person:abdelaziz bouteflika

  • Algérie. La pasionaria trotskiste Louisa Hanoune en détention provisoire
    https://www.ouest-france.fr/monde/algerie/algerie-la-pasionaria-trotskiste-louisa-hanoune-en-detention-provisoire

    La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) algérien a été écrouée jeudi, à l’issue de son audition par la justice militaire, dans une enquête pour complots contre l’État et l’armée visant le frère du chef de l’État déchu, selon un responsable du PT.

    Louisa Hanoune « a été placée en détention provisoire », a déclaré le député Ramdane Youssef Tazibt, membre du bureau politique du Parti des Travailleurs (PT) algérien, précisant ne pas connaître les chefs d’inculpation qui lui ont été signifiés.

    « Elle a été convoquée comme témoin en lien avec les responsables arrêtés ces derniers jours » - Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, et deux anciens puissants patrons des services de renseignements - « et elle se retrouve à son tour arrêtée », a-t-il ajouté.

    Mme Hanoune est « le premier responsable politique à subir une telle dérive » de la justice algérienne, a-t-il dénoncé.

    La télévision nationale d’Algérie avait montré à la mi-journée Louisa Hanoune, candidate aux trois derniers scrutins présidentiels, arrivant seule au tribunal militaire de Blida (40 km au sud d’Alger), où elle avait été convoquée par un juge d’instruction militaire.

    La télévision n’avait pas précisé sous quel statut elle était convoquée, mais son parti avait affirmé qu’elle l’était en tant que « témoin ».

    Pour le PT, parti d’inspiration trotskiste fondé en 1990 lors de l’ouverture au multipartisme, cette incarcération est « une dérive gravissime, un acte de criminalisation de l’action politique indépendante et l’expression d’une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait »

    « Il s’agit là d’une mesure contre le peuple algérien et sa mobilisation révolutionnaire entamée depuis le 22 février 2019 », a ajouté le parti de Louisa dans un communiqué publié dans la soirée sur sa page facebook.

    #algérie

  • Algérie : la construction de la Grande mosquée d’Alger critiquée - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20190416-algerie-construction-grande-mosquee-alger-critiquee

    La Grande mosquée d’Alger est un projet pharaonique d’Abdelaziz Bouteflika. Son coût officiel s’élève à plus d’un milliard de dollars. C’est la troisième plus grande mosquée du monde, après les lieux saints de l’islam à La Mecque et Médine. Mais pour les Algériens, elle est surtout le symbole de la mégalomanie et de la gabegie d’un président qui a régné durant 20 ans. Aujourd’hui, Abdelaziz Bouteflika est parti, poussé à la démission par la rue et il laisse derrière lui un impressionnant édifice pas tout à fait encore achevé. Reportage.
    Depuis la terrasse de son appartement sur les hauteurs de la capitale, Djalil a une vue directe sur l’imposant minaret de cette Grande mosquée d’Alger. C’est un véritable gratte-ciel de 265m de haut qui surplombe le front de mer. Pour le jeune homme, cette mosquée est une splendeur qui aurait été une fierté pour l’Algérie, si malheureusement le peuple ne manquait pas de tout.

    « Au lieu de nous construire la plus grande mosquée d’Afrique, ils auraient dû nous construire le plus grand hôpital d’Afrique, estime Djalil. Le président Bouteflika lui-même est soigné en Suisse et en France, mais les pauvres citoyens, eux, ils sont contraints de rester ici. En Algérie, une simple grippe peut vous tuer. »

    Le chantier de cette gigantesque mosquée en pierre blanche a été lancé en 2012. Aujourd’hui, non seulement il accuse trois ans de retard, mais en plus le budget initial d’un milliard de dollars aurait été largement dépassé. Pour Djalil, c’est un énorme gâchis.

    « Regardez, au pied de cette Grande mosquée, il y a une autre mosquée qui existait déjà à cet endroit. En Algérie, il y a une mosquée à chaque coin de rue. Vous imaginez un peu ? Cette Grande mosquée peut accueillir 120 000 fidèles. Jamais ils ne réussiront à la remplir », dit-il.

    La Grande mosquée d’Alger occupe une surface équivalente à 28 terrains de football. Elle compte un musée, un centre culturel, un institut de formation et une bibliothèque. Elle devait prochainement être inaugurée par Abdelaziz Bouteflika, mais avec sa démission personne ne sait quand sera lancé le premier appel à la prière du minaret le plus haut du monde.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_mosqu%C3%A9e_d'Alger

    un minaret de 265m avec une surface de 28 terrains de foot, notre dame peut aller se rhabiller.

  • « La jeunesse algérienne a transformé notre cynisme en espoir » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/La-jeunesse-algerienne-a

    Quel est ton regard sur les manifestations actuelles ?

    « Pour tout avouer, je pensais qu’à la première marche du 22 février il n’y aurait pas beaucoup de monde. Les Algériens n’étaient pas sortis en 2014 après la quatrième élection de Bouteflika. La répression et l’achat de la paix sociale avaient complètement neutralisé la société. Aussi, le gouvernement jouait sur la peur en agitant le trauma de la décennie noire et, pour celles et ceux qui n’ont pas connu ces années-là, les syndromes libyen et syrien.

    J’avais sous-estimé toute une nouvelle dynamique d’autonomie et de désobéissance civile, qui s’est exprimée avec le mouvement des chômeurs dans le Sud en 2013 ou encore lors les manifestations contre les gaz de schiste à Ouargla en 2015. Une sorte d’archipel extérieur aux structures de l’opposition classique – c’est-à-dire la presse privée, les partis et les syndicats.

    Cette autonomisation vis-à-vis de l’État se traduit par des faits : des parents se saignent pour mettre leurs enfants dans le privé, des mosquées refusent les prêches officiels du gouvernement, des maisons d’édition osent sortir des livres qui peuvent être considérés comme “dangereux”...

    Il faut aussi évoquer les anciens militants communistes et trotskystes qui continuent à former des jeunes et à faire un travail de base. Sans parler des mouvements des femmes et des militants LGBT. Même dans la sphère islamiste, il existe des mouvements intéressants. Il y avait ainsi dans le pays un ensemble de flammèches allumées depuis vingt ans et qui ont convergé après ce choc de l’humiliation. »

    Qu’entends-tu par « choc de l’humiliation » ?

    « En 2014, les Algériens pensaient que Bouteflika allait mourir. Ils se disaient : “Il a bien servi le pays et ramené la sécurité. S’il veut mourir président, donnons-lui ce cadeau.” Il existait un large sentiment populaire d’indulgence. Mais l’annonce du cinquième mandat a été perçue comme une humiliation insupportable. Même les pro-Bouteflika, ceux qui font partie de sa clientèle sociale, ou les plus âgés qui ont toujours voté FLN pour “la stabilité”, se sont rebellés. En effet, les Algériens, qui sont très fiers de leur image et attachés à l’incarnation d’un président fort, ont vu que les médias étrangers présentaient leur président comme un vieil incontinent, faisant de Bouteflika une marque d’indignité.

    En parallèle, les cadres du FLN ou des partis proches des cercles du pouvoir ont eu des discours honteux, affirmant qu’en termes d’État social, l’Algérie était plus avancée que la Suède ou encore que Bouteflika était en pleine possession de ses moyens...

    Enfin, les oligarques sont devenus trop puissants : ils ont gangrené tous les appareils de l’État, les appareils sécuritaires, les appareils juridiques, la primature. Les Algériens tiennent beaucoup à “l’État papa” qui assure la redistribution de la rente. Sauf que ces oligarques corrompus ont capté tout l’argent public et fait s’effriter le modèle social algérien. »

    La décennie noire est régulièrement brandie par le régime pour opérer un chantage à la peur et un possible retour du chaos. Pourquoi cet épouvantail n’a-t-il pas fonctionné cette fois-ci ?

    « Pour la jeunesse d’aujourd’hui, l’État n’a aucune légitimité à parler des années 1990 : ce ne sont pas les gouvernants et leurs enfants, alors exilés à l’étranger, qui ont subi cette sale guerre, mais bien le peuple qui a payé le prix fort. Cette génération a par ailleurs vécu la décennie noire par procuration. La mienne, celle des quadragénaires, est dans le même cas vis-à-vis de la guerre de libération. Nous n’avons pas connu les douleurs et les haines de l’époque. Mais nous avons hérité de l’idéal d’émancipation et de liberté de cette période. Les jeunes Algériens ont la même distance avec les années 1990. Ils n’ont pas connu le trauma, mais portent les leçons tirées de cette décennie. »

    Quelles sont justement ces leçons ?

    « D’abord de toujours faire attention aux “barbus”. S’il y a eu des marches parallèles, des prières dans la rue, ça ne prend pas pour le moment. Les Algériens s’en méfient énormément. D’autant que l’une des grandes leçons tirées des années 1990, c’est l’enjeu de la violence. C’est pour cela que le slogan “Silmiya !” (pacifique) scandé par les manifestants est très important. Les jeunes disent aux autres générations : “N’ayez pas peur, soyez avec nous dans la rue, nous n’allons pas basculer dans la violence.”

    Ces immenses marches civiques et pacifiques sont là pour effacer le traumatisme des générations précédentes et neutraliser la tentation de répression de la part du pouvoir. Aujourd’hui encore, j’ai peur d’une instrumentalisation ou d’une provocation qui fasse dévier le mouvement. Surtout connaissant ce régime, car il en est capable. Au tournant des années 1990, des “individus anonymes” – en fait des barbouzes de l’État – fonçaient dans les manifestations en voiture et tiraient dans la foule... »

    Comment se transmet la mémoire autour de la décennie noire ?

