), déclenchant une série de réactions diverses – reléguant parfois au second plan la prise de parole de Vanessa Springora et la nécessaire prise de conscience de la prévalence de la pédocriminalité dans la société au profit dans certains cas d’un certain populisme opposant le bon sens commun à une « intelligentsia » pro-pédophile, d’un conservatisme profitant de l’occasion pour déplorer la libération sexuelle2 ou d’une critique de la médiocrité d’une littérature narcissique et autocentrée3.

    Je voudrais pourtant à mon tour ajouter de l’eau au moulin du cas Matzneff – l’actualité de la prise de parole ou plutôt d’écriture de Vanessa Springora sera l’occasion de formaliser des questions qu’ont soulevées pour moi plusieurs lectures ces deux dernières années – afin d’aborder plus précisément le positionnement des études littéraires universitaires vis-à-vis des textes pédophiles. Mon propos portera sur des productions scientifiques des quinze dernières années, bien éloignées de l’acmé du militantisme pédophile en France dans les années 19704. De façon exceptionnelle, les productions scientifiques citées, référencées et critiquées dans ce billet seront partiellement anonymisées par un système d’initiales, en restant aisément identifiables pour qui voudra en consulter intégralement le contenu. Ce choix, qui ne correspond pas aux pratiques habituelles du débat universitaire où l’auctorialité est centrale, m’a semblé plus favorable à une discussion collective au sein des études littéraires compte-tenu du contexte médiatique et discursif actuel entourant Gabriel Matzneff ; ce contexte fait en effet courir le risque de produire aux yeux des lecteurs et des lectrices de ce billet une liste d’individus pointés du doigt plutôt qu’un engagement dans une réflexion critique sur des discours et des méthodes.

    Mon diagnostic à partir du cas Gabriel Matzneff sera le suivant : les études littéraires en France ont échoué à se saisir sérieusement de la question des violences sexuelles envers les mineur·es au profit d’approches qui prennent trop peu de distance critique avec la rhétorique pro-pédophile.

    #matzneff #pédocriminalité #déni #littérature

  • Dans la tête d’un pédophile
    https://www.franceculture.fr/emissions/esprit-de-justice/dans-la-tete-dun-pedophile

    Comment comprendre les phénomènes de pédophilie ? « Esprit de justice » s’interroge ce soir autour de la question de la pédocriminalité et des mécanismes psychiques en jeu, avec la psychiatre Florence Thibaut et Yolande du Fayet de la Tour, psychothérapeute.

    #pédophilie #pédocriminalité #psychiatrie pas encore écouté...

  • Lettre de Barbara Glissant, Karine Mousseau et Valérie Fallourd à propos des agressions subies de la part de Marc Pulvar.

    « Nous parlons pour libérer la parole des autres victimes d’inceste en Martinique »
    https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/nous-parlons-pour-liberer-la-parole-des-autres-victimes-d-incest
    > Intéressante intervention qui évoque aussi la question des inégalités sociales en matière de justice.

    Inceste en Martinique : « on vit avec nos agresseurs » dénonce Fabienne Sainte-Rose, victime d’abus sexuels
    https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/inceste-en-martinique-on-vit-avec-nos-agresseurs-denonce-fabienn

    Pour mémoire, pour celleux qui n’ont jamais entendu parler de Marc Pulvar.
    Marc Pulvar était un « leader charismatique »
    https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/marc-pulvar-etait-leader-charismatique-556123.html

    Et toujours la question de l’allongement de la #prescription (qui (me) pose plein de questions contradictoires). (Les auteures de la lettre ont d’abord dénoncé ces crimes au sein de leur famille, puis ont porté plainte - mais la plainte n’a pu aboutir pour cause de prescription)

    #pedocriminalité #martinique #memoire #trauma #inceste

    • Leur lettre.

      Marc Pulvar (1936-2008), héros martiniquais, pédocriminel et violeurA l’âge de 7 et 10 ans, nos routes ont croisé celle d’un homme. Il était professeur de mathématiques. On l’encense aujourd’hui encore en Martinique, parce qu’il a été un militant, syndicaliste, défenseur des opprimés. Peut-être que cela n’est pas incompatible avec le fait d’être pédocriminel après tout. La perversité n’empêche sans doute pas de réfléchir. Mais quarante ans plus tard, nous nous demandons encore comment il a pu être professeur. Car vouloir aider un individu à devenir le sujet qu’il choisira d’être, tenter de le comprendre patiemment, en déchiffrant ses humeurs, en acceptant ses écarts, en s’agaçant de sa lenteur, de sa rapidité, en s’émerveillant de ses fulgurances, en riant de ses plaisanteries, en fulminant parce qu’il n’est jamais reconnaissant, ne dit pas merci en partant, et parfois même pas bonjour en arrivant, oui c’est cela être professeur, c’est apprendre de l’autre, humblement, et lui tendre la main, même quand on n’en a pas envie.Deux d’entre nous sommes devenues professeures à notre tour, l’une de sciences économiques et sociales et l’autre de philosophie. Quand Marc Pulvar a abusé de nous, nous étions trop petites pour penser à tout cela. C’était l’oncle de la famille, le favori, adulé déjà, par tous. Une confiance totale, qui dure encore aujourd’hui de manière posthume, et que nous avons décidé de briser, une fois pour toutes. Cela suffit. En finir avec cette héroïsation du personnage, ne plus jamais lui rendre un quelconque hommage à l’avenir et désormais penser à lui comme il le mérite : Marc Pulvar, alias Loulou pour les intimes, était un prédateur sexuel. Les vacances d’été du tout début des années 1980 ont été pour nous le théâtre de ses exactions, particulièrement le camping sauvage sur l’une des plus belles plages de la Martinique, où il avait la gentillesse de nous emmener, avec la reconnaissance attendrie de nos proches. Dès le départ, une première ruse : nous installer derrière le siège conducteur pour pouvoir de la main gauche commencer ses caresses pendant qu’il conduisait, pas de temps à perdre, en cachette de la personne assise à la place du mort. Reconnaissons qu’au moins nous échappions, pour un temps, à cette place.Il faut vous décrire les faits, et en rester là. C’est très difficile. Essentiellement parce que nos enfants vont nous lire. Impossible de les faire souffrir, eux qui nous ont sauvés et à qui on dédie ce texte. Nos enfants vont lire jusqu’au bout, avec émotion mais en confiance, car ils ont eu de bons professeurs, en classe et ailleurs, ils savent donc que le silence tue.Oui, en finir avec le silence, il faut donc parler, mais attention nous dit-on, il faut rester factuel, pour qu’on nous croie d’abord. C’est la première étape, la plus salvatrice. Etre crues. En la matière, les faits sont donc importants, ceux-là même que l’on ressasse une vie entière, au détour de rien, à la moindre occasion, à chaque seconde en fait, les faits qui se rappellent à nous, dans la solitude, la honte, la culpabilité qui étouffent. Mais comment vous parler d’eux sans vous parler du reste ?Le reste c’est la vie, celle que nous avons construite malgré tout, celle qui a surgi malgré les dépressions, tentatives de suicide, amnésies post-traumatiques. Cette force que l’on sent toutes les trois en nous aujourd’hui, que l’on a mis quarante ans à consolider, grâce à l’amour de quelques-uns, c’est aussi de cela dont nous voudrions parler. Nous aurions pu ne jamais parvenir à le faire. Longtemps il s’est agi surtout pour nous les victimes de survivre. Alors parler n’était pas l’urgence ... Il faut se construire d’abord. On avance, et la confiance en l’autre s’installe. Nos rencontres nous ont sauvées. Parler a été possible peu à peu, grâce à ceux, si précieux, capables d’entendre. Finalement nous nous sommes retrouvées aussi toutes trois. Nous voulons vous dire, nos chers enfants, nos chers êtres aimés, vous êtes nos héros, car avec vous, la vie a pu commencer.Parler, Marc Pulvar le faisait très bien lui. Un grand orateur syndicaliste, un militant exemplaire qui défendait sans relâche la cause des colonisés exploités, aux Prud’hommes où il brillait, dans ses réunions politiques, devenues des modèles pour certains politiciens martiniquais d’aujourd’hui, une « figure » dans l’histoire de ce pays, notre pays. Marc Pulvar, le héros, savait parler. Mais quand Marc Pulvar parlait aux petites-filles, il s’y prenait autrement. Et cette histoire là il faut la connaitre. Il leur parlait doucement oui, comme si de rien n’était, pendant qu’il mettait ses mains dans leur culotte, les masturbait. Il parlait si doucement que tout semblait normal. Il transpirait quand même beaucoup, émotion, peur d’être découvert, nous ne nous le demandions pas à l’époque, mais trouvions juste très désagréable cette odeur de bête. Il avait l’art de nous isoler, de nous faire penser que nous étions l’élue. Combien de bains de mer seules avec lui, il aimait nous
      porter et nous caresser sous l’eau, à quelques mètres d’adultes aveuglés. La nuit, quand nous voulions faire pipi, il nous accompagnait gentiment hors de la tente, et fixait le faisceau de lumière de sa lampe torche directement sur notre sexe. On trouvait cela étrange, moins efficace pour éloigner les crabes. Il n’hésitait jamais, toute occasion était bonne à prendre, et même les rencontres aux domiciles de nos parents ou de notre grand-mère. Souvent, il réunissait tous les cousins, dans la maison prêtée par la famille qui l’aimait tant, et là, il retrouvait son rôle de professeur : apprenons les bases élémentaires du secourisme, disait-il. Il choisissait l’une ou l’autre, souvent l’une en fait, et c’était parti pour la leçon de bouche à bouche.

      - Barbara Glissant, Karine Mousseau et Valérie Fallourd

    • j’avoue que l’imprescriptibilité ça fait aussi le yoyo chez moi. Là par exemple je me dit que la plupart des personnes qui arrivent à parler sont des gens pour qui c’est prescrit. Et que les enquêtes bloquent là-dessus, alors que parfois, par exemple pour lévêque, les types sont encore vivant et dangereux, avec des gosses autour d’eux. Donc ça pourrait débloquer ça. j’imagine que c’est l’argument principal. Si ça pouvait s’appliquer de manière rétroactive... cad à partir de maintenant et pour tout le monde (aucune idée des problèmes que ça peut poser).

      Mais reste quand même le fait (il me semble encore) que ça ne bloque pas à cause de mauvaise lois, en vrai, mais parce que y a pas de thunes pour gérer tous les dossiers. Et rajouter une loi ne changera rien à ça.

      Sur cui-cui, ça fait le parallèle avec la loi sur la pénalisation des clients de la prostitution, portée par, il me semble encore, les mêmes assos que celles qui portent l’imprescriptibilité et le truc du seuil d’âge, manipulé sans vergogne par EDM soit dit en passant, qui s’achète à coup de com’ et de surenchère je ne sais pas quoi, mais qu’on ne va pas tout de même pas remercier une seconde...

      Merde ça y est je me suis perdu.

      Enfin, quand même, ça sent l’enfumage tout ces trucs, me semble encore ;)

    • C’est normal de se perdre dans cette question, l’argument de l’allongement c’est les découvertes sur le fonctionnement de la mémoire traumatique... Je me demande si ça peut suffire, of course, pour allonger ad vitam la prescription, qui me semble par ailleurs une notion de droit importante. Après, les moyens de la justice c’est encore autre chose. L’omerta généralisée, pour moi c’est le soucis. Le pouvoir adulte aussi, et ça se règle pas au tribunal, ça. Les procès, c’est pour protéger les autres, comme elles l’expliquent aussi, pas forcément pour obtenir justice pour quelque chose d’irreparable. La prison, c’est une parenthèse, ces gens ressortent ensuite, ça aussi ça me rend dingue, la question de la peine. Tu purges ta peine, et puis normalement, c’est fini. Mais avec zéro soin, des groupes de paroles de perpretateurs qui ne fonctionnent pas car ils ne reconnaissent pas le problème, on fait quoi ? Perpète pour tous ? Et qu’est-ce qu’on fait des inégalités face à la justice qui font que pour les mêmes faits, la classe sociale d’origine des criminels, leurs moyens pour payer leur défense va influer (la durée de) la condamnation. Y’a pas de solution évidente avec un système judiciaire exhangue, ça donne mal au crâne de ne penser qu’en terme policier... même si à ce stade, c’est un peu tout ce qui est disponible avec les soins aux victimes.

    • l’argument de l’allongement c’est les découvertes sur le fonctionnement de la mémoire traumatique...

      tiens une note sur la construction de l’identité de victime, par un autre prisme que celle de la mémoire traumatique (je m’y reconnais plus perso, j’ai pas eut d’amnésie, enfin je crois pas) :
      https://seenthis.net/messages/895440#message902129

      dans les deux cas, ça prend trois plombes en tout cas...

      Et oui, ceux qui parlent abritent leurs soeurs et leurs frères.

    • « Non, il ne m’est pas venu à l’idée de dénoncer mon père. Ce n’était pas à moi de le faire, et je ne savais pas que je savais. Ces choses-là ne se font pas en 24 heures, c’est un peu plus complexe que ça, surtout pour les victimes. Je suis là pour dire à tous ceux qui pensent que l’action de mes cousines serait une manœuvre politique, soit pour m’atteindre moi soit pour abîmer la mémoire de mon père, qu’ils ont tort. »

  • Une vraiment sale histoire

    Après le dîner, je rejoignais aider B qui rangeait la vaisselle dans la cuisine. C’était un soir parmi tant d’autres où j’avais rejoint la petite famille pour passer la soirée. Quelque chose, quelque part me disait que quelque chose ne tournait pas rond.
    – Tu sais, je crois qu’il y a un truc avec ton père.
    B me regarde, me sourit et finalement me dis : ah bon ? Je te dirais un jour.
    Bien plus tard, B est venue me voir chez moi. Et m’a tout déballé. Je ne m’attendais pas à ça, et je n’y étais pas préparée.

    Elle était la seconde d’une famille de quatre filles que j’avais toutes rencontré à un moment où à un autre. Père prof de math, mère conseillère au planning familial, je les avais aussi rencontré dans leur maison située à la campagne, à proximité du Mans.

    Les deux grandes ont été violées par le père à partir de 7 sept ans, et ce pendant plusieurs années. La mère savait. L’ainée, une fois grande et sortie des sales pattes de ce pédocriminel, s’est faite aidée en suivant une thérapie et je crois me souvenir que cela lui avait plutôt bien réussi mais je ne l’ai pas connu assez intimiment pour l’assurer.
    Ce n’est pas le chemin choisi par B.

    Devenue jeune femme, B avait un compagnon –celui-là même avec qui nous avions passé la soirée– mais continuait de voir son père qu’elle rejoignait dans la garçonnière qu’il avait pris en ville à cet effet. Elle était totalement sous son emprise.

    Son compagnon a su, a laissé faire jusqu’au jour où il a demandé à B de rompre avec son père. Ce qu’elle fit et dorénavant les 4 filles avaient couper les ponts avec les parents.

