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  • COMMENT LES DIRIGEANTS ARABES BASCULENT-ILS DANS LA DICTATURE ?
    (Le Monde Arabe-Sébastien BOUSSOIS-2018-12-03

    A entendre parler tous les jours de Mohamed ben Salman, depuis les débuts de l’affaire Khashoggi et la prise de conscience internationale (tardive) de la guerre menée contre le Yémen depuis quatre ans, on finit par oublier qu’à une époque, le jeune leader saoudien était moins présent dans les médias. Non pas que ces derniers saturaient, mais il y a quelques mois, personne ne savait où avait disparu le prince héritier saoudien, après la fusillade violente survenue le 21 avril 2018, dans son palais à Riyad. Pendant plus d’un mois, celui que l’on surnomme MBS s’était claquemuré, de quoi générer toute sorte de spéculations hasardeuses. Du moins, les médias occidentaux le pensaient-ils.

    Prix du trône

    Certains titres de presse affirmaient ainsi que le fils du roi Salman avait été touché mortellement. Tandis que, pour d’autres, la purge du Ritz-Carlton, fin 2017, avait généré encore plus d’ennemis, pour le prince héritier, qu’auparavant dans ses propres rangs. Une telle attaque étant dès lors à prévoir. Depuis le selfie de MBS entouré de Mohamed VI et Saad Hariri, à Paris, plus aucune information ou preuve qu’il était toujours vivant n’avait émané d’Arabie saoudite. Pourtant, fin avril, il inaugurait le début des travaux de la Cité du Divertissement (Qiddya), un nouveau hub dédié à l’entertainement et à la culture à Riyad. Certaines sources diplomatiques, de leur côté, de renseigner que le 22 mai, MBS et le président français, Emmanuel Macron, avaient échangé par téléphone. Au sujet, surtout, de la crise générée par le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien et de la guerre au Yémen.

    Le monde entier spéculait encore jusqu’au jour où un cliché de MBS avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi – qui aurait pu être pris n’importe où et n’importe quand… -, a ressurgi. Et calmé les esprits. L’Occident avait enfin retrouvé la trace du prince. Qui n’avait jamais, jusqu’alors, connu pareille menace. Cette attaque au palais a été, depuis, largement occultée. Mais c’est à cette époque, probablement, qu’il a commencé à développer un puissant sentiment de paranoïa, accompagné d’une dose de réflexe de survie et de protection de sa personne. A tout prix et coûte que coûte. Quitte à ne même plus hésiter à liquider ses adversaires les plus farouches, comme Jamal Khashoggi, dont il se « contentait » de faire les poches pour leur extorquer quelques milliards et les contrôler. Le prix du trône à venir ?

    Avidité de pouvoir

    Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’un dirigeant arabe suscite tant de convoitises, mais aussi de haines. Et se voit menacé de mort. Ce n’est pas la première fois non plus qu’un dirigeant arabe bascule dans la dictature, à partir du moment où il se sent physiquement directement menacé. Saddam Hussein, ancien président d’Irak, a lui aussi été la victime d’une tentative d’assassinat en 1996. Problème : dans le second cas comme dans le premier, comment avoir la certitude que de tels actes ont véritablement existé ?A l’époque, alors que la CIA cherchait à déstabiliser l’homme fort de Bagdad, l’argument du complot et de la tentative de meurtre revêtait un certain intérêt : justifier le renforcement de ses pleins pouvoirs. Qu’il n’avait pas hésité à utiliser, d’ailleurs, pour faire arrêter et exécuter plusieurs centaines d’officiers soupçonnés d’avoir participé au complot.
    MBS ne manque déjà pas de « proximité » avec l’ancien dirigeant irakien, qui se radicalisait un peu plus à chaque menace pesant sur son siège. Avidité de pouvoir, quête obsessionnelle de leadership régional, ingérence dans les affaires de ses voisins, persécution des chiites, chez eux au Bahreïn et au Yémen, etc. En prenant le pouvoir en 1979, le président-dictateur aspirait non seulement à faire de son pays la première puissance militaire du Moyen-Orient, mais également à devenir le leader du monde arabe. Et, comme le prince héritier aujourd’hui – qui a la main sur la défense et l’économie du royaume -, Saddam Hussein concentrait également tous les pouvoirs en étant chef d’Etat, chef de gouvernement et chef des armées.

    Capacités nucléaires

    La surenchère va bon train. Et plus MBS affiche un visage cynique, plus il continue à être invité partout, semble-t-il. La preuve : son récent circuit diplomatique, fin novembre, pour tenter de faire oublier l’assassinat du journaliste saoudien et la guerre désastreuse au Yémen. Une véritable « résurrection », qui n’est pas sans rappeler celle du roi du Maroc Hassan II, après deux tentatives d’assassinat contre sa personne, en 1971 et 1972, lors de putschs ratés. Le monarque, père de l’actuel roi du Maroc, Mohammed VI, en sort renforcé, dans son culte de la personnalité notamment. Mais, revers de la médaille, la paranoïa envers toute opposition qui pourrait fomenter un complot contre lui le gagne. C’est le début des années de plomb (de 1970 à sa mort), où une violence et une répression sans précédent à l’égard de toute opposition sévira comme jamais. Et dépassera largement le cadre de la « disparition » de son opposant numéro 1, Mehdi ben Barka, en 1965.

    La crainte, à présent, est de voir MBS ressembler de plus en plus à Saddam Hussein. Effrayant, surtout lorsque l’on sait que certains seraient prêts à lui confier des capacités nucléaires – civiles pour commencer. Mais il n’est que le reflet de la personnalité de nombreux dirigeants arabes, qui ont fait de la personnalisation du pouvoir une marque de fabrique. Attenter au raïs, ainsi, c’est attenter au pays. Saddam Hussein et Hassan II en sont les preuves « vivantes ». Va-t-on marquer cette date du 21 avril 2018, sur le calendrier géopolitique du Golfe, comme le catalyseur de la dérive autoritaire du prince héritier, afin d’y mettre un terme ? Ou va-t-on, au contraire, y assister en simple spectateur – ce qui est le cas aujourd’hui ? Pour rappel, c’est ce sentiment de toute puissance qui a contribué à faire du Yémen « la pire crise humanitaire du monde », selon les Nations unies.

  • Égypte. Obama, ce « laquais » des Frères musulmans – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/20/egypte-obama-ce-laquais-des-freres-musulmans
    https://orientxxi.info/local/cache-responsive/cache-360/cd917f1e91dd186847fb03aff7f9932f.jpg?1538648598

    L’administration de Barack Obama s’est divisée face aux bouleversements qui, de manière inattendue, ont menacé l’ordre régional ancien à partir de l’hiver 2011-2012. La secrétaire d’État Hillary Clinton souhaitait soutenir jusqu’au bout le président Hosni Moubarak, alors qu’Obama, très isolé au sein de son gouvernement, pensait le contraire. Mais, au-delà de ces différences, la défense des intérêts américains était le point qui les rassemblait, et la démocratie n’était pas une préoccupation prioritaire. Comme l’explique à l’auteur un haut fonctionnaire du département d’État, « on a penché en faveur d’une transition dirigée par Moubarak. Quand ça n’a pas marché, on s’est prononcé pour Omar Suleiman1, et quand cette idée a été abandonnée, on s’est dit, “d’accord, travaillons avec le Conseil supérieur des forces armées2 ”. » L’objectif étant de garder le contact avec les autorités et surtout avec l’armée égyptienne, garante de la paix avec Israël.

    Que pensait le gouvernement américain des Frères musulmans ? Au printemps 2011, le département d’État ne connaissait personne dans ce qui allait devenir le bloc politique égyptien le plus influent ! Comme le raconte un membre du Conseil de sécurité nationale à l’auteur : « Nous ne savions rien ! Les conseillers de Mme Clinton au département d’État et le personnel du bureau égyptien au Conseil de sécurité nationale ont rédigé un câble demandant officiellement à l’ambassade du Caire d’entrer en contact avec les Frères musulmans. »Mais il fallut encore un mois pour que les diplomates obtempèrent.

    UN DOUBLE PARI DE WASHINGTON
    Ces premiers contacts ne furent pas très fructueux, et nombre de responsables politiques, militaires ou du renseignement américains craignaient l’élection de Mohamed Morsi. Le deuxième tour de l’élection en juin 2012 donna lieu à de virulentes discussions internes, d’autant que le très influent réseau saoudien et émirati à Washington était favorable à son adversaire Ahmed Chafik. « De nombreux membres de l’armée et des services de renseignement américains craignaient la perspective d’un président islamiste en Égypte, relate Kirkpatrick. Mais étant donné la piètre performance des généraux [depuis février 2011], une victoire truquée de Chafik ne semblait garantir qu’un chaos continu. » Il cite Ben Rhodes, un proche conseiller d’Obama qui assistait à une réunion du Conseil de sécurité nationale : « On pouvait voir que beaucoup de gens dans la salle penchaient pour Chafik. Mais même ces gens ne pouvaient pas accepter que nous agissions contre l’autre gars (Morsi) qui avait gagné une élection libre. »

    Le double pari de Washington — en tout cas celui de la Maison Blanche — était que les Frères musulmans, le plus puissant parti et le mieux organisé d’Égypte, pourraient engager les réformes économiques nécessaires et rétablir la stabilité ; le second était que le soutien de facto de Morsi aux accords de paix israélo-égyptiens renforcerait l’influence américaine. Si le second pari a été gagné, le premier a échoué.                                                                

    Un test grandeur nature vint après l’offensive d’Israël contre Gaza et le Hamas en novembre 2012. Obama entra directement en contact avec Morsi et ce dernier lui promit d’amener le Hamas à la table des négociations. Ben Rhodes se souvient : « Les pourparlers de cessez-le-feu étaient dans l’impasse avant que Morsi n’intervienne […] Et il a tenu ses engagements […] Il a respecté sa part du marché […] Il a surpris même les sceptiques. »

    « C’était un test décisif pour Morsi, et il l’a passé avec brio, se souvient Steven Simon du Conseil de sécurité nationale. […] Il était indispensable. » La récompense ne tarda pas, Hillary Clinton en personne se rendit au Caire le 21 novembre pour annoncer le cessez-le-feu et remercier Morsi « pour avoir assumé le leadership qui a longtemps fait de ce pays une pierre angulaire de la stabilité et de la paix dans la région ». Et quand le conseiller de politique étrangère de Morsi, Essam Al-Haddad se rendit à Washington quelques semaines plus tard, il fut surpris d’obtenir une audience impromptue avec le président Obama lui-même. Ces événements eurent une double conséquence : alimenter en Égypte une campagne sur le soi-disant soutien d’Obama aux Frères musulmans ; convaincre Morsi qu’il disposait du soutien de l’administration américaine qui empêcherait toute intervention de l’armée contre lui : la suite allait lui montrer son erreur.

    Car le pouvoir de Morsi, au-delà de sa propre incompétence, de ses erreurs et de son sectarisme, faisait face à une campagne régionale bien organisée, relayée par des cercles influents au sein de l’administration américaine. « En avril 2013, note Kirkpatrick, le réseau satellitaire basé aux Émirats — Sky News Arabia, Al Arabiya en Arabie saoudite et d’autres médias égyptiens liés aux Émirats dénonçaient un prétendu complot américain pour amener les Frères au pouvoir, avec l’ambassadrice Patterson comme chef de file […] [Ils] étaient pleins d’accusations selon lesquelles elle était un “laquais” des Frères, une “vieille sorcière” ou un “ogre”[…] Ils affirmaient que l’ambassadrice avait fait pression sur le gouvernement égyptien pour truquer l’élection présidentielle. » Le tout étant le résultat d’un « grand complot », au profit… d’Israël ! Comme le rappelle Rhodes à l’auteur, « les alliés des États-Unis ont financé une campagne de dénigrement contre l’ambassadrice des États-Unis dans un pays qui est l’un des plus grands bénéficiaires de l’aide des États-Unis pour renverser le gouvernement démocratiquement élu de ce pays ».