    « Selon la version officielle de l’État, les années 1990 ont été une “tragédie nationale”, une période de l’histoire algérienne durant laquelle un groupe a utilisé la religion à des fins politiques, ce qui a mené à des assassinats et à des attaques terroristes. L’article 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale empêche toute remise en question de cette version [1]. Votée en 2006, elle promeut l’amnistie pour les agents de l’État et pour les terroristes ainsi que des indemnisations pour les familles de disparus. C’est une loi qui essaie de réparer ce qui s’est passé durant ces années.

    Il n’y a cependant pas d’événements officiels organisés et il existe juste un monument à Alger, qui recense les journalistes assassinés. Parce que ce sont des Algériens qui ont massacré d’autres Algériens, la position de l’État est de dire qu’il faut oublier assez vite cet épisode honteux de notre histoire. »

    Comment peut-on se réapproprier cette histoire, en dehors du récit officiel ?

    « Tout ce qui reste de ces années, ce sont les récits familiaux. Pas une famille algérienne n’a été épargnée. Ma propre tante, que j’ai croisée récemment lors des manifestations du vendredi, est une victime du terrorisme. Une bombe lui a explosé en plein visage lors de funérailles. Mais ça reste encore assez tabou et beaucoup de jeunes disent que leurs parents ne leur parlent jamais de cette période. Elle est pourtant profondément gravée dans notre inconscient collectif. Les attaques terroristes à Paris ont été un vrai choc en Algérie : elles ont réactivé ce que nous avions vécu durant ces années de plomb. »

    « Avec la décennie noire, c’est comme si le peuple avait l’exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire »

    « À partir des années 2000, en Algérie, il y a eu une explosion éditoriale des livres sur l’histoire de la guerre d’indépendance. Les Algériens ont été tellement surpris par la violence des années 1990 qu’ils se sont dit qu’il y avait sûrement un élément qui leur avait échappé dans leur histoire officielle, qu’ils ne se connaissaient pas assez bien. Ils sont restés sur une grande interrogation : pourquoi tant de violence ? D’où ça vient ? Il ne s’agit pas de savoir si elle est atavique. Ça, c’est le discours raciste et colonialiste. Mais de dire qu’il y a peut-être des choses que nous n’avons pas réglées entre nous et qui sont toujours là. Pour être précis, c’est l’histoire des premières années d’indépendance. À quel moment a déraillé le beau projet qu’on avait construit collectivement, un projet émancipateur, démocratique et progressiste, qui reconnaissait tous les enfants de l’Algérie, musulmans, juifs, chrétiens et athées ? Comme aurait dit l’écrivain Rachid Mimouni, auteur du Fleuve détourné (1982), grand roman sur les débuts de l’indépendance, il y a eu une puissance détournée par le parti unique et la dictature militaire, qui ont imposé que tous les Algériens soient bruns, musulmans et moustachus.

    Fin 1988, après le Printemps algérien, tous les espoirs étaient à nouveau permis. Une loi sur le multipartisme a mis fin à l’hégémonie du FLN. Les communistes et les trotskystes sont sortis de la clandestinité, les islamistes sont apparus sur la scène politique et la télévision publique n’était plus sous le joug des militaires. Une période de liberté incroyable. Mais lors de la décennie 1990, toute différence est devenue un problème. Cela a été le fondement de l’intégrisme islamique : détruire tout ce qui est autre. »

    Comment ne pas retomber dans ce piège ?

    « Ce qui se passe en ce moment dans les marches contre le régime, ce côté non violent et joyeux très spectaculaire – nettoyage collectif des rues après les manifestations, pas de jets de pierre à l’encontre des forces de l’ordre, voire scènes de fraternisation avec les flics – affirme que contrairement aux années 1990, il est possible de faire de la politique proprement et pacifiquement.

    L’État a toujours dit aux Algériens qu’ils étaient des sauvages, des incultes. Et que, quand ils essayaient de se pencher sur la politique, ils créaient du terrorisme et votaient pour des islamistes. Là, au contraire, le peuple est en train de répondre au régime. Son propos : “Vous, vous n’êtes pas aptes à faire de la politique. Or, nous savons fabriquer du politique autrement : sans violence, avec les familles qui sortent dans la rue et sans laisser les barbus faire ce qu’ils veulent.” Elle se situe là aussi, la leçon de la décennie noire. Comme si le peuple avait l’exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire.

    Ma génération porte en elle les traces d’un monde englouti et terrible, qui nous avait poussés au cynisme. Et la puissance de la jeunesse d’aujourd’hui, c’est qu’elle a transformé notre cynisme en espoir. »

    Cela fait penser à cette phrase taguée sur un mur d’Alger : « Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas envie de te quitter, mon Algérie »...

    « C’est un vrai changement d’imaginaire ! Un dessin récent du caricaturiste algérien L’Andalou montre des requins en mer Méditerranée râlant de ne plus avoir de harragas [2] à se mettre sous la dent. Autre phénomène incroyable, des jeunes franco-algériens viennent faire la marche le vendredi, et envisagent de rester définitivement ici. À leurs yeux, l’Algérie devient un pays où l’avenir est possible et non plus le bled, cette terre des parents, chiante, où rien ne fonctionne.

    Paradoxalement, c’est le pouvoir qui a provoqué cela. Ce n’est pas une balle mais un obus que ce régime s’est tiré dans le pied. »

    Que peut-il se passer dans les semaines à venir ?

    « L’État en est réduit à attendre chaque semaine la mobilisation du vendredi pour réagir ensuite... Quant à l’armée, elle est coincée. Le chef d’état-major est lié par un serment de fidélité au Président [quelques jours après cet entretien, le général Ahmed Gaïd Salah a tout de même fini par lâcher Bouteflika, NDLR]. Mais les militaires sont aussi les garants de l’intérêt public, de l’intégrité et de la sécurité du pays. L’armée demande aux décideurs de ne pas trop tirer sur la corde, pour ne pas faire basculer le mouvement dans une ligne plus conflictuelle et véhémente. Dans un de ses derniers discours, le chef de l’armée parle de la relation exceptionnelle entre l’armée et son peuple, du fait que les deux partagent une même vision de l’avenir. C’est un dilemme terrible pour quelqu’un à ce poste. Jamais il ne donnera l’ordre de tirer sur les manifestants, ça relève de l’impossible.

    Ce qui est intéressant, c’est que le rapport de force s’est inversé. Il existe une multitude de revendications issues de divers groupes sociaux ou professionnels tels que les avocats, les enseignants, les femmes, les imams, les journalistes, qui tentent de grignoter des droits, des avancées sociales et des mesures anti-corruption avant que le pouvoir ne reprenne la main d’une manière ou d’une autre. Et pour sûr, si chacun grignote de son côté, les attributs du système autoritaire d’aujourd’hui vont tomber demain. »
    Propos recueillis par Mickaël Correia & Margaux Wartelle

    _ La décennie noire _

    Fin 1988, après les émeutes du Printemps algérien, le multipartisme est autorisé. Les islamistes s’engouffrent dans la brèche. Au premier tour des législatives de 1991, le Front islamique du salut (Fis) arrive en tête. L’armée interrompt le processus électoral. S’ensuivent plusieurs années de guerre civile entre le gouvernement et divers groupes islamistes armés. Chaque camp se rend responsable d’immenses massacres et de milliers de disparitions forcées. La guerre s’achève au début des années 2000, peu après l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, qui fait voter plusieurs lois d’amnistie.

    L’État algérien reconnaît officiellement 60 000 victimes et près de 9 000 disparus, quand des estimations d’ONG évoquent quelque 18 000 disparus et jusqu’à 200 000 morts.

  • http://www.abcdrduson.com/mixtapes/libre-mix-rap-algerien

    « Pourquoi nos soleils sont-ils emprisonnés ? Pourquoi nos soleils sont-ils enterrés ? […] Je suis libre en Algérie, ma patrie, la mère des martyrs. » Ces paroles chantées en juillet 1969 à Alger, en langue arabe par la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, lors du tout premier festival panafricain, ont un échos tout particulier cinquante ans plus tard. Les paroles du morceau « Ifriqiya » écrites par Mustapha Toumi auraient parfaitement trouvé leur place sur les pancartes brandies par les trois millions d’Algériens présents dans les rues du pays ce 1er mars 2019. À cette époque, Miriam Makeba glorifiait la liberté procurée par ce sol algérien récemment indépendant, elle qui deviendra algérienne en 1972, alors exilée de son pays depuis 1959. Aujourd’hui, les Algériens cherchent à retrouver ce vent de liberté légendaire qui a un temps soufflé sur leur pays.

    Pendant les longues heures de marches selmiya (pacifiques) contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, le peuple algérien, qui brave l’interdiction de manifester depuis le 22 février, s’accompagne de musiques en tous genres : musiques traditionnelles qui rappellent les luttes pour l’indépendance, chants de supporters de football qui font oublier les velléités des derbies locaux (Ouled El Bahdja – « La Casa del Mouradia ») ou encore morceaux de rap repris en cœur par plusieurs générations de manifestants. Car la révolte est une source importante de création artistique et les dernières productions rap algériennes en sont la preuve.

