• James Mattis Is an Ancient Roman Action Hero – Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2018/03/27/james-mattis-is-an-ancient-roman-action-hero

    Since the 2016 election, comparisons between the United States and ancient Rome abound, motivated as much by President Donald Trump-Emperor Nero analogies as anything. Commentators have dwelled on the traits of theatricality, brutality, solipsism, narcissism, cruelty, and cowardice these men seem to share.

    There’s a problem, however, with these comparisons: their source material. Most have turned to the work of Suetonius as their Nero-knowledge arsenal. Author of The Lives of the Twelve Caesars, Suetonius was antiquity’s Michael Wolff: a gossipy and glib chronicler of fear and loathing in imperial Rome. His account of Caligula planning to make a horse one of his consuls and Nero singing while Rome burned makes for sensational and spellbinding reading, just as does Wolff’s portrait of Trump eating cheeseburgers in bed and warning the maid not to touch his toothbrush in his book Fire and Fury. Whether they are actually true is another, less promising, matter.
    […]
    In contrast, Tacitus would find a different and more effective fighter in the person of Secretary of Defense Mattis. By now, many of us know that the retired general kept a copy of Marcus Aurelius’s Meditations by his side during his tour of duty in Iraq. But since joining the Trump administration, Mattis seems to have plucked an edition of Tacitus’s works from his sizable personal library. Like Agricola, he embodies an ethos of service — one that is civic as well as military — which the United States desperately needs.

    #Néron #Suétone #La_Vie_des_Douze_Césars
    #Marc_Aurèle #Pensées_pour_Moi-même

  • Paroles d’#économistes (3/4) : L’#économie, discipline médiatique
    https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/paroles-deconomistes-34-leconomie-discipline-mediatique

    Troisième jour de notre série consacrée aux économistes de tous bords… Hier, nous avons parlé de l’enseignement et de la recherche, ainsi que des querelles de chapelles. Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur le poids et l’orientation de la parole des économistes dans les #médias. Les médias sont l’un des rouages importants de la circulation de la #pensée_économique. Une pensée qui se heurte souvent à la complexité des concepts et des modèles qu’elle utilise. C’est pourquoi, l’économie est soumise, dans les médias, à plusieurs types de traitements : celui des journalistes, des éditorialistes et celui des #experts. Depuis de nombreuses années, des organisations militantes dénoncent une sélection et un traitement arbitraires, à la fois des sujets économiques abordés et des intervenants consultés. Alors, certaines actualités sensibles seraient-elles esquivées par les grands groupes de presse ? Et la parole confisquée par un cercle d’économistes devenus experts de la discipline médiatique ?

    « L’économie des médias connaît d’importants bouleversements actuellement : il y a abondance et concurrence de chaînes, majoritairement privées, et derrière ces chaînes, des propriétaires de grands groupes. » (Nadine Toussaint-Desmoulins)

    Pour évoquer la parole des économistes dans les médias, nous accueillons aujourd’hui Laurent Mauduit, écrivain, journaliste, co-fondateur de Mediapart, auteur de Main basse sur l’information, publié aux éditions Don Quichotte, et Nadine Toussaint-Desmoulins, professeur émérite à l’Université Paris II, auteure du « Que Sais-Je » L’économie des médias aux PUF.

    « Les maux qui pèsent sur la presse sont l’affairisme et le présidentialisme : un système politique construit sur le face-à-face entre le monarque républicain et le peuple. Tout ce qui s’interpose n’a pas de légitimité. » (Laurent Mauduit)

  • Le #CorteX

    Le #CORTECS (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) est né en 2010 dans un triangle entre Grenoble, Marseille et Montpellier. Il a pour objectif central la transmission des divers aspects de l’esprit critique, la pensée critique ou sceptique (critical or skeptical thinking chez les anglophones), qu’on la nomme zététique, à la suite d’#Henri_Broch, hygiène préventive du jugement comme Jean Rostand, ou autodéfense intellectuelle à l’instar de Noam Chomsky. Conjointement, le collectif vise la mise en réseau de toutes les personnes étudiant ou travaillant sur un sujet relatif à l’élaboration, à l’usage ou à la diffusion de la pensée critique, quelle que soit leur origine disciplinaire et leur statut professionnel.

    https://cortecs.org/le-cortex/qui-sommes-nous
    #esprit_critique #pensée_critique #pensée_sceptique #zététique

    Le site propose également du #matériel_pédagogique (cours, séminaires, exercices, TP, etc.)
    #pédagogie #ressources_pédagogiques

    • Pensée critique

      Trois axes, deux couches

      Le projet scientifique est décliné en trois axes complémentaires, résumés ici et détaillés plus bas.

      Le premier axe Pensée critique et santé vise à étudier les différents freins dans l’accès à l’information des patients et des professionnels de santé ; à lorgner tous les points noirs du triangle patient / professionnel / savoir médical ; à examiner dans quelle mesure le système de publication actuel et les consortiums éditoriaux déforment, et parfois malmène l’information médicale brute, au prix de créer des conceptions erronées en santé ; et à envisager des solutions didactiques adaptées tant pour le grand public que pour les thérapeutes professionnels pour faire émerger, cerner et mettre en balance les heuristiques de jugement.
      L’enjeu de l’axe n°2, Pensée critique et épistémologie est d’explorer les critères d’inclusion ou d’exclusion de certaines analyses dans le champ des connaissances scientifiques. Quel statut donner aux scénarios complotistes, aux créationnismes, à certains corpus théoriques thérapeutiques désuets ? Y a-t-il réellement des critères de scientificité vs. de pseudo-scientificité, et ce dans tous les domaines ? Le scepticisme méthodologique est-il moniste, le rationalisme « à l’occidentale » est-il un modèle abouti, complet, ou dépassable ? Y a-t-il une pluralité de méthodes et de critères, des critères emboîtés ?
      Le troisième pied du triptyque, Pensée critique et pensées radicales extrêmes, se penche sur les processus conduisant des groupes sociaux à développer des théorisations « ultra-radicales », ou « extrêmes » sur le plan politique, en empruntant des discours ou des pseudo-concepts scientifiques pour asseoir leur base. Ainsi en est-il par exemple des courants anti-vaccination, des mysticismes écologiques, des négationnismes historiques, des créationnismes et des radicalisations religieuses. S’il en était besoin, janvier 2015 a sonné le glas d’un certain angélisme à leur propos. Cet axe convoque la psychologie sociale, bien sûr, mais également les recherche en éducation préventive, la philosophie morale, et bien entendu la science politique.


      https://pensee-critique.science/?page_id=16#epistemologie

  • Notes anthropologiques (VIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-VIII

    « Ce principe de l’échange-don a dû être celui des sociétés qui ont dépassé la phase de la “prestation totale” (de clan à clan, et de famille à famille) et qui cependant ne sont pas encore parvenues au contrat individuel et surtout à la notion de prix estimé en monnaie pesée et titrée. » (Mauss, 1950, « Première conclusion », p. 227.)

    Dans cette première conclusion de son essai consacré au don, Marcel Mauss passe directement des sociétés sans État qu’il vient d’étudier à la société contemporaine qui est la sienne et où il existe monnaie et « contrat individuel ». Pour lui, il n’y a pas rupture mais continuité. De la pensée du don qui anime la société kwakiutl ou la société trobriand à celle de l’argent et du commerce qui nous anime, il y a seulement un développement uniforme de la pensée, un raffinement, au mieux un progrès et, j’ajouterai, un progrès nécessaire, qui se trouve dans l’ordre des choses. Il ne note pas une modification profonde entre l’homme et la pensée qui l’anime, il ne note pas une séparation, un décalage, une transformation radicale de la pensée dans le passage de l’échange-don à l’échange marchand. (..)

    #anthropologie #don #potlatch #échange #pensée #esprit #marchands #nobles

    • La thèse que j’ai soutenue dans Être ouragans, et qui m’apparaît de plus en plus plausible, est la rencontre entre peuple guerrier et nomade et peuple ou population sédentaire débouchant sur la constitution d’une société complexe reposant sur la subordination des peuples autochtones à une aristocratie guerrière issue du peuple conquérant. Les exemples ne manquent pas aussi bien en Afrique, en Asie, en Océanie, en Amérique que dans notre vieille Europe avec la conquête romaine et l’invasion des barbares, des Goths, Wisigoths, Francs, Saxons, Angles, etc. Ce sont bien les descendants de ces envahisseurs qui vont constituer, en s’alliant à l’Église ou théocratie romaine, une nouvelle classe sociale ou classe de la pensée, organisant la subordination (quand ce n’est pas l’assujettissement) de la population paysanne originaire. Et cette subordination est la subordination à sa pensée. C’est cette aristocratie, ce sont ces élus de la pensée qui vont se prévaloir de la pensée spéculative dans sa dimension universelle, c’est-à-dire commandant l’ensemble de l’activité sociale. La population reste assujettie à cette pensée qui se présente pour elle comme aliénation, c’est-à-dire comme quelque chose qui lui est à la fois proche et étranger. Sur le plan sociologique dans lequel nous nous sommes engagés, il convient de prendre le terme aliénation dans son sens propre : ce qui est autre, ce qui est étranger, en l’occurrence la pensée du peuple conquérant, de l’étranger, et qui va devenir celle d’une aristocratie guerrière, d’une classe sociale — la noblesse —, et à laquelle il convient de se soumettre. L’aliénation de la pensée consiste à voir sa propre pensée occupée, envahie (dans le sens propre des termes) par une pensée étrangère. Sur le plan social, l’aliénation est bien l’aliénation de la pensée d’un peuple placée, cette pensée, sous la tutelle d’une pensée effectivement étrangère, celle d’un autre peuple.