    PAS DE DIFFÉRENCE ENTRE AL-QAIDA ET LES FRÈRES MUSULMANS
    Mais cette campagne n’aurait pas eu un tel impact si elle n’avait pas disposé de relais influents à Washington, si elle n’avait pas été alimentée par les activités des ambassades saoudienne et émiratie. Au Pentagone, nombre de responsables ne cachaient pas leur haine de tout ce qui est musulman. Le général James Mattis, chef du Central Command, responsable de toutes les opérations au Proche-Orient, en Asie centrale et du Sud-Est (il deviendra secrétaire d’État à la défense du président Donald Trump) pensait que les Frères musulmans et Al-Qaida représentaient plus ou moins le même courant. Et Michael Flynn, directeur de l’agence du renseignement de la défense (DIA), qualifiait l’islam de « cancer » et avait développé des relations étroites avec celui qui n’était encore que le ministre de la défense, le général Abdel Fattah Al-Sissi. Flynn fut limogé par Obama en août 2014 et sera, brièvement, conseiller national à la sécurité de Trump.

    Comme le note l’auteur, « les divisions au sein du gouvernement américain devenaient évidentes pour les diplomates et les militaires de la région. Obama et une partie de la Maison-Blanche espéraient que Morsi réussirait ; beaucoup au Pentagone, comme Mattis et Flynn, étaient d’accord avec leurs homologues égyptiens et émiratis que Morsi était un danger. La schizophrénie américaine était si visible que les généraux égyptiens s’en sont plaints auprès de leurs contacts au Pentagone ». Et ils ont compris qu’ils pourraient agir contre le pouvoir élu sans représailles américaines.

    En janvier 2013, Obama nomme Chuck Hagel, un sénateur républicain, au secrétariat d’État à la défense. Celui-ci se rend en Égypte avec comme instructions de prévenir Sissi que tout coup d’État provoquerait l’arrêt de l’aide militaire américaine. Mais, à la fois du fait de ses convictions, et des pressions saoudiennes, émiraties et israéliennes, Hagel n’en fit rien, si l’on en croit Kirkpatrick.

    Dès le printemps 2013, l’ensemble des organisations de renseignement américaines informèrent Washington qu’un coup d’État était en préparation, « mais personne au Pentagone, au département d’État, à la Maison Blanche ne dit à Sissi de s’arrêter ni n’expliqua à Morsi que Sissi s’était retourné contre lui »(étonnamment, presque jusqu’au bout Morsi fit confiance à son ministre de la défense).

    ISRAËL AVEC LES PUTSCHISTES
    Le 3 juillet 2013, l’armée égyptienne franchissait le Rubicon et Morsi était mis sous les verrous. Le lendemain, Obama convoquait une réunion du Conseil national de sécurité. À la surprise de ses conseillers, le président refusa de qualifier les événements de « coup d’État », ce qui aurait entraîné ipso facto la suspension de l’aide militaire américaine. John Kerry, secrétaire d’État depuis décembre 2012, abonda dans son sens. Il expliquera plus tard à l’auteur que « Sissi s’était incliné devant la volonté populaire et agissait pour sauver l’Égypte. Les généraux affirmaient qu’ils avaient destitué Morsi pour éviter une implosion et établir la primauté du droit, et non dans le but de gouverner. Ils prétendaient qu’ils allaient adopter une feuille de route permettant le recours aux élections ».

    Israël joua un rôle non négligeable dans ces choix, comme l’explique Hagel à Kirkpatrick : « (Les Israéliens) me disaient, c’est notre sécurité et [Sissi] garantit la meilleure relation que nous ayons jamais eue avec les Égyptiens. Et ils intervenaient auprès du Congrès ». Le sénateur Rand Paul, républicain du Kentucky, avait présenté un projet de loi visant à mettre fin à l’aide militaire à l’Égypte en raison du coup d’État. L’American Israel Public Affairs Committee — plus connu sous l’acronyme AIPAC — écrivit à tous les sénateurs en faisant valoir que toute réduction de l’aide « pourrait accroître l’instabilité en Égypte, miner d’importants intérêts américains et avoir un impact négatif sur notre allié israélien ». Le Sénat vota par 86 voix contre 13 la poursuite de l’aide.

    Cet appui d’Israël et du lobby pro-israélien au régime égyptien confirmait la fragilité et la dépendance du président Siss, malgré ses rodomontades ultra nationalistes, et diminuait le poids que pouvait avoir l’Égypte pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Comme le rapporte l’auteur, « le 21 février 2016, le secrétaire d’État Kerry a convoqué un sommet secret à Aqaba, en Jordanie, avec Sissi, le roi Abdallah de Jordanie et le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. Une partie de l’ordre du jour était un accord régional pour que l’Égypte garantisse la sécurité d’Israël dans le cadre de la création d’un État palestinien. Nétanyahou tourna la proposition en ridicule. Qu’est-ce que Sissi pouvait offrir à Israël ? s’interrogea-t-il, selon deux Américains impliqués dans les pourparlers. Sissi dépendait d’Israël pour contrôler son propre territoire, pour sa propre survie. Sissi avait besoin de Nétanyahou ; Nétanyahou n’avait pas besoin de Sissi. » Nétanyahou savait que, loin d’apporter une solution au « terrorisme », le coup d’État du 3 juillet 2013 avait marqué le début d’une insurrection dans le Sinaï, sous la direction d’un groupe qui rallia en 2015 l’organisation de l’État islamique (OEI) ; l’armée égyptienne était incapable de la juguler et Israël dut intervenir plusieurs fois militairement pour aider les militaires égyptiens. On était loin des rodomontades ultranationalistes du Caire.

    Il fallut le massacre de près d’un millier de civils à Rabaa au mois d’août 2013 pour que les États-Unis réagissent. D’abord en reportant les manœuvres militaires conjointes américano-égyptiennes, ensuite, au mois d’octobre, en suspendant l’aide militaire de 1,3 milliard de dollars (1,58 milliards d’euros). Mais il était trop tard, d’autant que de puissantes forces se faisaient entendre à Washington contre ces orientations : le Pentagone ne désignait plus les conseillers du président que comme « les djihadistes de la Maison Blanche » ou « le caucus des Frères musulmans ». Rapidement, Obama rétablit l’aide militaire. Washington tirait un trait sur la démocratie en Égypte.

    Du livre se dégage le portrait finalement peu flatteur d’un président Obama velléitaire, incapable d’imposer ses choix à sa propre administration, et pour qui la démocratie n’est sûrement pas une composante majeure de la politique étrangère des États-Unis. Avec des conséquences graves. Comme l’explique Mohamad Soltan, un Égypto-Américain membre des Frères emprisonné par la junte avant d’être expulsé vers les États-Unis : « La seule chose qu’ont en commun tous ceux qui sont en prison — les gars de l’État islamique, les Frères musulmans, les libéraux, les gardes, les officiers — c’est qu’ils haïssent tous l’Amérique. » On se demande pourquoi…         

    ALAIN GRESH

  • Report: Netanyahu asked Trump to stick with Saudi crown prince after Khashoggi murder - Middle East News - Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/middle-east-news/netanyahu-asked-trump-to-stick-with-saudi-crown-prince-after-khashoggi-murd

    WASHINGTON - Prime Minister Benjamin Netanyahu asked senior officials in the Trump White House to continue supporting Saudi Crown Prince Mohammad bin Salman following the murder of Saudi journalist Jamal Khashoggi, the Washington Post reported on Thursday.

    Citing U.S. officials, the report stated that Netanyahu described the Crown Prince as a “strategic ally” in the Middle East.

    The report said that a similar message was conveyed to the White House by Egyptian President Abdel Fattah al-Sissi.

  • The Real Reasons Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman Wanted Khashoggi ‘Dead or Alive’
    https://www.thedailybeast.com/the-real-reasons-saudi-crown-prince-mohammed-bin-salman-wanted-khasho

    Christopher Dickey 10.21.18
    His death is key to understanding the political forces that helped turn the Middle East from a region of hope seven years ago to one of brutal repression and slaughter today.

    The mind plays strange tricks sometimes, especially after a tragedy. When I sat down to write this story about the Saudi regime’s homicidal obsession with the Muslim Brotherhood, the first person I thought I’d call was Jamal Khashoggi. For more than 20 years I phoned him or met with him, even smoked the occasional water pipe with him, as I looked for a better understanding of his country, its people, its leaders, and the Middle East. We often disagreed, but he almost always gave me fresh insights into the major figures of the region, starting with Osama bin Laden in the 1990s, and the political trends, especially the explosion of hope that was called the Arab Spring in 2011. He would be just the man to talk to about the Saudis and the Muslim Brotherhood, because he knew both sides of that bitter relationship so well.

    And then, of course, I realized that Jamal is dead, murdered precisely because he knew too much.

    Although the stories keep changing, there is now no doubt that 33-year-old Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman, the power in front of his decrepit father’s throne, had put out word to his minions that he wanted Khashoggi silenced, and the hit-team allegedly understood that as “wanted dead or alive.” But the [petro]buck stops with MBS, as bin Salman’s called. He’s responsible for a gruesome murder just as Henry II was responsible for the murder of Thomas Becket when he said, “Who will rid me of that meddlesome priest?” In this case, a meddlesome journalist.

    We now know that a few minor players will pay. Some of them might even be executed by Saudi headsmen (one already was reported killed in a car crash). But experience also tells us the spotlight of world attention will shift. Arms sales will go ahead. And the death of Washington Post columnist Jamal Khashoggi risks becoming just one more entry in the annals of intensifying, murderous repression of journalists who are branded the “enemy of the people” by Donald Trump and various two-bit tyrants around the world.

    There is more to Khashoggi’s murder than the question of press freedom, however. His death holds the key to understanding the political forces that have helped turn the Middle East from a region of hope seven years ago to one of brutal repression and ongoing slaughter today. Which brings us back to the question of the Saudis’ fear and hatred of the Muslim Brotherhood, the regional rivalries of those who support it and those who oppose it, and the game of thrones in the House of Saud itself. Khashoggi was not central to any of those conflicts, but his career implicated him, fatally, in all of them.

    The Muslim Brotherhood is not a benign political organization, but neither is it Terror Incorporated. It was created in the 1920s and developed in the 1930s and ‘40s as an Islamic alternative to the secular fascist and communist ideologies that dominated revolutionary anti-colonial movements at the time. From those other political organizations the Brotherhood learned the values of a tight structure, party discipline, and secrecy, with a public face devoted to conventional political activity—when possible—and a clandestine branch that resorted to violence if that appeared useful.

    In the novel Sugar Street, Nobel Prize-winning author Naguib Mahfouz sketched a vivid portrait of a Brotherhood activist spouting the group’s political credo in Egypt during World War II. “Islam is a creed, a way of worship, a nation and a nationality, a religion, a state, a form of spirituality, a Holy Book, and a sword,” says the Brotherhood preacher. “Let us prepare for a prolonged struggle. Our mission is not to Egypt alone but to all Muslims worldwide. It will not be successful until Egypt and all other Islamic nations have accepted these Quranic principles in common. We shall not put our weapons away until the Quran has become a constitution for all Believers.”

    For several decades after World War II, the Brotherhood’s movement was eclipsed by Arab nationalism, which became the dominant political current in the region, and secular dictators moved to crush the organization. But the movement found support among the increasingly embattled monarchies of the Gulf, including and especially Saudi Arabia, where the rule of the king is based on his custodianship of Mecca and Medina, the two holiest sites in Islam. At the height of the Cold War, monarchies saw the Brotherhood as a helpful antidote to the threat of communist-led or Soviet-allied movements and ideologies.

    By the 1980s, several of the region’s rulers were using the Brotherhood as a tool to weaken or destroy secular opposition. Egypt’s Anwar Sadat courted them, then moved against them, and paid with his life in 1981, murdered by members of a group originally tied to the Brotherhood. Sadat’s successor, Hosni Mubarak, then spent three decades in power manipulating the Brotherhood as an opposition force, outlawing the party as such, but allowing its known members to run for office in the toothless legislature, where they formed a significant bloc and did a lot of talking.