    Ils s’appellent Raja Meziane, ZEDK, Phobia Issa, Lotfi DK, Zako, Flenn, SEF, L’Algérino ou encore Soolking. Qu’ils vivent sur la terre des fennecs, qu’ils soient issus de la diaspora algérienne et nés à l’étranger ou poussés à l’exil. Qu’ils aient choisi le dialecte algérien, le français ou le tamazight (berbère) pour faire passer leur message – parfois en mélangeant les trois – ils ont tous choisi le rap pour s’exprimer et ajouter leur voix à celle du chaab (peuple) pour crier « Système dégage ! » Entre prods trap et flows auto-tunés résolument modernes, ambiances boom-bap et textes au kilomètre plus classiques, inspirations orientales et voix teintées d’une mélancolie traditionnelle propre, le rap algérien n’entre dans aucune case.

    Il a certes retrouvé son essence protestataire en cette période charnière mais la diversité de cette sélection est à l’image du pays : dynamique, hétérogène et intrinsèquement contestataire.

    #rap #algérie #soolking #musique #rap_algérien #hiphop

  • DU BUTIN AU REPORT DU SCRUTIN, POUR QUEL DESTIN ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/03/20/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin

    « Les bons mûrissent, les mauvais pourrissent. » (Michel Audiard)

    A Hassen

    Premier martyr des manifestations pacifiques du Printemps algérien, neveu de Belhaffaf Ghezali, également premier martyr des manifestations pacifiques du 1er Mai 1945, assassiné par les forces coloniales à Alger, et fils du défunt Benyoucef Benkhedda, président du GPRA, victime d’un coup d’Etat du clan d’Oujda, qui continue à régenter la nation algérienne depuis 1962.

    Je suis l’Algérie toute entière. Je suis l’incarnation du peuple algérien », déclarait le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la télévision suisse TSR, lors du forum de Crans Montana, en 1999, d’où il annoncera le plan de la « concorde civile » sans vérité et justice, destiné aux… Algériennes et aux Algériens à partir de la Suisse ! Le message était clair : l’Etat, censé être le pouvoir dans sa diversité à travers des institutions qui résistent au temps et aux pouvoirs successifs, c’est un « Homme-Dieu » qui l’incarne.

    Le ton de la nouvelle gouvernance qui nous attendait était donné : détruire l’ordre politique et institutionnel en lui substituant une « mythocratie ». C’est plus qu’une dictature, parce qu’une dictature, elle, peut être combattue, car elle emploie des méthodes et des procédés grossiers et faciles à détecter.

    Par contre, contester un clan ou un pouvoir non institutionnel, qui utilise la « mythocratie » pour atteindre des objectifs inavoués afin de fructifier son butin mal acquis, relève de l’utopie, car il utilise une réalité sociale qu’il scénarise en manipulant les flux de désirs et les croyances comme substance propre du pouvoir.

    Pour cette « camarilla »(1), il n’y a plus de peuple, mais des histoires et des mythes, semant le trouble entre sacré et profane, en passant par la main étrangère, confondant stabilité et immobilisme, complaisamment véhiculés par des médias aux ordres, des ministres sinistres et des oligarques nourris à la manne pétrolière, qui organisaient notre devenir collectif, non pas par la lutte des classes, mais par la lutte pour… des places ! Cet état de fait est sournoisement distillé au sein de la société : pas besoin d’intelligence ni de compétence, l’allégeance ou l’extrait de naissance suffirait pour être aux commandes d’un ministère, d’une entreprise, d’une institution, quelle que soit son importance, ou bénéficier d’un marché juteux. Ainsi, les grands projets structurants piétinent, gangrenés par la corruption, d’où l’indigence et l’indélicatesse de certains responsables à tous les niveaux de l’Etat, avec en prime l’impunité garantie. Comment sommes-nous arrivés à cette catastrophe ?

    Le butin

    Le 2 mars 1956, c’est la fin du protectorat au Maroc. Le roi Mohammed V rentre au pays après son exil forcé à Madagascar. Les autorités françaises lui imposent un certain Oufkir comme aide de camp dès son intronisation. Oufkir, capitaine sous le drapeau français, devient colonel. Il avait pour mission de réduire l’influence de l’Armée de libération nationale marocaine, d’atténuer le plébiscite autour de la légitimité des partis nationalistes, notamment l’Istiqlal et l’UNFP, et de créer les structures policières et de surveillance officielles. Cette ascension spéculaire ne laisse pas indifférents « des lycéens et étudiants d’origine algérienne qui vivaient au Maroc dans des conditions de vie parfaitement pacifiques et heureuses. Des conditions qui étaient tout à fait déséquilibrées, cependant, par rapport à celles de leur peuple et de leurs frères étudiants qui mourraient en Algérie »(2). Ces jeunes lycéens et étudiants constitueront la promotion Larbi Ben M’hidi, ossature du Malg. Leur directeur de stage, Khelifa Laroussi, adjoint de Boussouf, ami du désormais colonel Oufkir , leur avait décrété : « Vous êtes les futurs ministres de l’Algérie indépendante ! »(3) La messe est dite. Attendre l’indépendance du pays pour conquérir le pouvoir par tous les moyens.

    Dès la proclamation de l’indépendance, le 5 juillet 1962, le clan d’Oujda fomente son premier coup d’Etat en démettant violemment le GPRA basé à Tunis et impose à la tête de l’Etat Ahmed Ben Mahjoub Ben Embarek dit Ben Bella, porté par Djamel Abdel Nasser après avoir été travaillé au corps à corps par Fethi Dib, le chef des services de renseignement égyptiens. N’était la sagesse du président Benkhedda, l’indépendance aurait été arrosée d’un bain de sang. Le un million et demi de chouhada aurait été multiplié par deux, avec autant de veuves et de blessures à panser. Une nouvelle série noire commence pour la jeune nation, avec son lot de complots, d’assassinats politiques et d’exils forcés. Le 19 juin 1965, Ben Bella est à son tour déposé par un coup d’Etat militaire, fomenté par son ministre de la Défense, le colonel Boumediène, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, entre autres. Comble de l’ironie, le nouveau maître de l’Algérie, dans son allocution télévisée au lendemain du coup de force, annonçait « le redressement révolutionnaire » (ettas-hih ethawri). Rien que ça ! En d’autres termes, nos vaillants révolutionnaires et chouhada du devoir, source de notre indépendance, s’étaient trompés. 1954/1962 a été une sinécure, comme celle passée aux frontières attendant le moment propice pour s’approprier l’Algérie : son sol avec les Algériens que nous sommes et son sous-sol avec ses richesses.

    Confortablement installés aux commandes du pays, les nouveaux « maîtres » de l’Algérie prennent toutes les commandes de la direction de la Sécurité militaire en la structurant à la mode Oufkir : la société toute entière est étroitement surveillée, dédain envers les vrais moudjahidine et réécriture de l’histoire à leur convenance. Toute voix discordante est vouée aux gémonies. Il fallait attendre Octobre 1988 pour respirer un semblant d’accalmie et d’ouverture. Malheureusement, la « décennie noire » et ses douloureux événements plongeront encore une fois l’Algérie dans la douleur.

    1999, nouvelle ère avec des responsables recyclés du défunt MALG en costumes- cravates, bien introduits dans les affaires. C’est le début de la gouvernance par l’offense, par la destruction du collectif et la substitution du citoyen par le croyant. La mythocratie s’installe en profondeur avec un credo : dépenser sans penser en bradant les richesses du pays, idolâtrant le conteneur, se frottant les mains pour le gré à gré et assaisonnant le tout de « tchipa »(4). Juste à titre d’exemple, pourquoi le code des marchés publics a-t-il été amendé au moins sept fois depuis 1999 ? La loi anticorruption n’a-t-elle pas interdit la dénonciation des délits de corruption par le citoyen ? Pour pouvoir le faire, il faut être membre du… conseil d’administration de l’entité dénoncée.

    Ainsi, l’impunité est garantie : « Hommes du sérail, enrichissez-vous ! », semble clamer ce pouvoir de la prédation. Au lieu d’encourager le libéralisme politique, le régime s’empressa d’aller vers le libéralisme économique sauvage, avec son lot d’oligarques qui « organisent » même la vie politique à travers la « chkara ».

    Le scrutin et son report

    « Si les élections devaient changer les choses, il y a longtemps qu’elles auraient été interdites », me disait Ali Yahia Abdennour du haut de ses 98 ans. En effet, la fraude électorale n’est pas une nécessité, mais un principe. Le chef du moment sait qu’il passera, son unique souci réside dans le taux de suffrages amassés à son avantage, toujours au-delà des 90%, sinon « il rentre chez lui ». Le nouveau vice-Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, chargé de mener leur transition, dans une récente déclaration, rassurait les Algériens en leur promettant que cette fois-ci « les élections seront transparentes » ! Une façon explicite de reconnaître l’illégitimité de toutes les institutions. Pour ce qui est du report des élections à une date non arrêtée, cela relève, au-delà de son inconstitutionnalité, de la ruse et de la manigance politicienne. Gagner du temps et se refaire une virginité.

    Le destin

    Après vingt années d’anesthésie générale, distillée par doses homéopathiques, la jeunesse, qui, quand elle se lève se soulève, sort de son fatalisme imposé et réclame sa « liberté ». C’est l’échec de la banalisation de la maladie du Président qui accéléra le processus du recouvrement de la liberté et de la dignité qu’elle procure. Le régime de la prédation et de la faillite, tapi derrière la ligne Morice et qui a remporté la mise en 1962 avec sa communauté d’obligés, a été surpris par cet élan de la jeunesse qui n’a pas connu l’Aqmi ni le FMI, entouré de tout le peuple comme un seul homme.

