person:édouard philippe

  • Des effigies pendues et brûlées, un rituel contestataire qui traverse les siècles
    http://www.leparisien.fr/politique/des-effigies-pendues-et-brulees-un-rituel-contestataire-qui-traverse-les-

    Quelques mois après son éviction en 1787, le contrôleur général des finances Charles-Alexandre de Calonne est exécuté place Dauphine à Paris. Enfin, presque : c’est son mannequin qui est brûlé par la foule en colère, dans un rituel contestataire toujours en vogue.

    Samedi se tenait à Paris la Fête à Macron, au cours de laquelle plusieurs effigies — notamment un pantin attaché à une potence — du président ont été tournées en ridicule. Au moins n’ont-ils pas été molestés, comme il y a un mois à Nantes : le 7 avril, un mannequin à l’image d’Emmanuel Macron y était pendu puis brûlé au cours d’une manifestation, suscitant l’indignation de nombreux élus LREM. Le parquet de Nantes a annoncé avoir ouvert une enquête, confiée à la PJ de Rennes.

    Le chef de l’Etat n’est pas le seul à en faire les frais : le 19 mars, au Havre, deux effigies de Guillaume Pepy et Edouard Philippe avaient été incendiées.

    Une mise à mort symbolique qui traverse les siècles..

    #mémoire #traditions #imaginaire #révolution_française

  • Depuis la crise des « gilets jaunes », la vie à huis clos d’Emmanuel Macron

    Insultes, huées, menaces… Quand il sort, désormais, cela tourne mal. Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », pour le président qui aimait tant les promenades, elles sont devenues rares (et discrètes). Comme les visites.

    De l’aéroport de Loudes, en Haute-Loire, jusqu’au Puy-en-Velay, il y a 10 km, un quart d’heure en voiture. Ce 4 décembre, pour rejoindre la préfecture incendiée trois jours plus tôt par les « gilets jaunes », Emmanuel Macron n’a heureusement pas besoin de passer par le rond-point de Lachamp, sur la commune de Saint-Pierre-Eynac. C’est là, sur la RN88, que des manifestants avaient cousu un pantin de taille humaine, posé sur un échafaud plus vrai que nature. Sur le billot était écrit : « Te guillotiner c’est notre projet. »

    Le président de la République file vers la préfecture. En route, il discute avec les passagers en gilet jaune d’une voiture croisée par hasard. Aucune image, aucune vidéo. Le 3 décembre, il n’a aussi passé qu’une tête dans le bureau de l’un de ses collaborateurs qui recevait un « gilet » venu de Chalon-sur-Saône à pied. Ces gens seront parmi les rares protestataires qu’Emmanuel Macron a rencontrés durant cette crise ouverte le 17 novembre, où sa capacité à réformer et sa popularité se sont abîmées, mais où il a aussi perdu une part de sa liberté.

    Sans prévenir les élus, il est venu au Puy apporter son soutien au préfet. Celui-ci montre les armoires en cendres, les vitres brisées, les bureaux noircis par la suie. Il conte au chef de l’Etat ce samedi où le « portail a été pété », les pneus entassés et enflammés, et cette bataille inégale entre les « trente » de la préfecture et les deux cents manifestants empêchant les pompiers d’accéder au bâtiment. Bilan : trente-huit blessés… « Ils criaient : “Vous allez tous griller comme des poulets ! », termine le préfet. « Vous les connaissez ? », interroge Emmanuel Macron, incrédule.

    Dès que l’avion présidentiel s’est posé à Loudes, la nouvelle de sa visite s’est ébruitée. Un message posté sur Facebook a réveillé quelques « gilets jaunes ». Une vingtaine d’hommes et de femmes attendent le chef de l’État à la sortie de la préfecture. « Ouuuuuh ! Démission ! », « Enculé ! », « Président des riches ! » Pas encore de quoi trop s’émouvoir. C’est sur la route de la caserne de gendarmerie que tout va basculer…

    « On vous hait ! »

    M. Macron commence par traverser Le Puy vitre ouverte, pour dire bonjour. Des insultes lui répondent, il doit vite la remonter. Un homme se jette ensuite devant la voiture. En sortant de la caserne, cinquante manifestants l’injurient encore : « On vous hait ! »

    L’échange promis à la presse locale est annulé. Les services de sécurité exfiltrent le président par une sortie annexe. De la séquence ne reste que l’image d’un démarrage en trombe sous les huées. Quelques jours plus tard, le chef de l’État racontera au président du MoDem François Bayrou que, de la voiture, il a entendu une femme lancer : « Salope, j’espère que tu vas crever sur la route ! »

    Emmanuel Macron aime pourtant les promenades. Dès son arrivée au ministère de l’économie, en 2014, il avait fait de ces échappées sa griffe. Elles étaient à la fois le thermomètre de sa popularité et un moyen d’asseoir sa notoriété. « Il est où, Emmanuel ? », s’agaçait François Hollande à chaque déplacement avec lui. « Emmanuel » traînait derrière. Selfies, autographes, bisous, il se régalait. Mais, depuis que les « gilets jaunes » le traquent sur Facebook, ces déambulations sont impensables. Il voyage incognito, ou alors sans caméras.

    Jeudi 20 décembre, c’est avec l’AFP et France-info, ces médias de « l’ancien monde », qu’il est allé à Soissons, dans l’Aisne, visiter sans prévenir un centre pour enfants victimes de maltraitance. Officiellement, personne n’a été exclu du voyage, mais il fallait éviter les caméras, en cas d’incident. « S’il ne prévient pas avant de partir, c’est qu’il sait déjà qu’il risque de s’en prendre plein la figure », confirme un conseiller. Sa photographe officielle, Soazig de la Moissonnière, envoie seule quelques clichés où le président, décontracté au milieu de son équipe, rit à la table d’un restaurant Courtepaille, à Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne).

    Gibets, cibles et cercueils

    Deux jours avant les injures du Puy-en-Velay, sa petite promenade à pied au milieu des vitrines fracassées de l’avenue Kléber, à Paris, avait déjà mal tourné. Il revenait alors d’Argentine, où il avait participé au G20. Sur les portables de ses collaborateurs, il a découvert de Buenos Aires les images des violences du 1er décembre et il se rend à l’Arc de triomphe saccagé avant de partir à la rencontre des commerçants. Mais des « gilets jaunes » débarquent. Copieusement sifflé, il doit s’éclipser sous la protection des policiers.

    Avant le 11-Novembre, « il était déjà revenu de son périple dans l’est de la France très conscient qu’une colère grondait », assure Philippe Grangeon, l’un de ses conseillers. Mais c’était au temps où l’Élysée pouvait encore accuser les médias de grossir le trait. « Je parle aux gens, ça se passe bien, mais les journalistes écrivent à l’avance un scénario où je me ferais sans cesse alpaguer, comme si j’étais un personnage de télé-réalité ! », se plaint Emmanuel Macron devant les ministres Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer et François de Rugy qu’il reçoit à l’Élysée au retour de sa fameuse « itinérance mémorielle » dans onze départements. Ce n’est qu’à la deuxième journée de mobilisation des « gilets jaunes », le 24 novembre, qu’il évoque des « scènes de guerre ». Une semaine plus tard, l’Arc de triomphe est pris d’assaut.

    « Je connais cette violence et cette vulgarité, ce sont les mêmes qui étaient déposées dans la boîte aux lettres de mes parents, lorsque j’ai rencontré Emmanuel », assure Brigitte Macron à ses conseillers désolés. Sauf qu’à l’époque les insultes n’étaient pas si menaçantes. Désormais, les manifestants crachent sur les vitrines et prennent à partie les employés de la chocolaterie familiale d’Amiens. « J’ai l’impression d’être un bouc émissaire, un défouloir » : le 4 décembre, Jean-Alexandre Trogneux, propriétaire du commerce, se fend d’une mise au point : la boutique n’appartient pas au président, son oncle par alliance. Un internaute de la Somme, terre des plus farouches ennemis du président – le député François Ruffin et l’écrivain Edouard Louis –, est placé en garde à vue.

    Dans les « manifs », l’effigie du président est lardée de coups de couteau, ligotée par des chaînes, ensanglantée. Gibets, cibles, cercueils trônent devant les cahutes de bord de route. Sur les sites des manifestants, on parle de lui « jeter des pierres » et même de « le pendre ». Quant aux comptes Facebook d’Eric Drouet et de Priscillia Ludosky, deux des initiateurs du mouvement, ils relaient un faux « mandat d’arrêt » contre Emmanuel Macron, coupable de « haute trahison. »

    Déplacements officiels annulés

    Il n’y a pas que les coups de menton ou de gueule sur les réseaux sociaux. Dans la nuit du 14 au 15 décembre, le député (La République en marche, LRM) de l’Eure Bruno Questel voit débouler devant chez lui « un groupe d’hommes, mais aussi de femmes, largement alcoolisés ». Des visages déjà croisés dix fois dans cette circonscription où il a été élu maire en 2002, conseiller général et enfin parlementaire.

    « Ils voulaient s’installer chez moi », raconte le député au téléphone à Emmanuel Macron et à son premier ministre, Edouard Philippe, après que la police a retrouvé six douilles de cartouches tirées devant sa maison. Même le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, pratiquement inconnu du grand public, a vu ses enfants menacés.

    A Paris, les époux Macron aimaient improviser un dîner à La Rotonde, cette brasserie de Montparnasse où les patrons leur arrangent toujours une table au fond du restaurant. Ils étaient même allés voir Le Grand Bain, le « feel good movie » de Gilles Lellouche, dans une « vraie » salle de cinéma. Trop dangereux aujourd’hui. Depuis le 1er décembre, Brigitte Macron n’a pas franchi les limites du périphérique, se contentant, sans aucune publicité, d’une visite à l’hôpital des Invalides, d’une autre à Necker, d’une troisième à l’Institut de la mémoire de la Pitié-Salpêtrière.

    Adieu les longs week-ends à la Lanterne, aux confins du parc du château de Versailles, où Brigitte Macron a l’habitude d’acheter son pain dans les boulangeries avoisinantes : depuis la mi-novembre, les séjours sont brefs et rares. Hormis sa visite surprise à Soissons, le président lui-même est peu sorti de l’Élysée. Le ministère de l’intérieur craint des bousculades, une agression, voire bien pire. Ses agendas ont été vidés, des déplacements officiels annulés : sa visite en Serbie, les 5 et 6 décembre, puis son séjour à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 18 décembre, afin de préparer le G7 de 2019 en compagnie de 150 ambassadeurs. L’agenda officiel est loin d’être rempli. « Il est en réunion interne », répond son service de communication.

    Aucun de ceux qui l’entourent n’a souvenir d’un tel rejet sur le terrain. Seul Bruno Le Maire, lorsqu’il était le ministre de l’agriculture de Nicolas Sarkozy, a connu les quolibets et les tas de fumier déversés sur son passage. Pour les jeunes conseillers de l’Élysée, l’expérience est inédite. « On ne va pas finir le quinquennat dans un abri antiatomique », expliquait au Monde le chargé de la communication de l’Élysée, Sylvain Fort, en prenant ses fonctions après l’« affaire » Benalla. « Débunkériser », disait-on alors au Palais. Devant l’association de la presse présidentielle, à la Maison des polytechniciens, le 17 décembre, il détaille cette fois la menace que fait peser sur le président une « défiance transformée en sécession ».

    « Il ne sort plus sans se maquiller »

    Devant les députés LRM, ou en conseil des ministres, Emmanuel Macron ne laisse échapper aucune fébrilité. Occupé à ne pas imposer ses certitudes, il laisse les autres parler. Mais ceux qui le croisent notent sa fatigue. « Il ne sort plus sans se maquiller tellement il est marqué. Il se maquille même les mains », assure un député LRM qui a l’oreille du chef de l’État. Lors de son allocution enregistrée à l’Élysée, le 10 décembre, plus de 23 millions de téléspectateurs découvrent un président mal rasé et amaigri.

    L’Élysée est devenu un huis clos où les corps étrangers sont de plus en plus rares. Le président (Les Républicains) du Sénat, Gérard Larcher, ou l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy ont été reçus les 4 et 7 décembre. Le jeudi, John Chambers, l’ex-patron du groupe informatique Cisco devenu ambassadeur de la French Tech à l’international, a aussi franchi le perron du Palais avec une quarantaine de « capital-risqueurs » et d’investisseurs venus découvrir de prometteuses jeunes pousses françaises. Mais le chef de l’État a surtout consulté son premier cercle.

    Depuis que les présidents communiquent par messagerie privée, les « visiteurs du soir » sont rares, ou plus exactement leurs visites sont désormais virtuelles. Emmanuel Macron possède deux téléphones et passe de l’un à l’autre. Naguère, les conseillers ou les gardes guettaient l’heure à laquelle il quittait son bureau et éteignait les lumières. Aujourd’hui, ceux qui communiquent avec lui par Telegram notent l’heure à laquelle il cesse ses consultations : 2 heures, 3 heures du matin…

    Il échange évidemment avec son secrétaire général et son premier ministre, qui ont longtemps plaidé que des concessions aux « gilets jaunes » obéreraient la capacité de réforme du gouvernement. Mais ces dernières semaines, Philippe Grangeon, François Bayrou et Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale), les « sociaux », comme on les appelle, ont joué les premiers rôles dans l’entourage du chef de l’État. Avec Jean-Paul Delevoye (haut-commissaire à la réforme des retraites), ces trois-là ont participé à la vidéoconférence qu’Emmanuel Macron a organisée le 8 décembre à l’Élysée afin de réfléchir à la sortie de crise. C’est avec eux, ces représentants du vieux monde, qu’il s’est convaincu de lâcher plus de 10 milliards d’euros pour « sauver le capital des réformes ».

    Pas de trêve pour son anniversaire

    Insulté sur les réseaux sociaux, le président n’ignore pas la tentation et les références révolutionnaires d’une partie des émeutiers. « Le référendum d’initiative citoyenne n’est pas conçu par ses initiateurs – qui ne sont pas des gentils “gilets jaunes”, mais des complotistes de la pire espèce – comme un outil démocratique mais comme un outil de sédition », a encore confié Sylvain Fort, lundi 17 décembre.

    Quand une partie de l’extrême gauche s’est mise à espérer tout haut que la police rejoigne le mouvement de contestation, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a été prié d’éteindre au plus vite la sourde fronde au sein des forces de l’ordre. Une prime de 300 euros a été attribuée à 110 000 policiers et gendarmes, ainsi qu’une hausse de salaire de 150 euros.

    Même au sein de l’armée, il a fallu menacer de sanctions une dizaine de généraux, un amiral et un colonel de la 2e section, c’est-à-dire retraités mais encore mobilisables, après qu’ils ont signé une lettre ouverte sur un site d’extrême droite.

    « Vous ne pouvez pas décider seul d’effacer nos repères civilisationnels et nous priver de notre patrie charnelle, disait le texte, en s’insurgeant de la signature par la France du pacte de Marrakech (Maroc) sur les migrations. Vous êtes comptable devant les Français de vos actions. Votre élection ne constitue pas un blanc-seing. » Des airs de putsch ? En tout cas un affront pour le président, qui est aussi le chef des armées, et déteste qu’elles le contestent.

    Vendredi 21 décembre, c’était son anniversaire. Quarante et un ans. Encore une jeunesse. Évidemment, Facebook a repéré l’événement et appelé à « pourrir la fête ». Pas de trêve, au contraire. « A bas sa majesté Macron ! », « Dégage Macron Ier ! », continuent de crier les « gilets jaunes » sur les ronds-points rasés puis reconstruits. Rond-point de la Jaunaie, à Redon, en Ille-et-Vilaine, une nouvelle guillotine vient d’être installée : « On veut juste qu’il comprenne qu’il faut qu’il s’en aille », explique une manifestante.

    Voilà le jeune président rattrapé par le fameux « dégagisme » qui l’a aidé à se hisser à la tête du pouvoir, mais aussi par ses analyses historiques et ses critiques sur la « normalisation » progressive des présidents de la Ve République. En juillet 2015, dans l’hebdomadaire Le 1, il assurait que le grand « absent » de « la politique française » était « la figure du roi », dont « fondamentalement le peuple français n’a [vait] pas voulu la mort ». A l’époque, il pensait encore qu’il manquait un roi à la France.

    Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Virginie Maling . Publié dans #LeMonde.
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/22/emmanuel-macron-a-huis-clos-en-son-palais_5401266_823448.html

  • En 2018, les femmes toujours plus méprisées par la presse française
    https://www.liberation.fr/france/2018/12/20/en-2018-les-femmes-toujours-plus-snobees-par-la-presse-francaise_1698962

    Testostérones à tous les étages : cette année encore, les femmes peinent à se faire une place dans nos journaux, si on en croit le baromètre 2018 des personnalités les plus médiatisées publié mercredi. Selon l’étude, réalisée par la plateforme Pressedd, les femmes ont été encore moins visibles dans la presse française en 2018 qu’en 2017. Seules 15,3% d’entre elles figurent dans la liste des 1 000 personnalités ayant eu la plus forte exposition médiatique cette année (contre 16,9% en 2017).

