• « C’est un cauchemar » : en Inde, New Delhi reconfinée face à la flambée de l’épidémie de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/19/c-est-un-cauchemar-en-inde-new-dehli-reconfinee-face-a-la-flambee-de-l-epide

    Le directeur du All India Institute of Medical Sciences (AIIMS), le plus grand hôpital de Delhi, Randeep Guleria, demande trois mesures immédiates : la création de zones de confinement, l’interdiction des foules et le renforcement de la vaccination. « Nous aurions dû être plus vigilants. Nous savions que des variants [du Covid-19] circulaient dans le monde. Ce n’était qu’une question de temps avant que les souches ne soient trouvées en Inde… Nous avons été complaisants », a t-il déclaré sur une chaîne de télévision indépendante, NDTV.Tout le pays est débordé par la deuxième vague. L’Inde a enregistré dimanche 273 810 infections et 1 619 morts et a dépassé le cap des 15 millions d’infections et des 178 769 morts depuis le début de l’épidémie.
    Les chiffres sont impressionnants, mais sont loin de donner une idée exacte de l’ampleur des contaminations, en raison de l’éloignement des campagnes, mais aussi de la volonté de certains dirigeants de minimiser l’épidémie. La presse indienne s’est fait l’écho de plusieurs cas troublants dans différents Etats où les données officielles de décès ne correspondent pas à l’explosion du nombre de personnes incinérées. (...)
    L’investissement du premier ministre et de son ministre de l’intérieur, Amit Shah, apparaît totalement décalé par rapport à la crise sanitaire que traverse le pays. Les deux alliés continuent à rassembler des milliers de personnes, qui font fi des normes de sécurité et de distanciation physique. Samedi, Narendra Modi s’est même réjoui devant ses sympathisants de réunir une foule inédite de partisans. L’opposition de droite comme de gauche crie à la « négligence », à « l’impréparation ». Elle pointe la responsabilité du chef de gouvernement qui, lors de la première vague, a mis à genou l’économie et ignoré le sort de millions de migrants en imposant un confinement extrême et qui, lors de la deuxième vague, beaucoup plus grave, préfère battre les estrades.
    Le premier ministre s’est résigné à demander aux hindous qui célèbrent la Kumbh Mela à Haridwar, un pèlerinage géant dans l’Himalaya, de le faire de manière « symbolique ». L’injonction arrive trop tard : Haridwar, où des millions de dévots se sont pressés pour se baigner dans le Gange, est devenu un super-propagateur du virus.
    En l’absence de mesures de confinement, on voit mal comment l’Inde pourra briser la chaîne des transmissions. Le pays vaccine – 122 millions de doses ont été administrées – mais, rapporté à son 1,3 milliard d’habitants, les efforts sont très insuffisants. L’Inde a atteint seulement 9 % de sa population, quand le Royaume-Uni, avec 42 millions de doses administrées, a vacciné 63 % de ses habitants, et les Etats-Unis, avec 205 millions de doses, a pu faire bénéficier la moitié de sa population de plus de 18 ans d’au moins une dose de vaccin.
    L’ancien premier ministre, Manmohan Singh, est sorti de sa réserve, dimanche, pour appeler M. Modi à intensifier la vaccination et donner plus de souplesse aux gouvernements des Etats pour décider des catégories prioritaires.

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