    Le régime, en terrain conquis, n’avait pas prévu le torrent humain qui risque de l’emporter. En ayant détruit tous les mécanismes de la société, empêché l’émergence d’un leadership, il s’est fait piéger. Car les Algériens n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs angoisses et leurs espérances, ils n’ont en aucune manière pu fixer l’agenda et les priorités, trop longtemps restés en dehors du jeu politique livré aux seuls appareils des partis qui ont leur propre agenda et qui affichent une rupture inquiétante avec la population. L’Algérienne et l’Algérien, toutes catégories confondues, pensent, qu’à une ou deux exceptions près, en Algérie, il n’y a que des partis uniques ! Le pouvoir l’a ainsi voulu.

    Et pour cause, l’homme du consensus est devenu l’homme du refus général. Aucun interlocuteur avec qui discuter ou négocier son départ. Et pour notre bonheur, ce mouvement populaire, pacifique et civique n’a pas de tête. Le régime l’aurait décapité. Les hommes de « devoir et non de pouvoir » émergeront, et j’en suis convaincu. Ils mettront fin à cette dictature d’adhésion qui a hypothéqué l’avenir de tout un peuple.

    Par Hanafi Si Larbi , 

    hanafisilarbi@gmail.com

    Post-scriptum :

    1- Monsieur le président Macron, soyez rassuré, vous n’aurez pas à vous soucier des boat-people, les jeunes Algériens resteront dans leur pays. Par contre, attendez-vous à des yacht-people à qui vous demanderez, au nom de l’humanité, l’origine, sinon la traçabilité de leur fortune.
    2- BHL : chuuuutttt, c’est une affaire de famille.
    Notes :
    1- Camarilla désigne, avec une connotation péjorative, un groupe de conseillers du prince. Habituellement, ceux-ci n’ont pas de fonctions ministérielles et ne sont pas détenteurs d’une autorité officielle : ils conseillent le souverain de façon informelle.
    2- Colonel Hamlet, ancien responsable du MALG et ensuite des services techniques de la SM – interview in Le Soir d’Algérie 23 et 24 juin 2008.
    3- Idem
    4- Tchipa : terme voulu sympathique pour désigner la désastreuse corruption.
    Bibliographie :
    1- Fethi Al Db Abdel Nasser et la Révolution algérienne Edition L’Harmattan
    2- Hocine Aït Ahmed Mémoires d’un combattant, Edition Sylvie Messinger
    3- Leila Benammar Benmansour La crise de l’été 1962 Collection Etudes et documents

    http://lequotidienalgerie.org/2019/03/19/du-butin-au-report-du-scrutin-pour-quel-destin

  • L’#ONU classe la #France au même rang que le #Soudan et le #Zimbabwe sur les #violences_policières

    Les policiers algériens ont refusé de brutaliser les manifestants qui sont descendus dans les rues pour protester contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika . Aucun tir de flash ball ou de gaz lacrymogène. Au milieu des manifestants, ils ont été applaudis comme des héros.

    Par contre, le Haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a demandé mercredi à la France qui se proclame pays des droits de l’homme, de mener une enquête sur les cas de violences policières pendant les manifestations des Gilets jaunes.
    « Nous encourageons le gouvernement [français, ndlr] à poursuivre le dialogue […] et l’exhortons à mener une enquête complète sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », a-t-elle déclaré devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève.

    Michelle Bachelet est même allée plus loin, comparant la situation en France à celle des répressions violentes au Venezuela, à Haïti et dans les pays africains dont le Soudan, le Zimbabwe où les manifestants « réclament un dialogue respectueux et de vraies réformes ».

    La France se dit étonnée de l’exigence formulée par l’Onu d’ouvrir une enquête sur « l’usage excessif de la force », de se retrouver sur une liste entre le Venezuela qu’elle critique et Haïti à qui elle donne des leçons de démocratie.

    Sur fond de l’exigence des Nations unies d’ouvrir une enquête sur « l’usage excessif de la force » à l’encontre des manifestants, qui a de nouveau marqué l’acte 16 des Gilets Jaunes , le porte-parole du gouvernement français , Benjamin Griveaux, s’est exprimé sur le sujet à la sortie du conseil des ministres au Palais de l’Élysée.

    « Il faut […] s’étonner tout de même de se retrouver cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti où il y a eu des morts […] des morts nombreux », a-t-il dit.
    Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a réagi lui aussi à la nouvelle.

    Poursuivant son allocution, Benjamin Griveaux a rappelé que des enquêtes avaient été lancées « notamment par l’Inspection générale de la police nationale » et a fait état de 162 enquêtes ouvertes à la date du 1er mars. Il a souligné dans ce contexte que « la moindre des choses » était d’écouter les Nations unies et « de les prendre en considération ». Avant d’ajouter toutefois :
    « Il est bien de voir le verre à moitié vide […], mais il est de mon devoir de rappeler que parfois il peut être vu à moitié plein ».

    Le Conseil d’État français a rejeté début février la demande de suspension de l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD). Il avait été saisi par la CGT, la Ligue des droits de l’Homme, le syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats de France, qui jugent leur usage dangereux, ainsi que des personnes blessées par des tirs à Nîmes et Montpellier.

    On comprend donc maintenant pourquoi les dictatateurs d’Afrique francophone continuent à tirer à balles réelles sur des manifestants sans jamais être interpellés par le gouvernement français. L’exemple vient de la France.

    http://courrierdesjournalistes.com/blog/lonu-classe-la-france-au-meme-rang-le-soudan-et-le-zimbabwe
    #ranking #c'est_pas_glorieux #maintien_de_l'ordre #classement
    ping @davduf

    • Les tirs de #LBD face aux #gilets_jaunes ont littéralement explosé

      Un #rapport sénatorial publié ce lundi dévoile des statistiques éloquentes sur l’évolution de l’usage très controversé des lanceurs de balles de défense.

      On savait que le nombre de tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) avait explosé en réponse à la contestation inédite des gilets jaunes. On sait désormais avec précision dans quelles proportions et elles sont éloquentes.

      Le Sénat, qui examinait une proposition de loi communiste réclamant l’interdiction des LBD, a publié le rapport de la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio, censé éclairer la commission des Lois de la Chambre haute. Comme l’a repéré le site spécialisé Dalloz Actualité, ce rapport dévoile pour la première fois des statistiques précises, obtenues auprès du ministère de l’Intérieur et de l’IGPN, sur l’évolution de l’usage très controversé des LBD tant par les forces de police (tous services confondus) que par la gendarmerie.

      On y découvre notamment que le LBD, présenté par le gouvernement comme une arme non-létale classique destinée au maintien de l’ordre, n’avait jamais été employé à une telle fréquence par le passé. Déployés à grande échelle dans le cadre des manifestations de 2016 contre la loi Travail de la ministre de l’époque Myriam El Khomri, les tirs de LBD ont connu une accélération impressionnante en 2018, essentiellement lors du dernier trimestre de l’année, marqué par la crise des gilets jaunes.

      Comme vous pouvez le voir sur le tableau ci-dessus, le nombre de tirs effectué par les seuls services de police est passé de 3814 en 2014 à 6604 en 2016. Un chiffre multiplié par trois en 2018 avec pas moins de 19.071 tirs effectués par les différents services de police.

      S’appuyant sur des données de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui enquête sur les cas de violences policières liées notamment à l’usage des LBD, la sénatrice pointe que, sur la seule période de crise des gilets jaunes, allant du 17 novembre 2018 au 5 février 2018, la police a effectué 13.460 tirs tandis que la gendarmerie en réalisait près d’un millier. Soit plus des deux tiers du volume constaté pour la seule année 2018 en l’espace de trois mois.

      Jeudi dernier, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez avait évoqué devant le Sénat « 13.095 tirs de LBD depuis le début du mouvement », et 83 enquêtes en cours concernant des tirs de cette arme controversée.
      La police loin devant la gendarmerie

      Autre confirmation apportée par le rapport sénatorial, ce sont bien les services de police et non les gendarmes qui ont eu le plus recours à cette arme non-létale pendant les trois mois de crise. Deux explications sont mises en avant. La première concerne la géolocalisation des manifestations des gilets jaunes, qui ont eu lieu essentiellement en milieu urbain, terrain de prédilection des compagnies républicaines de sécurité.

      PRÉCISION : Ce point soulevé par la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio a fait réagir les forces de gendarmerie. Après publication de cet article, une source officielle a précisé au HuffPost que les gendarmes mobiles interviennent très régulièrement en renfort en zone police, comme ce fut le cas lors de la crise des gilets jaunes, avec un taux de mobilisation qui a parfois atteint les 100% certains samedi.

      Autre facteur décisif aux yeux de la sénatrice, l’immense majorité de ces tirs ont été le fait d’unités de police non spécialisées dans le maintien de l’ordre qui ont été déployées sur le terrain « à des fins judiciaires ou de renseignement ». Selon le rapport, ces unités seraient à l’origine de 85% des tirs effectués sur les trois derniers mois.

      La présence sur le terrain de ces unités avait été pointée du doigt par les détracteurs du LBD pour expliquer le caractère alarmant des blessures graves subies par certains manifestants après des tirs au visage, pourtant expressément bannis par le protocole officiel de la police nationale.

      Le rapport sénatorial n’établit pas toutefois de lien de causalité direct entre la nature des unités de police à l’origine des tirs et les blessures infligées. Il précise en revanche que ce recours « massif » aux LBD s’est accompagné d’une « augmentation du nombre de plaintes pour blessures », affichant le nombre de 56 plaintes déposées contre les seules forces de police, contre une seule pour la gendarmerie. En séance, la présidente du groupe CRCE, Eliane Assassi, avait avancé la semaine dernière les chiffres de « 206 blessures à la tête dont plusieurs dizaines liées à des tirs de LBD », et « 22 personnes éborgnées par ces tirs ».