    Plus tard, un petit garçon est né, B et son compagnon ont renoué avec les parents pour que l’enfant ait des grands-parents maternels. C’est à la naissance du petit garçon que je suis devenue amie du couple ; il devait avoir au moins 6 ans quand B est venue me raconter.

    C’était un couple tumultueux. B était une femme digne qui transpirait la souffrance. Elle pouvait se montrer violente. Lui aussi souffrait d’un mal intérieur qui le rongeait (notamment une histoire de petit zizi, trop petit pour sa mère qui l’avait emmené chez le médecin pour savoir si c’était « normal » et qui l’avait traumatisé). Il était un peu lâche et manipulateur. Le temps passant les scènes entre eux étaient de plus en plus fréquentes et de plus bruyantes.

    Dix ans après la naissance du garçon, le couple a eu une fille. Que les grands-parents maternels gardaient parfois. Quand elle a eu l’âge de 5 ans, lui n’a plus tenu, il a interdit la garde de sa fille par les grands-parents. La situation déjà explosive a explosé pour de bon, le couple s’est séparé à cette époque. Moi, j’avais déjà pris depuis quelques années beaucoup de distance parce que je ne pouvais plus porter tout ça, je devais me protéger.

    A la suite de ses révélation, j’avais juste envie de hurler et de porter plainte mais B a refusé et j’ai décidé de respecter son choix. J’ai juste dit que je ne voulais plus jamais avoir à faire avec ses parents.
    J’ai revu B il y a deux ans à un spectacle.

    J’avais appris qu’elle avait fait un avc et en avait gardé des séquelles. Elle était abîmée et la voir comme ça m’a fait mal.

    #inceste #viol #pédocriminalité #metooinceste

    • J’ai une amie de 50 ans passés qui a une sœur jumelle que je n’ai jamais rencontré mais qui ne va pas bien du tout. Cela fait plus de 20 ans que je connais K et sans savoir la source de ses problèmes physiques et financiers je lui avais conseillé de se déclarer handicapée car elle a aussi énormément de soucis de santé. Il y a trois ans en pleurant elle m’a raconté ce qu’elles ont subit enfants. L’année dernière elle m’a annoncé qu’elle avait réussi à entamer une procédure contre son père pour viols répétés durant leur enfance. Bravo à elles deux.
      #survivantes

  • Claude Lévêque accusé de viols, ses oeuvres deviennent radioactives
    https://www.elle.fr/Loisirs/News/Claude-Leveque-accuse-de-viols-ses-oeuvres-deviennent-radioactives-3897891

    Après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans à l’encontre du célèbre plasticien, le monde de l’art, embarrassé, s’interroge. Que faire de ses œuvres, devenues radioactives ?
    Par
    Soline Delos
    ,
    Clémentine Goldszal

    « Tout le monde savait » et « On n’a pas voulu voir », disent les témoins. « Emprise », « intimidation », « culpabilité », racontent les victimes. « Nous nous aimions », « il/elle était consentant(e) », se défendent les accusés. D’une affaire à l’autre, de Michael Jackson à Gabriel Matzneff, d’Olivier Duhamel à Claude Lévêque, le schéma se répète, quand une ou plusieurs victimes de personnalités publiques pédophiles se mettent, le plus souvent des années plus tard, à parler. Une question s’impose alors très vite lorsqu’il s’agit d’artistes : que faire des œuvres ? Puis-je continuer à me déhancher sur « Billie Jean ». Dois-je dépunaiser mon poster de « Rosemary’s Baby », faire don de mon « Séraphin, c’est la fin ! », corné et annoté ?

    L’affaire Claude Lévêque, artiste contemporain dont « Le Monde » a révélé, le 10 janvier, qu’il était l’objet d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans », pose une fois encore la question, et de manière particulièrement prégnante. Des salles d’exposition des grandes institutions artistiques aux murs des collectionneurs, d’un bureau de l’Élysée au beffroi de Montrouge, l’œuvre de cet artiste de 67 ans, qui en 2009 représentait la France à la Biennale de Venise, s’affiche un peu partout, diffractant la gêne et mettant dans l’embarras l’ensemble du monde de l’art. D’autant plus que l’obsession pour l’enfance qui traverse son œuvre, notamment ses néons à la graphie d’enfant – « regarde les rire », « ne prends pas froid », « jouez ! » –, est aujourd’hui inévitablement revue à l’aune des accusations qui l’accablent. Avec un frisson d’effroi. À l’Élysée, où le tapis « Soleil noir », réalisé par Lévêque pour le Mobilier national, habille le bureau d’angle du chef de l’État, on se refuse à évoquer l’affaire. « Pas de commentaire dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte », nous indique l’entourage du président. Idem à l’Opéra de Paris, qui déclare se tenir informé des développements de l’affaire. Le film « Le Lac perdu » tourné par l’artiste en 2017 pour la 3e Scène, la plateforme digitale de la prestigieuse institution, est toujours accessible sur le site, « sans faire l’objet d’une mise en avant », trouve-t-on étonnamment judicieux de préciser du côté du département communication. La mairie de Montrouge a dû, elle aussi, prendre position : depuis novembre, un immense néon « Illumination » (un hommage à Arthur Rimbaud) surplombe le beffroi de la ville. Il a été décidé lors d’une cellule de crise que « l’œuvre ne serait ni enlevée, ni éteinte. Nous sommes respectueux de la présomption d’innocence et restons attentifs aux décisions de justice qui seront prises ». Une décision qu’on imagine pouvoir être revue si les administrés venaient à se manifester.

    « Mais qui connaît Claude Lévêque à Montrouge ? » glisse-t-on dans le second cercle. Miser sur l’ignorance des électeurs semble pour le moins un pari risqué. La position d’Alexia Fabre, directrice du Mac Val, le musée d’art contemporain de Vitry-sur-Seine, diffère. Elle qui a orchestré une exposition de l’artiste en 2006 et possède deux œuvres dans les réserves du musée déclare : « Je suis pour une mise sous silence du travail, le temps qu’il y ait des certitudes, liées à un juge- ment, indispensable. » Avant d’ajouter : « On ne détruit pas les œuvres. Elles sont acquises par les musées publics avec un statut d’inviolabilité et d’imprescriptibilité propre à la France. Cela permet aussi au temps de faire son œuvre avec les relectures éventuelles. » Sera-t-il possible de les montrer à nouveau ? « Il est trop tôt pour le dire et, si tel était le cas, il faudrait se poser toutes les bonnes questions, raconter, accompagner, expliciter. Mais c’est difficile car le sujet de l’enfance traverse son œuvre, et le regard est forcément abîmé. »

    Du côté des particuliers, le dilemme relève souvent de l’intime, et l’affaire bouleverse la relation, forcément sentimentale, entre le collectionneur et l’œuvre avec laquelle il cohabite. Il en est ainsi de la collectionneuse Sandra Hegedüs. « J’ai acheté le néon “je t’aime tant” parce qu’il faisait écho à mon histoire sentimentale, explique cette Brésilienne philanthrope, vice-présidente depuis 2020 des Amis du Palais de Tokyo. Je ne me sens pas de le décrocher. » Déstabilisée, elle ajoute pourtant à propos d’une autre de ses œuvres : « “Rêvez !”, Qu’est-ce que ça veut dire, “rêvez !” dans un contexte aussi glauque ? Je déteste plus que tout hurler avec les loups et j’essaie encore de séparer l’œuvre de l’artiste, mais je ne sais pas combien de temps je vais y arriver. » Et de conclure, pragmatique : « Je ne suis pas une collectionneuse qui revend ses œuvres, mais je pense à ceux qui auraient besoin de le faire. C’est devenu impossible. »

    Dans les maisons de ventes aux enchères, les langues se délient peu, peut-être aussi parce que les œuvres de Lévêque y sont très rarement proposées. Mais Anne-Hélène Decaux, ex-directrice du département art contemporain chez Sotheby’s, et aujourd’hui à la galerie Gagosian, confirme : « J’imagine que de nombreux collectionneurs vont avoir envie de décrocher leurs œuvres, mais aujourd’hui elles sont invendables. Qui voudra acheter un Lévêque ? D’une certaine manière, la cote s’effondre puisque les transactions s’arrêtent, mais on ne peut pas en prendre acte comme avec l’action d’une entreprise qui baisse. » D’autant qu’un maillon essentiel de la chaîne de valeur d’un artiste manque depuis que le galeriste Kamel Mennour a fait savoir, dans un très bref communiqué le 12 janvier, que l’artiste suspendait sa collaboration avec la galerie. Et Marine Van Schoonbeek, enseignante à Sciences-Po sur « le marché de l’art international », d’expliquer que « la cote d’un artiste repose sur une légitimation des institutions, une représentation dans les galeries et des publications. Qui va aller maintenant défendre une rétrospective de cet artiste ? Ce système est brisé par cette affaire ». Dans les institutions, une expression revient souvent : la nécessité d’un « débat collectif », pour que cette déflagration soit l’occasion de produire de la pensée, d’avancer, et d’assainir, peut-être, les vieilles habitudes. Car si la justice planche encore sur le cas Lévêque, les enquêtes de presse qui se sont succédé depuis celle du « Monde » s’accordent sur un point : dans le monde de l’art, beau- coup savaient ou avaient eu vent de rumeurs. Voilà qui explique aussi peut-être l’atmosphère de « sauve-qui-peut » qui préside aux prises de positions frileuses des uns et des autres. Déroutée, une directrice de musée se lamente : « Cette question mériterait d’être réfléchie à un autre niveau. On se sent un peu seuls. J’aimerais que le ministère de la Culture nous aide. » Le 26 novembre 2020, ce dernier avait envoyé un communiqué où, sans nommer personne, il disait « avoir pris la décision, à la suite du courrier d’un sculpteur et enseignant en art invoquant des faits très graves s’ils étaient avérés et impliquant un autre artiste, de faire un signalement au procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale ». Mais huit jours après la révélation de l’affaire, à l’heure où nous bouclons, il ne s’est depuis toujours pas exprimé publiquement.

    #pedocriminalité #violences_sexuelles #art #talent #valeur

    • Un avant et un après

      Philippe Régnier
      17 janvier 2021 19:03 GMT
      Claude Lévêque, "Les dessous chics", 2018. Commande du Département des Hauts de Seine dans le cadre de la Vallée de la culture, Pont d’Issy Issy-Les-Moulineaux. Photo : Claude Lévêque / CG92-Olivier Ravoire. © ADAGP Claude Lévêque. Courtoisie de l’artiste ; du Département des Hauts-de-Seine et de kamel mennour, Paris/London

      Les récents témoignages dénonçant des atteintes sexuelles sur mineurs et accusant l’écrivain Gabriel Matzneff et le politologue Olivier Duhamel ont provoqué une déflagration dans la société française dans la suite du mouvement #MeToo. De longues enquêtes parues la semaine passée dans Le Monde et Mediapart ont mis cette fois en cause Claude Lévêque. Si l’artiste bénéficie de la présomption d’innocence, et si c’est désormais à la justice de se prononcer, l’une des nombreuses questions que pose cette affaire est celle de l’exposition dorénavant de son œuvre, eu égard à ses victimes présumées qui méritent toute notre compassion. D’autant plus que certaines de ses créations peuvent être vues sous un nouveau jour – particulièrement glaçant – dans la perspective des accusations graves dont l’artiste fait l’objet. Les plus grandes collections françaises, du Centre national des arts plastiques au musée d’art moderne de Paris ou au Centre Pompidou, du musée d’arts de Nantes au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, mais aussi de nombreux FRAC conservent des pièces du plasticien. La base Videomuseum recense 54 œuvres de Claude Lévêque dans 19 institutions. Certaines de ses créations ont aussi été installées dans l’espace publique, à l’exemple des Dessous chics, longs néons sur le Pont d’Issy, à Issy-les-Moulineaux, créé en 2018 à la demande du Département des Hauts-de-Seine dans le cadre de la vallée de la culture. Lionel Bovier, directeur du Mamco, à Genève, a réagi très vite : « le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur ». La galerie kamel mennour, qui expose l’artiste à Paris depuis 2008, a diffusé ce communiqué : « Claude Lévêque a décidé de suspendre sa collaboration avec la galerie kamel mennour, qui en prend acte ». Son nom a immédiatement disparu du site Internet de l’enseigne.

      Les librairies et bibliothèques n’ont jamais cessé de mettre les livres d’André Gide à la disposition du public, mais l’époque a changé. Aujourd’hui, il n’est plus possible de séparer l’homme de son œuvre.

      https://www.artnewspaper.fr/comment/un-avant-et-un-apres

    • Je croi pas qu’on ai jamais pu séparé l’artiste de son oeuvre, tout comme on ne peu séparé l’oeuvre d’une époque. Par contre l’unanimité et la précipitation pour décroché les oeuvres de cet artiste me semble correspondre à ce « tout le monde savais » qui fait que tout ce monde se sent un peu complice. Je note que Levèque était un grand lecteur de #madzneff et que si tout le monde savait, comment tout le monde pouvait interprété les oeuvres de cet artiste qui étaient en relation avec le sujet de l’enfance.

    • Violences sexuelles : Claude Lévêque, plasticien, visé par une enquête pour viols sur mineurs
      https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2949819-20210111-violences-sexuelles-claude-leveque-plasticien-vise-enquet
      PEDOCRIMINALITE Un sculpteur raconte avoir été violé dès l’âge de 10 ans par Claude Lévêque
      A.L. avec AFP

      EDIT du 18 janvier 2021 : Un droit de réponse de Monsieur Claude Lévêque a été ajouté à a demande de son avocat à cet article publié initialement le 11 janvier 2021.

      Il était connu pour ses néons, son matériau de prédilection, il le sera désormais aussi pour des accusations de violences sexuelles. Selon le parquet de Bobigny joint par 20 Minutes, le plasticien Claude Lévêque, 67 ans, est visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs après les déclarations d’un sculpteur de 51 ans qui dit en avoir été victime avec ses deux frères. Ces informations confirment celles révélées par le journal Le Monde.

      L’enquête a débuté en mai 2019 et a été confiée à la Sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis, où réside l’artiste. Dans le récit publié ce dimanche par le quotidien du soir, le sculpteur Laurent Foulon raconte avoir été violé par le plasticien dès l’âge de 10 ans et jusqu’à ses 17 ans, au milieu des années 1980. Il a signalé ces agissements dans une lettre adressée à la procureure de Bobigny en février 2019.
      « Emprise »

      « J’ai conscience que les actes criminels dont j’ai été victime sont certainement aujourd’hui prescrits mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d’autres actes non prescrits sur d’autres victimes et de signaler qu’un ou plusieurs mineurs sont à l’heure actuelle en grand danger d’abus sexuels si l’irréparable n’a pas déjà été commis », y écrivait-il.