    C’est le deuxième plus mauvais score en six ans, souligne Pressedd qui a analysé les 1 500 premiers titres de presse française (presse quotidienne nationale et régionale, presse magazine, presse hebdomadaire régionale, professionnelle et spécialisée) et 1 500 sites d’informations. En 2013, les femmes représentaient 19,2% des personnalités médiatisées.
    Une plus grande visibilité des sportifs (masculins)

    Un paradoxe, alors que les « questions de parité, de représentativité et de mobilisation contre la violence faite aux femmes semblent occuper une place centrale dans le débat public », dans le sillage du mouvement #MeToo, relève l’étude. Une possible clé d’explication de cette visibilité des femmes en baisse : la plus grande visibilité des joueurs masculins de l’équipe de France de football, qui trustent le classement.

    Mondial oblige, la catégorie sport est en effet la plus représentée (près de la moitié des personnalités les plus médiatisées sont des sportifs), et est composée de 6% de femmes seulement. Viennent ensuite les personnalités politiques (28%), qui monopolisent le trio de tête, 100% masculin (Emmanuel Macron, Donald Trump et Edouard Philippe).
    Femmes issues de l’entreprise quasi absentes

    Il faut remonter à la douzième place pour trouver la première femme de la liste, la chancelière Angela Merkel, suivie de Marine Le Pen (14e place) et Theresa May (18e place). Quatre autres femmes figurent dans le top 50 : les ministres Agnès Buzyn, Elisabeth Borne et Nicole Belloubet puis la maire de Paris Anne Hidalgo. Uniquement des personnalités issues de la sphère politique, les plus visibles : plus de la moitié des 50 premières personnalités féminines du classement ont des responsabilités politiques. Des femmes pas vraiment porteuses d’actualités positives : « La visibilité des dix premières femmes les plus représentées dans la presse française est directement associée à des difficultés politiques diverses et autres controverses », pointe le document.

    Au total, les femmes enregistrent 13% des citations seulement. La presse écrite est un peu moins inégalitaire : les femmes représentent 22% des personnalités citées en une des journaux. Les membres féminines du gouvernement sont également plus disertes, puisque 14 femmes membres de l’exécutif totalisent près d’un tiers des citations. Les femmes issues du monde de l’entreprise, en revanche, sont quasiment absentes : cette catégorie ne compte que 4% de femmes citées, avec par exemple la présidente du syndicat agricole FNSEA Christiane Lambert, 242e du classement.

    #sexisme #invisibilisation #femmes

    • En y repensant je me suis dit qu’il pouvait y avoir un effet post-metoo qui fait que 2018 laisse moins la parole aux femmes en comparaison de 2017. Mais en même temps #metoo ca commence fin 2017 et ca se poursuit toute l’année 2018. Logiquement 2018 aurais du parlé des femmes plus qu’à l’habitude mais en fait non, malgrès metoo les femmes ont eu moins la parole que d’habitude !

  • Comment des villes « hyper connectées » contrôlent l’espace public
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/19/au-nom-de-la-smart-city-des-villes-sous-surveillance_5399527_3234.html

    Ni fantasme ni science-fiction : ces dispositifs sont très exactement ceux que des villes françaises commencent à expérimenter sous le nom générique de « safe city » (la ville sûre), avatar en uniforme de la « smart city », la « ville hyper connectée ». « La sécurité est, avec la mobilité, le pilier le plus réaliste de la smart city, estime Marc Darmon, directeur général adjoint du groupe Thales. Il y a un marché porteur pour ces technologies, par la conjonction de l’urbanisation, de la numérisation et de risques qui s’aggravent. »
    Un mouvement de fond

    De Nice à Valenciennes (Nord), de Marseille à la Défense ou à Nîmes, de plus en plus de collectivités se laissent tenter par des plates-formes numériques organisées autour des outils de surveillance et de contrôle de l’espace public.

    Un mouvement de fond, en phase avec de puissants intérêts industriels et porté par des subventions publiques, qui prospère dans un certain flou juridique et inquiète les associations de défense des libertés publiques. Construits autour d’une vidéoprotection dernier cri, dopée à l’intelligence artificielle, aux algorithmes et au « big data », ces dispositifs ont l’avantage de rendre bien concret l’un des rêves fondateurs de la smart city : la gestion centralisée de la ville depuis un poste unique de commandement.

    Mais dans ce schéma, les outils de surveillance occupent une place à part. Au point de faire de la sécurité la première priorité. « La vidéoprotection n’est qu’une partie de la smart city, mais c’est peut-être la plus importante, car elle donne une vision instantanée du territoire : c’est le cœur et le poumon de la ville, c’est un outil qui sert à la gestion ordinaire de l’espace urbain », assume Bernard Serafino, responsable de la sécurité au cabinet du maire de Nîmes.
    « Big data de la tranquillité publique »

    La préfecture du Gard a déployé, avec Engie Ineo, un système de vidéosurveillance intelligente à l’échelle des quinze communes de l’agglomération : 600 caméras, reliées à un centre de supervision high-tech, qui permettent de gérer l’espace urbain et de rechercher et de suivre un individu ou un véhicule d’un bout à l’autre de l’agglomération.

    La ville de Marseille, de son côté, se fait fort depuis le printemps de mettre en place un « big data de la tranquillité publique » grâce aux technologies de Engie Ineo et à une plate-forme de données Oracle, un dispositif censé être opérationnel début 2019. « La safe city est la première brique de la smart city, c’est un outil d’aide à la décision pour la collectivité », décrit Caroline Pozmentier, l’adjointe au maire chargée de la sécurité publique.

    « Une logique de surveillance massive »

    Dans ce contexte, les plates-formes safe city « made in France » sont cofinancées par la Banque publique d’investissement (Bpifrance), subventionnées par les collectivités et encouragées par le Comité de la filière industrielle de sécurité (Cofis), placé sous la tutelle du premier ministre Edouard Philippe.

    « C’est important pour les villes de se dire qu’il y a des acteurs français sur ces sujets clés : notre droit est plus contraignant que celui de la Chine ou des Etats-Unis sur la gestion des données », estime Nathalie Allegret, chez Engie Ineo.

    Françaises ou non, ces technologies soulèvent quelques inquiétudes. « La safe city, c’est la prolifération d’outils issus du milieu du renseignement, dans une logique de surveillance massive, d’identification des signaux faibles, des comportements suspects », dénonce Félix Tréguer, un responsable marseillais de l’association La Quadrature du Net. « Ces outils permettront un contrôle social très sophistiqué quand leur potentiel sera optimisé, estime-t-il. Nous ne trouvons pas rassurant que la police municipale devienne le service de renseignement de l’espace public urbain et de son double numérique. »

    « Améliorer les secours, la circulation, c’est légitime, mais la généralisation de la vidéosurveillance nous inquiète, et scruter les réseaux sociaux, ce n’est pas le rôle d’un maire ! Sans aucun garde-fou, un outil pareil ne peut pas faire preuve de la neutralité indispensable, redoute Henri Busquet, de la Ligue des droits de l’homme à Nice. C’est potentiellement un outil de destruction politique, qui fait courir un risque particulier aux opposants, aux journalistes… »

    La tentation du contrôle social

    L’inquiétude est d’autant plus vive que certains élus ne cachent pas vouloir repousser les limites du cadre légal. « On pourrait faire beaucoup mieux, estime M. Estrosi, qui s’est plusieurs fois heurté à la CNIL. Ce qui nous limite, c’est la loi, notamment la loi Informatique et libertés de 1978. Je demande à ce que le législateur fasse évoluer les textes, au rythme où évolue la société. Je dispose du logiciel qui permettrait dès demain matin d’appliquer la reconnaissance faciale et d’identifier des individus fichés où qu’ils se trouvent dans la ville… Pourquoi se l’interdire ? Est-ce qu’on veut prendre le risque de voir des gens mourir au nom des libertés individuelles, alors qu’on a les technologies qui permettraient de l’éviter ? »

    #Capitalisme_surveillance #Videosurveillance #Smart_city #Safe_city

  • De nouvelles actions pour les « gilets jaunes »
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/12/16/01016-20181216ARTFIG00160-de-nouvelles-actions-pour-les-gilets-jaunes.php

    Avec la double casquette de manifestant et de représentant du mouvement, Steven Lebee, qui a pris, samedi, la parole dans un cortège du quartier de l’Opéra à Paris aux côtés de Priscillia Ludosky, met en garde contre des apparences trompeuses. Dans le bus du retour, ce dimanche, ce père au foyer de 31 ans vivant en Haute-Savoie raconte comment nombre de cars transportant des « gilets jaunes », stoppés aux entrées de la capitale, ont dû faire demi-tour. « Il n’y avait pas moins de monde mais on a refoulé des bus entiers », assure-t-il.

    • « Gilets jaunes » : la mobilisation s’essouffle, particulièrement à Paris [ce titre dessert l’article ; plus bas : « Gilets jaunes » : l’exécutif répond et tente une sortie de crise]
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/17/la-mobilisation-des-gilets-jaunes-s-essouffle-particulierement-a-paris_53986

      [...] Samedi matin, en haut des Champs-Elysées, le contraste avec les semaines passées était #spectaculaire : quelques centaines de personnes tout au plus. Ces dernières se refusaient de se rendre à l’évidence, en reprochant aux #forces_de_l’ordre – avec des #interpellations_préventives ou des barrages – d’avoir freiné les manifestants. Le nombre d’interpellations a pourtant chuté drastiquement : 179 pour la journée de samedi à Paris, contre 1 082 le 8 décembre.

      Des échauffourées, avec gaz lacrymogène et jets de projectiles, suivis de mises en garde à vue ont eu lieu à Bordeaux, Saint-Etienne, Toulouse, Nantes, Besançon, Nancy ou Lyon. Et plusieurs zones de péages dans le sud, de Perpignan à Orange, ont de nouveau été touchées par des incendies et dégradations. Mais on déplore globalement beaucoup moins d’incidents et de blessés, partout en France.
      Venu de Douai (Nord) manifester à Paris, Jean-Luc, technicien de 29 ans, se doutait bien qu’il y aurait moins de monde : « Certains sont satisfaits des annonces de Macron, il y a eu l’attentat de Strasbourg, les violences, certains ont pris peur… Et puis, ça fait cinq semaines qu’on est sur les ronds-points, les gens sont fatigués. »

      Cette occupation des #ronds-points est le cœur battant du mouvement. C’est là qu’on réinvente le monde autour d’un feu de bois et qu’on fait vivre la lutte localement. Du maintien de ces places fortes dépend désormais la poursuite de la mobilisation. Les responsables de la majorité l’ont bien compris, à l’instar du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui n’a pas exclu, dimanche sur France 3, l’envoi de « CRS ou de gendarmes à la campagne » pour « libérer l’espace public » .

      Depuis le 17 novembre, ceux qui mènent des opérations de #blocage ont déjà été régulièrement délogés. Affectés dans leur activité économique, des commerçants et des exploitants d’autoroutes ont saisi la voie judiciaire et obtenu gain de cause : dans l’Eure, cinq ordonnances ont ainsi été rendues, obligeant des « #gilets_jaunes » à quitter les lieux, sous astreinte financière.

      Mais ces derniers jours, des « gilets jaunes » pacifiques et ne menant aucune action de blocage sont, eux aussi, sous pression. Dans l’Yonne, certains ont été sommés par le préfet de réduire la taille de leur #campement à un simple abri contre la pluie. « C’était un petit village qui commençait à se construire », déplore le préfet de l’Yonne, Patrice Latron auprès du Monde. Moins confortable, l’occupation en ce mois de décembre pourrait s’avérer plus difficile.

      Dimanche soir, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), les « gilets jaunes » qui avaient installé buvette et canapé sur l’échangeur du Magny étaient en émoi. « On s’attend à être évacué mardi ou mercredi, tempêtait ainsi l’un d’eux, Pierre-Gaël Laveder. Ils veulent étouffer le mouvement ! » Lui craignait que ces représailles rendent la mobilisation plus violente samedi prochain. C’est un risque. Car même moins nombreux, les « gilets jaunes » n’ont pas tout à fait rendu les armes. A Montceau-les-Mines, comme ailleurs en France, certains veulent croire à un acte VI, le 22 décembre, y compris à Paris.

      « Gilets jaunes » : l’exécutif répond et tente une sortie de crise, Cédric Pietralunga et Bertrand Bissuel
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/17/l-executif-au-defi-d-une-delicate-sortie-de-crise_5398679_823448.html

      Edouard Philippe a détaillé des mesures sociales qui seront examinées dans la semaine par les élus, alors que la mobilisation semble s’essoufler.

      Pas question de fanfaronner. Même si le mouvement des « gilets jaunes » semble marquer le pas, avec seulement 66 000 #manifestants à travers la France samedi 15 décembre, soit deux fois moins qu’une semaine plus tôt, l’exécutif se garde bien de crier victoire. « La participation [aux manifestations] est moindre, mais les questions posées sont toujours là », a reconnu François Bayrou, le président du MoDem, dimanche, sur BFM-TV.

      Au bout de cinq semaines de mobilisation, les « gilets jaunes » ont fait vaciller le pouvoir. Pour la première fois depuis le début de son mandat, le président de la République a été contraint de reculer, en abandonnant la hausse de la taxe carbone prévue en 2019, qui devait à nouveau faire augmenter le prix du litre de diesel (de 6 centimes) et celui de l’essence (de 3 centimes) le 1er janvier.

      S’il a réussi à calmer tout ou partie de la colère, en annonçant pour environ 10 milliards d’euros de mesures sociales [sic] le 10 décembre, Emmanuel Macron sait qu’il ne peut pas faillir dans l’exécution. Qu’il donne le sentiment de tergiverser ou de renoncer à une partie de ses promesses, et les ronds-points pourraient très vite se colorer de nouveau de jaune. « On n’a pas le droit à l’erreur », reconnaît un conseiller de l’exécutif. « 

      L’engagement du président sera tenu (…), il n’y aura pas de #carabistouille », s’est engagé Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, très proche du chef de l’Etat, dans Le JDD du 16 décembre.

      Critiques de l’opposition

      Alors que nombre d’observateurs s’inquiètent de la capacité du #gouvernement à mettre en musique les engagements d’Emmanuel Macron, le premier ministre Edouard Philippe a tenté d’en préciser les modalités, dans un entretien aux Echos, lundi. S’agissant des 100 euros supplémentaires pour les #travailleurs modestes, le dispositif finalement retenu a encore évolué par rapport à ce que l’exécutif en avait dit, il y a quelques jours.

      La hausse de #revenu, promise par Emmanuel Macron, reposera finalement sur deux éléments : la revalorisation légale du #smic, au 1er janvier 2019, ce qui ne figurait pas dans le schéma de départ, et une forte amélioration de la #prime_d’activité (PA) – celle-ci pouvant désormais être versée à quelque 5 millions de ménages (contre 3,8 millions à l’heure actuelle, selon le ministère du travail).

      Mais avec ce dispositif, seulement un peu plus de la moitié des smicards seront éligibles aux 100 euros en plus ; les autres ne seront pas concernés, du fait des conditions d’attribution de la PA puisque celle-ci tient compte des ressources ainsi que de la composition du foyer, et non pas des revenus de la personne seule. Un pari risqué : en évinçant un certain nombre de smicards de la mesure, Emmanuel Macron prête le flanc aux critiques de l’opposition et des « gilets jaunes », qui pourront railler la promesse non vraiment tenue du chef de l’Etat.

      Le détail des mesures : ce qu’Edouard Philippe a répondu aux « gilets jaunes »

      Néanmoins, la mesure pourra s’appliquer à des personnes dont la rémunération est un peu au-dessus du smic. Un exemple, évoqué par Edouard Philippe dans Les Echos : un célibataire sans enfant, dont les ressources mensuelles nettes vont jusqu’à 1 560 euros, touchera le surcroît de 100 euros. Les sommes tomberont dans la poche des bénéficiaires début février 2019. Montant total de la dépense : 2,5 milliards d’euros.

      Autre coup de pouce en faveur du pouvoir d’achat : dès le 1er janvier 2019, les heures supplémentaires seront exonérées de l’impôt sur le revenu et de cotisations salariales (mais pas des charges patronales [sic] , contrairement à ce qui avait été indiqué dans un premier temps). Les allégements cesseront de s’appliquer si les gains dépassent 5 000 euros par an. La facture pour les finances publiques devrait s’élever à environ 2,5 milliards d’euros l’an prochain.