      #Georges_Lapierre
      https://www.lavoiedujaguar.net/_Georges-Lapierre_ qui a également publié un essai en plusieurs épisodes (deux par mois d’octobre 2016 à décembre 2017) sur la résurgence des anciens cultes méso-américains à travers le culte des saints de la religion catholique, ces articles intitulés "Vierge Indienne et Christ Noir étant consultables sur ce site (la Voie du Jaguar).
      Ne pas confondre avec un autre Georges Lapierre (1886 - 1945), instituteur syndicaliste et résistant français.

  • « L’#Europe a construit sa #domination en écrivant l’#histoire des autres »
    https://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20171222.OBS9679/l-europe-a-construit-sa-domination-en-ecrivant-l-histoire-des-au

    Les Espagnols ont fait entrer les Indiens dans une chronologie qui est celle du calendrier chrétien, avec un passé qui commence en l’an 0, et une conception du temps qui se découpe entre passé-présent-futur. Les Européens ont obligé les Indiens à penser leur monde à travers leurs « lunettes », ils ont marginalisé les modes d’#expression indigènes, ils ont domestiqué leurs #imaginaires. L’un des piliers de ce processus d’#occidentalisation du monde est la cristallisation de la parole sous la forme du #livre. La #suprématie de l’#écrit a bouleversé l’#imaginaire jusque-là prédominant.

    Ce qui se joue est symboliquement et intellectuellement très violent. En imposant un cadre de #pensée, les Européens ont colonisé ces populations définitivement. Ils ont aboli leur monde. Dès lors, ces autres peuples ne pouvaient plus se regarder que dans le miroir de l’#Occident : ils ont été sommés d’imiter le #modèle européen.

  • Jupiter fait la cour à Strasbourg, par Guillaume Berlat Proche&Moyen-Orient.ch

    « C’est la première fois que j’utilisais l’imagination comme arme de défense et rien ne devait m’être plus salutaire » (Les cerfs-volants, Romain Gary).
    Première fois pour un président de la République française, Emmanuel Macron qui se rend le 31 octobre 2017 à Strasbourg pour y discourir devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du Conseil de l’Europe que certains ont tendance à confondre avec la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dont le siège est à Luxembourg. Avant sa prestation devant ces 47 magistrats, on nous explique doctement que le chef de l’État est venu s’y expliquer sur les mesures prises pour lutter contre le terrorisme islamique (état d’urgence vivement critiqué par le Conseil de l’Europe dont il a été mis fin le 30 octobre 2017 et dont les principales mesures ont été intégrées dans la loi du 31 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme1.


    Avant d’aborder le contenu stricto sensu de l’intervention du chef de l’État devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg, il importe de fournir quelques informations sur la genèse du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’Homme. Il conviendra ensuite d’analyser les tenants et aboutissants de ce discours.

    DE QUELQUES RAPPELS INDIPSENSABLES SUR LE CONSEIL DE L’EUROPE ET DE LA CONVENTION EUROPÉENE DES DROITS DE L’HOMME
    L’histoire du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’homme mérite que l’on s’y arrête quelques instants compte tenu de la spécificité de cette institution européenne créée en 1949, l’une des premières à traduire dans les faits l’idée d’une construction politique à l’échelle du continent.

    Le Conseil de l’Europe victime de l’Union européenne
    À la fin des années 1950, le général de Gaulle compare le Conseil de l’Europe à « une belle endormie au bord du Rhin ». Quelle est cette institution européenne originale peu connue du grand public ? Première tentative de regroupement des États européens à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de l’Europe naît en 1949 et son siège est installé à Strasbourg. L’organisation compte aujourd’hui 47 États membres, tous les pays d’Europe (Union européenne, Russie Turquie, Suisse, Norvège, Balkans…) à l’exception de ceux de l’Asie centrale, États qui adhérent à un certain nombre de valeurs édictées par sa charte constitutive, un socle d’environ 200 conventions et, surtout, la Convention européenne des droits de l’homme signée en 1950 qualifiée de « bijou de famille ».

    La France ne la ratifiera qu’en 1974 en raison des fortes réticences du Conseil d’État qui estimait incongrue qu’une juridiction internationale puisse censurer ses décisions marquées au sceau de la perfection. Le Conseil de l’Europe représente la première tentative de « paix par le droit » après 1945 (on connaît les limites de cette approche par la SDN). Elle repose sur le triptyque suivant : norme, contrôle de la mise en œuvre de la norme et sanction en cas de violation de la norme acceptée volontairement par l’État coupable. On doit y rajouter un volet coopération destiné à aider les États (ce fut particulièrement le cas après l’adhésion des anciens PECO dans les années 1990). Organisation interétatique, son organe délibérant est le comité des ministres (dans la pratique, les délégués des ministres, à savoir les ambassadeurs).

    Une assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) se réunit une semaine quatre fois par an et délibère des principaux sujets inscrits à l’ordre du jour du Conseil. Avec l’élargissement de ses membres et de ses compétences (adoption d’une charge des droits fondamentaux), l’Union européenne concurrence fortement le Conseil de l’Europe dont elle assure le financement d’une grande partie de ses programmes de coopération. Est envisagée l’adhésion de l’Union européenne à la convention européenne des droits de l’homme. Si le problème est réglé en théorie, il soulève d’immenses problèmes pratiques qui ne sont toujours pas réglés (mode de désignation du ou des juges européens, prééminence entre les deux cours, celle de Strasbourg et celle de Luxembourg, États membres du Conseil de l’Europe non membres de l’Union européenne…). L’affaire est loin d’avoir trouvé son épilogue juridique et politique.

    La Cour européenne des droits de l’homme victime de son succès
    La principale caractéristique du Conseil de l’Europe tient à l’existence d’une Cour qui peut être saisie directement (dans le passé existait le filtre du comité des ministres) par tout citoyen membre d’un des 47 États s’il s’estime coupable d’une violation d’un des principes fondamentaux édictés par la Convention européenne des droits de l’homme ou par ses protocoles annexes. La seule condition exigée pour ce citoyen est l’épuisement des voies de recours internes. Aujourd’hui, la Cour accumule un retard de plus de 65 000 dossiers en instance de traitement, dépassant l’exigence d’un délai raisonnable de jugement qu’elle impose aux États. En France, on ne peut porter une affaire à Strasbourg que si l’on attaque une décision définitive du Conseil d’État ou de la Cour de cassation.

    C’est dire le parcours du combattant que doit suivre le citoyen sans parler – une fois que sa requête a été déclarée recevable par la Cour – des délais d’attente de jugement par la dite cour, environ trois ans. Les décisions sont rendues par un juge unique, une chambre ou la grande chambre. Il peut s’agir d’une décision de rejet, de non violation ou de violation. Dans cette dernière hypothèse, le comité des ministres est chargé de l’exécution de l’arrêt de condamnation. Patrie autoproclamée des droits de l’homme, la France ne figure pas parmi les meilleurs élèves de la classe2, quoi qu’on en dise à Paris dans les milieux bien informés, si l’on examine de près la jurisprudence de la Cour3. La France a fait l’objet, en 2010, de deux condamnations de son système judiciaire, motif que le parquet n’était pas un juge indépendant et impartial au sens de l’article 6 de la convention européenne (droit à un procès équitable).

    Depuis, notre pays n’a toujours pas procédé aux réformes constitutionnelles indispensables pour se mettre en conformité avec ces décisions. Plus récemment, les mesures prises en application de l’état d’urgence ont valu à la France quelques sévères remontrances en raison de leur caractère pérenne et attentatoire aux grands principes auxquels notre pays a souscrit dans les conventions les plus importantes au cours des dernières années. Dans ce contexte, la visite à Strasbourg d’Emmanuel Macron était attendue par les experts juridiques européens, moins par ceux de la politique internationale tant elle dérogeait aux canons traditionnels en termes de justice internationale.

    DE QUELQUES ÉLÉMENTS À RETENIR DE L’INTERVENTION D’EMMANUEL MACRON À STRASBOURG
    De cette intervention interminable (plus d’une heure), marque de fabrique jupitérienne et en faisant preuve de beaucoup de logique, on peut organiser la pensée du président de la République autour des principaux axes suivants4.