      Laurent Foulon évoque aussi l’« emprise » de Claude Lévêque, dont un des tapis orne un bureau de l’Elysée, sur sa famille, issue d’un milieu très populaire dans la Nièvre. Le sculpteur accuse le plasticien d’avoir aussi violé ses deux frères. L’un d’eux, tombé dans la drogue comme lui, est mort en 1998 à l’âge de 34 ans à la suite d’une énième tentative de suicide.
      « Comportements troublants »

      Selon Laurent Foulon, l’artiste revendiquait ses relations avec des mineurs : « J’associais la pédophilie à une sorte de résistance à la société. Pour me convaincre, je lisais des auteurs pédophiles, comme (Gabriel) Matzneff par exemple. Lévêque lit ce genre de littérature, j’ai connu ce genre de littérature par (son) biais », a-t-il expliqué aux enquêteurs, selon Le Monde.

      Le quotidien indique que « la justice a reçu un autre signalement concernant Claude Lévêque » et ajoute avoir recueilli d’autres témoignages qui « décrivent des comportements troublants avec de jeunes garçons ».
      Société
      « Les violences conjugales ont augmenté de 60 % » pendant le deuxième confinement, selon Marlène Schiappa
      Sport
      Violences sexuelles dans le patinage : « Je ne vais pas lâcher ce combat », réagit Sarah Abitbol à la mise en examen de Gilles Beyer

      Droit de réponse de monsieur Claude Lévêque

      Le 11 janvier 2021, le journal 20 Minutes a publié, sur son site Internet, un article désignant Monsieur Claude Lévêque, que ce dernier ne peut laisser sans réponse.

      Monsieur Claude Lévêque tient à préciser que, à la suite de graves accusations le mettant en cause, il a, fin 2020, déposé deux plaintes contre X, une première du chef de diffamation et une seconde des chefs de dénonciation calomnieuse et chantage.

      En octobre 2015, Monsieur Claude Lévêque a été victime d’un maître chanteur adressant des lettres anonymes aux fin de l’accuser de prétendues agressions sexuelles sur mineur, dans un objectif avéré de nuire à son travail artistique. A ce titre, une enquête a été ouverte.

      Monsieur Claude Lévêque, différents témoins et la victime supposée ont été auditionnés par la brigade de la gendarmerie. Toute accusation ayant été démentie, le parquet a procédé à un classement sans suite le 17 novembre 2016.

      Plus de trois ans après ce classement sans suite, Monsieur Laurent Faulon, soupçonné d’être l’auteur des lettres anonymes, aurait, selon ses dires, porté plainte à Genève, à l’encontre de Monsieur Claude Lévêque pour des faits qui auraient été commis à la fin des années 70, l’accusant, à tort, de viol et agression sexuelle.

      Cette plainte, qui n’a jamais abouti, a gravement nui à Claude Lévêque tant professionnellement que personnellement.

      Le 16 janvier 2020, Monsieur Laurent Faulon a déposé une nouvelle plainte visant Monsieur Claude Lévêque où il mentionne le visionnage d’un film à caractère prétendument pédopornographique, en 1978 ou 1979, notamment en compagnie de Claude Lévêque.

      Or, le film auquel fait référence Laurent Faulon est un film d’art programmé dans le cadre d’un festival de cinéma expérimental à la fin des années 1970 à la Maison de la Culture de Nevers.

      Dans sa plainte, Monsieur Laurent Faulon mentionne d’autres présumées victimes, qui, entendues par la brigade de Bobigny, ont fermement démenti les propos calomnieux soutenus par Laurent Faulon.

      Des professionnels du monde de l’art contemporain, sollicités par des journalistes, ont répondu aux questions relatives aux fausses accusations de Laurent Faulon, condamnant ses propos, d’une part, et dénonçant son acharnement incessant à l’égard de l’artiste Claude Lévêque, d’autre part.

      La propagation publique de telles rumeurs, à l’encontre d’homme et de femme accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide à l’instar d’une affaire récente.

    • Il y a tout de meme de grands changements dans la presse, on ne dit plus « pédophilie » mais « pédocriminalité » et c’est pas dans « faits divers » non plus.

      sinon pour cette partie ; « Le 16 janvier 2020, Monsieur Laurent Faulon a déposé une nouvelle plainte visant Monsieur Claude Lévêque où il mentionne le visionnage d’un film à caractère prétendument pédopornographique, en 1978 ou 1979, notamment en compagnie de Claude Lévêque.

      Or, le film auquel fait référence Laurent Faulon est un film d’art programmé dans le cadre d’un festival de cinéma expérimental à la fin des années 1970 à la Maison de la Culture de Nevers. »
      Le fait qu’un film fasse partie des collections du musée de Nevers ne dit pas que ca ne peut pas etre pedopornographique. L’oeuvre de Madzneff etait primée en 2014 par le prix Renaudau et n’en était pas moins pédopornographique pour autant.

    • Le 23 février 2021, une tribune qui demande l’application de la présomption d’innocence de l’artiste, est publiée dans Artpress et signée par Gilles Barbier, Yvon Lambert, Catherine Millet, Rudy Ricciotti et Alberto Sorbelli.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9v%C3%AAque#Accusations_d%E2%80%99abus_sexuels_sur_mineur

      –—

      Présomption d’innocence. Claude Lévêque
      Tribune.

      Claude Lévêque est visé par une plainte pour viols sur mineurs. Face à la campagne médiatique dont il est l’objet avant que les conclusions de l’enquête ouverte ne soient rendues, et qui entraîne le décrochage de ses œuvres, les signataires de la tribune ci-dessous entendent réaffirmer un principe fondamental de notre droit.

      La présomption d’innocence, nous la revendiquons tous comme un bien commun essentiel face à ce qui, sans elle, deviendrait condamnation expéditive, à base de vérités infléchies, de rumeurs, de fake news, d’accusations sans fondement, de mensonges. “L’affaire Baudis”, en 2003, nous a montré ce qui pouvait entraîner les mieux intentionnés dans la spirale de ce qui s’est révélé plus tard, bien plus tard, être une désastreuse erreur, avec de grands dommages entre temps. C’est pour cela que la justice existe, qui se fonde sur des faits et la confrontation des points de vue contraires.
      Les décisions arbitraires de certaines collectivités territoriales de décrocher ou d’éteindre les œuvres de Claude Lévêque sont, d’une part, des négations graves du principe fondamental de la présomption d’innocence et, d’autre part, des atteintes manifestes au droit moral de l’auteur, un droit pourtant absolu, inaliénable et imprescriptible.
      Claude Lévêque est un artiste. Les artistes ne sont pas à l’abri de la loi, mais pas, non plus, voués à être détruits sans preuves avérées.
      La pédophilie est un crime que nous condamnons sans ambiguïté. Encore faut-il établir l’existence du crime. Il est souvent difficile à prouver ; raison de plus pour être rigoureux. Il n’est pas sûr que la méthode employée aujourd’hui soit la meilleure dans ce sens. À moins qu’il ne s’agisse de mettre en doute les capacités du droit à rendre la justice. Est-ce de cela qu’il s’agit ?
      Ce serait grave car, sans justice, nous pouvons tous être balayés par des accusations efficacement relayées par la presse et les réseaux sociaux. Claude Lévêque, aujourd’hui, est présumé innocent.

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    • Oui et je remarque au passage que Kamel Mennour ex-galeriste de CL n’y figure pas et qu’il a rompu son contrat avec l’artiste sans attendre le verdict.
      enfin selon cette source :
      https://www.gazette-drouot.com/article/politiquement-correct-entre-gomme-et-crayon/20492
      mais selon wikipédia la galerie Kamel Mennour représente toujours CL sur la fiche de CL mais pas sur la fiche de Kamel Mennour

      Aussi il n’y a pas Catherine Deneuve alors qu’elle est très proche de CL selon wikipédia

      Proche de l’actrice Catherine Deneuve, avec qui l’artiste partage la passion du jardinage, ils déclarent, dans un entretien croisé de 201722 :

      « — Catherine Deneuve : Puis on découvre évidemment une histoire plus compliquée. Je suis attirée par les choses qui n’ont pas toujours l’apparence qu’elles semblent avoir. Ou qui peuvent évoluer vers un mystère ou un secret. C’est le cas de vos œuvres. J’aime beaucoup les secrets. Et je les respecte beaucoup. Je ne tiens pas forcément à ce qu’on les révèle.
      — Claude Lévêque : Oui, la partie enfouie. J’aime beaucoup cela aussi. C’est l’ambiguïté du sens qui fait que l’on est attiré par quelque chose. Bien sûr, lorsque je travaille avec la lumière, comme avec mes néons, il y a un aspect féerique. Et quelque chose se révèle, la phrase que je dessine avec la lumière apporte une inquiétude, de l’angoisse. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9v%C3%AAque#Carri%C3%A8re

  • La protection des mineurs, une justice d’exception avec Edouard Durand
    https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-des-matins/la-protection-des-mineurs-une-justice-dexception

    Édouard Durand
    magistrat, membre du conseil scientifique de l’Observatoire national de l’enfance en danger et ancien membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

    Prise en étaux entre des enjeux familiaux et sociétaux, la parole des victimes peut-elle être entendue ? Notre politique pénale est-elle adaptée aux situations qu’elles rencontrent ? L’arsenal juridique est-il suffisant pour juger des #crimes ? Face aux chiffres de non-condamnation des agresseurs, faut-il y voir une défaillance de la #justice des mineurs ? La justice des mineurs, une justice d’exception ?

    #MetooInceste #pédocriminalité #inceste

  • UNE OMERTA AU NOM DE L’ART « Tout le monde savait » : Claude Lévêque,
    Par Emmanuelle Lequeux (le Monde) / Suggestion Nicole Esterolle
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.

    Alors qu’une partie du milieu artistique est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris…

    Au milieu des années 1980, une artiste – qui préfère rester anonyme – s’était aventurée à demander à un galeriste parisien qui exposait Claude Lévêque pourquoi il ne représentait aucune femme artiste :  « Je n’ai peut-être pas d’artiste femme, mais j’ai un pédophile » , s’était-elle entendu rétorquer. Plaisanterie tordue, aveu, provocation ?  « En tout cas, ça résume bien le contexte, raconte-t-elle aujourd’hui. Je m’étais tue, mais quand je visitais les expositions, je vous assure que je ne lâchais pas mon petit garçon de l’œil. »


    L’artiste plasticien français, Claude Lévêque, le 5 octobre, chez lui à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Photo Audoin Desforges

    « Comment une telle carrière est-elle possible, alors que depuis des années “ÇA SE SAVAIT ?” » , interroge la critique d’art Marie Chênel dans un Tweet très relayé https://twitter.com/MaChenel/status/1348523575687475200 . Il résume la sidération du milieu de l’art depuis les révélations du  Monde , le 10 janvier, concernant la plainte du plasticien Laurent Faulon contre l’artiste Claude Lévêque et l’enquête ouverte par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en mai 2019, pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans ». M. Faulon, un sculpteur de 51 ans, dénonce des  « abus sexuels »  subis entre ses 10 et 17 ans de la part de M. Lévêque, assurant qu’il était, comme sa famille, sous son « emprise ». Le site d’information Mediapart a lui aussi publié une longue enquête, le 13 janvier, qui accable l’artiste https://www.mediapart.fr/journal/france/130121/pedocriminalite-plusieurs-temoins-accablent-l-artiste-claude-leveque?ongle .
    L’enquête judiciaire est en cours et la présomption d’innocence prévaut. Mais dans le milieu de l’art, où Claude Lévêque était si connu, chacun s’interroge. Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? 
    « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? » _

    Filleuls, neveux, assistants…
    Ces adolescents qui l’entourent, Claude Lévêque les présente comme ses filleuls, ses neveux, ses assistants, voir comme ses « fils ». Ces doudous et nounours qu’il trimballe autour du monde, qu’il sort en plein repas, qu’il déploie dans chaque recoin de ses deux maisons, ont été, selon l’artiste, dans ses interviews,  « donnés par des amis, souvenirs trop intimes pour en parler ».  Son obsession pour le monde de l’enfance est considérée comme une « sublimation artistique », la part de fantasme d’un adulte qui est bien plus à l’aise avec les enfants qu’avec le monde des grands.

    « QUAND J’AI COMPRIS QUE CES DOUDOUS ÉTAIENT SANS DOUTE CEUX DE SES VICTIMES, DES TROPHÉES, J’AI PRIS UNE ÉNORME CLAQUE », JONATHAN LOPPIN, ARTISTE.

    Et puis, comment condamner sur la base de « racontars » ?  « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession » , admet l’artiste Jonathan Loppin, dont la compagne, Julie Faitot, a envoyé un signalement à la justice concernant Claude Lévêque en février 2019. Pendant les quinze ans que dura leur amitié, il avoue avoir été subjugué par cette star prête à défendre corps et âme le moindre squat, toujours disposée à prendre fait et cause pour la veuve et l’orphelin :  « Claude apparaît comme un nounours au charisme fort, et un vrai aimant à enfants. En fait, il sait les ferrer. Quand j’ai compris que ces doudous étaient sans doute ceux de ses victimes, des trophées, j’ai pris une énorme claque. »

    « Je l’ai toujours vu bouleversé par la beauté des jeunes garçons, elle le secouait, et il l’assumait, ses premières œuvres en témoignent »,  souligne un habitant de Nevers (Nièvre), proche des Faulon. Enfant, il a connu Lévêque comme moniteur de centre aéré dans les années 1970, sans jamais entendre de rumeurs pouvant l’incriminer. Depuis quelques jours, il fouille dans sa mémoire.  « J’essaie d’analyser le phénomène d’emprise, détaille-t-il. En abordant l’environnement de cet adulte entouré de jeunes hommes, on avait d’abord un sentiment de malaise, mais la situation était ensuite validée par les proches ; familles, amis, tous semblaient acter ce qui se passait. Le trouble ressenti était alors étouffé par cette validation collective. En outre, j’en ai été témoin à deux reprises, Claude entretient aussi une relation très forte avec les mères des enfants, dont je ne sais comment elle s’articule, une relation presque amoureuse. Mécanique qu’il semble, hélas, avoir affinée avec le temps. »

    Collectionneurs, experts, galeristes, conservateurs, critiques, artistes : cette validation a été tout aussi collective dans le milieu de l’art, même si certains tenaient scrupuleusement leurs distances.  « Les institutions lui ont fait confiance, à cause de la fascination qu’exerce son œuvre, mais aussi de son engagement pour les causes sociales, politiques, analyse une directrice de musée. Tout cela était-il un écran de fumée ? Tout comme ces références à l’enfance, sans cesse convoquée, sacralisée, sanctuarisée : elles faisaient la beauté et la pureté de son travail ; désormais, elles peuvent ressembler à un sacrifice. »

    La suite, sans subir les demandes d’enregistrement, les cookies . . . . de le monde  : https://levadrouilleururbain.wordpress.com/2021/01/17/une-omerta-au-nom-de-lart-par-emmanuelle-lequeux-le-

    #Art #pédophilie #culture_du_viol #viol #france #enfants #justice #viols #violences_sexuelles #pédocriminalité #pedocriminalité #grand_homme #impunité

  • « Tout le monde savait » : Claude Lévêque, une omerta au nom de l’art
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.

    Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? »

    • Claude Lévêque, une omerta au nom de l’#art

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « #viols et #agressions_sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Alors qu’une partie du milieu est sidérée d’apprendre que le plasticien fait l’objet, depuis 2019, d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs », d’autres semblent moins surpris.

      Au milieu des années 1980, une artiste qui préfère rester anonyme s’était aventurée à demander à un galeriste parisien qui exposait Claude Lévêque pourquoi il ne représentait aucune femme artiste : « Je n’ai peut-être pas d’artiste femme, mais j’ai un pédophile », s’était-elle entendu rétorquer. Plaisanterie tordue, aveu, provocation ? « En tout cas, ça résume bien le contexte, raconte-t-elle aujourd’hui. Je m’étais tue, mais, quand je visitais les expositions, je vous assure que je ne lâchais pas mon petit garçon de l’oeil. »

      « Comment une telle carrière est-elle possible, alors que depuis des années "ÇA SE SAVAIT ?" », interroge la critique d’art Marie Chênel dans un Tweet très relayé. Il résume la sidération du milieu de l’art depuis les révélations du Monde, le 10 janvier, concernant la plainte du plasticien Laurent Faulon contre l’artiste Claude Lévêque et l’enquête ouverte par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), en mai 2019, pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans . M. Faulon, un sculpteur de 51 ans, dénonce des « abus sexuels » subis entre ses 10 et 17 ans de la part de M. Lévêque, assurant qu’il était, comme sa famille, sous son « emprise . Le journal en ligne Mediapart a lui aussi publié une longue enquête, le 13 janvier, qui accable l’artiste.

      L’enquête judiciaire est en cours, et la présomption d’innocence prévaut. Mais dans le milieu de l’art, où Claude Lévêque était si connu, chacun s’interroge. Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manoeuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une oeuvre incroyable ? »

      Filleuls, neveux, assistants...

      Ces adolescents qui l’entourent, Claude Lévêque les présente comme ses filleuls, ses neveux, ses assistants, voir comme ses « fils . Ces doudous et nounours qu’il trimballe autour du monde, qu’il sort en plein repas, qu’il déploie dans chaque recoin de ses deux maisons, ont été, selon l’artiste, dans ses interviews, « donnés par des amis, souvenirs trop intimes pour en parler . Son obsession pour le monde de l’enfance est considérée comme une « sublimation artistique », la part de fantasme d’un adulte qui est bien plus à l’aise avec les enfants qu’avec le monde des grands.

      Et puis, comment condamner sur la base de « racontars » ? « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession », admet l’artiste Jonathan Loppin, dont la compagne, Julie Faitot, a envoyé un signalement à la justice concernant Claude Lévêque en février 2019. Pendant les quinze ans que dura leur amitié, il avoue avoir été subjugué par cette star prête à défendre corps et âme le moindre squat, toujours disposée à prendre fait et cause pour la veuve et l’orphelin : « Claude apparaît comme un nounours au charisme fort, et un vrai aimant à enfants. En fait, il sait les ferrer. Quand j’ai compris que ces doudous étaient sans doute ceux de ses victimes, des trophées, j’ai pris une énorme claque. »

      « Je l’ai toujours vu bouleversé par la beauté des jeunes garçons, elle le secouait, et il l’assumait, ses premières oeuvres en témoignent », souligne un habitant de Nevers (Nièvre), proche des Faulon. Enfant, il a connu Lévêque comme moniteur de centre aéré dans les années 1970, sans jamais entendre de rumeurs pouvant l’incriminer. Depuis quelques jours, il fouille dans sa mémoire. « J’essaie d’analyser le phénomène d’emprise, détaille-t-il. En abordant l’environnement de cet adulte entouré de jeunes hommes, on avait d’abord un sentiment de malaise, mais la situation était ensuite validée par les proches ; familles, amis, tous semblaient acter ce qui se passait. Le trouble ressenti était alors étouffé par cette validation collective. En outre, j’en ai été témoin à deux reprises, Claude entretient aussi une relation très forte avec les mères des enfants, dont je ne sais comment elle s’articule, une relation presque amoureuse. Mécanique qu’il semble, hélas, avoir affinée avec le temps. »

      Collectionneurs, experts, galeristes, conservateurs, critiques, artistes : cette validation a été tout aussi collective dans le milieu de l’art, même si certains tenaient scrupuleusement leurs distances. « Les institutions lui ont fait confiance, à cause de la fascination qu’exerce son oeuvre, mais aussi de son engagement pour les causes sociales, politiques, analyse une directrice de musée. Tout cela était-il un écran de fumée ? Tout comme ces références à l’enfance, sans cesse convoquée, sacralisée, sanctuarisée : elles faisaient la beauté et la pureté de son travail ; désormais, elles peuvent ressembler à un sacrifice. »

      « Si c’est vrai, c’est un séisme, auquel je peine à me résoudre, glisse un autre conservateur. Ses oeuvres des années 2000, pleines d’un danger punk qui fascine, ont été un choc esthétique pour toute une génération. Nous nous sommes construits en partie avec elles. » Un artiste éperdu d’admiration pour Claude Lévêque, « bouleversé par le témoignage de Laurent Faulon », s’avoue tout autant « blessé, et en colère » : « J’ai la sensation d’avoir été manipulé, comme tout le monde de l’art l’a été. J’ai aujourd’hui l’impression que, avec toutes ces oeuvres mettant en scène l’enfance, il nous disait : "Regardez, je vous mets ça sous le nez, et vous ne voyez rien !" »

      Qu’il mette la même énergie à préparer la Biennale de Venise (2009) qu’à exposer à l’école élémentaire Pierre-Budin, à la Goutte d’Or (Paris 18e), lors d’une résidence artistique en 2012 ? Cela relevait de son engagement social. Qu’il peigne de noir les fenêtres de l’appartement mis à disposition par l’école, juste au-dessus des salles de classe ? On y voyait sa marque punk. Qu’il se déclare, un an après, toujours ami avec l’un des bambins de 8 ou 9 ans qui collabora au projet, le plus curieux, le plus créatif ? On l’admirait alors pour n’avoir pas pris la grosse tête. Tout cela peut aujourd’hui faire frémir.

      Dans les archives du Quotidien de l’art, nous avons retrouvé les paroles de l’enfant que nous avions rencontré au sein de l’école pendant la préparation de leur exposition « Seasons in the Abyss . Il interpellait ainsi l’artiste : « Je t’ai amené mon nounours, parce que je lui ai percé le cerveau. Avant, il bougeait dans son Jacuzzi, il faisait très chaud, c’était le feu, et je lui ai percé la tête ... « Le trou dans la tête », c’est aussi une phrase gravée par Lévêque sur un lit tout rouillé d’enfant, dans une oeuvre de 1986.

      #Aveuglement_collectif

      Pour comprendre aujourd’hui ce qui a pu relever d’un aveuglement collectif, les témoignages affluent, chacun s’employant à replacer une pièce dans un puzzle qui, trop longtemps, n’a pas fait sens. L’un se rappelle cette chambre d’enfant, dans la maison de Montreuil (Seine-Saint-Denis) de #Lévêque, « avec ses petites bagnoles sur les étagères », qu’il disait destinée « aux amis qui venaient avec leurs petits . L’autre, ces manèges abandonnés dans sa maison de campagne. Une troisième, l’aveu de cette mère « manifestement perdue, dans un monde parallèle, qui me racontait que Claude Lévêque dormait dans la chambre de son fils de 15 ans, et qui semblait comme flattée qu’il ait été "choisi". J’ai pris mes distances, désespérée qu’il soit impossible de lui faire comprendre que son môme était en danger .

      Galeriste et commissaire d’exposition, Stéphane Corréard dénonce aujourd’hui ce qu’il considère comme une omerta. « Beaucoup savaient, tout le monde pouvait se douter, personne n’est surpris, résume-t-il. Alors pourquoi avons-nous toléré, abrité, protégé, pendant des décennies, un supposé prédateur sexuel, un pédocriminel récidiviste ? Parce que, dans notre milieu, personne ne dit rien, jamais. La parole est cadenassée, le fonctionnement clanique. »

      Comment l’expliquer ? « La tolérance de notre milieu pour la transgression, y compris sexuelle, y est pour beaucoup », suggère-t-il. Un artiste pourrait donc franchir toutes les lignes rouges ? Laurent Faulon se souvient en tout cas très bien « des commissaires et artistes qui venaient dîner à la maison : avec Lévêque, on était comme un couple recevant des invités. Sauf que j’avais 15-16 ans. Tous découvraient les bricolages que j’avais faits dans l’atelier, et me disaient : "Tu as une oeuvre incroyable, ne t’embête pas à faire les Beaux-Arts, tu sais déjà tout !" . C’est ainsi que Laurent Faulon s’est retrouvé exposé à la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas (Yvelines) ou au Magasin de Grenoble, à pas même 18 ans. Sans plus de questions, juste pour la reconnaissance de son talent naissant.

      Poursuivant son analyse, Stéphane Corréard évoque aussi le « souvenir de l’époque glorieuse où l’avant-garde était menacée de toute part, notamment par les réactionnaires et l’extrême droite. Nous avons alors pris le pli d’une opposition facile entre "pro" et "anti" art contemporain qui est devenue factice, mais qui continue de structurer largement le fonctionnement de notre monde de l’art . Impossible de dénoncer sur la foi de racontars, certes. « Mais ces directeurs de musée, qui racontent de façon anonyme avoir refusé que Lévêque partage une chambre d’hôtel avec un ado, n’avaient-ils pas obligation, en tant que fonctionnaires, de dénoncer des crimes dont ils avaient eu connaissance dans le cadre de leurs fonctions ? »

      Comme tous, il en est cependant conscient : la mécanique à l’oeuvre est complexe à déconstruire. Qu’un artiste puissant s’écroule, et tout un système s’effondre : ceux qui le collectionnent, le louent, l’honorent, le capitalisent. « Les relations entre les acteurs organisent la valeur de l’oeuvre en mettant l’artiste sur un piédestal, dans une relation romantique à l’art, explique ainsi un directeur d’institution. Les jeux de pouvoir sont réels, et pas seulement financiers, à tous les maillons de la chaîne, on ne peut se permettre que l’image de l’auteur soit entachée. Les liens d’interdépendance et les rapports de domination organisent le silence, à quoi s’ajoute la peur d’être blacklisté du milieu. Ils neutralisent toute possibilité de prise de parole. L’autocensure est forte, jusqu’à se frapper soi-même de cécité. La structure protège son capital. »

      Averti de la plainte de Laurent Faulon peu après son dépôt, le Mamco de Genève a pris position dès 2020, en faisant disparaître de son site toute mention de Claude Lévêque, qui y a exposé en 2003. Il est, pour l’instant, le seul. « Avec l’équipe de conservation, nous avons décidé un moratoire immédiat sur la présence de ses oeuvres en nos murs, explicite Lionel Bovier, son actuel directeur. Je n’ai jamais travaillé avec cet artiste, ni avec ses oeuvres d’ailleurs. Mais, de mon point de vue, le discrédit qui est aujourd’hui jeté sur son travail sera absolument irrémédiable si les accusations se révèlent fondées. Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les conséquences légales des actes qui sont relatés, mais je peux témoigner de cela : je ne pourrai plus jamais regarder ce travail sans y trouver des indices des crimes qui lui sont reprochés. Par conséquent, le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur. »

      #pédophilie #pédocriminalité #Laurent_Faulon #abus_sexuels #emprise #rumeurs #fantasme #validation_collective #enfance #omerta #silence #impunité #transgression #domination #pouvoir #autocensure #cécité

    • Affaire Claude Lévêque : collectionneurs et musées s’accrochent aux œuvres devenues embarrassantes

      https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/affaire-claude-leveque-collectionneurs-et-musees-s-accrochent-aux-uvres-deve

      https://www.lalsace.fr/culture-loisirs/2021/01/16/l-embarrassant-claude-leveque

      #censure #appel_à_la_censure

      Je tiens à rappeler que Springora n’ a jamais exigé la disparition des livres de Matzneff, c’est Gallimard qui s’achète une conscience en le faisant.

      Par ailleurs, le type doit répondre des ses actes, et il mériterait surtout des soins et une gigantesque psychothérapie (plutôt que la taule et la censure), mais il me semble au contraire très important de pouvoir continuer à voir ses oeuvres, même et surtout les pires, en sachant ce que l’on savait déjà, certes plus ou moins, mais en sachant au moins que le type n’était pas là pour rigoler et qu’il nous parlait bien de choses sombres et dégueulasses.

    • Dager je déteste et je comprend pas pk on le voie dans toutes les expos d’art brut. Sinon par rapport à la censure de Matzneff et Leveque le plus ahurissant c’est qu’on accusera les victimes d’etre #cancel_culture alors que ce sont les liberaux qui en sont les instigateurs dans un geste revisionniste. Parfois ce sont aussi les pedosexuels qui censurent pour être « les cowboys de leur sujet ».

    • J’étais pas au courrant et j’avais meme jamais entendu le nom de cet artiste. Là je découvre que cet artiste qui allais jusqu’a utiliser des reference à sa pédosexualité dans ses oeuvre etait le représentant du pays à la biennal de venise ... que les institutions le lessaient faire des interventions en ecole primaire et qu’il etait logé à l’hotel dans une seule chambre à lit double quand il se déplacait pour ses expos... Encore un exemple de violophilie institutionnel. Il y a eu des signalement, des plaintes et rien, pas d’enquète mais il est invité et rémunéré à nos frais...

    • La vague #MeToo atteint l’art contemporain. Plusieurs personnes ont, ces derniers mois, confié à Mediapart des accusations de violences sexuelles sur mineurs visant l’artiste Claude Lévêque. Le sculpteur Laurent Faulon en fait partie. Il a, en mars 2019 à Bobigny, puis en juin 2019 à Nevers, déposé plainte contre le célèbre plasticien français pour des faits de « viols sur mineurs de 15 ans et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans », comme l’a révélé Le Monde dimanche 10 janvier.

      Dans sa plainte de dix pages, que Mediapart a pu consulter, Laurent Faulon évoque, outre sa personne, huit autres mineurs, dont ses deux frères, sur quatre décennies, et jusqu’à une période récente, qui auraient eux aussi subi les agissements présumés de Claude Lévêque (voir notre Boîte noire). Il livre aussi les coordonnées de nombreux témoins potentiels, avec des indications précises de lieux et de dates.

      À la suite de sa plainte, une enquête préliminaire a été ouverte en mai 2019 par le parquet de Bobigny, et confiée à la brigade des mineurs de la Sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.