      « Faire vite »

      Le premier ministre a également confirmé l’annulation de la hausse de la CSG qui était entrée en vigueur, début 2018, pour une partie des #retraités. A l’avenir, ceux dont le revenu fiscal de référence est de 22 580 euros par an (pour une personne seule) repasseront au taux de 6,6 % (contre 8,3 % depuis janvier 2018). D’après l’entourage de la ministre du travail, Muriel Pénicaud, quelque 3,7 millions de ménages vont profiter de cette décision, soit environ la moitié de ceux qui avaient subi la majoration du taux de CSG en début d’année. Coût de ce geste : 1,5 milliard d’euros.

      Enfin, jusqu’à la fin mars 2019, les entreprises auront la possibilité d’octroyer une prime exceptionnelle à leurs personnels. Cette gratification sera entièrement défiscalisée et exonérée de tout prélèvement (cotisations sociales, CSG, CRDS), dans la limite de 1 000 euros et pour ceux dont le salaire mensuel ne dépasse pas trois smic.

      Au-delà des inquiétudes techniques, les #macronistes s’interrogent sur la capacité du Parlement à légiférer rapidement pour que les mesures annoncées par le chef de l’Etat puissent s’appliquer dès janvier. Le projet de loi, qui doit servir de véhicule à ces dispositions, sera présenté mercredi en conseil des ministres et l’Assemblée nationale l’examinera dès le lendemain. Le Sénat devrait suivre vendredi. Mais que les députés de l’opposition multiplient les amendements ou que le Sénat – où les macronistes ne sont pas majoritaires – rechigne à voter le texte en l’état, et c’est tout le bel ordonnancement de l’exécutif qui tombe à l’eau.

      « J’en appelle à la responsabilité des parlementaires, a plaidé M. Ferrand dans Le JDD. La liberté de débattre et d’amender est essentielle, mais il serait paradoxal de retarder volontairement l’adoption de mesures sociales urgentes – surtout de la part de partis politiques qui ont soutenu les “gilets jaunes” ! » « 

      L’objectif n’est pas de pinailler mais de faire vite ce qui a été annoncé », a abondé Marc Fesneau, le ministre des relations avec le Parlement, dimanche dans Le Parisien.

      Cela suffira-t-il pour permettre à l’exécutif de se projeter dans « l’après » ? Le bon accueil réservé au chef de l’Etat à Strasbourg, où il s’est rendu vendredi soir pour rendre hommage aux victimes de l’attaque terroriste du 11 décembre, a rasséréné les soutiens du président. « C’est la preuve qu’il n’est pas empêché, qu’il peut continuer à sortir de l’Elysée », estime un familier du Château. La venue d’Emmanuel Macron à Biarritz, où il doit se rendre mardi 18 décembre pour préparer la réunion du G7 que la France organise dans la ville basque l’été prochain, sera un autre test de la capacité du chef de l’Etat à renouer avec les Français.

      D’autres veulent croire que le « grand débat annoncé par le président de la République permettra de faire baisser la pression. Mais celui-ci a déjà pris du retard. Son lancement, prévu le 14 décembre, a été retardé et un premier couac sur l’ajout puis le retrait de l’immigration parmi les thèmes prévus de la consultation interroge. La commission nationale du débat public, présidée par Chantal Jouanno, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, doit présenter cette semaine les modalités de l’événement. En attendant, certains ministres ont déjà annoncé leur présence à des débats, comme la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, qui devait échanger avec des associations, lundi, à Carpentras.

      Seule certitude : « Le chemin sera long » pour reconquérir l’opinion, anticipe un très proche du chef de l’Etat. Selon le baromètre mensuel de l’IFOP, publié dimanche 16 décembre, les Français ne sont plus que 23 % à se dire satisfaits de l’action d’Emmanuel Macron. A titre de comparaison, au même moment de son mandat, Nicolas Sarkozy comptait 44 % d’opinions favorables, tandis que François Hollande ne donnait satisfaction qu’à 22 % des Français, selon l’institut. En un an, la cote de popularité de l’actuel chef de l’Etat a été divisée par plus de deux.

  • Smic : pas de coup de pouce, mais un revenu en hausse.

    Avec de nombreuses infos sur ces #miettes, ce « Smic qui augmente sans rien coûter aux employeurs »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/11/smic-pas-de-coup-de-pouce-mais-un-revenu-en-hausse_5395702_823448.html

    Pour répondre au mouvement des « gilets jaunes », l’exécutif a décidé d’augmenter la prime d’activité de 80 euros et d’intégrer à son calcul l’exonération des cotisations salariales.

    De telles orientations sont discutables parce que « la prime d’activité ne crée aucun droit, contrairement au salaire qui, lui, en crée, notamment pour la retraite et l’assurance-chômage », décrypte Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. En outre, une hausse du smic se propage aux échelons de rémunérations situés juste au-dessus, dans le public et dans le privé : ces « effets de diffusion » ne se produiront pas avec la mesure présentée lundi par M. Macron.

    Smic et prime d’activité : les annonces d’Emmanuel Macron en 8 questions, Samuel Laurent, Gary Dagorn et Adrien Sénécat, L’iMonde (article pas si pire à part quelques détails occultés, dont l’exclusion de nombreux étrangers, ndc)
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/11/smic-et-prime-d-activite-les-annonces-d-emmanuel-macron-en-8-questions_53958

    Avec un graphique présentant ce Dénombrement au niveau national des foyers #allocataires ayant un droit versable à la #PPA par situation familiale http://data.caf.fr/dataset/foyers-allocataires-percevant-la-prime-d-activite-ppa-niveau-national/resource/2e3cc82e-8224-47a2-9563-d0943990c786

    Que faut-il comprendre lorsque le chef de l’Etat parle de « 100 euros par mois » de plus pour un salarié en 2019 ?

    « Cent euros par mois » en plus pour les travailleurs rémunérés au salaire minimal : c’était l’une des annonces phares de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron, lundi 10 décembre. Mais cette formule, destinée à répondre aux revendications des « #gilets_jaunes », soulève de nombreuses questions. Qui pourra réellement prétendre à cette hausse de pouvoir d’achat ? S’agit-il d’une hausse du salaire minimal ou d’une aide de l’Etat ? Nos précisions en huit questions.
    Un salarié au smic verra-t-il ses revenus augmenter de 100 euros par mois ?
    Les salariés qui gagnent un peu plus que le smic en bénéficieront-ils aussi ?
    Et les salariés à temps partiel ?
    La hausse sera-t-elle automatique ?
    Est-ce l’Etat qui paiera ?
    La hausse de la prime d’activité peut-elle rendre imposable ?
    La prime d’activité est-elle écartée du calcul des droits au chômage et à la retraite ?
    La hausse du smic en 2019 sera-t-elle la plus importante depuis plus de dix ans ?

    1. Un salarié au smic verra-t-il ses revenus augmenter de 100 euros par mois ? C’EST PLUS COMPLIQUÉ

    « Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur », a affirmé Emmanuel Macron, lundi 10 décembre. Derrière cette formule simple se cachent en fait des situations variables. Le chiffre de 100 euros englobe deux mesures différentes, explique une source gouvernementale au Monde : la baisse des cotisations salariales en 2018, qui représente un peu plus de 20 euros par mois pour un salarié au smic à temps plein ; la hausse du montant maximal de la prime d’activité de 80 euros net. Cette aide devait initialement augmenter quatre fois de 20 euros, de 2018 à 2021. Elle devrait finalement augmenter d’environ 60 euros au début de 2019 après une première hausse de 20 euros en octobre 2018.

    Tout le monde ne gagnera pas « 100 euros par mois »
    Selon la même source, le calcul d’Emmanuel Macron ne tenait pas compte de la revalorisation légale du smic de 1,8 % au 1er janvier 2018 (soit environ 20 euros net de plus). Ce qui fait que, dans le meilleur des cas, un salarié au smic pourrait prétendre à un revenu mensuel net d’environ 1 430 euros en 2019 en comptant la prime d’activité, contre 1 307 euros à la fin de décembre 2017.

    Attention, en revanche : si la baisse des cotisations salariales concerne tous les salariés, la prime d’activité est versée sous conditions de revenus, et c’est l’ensemble du foyer qui est pris en compte. Ainsi, un salarié au smic peut ne pas pouvoir prétendre à la prime d’activité à cause des revenus de son conjoint.
    De même, le chiffre de « 80 euros » d’augmentation de la prime d’activité correspond à un montant maximal théorique. Mais celui-là peut être moindre selon la situation réelle des salariés. Il faudra en réalité attendre de connaître les détails des règles de calcul retenues par le gouvernement pour estimer réellement qui gagnera combien en janvier 2019.

    Parmi les pistes évoquées revient également l’idée d’intégrer la prime d’activité à un futur « revenu universel d’activité » souhaité par Emmanuel Macron, dont les contours restent à déterminer. C’est probablement ce qu’évoquait le premier ministre, Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale mardi 11 décembre, lorsqu’il a affirmé vouloir verser la prime d’activité à un plus large public que celui actuellement concerné.

    Note : les #étrangers doivent justifier de 5 ans de séjour légal sur le territoire pour ouvrir droit à la prime d’activité ; rien pour les #auto_entrepreneurs ; report de la « négociations » de l’#assurance_chômage et de la #réforme des #retraites

    #sans_papiers #fiscalité #droits_sociaux #annonces #Smic #salaires #prime_d'activité #non recours #revenu #chômeuses #travailleuses_à_temps_partiel #travailleurs_pauvres #précarisation

    https://seenthis.net/messages/742902

  • Le maintien de l’ordre à la française désorienté - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2018/12/07/le-maintien-de-l-ordre-a-la-francaise-desoriente_1696698

    MO. Deux lettres pour maintien de l’ordre public. Deux lettres pour l’une des plus grandes fiertés du ministère de l’Intérieur. Deux lettres synonymes aussi parfois d’arbitraire, de répression et de violence. En langage technocratique, il est question de « gestion démocratique des foules ». Elevé au rang d’art par les responsables de la police et de la gendarmerie durant des décennies, le maintien de l’ordre à la française est aujourd’hui chancelant face au mouvement des gilets jaunes. Si l’organisation des unités de forces mobiles, spécialisées en la matière, est parfaitement adaptée pour faire face à des violences au sein d’un cortège délimité, le commandement était à la peine samedi dernier pour échafauder une stratégie à même de contenir des petits groupes mobiles et épars. Une fébrilité qui entrera à coup sûr dans l’histoire policière.
    Mauvais calcul

    De telles scènes de violences étaient inédites à Paris depuis Mai 68. Près de 250 feux allumés, dont 112 véhicules et 6 bâtiments incendiés. 162 personnes blessées, prises en charge par les hôpitaux parisiens. 378 manifestants placés en garde à vue. Un nombre historique de grenades lacrymogènes et explosives ainsi que de balles en caoutchouc utilisées. En cinquante ans, les forces de l’ordre ont évidemment connu d’autres coups durs et échecs en la matière, mais jamais des émeutiers n’ont semblé si proches de faire vaciller le pouvoir. Samedi dernier, la mise en échec du dispositif prévu vient en partie d’un mauvais calcul tactique, mais aussi politique. L’exécutif a fait le pari d’une main tendue vers les gilets jaunes en leur permettant de se rassembler sur les Champs-Elysées à condition d’accepter un contrôle d’identité et une fouille des sacs. La plupart des manifestants ont refusé la proposition et tous les heurts se sont produits aux alentours de l’avenue. « C’était une situation inédite avec d’un côté une concentration importante de personnes à un endroit, cumulé avec des actions périphériques très rapide. Alors qu’à la préfecture de police de Paris, il y a une tradition de verticalité encore plus importante qu’ailleurs qui fait que les forces sont généralement statiques, les bascules sont très lentes », analyse l’ancien général de gendarmerie Bertrand Cavallier, fin connaisseur du maintien de l’ordre.

    Sur le terrain, aucune marge de manœuvre n’est laissée aux agents, chaque mouvement est orchestré par une chaîne hiérarchique qui remonte jusqu’au préfet. Et parfois même jusque place Beauvau. Ce jour-là, dans la salle de commandement, au sous-sol de la préfecture de police de Paris, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez, et le Premier ministre, Edouard Philippe, constatent avec gravité la situation. Les forces de l’ordre sont désorientées, ne parviennent pas à lire la « physionomie » de la manifestation. Les huiles de la direction de l’ordre public peinent à bâtir un plan pour casser la solidarité entre les plus radicaux et les autres, qui, ensemble, refusent la dispersion. « Le bon public », expression ironique utilisée à la préfecture de police pour qualifier les manifestants qui s’organisent en black bloc, est cette fois minoritaire parmi les émeutiers. La préfecture a perdu ses repères.

    « Les casseurs attendaient que le camion à eau arrive ou qu’il y ait du renfort pour retourner dans la foule. Comme ça, ils réussissaient la plupart du temps à ne pas se faire accrocher. Ils tapaient d’un côté, foutaient le feu, puis repartaient d’un autre côté », raconte un policier de la BRI, présent sur le terrain samedi dernier. Une organisation loin du traditionnel cortège avec ses manifestants les plus virulents qui se placent à l’arrière ou à l’avant. Avec une quarantaine de collègues, cette unité d’élite, plus habituée aux prises d’otages qu’aux mobilisations sociales, était chargée samedi d’enchaîner les « interpel’ » : « On se mettait derrière les CRS, de temps en temps ils ouvraient les boucliers, on n’avait rien sur nous, on était en civil juste avec un casque, donc on pouvait choper ceux qui couraient le moins vite. »

    Rangee de policiers devant une barriquade de paves le 11/05/1968. Photographie de Jean Pottier pendant mai 68 a Paris. Credit : Jean Pottier / KHARBINE-TAPABOR.

    Des policiers à Paris, le 11 mai 1968. (Photo Jean Pottier. Kharbina-Tapabor)
    Equation périlleuse

    Le ministre de l’Intérieur arrivé aux commandes depuis moins de deux mois a cherché à rassurer les parlementaires lors de deux auditions tenues coup sur coup. Lundi à l’Assemblée nationale, mardi au Sénat. Avec une question : la police et la gendarmerie parviendront-elles à gérer sans casse et sans drame la journée de mobilisation de ce samedi ? Acculé, Christophe Castaner a garanti une révision « en profondeur » du mode opératoire des forces de l’ordre. « Le ministre a pris une position assez claire, à savoir un dispositif plus mobile, mais la doctrine du maintien de l’ordre ne peut pas changer en trois jours », relève le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, David Le Bars. Pour expliquer la nouvelle tactique recherchée, Christophe Castaner s’est limité à dérouler le futur triptyque d’action des policiers et gendarmes : « Mobilité, réactivité, fermeté. » Et contact avec les casseurs ? L’équation est périlleuse pour le ministre de l’Intérieur. Depuis une trentaine d’années, la tenue à distance des manifestants est vantée comme le principe fondamental du maintien de l’ordre pour éviter un mort.

    Tout a basculé le 6 décembre 1986. A Paris, les étudiants sont en effervescence contre le projet de loi Devaquet de réforme des universités. Le Quartier latin est occupé, quelques barricades enflammées sont montées. La préfecture de police de Paris envoie alors ses pelotons de voltigeurs motocyclistes. Ces bécanes tout-terrain, rouges et nerveuses, foncent dans les petites rues. Un agent conduit la moto tandis que son binôme distribue des coups de bâton aux manifestants. Au même moment, Malik Oussekine, 22 ans, sort d’un club de jazz. Des voltigeurs le prennent en chasse. L’étudiant se réfugie dans un immeuble de la rue Monsieur-le-Prince. Trois policiers foncent alors dans le hall et le tabassent. Malik Oussekine ne se relèvera pas. Le lendemain, l’émoi est national. Alain Devaquet démissionne et sa réforme de l’éducation est abandonnée. Les pelotons de voltigeurs sont dissous. « Et deux ans plus tard, la droite, au pouvoir, perd les élections, rappelle le journaliste David Dufresne, auteur de Maintien de l’ordre, livre référence sur le sujet. A partir de cet événement, la mort d’un manifestant a constitué le point au-delà duquel on ne peut pas aller. » Les paroles du préfet Maurice Grimaud, qui était parvenu à réprimer la révolte de Mai 68 sans drame à Paris, paraissent bien lointaines. Dans une lettre envoyée à tous ses agents, il mettait en garde contre le péril qui menaçait les institutions en cas d’usage disproportionné de la force : « Nous gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme moi : notre réputation. […] Frapper un homme à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. » Aujourd’hui encore, Malik Oussekine symbolise les violences policières. Mais aussi la hantise de Beauvau d’avoir à répondre d’un manifestant étendu sur le sol.