    Jordan’s King Hussein played a similar game, but went further, giving clandestine support to members of the Brotherhood waging a covert war against Syrian tyrant Hafez al-Assad—a rebellion largely destroyed in 1982 when Assad’s brother killed tens of thousands of people in the Brotherhood stronghold of Hama.

    Even Israel got in on the action, initially giving Hamas, the Brotherhood branch among the Palestinians, tacit support as opposition to the left-leaning Palestine Liberation Organization (although PLO Chairman Yasser Arafat once identified with the Brotherhood himself).

    The Saudi royals, too, thought the Brotherhood could be bought off and manipulated for their own ends. “Over the years the relationship between the Saudis and the Brotherhood ebbed and flowed,” says Lorenzo Vidino, an expert on extremism at George Washington University and one of the foremost scholars in the U.S. studying the Brotherhood’s history and activities.

    Over the decades factions of the Brotherhood, like communists and fascists before them, “adapted to individual environments,” says Vidino. In different countries it took on different characteristics. Thus Hamas, or its military wing, is easily labeled as terrorist by most definitions, while Ennahda in Tunisia, which used to be called terrorist by the ousted Ben Ali regime, has behaved as a responsible political party in a complex democratic environment. To the extent that Jamal Khashoggi identified with the Brotherhood, that was the current he espoused. But democracy, precisely, is what Mohammed bin Salman fears.

    Vidino traces the Saudis’ intense hostility toward the Brotherhood to the uprisings that swept through much of the Arab world in 2011. “The Saudis together with the Emiratis saw it as a threat to their own power,” says Vidino.

    Other regimes in the region thought they could use the Brotherhood to extend their influence. First among these was the powerful government in Turkey of Recep Tayyip Erdogan, who has such longstanding ties to the Islamist movement that some scholars refer to his elected government as “Brotherhood 2.0.” Also hoping to ride the Brotherhood wave was tiny, ultra-rich Qatar, whose leaders had used their vast natural gas wealth and their popular satellite television channel, Al Jazeera, to project themselves on the world stage and, they hoped, buy some protection from their aggressive Saudi neighbors. As one senior Qatari official told me back in 2013, “The future of Qatar is soft power.” After 2011, Jazeera’s Arabic channel frequently appeared to propagandize in the Brotherhood’s favor as much as, say, Fox News does in Trump’s.

    Egypt, the most populous country in the Arab world, and the birthplace of the Brotherhood, became a test case. Although Jamal Khashoggi often identified the organization with the idealistic hopes of the peaceful popular uprising that brought down the Mubarak dynasty, in fact the Egyptian Brotherhood had not taken part. Its leaders had a modus vivendi they understood with Mubarak, and it was unclear what the idealists in Tahrir Square, or the military tolerating them, might do.

    After the dictator fell and elections were called, however, the Brotherhood made its move, using its party organization and discipline, as well as its perennial slogan, “Islam is the solution,” to put its man Mohamed Morsi in the presidential palace and its people in complete control of the government. Or so it thought.

    In Syria, meanwhile, the Brotherhood believed it could and should lead the popular uprising against the Assad dynasty. That had been its role 30 years earlier, and it had paid mightily.

    For more than a year, it looked like the Brotherhood’s various branches might sweep to power across the unsettled Arab world, and the Obama administration, for want of serious alternatives, was inclined to go with the flow.

    But then the Saudis struck back.

    In the summer of 2013, Gen. Abdel Fattah al-Sissi, the commander of the Egyptian armed forces, led a military coup with substantial popular support against the conspicuously inept Brotherhood government, which had proved quickly that Islam was not really the “solution” for much of anything.

    Al-Sissi had once been the Egyptian military attaché in Riyadh, where he had many connections, and the Saudis quickly poured money into Egypt to shore up his new regime. At the same time, he declared the Muslim Brotherhood a terrorist organization, and launched a campaign of ruthless repression. Within weeks of the coup, the Egyptian military attacked two camps of Brotherhood protesters and slaughtered hundreds.

    In Syria, the efforts to organize a credible political opposition to President Bashar al-Assad proved virtually impossible as the Qataris and Turks backed the Brotherhood while the Saudis continued their vehement opposition. But that does not mean that Riyadh supported moderate secular forces. Far from it. The Saudis still wanted to play a major role bringing down the Syrian regime allied to another arch enemy, the government of Iran. So the Saudis put their weight behind ultra-conservative Salafis, thinking they might be easier to control than the Muslim Brothers.

    Riyadh is “okay with quietist Salafism,” says Vidino. But the Salafis’ religious extremism quickly shaded over into the thinking of groups like the al Qaeda spinoff called the Nusra Front. Amid all the infighting, little progress was made against Assad, and there to exploit the chaos was the so-called Islamic State (which Assad partially supported in its early days).

    Then, in January 2015, at the height of all this regional turmoil, the aged and infirm Salman bin Abdelaziz ascended to the throne of Saudi Arabia. His son, Mohammed bin Salman, began taking into his own hands virtually all the reins of power, making bold decisions about reforming the Saudi economy, taking small measures to give the impression he might liberalize society—and moving to intimidate or otherwise neutralize anyone who might challenge his power.

    Saudi Arabia is a country named after one family, the al Saud, and while there is nothing remotely democratic about the government, within the family itself with its thousands of princes there traditionally has been an effort to find consensus. Every king up to now has been a son of the nation’s founder, Abdelaziz ibn Saud, and thus a brother or half brother of the other kings.

    When Salman took over, he finally named successors from the next generation. His nephew Mohammed bin Nayef, then 57 and well known for his role fighting terrorism, became crown prince. His son, Mohammed bin Salman, became deputy crown prince. But bin Nayef’s position between the king and his favorite son clearly was untenable. As one Saudi close to the royals put it: “Between the onion and the skin there is only the stink.”

    Bin Nayef was pushed out in 2017. The New York Times reported that during an end-of-Ramadan gathering at the palace he “was told he was going to meet the king and was led into another room, where royal court officials took away his phones and pressured him to give up his posts as crown prince and interior minister. … At first, he refused. But as the night wore on, the prince, a diabetic who suffers from the effects of a 2009 assassination attempt by a suicide bomber, grew tired.” Royal court officials meanwhile called around to other princes saying bin Nayef had a drug problem and was unfit to be king.

    Similar pressure was brought to bear on many of the richest and most powerful princes in the kingdom, locked up in the Ritz Carlton hotel in 2017, ostensibly as part of an extra-legal fight against corruption. They were forced to give allegiance to MBS at the same time they were giving up a lot of their money.

    That pattern of coerced allegiance is what the Saudis now admit they wanted from Jamal Khashoggi. He was no prince, but he had been closely associated in the past with the sons of the late King Faisal, particularly Turki al-Faisal, who was for many years the head of the Saudi intelligence apparatus and subsequently served as ambassador to the United Kingdom, then the United States.

    Although Turki always denied he had ambitions to be king, his name often was mentioned in the past as a contender. Thus far he seems to have weathered the rule of MBS, but given the record of the crown prince anyone close to the Al Faisal branch of the family, like Khashoggi, would be in a potentially perilous position.

    Barbara Bodine is a former U.S. ambassador to Yemen, which has suffered mightily since MBS launched a brutal proxy war there against Iran. Both MBS and Trump have declared the regime in Tehran enemy number one in the region. But MBS botched the Yemen operation from the start. It was dubbed “Decisive Storm” when it began in 2015, and was supposed to last only a few weeks, but the war continues to this day. Starvation and disease have spread through Yemen, creating one of the world’s greatest humanitarian disasters. And for the moment, in one of those developments that makes the Middle East so rich in ironies, in Yemen the Saudis are allied with a branch of the Muslim Brotherhood.

    “What drives MBS is a ruthless effort toward total control domestically and regionally; he is Putin of the Desert,” says Bodine. “He has basically broken the back of the princelings, the religious establishment and the business elite, brought all ministries and agencies of power under his sole control (’I alone can fix it’), and jailed, killed or put under house arrest activists and any and all potential as well as real opposition (including his mother).”

    In 2017, MBS and his backers in the Emirates accused Qatar of supporting “terrorism,” issuing a set of demands that included shutting down Al Jazeera. The Saudis closed off the border and looked for other ways, including military options, to put pressure on the poor little rich country that plays so many angles it has managed to be supportive of the Brotherhood and cozy with Iran while hosting an enormous U.S. military base.

    “It was Qatar’s independent streak—not just who they supported but that they had a foreign policy divorced from the dictates of Riyadh,” says Bodine. “The basic problem is that both the Brotherhood and Iran offer competing Islam-based governing structures that challenge the Saudi model.”

    “Jamal’s basic sin,” says Bodine,“was he was a credible insider, not a fire-breathing radical. He wrote and spoke in English for an American audience via credible mainstream media and was well regarded and highly visible within the Washington chattering classes. He was accessible, moderate and operated within the West. He challenged not the core structure of the Kingdom but the legitimacy of the current rulers, especially MBS.”

    “I do think the game plan was to make him disappear and I suspect the end game was always to make him dead,” said Bodine in a long and thoughtful email. “If he was simply jailed within Saudi there would have been a drumbeat of pressure for his release. Dead—there is certainly a short term cost, whether more than anticipated or longer than anticipated we don’t know yet, but the world will move on. Jamal will become a footnote, a talking point perhaps, but not a crusade. The dismembered body? No funeral. Taking out Jamal also sends a powerful signal to any dissident that there is no place safe.”

    #Arabie_Saoudite #Turquie #politique #terrorisme #putsch

  • Khrys’presso du lundi 3 septembre
    https://framablog.org/2018/09/03/khryspresso-du-lundi-3-septembre

    Brave New World L’Egypte se dote d’une loi autorisant une #Surveillance étroite des réseaux sociaux Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a promulgué une loi portant sur la réglementation de la presse et des médias, qui va permettre de surveiller … Lire la suite­­

    #Claviers_invités #Internet_et_société #Libr'en_Vrac #Libre_Veille #DRM #espionnage #Facebook #GAFAM #Internet #Revue_de_web #veille #webrevue
    https://mamot.fr/system/media_attachments/files/001/832/058/original/fccf4acc984ef95f.mp4

  • Comment la France a armé la dictature en Égypte
    Middle East Eye | Akram Kharief | 2 juillet 2018
    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/comment-la-france-arm-la-dictature-en-gypte-1234736328

    Cinq ans après son accession au pouvoir, le président Abdel Fattah al-Sissi a pu compter sur la France comme fournisseur d’armes, dans une des périodes les plus troubles de l’histoire de l’Égypte.

    C’est ce que révèle ce lundi un rapport de plusieurs ONG – la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), le Cairo Institute for Human Rights Studies, la Ligue des droits de l’homme et l’Observatoire des armements (OBSARM) – selon lequel « l’État français et plusieurs entreprises françaises ont participé à la sanglante répression égyptienne des cinq dernières années ». (...)

  • La France et ses entreprises participent à l’écrasement du peuple égyptien
    http://obsarm.org/spip.php?article310

    Un nouveau rapport dévoile aujourd’hui comment l’État et plusieurs entreprises françaises ont participé à la sanglante répression égyptienne des cinq dernières années, en fournissant au régime d’Abdel Fattah al-Sissi du matériel militaire et de surveillance. Dotant les services de sécurité et de répression égyptiens de puissants outils numériques, elles ont participé à la mise en place d’une architecture de surveillance et de contrôle orwellienne, utilisée pour briser toute velléité de dissidence et de (...)

    #Actualité_des_transferts_d'armes

    / #Égypte, Transferts / exportations, #Coopération_militaire

    #Transferts_/_exportations
    http://obsarm.org/IMG/pdf/egypte716frweb.pdf

  • #Egypte : le régime al-Sissi est-il encore fréquentable ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040418/egypte-le-regime-al-sissi-est-il-encore-frequentable

    © Mediapart Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a été réélu lundi avec 97 % des voix. Depuis 2013, son régime exerce une répression féroce et les diplomaties occidentales, au premier rang desquelles la France, se taisent. Entretien avec Stéphane Lacroix, professeur à Sciences-Po, et Katia Roux, chargée de plaidoyer chez Amnesty.