      Sollicité à plusieurs reprises par Mediapart, Claude Lévêque, qui est présumé innocent, n’a pas donné suite. Selon plusieurs sources interrogées par Mediapart, il a indiqué avoir eu une histoire « d’amour » avec Laurent Faulon, à rebours de l’époque actuelle « nauséabonde où tout est amalgamé, où l’amour devient méchant et sale ».

      Son avocat, Emmanuel Pierrat, a diffusé un communiqué dimanche 10 janvier en fin de soirée, dans lequel il annonce avoir déposé deux plaintes contre X dès la fin 2020 pour des faits de « diffamation », ainsi que de « dénonciation calomnieuse et chantage ». En 2015, Claude Lévêque avait déjà été la cible de dénonciations anonymes pour des faits similaires, expose son avocat. « La propagation publique de rumeurs, particulièrement graves, à l’encontre d’homme et de femme accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide », avertit enfin Me Pierrat (on peut lire l’intégralité de son communiqué sous l’onglet Prolonger). Sollicité par Mediapart, l’avocat n’a pas donné suite.

      Né en 1953 à Nevers, dans un milieu modeste, Claude Lévêque est devenu une référence de l’art contemporain français. En 2009, il conçoit le pavillon français de la Biennale de Venise. Il est soutenu par d’importants collectionneurs, en particulier français – à l’instar d’Agnès b., qui expose en ce moment trois de ses photographies dans sa fondation inaugurée en février 2020. Il est représenté par des galeries parisiennes influentes – dont celle de Kamel Mennour, depuis 2007. Celui-ci a annoncé, mardi 12 janvier, dans un communiqué, que « Claude Lévêque a décidé de suspendre sa collaboration avec la galerie Kamel Mennour, qui en prend acte ».

      Ses grandes installations ont été exposées dans la plupart des musées et centres d’art contemporain de France, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1982 au Frac de Marseille en 2018, mais aussi à l’étranger (New York, Moscou, Tokyo…). Il a bénéficié en France de nombreuses commandes publiques – ainsi récemment les monumentaux pneus dorés ornant l’escalier du palais Garnier (2019), ou la pluie de fleurs ornant le transept de l’église Saint-Joseph du Havre, intitulée La Tendresse des loups (2020).

      Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP
      Mediapart a eu accès à la plainte de Laurent Faulon ainsi qu’à son PV d’audition par les services de police. Le sculpteur nous a également confié son histoire. Depuis février 2020, Mediapart a par ailleurs recueilli plusieurs témoignages détaillés qui font écho au sien.

      Le long récit fait par Laurent Faulon auprès de la justice et de la police est glaçant. Il décrit méthodiquement des mécanismes de séduction et d’emprise qu’aurait mis en œuvre Claude Lévêque sur de jeunes adolescents, dont lui-même, pour obtenir de leur part des relations sexuelles, depuis la fin des années 1970. Laurent Faulon est aujourd’hui âgé de 51ans, et Claude Lévêque de 67 ans.

      Laurent Faulon explique que Claude Lévêque, alors étudiant aux Beaux-Arts de Bourges, et animateur de centre aéré à Varennes-Vauzelles, près de Nevers, se lie d’amitié avec ses parents en 1973. L’apprenti artiste invite souvent chez lui Laurent et ses deux frères. Il passe aussi du temps avec la famille Faulon au complet, comme en attestent des photos d’époque que Mediapart a consultées.

      Premier souvenir marquant, pendant l’hiver 1978-1979, Laurent Faulon, alors âgé de 9 ans, dit avoir assisté chez Claude Lévêque à la projection d’un film, où, selon lui, l’on voyait un garçon de 10 à 12 ans qui se serait masturbé et aurait écarté ses fesses.

      En août 1979, le jour de son dixième anniversaire, alors que ses parents sont au travail, Laurent Faulon est invité chez Lévêque, qui lui aurait alors imposé des caresses sur les cuisses et le ventre, et des baisers dans le cou.

      À l’âge de 13 ans, raconte-t-il, pendant l’hiver 1982-1983, il passe une semaine de vacances dans le nouvel appartement parisien de Claude Lévêque, et aurait subi des attouchements sexuels. À partir des vacances de Pâques 1983, assure le plaignant, il aurait commencé à subir des pénétrations anales.

      De 1983 à 1986, de ses 13 ans à ses 17 ans, Laurent Faulon dit passer la plupart des vacances scolaires chez Lévêque, soit à Paris, soit dans la Nièvre, l’accompagner dans plusieurs expositions à travers la France, et dit avoir subi des pénétrations.

      « Je me suis laissé faire car j’étais tétanisé, sans pouvoir avoir de réaction », explique Laurent Faulon, lors de son audition par un policier de la brigade des mineurs de Seine-Saint-Denis, le 16 janvier 2020. Il dit avoir eu un « sentiment de honte », mais se sentait aussi « flatté » d’avoir été choisi, « d’avoir accédé à une élection ».

      Quant aux rapports sexuels qui auraient suivi pendant plusieurs années, Laurent Faulon a expliqué au policier : « Je n’ai pas exprimé mon refus, je ne me sentais pas autorisé à le faire. Je ne pouvais pas dire non à Lévêque, j’aurais eu le sentiment d’être bête, ringard. J’avais peur qu’il ne s’intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire. »

      Lors de plusieurs expositions, Lévêque le faisait passer pour son assistant, et demandait systématiquement aux organisateurs une chambre d’hôtel et non deux, précise Laurent Faulon lors de son audition. « C’était une autre époque. »

      « Des gens venaient lui rendre visite dans sa maison de campagne, dit Laurent Faulon sur procès-verbal. Il me présentait comme étant le fils d’amis. De mon point de vue, j’avais le sentiment d’être sa petite femme et que tout le monde savait, que ça ne gênait personne. Les gens avaient l’habitude de voir Lévêque entouré de jeunes garçons. »

      À 17 ans, Laurent Faulon a mis un terme à cette relation, explique-t-il. Mais évoluant lui-même dans le milieu de l’art contemporain, il a continué à croiser Claude Lévêque régulièrement.

      Laurent Faulon. © Delphine Reist Laurent Faulon. © Delphine Reist
      Durant de longues années, expose-t-il sur procès-verbal, le sculpteur s’est refusé à mettre des mots sur ce qu’il avait vécu.

      « Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale. Il s’était attaqué à une famille prolétaire, il arrivait avec une promesse de culture, d’évasion […]. À l’époque, je me disais que j’aurais eu une vie de merde si je ne l’avais pas rencontré. »

      C’est progressivement, par étapes, après la mort d’un de ses frères, puis au dixième anniversaire de son fils – âge auquel il assure avoir lui-même été agressé –, et enfin après une dépression, que Laurent Faulon a revisité son passé. Une époque où Claude Lévêque lui faisait lire les textes de Gabriel Matzneff et Tony Duvert.

      « Le processus pour réaliser ce qui m’était arrivé pendant mon enfance a été très long. J’ai pensé m’en sortir pendant longtemps avec la prise de médicaments, avec le fait que l’art était un exutoire », explique-t-il lors de son audition.

      Dans ce qui est devenu son combat depuis deux ans, Laurent Faulon bénéficie de soutiens familiaux. Il est épaulé par sa compagne Delphine Reist, artiste comme lui, par plusieurs personnalités du milieu de l’art contemporain, et par des proches. Dans une attestation destinée aux services de police, dont Mediapart a pris connaissance, sa mère, âgée de 86 ans, exprime ainsi ses remords et son désarroi.

      « Les révélations de Laurent m’ont complètement anéantie. À la suite de cela ma culpabilité est devenue incommensurable. Des mots ont été mis sur mes soupçons, et des mots insupportables à entendre », écrit-elle. « Comment ai-je pu passer à côté de tout cela ? »

      Jusque-là, elle n’avait eu que des doutes sur l’attitude de Claude Lévêque vis-à-vis de ses trois fils. « J’ai eu de nombreuses explications avec lui dès que quelque chose me semblait louche. Toujours il avait de bonnes explications qui balayaient mes doutes et peut-être que dans le fond je voulais peut-être le croire et avoir confiance en lui car j’avais beaucoup d’amitié pour lui », écrit la vieille dame.

      L’un des frères de Laurent Faulon est mort en 1998, à 33 ans, après plusieurs tentatives de suicide. Son autre frère n’a pas donné suite à nos sollicitations.
      Adolescents, Jean et François ont aussi rencontré Claude Lévêque

      Mediapart a pu retrouver la trace de certains des mineurs évoqués dans sa plainte par Laurent Faulon. Parmi eux, Jean et François.

      Jean*, aujourd’hui père de famille, est l’ami d’enfance de Laurent Faulon. « Très vite, c’était en 6e ou en 5e, je crois, Laurent m’a parlé de sa relation avec Claude Lévêque. Je ne connaissais rien au sexe, mais je trouvais ça malsain, raconte-t-il à Mediapart. Laurent n’avait pas l’air d’en souffrir à ce moment-là. Il avait l’air privilégié, Claude Lévêque lui ouvrait un monde merveilleux, la vie d’artiste. Au collège, je me souviens que Laurent faisait des choses bizarres, comme des photos, nu avec Claude Lévêque. »

      Jean affirme aussi qu’il aurait recueilli les confidences verbales du célèbre plasticien quand il l’a, à son tour, rencontré personnellement. « Claude Lévêque se vantait d’avoir réussi à tripoter Laurent presque sous les yeux de ses parents. »

      Jean, qui n’a pas été entendu par les policiers à ce jour, prétend avoir lui-même subi des violences sexuelles de la part de Lévêque, qu’il a rencontré lorsqu’il avait 15 ans. « J’ai été violé par lui plusieurs fois à 17 ans. Je dis viol aujourd’hui, mais à l’époque je me suis laissé faire », poursuit-il. Avec le temps, le regard de Jean sur ces années-là a changé. « J’ai mis 20 ans à me défaire de l’emprise de Lévêque, et plus de 30 ans avant d’en parler », confie-t-il.

      « Claude Lévêque a commencé par me flatter, me complimenter. Si je faisais un petit bricolage, il me disait : “Tu es un artiste, tu es meilleur que moi”, raconte Jean. Il me considérait, il m’écoutait. Lui avait déjà une certaine aura, il commençait à être connu, il avait 30 ans et nous 15. »

      Pour les deux adolescents qu’étaient Laurent et Jean, le morne Nevers des années 1980 est soudain devenu festif. « C’était l’époque du punk, de la provocation. Avec Claude Lévêque, on avait l’impression d’entrer dans un monde privilégié, merveilleux. Il y avait la culture, la musique, les vêtements, il tirait des feux d’artifice la nuit en forêt. J’ai pensé qu’il fallait payer de ma personne, dit Jean. Si on n’était pas comme lui, on était soit facho, soit ringard, soit inculte. Il fallait être à la hauteur. »

      François* explique, quant à lui, sa relation avec Claude Lévêque dans un texte du 25 décembre 2020 remis à Laurent Faulon, et dont Mediapart a pris connaissance. Ce père de famille, qui a lui aussi expressément demandé à rester anonyme, nous en a confirmé le contenu.

      « De l’âge de 15 à 20 ans j’ai été une sorte de faire-valoir de Claude Lévêque.
15 ans c’est l’âge à partir duquel on considère que l’on est capable d’assumer ses choix en matière de sexe. Je ne suis pas homosexuel et je le savais très bien depuis toujours, même si je me suis pris au jeu de le faire croire. Mon histoire est donc difficile à expliquer », écrit François, qui précise que « plusieurs épisodes de cette période ont été complètement effacés de [sa] mémoire ».

      Il y livre sa vision de la personnalité de Claude Lévêque : « Il vous enveloppe dans une chaleur émotionnelle qui, au final, vous emprisonne. À 15 ans, alors que je tentais d’échapper à l’emprise oppressante de ma famille, je suis très facilement tombé sous la sienne. »

      François s’interroge encore aujourd’hui sur sa relation à Claude Lévêque : « Je me suis souvent demandé si je lui en voulais. […]. Je concluais généralement que j’étais l’unique responsable de ma relation avec lui. Je refusais de me voir même comme une demi-victime. Ma souffrance apparente se résume à cette amnésie et au fait que je ne peux parler sereinement de cette période à ma famille. Comment expliquer ma relation pendant cinq ans avec un homme, alors que je ne suis pas homosexuel, et que cet homme était un pédophile… C’est assez difficile à comprendre. […] Cela constitue une sorte de trou noir dans ma vie. »

      En décembre 2018, apprenant que Laurent Faulon se retirait d’une exposition pour ne pas le croiser, Claude Lévêque lui a adressé le courriel suivant, dont Mediapart a pris connaissance : « Ça me désole qu’on soit parvenu à ce point de non retour, tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd’hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse. » Puis : « Est-ce un accident de s’être croisé ? D’avoir partagé des moments particuliers et uniques, révélés à ce point haïssables aujourd’hui ? »

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      L’artiste plasticien Jonathan Loppin connaît Claude Lévêque depuis 2004. « C’était un ami proche, et je suis également un ami proche de Laurent Faulon », raconte-t-il à Mediapart. « Début 2019, quand j’ai appris que Laurent avait déposé plainte contre Claude, ça a été un énorme choc. J’ai reconstitué ce à quoi j’avais assisté pendant des années de la part de Claude Lévêque et que je n’avais pas voulu voir. »

      Loppin évoque par exemple un souvenir datant de 2006, lors d’une expo à Château-Thierry, où Lévêque « était tout le temps avec un adolescent de 15 ans qu’il présentait comme son assistant ». Il s’interroge aussi sur l’étrange omerta qui a longtemps prévalu dans le milieu de l’art, à propos de Faulon. « C’est un petit milieu, tout le monde se connaît. Les gens disaient : “Laurent était l’amant de Claude.” Mais personne ne réfléchissait à l’âge qu’avait Laurent Faulon à l’époque ! Il était adolescent. »

      Le 12 mai 2019, Loppin décide de téléphoner à Claude Lévêque, « pour qu’il s’explique ». La conversation aurait duré trois heures. « Claude, visiblement surpris et pris de court, a craqué et s’est mis à sangloter. Il m’a dit que c’était une autre époque, qu’il avait vécu une vraie histoire d’amour avec Laurent, et demandait pourquoi Laurent voulait détruire une si belle histoire. Il m’a dit que si cette “affaire” devait l’empêcher de travailler, il ne lui resterait qu’à en finir. »

      Jonathan Loppin, qui n’a pas non plus été auditionné par les policiers, affirme aussi que Lévêque trouvait « horrible » que Faulon porte plainte, et « détrui[se] une histoire comme ça ». Pendant la conversation, le plasticien a cependant demandé à son ami de « lui proposer une solution pour “réparer” le mal qu’il avait fait ». « Je lui ai dit : “Raconte tout avant que les autres le fassent à ta place. Ne sois pas lâche. Et ça fera du bien à Laurent” », affirme Loppin.