    Pour éviter d’avoir à affronter une nouvelle crise politique après un mort lors d’une manifestation, la philosophie de mise à distance va être renforcée. « Les implications sur notre action sont énormes. On a tous en tête que ce que l’on va faire peut avoir des conséquences pour le gouvernement, expose le colonel Stéphane Fauvelet, responsable de la formation des gendarmes mobiles au centre d’entraînement de Saint-Astier (Dordogne). Si l’on commet un acte grave, on va rompre l’équilibre et empêcher la possibilité d’une négociation. C’est toute la difficulté du maintien de l’ordre. » Des stratégies de plus en plus défensives des forces de l’ordre sont alors adoptées. La professionnalisation accrue des unités dédiées, compagnies républicaines de sécurité et gendarmes mobiles, contribue aussi à une meilleure maîtrise de la force. Les unités ne doivent plus briser les manifestations pour les disperser, mais tentent de contenir le plus longtemps possible les violences et de repousser les contacts. Conséquence : le recours massif aux armes pour maintenir la distance de sécurité avec les manifestants.

    Depuis quelques années, la montée en puissance des armes « intermédiaires » se banalise. C’est par exemple le cas du flash-ball, puis de son successeur le lanceur de balles de défense de 40 mm, utilisés pour la gestion des foules depuis le milieu des années 2000. Interrogé en 1998 à ce propos, le chef du bureau des équipements du service central des CRS de l’époque, Christian Arnould, s’inquiétait pourtant de l’arrivée de cette nouvelle arme : « Symboliquement, en matière de maintien de l’ordre, cela signifie que l’on tire sur quelqu’un, alors que, depuis des années, on prend soin de tirer les grenades à 45 degrés sans viser les personnes en face. » Le 1er décembre à Paris, les policiers ont tiré plus de 1 200 de ces balles en caoutchouc.

    Anti-riot police officers face university and high school students demonstrating in Paris to protest the Devaquet law that aims to implement a selection system for students who want to go to university. Students have thrown red paint at the police. (Photo by Alain Nogues/Sygma/Sygma via Getty Images)

    Manifestation à Paris en 1986.(Photo Alain Nogues. Sygma via Getty Images)
    Amputations de membres

    A cet arsenal s’ajoutent aussi des grenades explosives. En octobre 2014, sur la ZAD de Sivens, Rémi Fraisse, un militant écologiste de 21 ans, reçoit une grenade offensive OF-F1 de la gendarmerie, dont l’explosion le tue sur le coup. Si l’usage de cette arme est abandonné, aucun changement profond n’est amorcé. Un rapport parlementaire dédié à la question du maintien de l’ordre conduit à un statu quo. Une autre grenade, la GLI-F4, qui contient aussi une charge de TNT, est maintenue en dotation. Elle a depuis provoqué plusieurs amputations de membres, comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et certainement à Paris et Tours ces dernières semaines dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. Toutefois, cette philosophie du maintien de l’ordre à la française souffre, depuis une quinzaine d’années, d’une vraie entorse. Les autorités cherchent de plus en plus à afficher un nombre conséquent d’interpellations. Pour faire du chiffre et pour pouvoir « judiciariser » les débordements, des effectifs plus légers vont aller au contact direct des manifestants. Cette mission est souvent confiée aux brigades anticriminalité, des effectifs non formés au maintien de l’ordre. Cette stratégie peut s’avérer contre-productive. La gestion parisienne de la mobilisation contre la loi travail en a été le parfait exemple. En opposition avec la doctrine française de la mise à distance, le préfet de l’époque, Michel Cadot, positionnait les CRS et gendarmes mobiles au plus proche des manifestants pour tenter de commencer les interpellations dès le départ du cortège. Tout ça dans un nuage de gaz lacrymogène. Le slogan « Tout le monde déteste la police » dépassait les rangs des plus déterminés.

    En prévision des très possibles affrontements de ce samedi, l’Elysée dit redouter « une très grande violence » d’« un noyau dur de plusieurs milliers de personnes » qui viendraient à Paris « pour casser et pour tuer ». En 2005, confronté à plusieurs nuits d’émeutes en banlieue, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, use de la même rhétorique : « L’enjeu est assez simple : soit les bandes gagnent, soit la République l’emporte. L’alternative est dans ce choix. C’est la force légale de la République ou la force brutale des bandes. Ce sera donc la force légale de la République. Ni vous ni nous n’avons le choix. » La communication anxiogène de l’Elysée, comme celle de Sarkozy à l’époque, renvoie à l’autre grand principe du maintien de l’ordre : impressionner pour contenir. Sur le terrain, cela s’exprime par la même scénographie : la sortie des véhicules blindés, la mise en place des compagnies de CRS, les fusils et lanceurs de balles bien en vue. Un cérémonial qui risque de ne pas suffire à empêcher les violences. Et la possible multiplication des charges, avec ses dangers considérables.
    Ismaël Halissat

    #maintien_de_l’ordre

  • Le dialogue a commencé, Édouard Philippe

    LIVE : « Gilets jaunes » : des heurts à Paris et en régions, l’exécutif veut « retisser l’unité nationale »
    https://www.lemonde.fr/societe/live/2018/12/08/gilets-jaunes-en-direct-des-incidents-a-paris-manifestations-dans-toute-la-f

    Le Monde le 8 décembre à 19h31 — URGENT
     
    De son côté, le premier ministre, Edouard Philippe a estimé que « la vigilance et la mobilisation restent de mise », des casseurs restant à l’oeuvre.
     
    «  #Le_dialogue_a_commencé  » et « il faut désormais retisser l’unité nationale », a ajouté le chef du gouvernement. Et de poursuivre : 
     Le président de la République s’exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir ce dialogue et qui permettront, je l’espère, à l’ensemble de la Nation française de se retrouver et d’être à la hauteur des enjeux qui sont déjà là et qui vont continuer à se poser dans les années qui viennent.
     
    Il a terminé son intervention par le slogan : « Place au dialogue ! »

  • Paris demande la levée du blocus israélien imposé à Gaza -
    AFP
    https://www.lorientlejour.com/article/1147300/paris-demande-la-levee-du-blocus-israelien-impose-a-gaza.html

    Le Premier ministre français Edouard Philippe a appelé vendredi à la « levée du blocus israélien » imposé à la bande de Gaza ainsi qu’à la réconciliation des deux mouvements palestiniens rivaux. « Il n’y aura pas de paix sans une solution durable pour Gaza, qui passe par la réconciliation interpalestinienne et par la levée du blocus israélien », a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah. (...)

    • Palestine signs 10 cooperation agreements with France
      Dec. 8, 2018 11:01 A.M. (Updated: Dec. 8, 2018 12:27 P.M.)
      http://www.maannews.com/Content.aspx?id=782013

      RAMALLAH (Ma’an) — Palestine and France signed 10 cooperation agreements, on Friday, during a visit by Palestinian Prime Minister Rami Hamdallah to Paris and his meeting with his French counterpart, Edouard Philippe.

      Palestinian Foreign Minister Riyad al-Malki, along with his French counterpart, Jean-Yves Le Drian, signed 10 cooperation agreements in education, budget, local governance, civil defense, environment, water, agriculture and developing the private sector.

      Meanwhile, Hamdallah attended a joint press conference with Philippe, where he thanked France for its support for Palestine and its support for the two-state solution.

      Hamdallah said, "As I expressed in our discussions with Prime Minister Philippe today, we are grateful for the French positions which demonstrate strong commitments to deepen and develop our partnership and cooperation and I would like to emphasize that this is also our commitment.”

      He said that the meeting of the joint French-Palestinian ministerial committee in Paris is important for promoting cooperation between their two countries and its peoples.

      Hamdallah said that French support was vital for developing the Palestinian economy and strengthening government institutions through capacity building, particularly in areas such as health, education, agricultural and water, among others.

  • Plus de 89.000 membres des forces de l’ordre mobilisés samedi en France, une douzaine de véhicules blindés à Paris
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15345-plus-de-89-000-membres-des-forces-de-l-ordre-mobilises-samedi-en-fr

    Edouard Philippe interrogé au 20 heures de TF1 a annoncé la présence de véhicules blindés dans Paris, ainsi que celle de 89 000 membres des forces de l’ordre dans toute la France.

    Le Premier ministre a précisé jeudi soir, au 20H de TF1, que 89.000 membres des forces de l’ordre seront mobilisés samedi en France, dont 8.000 à Paris, pour la quatrième grande journée de manifestations des "gilets jaunes".

    Pour la quatrième grande journée de manifestations des "gilets jaunes", samedi, Édouard Philippe a indiqué jeudi soir au 20H de TF1 que 89.000 membres des forces de l’ordre seront mobilisés samedi en France. Parmi eux, 8.000 gendarmes et policiers seront déployés à Paris.

    Une "douzaine de véhicules blindés" à roues de la gendarmerie (VBRG) seront par ailleurs utilisés (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Panique médiatique face aux gilets jaunes
    Pauline Perrenot (avec Maxime Friot) - jeudi 6 décembre 2018 - ACRIMED
    https://www.acrimed.org/Panique-mediatique-face-aux-gilets-jaunes

    C’est peu dire que la tonalité médiatique générale vis-à-vis des gilets jaunes, et celle des éditorialistes en particulier, a changé depuis la journée de mobilisation du samedi 24 novembre, et, plus encore, depuis celle de samedi 1er décembre. Dans un premier temps, les grands éditorialistes se sont interrogés avec condescendance, en donnant parfois l’impression d’observer les gilets jaunes comme de petites bêtes curieuses. Certains se sont mis en scène, en s’engageant ouvertement en faveur d’un mouvement qu’ils pensaient pouvoir résumer à la seule remise en cause d’une taxe sur le carburant [1]. Mais le discours médiatique dominant est désormais tout autre. Face à un mouvement qui s’inscrit dans la durée, à la diversité et à l’ampleur de ses revendications, à sa popularité, face aux violences protéiformes de certaines manifestations et à la situation de crise politique dans laquelle elle est en train de plonger le gouvernement, les grands pontes du système médiatique resserrent les rangs. Depuis la manifestation du samedi 1er décembre, l’heure est au rappel à l’ordre.

    Une chose est sûre : la journée de mobilisation du 1er décembre a fasciné les chaînes d’information en continu qui ont commenté de manière ininterrompue les « scènes de chaos dans Paris »… et beaucoup effrayé les éditorialistes [2]. Devant les menaces que représente le mouvement des gilets jaunes, les gardiens médiatiques de l’ordre social se mobilisent pour prescrire des mesures de « sortie de crise ». Un « journalisme de solutions » qui témoigne de la profonde panique qui gagne les médias dominants – et leurs porte-parole auto-proclamés…

    Des journalistes en conseillers médiatiques du prince
    À commencer par la presse écrite. Dans son éditorial du Figaro, #Alexis_Brézet voudrait se faire calife à la place du calife (03/12). Il fixe pour le gouvernement la « priorité des priorités », à savoir le « rétablissement de l’ordre républicain » après le « désastre national » en employant « y compris la proclamation de l’état d’urgence […] afin que cesse l’intolérable ». Puis il se fait prescripteur de mesures pour « apaiser cette révolte qui fait courir de graves risques à l’équilibre politique et social du pays » : « renouer - tout de suite - le dialogue, et, pour renouer le dialogue, il faudra bien, par quelque bout que l’on prenne la chose, concéder aux "gilets jaunes" un trophée symbolique. »

    L’éditorialiste poursuit en révélant les deux inquiétudes majeures qui l’animent, et à travers lui, l’ensemble de la noblesse médiatique. La première, le blocage des futures réformes : « Plus le temps passe, plus le prix à payer pour rétablir le calme sera élevé. Et plus la capacité du gouvernement à mener demain la moindre (vraie) réforme sera entamée. » La seconde, la crainte que se matérialise dans les esprits une conscience de classe un peu trop appuyée : « [Dans] nos démocraties mijotent tous les ingrédients d’une nouvelle lutte des classes qui met à rude épreuve la cohésion des nations. […] C’est sans doute que le vieux clivage droite-gauche, à côté de tant de défauts, avait aussi quelques qualités : en récusant la froide logique des intérêts, il permettait au pays de s’affranchir en partie des affrontements de classe. » Une crainte qui explique la violence de ses confrères, dont #Gaëtan_de_Capèle qui signait le 1er décembre un éditorial digne d’une production de chien de garde aguerri :

    Combien de temps encore la France pourra-t-elle supporter le psychodrame des « gilets jaunes » ? Tout a été dit sur les ressorts de cette jacquerie numérique. Aussi compréhensif soit-on pour ce qu’ils incarnent, les « gilets jaunes » sont engagés dans une surenchère qui conduit tout droit dans une impasse. Exactions inexcusables, revendications abracadabrantesques, mépris des institutions… tout cela déconsidère leur combat.

    Tout comme les défigurent les éditoriaux du Figaro…

    #Le_Monde n’est pas en reste : #Jérôme_Fenoglio pointe « une impuissance de dix ans à réellement répondre aux conséquences de la crise de 2008 » et une « faillite des gouvernements successifs, [qui] a laissé prospérer la colère sur le plus puissant des ferments, le sentiment d’injustice, à la fois territorial, fiscal et social. » Un constat qui ne le conduit évidemment pas à remettre en cause ni la légitimité ni le fond des politiques libérales menées depuis (plus de) dix ans – et pour cause, le quotidien de référence s’en étant systématiquement fait le relais – mais à d’abord accuser « l’instabilité » des gilets jaunes qu’il peine à cerner, avant d’en appeler à… une réforme, pour poursuivre les réformes !

    [Il y a une] instabilité permanente chez les protestataires, où les revendications s’accumulent et finissent par s’annihiler à force d’être contradictoires, où les porte-parole sont délégitimés à la seconde où ils apparaissent, où la discussion permanente ne permet ni de s’entendre entre soi ni d’écouter ce que pourraient proposer les gouvernants. C’est encore plus compliqué face à un pouvoir exécutif qui n’arrive pas à se libérer des multiples disruptions qu’il avait théorisées pour construire son nouveau monde. […] La page blanche sur laquelle devaient s’écrire les réformes est devenue une scène désertée que le parti présidentiel ne parvient pas à occuper. […] Le courage réformateur mis en avant se heurte à l’image de « président des riches » accolée en raison des premières décisions fiscales, notamment sur l’ISF. Il sera difficile d’en sortir sans amender en profondeur un mode de gouvernance […]. Cette réforme-là est la plus exigeante de toutes : elle commence par soi-même pour parvenir enfin à convaincre les autres.

    Au #Parisien, #Stéphane_Albouy en appelle quant à lui à Emmanuel Macron pour « trouver les mots et les réponses concrètes de nature à apaiser le pays. » (03/12). En bon conseiller en communication gouvernementale, il analyse ensuite cette démarche : « Il ne s’agirait pas ici d’un recul mais d’un geste indispensable pour que le reste du quinquennat ne soit pas hypothéqué et que des réformes aussi nécessaires que celles de l’assurance chômage ou des retraites puissent être un jour engagées par ce gouvernement. » Dès le lendemain, visiblement inquiet de l’inaction du gouvernement, un second éditorialiste, #Nicolas_Charbonneau, cherche d’autres interlocuteurs pour parvenir à ce que le quotidien appelle de ses vœux, « l’union nationale » (04/12) : « La sortie de crise viendra probablement d’hommes et de femmes responsables, de ceux qui écoutent, prennent des décisions et les assument. De ceux qui proposent et construisent, pas de ceux qui commentent. » Et à en croire sa une du 4 décembre, Le Parisien a une solution toute trouvée :


    
Choisir comme « réponses » à cette crise les « propositions » du patron du Medef, il fallait le faire ! Si nous n’osons penser que la rédaction du Parisien ignore les enjeux de classe qui se jouent dans le mouvement des gilets jaunes, on peut dire avec certitude qu’elle a, dans ce jeu-là… choisi son camp !

    Il en va de même à #France_Info, où #Olivier_de_Lagarde cherche une sortie de crise en parlementant avec… #Pierre_Gattaz :

    Pierre Gattaz, comment expliquer finalement ce désespoir ? Quand on se met à casser, certes on est en colère mais on n’est pas seulement en colère contre l’augmentation de 6 centimes du gasoil ! […] La question, c’est de savoir tout de même si à partir d’aujourd’hui, les réformes vont être possibles ou est-ce que finalement le gouvernement va être complètement bloqué ? (« Les informés », 1er décembre)

    Sur #BFM-TV (03/12), le jeu est le même, et si #Bruno_Jeudy prône une « inflexion sociale », elle n’est encore une fois qu’instrumentale : « Faire une inflexion, mettre un genou à terre, accepter de reculer, l’expliquer et peut-être de relancer un quinquennat qui aujourd’hui effectivement est en train de… de… de se jouer dans les heures qui viennent. » Une position qui fait écho aux propos que le même #Laurent_Neumann tenait quelques jours plus tôt : « Le problème, c’est que si Emmanuel Macron cède aujourd’hui, il n’y a plus de réforme d’assurance-chômage, il n’y a plus de réforme de la fonction publique, il n’y a plus de réforme des retraites ! » [3].