    #International #Abdel_Fattah_al_Sissi #Jean-Yves_Le_Drian

  • Égypte : un candidat sans adversaire...
    https://www.crashdebug.fr/international/14671-egypte-un-candidat-sans-adversaire

    Les Égyptiens sont appelés à voter pendant trois jours pour élire leur président. L’enjeu du scrutin est essentiellement le taux de participation. Les principaux rivaux d’Abdel Fattah al-Sissi se sont retirés et se disent victimes d’intimidation. Le premier opposant est en prison.

    Reste-t-il au Caire (Égypte) un poteau ou une façade qui n’accueille pas le portrait du président Sissi ? Pour trouver le visage de l’autre candidat à cette élection, il faut bien chercher : il s’appelle Moussa Mostafa Moussa. Il y a quelques semaines, ce dernier appelait à voter pour celui qui est encore aujourd’hui son adversaire. Il a candidaté à la dernière minute pour éviter au président l’embarrassante situation d’être le seul candidat.

    La vraie opposition réduite au silence

    Cet (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Avec Suneris, le Français Ercom vend des logiciels de surveillance à l’Égypte
    https://www.numerama.com/politique/338492-avec-suneris-le-francais-ercom-vend-des-logiciels-de-surveillance-a

    La coopération des industriels français avec le régime autoritaire d’Abdel Fattah al-Sissi vient une nouvelle fois d’être mise à nue par le journaliste Olivier Tesquet. Ercom, un spécialiste du chiffrement, livre aux services égyptiens des armes électroniques pour museler la population. Nexa, ex-Amesys, fournisseur de solutions de surveillance électronique au régime de Kadhafi, puis à l’Égypte de Sissi, n’est pas le seul industriel français à entretenir des liens commerciaux privilégiés avec le régime (...)

    #AMESys #Ercom #Nexa #Qosmos #Suneris #IMSI-catchers #anti-terrorisme #écoutes #web #surveillance (...)

    ##exportation

  • Enquête sur une PME française qui aide l’armée égyptienne à charger ses revolvers
    https://orientxxi.info/magazine/enquete-sur-une-pme-francaise-qui-aide-l-armee-egyptienne-a-charger-ses,

    L’entreprise française #Manurhin est le leader mondial des #machines-outils fabriquant des #cartouches. Depuis les années 1950, elle commerce avec l’Égypte. Une collaboration qui se poursuit presque sans accrocs avec le régime militaire d’Abdel Fattah Al-Sissi, malgré le massacre d’au moins 800 civils en août 2013 par les forces de l’ordre. Une enquête d’Omar Sultan, avec Paul-Anton Krüger du Süddeutsche Zeitung pour la partie allemande.

    #armement #exportation #industrie_de_l'armement

  • Le président érythréen se rend en visite en #Egypte...
    Visite du président de l’Érythrée en Égypte - janvier 2018

    Le Président Abdel Fattah Al-Sissi a reçu 9 janvier 2018 son homologue érythréen, Issayas Afeworki actuellement en visite de deux jours en Egypte. L’hymne national des deux pays a été entonné au début des cérémonies de réception officielles réservées au Président de l’Erythrée. Les deux leaders ont eu un tête-à-tête après lequel s’est déroulée une séance d’entretiens élargie aux responsables des deux pays.
    Les discussions présidentielles ont planché sur les développements de la conjoncture dans les pays du Bassin du #Nil et de la #Corne_de_l'Afrique, ainsi que sur des questions d’ordre régional et international d’intérêt commun.
    Le président Al Sissi a fait part à son hôte de marque du grand intérêt qu’accorde l’Egypte au renforcement de sa #coopération stratégique avec l’Erythrée dans les divers domaines et à la fondation d’un partenariat durable entre les deux parties, en guise de consolidation des relations historiques et distinguées les unissant depuis bien des siècles. Le Chef de l’Etat a également estimé indispensable de faire progresser la mise en œuvre des projets de #coopération dans les différents secteurs, tels que l’agriculture, l’électricité, la santé et le commerce, sans omettre les domaines de la pisciculture et des ressources animales qui font la réputation de ce pays de la Corne de l’Afrique.
    Les deux dirigeants ont en outre évoqué leurs démarches conjointes en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, aspirant à intensifier leurs concertations relatives aux questions de la paix et de la stabilité régionales. Le Président érythréen a quant à lui, d’après des déclarations du porte-parole de la Présidence égyptienne, exprimé la grande estime de son pays à l’égard de l’Egypte avec qui il a tissé des relations historiques et stratégiques au fil des années. Il a de même salué le rôle pionner de l’Egypte dans la région et son souci de rétablir l’ordre et la stabilité dans le continent africain.
    « Nous désirons développer notre coopération bilatérale avec l’Egypte dans les divers domaines de sorte à réaliser les intérêts des deux peuples », a noté le Chef de l’Etat érythréen, avant de louer les expériences égyptiennes en matière d’assistance technique et de formation professionnelle.
    Les pourparlers constructifs entre l’Egypte et l’Erythrée démontrent la profondeur de leurs liens tous azimuts et leur convergence de vues vis-à-vis de nombreux dossiers de tout ordre, notamment des questions liées à la Corne de l’Afrique, cette région axiale dont la stabilité s’avère prioritaire pour la sécurité de la mer Rouge.

    http://www.sis.gov.eg/Story/107180?lang=fr
    #Erythrée #Egypte

    Ce qui ne va pas améliorer les relations #Egypte-#Soudan
    Petit rappel : le #Soudan aurait fermé les frontières avec l’Erythrée, probablement aussi en lien avec le fait que l’Erythrée s’est rapprochée de l’Egypte

    cc @reka

    • La tension monte encore entre le Soudan et l’Egypte

      Le Soudan a fermé, la semaine dernière, sa frontière avec l’Erythrée et a annoncé l’état d’urgence dans deux de ses Etats de l’est et déployés des milliers de soldats dans cette zone. Khartoum accuse l’Erythrée, appuyée par l’Egypte, de vouloir intervenir sur son territoir et même de vouloir renverser le président Omar el-Béchir.

      http://www.rfi.fr/afrique/20180111-soudan-egypte-relations-tendues-caire-khartoum-mer-rouge

    • #Barrage de Grande Renaissance : l’Erythrée à la rescousse de l’Egypte pour la résolution de la crise

      L’Egypte a trouvé en l’Erythrée, un nouvel allié dans la tension régionale engendrée par la construction du #barrage_hydroélectrique de #Grande_Renaissance. « Les deux parties ont convenu de poursuivre une coopération intensive sur toutes les questions liées à la situation actuelle pour soutenir la sécurité et la stabilité dans la région. », a affirmé Bassam Radi, le porte-parole de la présidence égyptienne, lors de la visite du président érythréen Isaias Afeworki.

      https://www.agenceecofin.com/electricite/1001-53364-barrage-de-grande-renaissance-l-erythree-a-la-rescousse-de-
      #eau

    • L’Égypte et le Soudan au bord de la confrontation ?

      Le Proche et Moyen Orient sont source de tension entre les différentes puissances régionales appuyées par les puissances impérialistes. C’est au tour de la corne de l’Afrique d’être en phase croissante de tension inter-étatique. L’Égypte qui tente depuis le coup d’état du Maréchal al-Sissi de prendre plus de place dans la région se voit opposée à la Turquie à travers un conflit frontalier avec le Soudan et l’Érythrée

      Le #barrage_de_la_Renaissance

      Ce barrage est en train d’être achevé par l’#Éthiopie sur le Nil et inquiète au plus haut point l’Égypte. Le Caire craint, en effet, que ce barrage dont l’usine hydroélectrique générera plus de 6 400 mégawatts réduise sa part des eaux du Nil. L‘Éthiopie quant à elle, justifie le projet en expliquant qu’il est nécessaire à son développement économique, soulignant le fait que la grande majorité de ses 95 millions d’habitants manquent d‘électricité.

      L’Égypte accuse le Soudan, au préalable médiateur, de prendre fait et cause pour l’Éthiopie qui lui fournit 100 MW par an, ce qui correspond à près de 15% de la production d’électricité soudanaise. De fait, le Caire s’est rapprochée de l’Érythrée, frère ennemi de l’Éthiopie. Le gouvernement éthiopien a accusé le gouvernement érythréen d’entraîner des rebelles en vue de mener des attaques de sabotage contre le barrage.

      L’Égypte cherche donc à exclure les Soudanais des discussions sur les eaux du Nil. Le Caire vient, en effet, de soumettre à l’Éthiopie une proposition relative à la sortie du Soudan des discussions sur la construction du barrage. A la place, ils proposent l’introduction de la Banque mondiale en tant que médiateur. Ce qui a du mal à passer du côté du dictateur soudanais puisqu’avec la construction du barrage, il aurait pu importer davantage d’électricité de son allié éthiopien.

      http://www.revolutionpermanente.fr/L-Egypte-et-le-Soudan-au-bord-de-la-confrontation
      #conflit #tensions

  • L’athéisme, ce tabou du monde musulman

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/20/l-atheisme-ce-tabou-du-monde-musulman_5232132_3232.html

    Du Maghreb au Pakistan, en passant par l’Arabie saoudite, les athées sont de plus en plus nombreux. Enquête sur cet athéisme qui dérange et effraie le monde musulman.

    Bahous aimerait bien ne plus entendre parler de l’islam. Et même ne plus en parler du tout. Mais quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, cet homme de 33 ans, vendeur à Voiron (Isère), y est toujours ramené.

    Son athéisme intrigue, ou dérange, c’est selon. Lorsque l’on est issu, comme lui, d’une famille et d’une culture musulmanes, le fait de ne pas croire en Dieu – et, surtout, de le dire – ouvre la voie à une vie d’incompréhensions, de renoncements, de ruptures. « Je subis un double regard, explique Bahous. Pour les gens, de par mon apparence, mon nom, la couleur de ma peau, je suis de facto musulman. On ne peut pas concevoir que je sois juste Français. Mais, pour ma famille, je suis le vilain petit canard. Ils me considèrent comme un “francisé” : être athée, c’est trahir ses origines, comme si être musulman était une origine. Du coup, je me sens obligé de toujours me justifier, sur tous les fronts. »

    Bahous avait écrit au Monde en février, en répondant à un appel à témoignages sur les musulmans ayant perdu la foi. Quand nous l’avons à nouveau sollicité, en novembre, rien n’avait changé pour lui : il avait toujours le sentiment de vivre dans cet « étrange entre-deux », où il se sent contraint de préciser sans cesse qu’il n’est « ni islamophobe ni islamophile ».

    Le comble pour un athée : « Après les attentats, on m’a demandé de me désolidariser… » Sa famille, elle, en particulier son frère aîné, n’a jamais accepté son renoncement à l’islam. Depuis, les deux hommes ne se fréquentent plus. Bahous peut cependant s’estimer chanceux : sa mère, auprès de laquelle il s’est ouvert de ses doutes sur l’existence de Dieu dès l’adolescence, n’approuve pas ce choix mais le tolère.

    « Dans certaines familles, annoncer son athéisme peut être encore plus compliqué qu’annoncer son homosexualité », affirme le sociologue Houssame Bentabet, qui travaille depuis 2014 sur une thèse consacrée au reniement de la foi chez les musulmans de France. Un sujet jamais étudié de manière systématique, et dont on sait finalement encore peu de chose, tant ces athées savent se faire discrets, dans un contexte où, en France tout du moins, le conflit entre « islamo-gauchistes », considérés comme trop tolérants envers l’islam politique, et « islamophobes », accusés de « faire la guerre aux musulmans », monopolise les débats.

    Persécutions, agressions et assassinats

    La discrétion s’impose encore davantage dans les pays à majorité musulmane, où ce renoncement, s’il est public, suscite des réactions beaucoup plus violentes : brimades, persécutions, agressions, voire assassinats. L’athéisme n’y est tout simplement pas concevable.