      Les deux hommes échangent ensuite des messages via Facebook, des mails et des SMS que Mediapart a pu consulter. Dans l’un d’eux, via Facebook, Lévêque écrit : « Il y a l’actualité, les retournements, ce que ça déclenche dans les têtes, il y a l’histoire de Laurent, notre histoire, sa version, ce qu’il t’a relaté de l’époque où nous nous étions aimés. Maintenant c’est une autre époque nauséabonde où tout est amalgamé, ou l’amour devient méchant et sale. […] Aide-nous, au lieu d’alimenter tous les prétendants au lynchage qui aboieront anonymement sans rien n’y comprendre du tout. Bien entendu que les merveilleux échanges en un temps peut-être trop idéalisés, transformés ainsi me tueront. »

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      Jonathan Loppin a reçu cet autre message de Lévêque : « Je n’ai jamais agressé personne, j’ai aimé avec mes sentiments, ma tendresse parfois invasive, aussi parce que mes compagnons m’aimaient comme ça. »

      Jonathan Loppin assure par ailleurs avoir prévenu dès le mois de mai 2020 le galeriste Kamel Mennour de la plainte visant Claude Lévêque. Sollicité par Mediapart, Kamel Mennour n’a pas donné suite.

      David*, acteur du milieu de l’art, a rencontré Claude Lévêque dans les années 2000. « Lors d’une de nos premières rencontres, j’avais 19 ans, il m’a dit sur le ton de la blague : “Tu as de la chance, moi qui aime les jeunes, tu as des poils donc tu ne m’intéresses pas.” » Jean nous a tenu des propos similaires : « À 17 ans, les garçons ne l’intéressaient plus. J’étais l’exception. »

      David affirme aussi que Lévêque lui a dit « qu’il avait été très amoureux de Laurent Faulon. Je ne savais pas que Laurent Faulon était adolescent à l’époque ».

      Il indique également qu’il le voyait « souvent avec un pré-ado de 13 ans lors des vernissages ». Là encore, Claude Lévêque l’aurait présenté « comme son collaborateur ». Avant de confier qu’ils avaient eu « des rapports sexuels ». « Pour lui, c’était un trophée, le fantasme absolu. […] Quand le garçon a mis fin à leur relation, à peu près à l’époque de la Biennale de Venise [en 2009 – ndlr], Claude a fait une dépression, ça l’a anéanti », rapporte David. Contacté, ce jeune homme n’a pas donné suite.

      Julie Faitot, directrice d’un centre d’art et compagne de Jonathan Loppin, se remémore un autre épisode troublant, qu’elle a signalé à la justice.

      « Nous avons invité Claude Lévêque dans notre maison le 31 décembre 2013, il devait dormir chez nous, explique la jeune femme à Mediapart. La veille il a appelé en demandant s’il pouvait venir avec son filleul. Il est venu accompagné d’un adolescent qui devait avoir 12 ou 13 ans, il n’avait pas encore mué, et n’avait ni moustache ni barbe. On voulait préparer deux chambres, mais Claude Lévêque a répondu : “De toute façon il a peur, il va dormir avec moi.” Le gamin n’a rien dit. On a mis un matelas d’appoint dans la chambre, où il y avait un grand lit. Je ne sais pas s’ils ont dormi dans le même lit ou pas. »

      Interrogée par Mediapart, une voisine, venue pour le dîner, se souvient avoir trouvé la relation « bizarre ». Julie Faitot : « Le temps a passé, on n’y a plus pensé. »

      C’est cinq ans plus tard, au début de l’année 2019, que l’épisode lui revient quand elle est alertée par la compagne de Laurent Faulon. « Notre fils avait 8 ans. On s’est mis à réaliser. » Le 24 février, Julie Faitot écrit au parquet de Bobigny et au parquet de Nevers – un « signalement de mineur en situation préoccupante » pour lequel elle n’a jamais eu de réponse, et que Mediapart a consulté.

      Elle y décrit la soirée du 31 décembre 2013, et prétend que « Claude Lévêque avait continué à fréquenter cet adolescent pendant plusieurs années, qu’il passait régulièrement ses vacances scolaires chez lui à Montreuil [Seine-Saint-Denis] et dans la Nièvre ».
      Que savait le milieu de l’art ?

      D’autres figures du milieu de l’art nous ont aussi fait part de leurs souvenirs. Certains n’ont rien remarqué, disent-ils. Ainsi le galeriste Éric Fabre, qui expose Lévêque dans les années 1980. Dans un mail du 2 décembre 2020 à Laurent Faulon, dont Mediapart a pris connaissance et dont il nous a confirmé le contenu, le galeriste se remémore cette période : « Claude te présentait à moi, son galeriste. Tu m’avais alors dit que tu faisais avec tes jouets des sculptures. […] Il m’était impossible d’imaginer le drame du viol continu que tu subissais. »

      D’autres proches de Claude Lévêque que nous avons contactés évoquent, quant à eux, une supposée « pédophilie », mais qui n’était alors pas perçue comme « un fait monstrueux ».

      Laure , artiste, raconte : « J’ai connu Claude Lévêque au début des années 1980 dans le milieu de l’art, j’avais une vingtaine d’années. Sa pédophilie était sue mais on ne la considérait pas comme un fait monstrueux, on ne soupçonnait pas de maltraitance. Il n’y avait pas d’obscénité ou de geste de tendresse entre Claude et Laurent, dont je ne connaissais pas l’âge exact, on ne savait pas s’il y avait des rapports sexuels. Claude apparaissait comme un parrain qui lui facilitait sa vie professionnelle. Je comprends aujourd’hui le mal, je ne le voyais pas à l’époque. »

      Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook
      Marie
      a fait la connaissance de Claude Lévêque aux Beaux-Arts de Bourges en 1972 : « Une petite bande d’amis d’environ 10-12 personnes s’est alors formée. Nous sommes restés les uns les autres plus ou moins proches jusqu’à la fin des années 1980. Je connaissais les relations amoureuses successives de Claude, surtout dans les années 1980, avec de grands adolescents, 14-17 ans environ et plus. […] Je ne me suis jamais mêlée de la vie intime de mes amis, même proches. Et aujourd’hui, je suis horrifiée. » Elle se souvient d’avoir vu Laurent Faulon et ses frères, alors adolescents, avec Claude Lévêque.

      Stagiaire au Magasin, centre d’art de Grenoble, en 1997, Romain *, commissaire d’exposition, y a croisé Claude Lévêque, invité pour une résidence. Soulignant la possibilité d’« une complicité institutionnelle », il se remémore : « Il est venu avec un jeune garçon, de 15 ans maximum, un hypothétique assistant. Il n’y avait qu’une seule chambre et un lit pour les deux. Plusieurs personnes ont été choquées mais on a laissé faire. »

      À l’instar de plusieurs personnes qui revisitent leur passé, plusieurs acteurs de la culture s’interrogent désormais sur le sens de certaines œuvres du plasticien et sur la « disparition » des premières, aussi.

      Sur le site internet de l’artiste, la première œuvre répertoriée est une peinture aux accents orientalistes de 1976, montrant un jeune homme nu s’offrant au regard d’un homme en turban. Puis plus rien jusqu’en 1982. À cette période, Claude Lévêque réalisait des courts métrages. C’est l’un d’entre eux que mentionne Laurent Faulon dans sa plainte.

      Peu d’entre eux sont aujourd’hui visibles. L’œuvre la plus récente, Le Marronnier de la garde, a été tournée en 2007 et montre sur un fond musical mêlant rock et ballades d’Adamo et Françoise Hardy, un montage d’images de paysages ruraux, photos de famille et prises de vue d’un jeune garçon, âgé de 13 ans, se léchant le doigt, torse nu ou fumant la pipe.

      Les jeunes modèles, garçons de 10 à 15 ans, peuplent les œuvres des débuts. Ainsi de l’installation Grand Hôtel (1982), souvent présentée comme son œuvre séminale. Présentée à Créteil en 1982, elle a été peu vue depuis. Selon le commissaire d’exposition Éric Troncy, qui connaît Lévêque depuis son enfance, il « la gardait jalousement, un temps, il avait même prétendu l’avoir égarée », écrit-il dans le catalogue de la Biennale de Venise, en 2009. Sollicité par Mediapart, Éric Troncy n’a pas donné suite.

      À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR
      Sur l’un des cadres posés, sur une table recouverte d’un tissu sombre, on peut reconnaître Laurent Faulon, photographié avec un autre adolescent au buste dénudé et le visage peint d’or. D’autres images montrent des « corps nus d’adolescents », selon un article du critique d’art Michel Nuridsany.

      Celui-ci analyse, dans un texte de 1985 paru dans Artpress, une autre œuvre de Claude Lévêque, Anniversaire III (1984), dont l’image a été retirée du site de l’artiste, mais dont subsiste l’URL et que l’on retrouve sur Pinterest. Cette sculpture ornée d’ampoules montre, vraisemblablement d’après une photographie, un garçon nu, le sexe légèrement dressé, devant un château de sable.

      Au fil du temps, son art se fait moins figuratif. Rares sont les enfants qui apparaissent ensuite dans ses œuvres. Seuls exemples : dans Anniversaire (1983), Lévêque ne retient que quatre noms, écrits au néon, surmontant des masses informes, sortes de paysages miniatures : Claude, Laurent, Régis, David.

      L’installation La Nuit, en 1984, montre les bustes auréolés d’enfants nus entourés de tipis. Sur une photo de 1996, on voit un adolescent de 14 ans, le corps recouvert de confiture (Agnès b. en avait alors fait un sac – interrogée par Mediapart, elle n’a pas donné suite). En 2006, il fait intervenir un garçon de 12 ans, dans une performance à Château-Thierry, pour l’exposition « Friandises intérieures ».

      En 2012, à Paris, dans une école élémentaire, il élabore une installation avec des enfants de 6 à 11 ans, et fait notamment poser deux d’entre eux dans l’appartement de fonction du directeur inoccupé, mis à sa disposition et dont il obscurcit les fenêtres. Il y reçoit des enfants par groupes de cinq et va visiter leurs chambres, chez eux. L’un d’eux écrit les mots « J’ai peur », qui seront transposés en néon rouge accroché au-dessus de la porte d’entrée de l’école.

      Petit à petit, dans la « collaboration » de Claude Lévêque avec des enfants, les écritures et dessins transférés de la page au néon vont remplacer leur image, notamment avec des mots qui, si on les associe aux faits supposés dénoncés, glacent le sang : « Je suis venu ici pour me cacher », « J’ris pas, j’pleure pas, j’dis rien », « Je ne regrette rien ».

      Pour Jonathan Loppin, « les écritures qu’utilise Claude Lévêque sont comme des récompenses pour les enfants, dont les gribouillages finissent en œuvres d’art ». La créativité des enfants alimente ainsi non seulement sa production artistique, mais aussi sa renommée et sa cote sur le marché de l’art – sans que l’on sache si les enfants sont rémunérés.

      Une quarantaine d’écritures ont ainsi été réalisées de 2012 à 2020 par un adolescent, entre ses 11 et 19 ans. Dernier en date : le mot Illumination, sur 12 mètres de largeur, a orné le beffroi de Montrouge cet automne.

      Entretenant le mélange entre réel et fiction, Claude Lévêque a ainsi, pour certains, semé des alertes dans son travail plastique : en plus des œuvres des débuts déjà citées, on retient le motif de l’enfermement et de l’emprise dans les cages qu’il a conçues, mobilier ou jouets d’enfants malmenés.

      L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook
      Dans certaines œuvres, il montre des peluches qu’il emportait souvent avec lui. « À propos d’elles, il nous racontait : “On s’était échangé des objets’’, comme s’il avait le même âge que les enfants », selon l’artiste Jonathan Loppin.

      Ainsi le hérisson « Boulette », et surtout l’ours « Gros Bleu », qui ont tous deux appartenu à Laurent Faulon. Gros Bleu apparaît dans plusieurs œuvres, comme l’affiche J’ai rien à perdre, je suis déjà mort (1993), mais aussi sur Facebook, dans des posts où Claude Lévêque le montre l’accompagnant lors de ses nombreux voyages. En juin dernier, il a renvoyé les deux peluches à Laurent Faulon, à sa demande. Le colis est arrivé sans un mot.

      Une fois la plainte déposée, la justice a tardé à réagir. Est-ce parce que les faits concernant Laurent Faulon datent de plus de trente ans et seraient a priori prescrits ? Parce qu’il n’avait pas d’avocat à l’époque de son dépôt de plainte ?

      Les auditions de témoins et de victimes potentielles n’ont démarré qu’au compte-gouttes en septembre 2020. Des délais qui s’expliquent par « la charge très importante de la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, les urgences qu’elle doit traiter, et un certain nombre d’investigations nécessaires avant de procéder aux auditions », explique à Mediapart la procureure de la République de Bobigny.

      Le ministère de la culture, alerté par la direction de l’École supérieure d’art d’Annecy, où enseigne Laurent Faulon, a quant à lui réagi en novembre 2020, par un signalement écrit au parquet de Bobigny, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. Le ministère de la culture et le parquet de Bobigny le confirment à Mediapart.

      L’avocate Laure Heinich, qui défend Laurent Faulon depuis juin 2020, estime que sa plainte « est la démonstration de la difficulté de survivre aux agressions sexuelles ». « Il lui aura fallu des années pour déposer une plainte qui est aussi une plainte citoyenne pour protéger d’éventuelles autres victimes. Il fait ce que les pouvoirs publics demandent aux citoyens. Comment expliquer dès lors la quasi-absence d’investigations depuis ? Le parquet s’interroge-t-il sur le message transmis à la société qu’il représente ? », demande Me Heinich.

      Laurent Faulon, quant à lui, milite désormais pour que la notion de consentement soit complètement revisitée – notamment l’idée d’un seuil d’âge pour les mineurs en dessous duquel toute relation sexuelle avec une personne plus âgée serait considérée comme un viol. Il plaide aussi pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/130121/pedocriminalite-plusieurs-temoins-accablent-l-artiste-claude-leveque?ongle

    • Affaire très similaire à celle de #madzneff
      Un pédo-prédateur sexuel qui agit au grand jour et dont l’oeuvre est construite autour de la sexualisation des mineurs et qui reçoit des aides de l’état. On apprend qu’en 2012 il est invité en résidence 4 mois dans l’école primaire de la goute d’or et qu’il est logé dans l’école et que les gosses pouvaient venir « spontanément » lui rendre visite...

    • CLAUDE LEVÊQUE : MÊME PAS PEUR !
      https://inferno-magazine.com/2012/05/07/claude-leveque-meme-pas-peur

      Claude Lévêque « Seasons in the Abyss » / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin, Paris XVIIIe.

      Claude Lévêque a été invité en résidence à l’école Pierre Budin dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. Il a développé, en collaboration avec des enfants âgés de 6 à 11 ans, une installation in situ. Une expérience inédite en France dans une école élémentaire.