    La même ligne est prescrite en continu sur BFM-TV par #Ruth Elkrief, communicante de la première heure du gouvernement macroniste, qui n’hésite pas à reprendre sévèrement le moindre faux pas d’une consœur qui paraîtrait desservir un peu trop le gouvernement :

    - #Anna_Cabana : Alors moi ce que je retiens de la journée, c’est cette phrase d’un ami d’Emmanuel Macron qui dit : « Au fond les gilets jaunes, c’est irrationnel, mais il faut enfourcher la fureur des temps ». […]
- #Ruth_Elkrief : Pardonnez-moi Anna, non mais c’est exactement qu’Emmanuel Macron a un problème de communication avec les gilets jaunes. […] Si je peux traduire, ce que devrait dire le premier ministre demain [pour] se sortir d’une telle crise en ayant quand même… sans perdre trop la face, c’est : « il faut lâcher parce que comme ça on pourra continuer à réformer le pays, sinon on pourra pas continuer ». Donc c’est une façon de dire qu’en fait, on ne renonce pas à continuer à réformer le pays mais que, on ne pourrait pas si on ne lâchait pas, et donc ça sera la façon à partir de demain d’expliquer. […] Ça aurait pu être une crise beaucoup plus contenue et beaucoup plus minime si ça avait été négocié et géré tout de suite.

    Le gouvernement remercie pour la traduction.

    En quête désespérée de paix sociale depuis dimanche, les éditorialistes incarnent ainsi à l’extrême un de leurs rôles médiatiques traditionnels : celui de gardien de l’ordre social. Désormais prescripteur des mesures de « sortie de crise », ce « journalisme de solutions » est le signe d’une profonde panique : celle de voir remis en cause un ordre social, économique et politique que les médias dominants ont contribué à légitimer depuis des décennies, en soutenant quasi unanimement les vagues de réformes structurelles menées par les gouvernements successifs depuis les années 1980 [4] ; et celle de voir vilipendé le candidat incarnant cette fièvre « réformatrice » auquel ils auront fait beaucoup de publicité lors de la campagne présidentielle et dont ils relaient assidûment la communication et la « pédagogie » depuis [5]. Une telle déstabilisation douche ainsi une grande partie des espoirs médiatiquement soutenus, nés avec Emmanuel Macron, et provoque le désarroi : quid de la « faisabilité » des prochaines réformes dans un tel contexte de crise ? Quelle « personnalité » à sa place pour « maintenir le cap » dans un tel contexte de défiance vis-à-vis de la classe politique et après que les grands médias ont affiché des mois durant la promesse du « nouveau monde » ?

    C’est à la lumière de ces différents éléments que l’on peut comprendre les réactions des éditorialistes des médias dominants, relativement homogènes, allant de l’indignation à la panique, en passant par des conseils et des méthodes pour « sortir de la crise ». L’heure est chez eux au calcul politicien et au mépris de classe : si certains d’entre eux réclament des « gestes forts » ou des mesures en faveur des gilets jaunes, ce n’est évidemment pas au nom d’une quelconque justice sociale, mais uniquement par charité symbolique qui, selon eux, fera taire la colère.

    Des journalistes arbitres de la légitimité des revendications
    Face à la menace du mouvement des gilets jaunes, les éditorialistes ne se contentent pas de se faire conseillers du prince et prescripteurs de solutions de sortie de crise ; ils s’attachent également à distinguer les revendications légitimes du mouvement… des autres, qu’il convient de démonter en règle.

    Sur le plateau du JT de France 2 (01/12) aux côtés de #Nathalie_Saint-Cricq, #Justine_Weyl, journaliste au service économique de la rédaction, passe au crible la revendication de hausse du SMIC formulée par les gilets jaunes :

    Sur l’augmentation du SMIC à 1300€ net par exemple, ça parait assez improbable [parce qu’] une telle augmentation de 10% coûterait des millions aux entreprises mais aussi à l’État […] Peu de chance donc que ce vœu soit exaucé. […] En revanche d’autres revendications sont plausibles et rejoignent même des objectifs du gouvernement.

    #Alexandra_Bensaïd, également présente comme « experte » en économie, corrobore :

    Qu’est-ce qui est réaliste, est-ce que augmenter le SMIC c’est réaliste ? C’est certain que pour les économistes ça améliore le pouvoir d’achat ; mais d’un autre côté augmenter le SMIC c’est un chiffon rouge pour les employeurs ; les plus éloignés de l’emploi auraient encore plus de risque de ne pas être recrutés ; or faire baisser le chômage, c’est à la fois une revendication des gilets jaunes et c’est aussi un but du gouvernement. […] L’impossibilité ce soir, c’est bien de répondre à l’ensemble des protestataires.

    La journaliste donne ainsi son verdict d’impossibilité des hausses de salaire… en reprenant mot pour mot les arguments du patronat.

    Même posture chez #Jean-Claude_Dassier, qui rivalise d’arrogance sur #CNews (03/12) : « Tout n’est pas possible. C’est pas le pays des mille et une nuits ! Il n’y a pas d’argent dans ce pays autant que le souhaiteraient… on le souhaite tous d’avoir des augmentations ! »

    Des propos si émouvants que nous proposons de lancer une campagne : une augmentation pour Jean-Claude Dassier https://boutique.acrimed.org/don-soutien !

    Sur #BFM-TV (03/12), #Nathalie_Lévy tente quant à elle de raisonner Jean-François Barnaba, gilet jaune, présent en plateau :

    - Nathalie Lévy : Vous savez bien que la liste elle est trop longue pour que tout soit validé ! […] Alors… les trois [mesures] plus urgentes alors, dites-nous !
- Jean-Francois Barnaba : La baisse des taxes, la baisse [il insiste], […] l’augmentation des salaires et des pensions, la restauration des services publics, la démocratisation des institutions et […] la restauration de l’ISF. […]
- C’est pas de même nature, et tout ne sera pas possible. […] Tout sera pas possible en même temps, là, en l’espace d’une semaine, on pourra pas avoir la baisse des taxes, on pourra pas avoir l’augmentation des salaires, tout sera pas jouable, tout sera pas acceptable pour le gouvernement !

    Enfin, sur le plateau de #Pascal_Praud sur CNews (03/12), les ténors du système médiatique qui discutent chaque jour entre amis prescrivent à leur tour ce qui est faisable… ou non :

    - Pascal Praud : Par exemple, les APL. C’est vrai, Gérard Leclerc, quand on a dit « baisse de cinq euros », ça ne nous a pas paru, cinq euros, une somme à ce point énorme que les Français aillent dans la rue ! Mais au-delà des cinq euros, il y avait quelque chose de symbolique manifestement, c’est un fait personne ici n’est monté au créneau pour les cinq euros de manière aussi importante…
    
- Gérard Leclerc : […] C’est-à-dire… il faut mettre les choses à plat sur la fiscalité. Mais faut bien voir qu’on ne peut pas faire n’importe quoi, tout et son contraire. Vous ne pouvez pas dire d’un côté « on baisse les impôts », les impôts et les taxes, et d’un autre côté « on maintient voire on développe un certain nombre… par exemple les dépenses euh les investissements publics, les dépenses publiques, les aides sociales etc. »

    Ajoutons également le propos de #Nicolas_Doze sur BFM-TV le 5 décembre, qui se résume en une phrase :



    Avec, à la clé, un argument sans faille :

    Des #journalistes organisateurs du « dialogue social »
    Autre préoccupation des #éditocrates : trouver des interlocuteurs pour leurs débats médiatiques, mais également pour le gouvernement. Car les grands #médias, qui peinent à comprendre le mouvement des gilets jaunes, ont également des difficultés à identifier, sélectionner ou légitimer des porte-parole susceptibles de devenir de bons clients médiatiques [6]. Cela tient à plusieurs raisons : la pluralité des interlocuteurs qui jamais – ou rarement – ne se revendiquent comme « porte-parole » sur les plateaux ; ou encore la multiplication et la diversité des revendications mises en avant selon les gilets jaunes invités.

    Tant est si bien qu’on assiste à une situation surprenante : certains éditorialistes en arrivent à regretter les « corps intermédiaires », en particulier les syndicats, qu’ils malmènent pourtant le reste du temps en période de mobilisations sociales !

    La remise en cause des corps intermédiaires, systématiquement contournés depuis le début du quinquennat, est un handicap majeur, alors qu’ils seraient si cruciaux pour canaliser un conflit social de ce type. (#Le_Monde, 4/12) [7]

    Et c’est bien là un problème majeur auquel sont confrontés les éditorialistes : le bouleversement des règles du fameux « #dialogue_social » institutionnalisé, dont le commentaire (interview à l’issue des réunions, description des rebondissements et des positions syndicales et gouvernementales, etc.) résumait traditionnellement la couverture qu’ils font des mobilisations sociales en tant que spectateurs et arbitres des négociations.



    Désormais, les éditorialistes semblent se vivre non seulement plus comme arbitres, mais également acteurs du « dialogue social », remplaçant au pied levé les « #partenaires_sociaux » défaillants. Avec des propos qui témoignent, ces derniers jours, d’une véritable violence de classe qui se décuple.

    Ainsi de #Christophe_Barbier sur BFM-TV (03/12) :

    La première solution politique, c’est de dialoguer avec tout le monde et d’annoncer des choses concrètes. […] S’ils obtiennent quelque chose de concret, notamment symbolique, c’est-à-dire la suppression de la hausse des taxes prévue en janvier sur le carburant, eh bien ils annoncent le renoncement à une manifestation à Paris, samedi, pour éviter les violences. Qu’ils retournent dans les petites villes, dans les villages, sur les ronds-points, dans la proximité avec les gens comme le 17 novembre, et qu’ils arrêtent de fantasmer sur la prise de la Bastille, même si c’est l’Arc de triomphe.

    Face à l’absence de négociation, Nathalie Saint-Cricq perd également patience sur le plateau du #JT de #France 2 (02/12) :

    Édouard Philippe doit négocier avec des gens qui ne sont pas organisés. On l’a dit, toute cette semaine, ce soir, ils sont en train de téléphoner – je les ai eus tout à l’heure – aux huit gilets jaunes. On leur répond : « non, je peux pas venir ce jour là parce que je travaille, parce que j’ai les enfants jusqu’à 18h… » Donc négocier avec des gens qui n’ont pas envie de négocier c’est quelque chose d’assez compliqué [8].

    #Jean-Michel_Aphatie n’est pas en reste dans la matinale d’#Europe_1 (04/12) :

    Nous n’avons aucun interlocuteur crédible pour représenter un mouvement qui génère une violence immense et qui menace la nation. [...] C’est une forme d’irresponsabilité́ politique que nous n’avons jamais connue.

    Dans l’émission #Punchline (03/12), #Jean-Claude_Dassier sermonne les gilets jaunes :

    Les gilets jaunes refusent même d’aller énoncer leurs revendications et négocier ou discuter ! […] Je pense qu’il est plus que temps pour ce mouvement, qui a sa légitimité, qui a ses raisons, de se structurer, y a pas de mouvement qui ait un avenir politique et social s’il ne se structure pas ! […] Je souhaite surtout que […] le contact ait lieu évidemment et que surtout il soit positif, qu’on enchaîne vite. Parce qu’il y a déjà eu beaucoup de temps de perdu, maintenant il faut accélérer. Encore une fois, la France peut pas supporter un week-end prochain comme celui que nous avons vécu.

    Et on peut dire que l’éditorialiste ne perd pas de temps. En direct du plateau, il amorce lui-même une séance de négociation avec José Espinoza, pour le moins surréaliste, qui synthétise ce mépris de classe :
    - José Espinoza : Donnez de l’argent sonnant et trébuchant et vous verrez que le mouvement… [Coupé]
- Jean-Claude Dassier : 200 euros et c’est fini ?!
- J.E : 200 euros pour le SMIC.
- J-C. D : Et c’est terminé ? Bon, on a là une négociation. 200 euros pour le SMIC, on va téléphoner à Matignon, on a la clé. On va bien trouver 200 euros…
- J.E : Il a bien trouvé 40 milliards pour le CICE.
- J-C. D : D’accord ! Pour combien de personnes à votre avis, à vue de nez ? 200 euros pour combien de personnes ?
- J. E : Oh eh bien pour l’ensemble des smicards, ils sont nombreux. Et il y a 40 milliards à récupérer du CICE […] alors qu’on le donne aux patrons sans contrepartie !

    Si certains n’hésitent donc pas à conseiller le gouvernement voire à négocier pour lui, l’errance du Premier ministre et du président tend à faire paniquer les relais les plus dociles de la #macronie ! Ainsi de Nathalie Saint-Cricq, qui semblait particulièrement perdue, comme un député qui n’aurait pas reçu ses éléments de langage, au lendemain de la journée de mobilisation de samedi 1er décembre :

    [Emmanuel Macron] n’a pas pris la parole ce soir, probablement parce que… qu’est-ce que vous voulez qu’il dise ! Ils ont l’impression que […] même si c’était la baisse ou le moratoire sur la taxe du carburant, on lui dirait « ok c’est bien mais ça suffit pas, il faut l’ISF », et après on lui dirait « mais ça suffit pas, faut encore autre chose », donc il a effectivement compris que le fait de reculer, on insisterait surtout sur le recul et non pas sur les choses sur lesquelles il a reculé, donc c’est relativement complexe. […] Qu’est-ce qu’il peut faire ? […] Comme manifestement toute la dramaturgie est en train de se faire entre Macron versus le reste du monde, ou plus exactement le reste de la France, il a intérêt à remettre du corps intermédiaire.

    Rassurons nos lecteurs : cette absence n’était probablement que passagère. La veille, la cheffe du service politique de #France_2 était plus revendicative :

    Non, il ne peut pas donner l’impression de plier […], il ne peut pas donner l’impression que les gilets jaunes ont obtenu gain de cause. […] Le problème pour Emmanuel Macron, c’est que s’il recule, il se dit que les prochaines réformes ce sera à chaque fois la même chose donc c’est ni dans son tempérament de reculer, et en plus il y a une deuxième crainte, c’est qu’il se dit que à chaque nouvelle réforme […] il y ait une nouvelle structure gilets jaunes qui, à chaque fois qu’il essaie de bouger, le fasse reculer ; soit il considère qu’au bout d’un an et demi de quinquennat il faut qu’il fonce avec les risques de casse, soit il recule ; on va voir assez rapidement s’il ne trouve pas une solution intermédiaire. (JT France 2, 1er décembre)

    Et pour la trouver, il pourra s’inspirer des conseils de Nathalie Saint-Cricq.

    *
La journée de mobilisation du 1er décembre a, semble-t-il, contribué à une #panique médiatique croissante face au mouvement des gilets jaunes. Si les premières inquiétudes ont porté sur les conséquences des blocages sur l’économie, ce sont désormais les revendications (irréalistes) du mouvement et les scènes de violences (condamnables) lors des manifestations qui sont désormais dans le viseur médiatique. Et les éditorialistes se mobilisent : en prescrivant conseils et méthodes pour que le gouvernement « sorte de la crise » ; en faisant le tri entre bons et mauvais gilets jaunes selon que leurs revendications sont jugées « légitimes » ou « surréalistes », et leurs comportements, « pacifique » ou « extrémiste » ; ou encore en faisant mine d’organiser le « dialogue social » avec les gilets jaunes, pour mieux permettre de canaliser la colère populaire. À cet égard, ce journalisme d’élite parfaitement ignorant des préoccupations quotidiennes des gilets jaunes, joue parfaitement son rôle de gardien de l’ordre social.


    Pauline Perrenot (avec Maxime Friot)

    #Giletsjaunes

  • Acte IV : Gilets Jaunes des Luttes, via @paris
    https://paris-luttes.info/acte-iv-gilets-jaunes-des-luttes-11225

    Appel commun à un cortège massif des collectifs et des luttes pour un Acte IV, samedi 8 décembre, au départ de la Gare Saint Lazare et en direction des Champs-Élysées. Soyons plus nombreu.ses que jamais !

    Samedi 1er décembre, au milieu des nombreux affrontements entre Gilets jaunes et forces de police, un cortège hors du commun a vu le jour : à l’appel des Cheminots de l’Intergare, du Comité Adama, de la Plateforme d’Enquêtes Militantes, de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue et du Comité de Libération et d’Autonomie Queer, nous avons défilé ensemble au départ de Saint-Lazare, vers les Champs-Élysées.

    Samedi 8 décembre, nous appelons à reproduire ces alliances pour faire front commun...

    Les banlieues hésitent à rejoindre le mouvement des « gilets jaunes », Louise Couvelaire (mais les lycéens du 93 et bien d’autres avant eux dès le 24 novembre ont déjà tranché, ndc)
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/05/les-banlieues-hesitent-a-rejoindre-le-mouvement-des-gilets-jaunes_5392966_32

    Les #banlieues hésitent à rejoindre le mouvement des « gilets jaunes »
    Après être restées à l’écart des #manifestations, des associations des quartiers populaires tentent de mobiliser.