    La France, patrie des droits de l’homme
    Emmanuel Macron ne déroge pas à la règle en se livrant à Strasbourg à un vibrant plaidoyer sur la France patrie des droits de l’homme. Retenons ses propos in extenso : « Les Droits de l’Homme énoncés lors de la Révolution française, puis plusieurs fois réaffirmés, réinterprétés par les grands penseurs et les grands hommes d’État de notre pays sont indissociables de cette identité profonde qui commence bien avant. Il n’est pas indifférent que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ait été faite à Paris en 1948 ; et il n’est pas anodin qu’une ville française, Strasbourg, soit aujourd’hui votre port d’attache. Soyez assurés que pour nous, Français, cela revêt un sens très fort ». Tout y passe : René Cassin, le général de Gaulle, Winston Churchill… Cette présentation est complétée par un exercice d’auto-satisfaction de Jupiter sur la France à Strasbourg même s’il rappelle tous les sujets sur lesquels la jurisprudence de la Cour a fait évoluer la législation française (procédure pénale, interception téléphonique…).

    Preuve que la France n’était pas si parfaite que cela en matière de protection des droits de l’homme ! Mais le président de la République s’empresse de souligner que la France est attachée à l’exécution des arrêts de la Cour. Revenant aux activités de la juridiction strasbourgeoise qualifiée de « repère majeur pour les Européens », Emmanuel Macron souligne les trois défis que doit relever la Cour : relation entre souveraineté juridique et souveraineté de la Cour, menaces croissantes auxquelles notre époque doit répondre en inventant des équilibres juridiques et politiques nouveaux pour que soit garanti le respect des droits de l’homme et remises en cause de la protection des droit fondamentaux et de l’état de droit par des phénomènes contemporains au premier rang desquels le président de la République cite les évolutions scientifiques.

    Les défis actuels : le professeur de droit et de relations internationales
    Alors que la démocratie semblait être un bien acquis, l’actualité la plus récente démontre qu’elle est menacée, y compris dans un certain nombre de pays européens. Il est donc important que les États membres du Conseil de l’Europe se saisissent du problème pour tenter de lui donner les réponses idoines sans quoi l’édifice pourrait un jour se fissurer. Le président de la République souligne, évoluant en permanence entre les problématiques des 47 États membres et celles de la France, les trois défis que l’Europe doit relever aujourd’hui : le terrorisme (qui ne doit pas déboucher sur une remise en cause de l’état de droit et qui a conduit la France à demander des dérogations aux règles habituelles), les flux migratoires (si la France ne souhaite pas remettre en cause le droit d’asile, elle entend combiner efficacité et justice dans le renvoi de ceux qui ne sont pas éligibles à ce statut) et les prisons (Emmanuel Macron rappelle que la France est loin d’être exemplaire mais qu’elle s’engage à faire mieux). Il insiste sur la dialogue indispensable entre juges nationaux et européens dont la clef réside dans la marge d’appréciation nationale laissée à chacun des États membres dans sa gestion interne des problèmes auxquels ils sont confrontés. La ratification prochaine du protocole 16 permettra à la France de parfaire ce dialogue en recourant à la possibilité de solliciter des avis de la Cour.

    Les défis futurs : la leçon faite aux juges
    En homme de prescience, Emmanuel Macron conclut son prêche (encore un nouveau) en explicitant aux 47 juges et à l’assistance nombreuse venue faire la claque au bord du Rhin, les défis futurs qui nous attendent. Les changements internationaux mettent en cause les équilibres antérieurs et le régime des droits de l’homme. Le président de la République critique ouvertement la Russie et la Turquie tout en prônant le dialogue avec ces deux pays devant une Cour dont le rôle n’est pas de juger le système politique d’un pays mais de juger des cas précis qui sont portées à son attention par un citoyen voire par un autre État. Il se croit obligé de citer la Syrie, la Libye et la Birmanie qui sont hors champ géographique du Conseil de l’Europe. Jupiter ne saurait s’imposer de quelconques limites géographiques à son action universelle et transcendante, pour ne pas dire omnipotente et omnisciente.

    DE QUELQUES REMARQUES SUR LE PLAIDOYER DE JUPITER FACE À SES JUGES
    Par simplicité, nous les regrouperons autour des deux principales rubriques suivantes : la forme et la substance.

    La forme : la cassure des codes
    Comme à l’accoutumée, le président de la République est incapable de résumer sa « pensée complexe » en une vingtaine ou une trentaine de minutes. Il inflige à l’assistance un discours interminable d’une heure. Il n’est qu’à lire la lassitude des magistrats de la Cour sur leur visage pour s’en convaincre. Le chef de l’État est pontifiant, répétitif, arrogant, prédicateur, donnant des leçons d’histoire, de philosophie, de droit à la terre entière sans se rendre compte un seul instant de sa fatuité. Le professeur Macron éduque les juges comme s’ils étaient des demeurés, peu informés du monde qui les entoure. Il leur explique ce que sont les droits de l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

    Tel le roi qui ne peut se déplacer sans ses courtisans au grand complet, Emmanuel Macron est accompagné à Strasbourg d’une cohorte impressionnante de ministres, responsables de grandes institutions françaises, représentants des juridictions judiciaires et administratives, de parlementaires, de conseillers en tous genres (Garde des sceaux, ministre chargée des Affaires européennes, président du Conseil constitutionnel, premier président de la Cour de cassation, Procureur général près de la Cour de Cassation, président de la section du contentieux du Conseil d’État qui préside le conseil d’administration de l’Opéra de Paris…).

    Tout cela fait sourire nos interlocuteurs étrangers qui y voient la preuve d’une France, monarchie républicaine ou République bananière selon ce que l’on voudra. Au passage, on vient vendre la candidature de Pierre-Yves Le Borgn’ au poste de commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe tel un vulgaire bateleur de foires. Est-ce du niveau d’un président de la République que d’agir ainsi alors que ceci relève du ministre des Affaires étrangères et de ses ambassadeurs ? Mais, nos folliculaires préférés, adeptes de la société de connivence, ne se permettent pas la moindre critique contre Dieu réincarné sous les traits d’Emmanuel Macron.

    La substance : la leçon de morale
    C’est là que le bât blesse pour l’observateur attentif qui ne se contente pas des résumés partiels et partiaux des journalistes qui se bornent à reprendre les éléments de langage (EDL) des communicants du Prince, se refusant à reprendre ligne par ligne le texte de l’intervention pour en analyser la structure générale et les principales orientations juridiques et politiques. Est-raisonnable qu’un président de la République s’adresse à une Cour en raison de la séparation des pouvoirs ? N’aurait-il pas été plus judicieux comme l’ont fait certains de ses prédécesseurs de s’adresser soit au comité des ministres, soit aux parlementaires de l’APCE pour leur apporter le message politique de la France tout en consacrant un développement substantiel au rôle de la Cour européenne des droits de l’homme ? Pourquoi se présenter en parangon de vertu en matière de droits de l’homme alors même que la France n’a toujours pas appliqué les deux arrêts structurels lui intimant l’ordre de rendre le parquet indépendant, ce qui n’est pas une question secondaire en termes d’organisation de la Justice dans notre pays ? Sept ans après, rien n’a encore été fait…

    Que d’arrogance insupportable sur la scène européenne alors même que l’on a dérogé aux principes fondamentaux posés par la Convention européenne pendant deux années en raison de l’état d’urgence ! Pourquoi venir stigmatiser les évolutions autoritaires en Russie et en Turquie devant une Cour ? Est-ce le rôle du président de la République de se transformer en procureur indépendant dans une enceinte qui juge en droit, en principe et non en opportunité ? Comment peut-on citer la Syrie, la Libye et la Birmanie (tous pays qui ne sont pas membres du Conseil de l’Europe) sans parler de l’Arabie saoudite, du Yémen où se passent des choses épouvantables sur le plan des droits de l’homme et où la France y a sa part ?5 Après la catastrophe libyenne, la France gagnerait à mettre la pédale douce sur le sujet des droits de l’homme alors que l’on parle de viols des opposants6.

    Comment peut-on dire qu’on ne croit pas dans l’opposition entre valeurs et intérêts lorsque l’on fait de la diplomatie économique sa priorité au mépris des droits de l’homme (Cf. la visite du maréchal Al-Sissi à Paris) ?7 Pourquoi ne pas évoquer l’enquête que va lancer la procureure de la CPI sur les hauts faits d’armes de l’OTAN et des Américains en Afghanistan, en particulier quelques crimes contre l’humanité ? Le décalage entre les paroles et les actes est une fois encore abyssal et aurait dû conduire le chef de l’État à adopter un ton plus mesuré, plus équilibré. La balance n’est-elle pas le symbole de la Justice ?

    Si le président de la République pensait tenir le haut du pavé médiatique par cette prestation inhabituelle devant la Cour européenne des droits de l’homme, il n’en est rien. Son intervention passe presqu’inaperçue en raison d’une actualité plus attractive pour les médias, à savoir la conférence de presse bruxelloise du leader catalan, Carles Puigdemont et l’attentat commis quelques heures plus tard à New-York par un terroriste d’origine ouzbek. Ainsi va la politique de l’essuie-glaces, un sujet en effaçant un autre à la vitesse de l’éclair et du buzz surtout à la veille du pont de la Toussaint. Pas la moindre trace dans les journaux, y compris les plus sérieux (du moins qui le prétendent) de la déclaration conjointe d’Emmanuel Macron et du secrétaire général du Conseil de l’Europe, le norvégien Thorbjorn Jagland (qu’il avait déjà rencontré à Paris le 31 août 2017) ! Il faut se rendre sur le site internet de l’Élysée pour y trouver la référence noyée dans un flot d’informations qui ne sont pas hiérarchisées8.