      L’appartement de fonction du directeur, actuellement inoccupé, a été mis à la disposition de Claude Lévêque pour qu’il y réalise une exposition qui implique l’ensemble des élèves de l’école. Pierre Perrin, le directeur de l’établissement, est aussi le commissaire de cette exposition. Pour la réaliser, l’artiste a mis en place les conditions d’un dialogue avec les enfants pour l’élaboration du projet, et pour sa réalisation. Les traces lumineuses produites par les phares des voitures au plafond, le soir au moment de s’endormir, Une projection inversée de ce qui se passe en temps réel dans la cour de récréation, sont quelques unes des idées émises qui ont donné à l’exposition sa tonalité. Celle-ci explore l’au-delà du mobilier utilitaire de l’école, en le confrontant à des objets « précieux » prêtés par les enfants ou, plus rarement, choisis par eux dans les dépôts d’Emmaüs où ils se sont rendus avec l’artiste. Des jeux de double et de surfaces réfléchissantes démultiplient ces éléments. L’exposition est intitulée Seasons in the Abyss d’après une chanson des Slayer, un groupe américain de trash métal dont la poésie tourmentée, et les sons puissants, s’écoutent à plein volume. Cette évocation des profondeurs abyssales renvoie aussi à des lieux obscurs dans lesquels les repères spatiaux se brouillent. La bande son de l’exposition, en revanche, ajoute un élément céleste, avec des piaillements superposés d’oiseaux stridents et convulsifs .

      Dans l’appartement aménagé de pupitres et de chaises d’écoliers récupérés à la Mairie de Paris, Claude Lévêque a reçu successivement des petits groupes de cinq enfants, lors de séances préparatoires . Il a simultanément mis en place des ateliers d’écriture pour la réalisation de néons, invitant les enfants à écrire de la « main contraire », soit gauche pour les droitiers, et vice et versa. Durant les quatre mois de sa résidence, il a participé à certains repas collectifs à la cantine, pour le plus grand plaisir des enfants qui pouvaient, par ailleurs, lui rendre visite spontanément à l’appartement, selon des horaires définis avec les enseignants . Pour s’imprégner encore davantage de leurs univers, il a visité des chambres d’enfants . Bien que la Goutte d’Or abrite aussi des personnes particulièrement défavorisées, le quartier est classé Zone Urbaine Sensible (ZUS), ce sont les familles les plus aisées qui l’ont reçu. Par contre, les enfants se sont investis dans le projet indifféremment de leurs conditions sociales. Certains d’entre eux manifestant une aptitude particulière à appréhender le travail de Claude Lévêque, qui leur avait été présenté à la galerie Kamel Mennour, lors de l’exposition Basse Tension, et à travers des DVD, et des catalogues. Ils ont également visité le Musée du Louvre avec l’artiste.

      Le parcours qui résulte de ce processus commence déjà dans la rue Pierre Budin. Les mots J’ai peur , en lettres de néon rouge placés sur la partie supérieure vitrée de la porte d’entrée du bâtiment, accueillent le visiteur. Cette écriture manuscrite d’Amine, un élève de CE2, évoque les punitions scolaires (d’autrefois), une violence ordinaire toujours actuelle, tout en rappelant que les enfants aiment aussi les histoires qui font un peu peur. Elle opère aussi comme une clefs d’entrée à l’espace fictif de l’exposition, en conférant un aspect cinématographique à la rue. Cette porte franchie, un couloir étroit aux murs jaunis conduit à la cours de récréation délimitée par les bâtiments scolaires et plongée, ce jour-là, dans un silence provisoire. Sur la gauche, un escalier mène au 1er étage où se trouve l’appartement traversant du directeur. Il est composé de trois chambres côté rue, d’un salon côté cour, d’un réduit et d’une cuisine (non investie), soit six pièces articulées autour d’un couloir. Dotées d’un plafond haut, de parquet en bois, et de fenêtres barbouillées de traces de peinture noire et mate qui filtrent la lumière du jour, elles sont plongées dans une semi-obscurité. Dans le réduit, un château fort miniature posé au sol, baigne sous un puits de lumière naturelle. Dans le salon attenant, une ampoule suspendue par un long fil électrique éclaire les vestiges d’un jouet en plastique de couleur pastel,un château-nuage Barbie caractéristique de ceux réservés aux filles. Les surfaces nacrées forment, en s’entrelaçant, un cercle qui brillent sous la lumière artificielle comme un nid de serpents, ou de guimauves géantes. La présence des enfants, jusque-là suggérée par des traces discrètes, se manifeste plus ouvertement dans les trois chambres côté rue où des pupitres, des bancs et des chaises sont empilés de manière chaotique, à la limite du déséquilibre.

      Des boules à facettes, placées par paires à la hauteur des yeux des adultes, et à celle des enfants, projettent sur les murs, en tournant sur elles-mêmes, des particules de lumière. Des miroirs sans teint réfléchissent, en les démultipliant, d’innombrables petits objets du quotidien confronté au matériel scolaire anonyme. Une étoile de Noël éteinte au sol, un petit piano noir, des coupes de vainqueur, un doudou vert, l’image d’un clown dans un cadre, une voiture jaune posée sur un pied de table jaune, deux wagons de train miniatures, une mappemonde, une minuscule chaise rose à côté d’une grande lampe de chevet, un nounours à la mer, une voiture clignotante… Nichés dans chaque recoin, comme dispersés suite à une douce tempête , ces objets forment des micro fictions, pareilles à celles que l’on trouve dans les chambres d’enfant. Des espaces sensibles et sophistiqués, dans lesquels le vocabulaire enfantin qui fusionne avec celui de Claude Lévêque, aurait pu inspirer à Charles Baudelaire cette phrase : « Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté »

      Josiane Guilloud-Cavat

      Seasons in the Abyss / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin 5, rue Pierre Budin 75018 Paris / M° Château Rouge – ligne 4 ou Marcadet Poissonniers

  • Les lourds secrets d’un pensionnat breton
    Par Solenne Durox, correspondante à Rennes (Ille-et-Vilaine)
    Le 26 décembre 2020 - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/les-lourds-secrets-d-un-pensionnat-breton-26-12-2020-8416179.php

    A Saint-Père Marc en Poulet (Ille-et-Vilaine), l’établissement hors contrat accueille 200 garçons. LP/Solenne Durox

    Etablissement catholique hors contrat, l’école Sainte-Marie de Saint-Père (Ille-et-Vilaine) vante les qualités morales de son équipe pédagogique. Des enseignants et surveillants ont pourtant été condamnés dernièrement pour agressions sexuelles et châtiments corporels sur des élèves.

    Les mains crispées, Theodore (le prénom a été modifié) s’est assis seul sur un banc. Ce Breton a pris sa journée pour entendre la justice se prononcer en quelques mots. Oui, il est bien une victime de Guillaumo Aguilar. Le 17 décembre dernier, cet ancien militaire de 52 ans a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur 13 mineurs de moins de 15 ans entre 1996 et 2001. Le tribunal correctionnel l’a condamné à 7 ans de prison. Au regard du nombre de victimes, « ce n’est pas assez. Un voleur paye le même prix », regrette Theodore.
    Les faits se sont déroulés à l’école Sainte-Marie de Saint-Père-Marc-en-Poulet, près de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine. C’est dans cet établissement catholique traditionaliste hors contrat géré par la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (dont le fondateur a été excommunié) que l’homme avait été accueilli à plusieurs reprises, invité par un frère de la communauté avec qui il avait sympathisé lors d’une retraite spirituelle. Durant ses permissions, il y jouait le rôle de surveillant et dormait à l’étage avec les plus jeunes.
    « A l’époque, j’avais entendu des trucs dans la cour de récréation »
    Sa technique pour appâter les garçons consistait à leur offrir des effets militaires : treillis, ceinturons, rangers… Il les agressait pendant qu’ils se changeaient : caresses sur le sexe, masturbation, fellation… « A l’époque, j’avais entendu des trucs dans la cour de récréation et j’ai su qu’il s’était passé quelque chose », se souvient Brieuc (le prénom a été modifié), un ancien élève de l’établissement. L’affaire avait éclaté suite à deux premières plaintes dans les années 2000. Guillaumo Aguilar avait été condamné à 4 ans de prison en 2010. D’autres victimes s’étaient fait connaître. La gendarmerie avait alors décidé de contacter l’ensemble des enfants en contact avec le suspect. Un travail de longue haleine.
    « Mon client qui a été agressé à plusieurs reprises durant deux ans avait tout occulté jusqu’à l’appel des enquêteurs. Il lui a fallu plusieurs jours pour réussir à se confier à eux », explique Me Lemasson de Nercy, l’avocat d’une des victimes. « C’est un dossier qui aurait dû être jugé aux assises et non en correctionnelle », déplore Me Pierre Stichelbaut, avocat d’une autre partie civile. Lors de l’audience le 12 novembre dernier, Guillaumo Aguilar a comparu en visioconférence depuis la Guyane où il est en détention provisoire dans le cadre d’une nouvelle affaire de viol sur mineur. En 2005, la Cour d’assises du Var l’avait une première fois condamné à 16 années de prison pour les mêmes raisons. Il était sorti en 2014.
    Gifles, coup de bâton, lavage de bouche au savon
    Son avocate s’étonne que dans le dossier de l’école Sainte-Marie, l’établissement n’ait pas été mis en cause alors que deux enfants s’étaient confiés à des prêtres de la communauté. Selon le parquet, il n’y avait pas assez d’éléments pour « établir la non-dénonciation de crime commis sur mineur ». Aucun représentant de l’école n’a en tout cas pris la peine de venir soutenir les anciens élèves au tribunal.
    Comme le rappelle le livre noir 2019 de l’AVREF (Aide aux victimes de dérives dans les mouvements religieux en Europe et à leurs familles), l’établissement connaît une succession d’abus non seulement sexuels mais aussi physiques. En 2018, deux enseignants et un prêtre ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis pour des châtiments corporels commis contre les élèves entre 2008 et 2011 : gifles, coup de bâton, lavage de bouche au savon… Brieuc se souvient aussi d’« un enseignant qui renversait les tables et envoyait les brosses à craie sur les élèves qui l’énervaient ».
    La femme « responsable de la déchéance de l’homme »
    Sur son site Internet, l’école créée en 1987 explique que le corps professoral est « constitué de 4 prêtres, de 3 frères, et d’une quinzaine de professeurs laïcs qualifiés […] Leurs qualités morales sont une garantie d’une ambiance authentiquement chrétienne et humaine. » Brieuc, lui, se rappelle surtout du mépris affiché pour tout ce qui était lié au corps. « Une douche seulement par semaine et on devait apporter notre papier toilette ». 200 élèves (garçons) sont aujourd’hui scolarisés de la maternelle à la terminale. L’internat est obligatoire au lycée. « Une manière de réduire l’influence des familles sur l’éducation », selon une source très proche de la Fraternité.
    Chaque jour, les élèves se retrouvent à la chapelle pour la prière du matin, le chapelet et la prière du soir. S’ils le désirent, ils peuvent également assister quotidiennement à la messe. Les jeans et les baskets sont interdits. Le journal interne de l’école dévoile une vision passéiste de la femme. En prenant le travail, les vêtements, les sports, les exploits, le tabac de l’homme, la femme pervertie est devenue « immodeste » et trop libérée. Elle est responsable de la déchéance de l’homme qui « tombe dans l’impureté ».
    Des auteurs « déconseillés à cause de leur caractère trop nettement libertin et anticlérical »
    L’enseignement suit donc sa propre voie… « en France, l’Education nationale conduit les âmes en enfer », écrit noir sur blanc un abbé de l’école. « En histoire, la Bible explique que Dieu a créé la Terre en sept jours donc on n’a pas étudié la préhistoire, se souvient Brieuc. Quand on amenait un livre à l’école, il était évalué par un abbé pour voir s’il pouvait être lu ».

    Il est par ailleurs « vivement déconseillé de se procurer les œuvres intégrales de certains auteurs (Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Zola, etc.) à cause de leur caractère trop nettement libertin et anticlérical », lit-on sur une liste scolaire. Contactée, la direction n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.

  • Wissam Dief : Des fillettes « libérées » aux féministes mal-baisées
    https://scenesdelavisquotidien.com/2020/11/17/wissam-dief-des-fillettes-liberees-aux-feministes-mal-baisee

    Des fillettes « libérées » aux féministes mal-baisées

    A propos d’une plaque commémorative :

    "Si on ne peut reprocher à Guy Hocquenghem et à René Schérer (entre autres), d’avoir voulu abroger dans les années 70, le double-standard en ce qui concernait la majorité homosexuelle et hétérosexuelle, on peut tout de même s’interroger sur leur manière d’avoir subsumé sous la catégorie de l’enfance un ensemble d’expériences dont ils semblent peu tenir compte. Ainsi le projet de déconstruire un système de l’enfance, pour explorer la possibilité de relations charnelles « transversales » entre adultes et enfants, universalise l’expérience intime de l’enfance masculine homosexuelle au mépris de la majorité des concernées. Les récents débats au sujet de la profanation et du retrait de la plaque commémorative de Guy Hocquenghem à Paris, nous mettent en demeure de rappeler ici les conséquences qu’une telle vue abstraite a nécessairement sur nos corps de femmes et de petites filles."

    N’importe quelle femme pourra faire retour sur les injonctions par milliers lui ont été
    assénées très tôt au sujet de tout ce que son corps donnait à voir : d’une manière de croiser les jambes, à l’ouverture gracieuse de la bouche, en passant par le contrôle de la cambrure, du poids, de la démarche, la recherche inlassable de proximité affectueuse, le fait de mettre en scène comme un être mignon, susceptible d’émouvoir, movere, de faire bouger l’adulte. Bien sûr que ce seul pouvoir qui nous était accordé, ne pouvait qu’être surinvesti, consciemment ou non. Bien sûr, qu’à force de nous indiquer par tous les moyens que là était la seule voie de reconnaissance possible, nous ayons fini par minauder, miauler, tourner de la tête gracieusement, nous habiller-déshabiller, faire des pas de danse, des glissements savants sur le sol. Puisque avoir l’attention des adultes, et particulièrement de notre père, cet être étrange qui représentait le pont vers le Monde, nécessitait de nous ce minaudage. Qui viendrait ici, rétroverser les choses, pour affirmer que nous étions naturellement faites pour la séduction, portées instinctivement au contact charnel et sexuel avec les adultes que nous aguichions ? Il faut croire que ceux qui s’y essaient savent si peu de nos enfances.

    #viol #inceste #pedocriminalité #male_gaze #female_gaze #domination_masculine #domination_parentale #enfance

  • Opinion | The Children of Pornhub - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/12/04/opinion/sunday/pornhub-rape-trafficking.html

    Pornhub prides itself on being the cheery, winking face of naughty, the website that buys a billboard in Times Square and provides snow plows to clear Boston streets. It donates to organizations fighting for racial equality and offers steamy content free to get people through Covid-19 shutdowns.