    Pendant plusieurs semaines, elles n’ont pas bougé. Elles ont pris soin de rester à l’écart, « par prudence », expliquent-elles. D’abord parce qu’elles ont pensé que le mouvement était principalement conduit par des groupes d’extrême droite. Ensuite parce qu’elles ne voulaient pas qu’on impute aux banlieues les violences lors des manifestations. « Heureusement que les Noirs et les Arabes des cités n’y étaient pas dès le départ ! On leur aurait tout mis sur le dos », lance un associatif.
    Passé les premières réticences, certaines associations de banlieue tentent désormais de mobiliser les troupes. L’objectif ? Que les quartiers populaires rejoignent les « gilets jaunes » « massivement ». Un scénario que redoutent les pouvoirs publics. D’autant plus que les lycéens ont commencé à s’arrimer au mouvement.

    Les académies de Créteil et Versailles, en région parisienne, ont été parmi les premières à être touchées par les blocages, vendredi 30 novembre, sur fond de contestation autour de la réforme du baccalauréat et de Parcoursup. Ils étaient plus nombreux ce lundi à Aubervilliers et à Gagny (Seine-Saint-Denis), et à Chelles (Seine-et-Marne). Mardi, la contestation s’est poursuivie en Ile-de-France ainsi que dans plusieurs agglomérations de province, dont Marseille, Toulouse et Lyon, où des affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre.

    « Nous, ce qu’on veut surtout, avant de pouvoir faire un plein d’essence, c’est du travail », lâche un résident des Yvelines
    « L’idée que les banlieues puissent se mettre en mouvement inquiète tout le monde, commente Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis, sollicité ces derniers jours par plusieurs ministères anxieux de l’état d’esprit des quartiers. Je constate un soutien aux “#gilets_jaunes” mais pas de connexion directe. »
    Jusqu’à présent, nombre d’habitants des quartiers populaires se sont contentés d’observer ou de soutenir le mouvement à distance. « Pour une fois qu’on ne se retrouve pas en première ligne, lâche un résident des Yvelines, âgé d’une trentaine d’années, qui a participé, plus jeune, à des échauffourées dans sa ville. Et puis nous, ce qu’on veut surtout, avant de pouvoir faire un plein d’essence, c’est du travail. » D’autres ont participé dès la première journée de mobilisation, le 17 novembre, à des blocages, mais sans se revendiquer des « banlieues ». Ils l’ont fait au titre de leur activité professionnelle (contrats précaires, chauffeur VTC…) ou de leur situation personnelle (mère célibataire, chômage…), comme tout autre manifestant. « Le mouvement est né dans les zones rurales et les villes moyennes, alors forcément, les habitants des cités étaient moins représentés », précise un « gilet jaune » de Seine-Saint-Denis.

    La semaine dernière, le comité Vérité pour Adama – du nom d’Adama Traoré, 24 ans, mort en juillet 2016 à la suite d’une interpellation par des gendarmes dans le Val-d’Oise – a lancé un premier appel à rejoindre la manifestation du samedi 1er décembre, à la gare Saint-Lazare, à Paris, où se sont retrouvés ses alliés habituels : cheminots, étudiants proches de l’ultragauche et antifascistes. Etaient aussi présents le député de La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, et le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Oliver Besancenot. « Du MIB [Mouvement de l’immigration et des banlieues] au Larzac… Au comité Adama. En jaune », était-il inscrit sur l’une des banderoles.

    Cette semaine, le comité Adama, qui appelle à une « alliance des luttes », veut passer à la vitesse supérieure en activant tous ses réseaux. « Nous ne sommes pas porte-parole des quartiers ni représentatifs, il est essentiel que d’autres acteurs viennent grossir les rangs, on ne peut pas le faire tout seul : nous sommes donc en lien avec des associations en Ile-de-France mais aussi en province prêtes à suivre », affirme Assa Traoré, sœur d’Adama et figure de la lutte contre les violences policières.
    « Grave erreur »
    « On se sent une lourde responsabilité par rapport aux risques de violences et c’est en partie pour cela que l’on a hésité à y aller, explique Almamy Kanouté, militant politique et membre du comité Vérité pour Adama. Mais si nous restons plus longtemps absents de cette révolte légitime, cela va nourrir encore un peu plus le sentiment d’exclusion des habitants des quartiers. » Pour l’association, il s’agit avant tout d’« emmerder l’Etat » en essayant de « canaliser les énergies » sur des opérations précises : sièges de bâtiments institutionnels, opérations de péages gratuits…
    « Inciter les jeunes des quartiers à se joindre aux manifestations est une grave erreur, tempête un associatif. On sait très bien que certains ne viendront pas pour marcher ni bloquer, et personne ne pourra rien maîtriser. » « Parce que des “gilets jaunes” ont été violents, alors les quartiers n’auraient plus le droit d’y aller, sous prétexte qu’ils le seront forcément ? Et encore une fois on serait mis de côté ! Non », s’insurge Assa Traoré.
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    La contestation actuelle, « déstructurée », leur permet de se joindre au mouvement « sans avoir à demander l’autorisation ni à attendre une invitation ». Estimant que les quartiers populaires urbains sont confrontés aux mêmes problématiques que les territoires ruraux et périurbains – vie chère, fins de mois difficiles, injustice sociale… –, le comité Adama – associé au collectif des cheminots de l’Intergare, à l’Action antifasciste Paris-banlieue et au site Plate-forme d’enquêtes militantes –, veut également « faire remonter » certaines revendications propres aux habitants des banlieues, qui ne figurent, à l’heure actuelle, dans aucun des cahiers de doléances de « gilets jaunes », telle que la lutte contre le racisme, les discriminations et les violences policières.
    « L’enjeu pour les habitants des banlieues, c’est avant tout d’avoir un boulot, souligne Anasse Kazib, du collectif des cheminots de l’Intergare et militant à SUD-Rail. Il y a une rage dans les quartiers, mais ils ne se mobilisent pas facilement. » « Pour l’instant, ça n’a pas l’air de prendre, mais personne ne sait comment la situation peut évoluer, conclut Stéphane Peu. Les phénomènes déclencheurs sont toujours imprévisibles. »
    Louise Couvelaire

    « Les “gilets jaunes”, la mèche qui allume l’incendie », Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/05/les-gilets-jaunes-la-meche-qui-allume-l-incendie_5392928_823448.html

    Alors que les lycéens et les routiers se mobilisent, historiens et observateurs analysent le risque de coagulation.

    Le mouvement des « gilets jaunes » va-t-il s’éteindre ou donner des idées à d’autres composantes du corps social ? La question reste totalement ouverte, en dépit des annonces faites, mardi 4 décembre, par Edouard Philippe pour répondre aux attentes de milliers de personnes, engagées dans la bataille depuis près d’un mois. « Je suis très inquiète », confie au Monde Danielle Tartakowsky, historienne et auteure de plusieurs ouvrages sur les manifestations de rue en France. Pour elle, les mesures dévoilées mardi ne sont pas de nature à faire retomber la tension : « Ça vient beaucoup trop tard, il aurait fallu faire ça au début. » Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne, n’est guère plus optimiste, et considère que « le gouvernement joue la montre en escomptant que la mobilisation pourrisse sur pied ».

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    Si le blocage des dépôts pétroliers de Lorient et de Brest a été levé après le discours de M. Philippe, les lycéens ont continué, mardi, à s’opposer à la réforme du lycée et à Parcoursup, avec plusieurs incidents à la clé. Deux sites d’universités parisiennes ont également été gagnés par le vent de fronde. Et l’UNEF appelle à défiler, le 13 décembre, contre l’augmentation des frais d’inscription infligée aux étudiants venus de pays extérieurs à l’Europe. La FNSEA, de son côté, brandit la menace de manifestations d’agriculteurs, la semaine prochaine.

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    Fronts ouverts
    A ce stade, la jonction n’a pas été établie entre ces nouveaux foyers de contestation. Mais ils représentent autant de fronts ouverts pour l’exécutif. D’autres pourraient surgir, à un échelon plus local. « Dans les entreprises, ça crée un appel d’air, avec une montée des revendications salariales, comme l’illustre le conflit en cours chez BNP Paribas », observe Jean-Dominique Simonpoli, directeur général de l’association Dialogues. Les « gilets jaunes » sont « la mèche qui allume l’incendie », déclare Yves Veyrier, numéro un de FO : « S’agrège dessus des mécontentements rentrés qui voient une opportunité de se faire entendre. » Espéré par la gauche de la gauche, dès le lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, « le troisième tour social est là », considère un haut fonctionnaire, familier de ces problématiques. Et « la révolte vient de loin », ajoute-t-il, en faisant référence au titre d’un ouvrage de Charles Tillon, une figure du PCF au XXe siècle.

    Si la comparaison avec Mai-68 a pu être faite, Mme Tartakowsky ne la juge pas forcément pertinente. « A l’époque, il s’agissait de violences de la part d’étudiants qui défendaient leurs universités qu’ils considéraient comme leur territoire, dit-elle. Ça n’a rien à voir avec la violence de certains “gilets jaunes” qui est offensive et qui intervient sur le #territoire de l’autre – Paris et dans les quartiers riches. »

    L’issue du bras de fer est tributaire d’un élément : le soutien de l’opinion publique, resté élevé même après les violences de samedi. Un sondage BVA, réalisé lundi et mardi, révèle cependant que, pour près de sept personnes sur dix, un report de la hausse des prix des carburants justifierait l’arrêt de la confrontation.

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    « Ovni social »
    Mais personne ne peut prédire ce qui va se passer. « La forme du mouvement ne se prête pas à une sortie de crise classique car il n’y a pas d’interlocuteur, ce qui est désarmant », souligne un ex-conseiller de l’exécutif, qui a servi sous une précédente législature. « Les “gilets jaunes” représentent un phénomène que l’on n’a jamais connu, une sorte d’ovni social et politique qui a vu le jour à la faveur d’une #cyber-contestation, lancée sur les réseaux sociaux par des inconnus », complète Raymond Soubie, président de la société de conseil Alixio.

    Pour le moment, les organisations de salariés sont en dehors ou à côté des « gilets jaunes », mais elles peuvent difficilement rester spectatrices. Quelques-unes se mettent d’ailleurs en mouvement. Ainsi, les fédérations CGT et FO, dans le monde du transport, exhortent les salariés à cesser le travail, à partir du 9 décembre, estimant que les dispositions prises mardi en faveur du pouvoir d’achat sont trop faibles. La section cégétiste de l’entreprise Lafarge a de son côté annoncé qu’elle allait rejoindre les « gilets jaunes » samedi. A l’échelon confédéral, la CGT appelle à une « grande journée d’action », le 14 décembre « pour les salaires, les pensions et la protection sociale ». Mais les autres centrales, qui critiquent une façon de faire « unilatérale », ne semblent pas emballées.

    « L’ensemble des organisations syndicales ont un coup à jouer, il y a un espace à prendre face à un mouvement qui n’est pas parvenu à s’organiser, commente Jean-Marie Pernot, de l’Institut de recherches économiques et sociales. Mais chacun y allant de son couplet, elles sont inaudibles. » « La conjoncture devrait justifier un front commun et de s’entendre sur quelques propositions-clés », appuie M. Andolfatto, qui rappelle que la désunion ne date d’hier. C’est d’autant plus regrettable pour elles que le mouvement social actuel constitue « un moment unique », décrypte M. Pernot. Toutefois, les numéros uns des confédérations syndicales doivent se retrouver jeudi pour une réunion informelle au siège de la CFDT.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gérard Collomb : « La situation appelle à se rassembler plus qu’à se fractionner »

    Mais la séquence d’aujourd’hui montre qu’une partie des actifs ne compte pas sur les corps intermédiaires pour exprimer leurs doléances. Un tel phénomène « commence à émerger dans certaines entreprises où il y a pourtant une présence syndicale », rapporte M. Simonpoli, en évoquant « des salariés qui s’organisent entre eux », sans passer par les canaux traditionnels. « C’est inquiétant pour les syndicats et les directeurs de ressources humaines, poursuit-il. Avec qui va s’organiser la négociation, en interne ? »
    Au fond, tout se passe comme si les « gilets jaunes » révélaient la fragile légitimité des #partenaires_sociaux « établis ». « La question se pose mais elle n’a pas été mise au jour par la mobilisation en cours, objecte Philippe Louis, le président de la CFTC. Nos organisations doivent faire leur mue, inventer de nouvelles méthodes pour aller au-devant des salariés et leur proposer d’autres services. »
    En attendant, des milliers de personnes crient leur colère et le rejet de nos institutions. Toutes sont jetées dans un même sac, aux yeux de M. Soubie : les partis politiques, les corps intermédiaires… « C’est très préoccupant pour le fonctionnement de notre démocratie », conclut-il

    .

  • Edouard Philippe tente de calmer les gilets jaunes, en vain ?
    https://lemediapresse.fr/actualites/edouard-philippe-tente-de-calmer-les-gilets-jaunes-en-vain

    Le gouvernement d’Édouard Philippe serait-il en train de reculer ? Le Premier ministre a annoncé, hier, une série de mesures visant à apaiser la colère des gilets jaunes. Celle-ci aurait pour but de favoriser le pouvoir d’achat des Français. « Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation », a déclaré le chef […]

  • QUELQUES REFLEXIONS SUR LE MOUVEMENT DES GILETS JAUNES, SUR SON IMPORTANCE, ET SUR LE MÉPRIS ET L’EXTRÊME VIOLENCE À LAQUELLE ON ASSISTE AUJOURD’HUI A L’ÉGARD DES CLASSES POPULAIRES
    par Edouard Louis
    (texte publié le mardi 4 décembre 2018 sur son compte FB)

    Depuis quelques jours j’essaye d’écrire un texte sur et pour les gilets jaunes, mais je n’y arrive pas. Quelque chose dans l’extrême violence et le mépris de classe qui s’abattent sur ce mouvement me paralyse, parce que, d’une certaine façon, je me sens personnellement visé.

    J’ai du mal à décrire le choc que j’ai ressenti quand j’ai vu apparaitre les premières images des gilets jaunes. Je voyais sur les photos qui accompagnaient les articles des corps qui n’apparaissent presque jamais dans l’espace public et médiatique,

    des corps souffrants, ravagés par le travail, par la fatigue, par la faim, par l’humiliation permanente des dominants à l’égard des dominés, par l’exclusion sociale et géographique, je voyais des corps fatigués, des mains fatiguées, des dos broyés, des regards épuisés.

    La raison de mon bouleversement, c’était bien-sûr ma détestation de la violence du monde social et des inégalités, mais aussi, et peut-être avant tout, parce que ces corps que je voyais sur les photos ressemblaient aux corps de mon père, de mon frère, de ma tante. ..

    Ils ressemblaient aux corps de ma famille, des habitants du village où j’ai vécu pendant mon enfance, de ces gens à la santé dévastée par la misère et la pauvreté, et qui justement répétaient toujours, tous les jours de mon enfance « nous on ne compte pour personne, personne ne parle de nous »

    – d’où le fait que je me sentais personnellement visé par le mépris et la violence de la bourgeoisie qui se sont immédiatement abattus sur ce mouvement. Parce que, en moi, pour moi, chaque personne qui insultait un gilet jaune insultait mon père.

    Tout de suite, dès la naissance de ce mouvement, nous avons vu dans les médias des "experts" et des "politiques" diminuer, condamner, se moquer des gilets jaunes et de la révolte qu’ils incarnent.

    je voyais défiler sur les réseaux sociaux les mots "barbares", "abrutis", "ploucs", "irresponsables". Les médias parlaient de la "grogne" des gilets jaunes : les classes populaires ne se révoltent pas, non, elles grognent, comme des bêtes.
    J’entendais parler de la "violence de ce mouvement" quand une voiture était brulée ou une vitrine cassée, une statue dégradée.

    Phénomène habituel de perception différentielle de la violence : une grande partie du monde politique et médiatique voudrait nous faire croire que la violence, ce n’est pas les milliers de vie détruites et réduites à la misère par la politique, mais quelques voitures brûlées.

    Il faut vraiment n’avoir jamais connu la misère pour pouvoir penser qu’un tag sur un monument historique est plus grave que l’impossibilité de se soigner, de vivre, de se nourrir ou de nourrir sa famille.

    Les gilets jaunes parlent de faim, de précarité, de vie et de mort. Les "politiques" et une partie des journalistes répondent : "des symboles de notre République ont été dégradés". Mais de quoi parlent ces gens ? comment osent ils ?? d’où viennent ils ??

    Les médias parlent aussi du racisme et de l’homophobie chez les gilets jaunes. De qui se moquent-ils ? Je ne veux pas parler de mes livres, mais il est intéressant de noter que chaque fois que j’ai publié un roman, j’ai été accusé de stigmatiser la France pauvre et rurale

    justement parce que j’évoquais l’homophobie et le racisme présents dans le village de mon enfance. Des journalistes qui n’avaient jamais rien fait pour les classes populaires s’indignaient et se mettaient tout à coup à jouer les défenseurs des classes populaires.