    Le président de la République est prisonnier du temps médiatique qu’il impose volontairement à son quinquennat comme l’a fait François Hollande en son temps avec le succès que l’on sait9. L’important est plus dans l’annonce que dans le contenu. Qui trop embrasse mal étreint. Mais, tout ceci ne change strictement rien à la popularité d’Emmanuel Macron qui stagne à 35% de Français satisfaits. Finalement, nos compatriotes ont encore du bon sens populaire qui fait défaut à notre élite arrogante qui vit dans sa bulle et dans les dîners en ville. Nouvel, et non ultime, épisode en date du feuilleton présidentiel, celui que nous pourrions intituler Jupiter fait sa cour à Strasbourg.

    Guillaume Berlat 13 novembre 2017
    1 Loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, JORF n° 0255 du 31 octobre 2017, texte n° 1.

    2 Jean-Paul Costa, La cour européenne des droits de l’homme. Des juges pour la liberté, Dalloz, 2013.

    3 Vincent Berger, Jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, Sirey, 11ème édition, 2009.

    4 Transcription du discours du président de la République, Emmanuel Macron devant la Cour européenne des droits de l’homme, Strasbourg, www.elysee.fr , 1er novembre 2017.
    
5 Claude Angeli, Les clients de la France saccagent le Yémen, Le Canard enchaîné, 1er novembre 2017, p. 3.

    6 Cécile Allegra, Libye. Sur la piste des violeurs, Le Monde, 4 novembre 2017, pp. 12-13.

    7 Le général pas épinglé, Le Canard enchaîné, 1er novembre 2017, p. 8.

    8 Déclaration conjointe du président de la République, Emmanuel Macron avec le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, www.elysee.fr , 31 octobre 2017.

    9 Solenn de Royer, Hollande, un mandat « chaotique » vu de l’intérieur, Le Monde, 3 novembre 2017, p. 10.

    Source : https://prochetmoyen-orient.ch/jupiter-fait-la-cour-a-strasbourg
    #Emmanuel_Macron #cour-européenne-des-droits-de-l’homme #CEDH #conseil-de-l’europe #APCE #pensée_complexe #discours-fleuve #fatuité #auto-satisfaction #Strasbourg #arrogance #juges #leçons #Droits_de_l’homme #crimescontre-l’humanité #OTAN

  • Usul : le #Fascisme, c’est pas bien
    https://www.mediapart.fr/journal/france/131117/usul-le-fascisme-c-est-pas-bien

    Qu’a-t-on fait de travers pour qu’on en soit encore à craindre le retour des pires réactionnaires ? On critique souvent leurs idées, mais si on parlait concrètement de leurs pratiques ? Des questions pas évidentes à traiter, surtout quand on est surveillé de près par la police de la pensée.

    #France #Capitalisme #Emmanuel_Macron #extrême_droite #Hitler #Manuel_Valls #Marine_Le_Pen #national-socialisme #nazis #pensée_unique #printemps_républicain #racisme

  • Jupiter se mue en Atlas, par Guillaume Berlat Proch et Moyen Orient.ch - Guillaume Berlat - 2 octobre 2017

    http://prochetmoyen-orient.ch/jupiter-se-mue-en-atlas

    « La parole est au peuple. La parole du peuple, c’est le souverain » (Charles de Gaulle). Manifestement, le président de la République est omniprésent sur la scène intérieure et sur la scène internationale, pris d’une boulimie jamais égalée de paroles même à l’époque de Nicolas Sarkozy…1 Pour ce qui est des actes, nous jugerons dans quelques mois. Emmanuel Macron veut transformer la France (Cf. les ordonnances sur la loi travail que nul ne conteste en réalité), changer le monde (Cf. son discours devant la 72e Assemblée générale de l’ONU à New-York le 19 septembre 20172) et aujourd’hui refonder l’Europe (Cf. son discours devant des étudiants venus de toute l’Europe dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 26 septembre 2017)3. Alors que l’Union européenne est marquée par un signe d’usure qui compromet son avenir (Cf. mise en route de la négociation sur le « Brexit », désaccord sur la répartition des migrants décidée il y a deux ans, sur l’évolution de la zone euro, mise en cause par la Hongrie et la Pologne du socle des valeurs fondamentales de l’Union et , ce qui est plus grave encore, sur les objectifs du projet européen), le docteur Macron livre urbi et orbi le diagnostic du mal qui frappe l’Europe et le remède miracle qu’il a dans sa trousse à outils4. Dans quel environnement se situe cette intervention ? Quel est son contenu ? Quelle pourrait être la suite de cette intervention ?

    L’ENVIRONNEMENT DE L’INTERVENTION
    Environnement global : il n’y a pas que des bonnes nouvelles
    Hormis, une légère remontée dans les sondages d’opinion, les jours précédant la divine intervention n’ont pas apporté que de bonnes nouvelles. Emmanuel Macron doit encaisser deux mauvaises nouvelles. Sur le plan intérieur, les résultats des élections sénatoriales du 24 septembre sont décevants pour la République en Marche. Surtout, ils augurent mal d’une possible majorité des deux tiers requises pour faire adopter sa réforme constitutionnelle comportant entre autres une réforme de la Justice alors que le président de la République veut exporter le modèle juridique français chez tous les mécréants. Le 28 septembre 2017, il était censé prononcer un important discours sur le thème de la sécurité qu’il annule en dernière minute. Sur le plan extérieur, le résultat des élections législatives en Allemagne du 24 septembre 2017 est pour le moins inquiétants au regard de son projet de réforme de l’Union économique et monétaire5. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne correspondent pas entièrement au souhait d’Emmanuel Macron pour son projet de refondation de l’Europe6. En particulier, Berlin risque de ne pas suivre Paris sur son projet de réforme de la zone euro7 défendu fort à propos par un des conseillers du président de la République lorsque ce dernier était à Bercy8. Pire encore, son Europe rêvée9, ses ambitions risquent d’être contrariées par l’Allemagne. Il est vrai que nos partenaires européens, qui connaissent la France sur le bout du doigt, attendent des actes après les paroles.

    Environnement européen : la vie continue comme si de rien n’était
    Rappelons qu’après avoir prononcé son auguste intervention, Emmanuel Macron se rend à Lyon pour participer à un sommet franco-italien (27 septembre 2017) avant de s’envoler vers l’Estonie pour participer à un sommet européen sur le numérique (29 septembre 2017). On comprend bien que l’architecte-pompier Jupiter est sur tous les fronts à la fois. Pour ce qui est de sa vision de l’Europe, le sujet n’est pas entièrement vierge. Il l’évoque déjà dans son entretien à l’hebdomadaire Le Point dans lequel il qualifie la France de « phare de l’Europe »10. Mais, surtout, il formule des propositions particulièrement concrètes et détaillées dans des interventions publiques officielles : son discours prononcé lors de la semaine des ambassadeurs (29 août 2017)11 qu’il reprend pour certaines et les approfondissant lors de son intervention sur la colline du Pnyx, face au Parthénon, symbole de la démocratie, à Athènes (7 septembre 2017). « Aujourd’hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger”, lance-t-il au premier jour de sa visite d’Etat en Grèce. « Ce soir, je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années » Emmanuel Macron réclame la création d’un parlement de la zone euro et indique qu’il faut que « nous puissions pendant six mois organiser des consultations, des conventions démocratiques ». Le ton est donné. Aux grands maux, les grands remèdes. Qu’en est-il de sa prestation à la Sorbonne à l’occasion de laquelle il veut faire la « pédagogie de son action » ?

    LA SUBSTANTIFIQUE MOËLLE DE L’INTERVENTION
    Débuté avant 35 minutes de retard (ne dit-on pas que l’exactitude est la politesse des rois), cette « initiative européenne » de 90 minutes est interminable, parfois lyrique, mystique12, parfois délirante, décousue, technocratique, partant dans tous les sens avec une inflation d’effets d’annonce. Si l’on prend la liberté de reconstruire ce discours, on pourrait l’organiser autour des trois axes suivants.

    Diagnostic notarial : l’Europe va très mal
    L’Europe est une idée ancienne qu’il faut nous réapproprier car les États membres se sont endormis sur leurs lauriers, pris par la langueur et l’habitude et par leur goût immodéré pour la bureaucratie. Ils ont laissé s’installer le doute. Ils ont bâti un édifice à l’abri des peuples en confiant leur sécurité à l’Amérique et leur économie à la mondialisation. Nous avons collectivement ignoré que le passé pourrait revenir. Or, il revient à travers le souverainisme, le repli, le protectionnisme et l’indentitarisme, toutes choses contre lesquelles nous pensions être immunisés. Aujourd’hui, l’Europe est faible, lente et inéquitable. Face aux nombreux défis mondiaux, nous devons préparer l’avenir. L’Europe doit défendre ses intérêts et ses valeurs en recherchant un équilibre dépassant ses divisions internes. Elle doit se fixer un cap autour de quelques principes simples débouchant sur une souveraineté européenne. Tout le discours est émaillé de références aux pères fondateurs (Monnet à Schumann) sans oublier pour les personnalités qui comptent, Jacques Delors. Il prend parfois un ton lyrique, enflammé qui nuit à la pertinence du propos. Le diagnostic revient à tous les endroits du discours, amoindrissant ainsi sa portée. Un hymne à la jeunesse que nous ne devons pas décevoir en lui consacrant la part importante qui lui revient dans nos réflexions et dans nos actions.