      Si elle a rejeté la proposition de loi visant à interdire les LBD, la commission des Lois du Sénat a, sur la base de ce rapport, souligné dans la lignée de sa rapporteure la « nécessité de renforcer la formation continue des agents jugée aujourd’hui insatisfaisante pour garantir une parfaite maîtrise de cette arme ».

      https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/11/les-tirs-de-lbd-face-aux-gilets-jaunes-ont-litteralement-explose_a_23689540/?ncid=other_huffpostre_pqylmel2bk8
      #statistiques #chiffres

    • J’apprends dans l’article de Libé ci-dessus, posté par @le_bougnoulosophe que le nouveau préfet Didier Lallement est à l’origine de la création des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS)

      Didier Leschi, aujourd’hui directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration tempère le portrait apocalyptique fait de son compère issu, comme lui, du « chevènementisme » : « C’est un excellent technicien, à la grande rigueur intellectuelle. Au plan administratif, il est plutôt réformateur. Son passage à la tête de l’administration pénitentiaire [où il fut le créateur des équipes régionales d’intervention et de sécurité –unité d’élite] a été salué par les syndicats, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. »

      ça a en effet le mérite d’être souligné

      Composées de surveillants de plusieurs prisons, les Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS) ont comme mission d’intervenir « cagoulés » dans les prisons pour effectuer des d’opérations « coups de poing » afin d’assurer la sécurité. Or, comme il fallait s’y attendre, des dérapages ont déjà commencé. Intervenant comme des commandos, entraînés et préparés psychologiquement à venir à bout de toute résistance, et couverts derrière l’anonymat, ils se sont livrés, depuis le mois de mai dernier, à des excès de zèle dans les quartiers d’isolement de trois prisons (Bois d’Arcy, Lannemezan et Clairvaux). Ils entrent à plusieurs dans la cellule (10 cagoulés contre un détenu, à Bois d’Arcy), les obligent à la fouille intégrale, et en cas de refus, ils les passent à tabac et, les tenant immobilisés, les forcent à la fouille intime. A Bois d’Arcy, les récalcitrants à la fouille à corps, ont également eu droit, après le passage à tabac, à un défilé de force, nus, dans les couloirs de la prison et en présence du personnel également féminin.

      http://prison.eu.org/article.php3?id_article=3240
      http://prison.eu.org/spip.php?rubrique638

      L’armement des opérateurs des ERIS comprend :

      le pistolet Glock 17 ;
      le fusil à pompe Remington 870 ;
      le fusil d’assaut HK G36 C ;
      Flash ball (lanceur de balle de défense (LBD)), et le Taser ;
      Grenades DBD (Dispositif Balistique de Désencerclement)
      https://www.sapl-sas.com
      Avec ce genre d’attirail ce n’est plus la force qui doit rester à la loi mais la loi imposé par la force.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Lallement

      #ERIS

  • En Algérie, la contestation ne faiblit pas
    https://la-bas.org/5474

    Depuis l’officialisation du renoncement d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel, beaucoup d’Algériens continuent de prendre la rue. Ils contestent la prolongation du mandat de l’actuel président, 82 ans et très diminué. À en croire les réseaux sociaux et la presse du pays, vendredi prochain sera à nouveau une journée de mobilisation monstre à travers le pays. En attendant, des manifestations ont lieu quotidiennement. C’est le cas à Alger ce mercredi 13 mars, où lycéens, étudiants et enseignants se font entendre place Maurice-Audin et devant la Grande Poste, dans le centre-ville de la (...) Continuer la (...)

    #Radio #Afrique #Luttes

  • #Algérie : Le président #Bouteflika reporte / remporte l’élection présidentielle... Il prolonge son règne et met fin aux fonctions du président et des membres désignés de la HIISE, la « Haute instance indépendante de surveillance des élections »... Désolée, pour l’instant il n’y a pas vraiment de bonne nouvelle.

    L’annonce a fait sont effet : dans la précipitation et l’envie d’une « victoire », tous mes médias ont repris le (mauvais) résumé du communiqué présidentiel : « Bouteflika renonce à un 5e mandat en Algérie, la présidentielle reportée »
    Sauf qu’à y regarder de plus près, c’est plutôt : Bouteflika prolonge in-extremis son 4ème mandat, sine die puisque le report de l’élection prévue initialement le 18 avril 2019 n’a aucune date fixée, devant se tenir après un remaniement ministériel (qui a commencé dans la foulée) et une « Conférence nationale inclusive ».
    Meilleur résumé donc : Le président Bouteflika reporte / remporte l’élection présidentielle
    https://twitter.com/BenkhelifSaad/status/1105184208379625472

    Texte intégral du communiqué : "Le président Bouteflika adresse un message à la nation annonçant le report de l’élection présidentielle"

    Chères concitoyennes,
    Chers concitoyens,
    L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique. /.../

    http://www.aps.dz/algerie/86748-le-president-bouteflika-adresse-un-message-a-la-nation-annoncant-le-report

    "Le président Bouteflika signe deux décrets"

    Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé lundi deux décrets présidentiels, dont un portant création de poste de vice-Premier ministre, indique un communiqué de la Présidence de la République.

    http://www.aps.dz/algerie/86752-le-president-bouteflika-signe-deux-decrets

    ALGER - Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé lundi un décret présidentiel mettant fin aux fonctions du président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, et des membres désignés de cette instance, indique un communiqué de la Présidence de la République.

    http://www.aps.dz/algerie/86755-le-president-bouteflika-met-fin-aux-fonctions-du-president-et-des-membres-

    La Une de El Watan demain : « La dernière ruse de Bouteflika : il annule la présidentielle mais reste au pouvoir »
    https://twitter.com/sofiaouahib/status/1105218318590509056


    Autre compte à suivre : https://twitter.com/LeilaBeratto

    • Vu d’Algérie.Présidentielle : les “zones d’ombre” derrière le prétendu retrait de Bouteflika
      https://www.courrierinternational.com/article/vu-dalgerie-presidentielle-les-zones-dombre-derriere-le-prete

      Mais il subsiste beaucoup de zones d’ombre dans le texte présidentiel. À la fin du message, il est clairement indiqué que le président restera jusqu’à l’élection de son successeur.

      Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu.”

      Ce qui signifie qu’il restera en poste au-delà du 18 avril, sans préciser sur quelle base juridique la décision a été prise puisque la constitution ne prévoit pas la prolongation de mandat. Ce qui ressemblerait à la proposition faite en décembre dernier par certains partis de l’Alliance présidentielle, soit le report de l’élection et la prolongation du mandat actuel du président. En résumé, le pouvoir cède sur le cinquième mandat mais garde la main sur la gestion de la transition.

      L’idée fut rejetée unanimement par l’opposition. Qu’en pensera-t-elle maintenant ? Et surtout, que pensera la rue maintenant que Bouteflika propose une transition gérée par le pouvoir ?

  • Algérie - Déclaration de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (11.03.19) - France-Diplomatie - Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/algerie/evenements/article/algerie-declaration-de-jean-yves-le-drian-ministre-de-l-europe-et-de

    (...) Au lendemain des grandes manifestations, qui se sont déroulées dans le calme et la dignité à travers toute l’Algérie, la France exprime l’espoir qu’une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s’engager rapidement. (...)

    #poutre_et_paille

    • Il a annulé la présidentielle et reste au pouvoir : La dernière ruse de Bouteflika
      Hacen Ouali | 12 mars 2019
      https://www.elwatan.com/a-la-une/il-a-annule-la-presidentielle-et-reste-au-pouvoir-la-derniere-ruse-de-boute

      Rien ne se fera sans moi encore moins contre moi », semble vouloir dire le président sortant. Une victoire en demi-teinte pour les Algériens qui se sont mobilisés massivement depuis l’historique journée du 22 février.

      Ainsi, Abdelaziz Bouteflika décide de rester au pouvoir en prolongeant son mandat présidentiel qui prendra fin le 26 avril prochain. Une violation de la Constitution à laquelle la décision du chef de l’Etat ne fait aucune référence.

      Pressés par le temps – à un jour de la date fatidique de la validation ou de l’invalidation des candidatures par le Conseil constitutionnel –, les décideurs étaient contraints d’agir. D’évidence, ils sont mis en demeure de sortir de cette impasse. Étroites, les issues sont rares. Celle du 5e mandat est définitivement barrée. Un sens interdit.

      Encerclé de toutes parts, le pouvoir cherche une porte de sortie. Il procède par une tentative de reprendre l’initiative politique. Mais aussi et surtout une manœuvre pour contourner le mouvement populaire et sa revendication de rejet de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat assorti d’un changement du système politique en vigueur. C’est le scénario validé hier par les mesures prises par le président de la République.

      Il va sans dire que la nouvelle démarche politique entreprise par le pouvoir ne tient pas compte des revendications exprimées vigoureusement par la rue depuis trois semaines. Elle est vouée à être rejetée. Et fortement. Et si aux regards des « insurgés » le coup de balai dans le sérail s’impose et immédiatement, il ne serait pas suffisant pour calmer la colère de la rue.

      Du replâtrage. La campagne médiatique lancée par les médias proches du régime et qui a coïncidé avec le retour de Bouteflika au pays n’a dupé personne.