    Pour les dominants, les classes populaires représentent la classe-objet par excellence, pour reprendre l’expression de Pierre Bourdieu ; objet manipulable du discours : de bons pauvres authentiques un jour, des racistes et des homophobes le lendemain.

    Dans les deux cas, la volonté sous-jacente est la même : empêcher l’émergence d’une parole des classes populaires, sur les classes populaires. Tant pis s’il faut se contredire du jour au lendemain, pourvu qu’ils se taisent.

    Bien-sûr, il y a eu des propos et des gestes homophobes et racistes au sein des gilets jaunes, mais depuis quand est-ce que ces médias et ces "politiques" se soucient du racisme et de l’homophobie ? depuis quand ?

    Qu’est-ce qu’il ont fait contre le racisme ? Est-ce qu’ils utilisent le pouvoir dont ils disposent pour parler d’Adama Traoré et du comité Adama ? est-ce qu’ils parlent des violences policières qui s’abattent tous les jours sur les Noirs et les Arabes en France ?

    est-ce qu’ils n’ont pas donné une tribune à Frigide Barjot et à Monseigneur je-ne-sais-plus-combien au moment du mariage pour tous, et, en faisant cela, est-ce qu’ils n’ont pas rendu l’homophobie possible et normale sur les plateaux de télé ?

    quand les classes dominantes et certains médias parlent d’homophobie et de racisme dans le mouvement des gilets jaunes, ils ne parlent ni d’homophobie ni de racisme. Ils disent : "Pauvres, taisez-vous ! "

    Par ailleurs, le mouvement des gilets jaunes est encore un mouvement à construire, son langage n’est pas encore fixé : s’il existe de l’homophobie ou du racisme parmi les gilets jaunes, c’est notre responsabilité de transformer ce langage.
    Il y a différentes manières de dire : "Je souffre" : un mouvement social, c’est précisément ce moment où s’ouvre la possibilité que ceux qui souffrent ne disent plus :" Je souffre à cause de l’immigration et de ma voisine qui touche des aides sociales »,

    mais : "Je souffre à cause de celles et ceux qui gouvernent. Je souffre à cause du système de classe, à cause d’Emmanuel Macron et Edouard Philippe." Le mouvement social, c’est un moment de subversion du langage, un moment où les vieux langages peuvent vaciller.

    C’est ce qui se passe aujourd’hui : on assiste depuis quelques jours à une reformulation du vocabulaire des gilets jaunes. On entendait uniquement parler au début de l’essence, et parfois des mots déplaisants apparaîssaient, comme « les assistés ». On entend désormais les mots inégalités, augmentation des salaires, injustices.

    Ce mouvement doit continuer, parce qu’il incarne quelque chose de juste, d’urgent, de profondément radical, parce que des visages et des voix qui sont d’habitude astreints à l’invisibilité sont enfin visibles et audibles.

    Le combat ne sera pas facile : on le voit, les gilets jaunes représentent une sorte de test de Rorschach sur une grande partie de la bourgeoisie ; ils les obligent à exprimer leur mépris de classe et leur violence que d’habitude ils n’expriment que de manière détournée, ce mépris qui a détruit tellement de vies autour de moi, qui continue d’en détruire, et de plus en plus, ce mépris qui réduit au silence et qui me paralyse au point de ne pas réussir à écrire le texte que je voudrais écrire, à exprimer ce que je voudrais exprimer.

    Mais nous devons gagner : nous sommes nombreuses et nombreux à se dire qu’on ne pourrait pas supporter une défaite de plus pour la gauche, et donc pour celles et ceux qui souffrent.

    https://www.facebook.com/edouard.bellegueule/posts/2221929904538646

    #giletsjaunes #gilets_jaunes #EdouardLouis

  • Gel des tarifs d’électricité et du gaz, moratoire sur la taxe carbone du carburant... Les annonces d’Edouard Philippe
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15330-gel-des-tarifs-d-electricite-et-du-gaz-moratoire-sur-la-taxe-carbon

    Suspension de la taxe carbone sur les carburants, report du nouveau contrôle technique, promesse de ne pas augmenter le prix de l’électricité...

    Edouard Philippe dévoile les inflexions du gouvernement face aux gilets jaunes.

    POLITIQUE - Quand Matignon sort la lance à incendies. Dans une allocution télévisée ce mardi 4 décembre, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé un ensemble de mesures en plus du moratoire sur la hausse des taxes sur les carburants, un geste réclamé de toutes parts pour tenter de sortir de la crise des gilets jaunes mais déjà qualifié d’insuffisant.

    "Nous devons changer quelque chose", a reconnu le chef du gouvernement en présentant les inflexions retenues "dans un souci d’apaisement" pour renouer le dialogue avec le mouvement de (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Les gilets jaunes mettent Macron en péril
    http://www.dedefensa.org/article/les-gilets-jaunes-mettent-macron-en-peril

    Les gilets jaunes mettent Macron en péril

    La France « qui se lève tôt le matin » supporte de façon massive ce mouvement d’insurrection traduisant la misère du peuple.

    Le gouvernement du Premier ministre Édouard Philippe aurait procédé à plus d’un millier d’interpellations à l’échelle de la France, depuis le début des conflits, un chiffre incroyablement élevé qui témoigne de la gravité de la situation. En outre, plusieurs éléments issus de certaines franges ultra-violentes, dites des « black-bloc », mais aussi de l’« ultra-droite », ont causé des dégradations importantes à Paris, notamment sur l’Arc de Triomphe.

    Toujours est-il que l’ensemble du mouvement des gilets jaunes représente une colère populaire qui déborde du cadre trop étroit des analyses politiques habituelles. Bien que (...)

    • Les Intouchables d’État, Vincent Jauvert, Robert Laffont, janvier 2018
      https://www.lisez.com/livre-grand-format/les-intouchables-detat/9782221197851

      Incarnée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe, une nouvelle noblesse d’État dirige la France. Une « caste » de hauts fonctionnaires plus que jamais minée par l’entre-soi et les conflits d’intérêts.

      Ils exploitent leurs carnets d’adresses pour faire fortune comme banquiers d’affaires, consultants ou lobbyistes. Ils bénéficient du démembrement de l’État qu’ils ont eux-mêmes organisé. Ils se répartissent des postes très lucratifs en multipliant les établissements publics inutiles. Et parviennent à masquer leurs échecs, même les plus graves. Par quel miracle ?

      Grâce à une centaine de témoignages et à des documents inédits, cette enquête révèle les secrets inavouables de ces intouchables d’État si nombreux au sein de la Macronie : des hauts cadres de Bercy rémunérés plus de 200 000 euros par an, puis recrutés par de grands groupes pour leur révéler les fragilités des règles fiscales… qu’ils ont eux-mêmes édictées ; des conseillers d’État qui monnayent dans le privé leur connaissance intime de l’appareil administratif… avant de revenir dans la fonction publique profiter à vie de leur statut ; des inspecteurs des Finances dont les erreurs de gestion coûtent des millions d’euros aux contribuables, qui sont rarement sanctionnés… et souvent promus.

      Après deux ans d’enquête, Vincent Jauvert dévoile la face cachée de cette haute fonction publique qu’il est urgent de moraliser.

  • Les gilets jaunes mettent la Ve République en péril
    http://www.dedefensa.org/article/les-gilets-jaunes-mettent-la-ve-republique-en-peril

    Les gilets jaunes mettent la Ve République en péril

    La France « qui se lève tôt le matin » supporte de façon massive ce mouvement d’insurrection traduisant la misère du peuple.

    Le gouvernement du Premier ministre Édouard Philippe aurait procédé à plus d’un millier d’interpellations à l’échelle de la France, depuis le début des conflits, un chiffre incroyablement élevé qui témoigne de la gravité de la situation. En outre, plusieurs éléments issus de certaines franges ultra-violentes, dites des « black-bloc », mais aussi de l’« ultra-droite », ont causé des dégradations importantes à Paris, notamment sur l’Arc de Triomphe.

    Toujours est-il que l’ensemble du mouvement des gilets jaunes représente une colère populaire qui déborde du cadre trop étroit des analyses politiques habituelles. (...)

  • Deux délégations de la France insoumise seront reçues à Matignon
    https://lemediapresse.fr/actualites/deux-delegations-de-la-france-insoumise-seront-recues-a-matignon

    La France insoumise (LFI) sera reçue par Édouard Philippe à Matignon ce 3 décembre, à 17h. Le mouvement sera représenté par Charlotte Girard et Manuel Bompard. Dans le même temps, le groupe parlementaire sera aussi reçu par le Premier ministre. Il sera représenté par Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne membre de la commission développement durable. Légende : […]

    • t’as aussi Yellow Vests ailleurs.
      https://seenthis.net/messages/740447
      No homeless, pensions, maximum salary… Discover the list of claims of the “yellow vests”

      The movement sent a press release to the media and MPs with about 40 demands on Thursday.
      The claims of the “yellow vests” now officially go beyond the issue of fuel prices alone. In a lengthy statement sent to the media and members of parliament on Thursday 29 November, the movement’s delegation listed a series of demands it wanted to see implemented.

      “Deputies of France, we inform you of the people’s directives so that you can transpose them into law (…). Obey the will of the people. Enforce these instructions”, write the “yellow vests”. Delegation spokespersons are to be received on Friday at 2 p.m. by Prime Minister Edouard Philippe and Minister of Ecological Transition François de Rugy.

      Increase of the minimum wage to 1,300 euros net, return to retirement at age 60 or abandonment of withholding tax…. The list includes many social measures, but also measures concerning transport, such as the end of the increase in fuel taxes and the introduction of a tax on marine fuel and kerosene. Here is a non-exhaustive list of claims:

      – Zero homeless : URGENT.

      – More progressiveness in income tax, i.e. more brackets.

      – Smic at 1,300 euros net.

      – Promote small businesses in villages and town centres. Stop the construction of large commercial areas around large cities that kill small businesses and more free parking in city centres.

      – Large plan of Insulation of the dwellings to make ecology by making savings to the households.

      – Taxes: that BIG companies (MacDonald’s, Google, Amazon, Carrefour…) pay BIG and that small companies (craftsmen, very small SMEs) pay small.

      – Same social security system for all (including craftsmen and self-employed entrepreneurs). End of the RSI.

      – The pension system must remain united and therefore socialized. No point retreat.

      – End of the fuel tax increase.

      – No retirement below 1,200 euros.

      – Any elected representative will be entitled to the median salary. His transport costs will be monitored and reimbursed if justified. Entitlement to a meal ticket and a holiday voucher.

      – The salaries of all French people, as well as pensions and allowances, must be indexed to inflation.

      – Protecting French industry: prohibit relocations. Protecting our industry means protecting our know-how and our jobs.

      – End of seconded work. It is abnormal that a person working in France does not enjoy the same salary and rights. Anyone authorised to work on French territory must be on an equal footing with a French citizen and his employer must contribute at the same level as a French employer.

      – For job security: further limit the number of fixed-term contracts for large companies. We want more permanent contracts.

      – End of the CICE. Use of this money to launch a French hydrogen car industry (which is truly ecological, unlike the electric car.)

      – End of the austerity policy. We stop paying interest on the debt that is declared illegitimate and we start paying down the debt without taking money from the poor and the less poor, but by collecting the $80 billion in tax evasion.

      – That the causes of forced migration be addressed.

      – That asylum seekers are treated well. We owe them housing, security, food and education for minors. Work with the UN to ensure that reception camps are opened in many countries around the world, pending the outcome of the asylum application.

      – That rejected asylum seekers be returned to their country of origin.

      – That a real integration policy be implemented. Living in France means becoming French (French language courses, French history courses and civic education courses with a certificate at the end of the course).

      – Maximum salary set at 15,000 euros.

      – That jobs be created for the unemployed.

      – Increase in disabled benefits.

      – Limitation of rents. More affordable housing (especially for students and precarious workers).

      – Prohibition to sell property belonging to France (dam, airport…)

      – Substantial resources granted to the judiciary, police, gendarmerie and army. Whether law enforcement overtime is paid or recovered.

      – All the money earned by motorway tolls will be used for the maintenance of France’s motorways and roads as well as for road safety.

      – As the price of gas and electricity has risen since privatisation took place, we want them to become public again and prices to fall significantly.

      – Immediate end of the closure of small lines, post offices, schools and maternity hospitals.

      – Let us bring well-being to our seniors. Prohibition to make money on the elderly. White gold is over. The era of grey well-being is beginning.

      – Maximum 25 students per class from kindergarten to high school.

      – Substantial resources brought to psychiatry.

      – The popular referendum must be incorporated into the Constitution. Creation of a readable and effective website, supervised by an independent control body where people can make a legislative proposal. If this bill obtains 700,000 signatures, then this bill must be discussed, supplemented and amended by the National Assembly, which will have the obligation (one year to the day after obtaining 700,000 signatures) to submit it to the vote of all French people.

      – Return to a 7-year term of office for the President of the Republic. The election of deputies two years after the election of the President of the Republic made it possible to send a positive or negative signal to the President of the Republic regarding his policy. This helped to make the voice of the people heard.)

      – Retirement at age 60 and for all persons who have worked in a profession that wears out the body (e. g. bricklayer or boner) entitled to retirement at age 55.

      – A 6-year-old child not caring for himself, continuation of the PAJEMPLOI assistance system until the child is 10 years old.

      – Encourage the transport of goods by rail.

      – No withholding tax.

      – End of presidential lifetime benefits.

      – Prohibition to make merchants pay a tax when their customers use the credit card. Tax on marine fuel oil and kerosene.

      https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/zero-sdf-retraites-superieures-a-1-200-euros-salaire-maximum-a-15-000-e


      #yellow_vests

  • Gilets jaunes : les informations importantes sur cette journée de mobilisation du samedi 1er décembre 2018
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15318-gilets-jaunes-les-informations-importantes-sur-cette-journee-de-mob

    Pour le troisième week-end consécutif, les gilets jaunes appellent à manifester ce samedi 1er décembre partout en France et notamment sur les Champs-Elysées, théâtre d’échauffourées la semaine dernière. Où en est le mouvement ? À quoi faut-il s’attendre ? France Bleu fait le point.

    Un "gilet jaune" sur les Champs-Elysées à Paris, le 24 novembre 2018 (c) Maxppp - Jeremias Gonzalez

    Ni les annonces d’Emmanuel Macron mardi, ni les réunions avec le ministre de la transition écologique François de Rugy puis le Premier ministre Édouard Philippe, vendredi, n’ont permis d’apaiser la colère. Pour le troisième week-end consécutif, les gilets jaunes appellent à manifester ce samedi 1er décembre partout en France. France Bleu fait le point sur la situation et ce à quoi il faut s’attendre. (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • Macron irrite Israël en n’honorant pas une visite qu’il avait promise
    Par Piotr Smolar Publié le 28 novembre 2018
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/28/macron-irrite-israel-en-n-honorant-pas-une-visite-qu-il-avait-promise_539001

    Emmanuel Macron et Benyamin Nétanyahou à Paris, le 11 novembre. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

    Le gouvernement israélien est irrité contre Paris. Nulle crise ou tension majeure, mais une affaire de bienséance diplomatique et d’étiquette. Dans la soirée du jeudi 29 novembre aura lieu à Tel-Aviv, au Musée d’art, la cérémonie de clôture de la saison croisée entre les deux pays. Elle a permis l’organisation de nombreux événements culturels et scientifiques, en France comme en Israël, et avait été lancée en grande pompe.

    Or, contrairement à son engagement initial, Emmanuel Macron ne fera pas le déplacement cette fois-ci. Seul le ministre de la culture, Franck Riester, sera présent à Tel Aviv. Aucun officiel israélien de haut rang ne se trouvera à ses côtés.
    (...)
    Or, cette visite n’a pas eu lieu et n’est pas programmée pour l’instant. A cela s’ajoute l’annulation de la visite du premier ministre Edouard Philippe, les 31 mai et 1er juin, pour des « raisons d’agenda ». Le gouvernement gérait alors la réforme de la SNCF. Cette visite avait été ensuite envisagée au cours de l’automne, explique-t-on de source française, avant d’être encore reportée.

    D’où la mauvaise humeur du gouvernement israélien, d’autant que dans l’intervalle, M. Nétanyahou a effectué un second déplacement à Paris, à l’occasion du centenaire de l’armistice de 1918. En outre, le bilan de la saison croisée, sur le plan de l’impact politique et médiatique, est décevant, estime-t-on du côté israélien. « On espérait que la culture aurait un impact diplomatique. On a mis énormément d’argent dans cette opération pour zéro succès, en ce qui concerne l’image d’Israël en France et celle de la France ici » , explique une source diplomatique. (...)