    Remèdes conceptuels : les six clés de la souveraineté européenne
    La construction d’une Europe forte passe par les six clés de la souveraineté européenne : (1) défendre notre sécurité (capacité européenne autonome de défense) ; (2) assurer notre souveraineté en maîtrisant nos frontières et en préservant nos valeurs (traiter humainement les vrais réfugiés et renvoyer les autres, travailler à la stabilisation des pays d’origine de l’immigration) ; (3) développer une politique étrangère en partenariat avec l’Afrique ; (4) préparer la transition écologique en développement un modèle économique et alimentaire nouveau (sécurité et souveraineté alimentaire) ; (5) préparer la révolution numérique (définir un cadre juridique approprié qui protège les libertés individuelles) ; faire de l’Europe une puissance économique et industrielle (à travers le développement d’une union économique et monétaire). Le président de la République marque son attachement à la culture, l’éducation, au triangle souveraineté/unité/démocratie, au respect de l’état de droit de manière décousue.

    Remèdes concrets : un inventaire à la Prévert de propositions
    À suivre l’exposé jupitérien, l’auditeur attentif est pris d’une sorte de tournis, bombardé qu’il est d’initiatives qui partent dans tous les sens sans la moindre hiérarchisation et sans le moindre chiffrement : initiative européenne d’intervention ; académie européenne du renseignement ; parquet européen contre la criminalité organisée et le terrorisme ; office européen de l’asile ; police des frontières européenne ; force européenne de protection civile ; aide publique européenne au développement financée par une taxe européenne sur les transactions financières13 ; budget européen de la zone euro, ministre des finances de la zone euro ; taxe carbone européenne ; fonds européen d’enquête de lutte contre les fraudes alimentaires ; marché européen de l’énergie ; expertise scientifique européenne indépendante (Cf. le scandale des glyphosates14) ; agence européenne de l’innovation numérique ; universités européennes ; harmonisation et reconnaissance des diplômes universitaires et secondaires ; Erasmus élargi ; obligation de parler deux langues européennes ; commission réduite à 15 membres ; élargissement de l’Union européenne à tous les pays respectant des valeurs (Balkans en particulier), voire demain au Royaume-Uni ; institution d’une Europe à plusieurs vitesses ; communautarisation des élections européennes en deux temps (2019 et 2024) ; lancement de conventions démocratiques sur l’avenir de l’Europe ; procureur commercial européen ; nouveau partenariat avec l’Allemagne (traité franco-allemand à l’occasion du 75e anniversaire du traité de l’Élysée) ; lancement immédiat d’un groupe de la refondation européenne….

    Que peut-on imaginer pour l’avenir proche et lointain de cette refondation de l’Union européenne qui va au-delà d’un mini-compromis15 ?

    LA SUITE DE L’INTERVENTION
    À l’évidence, comme souvent dans ses interventions, le discours de la Sorbonne pose problème dans sa méthodologie que dans son contenu.

    Méthodologie jupitérienne : la com’ d’abord et avant tout
    On peut tout d’abord s’étonner que les principales propositions contenues dans le discours du président de la République (déjà évoquées à Paris et à Athènes) se retrouvent dans les principaux médias plusieurs heures avant son prononcé. Du bon travail de l’équipe de communication de l’Élysée pour qui l’important n’est pas tant dans le contenu que dans l’annonce ! En raison de la politique de l’essuie-glace, cet évènement est destiné à être remplacé par un autre dans les heures qui suivent. Un discours éphémère pour une durée de vie éphémère. On peut ensuite, du point de vue de nos partenaires européens, au premier rang desquels les Allemands qui se trouvent dans une période délicate de composition d’un gouvernement de coalition, se poser la question de savoir s’ils apprécient cette méthode qui se trouve à l’opposé de la méthode communautaire et de la confiance minimale entre Berlin et Paris. Dans le langage courant, on appelle cela mettre quelqu’un au pied du mur. Encore une fois, Emmanuel Macron est pris à son propre jeu. À Berlin, on évoque en termes pudiques « une bonne base de travail ». Ce qui signifie, tout est à revoir en termes moins diplomatiques.

    On ne peut dans le même temps stigmatiser les souverainistes et s’inspirer de leur démarche pour jouer perso comme dans certains sports collectifs. Cela s’appelle une contradiction dans les termes. Pour renforcer sa main dans la construction européenne, la meilleure méthode est la persuasion dans la discrétion pour créer un momentum en sa faveur. La pire des méthodes est l’arrogance dans l’ostentation. Forcer la main conduit le plus souvent à braquer ses partenaires ! Telle est la principale leçon que tirent les diplomates ayant une bonne pratique de la diplomatie multilatérale. Prendre date en proposant sa vision de l’Europe est une chose, respecter ses partenaires en est une autre. Emmanuel Macron a tendance à confondre ces deux démarches pour forcer le destin. Nous ne sommes pas certains que cela ne soit pas perçu comme une forme d’arrogance à la française, venant d’un pays qui n’est pas un parangon de vertu, en particulier sur la question des déficits budgétaires. Le risque est grand que tout son édifice ne se délite au fil des semaines et des mois comme un vulgaire château de cartes. Notons au passage que le lendemain de ce discours, le premier ministre présente son projet de loi de finances 2018 qui fait apparaître les gagnants (Défense, écologie, justice, éducation, sécurité et asile) mais également les perdants au premier rang desquels figure le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (moins de crédits, moins d’emplois) qui est censé porter ce projet pharaonique. Où se situe la logique de cet exercice au pays de Descartes ?16 On peine à la trouver surtout pour un ministère régalien comme le Quai d’Orsay. Finie les déclarations d’amour de la semaine des ambassadeurs.

    Contenu irréaliste : la stratégie n’est pas au rendez-vous
    À lire et à relire l’interminable discours d’Emmanuel Macron, on peine à trouver un cap clair avec quelques objectifs précis et quelques mesures susceptibles de remettre l’Europe sur les bons rails dans un avenir rapproché. C’est une logorrhée à jet continu. L’exercice oral auquel s’est livré le président de la République, devant un parterre d’étudiants européens, relève de la parole ou de la prophétie auto-réalisatrice. Pas plus qu’à l’ONU, la semaine précédente, la saturation en propositions européennes – qui pour la plupart d’entre elles ont peu de chance d’être retenues – ne constitue la méthode pour avancer dans la bonne direction même s’il y a urgence. Il faut malheureusement donner du temps au temps pour construire la confiance. Les premières réactions allemandes sont pour le moins distantes surtout au moment où Siemens avale Alstom17. Au pays du pragmatisme, on quantifie les propositions et on prend ses distances. On ne peut critiquer l’approche structurelle et la pratiquer à outrance en proposant la mise en place de toute une série de structures. Commençons par faire mieux fonctionner celles qui existent par un effort de rationalisation et travaillons à la mise en place d’un multilatéralisme efficace. Le reste suivra forcément. Si les partenaires sont enclins à réformer l’Europe, nul ne donne son aval aux propositions concrètes, c’est que l’on qualifie « d’accueil poli »18. Tout le monde sait à Bruxelles que le diable est dans les détails. Le « macronisme », fondé sur du bricolage fait de bric et de broc19 ne semble pas être la meilleure approche pour répondre à des questions existentielles qui sont au cœur de la construction européenne, de sa survie à l’avenir. Il n’est pas aussi la meilleure manière de traiter nos amis allemands dont l’économie n’a jamais été aussi florissante20. Or, qu’en est-il aujourd’hui de la réalité du couple franco-allemand ? Le couple franco-allemand est un leurre. La France et l’Allemagne n’ont plus les mêmes intérêts convergents dans la construction européenne21.

    À Emmanuel Macron qui fait état d’un « consensus commun » (pléonasme, ou bien il y a consensus ou bien il n’y en a pas) entre Européens sur la nécessité de refonder l’UE au lendemain d’un dîner informel à Tallinn où ses propositions pour l’avenir de l’Europe ont reçu un « accueil poli mais prudent », la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, sur Twitter, avant le dîner, a ainsi mis en garde ses partenaires : « Attention à éviter les mirages dans le désert ». Tout est dit en peu de mots.