    Même s’il n’existe pas, en arabe, de mot spécifique pour dire l’athéisme (les termes utilisés – mulhid, murtad ou kafir – évoquent davantage l’hérésie ou l’apostasie et ont une connotation péjorative), l’athée est parfois vu comme plus dangereux, encore, que le terroriste islamiste.

    « Si vous êtes Libanais, vous pouvez appartenir, dans la loi, à dix-huit communautés différentes. Si vous êtes Egyptien, vous pouvez être musulman, chrétien ou juif, précise l’historien des religions Dominique Avon. Le droit est appliqué à des groupes, et pas à des individus ; il est d’abord communautaire. Or un athée n’entre dans aucune catégorie prévue dans le droit musulman. Sinon celle de l’apostasie. »

    Ce phénomène n’est pas nouveau dans le monde islamique. « Il y a toujours eu des intellectuels, des écrivains, des universitaires qui ont pu dire ponctuellement qu’ils ne croyaient pas en Dieu », poursuit Dominique Avon. Ainsi, l’écrivain égyptien Ismaïl Adham (1911-1940) fit scandale au début des années 1930 en mettant en doute l’authenticité des hadiths (paroles attribuées au prophète Mahomet) et en publiant Pourquoi je suis athée.

    Citons aussi l’écrivain saoudien Abdullah Al-Qasimi (1907-1996), qui nia l’existence de Dieu et survécut à deux tentatives d’assassinat. Plus récemment, Salman Rushdie ou Taslima Nasreen ont été persécutés à la suite de leurs écrits jugés blasphématoires. « Mais ce qui est nouveau, poursuit l’historien, ce sont que des jeunes qui ne sont pas forcément passés par l’université déclarent publiquement, par le biais des réseaux sociaux, qu’ils sont athées. »

    Avec l’avènement d’Internet, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Mais en rendant ainsi public leur renoncement à l’islam, ces athées s’exposent à de grands risques. Waleed Al-Husseini avait 21 ans en 2010 lorsqu’il a été arrêté dans sa ville natale de Qalqilya, en Cisjordanie. Son seul crime : se déclarer athée sur son blog au lieu de garder ce secret pour lui. Un « affront à l’encontre du sentiment religieux », selon un tribunal palestinien. Après dix mois d’emprisonnement, pendant lesquels il raconte avoir été torturé, il a finalement pu partir à Paris, où il a obtenu le statut de réfugié et où il a fondé la branche française du Conseil des ex-musulmans, en 2013.

    « Pas de faute plus grave »

    Pourquoi se définir comme « ex-musulman », alors que l’idée est précisément de se démarquer de la religion ? « Une fois qu’on arrêtera de vouloir me tuer, je pourrai cesser de me définir ainsi, explique Maryam Namazie. Je ne veux plus rien avoir à faire avec l’islam. Mais, aujourd’hui, force est de constater qu’il envahit encore ma vie. » Installée à Londres depuis 1979, cette Iranienne dérange par sa verve et son discours sans concession contre l’islam politique. En 2007, elle a eu l’idée de fédérer ceux qui, comme elle, ont renoncé à l’islam, au sein d’une association, le Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne.

    Depuis 2014, elle a organisé quatre conférences à Londres sur la liberté de conscience et d’expression. La dernière, les 22 et 23 juillet, était d’une ampleur inégalée : quelque 70 participants venus de trente pays se sont retrouvés dans une luxueuse salle de conférence de Covent Garden – un lieu tenu secret jusqu’au dernier moment par peur des agressions.

    Tour à tour, des athées du Maroc, du Liban, de Turquie, de Jordanie, du Pakistan… ont raconté à la tribune leur vécu fait de brimades, de persécutions et, souvent, d’exil, clamé leur absence de foi, défendu la laïcité, débattu et blasphémé sans crainte de représailles. « C’était le plus grand rassemblement d’ex-musulmans dans l’histoire », se félicite Maryam Namazie.

    Combien sont-ils, ces athées condamnés à se cacher pour ne pas être persécutés ? Difficile d’établir un chiffre. Mais, d’après un sondage international WIN/Gallup sur la religiosité et l’athéisme datant de 2012, 5 % des personnes interrogées en Arabie saoudite se déclaraient athées. La même proportion… qu’aux Etats-Unis ! Dans le monde arabe en général, 77 % des sondés se sont dits « religieux », 18 % « non religieux » et 2 % « athées », contre respectivement 84 %, 13 % et 2 % en Amérique latine, région majoritairement catholique.

    « Les autorités égyptiennes, elles, donnent des chiffres approchant de zéro ; mais si c’est le cas, on se demande bien pourquoi l’athéisme effraye autant la plus haute autorité religieuse du pays, l’université Al-Ahzar, dont un des oulémas a dit qu’il n’y a pas de faute plus grave que d’être athée », souligne l’historien Dominique Avon.

    « C’était asphyxiant »

    Selon le Rapport sur la liberté de conscience publié par l’Union internationale humaniste et éthique, une organisation fondée en 1952 à Amsterdam (Pays-Bas), l’athéisme, considéré comme un blasphème, une offense à la religion ou un trouble à l’ordre public, est pénalisé dans une trentaine de pays musulmans.

    Dans quatorze d’entre eux, comme l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan, le Qatar, l’Arabie saoudite ou encore le Yémen, la peine encourue est la mort, même si la plupart des pays ont renoncé à l’appliquer. Toutefois, la répression se poursuit. Un des cas les plus médiatisés a été celui du blogueur saoudien Raïf Badaoui, condamné en 2013 à mille coups de fouet et dix ans de prison. Malgré une mobilisation internationale demandant sa libération, il croupit toujours dans une cellule pour avoir osé critiquer l’islam.

    S’ils ne sont pas condamnés par les autorités, les ex-musulmans le sont par leurs proches. Imad Iddine Habib peut en témoigner. Ce Marocain de 27 ans, placé dans une école coranique à l’âge de 5 ans, a su très vite qu’il ne croyait pas en Dieu : « Je ne voulais plus aller à la mosquée ; c’était asphyxiant, je trouvais ça stupide. Or, pendant sept ans, c’est tout ce qu’on m’a fait étudier : la religion. A 13 ans, j’ai dit à ma famille que je ne croyais pas en Dieu. Elle m’a renié et je suis parti. » Pendant des années, il a vécu à la merci de « toute une économie qui, au Maroc, profite des enfants des rues », raconte-t-il sobrement.

    Aujourd’hui, Imad est réfugié à Londres. Il a participé à trois des quatre conférences organisées par Maryam Namazie. Il évoque son parcours d’une voix douce ; de longues dreadlocks entourent un visage poupon. Son histoire est pourtant aussi aride que le Sahara occidental dont il est originaire : « Mon propre père, soutenu par des avocats islamistes, a porté plainte contre moi quand j’ai créé le Conseil des ex-musulmans du Maroc. Alors, j’ai fui. »

    Blogs, forums et réseaux sociaux

    Mohamed Alkhadra, un Jordanien de 25 ans qui, adolescent, se disait salafiste et rêvait de « rétablir le califat », a, lui, décidé de cacher son athéisme à sa famille. « Elle serait détruite si elle l’apprenait. Mais ils n’ont pas accès à Internet, donc ils ne sauront pas », se rassure-t-il, alors qu’il attend de prendre la parole à la conférence de Londres. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, le changement est venu de la consultation du Web. « C’était une révélation d’apprendre que je pouvais quitter l’islam. Je ne savais même pas que c’était possible », s’amuse le Marocain Imad Iddine Habib.

    « Internet a permis de mettre les athées du monde musulman en connexion, de leur faire prendre conscience qu’ils ne sont pas seuls, qu’il ne s’agit pas forcément de blasphème que de douter, de se poser des questions », considère le sociologue Houssame Bentabet.

    Blogs, forums, réseaux sociaux… Les témoignages foisonnent, l’athéisme devient militant – et global. En novembre 2015, le Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne a lancé une campagne sur Twitter avec le mot-clé #ExMuslimBecause (« ex-musulman parce que »). En à peine vingt-quatre heures, 120 000 personnes de 65 pays ont publiquement expliqué pourquoi elles avaient quitté l’islam.

    La réaction des autorités, mais également des islamistes, ne s’est pas fait attendre. Certains prédicateurs n’hésitent pas à appeler à tuer les apostats. Au Bangladesh, ils ont été entendus : au moins six blogueurs et un éditeur ont été assassinés depuis 2015 en raison de leur athéisme. « Grâce à Internet, aux réseaux sociaux, consultables sur les téléphones mobiles, il y a de plus en plus de groupes de militants athées ou défendant la laïcité et la liberté de conscience », assure l’éditeur Ahmedur Rashid Chowdhury, lui-même brutalement attaqué en octobre 2015, et réfugié en Norvège, d’où il répond au téléphone aux questions du Monde. Fondateur du magazine Shuddhashar, il a édité de nombreux blogueurs athées.

    Toujours dans la peur

    Aucun pays à majorité musulmane n’est épargné par le phénomène. En Turquie, pays pourtant autrefois laïc, la situation s’est beaucoup dégradée depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, et en particulier depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 : agressions contre des femmes à cause de leur tenue vestimentaire ou contre des personnes ne respectant pas le ramadan, remaniement des programmes scolaires pour y remplacer la théorie de l’évolution de Darwin ou les principes d’Atatürk par des cours de religion et le récit du putsch raté.

    Même la Tunisie, qui fait pourtant figure d’exception dans le monde musulman, est concernée. Des mouvements de « dé-jeûneurs », qui refusent ostensiblement de respecter le ramadan, s’y sont développés, ainsi qu’au Maroc et en Algérie. Mais toujours dans la peur. « On a quand même du mal à dire qu’on est athée en Tunisie aujourd’hui, regrette la réalisatrice Nadia El Fani. J’ai été considérée comme terroriste simplement parce que dans mon film, Ni Allah ni maître, je défendais la laïcité. »

    Dénoncée par trois avocats proches du parti islamiste Ennahda, elle a été accusée en 2011 d’incitation à la haine de la religion et à… l’extrémisme religieux. Menacée de mort, elle s’est installée en France et n’a pu retourner en Tunisie pendant cinq ans, jusqu’au 4 novembre, à l’invitation des Journées cinématographiques de Carthage, pendant lesquelles son film Même pas mal a été projeté. Car, en juin, l’affaire a finalement été classée sans suite. « Les choses bougent », reconnaît-elle. Le 25 octobre, une organisation mentionnant explicitement l’athéisme dans ses statuts, l’Association des libres-penseurs, a été reconnue par les autorités tunisiennes. Une première dans le monde arabo-musulman.

    Les auteurs de violences rarement inquiétés

    D’autres signes témoignent d’un changement en cours dans les sociétés musulmanes. « Au Maroc, en 2016, six membres du Haut Conseil des oulémas, qui avaient pourtant signé quatre ans plus tôt une fatwa dans le sens contraire, ont écrit qu’il n’était plus possible, dans le contexte actuel, d’appliquer la peine de mort aux apostats », souligne Dominique Avon. Cette évolution laisse pourtant de marbre le Marocain Imad Iddine Habib : « Un peu facho, ça reste toujours facho. »

    Quoi qu’il en soit, les auteurs de violences à l’encontre des ex-musulmans sont rarement inquiétés par les autorités. Au Bangladesh, le gouvernement nie que des groupes islamistes inspirés de l’étranger soient actifs dans le pays, et les enquêtes tardent à aboutir, comme en témoigne Rafida Bonya Ahmed. En février 2015, cette Bangladaise marchait dans les rues de Dacca, la capitale, avec son mari, le blogueur Avijit Roy (édité par Ahmedur Rashid Chowdhury), lorsqu’ils ont été agressés à coups de machette. Elle a été gravement blessée. Lui n’y a pas survécu.