    #BDS

  • Petit soldat de Macron, Laurent Berger dénonce le « totalitarisme » des gilets jaunes – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/28/petit-soldat-de-macron-laurent-berger-denonce-le-totalitaris

    LE DIRIGEANT DE LA CFDT « S’INQUIÈTE » D’UNE « FORME DE TOTALITARISME » CHEZ LES GILETS JAUNES
    Ces derniers jours, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger s’est exprimé dans la presse au sujet de la mobilisation des gilets jaunes. La direction de la CFDT ne manque jamais une occasion de ne pas nous surprendre. Face à l’ampleur de la mobilisation qui s’est exprimée contre la vie chère samedi 17 novembre, la préoccupation principale du dirigeant de la CFDT a été de « s’inquiéter » de la violence des méthodes employées par les gilets jaunes. En cela, Laurent Berger, se place dans la lignée de tous ceux qui s’appuient aujourd’hui sur des actes de violence marginaux pour discréditer l’ensemble du mouvement des gilets jaunes et la colère légitime qu’il exprime.

    Par ailleurs, sans évoquer les violences racistes ou homophobes, qui ont pu se manifester de la part de manifestants dans quelques blocages, Laurent Berger fait plutôt référence à l’attaque contre la démocratie que constituerait la méthode du blocage :« Qu’on soit obligé » d’être « d’accord avec ceux qui manifestent pour pouvoir passer, c’est une forme de totalitarisme qui n’est pas acceptable », « La démocratie, c’est écouter ce que disent tous les citoyens comme ceux qui ont manifesté ». En cela, les critiques qu’il oppose à la mobilisation des gilets jaunes ne sont pas loin de rappeler celles qui sont inexorablement faites aux grévistes, preneurs d’otage, pendant les grèves – notamment de cheminots.

    ET APPELLE À L’ « L’APAISEMENT » POUR RAMENER LA RÉVOLTE SUR LE TERRAIN DES NÉGOCIATIONS
    La mobilisation pour Laurent Berger, doit revenir sur un terrain institutionnel, celui des négociations entre les différents acteurs traditionnels du « dialogue social ». Une prise de position qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne détonne pas dans l’histoire de la CFDT, qui historiquement s’oppose aux affrontements de classe au prétexte que la négociation de la casse de nos acquis sociaux serait à privilégier.

    Dans un contexte d’affaiblissement du gouvernement où s’exprime une telle colère populaire, quand des centaines de milliers de travailleurs sont actuellement en train de se mobiliser à l’appel de nulle organisation, les directions syndicales devraient pourtant soutenir le mouvement et construire la mobilisation dans le monde du travail, en appelant à bloquer l’économie par la grève.

    Ce n’est en rien ce que propose Laurent Berger, qui, dans une interview pour le journal Le Monde enjoint au contraire à « l’apaisement » : « Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir un message d’apaisement, même si c’est un peu à contre-courant. Nous sommes dans une démocratie, c’est un bien inestimable. Il y a des intérêts divergents, des façons de penser différentes et c’est très bien. Mais il faut que cela puisse s’exprimer dans des cadres prévus pour ça et que l’on trouve des solutions ensemble. Force est de constater qu’en ce moment pas grand monde n’a envie de se mettre autour d’une table. C’est juste ce que j’ai appelé à faire. ».

    L’APPEL DÉSESPÉRÉ DE LAURENT BERGER À RÉTABLIR LES CORPS INTERMÉDIAIRES, RESTÉ SANS RÉPONSE
    Comme à son habitude, la direction de la CFDT est venue, ces derniers jours, mendier des négociations devant le gouvernement. Laurent Berger a ainsi appelé Macron et Edouard Philippe à former « un pacte social de la conversion écologique » réunissant le gouvernement, les organisations patronales, syndicales ainsi que les associations. A ce comportement de laquais, Édouard Philippe a simplement répondu par un refus pur et simple de tenir une telle conférence, arguant que « les “gilets jaunes” n’attendent pas une réponse institutionnelle à leurs revendications ». Un argument qu’on ne peut qu’approuver.

    « J’en prends acte » note Laurent Berger dans son interview pour Le Monde : « Édouard Philippe persiste dans un rapport direct au « peuple » qui le met en difficulté aujourd’hui. Il y a une défiance très forte à l’égard du gouvernement. Si l’exécutif persiste à ne pas vouloir faire avec les corps intermédiaires pour trouver des solutions collectives, il va dans le mur ».

    La véritable inquiétude de la direction de la CFDT n’est ainsi pas la destruction des acquis sociaux et la baisse de pouvoir d’achat de la majorité de la population, qui peine de plus en plus à vivre dans des conditions décentes, mais l’instabilité qu’engendre la destruction des corps intermédiaires. Une préoccupation que partage en grande partie la bourgeoisie, comme en témoignent le grand nombre d’éditos à ce sujet dans la presse patronale, comme les Echos ou L’Opinion.

    Depuis le début de son quinquennat Macron, s’est en effet démarqué de ses prédécesseurs par sa tendance à sauter par dessus les corps intermédiaires, privilégiant, plutôt que l’habituel simulacre de « dialogue social », l’offensive brutale et sans la moindre concession à laquelle pourrait s’accrocher les directions syndicales pour négocier.

    Le danger, en train de se concrétiser aujourd’hui, pour Macron, est de ne plus disposer des organisations syndicales pour canaliser la colère sociale et de la voir s’exprimer par des voies bien plus radicales et chaotiques que ce à quoi les classes dominantes ont l’habitude de faire face. « Le président, qui rêvait d’un monde sans corps intermédiaires, produit malgré lui un mouvement qui lui ressemble. Neuf, puissant sans doute, difficilement sondable. Affronter son miroir n’est pas un cadeau. Avec qui discute-t-on quand il n’y a pas de leader identifié ? Comment évalue-t-on l’ampleur, comment pare-t-on les risques ? Quels sont les leviers pour désamorcer une colère virale ? Le pouvoir n’a ni les capteurs ni les pare-feu habituels. Il sent le danger et navigue dans le noir. » note ainsi Cécile Cornudet dans un édito des Echos

    Crédits photo : PATRICK KOVARIK / AFP                                                
    Léa Luca                                                                http://www.revolutionpermanente.fr/Petit-soldat-de-Macron-Laurent-Berger-denonce-le-totalitarisme-

  • La mobilisation des « Gilets jaunes », nouvelle étape des luttes en France Rémy Herrera - 22 Novembre 2018
    https://www.investigaction.net/fr/author/remy-herrera

    C’est une mobilisation de masse profondément nouvelle qui a surgi ces dernières semaines en France : celle des « gilets jaunes » – du nom et de la couleur de la chasuble de haute visibilité (tout automobiliste étant supposé en posséder une à bord de son véhicule et l’utiliser, pour sa sécurité, en cas de nécessité) que portent, en signe de ralliement, des centaines de milliers de Français manifestant leur désapprobation vis-à-vis de l’action du Président Emmanuel Macron.
     


    (Article rédigé le 22 novembre ; une suite est prévue)
     
    Une mobilisation nouvelle par son origine, son ampleur et ses formes de rébellion populaire. Tout a débuté à petite échelle à la fin du mois d’octobre par une simple pétition citoyenne, sans étiquette partisane ni syndicale, sans leaders ni organisations, diffusée sur les réseaux sociaux. Elle réclamait l’annulation de l’augmentation de la taxe sur le carburant récemment décidée par le gouvernement. Quelques jours plus tard, pas loin d’un million de personnes l’avaient signée, et des slogans commençaient à appeler à « bloquer le pays ». Le mouvement de protestation, qui concernait initialement le prix de l’essence et le poids des impôts, s’étendit très rapidement à « la vie chère », au « faible pouvoir d’achat », aux « grands magasins à boycotter », pour se concentrer finalement sur un mot d’ordre, clair : « Macron démission ! ». Le point commun de ces contestations, fusant tous azimuts, était d’exprimer un mal être généralisé, un « ras-le-bol » de la population, un refus des inégalités sociales causées par l’application du projet néolibéral.
     
    Le paroxysme allait être atteint le samedi 17 novembre : quelque 280 000 « gilets jaunes » (selon les chiffres de la police), éparpillés en plus de 2 000 rassemblements sur l’ensemble du territoire français, bloquaient l’accès à des axes routiers névralgiques, péages autoroutiers ou supermarchés. Inexpérimentés pour la plupart, spontanément sortis dans la rue, ils participaient souvent à leur première action – moins de 10 % des manifestations ayant d’ailleurs été déclarées en préfecture. Dans beaucoup de villages des zones rurales, c’était même la toute première fois qu’avait lieu une manifestation. Le bilan de la journée se solda par un mort (une malheureuse femme « gilet jaune » fauchée par une conductrice ayant perdu le contrôle de son véhicule), près de 500 blessés, dont une dizaine grièvement (et 93 policiers), plus de 280 interpellations pour « actes de violence » (en majorité des automobilistes ayant forcé les barrages filtrants)…
     
    À Paris, dans une pagaille indescriptible – et incontrôlable par les forces de l’ordre –, une foule de plusieurs dizaines de milliers de « gilets jaunes », extrêmement hétérogène et absolument inclassable, réunissant de jeunes adultes (avec leurs enfants parfois), des retraités (y compris des grand-mères excédées par la baisse de leurs pensions), des employés de bureau, des ouvriers, des artisans, des motards, des routiers, des chauffeurs de taxi, des fonctionnaires, des aides-soignants, des lycéens, de jeunes entrepreneurs même, des femmes voilées, des jeunes des cités, des rastas, des gens de toutes couleurs et religions, de toutes les couches populaires, déferlaient dans un désordre incroyable sur les Champs-Élysées en chantant La Marseillaise, « Paris, debout, soulève-toi » et, bien sûr… « Macron démission ! ».
     
    De multiples petits groupes de « gilets jaunes », improvisés, arrivant de partout, très mobiles, parvenaient à se frayer un passage et à contourner – sans violence – les lignes de policiers et de gendarmes, débordés de toutes parts. Des barricades étaient improvisées en divers endroits de la capitale, faites de barrières de sécurité, de palettes de bois, de vélos, de tout ce qui traînait sur la chaussée. Des poubelles étaient incendiées. Les boutiques de luxe des beaux quartiers préférèrent fermer leurs portes – bien qu’aucune vitrine n’ait été brisée, ni aucun vol signalé. Ici, on lisait un tag : « Aux armes ! » (paroles de l’hymne national) ; là, on voyait la banderole : « Ni Macron ni fachos, Black Blocage Total » (Total étant la multinationale pétrolière française qui, semble-t-il, ne se serait pas acquittée de ce qu’elle doit au fisc), sur une autre, une guillotine dessinée, sans commentaire ; ailleurs, on entendait : « C’est comme en mai 68 », « Colère », « C’est la guerre », ou encore « Macron au bûcher ! ». Malgré les cordons de CRS, plusieurs milliers de manifestants, pacifiques, mais résolus à se faire entendre, réussissaient à s’engager dans la rue menant au Palais de l’Elysée, avant d’être repoussés par les boucliers, matraques et gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, et de finir par se disperser dans le calme. Tout le monde restait abasourdi – « gilets jaunes » et policiers compris. On n’a jamais vu ça…
     
    Le lendemain, les protestations se poursuivaient dans toute la France, et le surlendemain, lundi 19 novembre, les accès à une vingtaine de raffineries de pétrole se trouvaient bloqués. Le 20, à Paris, des voies de chemin de fer de la gare du Nord étaient envahies et les trajets vers l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle ralentis. Dans presque toutes les régions de France, maintes actions de blocages continuaient également d’être menées : à Toulouse, autour de Lyon, à Bordeaux, en Île-de-France, dans le Vaucluse, en Normandie, en Bretagne, dans le Nord, en Corse, et jusqu’aux Départements d’Outre-Mer… Sur l’île de La Réunion (à plus de 9 300 km de Paris), où les inégalités sociales sont criantes, les manifestations virèrent à l’émeute. L’armée y fut appelée en renfort, et le couvre-feu instauré dans les communes les plus remuantes. Sur les réseaux sociaux, les « gilets jaunes » ont déjà prévenu : prochain rendez-vous, le samedi 24 novembre…
     
    Acteur hors pair, sourire en coin et plein de mépris, le Président Macron fait mine d’ignorer ce soulèvement de masse, aussi inédit qu’hétéroclite, mais motivé et déterminé à poursuivre la lutte. Le pourra-t-il longtemps quand les sondages révèlent qu’entre 75 et 85 % des Français disent soutenir les « gilets jaunes » ? Pour l’heure, le Président s’est contenté de prévenir qu’il se montrera « intraitable » face au « chaos »… réunionnais. D’ordinaire si sûr de lui, le Premier Ministre Édouard Philippe est apparu sur la défensive en affirmant que « le gouvernement ne changera pas de cap » et « ne tolérera pas l’anarchie ». Le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, surjoue quant à lui la fermeté. Appelé à la rescousse, le Ministre de l’Écologie et de l’Énergie, François de Rugy, déclare, sans rire, que la taxe sur les carburants devrait servir à financer la « transition écologique » – pour combien de centimes d’euro, si la France n’a pas de politique de l’environnement ? L’inquiétude du pouvoir est palpable.
     
    Que la droite et l’extrême-droite essaient de « récupérer » la mobilisation des « gilets jaunes », dépourvue de leaders visibles, est évident. Que les grands médias insistent insidieusement, pour discréditer le mouvement et jeter de l’huile sur le feu, sur de (rarissimes) propos xénophobes ou homophobes tenus lors de ces actions par quelques manifestants (d’ailleurs immédiatement stoppés par leurs propres amis sur place) l’est tout autant. À l’heure du capitalisme sauvage et d’une idéologie dominante qui attise les haines et dresse les uns contre les autres pour tenter de sauver les élites, le peuple qui endure et qui souffre est aussi fait de ces contradictions-là, hélas ; mais c’est justement le rôle des progressistes militants et éclairés que d’être à ses côtés dans les luttes pour montrer à celles et ceux qui s’égarent le chemin de la solidarité et de la fraternité. Faudrait-il que le visage des exploités soit toujours souriant ? Voudrait-on par-dessus le marché que les pauvres qui se battent pour leur survie et leur dignité soient photogéniques ?
     
    Beaucoup plus préoccupant est le fait que les directions des partis et des syndicats de gauche se tiennent – pour l’instant encore, et assez largement – à distance de cette rébellion populaire. Ne comprennent-elles pas que s’ouvre, avec la révolte des « gilets jaunes », la deuxième étape des luttes du peuple français contre la tyrannie néolibérale et pour la justice sociale ? Ne saisissent-elles pas qu’il s’agit de la continuation, sur un mode innovant, combatif, vivant, et une échelle extraordinairement élargie, du même processus de généralisation des mobilisations qui a lancé dans les grèves et manifestations des milliers de camarades syndiqués au printemps dernier ? Ne voient-elles pas que les « gilets jaunes », à leur façon (non sans courage, ni risque et danger) sont décidés à occuper le vide béant laissé par l’abandon par la gauche institutionnalisée, depuis des décennies maintenant, de la défense des intérêts de classes de tous les travailleurs et de l’internationalisme à l’égard des peuples du monde ? Ne savent-elle pas que c’est la lutte des classes qui fait l’histoire ?
     
    Heureusement, les choses peuvent changer. Et ce qui paraît oublié dans les hautes sphères, les bases se chargeront de leur rappeler. Mardi 20 novembre, un premier syndicat de transporteurs annonçait son soutien aux « gilets jaunes ». Le 21 au soir, les actions des électriciens et gaziers reprenaient (si tant est qu’elles aient vraiment cessé depuis juin), en s’intensifiant : plusieurs raffineries et dépôts pétroliers (à Gonfreville-L’Orcher et Oudalle à proximité du Havre, Feyzin en banlieue lyonnaise, La Mède près de Marseille, mais aussi sur d’autres sites, notamment ceux ravitaillant les aéroports de Blagnac [Toulouse] et Saint Exupéry [Lyon]…) se déclaraient en grève. Au même moment, on apprenait que le « capitaine d’industrie » Carlos Ghosn, PDG du groupe automobile français Renault et Président du Conseil d’administration de Nissan, était arrêté et entendu par la justice japonaise pour suspicion de fraude fiscale et détournement de fonds de l’entreprise à des fins personnelles. La révolte d’un peuple contre ce monde-là est-elle si compliquée à comprendre que cela ?

    #GiletJaunes #Rémy_Herrera

  • Gilets jaunes : Bruno Le Maire annonce des mesures pour aider les entreprises
    https://lemediapresse.fr/actualites/gilets-jaunes-bruno-le-maire-annonce-des-mesures-pour-aider-les-entrep

    Encore une fois, le gouvernement En Marche d’Édouard Philippe a choisi son camp et ce camp, c’est celui des entreprises. Dans le but de répondre aux blocages orchestrés par les Gilets jaunes, Bruno Le Maire a annoncé des mesures pour aider les entreprises à rattraper les pertes de chiffre d’affaires. Ainsi le ministre de L’Économie […]