    « L’hyperinformation et l’hypercommunication n’apportent pas de lumière dans l’obscurité »22. Transparence et pouvoir sont difficilement compatibles. Qui sème l’indécision, récolte l’incompréhension ! Aller encore plus loin en prônant un saut fédéraliste qui ne dit pas son nom (toujours plus d’Europe alors qu’on critique son inertie), c’est faire un cadeau en or à ceux qui rêvent de voir l’Union européenne exploser en vol. Alors, on fait des annonces de réforme pour donner le change, pour pouvoir dire que l’Europe continue et se transforme. Mais cette frénésie d’annonces risque surtout de masquer l’impuissance de l’Europe à se ressaisir et, par voie de conséquence, de la France à peser dans le débat. Car cela ne changera pas grand-chose23. « Vox clamantis in deserto ». Finalement, l’Europe a deux ennemis : ceux qui ne l’aiment pas et ceux qui l’aiment mal24. Emmanuel Macron aura peut-être, sans le vouloir, réussi le tour de force de réconcilier les deux extrêmes. La seule question important à laquelle ne répond pas Emmanuel Macron est de savoir si les 27/28 États membres voudront ou non, un jour prochain s’interroger sur la raison d’être de l’Europe au XXIe siècle et sur quelques objectifs simples unanimement partagés. Faute de quoi, il y a fort à parier que toutes les mesures proposées par le chef de l’État à la Sorbonne soient de nature à enrayer la crise de l’euro, à contrecarrer les forces centrifuges qui sont de plus en plus fortes, à enrayer l’absence de solidarité entre États membres, à empêcher la dislocation des règles européennes et cela en dépit de la mue récente de Jupiter en Atlas voulant porter l’Europe à lui tout seul.

    Guillaume Berlat 2 octobre 2017
    1 Grégoire Poussielgue, Macron n’entend laisser aucun temps mort, Les Échos, 25 septembre 2017, p. 3.

    2 Guillaume Berlat, Un prédicateur à Manhattan, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 septembre 2017.

    3 Erik Emptaz, Europe Hop Hop !, Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 1.

    4 Discours du président de la République, Emmanuel Macron sur la refondation de l’Europe, Sorbonne, 26 septembre 2017, www.elysee.fr , 27 septembre 2017.

    5 Dominique Quinio, L’Allemagne dans l’Europe, La Croix, 25 septembre 2017, p. 25.

    6 Bqstien Bonnefous/Cédric Pietralunga/Solenn de Royer, Un long dimanche de contrariétés pour Macron, Le Monde, 20 septembre 2017, p. 10.

    7 Cécile Ducourtieux/Jean-Pierre Stroobants, Berlin risque d’être plus réticent à la réforme de la zone euro, Le Monde, 26 septembre 2017, p. 6.

    8 Shahin Vallée/Pierpaolo Barbieri, « Il faut un budget pour la zone euro », Le Monde, 26 septembre 2017, p. .21.

    9 Éditorial, L’Europe rêvée d’Emmanuel Macron, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 24.
    
10 Guillaume Berlat, Jupiter fait le point, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 septembre 2017.

    11 Guillaume Berlat, Zeus a rendez-vous avec Hermès : vers une diplomatie de la transformation ?, www.prochetmoyen-orient.ch , 4 septembre 2017.

    12 Bastien Bonnefous/Solenn de Royer, Macron un président très spirituel, Le Monde, 24-25 septembre 2017, p. 8.

    13 Kemal Dervis, Une refonte de l’aide au développement pour réguler les flux de migrants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    14 Stéphane Foucart, Glyphosate : la France en pleine cacophonie, Le Monde, 27 septembre 2017, p. 7.

    15 Collectif, L’Europe mérite mieux qu’un mini-compromis, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    16 Service international, Planète et société, Défense, écologie, éducation… les gagnants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 10.

    17 Martine Orange, Alstom-Siemens, un nouveau bradage industriel, www.mediapart.fr , 27 septembre 2017.

    18 Cécile Ducourtieux, L’accueil poli des Européens aux idées de Macron, Le Monde, 30 septembre 2017, p. 6. 

    19 Jean-Pierre Robin, Le « macronisme », du bricolage fait de bric et de broc, et fier de l’être, www.lefigaro.fr , 24 septembre 2017.

    20 Allemagne : Macron a la « trouille », Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 2.

    21 Cécile Ducourtieux/Solenn de Royer, Macron détaille sa vision de l’Europe en ménageant Merkel, le Monde, 28 septembre 2017, p. 3.

    22 Byung-Chul Han, La société de transparence, PUF, 2017, p. 76.

    23 Martine Orange, « Le couple franco-allemand est un leurre », www.mediapart.fr , 26 septembre 2017.

    24 Jack Dion, La folle complainte des eurolâtres, Marianne, 22-28 septembre 2017, pp. 50-51.

    Articles repris par Les Crises https://www.les-crises.fr/jupiter-se-mue-en-atlas-par-guillaume-berlat
    #macron #discours #pensée #communication #médias #hypercommunication #union_européenne

    • Bonjour @alain1 Alain

      – Qu’appelles tu un thème ?

      – Me contacter en direct ?
      Connectes toi sur le site associé à mon profil SeenThis (cliques sur mon profil).
      Ensuite :

      Menu
      > Programme
      >> Emissions du Mercredi

      Tu devrais trouver un titre d’émission qui te permettra de me reconnaitre.
      Il y a moyen d’envoyer un mail.

      Sinon, par l’intermédiaire de « Poser une question » ou de contact sur le site de la Radio.

      Cela peut te paraitre compliqué, mais mettre une adresse mail en direct sur le web, c’est se faire spamer.

      Amicalement,
      André

  • Pourquoi mon blog ne sera jamais connu

    Réflexion personnelle sur l’existence de mon blog, à qui est-il destiné, par qui est-il lu, et à quel prix. Pourquoi mon blog ne sera jamais connu.

    https://max-koder.fr/2017/08/20/pourquoi-mon-blog-ne-sera-jamais-connu

    #penséesdulibre

    [...]

    À l’ouverture de celui-ci, j’avais l’idée utopique de réussir à vulgariser des notions que je considérais complexes, afin de les rendre accessibles à tout le monde. Suis-je sur la bonne voie ?
    Je pense en toute objectivité que les articles présents sont accessibles, car je prends le temps d’y aller tranquillement. Je relisais cet article de Cascador sur les mots justement, et je pense être à l’opposé du fameux Christophe Gallaire : Ici tout est simple, direct. Je sais que tout n’est pas parfait, qu’il peut arriver que l’on ne me comprenne pas – ça s’est vu dans les commentaires d’ailleurs – mais je fais mon possible, et surtout je ne me la pète pas (enfin pas trop ? ).
    En revanche, il faut bien avouer que le public n’est pas au rendez-vous : Si Firefox représente 14% d’utilisation sur tous les navigateurs confondus sur les 12 derniers mois en France, vous êtes plus de 60% à consulter ce blog avec. Je m’adresse à des personnes averties, qui ont du goût ?

    Vous êtes encore là ? Chapeau, il faut du courage pour lire autant.

    Des articles longs

    Vous l’aviez vu venir la transition ? Quel talent.
    Mes articles sont rares, mais longs. Oui, j’écris peu, mais j’écris beaucoup. Le nombre d’articles est franchement bas par ici, mais chaque billet est le fruit de plusieurs heures, plusieurs jours sur le clavier. Si certains se contentent de poser 5 lignes sur la dernière version de Debian, je passe rarement sous la barre des 2000 mots. Ce n’est pas un signe de qualité bien sûr, mais c’est au moins représentatif du temps que me prend chaque article.

    À cela, ajoutez les heures de recherche. Si je fais le choix d’écrire, c’est bien évidemment pour ne pas dire de conneries. J’en dis sûrement, mais je me soigne : Chaque information technique est vérifiée.
    Malheureusement, il n’est pas rare de trouver des sites qui se contredisent. Alors les recherches s’éternisent, parfois sur un détail merdique.

    [...]

    via https://diasp.eu/posts/5935469

    #blog #réflexion_sur_soi #écrire #moralisme #essai #Montaigne_d'aujourd'hui

  • Entre l’égo surdimensionné et l’égo dilué dans le grand tout, il y ...
    https://diasp.eu/p/5777055

    Entre l’égo surdimensionné et l’égo dilué dans le grand tout, il y a l’égo calme

    Entre l’égo surdimensionné et l’égo dilué dans le grand tout, il y a l’égo calme. Des chercheurs étudient ses pouvoirs.

    Comments

    https://www.linkedin.com/pulse/entre-l%C3%A9go-surdimensionn%C3%A9-et-dilu%C3%A9-dans-le-grand-tout-serge #réseauxsociaux #philosophieduLibre #penséesdulibre

  • Macron préfère ne pas faire d’interviews car sa pensée est trop « complexe » pour ça
    http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/39040-presse-macron-prefere-faire-interviews-pensee-complexe.ht

    Ça mérite une #vifle, le féminin de la bifle (car appliquée avec le vagin).

    Emmanuel Macron s’exprimera donc devant le Parlement réuni en Congrès le 3 juillet à Versailles.

    Il sera à la tribune mais restera loin des journalistes.

    La traditionnelle interview du 14-Juillet n’aura pas lieu non plus.

    Une volonté d’échapper à la presse ? Non non, répond l’Elysée. En fait, de cette même source (citée par « le Monde ») « il n’y a pas de refus d’obstacle avec la presse ». Mais la « pensée complexe » du président se prête mal à l’exercice des questions-réponses... Tout simplement.

