person:abdellali hajjat

  • Islamophobie : du déni à la reconnaissance | jef klak
    http://jefklak.org/?p=1001

    La plasticité de l’idéologie dominante
    Par Abdellali Hajjat & Marwan Mohammed

    À l’heure où agiter les épouvantails de groupuscules extrémistes permet d’oublier les causes des conflits mondiaux et de conforter le rôle protecteur de l’État, tout en ratissant des voix fondées sur la peur et le racisme, l’analyse de l’habitus islamophobe des gouvernants et des médias semble un réflexe salutaire. Dans ce texte écrit en juillet 2014, et dans le prolongement de leur ouvrage Islamophobie – Comment les élites fabriquent le « problème musulman » et de l’entretien qu’ils ont accordé à Jef Klak, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font le bilan de la reconnaissance d’un racisme institutionnel fondé sur les options religieuses et les origines convenues. Alors que les agressions contre des musulmans se sont multipliées ces derniers mois et que les pratiquants de l’islam sont enjoints de lever publiquement le soupçon structurel qui pèse sur eux, les deux sociologues se penchent ici sur les tribulations du concept d’islamophobie pour mieux en saisir les enjeux.

    #islamophobie

  • L’islamophobie, une invention du colonialisme français
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

    « #Islamophobie », le terme a envahi le discours politique. Sa datation a été l’occasion d’une belle polémique. Observatrice attentive des dynamiques religieuses actuelles, Caroline Fourest avait cru qu’il était apparu fin année 70 / début années 80. En fait, il avait été forgé au tout début du XXe siècle. Cette erreur de datation, les islamobaratineurs n’ont pas manqué d’en faire des gorges-chaudes. Fouillant les archives (plusieurs sont universitaires et donc payés pour ça), ils ont en effet fini par découvrir que c’est vers 1910 qu’un certain #Alain_Quellien avait forgé ce néologisme (1). Ensuite, le terme a été repris vers 1912 par d’autres auteurs, il aurait circulé quelque peu jusqu’au milieu des années 1920, avant semble-t-il, de disparaître totalement de la circulation.

    Dans les années 1980, quand C. Fourest l’observe, ce n’est donc pas «  d’apparition » qu’elle aurait du parler mais de « réapparition ». Donnons sur ce point toute la raison aux islamobaratineurs et rendons-leur grâce de nous avoir fait découvrir Quellien dont la lecture est bien intéressante : elle montre toute la perversité du concept d’islamophobie.

    La personnalité même du fondateur du concept d’islamophobie est finalement, bien embarrassante pour ceux qui l’on exhumé. Aussi, le présentent-ils tantôt comme membre d’une sorte d’amicale d’ «  administrateurs-ethnologues  » (2) – amusant concept qui sent le bricolage – tantôt comme un « orientaliste français spécialiste de l’islam ouest-africain » (3). « Ah, qu’en termes galants ces choses là sont dites » se serait écrié Molière !

    Quellien, et on comprend tout de suite ce qui gêne les enfumeurs, était en réalité un cadre supérieur du Ministère des colonies, en lien avec l’officier « qui dirige avec compétence et distinction, le service des informations islamiques au Ministère des colonies » (4). Foin donc « d’administrateur-ethnologue » ou de sympathique « orientaliste » , Quellien est un Attaché du ministère des colonies qui fait son travail : conseiller la meilleure stratégie de colonisation possible. C’est bien là tout l’objectif de son ouvrage « La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » (5).

    C’est dans cet objectif, qu’après une réflexion bien nourrie et mûrie, il crée le concept « d’islamophobie » , une «  islamophobie » que Quellien pourfend avec force dans tout un long chapitre.

    Qu’un fonctionnaire totalement dévoué à la cause de la colonisation en arrive à créer le terme d’islamophobie dans le but de dénoncer les islamophobes avec beaucoup de vigueur, paraît, à première vue étonnant. En fait, c’est une conséquence logique de sa position raciste et de son soutien à la colonisation.

    A la base, Quellien fait un constat : le colonisateur ne « tire » pas tout le bénéfice qu’il pourrait de sa colonisation. Par exemple la partie du

    « Soudan, demeurant aux fétichistes (…) est une riche contrée vouée à l’immobilité, sans commerce, sans industrie, sans culture, sans aucun progrès dans l’avenir ».

    Chacun perçoit tout de suite la profondeur du drame : le pays est « une riche contrée » , mais le colonisateur n’en tire rien ; ses habitants n’ont pas envie de l’exploiter (et de se faire exploiter) au sens capitaliste du terme. Et ils n’ont pas plus envie d’être asservi par un Etat.