  • « Pédocriminalité », « viol », « atteinte sexuelle »… : quels mots pour qualifier les violences sexuelles sur enfants ?
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/pedocriminalite-abus-sexuels-quels-mots-pour-qualifier-les-violences-sexu
    Alors qu’elles resurgissent en pleine affaire Matzneff, on fait le point sur ces notions souvent mal employées et qui, pour certaines, font débat.
    https://pbs.twimg.com/media/EM-olbiWkAYa60R?format=jpg&name=small
    Les regrets de Laurent Joffrin, le directeur de la publication de Libération, n’ont pas permis d’endiguer la vague d’indignations. La Une du quotidien datée de lundi, consacrée à l’affaire Gabriel Matzneff, s’est attiré les foudres de nombreux internautes. En cause, les mots choisis, Libé évoquant notamment les « ébats avec des enfants ou des ados » de l’écrivain « pédophile », aujourd’hui âgé de 83 ans.

    « Le mot que vous cherchez, c’est pédocriminalité », dénonce la députée LFI Danièle Obono. « On ne dit pas ébats avec des enfants et des ados mais viols d’enfants et d’ados », proteste Élodie Jauneau, membre du bureau national du PS.

    Peut-on réellement parler d’« ébats », une notion impliquant le consentement, dans ce genre d’affaires ? La psychiatre Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, déplore la récurrence de termes « qui alimentent le déni ou la minimisation des faits et construisent l’impunité de leurs auteurs ». Pourtant, pointe-t-elle, « les violences sexuelles commises sur les enfants sont celles qui ont le plus de répercussion sur les victimes ».

    Une simple recherche sur un moteur de recherche permet de constater que les expressions malheureuses, voire les abus de langage sont légion. Quels sont ces termes qui font polémique ? Comment parler des violences sexuelles envers les enfants ? Le Parisien fait le point avec des professionnels du droit, de la protection de l’enfance et de la communication.
    « Pédophile » ou « pédocriminel » ?

    Étymologiquement, le terme « pédophile », qui signifie « l’amour envers les enfants » (« philia » et « paidos »), pose d’emblée problème. « Il renvoie à une époque - on le voit avec l’affaire Matzneff - où l’on considérait l’attirance sexuelle envers les enfants comme une orientation sexuelle, au même titre que l’homosexualité », observe Muriel Salmona. « Le mot pédophilie masque le réel des violences sexuelles. À l’évidence, les viols et agressions sexuelles ne relèvent pas de l’amour, mais de son contraire, la violence », acquiesce Edouard Durand, juge des enfants au tribunal de grande instance (TGI) de Bobigny.

    « Pédophilie » n’a d’ailleurs aucune valeur juridique, puisqu’il n’existe pas dans le Code pénal. C’est surtout dans son acception médicale qu’il est couramment employé aujourd’hui. « C’est un trouble psychiatrique, qui doit faire l’objet d’un diagnostic médical », rappelle Stéphanie Lamy, militante féministe spécialisée dans la communication stratégique, et cofondatrice du collectif Abandon de Famille. Certains auteurs de violences sexuelles sur mineurs peuvent ainsi « ne jamais être diagnostiqués pédophiles », souligne-t-elle. « Il peut s’agir de violences de domination ». Tout comme certains pédophiles diagnostiqués peuvent ne jamais passer à l’acte, par respect de la loi ou de la morale.

    Ce terme a portant de facto sa place dans la sphère judiciaire. « Il est utilisé dans le cadre des débats, en cas de procès aux assises, en marge des expertises », souligne Carine Durrieu Diebolt, avocate spécialisée dans la défense de victimes de violences sexuelles. Néanmoins, de nombreuses associations de défense des droits des enfants militent pour remplacer, dans le langage courant, le mot pédophilie par « pédocriminalité », qui reflète bien la notion d’infraction. « Ce mot dit la violence. C’est là l’essentiel », salue Edouard Durand, par ailleurs coprésident de la commission violences du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE).

    Un mot-valise qui pourrait, pour Muriel Salmona, englober également la « pédopornographie », un concept là encore absent du Code pénal (qui parle d « images pornographiques représentant des mineurs »). « La pornographie, c’est l’illustration ou la mise en scène indécente de la sexualité. Parler de pédopornographie, c’est sous-entendre qu’il existerait une sexualité des enfants », insiste-t-elle.
    L’« abus sexuel », un mauvais anglicisme

    La couverture de l’affaire Epstein dans la presse française en est la plus parfaite illustration : l’expression « abus sexuel », qui n’a, elle non plus, aucune valeur juridique, est très souvent utilisée pour qualifier des violences sexuelles sur mineurs. Là encore à tort, selon les associations, avec pour effet de minimiser la violence des faits.

    « C’est un terme impropre, né d’une mauvaise traduction de l’anglais abuse, qui signifie violences », explique Stéphanie Lamy. « En français, on abuse d’un droit, d’une bonne chose. On va trop loin avec quelque chose qui est déjà permis. On abuse de son autorité, du chocolat, de l’alcool… Mais certainement pas d’un enfant ! », ajoute la Franco-Canadienne, qui a grandi en Australie.

    Alors qu’aux Etats-Unis la loi réprime le « sex abuse », ses équivalents, dans le Code pénal français, sont l’agression sexuelle, le viol et l’atteinte sexuelle.
    Viol, agression et atteinte sexuelle : des nuances complexes

    Entre adultes, la vie sexuelle est libre pour tous les protagonistes. Ce que la loi interdit, c’est d’imposer un acte sexuel par la violence, la contrainte, la menace, ou la surprise. Dans ce cas, on parle d’agression sexuelle s’il s’agit de gestes sexuels sur certaines parties du corps (cuisses, fesses, seins, bas ventre…). Un délit puni de cinq à dix ans de prison, en fonction des circonstances. On parle de viol quand il y a pénétration - anale, buccale, vaginale - avec le doigt ou le sexe (une fellation imposée est donc un viol). Ce crime est passible de quinze ans de réclusion.

    En dessous de l’âge de quinze ans, la loi prohibe toute relation sexuelle avec un adulte. On parle alors d’atteinte sexuelle, qui peut valoir au majeur une peine de sept ans d’emprisonnement. Dès lors qu’il y a violence, contrainte, menace ou surprise, l’acte redevient agression sexuelle, voire viol s’il y a pénétration. Avec la circonstance aggravante que ces faits ont été commis sur un mineur. Dans ce cas, l’agression sexuelle et le viol sont respectivement punis de dix ans et 20 ans de réclusion.

    « Ces notions sont très compliquées », déplore Carine Durrieu Diebolt, qui plaide en faveur d’une simplification du Code pénal. « Peut-être qu’il serait temps de mettre en place une réforme globale, en matière de violences sexuelles, pour avoir des critères simples et accessibles aux citoyens ». Muriel Salmona, comme de nombreuses associations, demande l’inscription au Code pénal d’un « crime sexuel spécifique sur mineur », distinct du viol. Un enfant n’aurait dès lors pas à prouver qu’il y a eu violence, menace, contrainte ou surprise. Soit, l’absence de consentement.

    « La France est l’un des rares pays où il n’y a pas d’âge de consentement sexuel pour les enfants », dénonce Muriel Salmona, remettant sur le devant de la scène les débats qui avaient agité l’année 2018. Autant de pistes jugées intéressantes par Edouard Durand, pour qui « l’enfance doit être sanctuarisée ».

    « L’incrimination d’atteinte sexuelle dit qu’un adulte ne commet pas d’infraction s’il a un acte sexuel avec un enfant âgé de 15, 16 et 17 ans. On en déduit, de manière très abusive, qu’il y aurait ce que l’on appelle une majorité sexuelle », regrette le juge des enfants. « Cela me paraît abusif de dire qu’un être humain mineur doit être protégé dans tous les actes de sa vie, sauf pour l’un des aspects les plus importants : le développement de sa sexualité ».

    Mais cet avis ne fait pas l’unanimité chez les magistrats, pour qui l’arsenal législatif est suffisant pour pénaliser les violences sexuelles sur les mineurs. « Oui, il y a des trous dans la raquette », reconnaît Katia Dubreuil, la présidente du Syndicat de la magistrature. « Mais ce n’est pas en prévoyant des lois qui aggravent les peines ou qui font des mesures automatiques qu’on répond à ces problématiques ».
    « Relation sexuelle », « attouchements », « caresses »… vraiment ?

    Ces termes, ni juridiques ni psychiatriques, sont très couramment employés, en marge de ces dossiers, y compris par des professionnels du droit. Mais peut-on réellement parler de « relation sexuelle » avec un enfant ? Non, dit Stéphanie Lamy. « Une relation implique la symétrie dans les rapports. Ce qui n’est pas le cas avec un enfant ». Aussi, la militante préfère « acte sexuel », plus clinique, mais plus proche de la réalité.

    « De la notion de relation sexuelle découle celle du consentement. Or un prédateur va tenter de justifier sa prédation en disant que sa victime était consentante. Peut-on parler d’un consentement libre et éclairé lorsqu’on parle d’un enfant ? », interroge-t-elle. De la même manière, elle critique le terme « attouchements ». « C’est mignon, c’est doux… Et pourtant, ce ne sont pas des caresses, mais des actes sexuels. Des actes de domination sur les enfants ».

    #vocabulaire #viol #abus #violences_sexuelles #pédocriminalité

  • Consentement : le Haut Conseil à l’égalité exhorte à la fixation d’un seuil d’âge dans la loi
    https://www.liberation.fr/france/2020/11/20/consentement-le-haut-conseil-a-l-egalite-exhorte-a-la-fixation-d-un-seuil

    Dans un appel publié ce vendredi, le HCE plaide une nouvelle fois pour que la loi soit modifiée, afin que tout acte sexuel entre un adulte et un enfant de moins de 13 ans soit considéré comme contraint.


    En matière de violences sexuelles, il faut « aller plus loin » et « renforcer la protection des mineurs de 13 ans ». C’est le sens de l’appel lancé ce vendredi par le Haut Conseil à l’égalité (HCE), à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant. Une nouvelle fois, l’instance nationale consultative indépendante exhorte à ce que soit fixé dans la loi française un seuil d’âge (13 ans), en dessous duquel tout acte sexuel entre un adulte et un mineur serait forcément considéré comme contraint, sans qu’il soit possible d’apporter de preuve contraire.

    Concrètement, en cas de pénétration d’un adulte sur un enfant de moins de 13 ans, il s’agirait d’un viol au regard de la loi, passible de vingt ans de prison et jugé aux assises. En l’absence de pénétration (en cas de caresses forcées par exemple), il s’agirait forcément d’une agression sexuelle, passible de dix ans de prison, et non d’une « atteinte sexuelle sur mineure », qualification juridique fréquemment retenue, passible de sept ans de prison en correctionnelle, mais qui ne « permet pas la représentation de la gravité de l’acte commis et imposé à l’enfant », estime le HCE.
    « Qu’à un âge donné, il soit impossible de se questionner sur le consentement »

    Mercredi soir, une centaine de personnes se sont rassemblées à Paris pour réclamer l’instauration d’un seuil d’âge dans la loi. Elles protestaient contre la décision récente prise par la cour d’appel de Versailles de confirmer le renvoi de trois pompiers devant la justice pour « atteinte sexuelle », alors qu’ils sont accusés par une jeune femme de viols lorsqu’elle avait 14 ans. « On voudrait qu’à un âge donné, il soit impossible de se questionner sur le consentement », a argué Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes.

    La question d’instaurer pareil seuil d’âge avait émergé fin 2017, dans le sillage du mouvement #MeToo. Plusieurs décisions de justice avaient alors suscité une vague d’indignation au sein des associations féministes et de protection de l’enfance, à l’image de la décision du parquet de Pontoise (Val-d’Oise) de poursuivre un homme de 28 ans pour « atteinte sexuelle sur mineure » sur une fille de 11 ans, alors que celle-ci avait déposé plainte pour viol. Le parquet avait estimé que les éléments juridiquement caractéristiques du viol, à savoir « la menace, la contrainte ou la surprise », n’étaient pas établis. Plusieurs associations étaient alors montées au créneau, réclamant que soit instauré un seuil d’âge de non-consentement dans la loi, comme c’est le cas en Belgique (14 ans), au Royaume-Uni (13 ans), ou encore en Espagne et aux Pays-Bas (12 ans).

    Dans un avis pour « une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol », publié dès 2016, le HCE estimait déjà nécessaire d’instaurer clairement un seuil d’âge dans la loi. Sans parvenir à un accord sur cette barrière d’âge (13 ou 15 ans), le gouvernement s’était dans un premier temps dit favorable à une telle mesure lors de l’élaboration de la loi contre les violences sexistes et sexuelles, dite « loi Schiappa », avant de rétropédaler au moment de son adoption, en 2018. En cause : un risque d’inconstitutionnalité, pointé par le Conseil d’Etat, pour qui une telle modification législative aurait pu être contraire à la présomption d’innocence. La version du texte finalement adoptée dispose que, s’agissant de faits commis sur un mineur de 15 ans, la contrainte morale ou la surprise, nécessaires pour qualifier un viol, sont caractérisées par « l’abus de la vulnérabilité de la victime ne disposant pas du discernement nécessaire pour ces actes » ou par une « autorité de droit ou de fait » exercée sur la victime et pouvant être liée à une « différence d’âge significative ».
    Il appartient toujours à la victime de démontrer qu’elle a été contrainte

    Telle que votée en 2018, la loi est « insuffisamment claire et protectrice pour l’enfant », estime le HCE dans son avis de vendredi. Et d’arguer qu’il appartient toujours à la victime de démontrer qu’elle a été contrainte : « L’attention des professionnels de la protection, et particulièrement les policiers, gendarmes et magistrats au cours des enquêtes et procès, est dirigée non pas d’abord sur les moyens mis en œuvre par l’agresseur pour obtenir l’acte sexuel, mais sur la personnalité, les réactions de l’enfant et la façon dont elle ou il les a exprimées », relève le HCE.

    En début d’année, la parution du livre de Vanessa Springora, le Consentement, dans lequel elle évoque sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff et les rapports sexuels eus avec lui alors qu’elle n’était qu’une adolescente, avait relancé le débat autour de la nécessité d’instaurer un seuil d’âge dans la loi. Fin janvier, la députée LREM de Marseille Alexandra Louis a été chargée d’une mission d’évaluation de la loi contre les violences sexistes et sexuelles d’août 2018. L’ex-secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa s’était alors engagée à revoir la loi si besoin. Prévue pour fin octobre, la remise des conclusions de ces travaux au gouvernement a été décalée en raison de la situation sanitaire.
    Virginie Ballet

    #viol #culture_du_viol #pédocriminalité #inceste #consentement #violences_sexuelles