  • #Algérie : Abdelaziz Bouteflika renonce à un 5e mandat et reporte les élections - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20190311-algerie-abdelaziz-bouteflika-renonce-5e-mandat-reporte-elections

    Le président algérien a annoncé ce lundi 11 mars via une lettre publiée par l’agence officielle APS qu’il renonçait à briguer un cinquième mandat et que l’élection présidentielle du 18 avril était repoussée et qu’elle aurait lieu « dans le prolongement d’une conférence nationale » chargée de réformer le système politique et d’élaborer un projet de Constitution d’ici fin 2019.

  • #Algérie. La rue contre le régime
    https://www.cetri.be/Algerie-La-rue-contre-le-regime

    En trois semaines, l’Algérie s’est soulevée comme jamais contre son président. Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, invisible dans la vie publique depuis 2012 et surtout la camarilla qui l’entoure et qui est responsable de la paralysie du pays depuis si longtemps, ont cru qu’un cinquième mandat à la tête du pays passerait sans difficulté, comme les précédents. Ils se sont lourdement trompés. Désormais, c’est le sort du régime qui est en jeu. La fronde a d’abord gagné les stades. Au stade du 20-Août à Alger, le (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, Algérie, #Mobilisations_populaires, #Orient_XXI

  • Libérer l’Algérie : derrière la mascarade, les enjeux d’une élection
    https://la-bas.org/5463

    Vers un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika ? Malgré la colère, malgré les manifestations monstres en Algérie, la candidature de Bouteflika à la présidence de la République a bien été déposée le 3 mars par son directeur de campagne. Une mascarade, tant la santé fragile du vieil homme de 82 ans fait apparaître au grand jour son rôle de fantoche. Un rôle qui n’est pas nouveau, et que Bouteflika remplissait depuis son installation au pouvoir en 1999, bien avant son accident vasculaire cérébral en 2013. Mais alors qui dirige vraiment l’Algérie ?Continuer la lecture…

    #Vidéo #Afrique

  • Algérie : les images de la révolte des Algériens contre Bouteflika
    https://www.crashdebug.fr/international/15726-algerie-les-images-de-la-revolte-des-algeriens-contre-bouteflika

    Il va de soi que nous sommes de tout coeur avec les Algériens, mais ça va mieux quand c’est dit, nos pays sont proches, et nous vivons une situation en beaucoup de points similaires, du reste vous remarquerez que chez eux (contrairement à la France) il n’y a pas 1700 blessés parmi les manifestants.

    EN IMAGES - Des dizaines de milliers d’Algériens ont manifesté vendredi contre la perspective d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, en scandant des slogans hostiles au pouvoir face à une police presque débordée.

    Les Algériens se sont réunis pour un deuxième vendredi consécutif dans les rues d’Alger. Des dizaines de milliers de personnes étaient présentes pour protester contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. « 20 ans, barakat (ça suffit) », « Algérie, (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

    • L’avocat Mostefa Bouchachi explique dans cet entretien que l’appel du peuple à travers les marches pacifiques est non seulement contre le 5e mandat, mais contre toute la « mascarade du 18 avril ». Maître Bouchachi estime que l’opposition ne doit en aucun cas présenter de candidats à cette élection qui est aujourd’hui nulle et non avenue et aller vers une transition démocratique.
      https://algeria-watch.org/?p=71281

  • Algérie : 1er mars 2019, une autre journée historique
    Par Kouceila Rek - 2 mars 2019
    https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/la-une/algerie-1er-mars-2019-une-autre-journee-historique
    https://i0.wp.com/www.observalgerie.com/wp-content/uploads/2019/03/IMG-6fa806ed2c8abd7a461040b0e8d5af58-V.jpg?resize=696%2C522&ssl=1

    Une autre journée historique pour l’Algérie. Des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés, ce vendredi 1er mars, à Alger et dans d’autres régions du pays pour protester contre le cinquième mandat du Président de la République Abdelaziz Bouteflika, et exprimer leur rejet du système politique en place.

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    Algérie : Le fils de Benyoucef Benkhedda est décédé lors des manifestations du 1er mars
    Hassan Benkhedda.
    https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/algerie-news/faits-divers/algerie-hassan-benkhedda-decede-manifestations-1er-mars
    https://i0.wp.com/www.observalgerie.com/wp-content/uploads/2019/03/Hassan-Benkhedda-algerie.jpg?fit=1200%2C675&ssl=1

    Les manifestations pacifiques d’hier, 1er mars, ont vu la mort de Hassan Benkhedda, fils de Benyoucef Benkhedda, le deuxième président du Gouvernement provisoire de la République algérienne.

    En effet, Hassan Benkhedda, âgé de 60 ans, est décédé d’un arrêt cardiaque lors de la marche populaire du 1er mars à Alger. L’information a été relayé par son frère Salim, qui l’a annoncé sur son compte Facebook.

    « Voici comment mon frère Hassan est mort lors du mouvement pour la liberté et la dignité : après avoir prié dans la rue sur le trottoir à côté du Palais du Peuple, la marche s’est poursuivie avec les jeunes, et parmi eux mon frère cadet et des membres de la famille, dans l’intention de rejoindre la maison familiale à Hydra. Au niveau de l’auberge algérienne se tenait la marche, qui a été menée pacifiquement et soudain les forces de l’ordre sont intervenues violemment, entraînant une grande bousculade et une perte de contact entre mes frères. À 19 h 30, un employé de l’hôpital m’a appelé pour me dire que le cadavre de mon frère été à la morgue », conclut-il en, soutenant que les forces de l’ordre sont responsables de la mort de son frère. (...)

    #Algérie

  • Manifestations en Algérie : la nouvelle prière du vendredi
    https://la-bas.org/5462

    « Ce n’est pas "le mur de la peur" qu’ils ont décidé de briser mais le Pacte du silence. Et si ce n’est pas (encore ?) une révolution, c’est une libération. » Ce vendredi 1er février encore des milliers d’Algériens sont descendus dans les rues pour dire NON au cinquième mandat que brigue le président fantoche Abdelaziz Bouteflika. Le mouvement populaire s’amplifie alors que les manifestations sont toujours interdites. Ghania MOUFFOK est journaliste en Algérie. Ce vendredi encore, elle était dans la rue à Alger. Son témoignage, son analyse au micro de Dillah Teibi (...) Continuer la lecture…

    #Radio #Luttes #Politique
    https://la-bas.org/audio.api/free/aW5sYnM6Ly9mb2xkZXItNDI0MTkvbXAzLTQ3Ni80NTUzMS1pbnNlcnRfZ2hhbmlhX21vdWZmb2tfZXh0cmFpdC5tcDM=/45531-insert_ghania_mouffok_extrait.mp3

  • Abdelaziz Bouteflika est mort depuis 2 ans et a été remplacé par un robot
    https://nordpresse.be/abdelaziz-bouteflika-est-mort-depuis-2-ans-et-a-ete-remplace-par-un-robot


    Encore une histoire belge.

    Les experts de la CIA ont analysé cette semaine des images récentes du président algérien et ils sont formels. Abdelaziz Bouteflika est mort depuis plusieurs années, probablement 3 ans et a été remplacé par un robot humanoïde, comme on peut le voir sur cette image passée au rayons X grâce à une méthode unique au monde.

    Depuis 2 ans, il ne bougeait quasiment plus.

    L’homme fort de l’Algérie avait, selon les communiqués officiels, souffert d’un AVC en 2013 et était donc affaibli par la maladie. Selon les Américains, Bouteflika serait décédé des suites de cette attaque cardio-vasculaire à l’époque et avait été remplacé par un humanoïde robotique.

    #news #Belgique #wtf

  • Algérie, la colère monte
    https://la-bas.org/5456

    Non à la mascarade ! Non au cinquième mandat ! Vendredi, tout le monde a été surpris par l’ampleur et la spontanéité des manifestations en Algérie, à Alger et dans toutes les grandes villes d’un pays qui n’avait pas vu une telle colère depuis des années. 800 000, dit-on, à travers le pays. Colère contre la candidature grotesque d’Abdelaziz Bouteflika, président moribond pour un cinquième mandat. Colère aussi contre son entourage qui a capté toutes les richesses du pays et règne par la terreur sur un peuple de plus en plus appauvri et terrorisé depuis des années.Continuer la lecture…

    #Radio #Afrique #Voyage
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  • PRÉSIDENTIELLE : LE POUVOIR A DÉJÀ DÉSIGNÉ SON ADVERSAIRE – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/02/01/presidentielle-le-pouvoir-a-deja-designe-son-adversaire

    Faute de désigner son candidat, le pouvoir a choisi son adversaire.

    Gaïd-Salah, Tliba et maintenant Ouyahia puis Ghoul, les répliques à l’égard de Ali Ghediri, candidat potentiel à l’élection présidentielle d’avril prochain, n’en finissent pas.

    Ce jeudi 31 janvier, Ahmed Ouyahia, s’exprimant en sa qualité de secrétaire général du RND, n’a pas manqué, entre les louanges habituelles au chef de l’Etat et des attaques inattendues à l’adresse du FLN, d’y aller de sa petite pique pour celui qui semble faire l’unanimité contre lui chez toutes les factions du système.

    « Pour certains hommes politiques, l’avenir est dans le changement, pour ne pas dire dans la rupture. Moi, je dis que l’avenir est dans la continuité, parce que nous sommes un pays qui continue à se construire et qui remet de l’ordre dans la maison. » Nul doute que c’est le général-major à la retraite qui est visé.