    Invitée à la conférence de Londres, cette petite femme déterminée, qui garde des séquelles visibles de son agression, raconte son calvaire d’une voix posée. « Dans certains cas, il y a eu quelques arrestations, mais peu d’assassins ont été jugés, explique-t-elle. En février 2016, les autorités ont dit avoir arrêté notre principal agresseur, mais quelques mois plus tard, alors qu’il était censé être sous surveillance, il a été tué dans une fusillade. » Depuis les Etats-Unis, Rafida Bonya Ahmed vient en aide aux blogueurs et aux écrivains athées persécutés dans son pays. « Après ce qui m’est arrivé, je pourrais être pessimiste et pleine de haine, ajoute-t-elle. Mais je ne le suis pas. Il faut continuer à nous battre pour les droits des athées. »

    Exil en Europe

    Selon les intérêts politiques du moment, les autorités répriment les expressions d’athéisme ou, au contraire, ferment les yeux et laissent faire, parfois sous la pression des pays occidentaux. Pour Rafida Bonya Ahmed, il ne fait aucun doute que le gouvernement bangladais veut s’assurer le vote des islamistes.

    « C’est clairement politique », abonde le sociologue Houssame Bentabet. Comme le pardon accordé par le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, alors qu’il effectuait une visite en Allemagne, au chroniqueur de télévision Islam Behery, condamné à un an de prison à la demande de l’université Al-Azhar parce qu’il critiquait certains textes de l’islam. Selon Houssame Bentabet, « cette grâce avait pour but de laisser croire que l’Egypte est du côté des libres-penseurs ». Et si l’Autorité palestinienne a été si intraitable avec Waleed Al-Husseini, dont l’influence de blogueur était pourtant négligeable, c’est certainement qu’elle se devait, à l’époque, de contrer les islamistes du Hamas.

    Alors, beaucoup choisissent l’exil. En Europe, ils se retrouvent dans une situation qu’ils n’auraient jamais imaginée en partant. Persécutés dans le monde arabo-musulman par les islamistes et les autorités, ceux qui ont renoncé à l’islam sont, en Occident, classés dans la catégorie des « islamophobes ».

    Pour les ex-musulmans, dont les positions ne sont pas monolithiques et qui sont traversés par les mêmes débats que le reste de la société – sur le port du voile ou le burkini, par exemple –, la critique de l’islam est aussi nécessaire que l’a été celle du catholicisme au moment de la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France, au début du XXe siècle. Mais les déclarations et prises de position à l’emporte-pièce de certains n’aident pas à pacifier le débat.

    Lorsque l’écrivain indien Ibn Warraq soutient que le problème n’est pas simplement l’intégrisme musulman, mais l’islam lui-même, le discours choque. Mais, se défendent-ils, il faut être radical pour critiquer l’islam. « Je dis : “Allons-y, rentrons-leur dedans !” Oui, on a le droit de hurler qu’on est athée, de trouver que les religions, toutes les religions, c’est stupide », s’enflamme la réalisatrice tunisienne Nadia El Fani, qui ajoute : « On n’a jamais vu un athée tuer un religieux. »

    Désenchantement face à l’« islamo-gauchisme »

    Pris dans un discours anti-islam souvent virulent, les ex-musulmans courent le risque de se faire récupérer. Ce que ses détracteurs appellent l’« islamo-gauchisme » – incarné dans le débat français actuel par le site Mediapart et son directeur, Edwy Plenel –, en condamnant toute critique de l’islam, laisse ces athées, souvent jeunes et sans grande expérience du militantisme, à la merci des véritables islamophobes.

    « L’ex-musulman a besoin de confirmer son choix, en permanence, analyse Houssame Bentabet. Il a ce besoin de cohabiter avec ce passé de musulman, de dire : “C’est ce que je ne veux plus être.” Et, dans cette reconstruction, il se peut qu’il y ait certaines récupérations, car il y a plus de chances d’être récupéré quand on doit refaire sa vie à 22 ou 23 ans. »

    C’est, très exactement, ce qu’a vécu Waleed Al-Husseini à son arrivée en France, après avoir passé dix mois dans les geôles palestiniennes. « Pour lui, cette torture, c’est l’islam, souligne Houssame Bentabet. C’est l’islam qui l’a empêché d’être libre dans sa pensée. »

    Le jeune homme, qui ne mâche pas ses mots, n’hésite donc pas à qualifier l’islam de « religion de terreur ». Immédiatement relayé par le site islamophobe Riposte laïque, Waleed Al-Husseini, qui a écrit dans Une trahison française (Ring, 300 pages, 18 euros) son désenchantement face à la frilosité d’une certaine gauche vis-à-vis de l’islamisme, ne se défend pas de cette proximité. « Ce sont les seuls à me soutenir ! », se justifie-t-il, plein d’amertume.

    « Les ex-musulmans tiennent sur l’islam un discours que d’autres n’osent pas tenir par peur d’être politiquement incorrects. Quelle hypocrisie !, s’emporte l’écrivain indien Ibn Warraq, signataire, aux côtés de l’essayiste française Caroline Fourest, de Maryam Namazie, de Taslima Nasreen ou encore de Salman Rushdie, du « Manifeste des douze », un appel à la lutte contre l’islamisme publié par Charlie Hebdo le 1er mars 2006. Les gens ont vite oublié ce qu’est “être Charlie” : c’est avoir le droit de critiquer l’islam, et même de s’en moquer. »

    Récupération par l’extrême droite

    Au cours de la conférence de Londres, il n’y a pas eu de mots assez durs contre cette gauche qui, selon bien des intervenants, laisse la critique de l’islam aux xénophobes, ce qui lui vaut d’être perçue par certains comme lâche, voire traître et irresponsable.

    Des victimes d’agressions ou de tentatives d’assassinat de la part des islamistes ne comprennent pas d’être assimilés à l’extrême droite. « Quelles sont vos priorités ? Pendant que nous mourons, vous parlez d’islamophobie ! », tempêtait alors à la tribune le jeune Jordanien Mohamed Alkhadra, applaudi à tout rompre.

    L’extrême droite, elle, ne s’embarrasse pas de précautions. Le Turc Cemal Knudsen Yucel raconte comment, après avoir fondé le Conseil des ex-musulmans de Norvège, où il réside depuis 2005, aucune personnalité politique ne l’a contacté. A part, bien sûr, l’extrême droite, qui a su adapter son discours et n’attaque plus frontalement les immigrés, mais s’en prend à l’islam – une stratégie également à l’œuvre en France, au Front national.

    Cemal n’y voit que du feu : « L’extrême droite n’est plus raciste en Norvège, assure-t-il, plein de candeur. Même le blogueur Fjordman, celui qui a inspiré Anders Behring Breivik [le terroriste néonazi responsable des attentats à Oslo et sur l’île d’Utoya, qui avaient fait 77 morts en juillet 2011], a changé. Il nous soutient, nous, les immigrés, il ne peut donc pas être raciste ! » Même discours chez Waleed Al-Husseini, qui nie partager les idées de l’extrême droite. « Les racistes, de toute façon, n’aiment pas les Arabes comme moi, dit-il. Si j’étais en Arabie saoudite, j’aurais une fatwa contre moi. Ici, dans le monde moderne, on me traite juste d’islamophobe. »

    Si les plus jeunes se laissent berner, leurs aînés ne cautionnent pas ces dangereux rapprochements. « On ne peut pas se compromettre avec Riposte laïque, martèle Nadia El Fani. Mais critiquer l’islam, exiger la laïcité comme nous le faisons, ce n’est pas être islamophobe. En revanche, ne pas prendre en considération la possibilité de la modernité dans les pays musulmans, ça, c’est du vrai racisme antimusulman. »

    La laïcité, celle dont jouissent la plupart des pays occidentaux, voilà, au final, le seul combat de ces militants pour l’instant inaudibles.

  • L’Égypte rend deux îlots stratégiques de la mer Rouge à l’Arabie saoudite - Le Monde

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/06/24/l-egypte-finalise-le-transfert-de-deux-ilots-de-la-mer-rouge-a-l-arabie-saou

    Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a officialisé, samedi 24 juin, le transfert à l’Arabie saoudite de deux îlots de la mer Rouge.
    Ces deux îles, Tiran et Sanafir, sont inhabitées mais sont situées stratégiquement à l’entrée du golfe d’Aqaba. Elles permettent de contrôler l’accès au port israélien d’Eilat grâce au détroit de Tiran.

    Sur @OrientXXI
    Analyse de Mada Masr et reportage de @AlainGresh http://orientxxi.info/magazine/le-pouvoir-egyptien-dans-l-imbroglio-de-l-affaire-des-iles-tiran-et-sana

    http://orientxxi.info/magazine/turbulences-dans-les-relations-entre-l-arabie-saoudite-et-l-egypte,1618

  • Non, #Benyamin_Nétanyahou n’a pas raté une proposition historique de paix au #Proche-Orient
    http://orientxxi.info/magazine/non-benyamin-netanyahou-n-a-pas-rate-une-proposition-historique-de-paix-
    http://orientxxi.info/local/cache-vignettes/L800xH398/a1de4c5c6d8c4f1a9f4e24175fe597-d53f9.jpg?1488115960

    Non, Benyamin Nétanyahou n’a pas raté une proposition historique de paix au Proche-Orient
    Orient XXI > Magazine > Elisabeth Marteu > 27 février 2017

    Le 19 février 2017, la presse israélienne se faisait l’écho de fuites émanant de l’ancienne administration américaine au sujet d’un plan de paix régional que John Kerry aurait proposé à Benyamin Nétanyahou en février 2016, réactivant l’initiative de paix entérinée par la Ligue arabe en 2002. Or, si l’ancien secrétaire d’État américain a bien organisé à Aqaba une réunion entre le premier ministre israélien, le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le regard porté sur cette initiative relève du fantasme et d’une relecture enchantée de l’histoire.

  • Kerry offered Netanyahu regional peace plan in secret 2016 summit with al-Sissi, King Abdullah - Israel News - Haaretz.com

    http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.772531

    Prime Minister Benjamin Netanyahu took part in a secret summit in Aqaba a year ago where then-U.S. Secretary of State John Kerry presented a plan for a regional peace initiative including recognition of Israel as a Jewish state and a renewal of talks with the Palestinians with the support of the Arab countries.
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    Jordan’s King Abdullah II and Egyptian President Abdel Fattah al-Sissi were also present at the meeting in the Jordanian city.
    Netanyahu did not accept Kerry’s proposal and said he would have difficulty getting it approved by his governing coalition. Still, the Aqaba summit was the basis for the talks that began two weeks later between Netanyahu and opposition leader Isaac Herzog (Zionist Union) on establishing a unity government.
    Details about the summit and the plan emerged from conversations between Haaretz and former senior officials in the Obama administration who asked to remain anonymous. The Prime Minister’s Bureau refused to comment.
    It was Kerry who initiated the conference. In April 2014, the peace initiative he had led collapsed, negotiations between Israel and the Palestinians entered a deep freeze and U.S. President Barack Obama declared a time-out in U.S. attempts to restart the peace process. Over the next 18 months Kerry focused on attaining an agreement with Iran over its nuclear program; an agreement was reached in July 2015 and ratified by Congress in mid-September.
    In October that year, Kerry renewed his work on the Israeli-Palestinian process following an escalation of tensions over the Temple Mount and a wave of violence in East Jerusalem and the West Bank.
    At the end of October, Kerry was able to achieve understandings confirming the status quo on the Temple Mount by Israel, the Palestinians and Jordan. As part of these understandings, Israel and Jordan launched talks over the placement of closed-circuit cameras on the Temple Mount, an idea that was never implemented.
    Two weeks later, Netanyahu came to Washington for his first meeting with Obama in more than a year – a period when the two leaders badly clashed over the nuclear deal with Iran.

  • L’Egypte et la Russie prévoient des exercices militaires conjoints
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/13/l-egypte-et-la-russie-prevoient-des-exercices-militaires-conjoints_5012716_3

    Pour la première fois, les armées égyptienne et russe vont mener des exercices militaires conjoints sur le sol égyptien, du 15 au 26 octobre, a annoncé mercredi un porte-parole de l’armée égyptienne.