  • « Amener du Comorien » : de l’emploi déshumanisant de l’article #partitif – La #pensée du #discours
    http://penseedudiscours.hypotheses.org/15200

    Que se passe-t-il quand le partitif détermine un nom animé humain ? eh bien, l’humain.e est présenté.e comme une substance massive non comptable, et généralement #consommable, sort le plus souvent réservé, dans l’ordre spéciste qui est encore le nôtre, aux animaux (du veau, de la volaille, des crevettes). Dire « du Comorien », c’est présenter les habitant.e.s des Comores sous l’angle de la quantité massive et continue, sans individualisation possible, sans reconnaissance du caractère unique de chaque être humain. C’est présenter les habitant.e.s des Comores, et tout particulièrement les migrant.e.s, sous la forme d’une masse indiscernable, et ça s’inscrit dans la pire mémoire discursive de la massification ségrégationniste et parfois génocidaire de l’humain. C’est une confusion dans les ordres d’existence, une marque d’humiliation et une rupture de l’égalité entre les membres de l’espèce humaine.

  • http://www.librairie-quilombo.org/notre-environnement-synthetique
    http://www.librairie-quilombo.org/IMG/arton6755.gif?1493304838

    L’année 1962 est une date clef dans l’histoire de l’écologie politique. Deux ouvrages très importants paraissent en effet à cette date aux Etats-Unis d’Amérique qui vont se révéler décisifs pour l’entrée de la #pensée_écologiste sur la scène politique. Le premier est mondialement connu. C’est celui de Rachel Carson, Un printemps silencieux, dénonçant les conséquences de l’usage des pesticides agricoles, principalement le DDT, sur les milieux naturels.
    Son succès fut immédiat et mondial. Le second n’eut pas cette reconnaissance. Il ne figura pas parmi les best-sellers américains bien qu’il fut défendu par de grands scientifiques. Publié six mois avant le livre de Rachel Carson par #Murray_Bookchin (1921-2006) – sous le nom de plume de Lewis Herber –, il s’intitulait Our Synthetic Environment et passait en revue les causes de la très rapide détérioration de l’environnement naturel outre-Atlantique, conséquence de l’accélération du développement du capitalisme après la Seconde Guerre mondiale qui bouleversait de nombreux aspects de la vie quotidienne des personnes qui en avaient été jusque-là relativement préservées.
    Ce livre important n’avait jamais été traduit en français. Il nous a semblé important de combler cette lacune. Notre environnement synthétique est en effet un texte fondamental pour l’écologie politique, d’une remarquable lucidité sur les désastres écologiques qui s’annonçaient tout en s’efforçant de présenter une voie pour éviter le pire. Il était donc grand temps de rendre hommage au travail et à l’esprit visionnaire de Murray Bookchin.

    @aude_v #écologie #décroissance

  • Face au chantage : à propos du 7 mai 2017

    Je sais que l’alternative qui nous est aujourd’hui proposée (entre la finance ou le fascisme) est une forme particulièrement viciée, particulièrement perverse de reconduction de ce pacte passé dès les premières années du gouvernement socialiste (1983) entre ces mêmes classes moyennes, les professions libérales et le patronat, sur le dos de ceux qui ne possèdent pas de capital et, en particulier, pas de capital culturel.

    Je sais que, par rupture avec toute une partie du mouvement ayant suivi Mai 68, l’écrasante majorité des intellectuels « de gauche » a, à un moment crucial, pris le parti ou décidé de se retirer du jeu, de la construction de solidarités entre les classes, de l’organisation de transferts et d’échanges réciproques de savoir permettant de bâtir des luttes entre pratiques ouvrières, agricoles et savoir livresque, théorie, réflexion collective, création d’espaces pour un discours et une expérience politique en commun entre l’usine, les champs et l’université : de cesser d’incarner un point de connexion, de jonction, entre classes populaires et classes passées par l’université (et cela vaut autant pour le monde de la production industrielle que pour le monde rural ; mais aussi, de manière chaque jour plus aiguë, de la solidarité en acte avec les migrants).

    Je sais que la reconduction de ce pacte marqué par l’égoïsme bourgeois le plus étroit ne peut plus aujourd’hui se prévaloir, s’il l’a jamais pu, de cette caution morale qu’était jusqu’à présent censée lui apporter l’injonction du « tous ensemble contre le fascisme », en premier lieu parce que la gauche de gouvernement a transformé l’antiracisme en serpillière de ses opportunismes et de ses reniements, en second lieu parce qu’aucune réflexion sociale n’a jamais accompagné aucun « sursaut républicain ». Privé de toute véritable réflexion sur les causes sociales de la montée de l’extrême-droite, cet antiracisme-là (celui de SOS Racisme comme des grandes manifestations unitaires des années 90 — mais certainement pas celui, dans notre enfance, de la belle marche pour l’égalité) n’a jamais été qu’une passoire, qu’un crible ne faisant dans le fond barrage à rien — la preuve en est apportée aujourd’hui, de la façon la plus critique, la plus criante et, au vrai, la plus dramatique qui soit.

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/04/29/face-au-chantage-a-propos-du-7-mai-2017

    #ANTIFASCISME #AUSTÉRITÉ #ÉLECTIONS #EXTRÊME-DROITE #FASCISME #FRONT_NATIONAL #LUTTES #MACRON #MÉLENCHON, #MOUVEMENT #MOUVEMENTS #NÉO-LIBÉRALISME #OCCUPATION #POLITIQUE #RÉSISTANCES #RUES #SYNTAGMA

    • écho (pas si lointain) retrouvé par @colporteur :

      Un nouveau « style Libé », fait de renoncement, de torpeur et fréquemment de cynisme, n’a cessé de gagner du terrain [parmi les composantes intellectuelles dites de gauche]. (...) Sans qu’on y ait pris garde, une restauration de valeurs traditionnelles s’est instaurée. Elle a fait le lit de la révolution de droite en train de s’affermir. Et toute cette affaire, ce qui ne manque de piment, s’est développée dans le contexte sirupeux d’un pouvoir socialiste bon chic bon genre, lui-même très soucieux d’assurer son image de marque auprès des milieux financiers et des oligarchies traditionnelles. Le résultat est là : une masse considérable d’abstentions (...), une force fasciste en voie de constitution, l’émiettement de la capacité collective de résistance au conservatisme, la montée du racisme et de l’entropie mortifère. (...)
      Force est de constater que les socialistes français ont perdu la mémoire du peuple. La plupart d’entre eux ne donnent plus à la polarité droite-gauche un autre sens que circonstanciel. Qui mise encore, parmi eux, que les opprimés, en France comme dans le reste du monde, sont porteurs d’un avenir, de potentialités créatrices ? Qui mise encore sur la démocratie comme levier de transformation (pour autant qu’elle donnerait une prise sur les réalités contemporaines) ? Faute d’avoir œuvré à temps à la cristallisation des nouveaux modes de socialité articulés aux « révolutions moléculaires » qui traversent les sciences, les techniques, la communication, la sensibilité collective, la gauche a laissé passer l’occasion historique qui lui était offerte. Elle s’est engagée dans une surenchère absurde avec la droite sur le terrain de la sécurité, de l’austérité et du conservatisme.

      (Félix Guattari, Les Années d’hiver, 1980-1985 )

    • @kaparia a aussi publié Étrangers et intellectuels: les deux cibles de l’extrême-droite
      https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/05/02/etrangers-et-intellectuels-les-deux-cibles-de-lextreme-dro

      en souvenir de Sadek Aïssat

      1

      Constitution d’un corps national ou racial opposé à celui de l’étranger et se définissant par son opposition à lui, le fascisme est aussi, et peut-être surtout, le nom d’une politique contre la #pensée, d’un discours érigeant la haine de la culture (de la critique, des livres, de la solitude de l’étude comme de la vie sociale, des discussions du dimanche, au marché, dans les quartiers où les gens parlent, de la parole elle-même, de la discussion libre) en principe d’organisation politique. Le fascisme contemporain tend ainsi, quels que soient les pays où il prend racine, à réduire la figure des possédants à ceux qui détiennent un capital symbolique. Par l’effet d’un glissement aussi pervers qu’efficace, le #possédant devient celui qui possède des livres, des mots, un savoir : celui qui a le temps et le loisir d’exercer sa pensée, de réfléchir, d’avoir une vie sociale et une vie politique nourrie du commerce et de la pensée des autres. Sous cet angle, l’extrême-droite peut apparaître comme la conjugaison de deux haines, de deux cibles proposées à la vindicte du plus grand nombre en guise de discours unificateur : la haine des intellectuels et la haine des étrangers, de ceux que l’on présente comme ne faisant pas partie du peuple, comme détachés du corps social — un corps préalablement identifié à la Nation, ou à la Race.

  • #Roland_Gori - La Fabrique des #Imposteurs

    « L’imposteur est aujourd’hui dans nos sociétés comme un poisson dans l’eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l’apparence et à la réputation plutôt qu’au travail et à la probité, préférer l’audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l’#opportunisme de l’opinion plutôt que tenir bon sur les #valeurs, pratiquer l’art de l’#illusion plutôt que s’émanciper par la #pensée_critique, s’abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l’amour et à la #création. Voilà le milieu où prospère l’imposture ! Notre société de la #norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L’imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l’#opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes.