    Dimanche dernier, pour sa première sortie publique, Ali Ghediri avait réitéré au forum du quotidien Liberté ce qu’il avait promis dans sa déclaration de candidature de réaliser s’il accède au poste de président de la République : la rupture avec le système politique en place depuis l’indépendance. Et dans son programme électoral, publié hier jeudi sur sa page Facebook, sept sur les huit grandes lignes commencent le mot “rompre”.

    Dans l’après-midi d’hier, Amar Ghoul, de passage sur TSA Direct, a promis de répondre pendant la campagne électorale à celui qui parle de rupture après avoir « passé toute sa vie au sein du système ».

    En attendant, « Ali Ghediri peut rêver de ce qu’il veut », ironise le président de TAJ, l’un des principaux soutiens du président Bouteflika.

    Tant que Ghediri n’avait pas fait part publiquement de son intention de présenter sa candidature, l’armée, dont il avait exhorté le chef à « assumer ses responsabilités », donc à investir la sphère politique, pouvait sans gêne lui répliquer et le « remettre à sa place ».

    Cela s’est fait immédiatement après son interview du 25 décembre à El Watan. Le 30 décembre, un long communiqué mis en ligne sur le site officiel du MDN s’en prenait ouvertement à lui, dans des termes crus qui tranchent avec le ton mesuré qu’on connaissait à l’armée. Sans être cité, Ali Ghediri est taillé en pièces, ses capacités remises en cause, son ambition jugée « démesurée » et « les cercles occultes » qui « le commanditent » dénoncés. S’ensuivra un éditorial de la revue El Djeich avec quasiment la même teneur avant que le chef d’état-major de l’ANP ne se charge de prononcer lui-même les mêmes griefs à deux reprises. C’était lors de sa visite dans la deuxième région militaire les 8 et 9 janvier.

    Les répliques de l’armée ne se sont estompées que lorsque le général à la retraite a rendu publique sa déclaration de candidature. Avec cette casquette, toute attaque à son égard serait à juste titre interprétée comme un parti pris flagrant de l’institution militaire en faveur d’une partie au détriment d’une autre dans la course électorale, elle dont la mission, comme l’a rappelé Ahmed Gaid-Salah lors de sa visite dans la première région militaire le 22 janvier, se limite à la sécurisation du scrutin.

    D’autres parties ont donc pris le relais pour s’en prendre à Ali Ghediri qui veut « défier le système ».

    Au lendemain de son passage au forum de Liberté, au cours duquel il avait lancé sa fameuse sentence « ou c’est le système, ou c’est moi », le député FLN Bahaeddine Tliba s’en est violemment pris au candidat qu’il qualifie de « soldat désarmé, avec un passé militaire peu glorieux » qui « espère redorer son image ternie à travers sa candidature à la magistrature suprême ».

    Une candidature qui « ne peut pas aboutir, car il ne peut pas simplement diriger un pays révolutionnaire comme l’Algérie, même s’il a eu le quitus des laboratoires étrangers et des représentations diplomatiques et sécuritaires à Paris », assène le député d’Annaba qui va fouiner dans le passé du général pour déterrer un incident dont il se serait coupable.

    « Ironie du sort, celui qui veut aujourd’hui diriger notre grand pays n’avait pas la compétence requise quand il était commandant dans les forces navales. Il se souvient certainement de l’incident qu’il avait provoqué lorsqu’il était en service dans ce corps. Ce qui lui avait valu d’être écarté par mesure disciplinaire. »

    L’attaque est d’une rare violence. Les propos d’Ouyahia et de Ghoul sont assurément plus mesurés, mais, pour ne pas dire qu’ils cachent mal une action concertée, dégagent au moins la même volonté de remettre à sa place celui qui, non seulement veut se dresser sur le chemin d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, mais aspire à dégager tout le système. La réplique de celui-ci ne fait peut-être que commencer…

    TSA

    Par Makhlouf Mehenni 01 Févr.

    http://lequotidienalgerie.org/2019/02/01/presidentielle-le-pouvoir-a-deja-designe-son-adversaire

  • Bouteflika sait-il ce qui se passe ? – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/21/bouteflika-sait-il-ce-qui-se-passe

    Président  Abdelaziz BOUTEFLIKA.
    5e mandat, guerre des clans, succession…                         

    Liberté, 12 novembre 2018

    Pour le moudjahid et ancien condamné à mort, Abdelkader Guerroudj, “notre Président ne s’appartient plus”. Voilà une déclaration qui devrait faire mal. Particulièrement dans l’entourage du Président. Parce que, faut-il le préciser, Abdelkader Guerroudj, un natif de Tlemcen, est connu pour être un des amis les plus proches d’Abdelaziz Bouteflika. Ce n’est, d’ailleurs, pas à son “ami” qu’il s’en prend dans cette nouvelle sortie médiatique. Plutôt à son entourage. “Pour moi, l’État n’existe plus. L’Algérie est un pays qui se perd par la force de voyous qui sont autour de Bouteflika, qui reste un ami. Ceux qui sont autour de lui le fragilisent encore plus, y compris ses frères qui doivent le protéger et le laisser mourir en paix. Il est en train de souffrir à cause de ceux qui n’en finissent pas de se remplir les poches. Je n’en veux pas à Abdelaziz, parce que lui-même ne s’appartient plus”, déclarait, en effet, Abdelkader Guerroudj dans un entretien paru dans l’édition d’hier du quotidien El Watan. Comme en 2015 donc, lorsque ce moudjahid et ancien condamné à mort rejoignait l’initiative du groupe des “19”, afin de demander à rencontrer le Président et de s’assurer que certaines décisions émanaient réellement de lui, Abdelkader Guerroudj épargne, aujourd’hui encore, son “ami” Abdelaziz Bouteflika. À cette différence toutefois : il y a trois ans, le signataire de l’initiative des “19” doutait seulement de la paternité de certaines décisions attribuées au chef de l’État. Aujourd’hui, par contre, il a la certitude, sinon la conviction, que le Président “lui-même ne s’appartient plus”. Et si l’ami du Président est allé, cette fois-ci, jusqu’à pointer du doigt des “voyous qui sont autour de Bouteflika” et à demander à ses frères de “le protéger et le laisser mourir en paix”, c’est qu’Abdelkader Guerroudj entend visiblement alerter sur quelque chose. Avant lui, rappelons-le, une autre amie du chef de l’État, la moudjahida Louisette Ighilahriz, démissionnait, fin octobre, du tiers présidentiel du Sénat. Un acte politique qu’elle avait motivé par son souci de ne pas avoir à “cautionner le cinquième mandat”, ou alors à “défendre un mensonge”. Et les deux anciens combattants, qui ont en point commun une certaine proximité avec le Président, se rejoignent justement sur cette vision : qu’il s’agisse d’un cinquième mandat ou d’un plan de succession qu’on pourrait entreprendre au nom d’Abdelaziz Bouteflika, c’est le même “mensonge”. Parce que, pas plus tard que jeudi dernier, le sénateur du tiers présidentiel et membre de la direction du FLN, Madani Haoud, avait laissé entendre un scénario de succession qui pourrait effectivement avoir lieu au nom de l’actuel Président. Dans sa réplique à l’ancien président de l’APN, et plusieurs fois ministre FLN, Abdelaziz Ziari, qui ne voyait pas dans son parti un potentiel successeur à Abdelaziz Bouteflika, sinon le leader du RND et actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le sénateur Haoud tenait ce propos dans le journal électronique TSA : “Notre priorité (au FLN, ndlr), c’est la candidature du président du parti, Abdelaziz Bouteflika, pour un nouveau mandat. Dans le cas où il déciderait de ne pas se représenter, c’est à lui de désigner celui qui devra lui succéder (…).” Une manière, on ne peut plus claire, de dire qu’à défaut d’une reconduction d’Abdelaziz Bouteflika, le plan “B” se fera tout de même en son nom. Et la gravité de la chose réside dans le fait qu’Abdelkader Guerroudj comme Louisette Ighilahriz alertent sur une même situation : “Le Président ne sait pas.”

    Mehdi Mehenni                                                                                 PAR AW · PUBLIÉ NOVEMBRE 12, 2018 · MIS À JOUR NOVEMBRE 15, 2018                                            https://algeria-watch.org/?p=70069

  • about:blankl’Algérie : Insoutenable !
    novembre 5, 2018, publié dans uncategorized
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    Le déplacement du président Bouteflika à El Alia jeudi dernier ( Capture d’écran)

    Emmitouflé dans un manteau noir, coiffé d’une toque d’astrakan, poussé sur un fauteuil roulant auquel il est attaché par une ceinture de sécurité, le président Bouteflika a fait le déplacement jeudi dernier à El Alia sous un ciel gris, pour se recueillir à la mémoire des chouhada, au Carré des martyrs.

    Le visage livide, les traits fatigués, les yeux hagards, comme en état d’hébétude, le chef de l’Etat paraissait extrêmement affaibli. Il semblait encore plus diminué que lors de ses dernières apparitions publiques.

    Une nouvelle fois, les images font peine à voir. Quand on regarde l’état du Président, tout rabougri, écrasé par l’immense gerbe de fleurs exposée devant lui, quand on voit sa difficulté à prononcer la Fatiha, à saluer la Garde républicaine, à serrer la main à la cohorte de personnages officiels alignés au bord du tapis rouge ou encore à embrasser l’emblème national déployé face à lui, on se dit : quel spectacle affligeant !

    Comme cela a dû être pénible pour lui, cette sortie officielle forcée juste pour faire croire qu’il conserve encore toutes ses forces, toutes ses chances de rempiler. Mais la vérité est là. Nue. Crue. Cruelle. Comme ces images. On voit bien qu’il est au bout du rouleau. Et il nous vient à l’esprit le mot « acharnement », celui de son entourage ou de ses démons qui lui infligent (et à nous aussi) pareille mascarade.