    Ces manœuvres renforcent le rapprochement entre Moscou et Le Caire, qui a voté dimanche au Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de la contre-proposition de résolution russe sur Alep, rejetée à une large majorité par les autres membres du Conseil.
    […]
    Le journal russe Izvestia a rapporté cette semaine que Moscou discutait de l’ouverture d’une base aérienne militaire en Egypte, une information démentie par le porte-parole d’Abdel Fattah Al-Sissi, qui a déclaré au quotidien Al-Ahram qu’il n’autoriserait jamais l’établissement de forces étrangères sur son territoire.

    L’Egypte n’est cependant pas en position de force face à la Russie, qu’elle s’efforce de convaincre de reprendre les vols commerciaux entre les deux pays, suspendus depuis l’attentat qui a détruit l’an dernier un avion de ligne russe au-dessus du Sinaï, tuant les 224 personnes à bord.

    Le tourisme est vital pour l’économie égyptienne, au plus mal depuis le soulèvement contre le président Hosni Moubarak en 2011, et les Russes faisaient partie des rares vacanciers à se rendre en Egypte ces dernières années.

    • Pour ceux qui veulent lire :

      L’échec du putsch en Turquie ravit le Qatar... et désole le régime syrien

      LE MONDE | 19.07.2016 à 18h32 • Mis à jour le 19.07.2016 à 18h36 | Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
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      Des partisans de Recep Tayyip Erdogan à Istanbul, le 18 juillet 2016.

      Il y a ceux qui ont manifesté leur soulagement très bruyamment, ceux qui se sont félicités avec quelque retard et plus de modération, et ceux qui se sont tus mais n’en pensaient pas moins. Les réactions des dirigeants du Moyen-Orient à l’échec du coup d’Etat en Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet, sont révélatrices des lignes de fracture qui parcourent la région et de la polarisation suscitée par la politique et la personnalité du président Recep Tayyip Erdogan.

      L’Etat qui a le plus applaudi à l’écrasement des putschistes est le Qatar. Son émir, Tamim Ben Hamad Al-Thani, a appelé le chef d’Etat turc dès samedi matin, pour lui témoigner son soutien. La presse officielle qatarie a couvert l’événement de façon enthousiaste, en mettant l’accent sur la mobilisation des habitants d’Istanbul, qui ont contribué à barrer la route des militaires factieux.

      « La démocratie survit », clamait le Qatar Tribune, un quotidien anglophone, dans son édition de dimanche. Dans leur ensemble, les éditoriaux saluaient la maturité politique de la population turque, sans un mot ou presque pour la dérive autoritaire du « sultan » Erdogan.

      Lire aussi : Bruxelles joue les équilibristes face à la Turquie après le putsch

      Ce traitement témoigne des nombreuses affinités entre les deux pays, comme le soutien à l’islam politique et à la rébellion syrienne. Dans le régime islamo-conservateur d’Ankara, le Qatar a trouvé une sorte de grand frère diplomatique. Lorsqu’il a dû congédier, sous la pression de ses voisins du Golfe, les Frères musulmans égyptiens qu’il hébergeait sur son territoire, ceux-ci ont naturellement trouvé refuge en Turquie.

      Le renversement de M. Erdogan aurait été une catastrophe pour Doha, qui est relativement isolé sur la scène régionale depuis que le président égyptien Mohamed Morsi, issu de la confrérie, a été évincé du pouvoir par le général Abdel Fattah Al-Sissi, en 2013. Ankara a d’ailleurs prévu d’ouvrir une base militaire dans l’émirat, qui s’ajoutera à celle dont disposent déjà les Etats-Unis.

      Les autres monarchies de la péninsule arabique se sont également réjouies de la défaite des factieux turcs, mais avec moins d’effusion et d’empressement. L’Arabie saoudite a approuvé le « retour à la normale en Turquie sous la conduite du président et de son gouvernement élu », tandis que les Emirats arabes unis (EAU) ont exprimé leur attachement « à une Turquie stable et sûre ». A la demande d’Ankara, l’attaché militaire de l’ambassade de Turquie au Koweït, visiblement soupçonné d’avoir trempé dans le putsch, a été arrêté à Dammam, en Arabie Saoudite, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler vers l’Allemagne.
      « Malheureux » échec

      La couverture des médias audiovisuels saoudiens et émiratis a cependant été un peu hésitante dans les premières heures du coup d’Etat. La chaîne Al-Arabiya, propriété de Riyad, et son homologue Sky News Arabia, financée par Abou Dhabi, ont participé à la propagation de la fausse rumeur alléguant que M. Erdogan aurait demandé l’asile en Allemagne. Selon le commentateur libanais As’ad Abou Khalil, auteur du blog Angry Arab, un présentateur d’Al-Arabiya a même déclaré à l’antenne que le coup d’Etat avait « malheureusement » échoué.

      Lire la tribune du journaliste Ali Bayramoglu : La confrérie Gülen est responsable des troubles qui secouent la Turquie

      S’ils apprécient l’engagement anti-Assad d’Ankara, ainsi que le rôle de contrepoids à l’Iran que la Turquie joue à l’échelle régionale, les Saoudiens voient d’un mauvais œil son tropisme islamiste. Cette méfiance est encore plus prononcée à Abou Dhabi qui considère les Frères musulmans comme un mouvement terroriste et n’a jamais vraiment pardonné au Qatar de s’en être fait le sponsor durant les printemps arabes.

      A l’opposé de ces témoignages de soutien, plus ou moins affirmés, à M. Erdogan, deux Etats se sont distingués par leur assourdissant silence : la Syrie bien sûr, mais aussi l’Egypte. Ni l’une ni l’autre n’ont réagi à la mutinerie, qu’elles auraient évidemment voulu voir réussir. La première reproche à M. Erdogan, son ennemi public numéro un sur la scène internationale, de soutenir les groupes armés rebelles, qu’elle qualifie de « terroristes » ; la seconde ne tolère pas le soutien du président turc aux Frères musulmans et son insistance à qualifier le renversement de M. Morsi de « coup d’Etat ».

      Au Conseil de sécurité des Nations unies, l’Egypte s’est d’ailleurs opposée samedi à une déclaration appelant toutes les parties à « respecter le gouvernement démocratiquement élu de Turquie ». Selon des diplomates s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, l’Egypte, qui occupe l’un des sièges tournants du Conseil, a estimé que cet organe n’était pas à même de déterminer si le gouvernement turc avait été élu démocratiquement.
      « Dans le pire des scénarios,
      si Erdogan restait au pouvoir... »

      A Damas, dans la nuit de vendredi à samedi, peu après que les putschistes eurent annoncé prématurément leur victoire, des centaines de partisans du président Assad sont descendus dans les rues, drapeaux syriens en main, pour célébrer ce qu’ils croyaient être la chute de leur bête noire. Au Caire, c’est la presse semi-gouvernementale qui a trahi l’état d’esprit du pouvoir. Trois quotidiens, dont le vénérable Al-Ahram, visiblement plus pressés d’en finir avec Erdogan que de respecter les fondamentaux du journalisme, ont proclamé dans leur édition de samedi le succès du coup d’Etat.

      Même précipitation éloquente à la télévision. « Ce qui se déroule en Turquie n’est pas un coup d’Etat, pas du tout, clamait Ahmed Moussa, présentateur de l’un des talk-shows les plus regardés d’Egypte. C’est une révolution de l’intérieur de l’armée. Et à chaque fois que l’armée turque lance une révolution, elle gagne. » Pendant ce temps, sur la chaîne syrienne Sama, une présentatrice demandait à un analyste politique : « Dans le pire des scénarios, si Erdogan restait au pouvoir, que se passerait-il ? » Le dimanche, confronté au fiasco des putschistes, le quotidien syrien Al-Thawra trouvait la parade, en affirmant que le coup d’Etat est une machination destinée à salir la réputation de l’armée…

      En Israël, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a offert un soutien mesuré au mot près à M. Erdogan. Dans un communiqué laconique, publié quinze heures après le début des événements, alors que l’échec du coup d’Etat était patent, le ministère des affaires étrangères a déclaré qu’Israël « respecte le processus démocratique en Turquie et est impatient de poursuivre le processus de réconciliation » avec Ankara. Longtemps à couteaux tirés, du fait du drame du Mavi Marmara – un navire turc, en route vers Gaza, dont l’arraisonnement par des commandos israéliens a fait neuf morts en 2010 –, les deux pays ont signé fin juin un accord visant à normaliser leurs relations. Selon M. Nétanyahou, le coup d’Etat manqué ne devrait pas affecter ce rapprochement.

    • On a tout et son contraire sur le sujet. Les réactions américaines montrent que les occidentaux auraient été ravis de se débarrasser de ce gvt, du fait en particulier que les turques se rapprochent de la sphère russe. Le blocage de la base aérienne de l’OTAN en est un des éléments matériels.

  • #Égypte létale

    C’est encore pire qu’on le pensait. Cinq mois après la découverte du corps sans vie de l’étudiant italien #Giulio_Regeni, aux abords de l’autoroute Le Caire-Alexandrie, un rapport glaçant d’Amnesty International (AI) fait état de centaines de personnes torturées ou « disparues », victimes d’une vague de répression sans précédent depuis mars 2015. Étudiants, militants politiques ou protestataires, ados d’à peine 14 ans pour certains, ils ont subi la main de fer du président, Abdel Fattah al-Sissi.

    http://www.lecourrier.ch/140804/egypte_letale
    #disparitions

  • Israël : Nétanyahou en négociations avec l’extrême droite pour élargir sa majorité
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/05/19/israel-netanyahou-en-negociations-avec-l-extreme-droite-pour-elargir-sa-majo

    M. Nétanyahou a rencontré mercredi après-midi M. Lieberman. Des équipes de négociation ont été formées. L’ancien chef de la diplomatie s’est vu proposer le poste de ministre de la défense. Son entrée au gouvernement permettrait d’élargir de six sièges la coalition. M. Nétanyahou n’aurait plus à se soucier en permanence des petits chantages de certains membres du Likoud.

    Mais cette ouverture déporterait le gouvernement vers l’extrême droite, au risque d’un isolement accru d’Israël sur la scène internationale. M. Nétanyahou deviendrait aussi dépendant du bon vouloir de M. Lieberman, vieil adversaire personnel. Ce serait aussi une nouvelle douche froide pour les pays qui, comme la France, continuent d’agir pour relancer des négociations de paix israélo-palestiniennes, dont M. Nétanyahou ne veut pas. Mardi, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait appelé à une reprise du dialogue avec les Palestiniens, en soutenant l’idée d’un gouvernement d’union nationale en Israël. M. Nétanyahou avait salué cette intervention, avant de se tourner vers M. Lieberman dès le lendemain.
    […]
    En revanche, le ministre de la défense, Moshe Yaalon, issu pourtant du Likoud, a fini par exaspérer le premier ministre. M. Yaalon a systématiquement pris la défense de l’état-major, le félicitant pour ses rappels déontologiques. Il a défendu la liberté de parole des hauts gradés. Pour ne pas aliéner cette figure populaire, M. Nétanyahou songerait à lui proposer les affaires étrangères.

    Avigdor Lieberman, lui, était il y a quelques semaines en tête du rassemblement d’extrémistes défendant le soldat Elor Azria, jugé pour avoir abattu d’une balle dans la tête un agresseur palestinien inerte à terre, près d’Hébron. Il n’a cessé de critiquer la politique sécuritaire du gouvernement, face à la vague d’attaques palestiniennes depuis octobre 2015. En mars, l’ancien ministre avait posé dix conditions à son retour au gouvernement. Parmi elles : le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, la fin du contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, la reprise des assassinats ciblés de responsables terroristes, la construction de deux mille nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie ou encore l’interdiction des partis à la Knesset promouvant le « terrorisme ».
    Son éventuelle arrivée à la tête de l’armée, la première institution du pays, provoquerait des étincelles. C’est lui qui, juste avant les élections il y a un an, avait suggéré de « décapiter » les Arabes israéliens déloyaux. Mais derrière ces provocations se cache un calculateur ayant faim de pouvoir.