    L’imposteur vit à crédit, au crédit de l’Autre. Soeur siamoise du #conformisme, l’imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les #escroqueries des #algorithmes, les #usurpations de crédits, les #expertises_mensongères et l’#hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du #faux-semblant, notre #démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses #normes et propulsée dans l’enfer d’un monde qui tourne à vide. Seules l’#ambition de la culture et l’#audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l’avenir. » A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l’Université permanente de l’Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage « La Fabrique des imposteurs ».

    https://www.youtube.com/watch?v=2FEtiA18lZU

  • Smartphones and the Uncertain Future of ’Spatial Thinking’ - CityLab
    http://www.citylab.com/tech/2014/09/smartphones-and-the-uncertain-future-of-spatial-thinking/379796

    Your brain is indeed relaxing. In a handful of studies conducted over the last decade in the United States, England, Germany and Japan, researchers have shown that GPS navigation has a generally pernicious effect on the user’s ability to remember an environment and reconstruct a route.

    #GPS #devenir_idiot #cartographie_mentale
    #Spatial_Thinking #pensée_spatiale

  • L’anti-politique du suicide
    http://efleury.fr/suicidequotidien/2016/12/27/lanti-politique-du-suicide

    Pour répondre à la question du suicide comme #acte #Politique, il faudrait parvenir à montrer que cet acte transforme l’opinion publique, change les esprits, modifie le monde dans lequel nous vivons. C’est-à-dire distinguer entre la visée de l’acte (par le sujet) et son #effet (public, dans l’Autre, les discours ou la réalité). Quoi qu’en dise …

    #Le_blog #philosophie #Hannah_Arendt #Lacan #pensée #politique #volonté

  • Les deux appels de l’acte : inédit et #pensée
    http://efleury.fr/suicidequotidien/2016/12/25/les-deux-appels-de-lacte-inedit-et-pensee

    Arendt cherche surtout une définition de l’acte qui ait une portée politique. Nous cherchons à en voir l’intérêt pour le suicide. Politique ? C’est-à-dire qui touche à l’universel, nous concerne. Non pas une partie des hommes, une faction, un groupe politique, une classe sociale ou une individualité, un Roi, un tyran, un leader. Une action …

    #Le_blog #philosophie #acte #Hannah_Arendt #liberté

  • Endettement excessif et montée du populisme, un cocktail explosif Le Devoir - 20 décembre 2016 - Gérard Bérubé
    http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/487454/etudes-endettement-excessif-et-montee-du-populisme-un-cocktail-explosif

    L’endettement mondial dépasse aujourd’hui son niveau d’avant-crise alors que les banques centrales ont, en définitive, poussé leur assouplissement monétaire à la limite de leur capacité d‘intervention. La montée du populisme et du repli sur soi augmente le risque d’un choc de plus forte ampleur que la Grande Récession.
     
    Deux études mises ensembles créent un dangereux cocktail. En se demandant si la prochaine crise mondiale sera (encore) liée à l’endettement, Hendrix Vachon, économiste senior au Mouvement Desjardins, mesure que l’endettement mondial avoisine désormais les 250 % du PIB. Cet endettement, qui combine celui des ménages, des entreprises non financières et des gouvernements, atteignait 215 % du PIB mondial au début de 2008. Ce problème ne s’est donc pas résorbé depuis la fin de la Grande Récession. Il s’est plutôt déplacé selon les pays entre ménages, gouvernements et entreprises.
     
    Pays avancés les plus endettés
    « Sans surprise, les pays avancés demeurent les plus endettés, à environ 280 % du PIB en moyenne. Les pays émergents se démarquent néanmoins par une tendance haussière nettement plus prononcée », ajoute l’économiste, les récentes données montrant un ratio moyen de 190 % pour eux. La problématique demeure entière à l’échelle mondiale « et constitue un risque important pour la croissance économique future. Ce risque est d’autant plus élevé que la récente tendance haussière des taux d’intérêt pourrait mettre de la pression sur les emprunteurs. »
     
    Hendrix Vachon conclut donc à la capacité plutôt limitée de nombre de gouvernements à répondre à une nouvelle crise. « Le même constat d’impuissance menacerait plusieurs banques centrales, ce qui exposerait l’économie à une plus forte contraction. Peu de banques centrales disposent actuellement d’une marge de manoeuvre significative pour abaisser leurs taux directeurs. Le recours à des politiques d’achat massif d’actifs pourrait encore être envisagé, mais la marge de manoeuvre a aussi fondu de ce côté. Cela est sans compter qu’il est très difficile de stimuler l’économie via le crédit lorsque l’endettement est déjà très élevé. »
     
    Repli sur soi
    Sept ans après la fin de la Grande Récession, l’économie mondiale se retrouve donc devant un risque accru d’une récession de grande ampleur advenant un choc. Et Hendrix Vachon d’évoquer qu’une possible montée du protectionnisme aux États-Unis et dans son sillon pourrait être l’élément déclencheur.
     
    Une deuxième étude, celle cosignée par Benoit Durocher, vice-président directeur et chef stratégie économique chez Addenda Capital, et Richard Beaulieu, vice-président et économiste principal, associe la montée du protectionnisme à un repli sur soi des économies nationales. « Les programmes de politique populistes comporteront souvent des mesures protectionnistes qui entravent non seulement la liberté de circulation des biens et services mais aussi de la population, de la main-d’oeuvre. »
     
    Les auteurs retiennent que l’intégration de l’économie mondiale dans l’après-guerre a contribué à l’augmentation du niveau de vie moyen. Qu’elle a également soutenu une diminution des inégalités entre les pays industrialisés et les économies émergentes. Mais qu’au sein de chacun de ces pays, la redistribution s’est faite de façon inégale. « Surtout au cours des 30 dernières années […] La distribution inégale des gains de niveau de vie a suscité la désaffection d’une partie plus importante de la population, tant dans les pays riches que dans les pays pauvres, dans le contexte de ralentissement de la croissance économique tendancielle. »
     
    Programmes populistes inefficaces 
 
    Y voyant une problématique de redistribution, la réponse ne peut venir des programmes populistes. Au contraire, les économistes du cabinet spécialisé soutiennent qu’ « après un effet initial favorable, les inefficacités que de telles politiques engendreront pourraient diminuer le niveau de vie global et creuser à nouveau l’écart de richesse séparant les pays riches et pauvres ». Aussi, « les entraves au commerce résulteront en une augmentation des prix. Les gains d’emplois qui découleraient initialement des mesures protectionnistes pourraient bien disparaître en raison de la baisse du pouvoir d’achat ».
     
    Sur la mobilité de la main-d’oeuvre, « l’arrivée d’immigrants, souvent plus jeunes, permet de soutenir le fardeau dû au vieillissement de la population lié notamment aux régimes de retraite publics et aux coûts des soins de santé. Restreindre l’arrivée de nouveaux concitoyens pourrait forcer les gouvernements à revoir l’ampleur de certains programmes sociaux. »

    #économistes_néo_libéraux #journaliste_néo_libéral #pensée #économique #officielle #dogme #populistes_financiers #version_officielle

  • La vie secrète des dieux

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/La-vie-secrete-des-dieux

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir, une “petite archéologie de la pensée mexicaine”, paraît en feuilleton, deux fois par mois, sur “la voie du jaguar”.

    En 1995, à mon arrivée au Mexique, j’ai été surpris de la sensibilité religieuse (devons-nous dire spirituelle ?) à fleur de peau des Mexicains et de l’importance que revêt la Vierge de Guadalupe, qui, dit-on, tient lieu de sentiment national. Le Mexique semble être la terre de prédilection de la Vierge, du Christ et de tous ses saints. Les sanctuaires sont innombrables et, pour s’y rendre, les pèlerins sillonnent inlassablement le pays à pied, à vélo, en camion, ou en autocar. (...)

    #Mexique #archéologie #pensée #résistance #métamorphose #feuilleton

  • Le combat des dieux

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Le-combat-des-dieux

    « Les dieux anciens semblent ne pas vouloir abandonner la terre du Mexique pour le ciel de la transcendance malgré l’effort conjugué des premiers missionnaires franciscains en 1524 et des évangélistes aujourd’hui. Pour donner le change, ils ont dû, ces dieux, changer un peu d’apparence, modifier leur garde-robe, se déguiser, prendre l’aspect d’un saint chrétien, la figure de la Vierge ou du Christ : changer d’apparence, c’est assez facile pour un dieu, cela entre dans ses possibilités sinon dans ses attributions. Ainsi déguisés, ils ont pu passer inaperçus et rester dans un coin de leur ancien sanctuaire, ils ont évité d’être balayés grossièrement par le souffle de la tempête venue avec les conquistadores. »

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir, une “petite archéologie de la pensée mexicaine”, paraît en feuilleton, deux fois par mois, sur “la voie du jaguar”.

    #Mexique #archéologie #pensée #résistance #vie_cachée_des_dieux #métamorphose #feuilleton