    Un massacre, une torture visuelle, ces images. Et on se demande pour la énième fois : mais qu’est-ce qui a pris son clan, ses proches, de lui faire subir un protocole aussi indigne ! N’aurait-il donc personne pour le conseiller, pour veiller sur lui ? Aurait-il réellement la main sur le sérail au point de prendre la route de Zéralda à Bab Ezzouar contre l’avis de ses médecins et de sa fratrie ?

    Car le résultat est juste cauchemardesque. Ici, nul besoin de sémiologie de l’image, nul besoin d’être Roland Barthes ou Jacques Séguéla pour conclure à un désastre en termes de com’. Un suicide visuel. Tout le contraire de cette tentative d’icône nationale que cultive désespérément le Président narcissique qui s’est longtemps rêvé en Mandela avant de terminer en Bourguiba en fin de règne, peu avant le coup d’Etat médical qui le renversa. On se dit que la dernière chose dont cette personne a besoin est de s’exhiber ainsi pour donner l’impression qu’il peut encore tenir les rênes de cet immense pays, quand la raison eût recommandé des soins intensifs en gériatrie et un accompagnement autrement plus humain, loin de la violence du mot « pouvoir ».

    On se prend presque de pitié pour ce vieux renard de la politique qui a sillonné 20 fois le monde, et qui se trouve aujourd’hui relégué au rang de vieux potentat fatigué, usé par les intrigues et vidé jusqu’à la dernière goutte par les luttes de pouvoir. Le pouvoir. Le vampire suprême. Nosferatu rongé par la maladie.

    Et nous vient le mot « insoutenable », auquel succède le mot « injuste », comme l’affront qui nous est fait par la voix de Ould Abbès qui prête à cet homme, à cet éctoplasme, l’intention de prolonger encore la torture de cinq ans. De nous accabler de cinq autres longues années de fiction présidentielle qui ne fait plus rire personne, qui ne passionne personne et ne sert même plus à entretenir l’illusion que c’est cela, ce fantôme, qui préserve l’Algérie du chaos et qui nous met à l’abri du scénario libyen. Oui, quel affront !

    Quelle insulte pour les chouhada ! Et quelle honte pour l’Algérie de Ben M’hidi ! Oser nous faire ça un 1er Novembre. Décidément, les démiurges qui tiennent le script de ce mauvais feuilleton n’ont aucun scrupule. Ils ne manquent pas seulement d’imagination, ils manquent surtout d’humanité. De dignité. C’est pénible. Pénible…

    Cela vient s’ajouter à tout le triste album du 4e mandat et ses milliers de clichés insupportables. Sans compter les détournements féroces, les moqueries du « Petit Journal » de Canal+ et maintenant « Quotidien » (du même Yann Barthès) sur TF1…Mais la palme revient à l’unanimité à ces mises en scène risibles, rivalisant de servilité et de ridicule, où l’on voit de hauts commis de l’Etat, des walis, des ministres, des notables se prosterner et multiplier courbettes et gestes d’allégeance devant un simple portrait à l’effigie du Président.

    On aura tout vu. Abdelaziz Bouteflika n’aura fait que nous infliger humiliation sur humiliation. Si par extraordinaire, il lira ce papier, si un bout de sa conscience fonctionne encore, nous lui adressons solennellement ce message : Monsieur le Président, si vous n’avez cure de votre propre image, de votre dignité, au moins faites-le pour l’Algérie.

    Briguez 100 mandats si vous voulez, restez sur le trône 1000 ans encore si cela peut contenter votre ego, mais de grâce, au moins épargnez-nous ce sinistre spectacle. Restez chez vous, ne sortez plus. Epargnez-nous la comédie d’une régence capable de remplir son rôle, quand tout concourt à donner de votre fonction l’image la plus dégradante et la plus vile. MUSTAPHA BENFODIL

    05 NOVEMBRE 2018 . https://www.elwatan.com/edition/actualite/les-images-de-bouteflika-et-limage-de-lalgerie-insoutenable-05-11-2018

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    Le déplacement du président Bouteflika à El Alia jeudi dernier ( Capture d’écran)

    Emmitouflé dans un manteau noir, coiffé d’une toque d’astrakan, poussé sur un fauteuil roulant auquel il est attaché par une ceinture de sécurité, le président Bouteflika a fait le déplacement jeudi dernier à El Alia sous un ciel gris, pour se recueillir à la mémoire des chouhada, au Carré des martyrs.

    Le visage livide, les traits fatigués, les yeux hagards, comme en état d’hébétude, le chef de l’Etat paraissait extrêmement affaibli. Il semblait encore plus diminué que lors de ses dernières apparitions publiques.

    Une nouvelle fois, les images font peine à voir. Quand on regarde l’état du Président, tout rabougri, écrasé par l’immense gerbe de fleurs exposée devant lui, quand on voit sa difficulté à prononcer la Fatiha, à saluer la Garde républicaine, à serrer la main à la cohorte de personnages officiels alignés au bord du tapis rouge ou encore à embrasser l’emblème national déployé face à lui, on se dit : quel spectacle affligeant !

    Comme cela a dû être pénible pour lui, cette sortie officielle forcée juste pour faire croire qu’il conserve encore toutes ses forces, toutes ses chances de rempiler. Mais la vérité est là. Nue. Crue. Cruelle. Comme ces images. On voit bien qu’il est au bout du rouleau. Et il nous vient à l’esprit le mot « acharnement », celui de son entourage ou de ses démons qui lui infligent (et à nous aussi) pareille mascarade.

    Un massacre, une torture visuelle, ces images. Et on se demande pour la énième fois : mais qu’est-ce qui a pris son clan, ses proches, de lui faire subir un protocole aussi indigne ! N’aurait-il donc personne pour le conseiller, pour veiller sur lui ? Aurait-il réellement la main sur le sérail au point de prendre la route de Zéralda à Bab Ezzouar contre l’avis de ses médecins et de sa fratrie ?

    Car le résultat est juste cauchemardesque. Ici, nul besoin de sémiologie de l’image, nul besoin d’être Roland Barthes ou Jacques Séguéla pour conclure à un désastre en termes de com’. Un suicide visuel. Tout le contraire de cette tentative d’icône nationale que cultive désespérément le Président narcissique qui s’est longtemps rêvé en Mandela avant de terminer en Bourguiba en fin de règne, peu avant le coup d’Etat médical qui le renversa. On se dit que la dernière chose dont cette personne a besoin est de s’exhiber ainsi pour donner l’impression qu’il peut encore tenir les rênes de cet immense pays, quand la raison eût recommandé des soins intensifs en gériatrie et un accompagnement autrement plus humain, loin de la violence du mot « pouvoir ».

    On se prend presque de pitié pour ce vieux renard de la politique qui a sillonné 20 fois le monde, et qui se trouve aujourd’hui relégué au rang de vieux potentat fatigué, usé par les intrigues et vidé jusqu’à la dernière goutte par les luttes de pouvoir. Le pouvoir. Le vampire suprême. Nosferatu rongé par la maladie.

    Et nous vient le mot « insoutenable », auquel succède le mot « injuste », comme l’affront qui nous est fait par la voix de Ould Abbès qui prête à cet homme, à cet éctoplasme, l’intention de prolonger encore la torture de cinq ans. De nous accabler de cinq autres longues années de fiction présidentielle qui ne fait plus rire personne, qui ne passionne personne et ne sert même plus à entretenir l’illusion que c’est cela, ce fantôme, qui préserve l’Algérie du chaos et qui nous met à l’abri du scénario libyen. Oui, quel affront !

    Quelle insulte pour les chouhada ! Et quelle honte pour l’Algérie de Ben M’hidi ! Oser nous faire ça un 1er Novembre. Décidément, les démiurges qui tiennent le script de ce mauvais feuilleton n’ont aucun scrupule. Ils ne manquent pas seulement d’imagination, ils manquent surtout d’humanité. De dignité. C’est pénible. Pénible…

    Cela vient s’ajouter à tout le triste album du 4e mandat et ses milliers de clichés insupportables. Sans compter les détournements féroces, les moqueries du « Petit Journal » de Canal+ et maintenant « Quotidien » (du même Yann Barthès) sur TF1…Mais la palme revient à l’unanimité à ces mises en scène risibles, rivalisant de servilité et de ridicule, où l’on voit de hauts commis de l’Etat, des walis, des ministres, des notables se prosterner et multiplier courbettes et gestes d’allégeance devant un simple portrait à l’effigie du Président.

    On aura tout vu. Abdelaziz Bouteflika n’aura fait que nous infliger humiliation sur humiliation. Si par extraordinaire, il lira ce papier, si un bout de sa conscience fonctionne encore, nous lui adressons solennellement ce message : Monsieur le Président, si vous n’avez cure de votre propre image, de votre dignité, au moins faites-le pour l’Algérie.

    Briguez 100 mandats si vous voulez, restez sur le trône 1000 ans encore si cela peut contenter votre ego, mais de grâce, au moins épargnez-nous ce sinistre spectacle. Restez chez vous, ne sortez plus. Epargnez-nous la comédie d’une régence capable de remplir son rôle, quand tout concourt à donner de votre fonction l’image la plus dégradante et la plus vile. MUSTAPHA BENFODIL

    05 NOVEMBRE 2018 . https://www.elwatan.com/edition/actualite/les-images-de-bouteflika-et-limage-de-lalgerie-insoutenable-05-11-2018