    • Du vide intersidéral, mais il faut toujours contourner la frustration des #PayWall

      Face à l’Iran, l’Arabie saoudite et ses alliés exhibent leur puissance militaire

      Le Monde | 12.03.2016 à 07h36 • Mis à jour le 12.03.2016 à 11h02 | Par Benjamin Barthe (Hafar Al-Batin (Arabie saoudite), envoyé spécial)
      Exercices militaires "tonnerre du Nord" à Hafar Al-Batin, en Arabie saoudite, le 10 mars 2016.

      Avec « Tonnerre du Nord », l’Arabie saoudite a voulu frapper fort. Cet exercice militaire de grande ampleur, organisé depuis un mois dans le nord-est du royaume, s’est achevé vendredi 11 mars dans le fracas des F-15 saoudiens. Les aéronefs ont fait hurler leurs réacteurs au-dessus du stade de Hafar Al-Batin, une ville de garnison, où des troupes et des colonnes de blindés appartenant à vingt nations différentes ont défilé sous le regard du roi Salman. Une démonstration de force adressée à l’Iran, le grand voisin honni, avec lequel l’Arabie saoudite est à couteaux tirés.

      Lire aussi : Les Iraniens unis face à la guerre en Syrie

      Présentées comme le plus grand rassemblement de forces armées dans le Golfe depuis l’opération « Tempête du désert », lancée en 1991, à la suite de l’invasion du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein, ces manœuvres ont réuni des dizaines de milliers de soldats. Des militaires venus principalement du Proche-Orient (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Oman, Bahreïn, Jordanie, Egypte), mais aussi du Maghreb (Maroc, Tunisie), d’Afrique subsaharienne (Sénégal, Tchad, Djibouti, Soudan, Mauritanie, Comores, île Maurice) et d’Asie (Malaisie, Maldives, Pakistan).

      De la presse locale, jamais à court de superlatifs, aux journalistes étrangers, conviés en nombre, en passant par la cérémonie de clôture, réglée au millimètre, et la débauche de munitions utilisées dans les simulations de combat, tout a été fait pour donner à ces manœuvres un retentissement exceptionnel. Quitte à gonfler les chiffres : les médias saoudiens ont d’abord parlé de 150 000 soldats, avant de passer, de manière inexpliquée, à 350 000. Des annonces jugées fantaisistes par le site britannique Jane’s, spécialisé dans les questions de défense, selon lequel l’exercice « Brightstar », qui a rassemblé en Egypte, en 1999, 73 000 soldats de 11 pays, était plus important que « Tonnerre du Nord ».
      Des Saoudiens prennent des photos des exercices militaires à Hafar Al-Batin, le 10 mars 2016.
      Coalition d’Etats sunnites

      A défaut de battre des records, le pays hôte a soigné le spectacle. Les dignitaires étrangers, conviés jeudi sous un chapiteau blanc dressé dans le désert, comme le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, ont assisté à une reconstitution de bataille particulièrement saisissante. Avec libération d’otages par des forces héliportées, attaques en piqué de chasseurs-bombardiers Typhoon, passage en rase-mottes d’hélicoptères Apache, arrosant les dunes d’un déluge de roquettes, barrage d’artillerie…

      A la fin de cette superproduction de trois heures, l’horizon était barré d’un immense rideau de fumée grise. « J’ai déjà assisté à des manœuvres de l’OTAN, mais je n’ai jamais vu autant de projectiles tirés en aussi peu de temps, faisait remarquer un attaché militaire occidental. Ils nous en ont mis plein les yeux. » « C’était impressionnant, mais l’important, c’est ce qui se passe avant le show de clôture, pendant les exercices à proprement parler, et là-dessus nous n’avons aucune information », nuançait un autre expert.

      L’objectif officiel consistait à tester l’interopérabilité des vingt armées participantes, qui figurent pour la plupart dans l’alliance islamique contre le terrorisme, annoncée en décembre par Mohammed Ben Salman, le fils du roi et ministre de la défense. Cette coalition d’Etats sunnites, qui ressemblait alors à une coquille vide, a trouvé, à la faveur de ces exercices, un début de concrétisation. Ses 34 membres ont prévu de se réunir pour la première fois, dans le royaume, d’ici à la fin du mois. L’organisation Etat islamique (EI) a perpétré plusieurs attentats sanglants sur le territoire saoudien, le dernier en date contre une mosquée chiite, remontant à la fin janvier.

      Lire aussi : La légion d’honneur en cachette pour le prince héritier saoudien

      Mais le message envoyé par « Tonnerre du Nord » était surtout destiné à l’Iran. La maison des Saoud est en situation de guerre indirecte avec la République islamique d’Iran dans deux pays de la région : en Syrie, où Riyad combat par alliés interposés le régime de Bachar Al-Assad, soutenu par des milices chiites pro-Téhéran, dont le Hezbollah libanais ; et au Yémen, où l’aviation saoudienne bombarde depuis un an les houthistes, une rébellion de confession zaïdite (une branche du chiisme), épaulée politiquement par l’Iran.
      « Posture plus offensive »

      Depuis le début de l’année, marquée par le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran, en représailles à l’exécution d’un célèbre dissident chiite saoudien, la tension entre les deux rivaux est montée en flèche. Vendredi, à l’instigation de Riyad, la Ligue arabe a désigné le Hezbollah comme une organisation terroriste.

      Au même moment, le haut gradé saoudien faisant office de Monsieur Loyal durant la parade de Hafar Al-Batin s’époumonait contre « les Iraniens de Téhéran et les membres du Hezbollah qui s’attaquent à [nos] terres ». Des propos révélateurs de l’état d’esprit des dirigeants saoudiens malgré les dénégations du porte-parole de l’armée, qui, trois jours plus tôt, assurait, sans convaincre, que « Tonnerre du Nord ne visait pas l’Iran ».
      « C’est un message pour Téhéran, mais c’est aussi une manière [pour Riyad] de faire pression sur ses alliés américains et européens »

      « L’exercice de cette année s’inscrit dans la posture plus offensive adoptée par Salman et son fils, analyse Jean-Marc Rickli, professeur au King’s College de Londres et spécialiste des questions de sécurité dans le Golfe. C’est un message pour Téhéran, mais c’est aussi une manière [pour Riyad] de faire pression sur ses alliés américains et européens, au moment où ils lâchent du lest sur Bachar Al-Assad et alors que ce dernier, avec l’aide des Russes, regagne de plus en plus de terrain. »

      Lire aussi : Le fils du roi Salman, un héritier pressé et ambitieux en Arabie saoudite

      Début février, Riyad s’était dit prêt à envoyer des forces spéciales en Syrie. Dans le cadre, officiellement, de la coalition anti-EI sous égide américaine, mais dans l’espoir, implicite, qu’un tel déploiement profite aux rebelles. Bien que saluée par Washington, l’initiative n’a guère de chances d’aboutir, la Maison-Blanche donnant la priorité aux négociations intersyriennes, qui doivent reprendre lundi 14 mars. C’est pour les préparer que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est rendu vendredi soir dans le royaume.

  • #ENI annonce la découverte du « plus grand » #gisement de #gaz en #Méditerranée de l’histoire

    La nouvelle ne pouvait pas mieux tomber pour le président égyptien, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, au moment où son pays fait face aux menaces du groupe terroriste Etat islamique, à une crise économique lancinante, à une forte poussée démographique et à une demande en énergie croissante que ses ressources et ses infrastructures sont incapables de satisfaire.

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/08/30/eni-annonce-la-decouverte-du-plus-grand-gisement-de-gaz-en-mediterranee-de-l
    #énergie
    cc @albertocampiphoto
    signalé par @ville_en

  • Égypte : contre-terrorisme, terrorisme, deux frères jumeaux (I)
    http://orientxxi.info/magazine/egypte-contre-terrorisme-terrorisme-deux-freres-jumeaux-i,0992

    Le président Abdel Fattah Al-Sissi vient d’entériner en ce mois d’août de nouvelles lois contre le terrorisme contraires à tous les principes de justice et criminalisant entre autres les journalistes qui contesteraient la version officielle du gouvernement. Et pourtant, jamais les actions violentes n’ont été aussi nombreuses en Égypte. Comment le contre-terrorisme alimente le terrorisme. Source : Orient XXI

  • Egypte : des nouvelles lois « anti-terroristes »
    http://www.lemonde.fr/international/article/2015/08/17/liberte-de-la-presse-l-egypte-adopte-une-loi-controversee_4727346_3210.html

    Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a ratifié, dimanche 16 août, une loi antiterroriste qui prévoit la création de tribunaux spéciaux, fournit des protections juridiques aux policiers chargés de la mettre en œuvre et prévoit une amende très lourde pour les journalistes qui rapporteraient des informations, c’est-à-dire si elles contredisent les communiqués officiels en cas d’attentat.

    titre initial (3h44) dans l’URL : Liberté de la presse : l’Égypte adopte une loi controversée
    à 8h59 : Égypte : des nouvelles lois « anti-terroristes »

    Pourquoi les guillemets ? Elles sont anti-terroristes ou pas ?

    • Enfin, une amende pouvant aller de 200 000 à 500 000 livres égyptiennes (entre 23 000 et 58 000 euros) est encourue par toute personne diffusant ou publiant de « fausses » informations sur des attentats ou des opérations contre des djihadistes. Un dispositif qui vise à la fois les médias, y compris étrangers, et les réseaux sociaux, sur lesquelles les voix dissidentes sont très actives.
      Les détracteurs de la loi estiment que ces amendes pourraient pousser à la fermeture des petites publications, et dissuader les autres médias de travailler de manière indépendante. Le gouvernement prévoyait initialement une peine minimale de deux ans de prison. Il y avait renoncé face à la colère locale et internationale.
      Mais une clause a été ajoutée autorisant les tribunaux à « empêcher les personnes condamnées à exercer leur profession pendant une période ne pouvant pas excéder un an, si l’infraction viole les principes de la profession ». Le métier de journaliste n’est pas spécifiquement mentionné.

  • « En comparaison avec la réalité du pouvoir d’Al-Sissi, l’ère Morsi fait figure de paradis perdu ! » Edito Le Courrier

    http://www.lecourrier.ch/129965/egypte_prime_a_la_repression

    (...) Mohamed Morsi a donc été condamné à mort samedi par le régime putschiste qui lui a succédé. Il devrait être accompagné sur l’échafaud par une centaine de Frères musulmans, dont le chef de la confrérie, Mohamed Badie.
    La décision judiciaire a surpris. Beaucoup d’observateurs pensaient que la précédente condamnation du leader islamiste à vingt ans de prison suffisait à le sortir du jeu sans trop embarrasser les alliés occidentaux. C’était mal connaître la détermination du président-maréchal Abdel Fattah al-Sissi dans sa campagne de terreur. Son message est limpide : rien n’arrêtera le gouvernement dans sa restauration de l’ordre ancien, et encore moins les Frères musulmans, voués à une traque infernale.
    Loin de nous l’idée de faire de M. Morsi et de ses « frères » des martyrs de la démocratie. (...) Reste qu’en comparaison avec la réalité du pouvoir d’al-Sissi, l’ère Morsi fait aujourd’hui figure de paradis perdu ! Selon Human Rights Watch, plus de 41 000 personnes auraient été incarcérées pour des motifs politiques entre juillet 2013 et décembre 20141. Sur ce nombre, plus de 7000 auraient passé au moins une année en prison ! A ce triste record viennent s’ajouter les quelque 1400 manifestants assassinés et plusieurs centaines de condamnations à morts, dont plusieurs ont déjà été suivies d’effet. (...) la liste est longue des trahisons du pouvoir militaire à l’égard de la révolution de février 2011 qu’il avait pourtant fait mine de défendre.
    Au plan international, cette politique liberticide et répressive n’a pas été sans conséquences : elle a permis à l’Egypte de retrouver un bien meilleur niveau d’investissements étrangers et de restaurer les alliances d’antan. (...)
    Mais le nouvel allié le plus enthousiaste est sans nul doute à chercher du côté de Paris. (...)