    Or, toujours au Soudan, une partie est islamisée. Quelle différence ! Et Quellien de citer un de ses contemporains :

    « Le Soudan, accaparé par l’Islam, c’est la discipline et l’organisation de masses d’hommes, jusqu’ici isolés et farouches ;(…) [qui va vers] la formation d’une société, d’un Etat (…) Avec le temps, on arrivera à faire de l’Islam (…) le plus précieux auxiliaire des intérêts français en Afrique » (6).

    Voici donc, en quelques lignes tout le raisonnement : l’autochtone non islamisé (Quellien et autres « orientalistes » et « administrateurs-ethnologues » ne se gênent pas pour écrire « le nègre » , le «  fétichiste » et laisser libre court à leur racisme…) n’obéit pas et est improductif (au goût du maître) ; par contre le «  nègre » islamisé devient obéissant et accepte de travailler davantage.

    La diffusion de l’Islam en Afrique noire sert donc les intérêts du colonisateur français. C’est un « précieux auxiliaire » . S’attaquer à la propagande islamique, être « islamophobe » comme le sont les colonialistes les plus stupides, c’est nuire aux intérêts coloniaux de la France (7).

    Reste à justifier le raisonnement, car tous ses contemporains sont loin d’être convaincus.

    La première étape est de persuader tout un chacun de « l’infériorité » des noirs. Et là, Quellien, plutôt cauteleux par ailleurs, n’y va pas avec le dos de la cuillère, soit qu’il cite d’autres auteurs, soit qu’il se « lâche » lui-même. Petit florilège :

    « Le noir comprend difficilement les idées abstraites »

    « Son intellectualité [est] très restreinte et son indolence naturelle le [pousse] vers le moindre effort… »

    « … comme l’esprit d’imitation existe à haute dose chez le nègre, celui-ci sera porté tout naturellement à répéter les gestes qu’il a vus et à prononcer les paroles qu’il a entendues, même s’il ne les comprend pas »

    « ... le système de famille chez les nègres n’est pas le patriarcat, comme chez les sémites [dont les arabes], c’est une forme plus animale, le matriarcat,… »

    « Un abîme profond, …, sépare les noirs des chrétiens, dans l’ordre intellectuel, moral, social et religieux », « Cela tient à ce que la race noire est une race inférieure à qui ne peuvent convenir les subtilités complexes de notre civilisation »

    Bref, d’après l’inventeur du terme «  islamophobie » , le « nègre » n’ayant qu’une intellectualité restreinte ne saisirait pas les idées abstraites, tout au plus pourrait-il imiter des gestes et répéter des paroles qu’il ne comprend pas. Son organisation familiale serait même animale.

    Et, pour ceux qui ne seraient pas, malgré ces « arguments » convaincus, de cette infériorité, voici l’argument massue : le « nègre » serait, nécessairement, cannibale :

    « … le fétichisme obéit toujours à des pratiques hideuses, il tue souvent et dévore son ennemi vaincu » (8).

    L’étalage de ces affirmations aussi fausses qu’humiliantes est à proprement parler écœurant. Oui, mais il est indispensable à la construction du concept d’islamophobie.

    Car c’est cette « infériorité » supposée du « nègre » qui justifie son islamisation, présentée comme un « progrès » . En effet, toujours d’après le pourfendeur de l’islamophobie, le noir malgré ses insuffisances intellectuelles serait tout de même conscient de la supériorité de l’Européen. Il voudrait bien l’imiter, mais il ne peut y parvenir. Par contre

    «  (…) il a, tout à côté de lui, le musulman dont l’exemple est facile à suivre… » car « La distance qui sépare (…) [le noir] du musulman n’est pas si considérable ». Le noir, avec un petit effort, peut devenir musulman et, alors il « (…) a presque immédiatement conscience de s’être élevé dans la hiérarchie humaine  ».

    Surtout, et ce n’est pas pour rien que Quellien rappelle qu’Islam veut dire soumission et que sa pratique exige des efforts, le noir islamisé devient un bon petit colonisé :

    « Au point de vue pratique, il [l’Islam] a l’avantage de constituer des tribus plus facilement gouvernables et administrables que les tribus restées fétichises, à cause … de leur obéissance à l’égard de leurs chefs. ». «  L’action du mahométisme s’est également exercée dans les manifestations économiques et commerciales. La vie commerciale et industrielle s’est développée et à vu naître des industries… ».

    Bref, comme le note un autre auteur  :

    « Avec une sécurité plus grande sur les parcours commerciaux, il a provoqué une consommation plus intense, la circulation d’une monnaie fiduciaire et le change. Enfin l’Islam n’a pas été un obstacle au recrutement de nos troupes et de nos marins… (…) Il faut ajouter encore que dans l’ordre économique, à côté de la propriété commune qu’il a laissé subsister, l’élévation sociale s’est manifestée aussi par la constitution d’une propriété individuelle et dans le respect de l’autorité » (9).

    L’Islam est là, et enfin, le colonisateur respire ! Les tribus deviennent gouvernables, une vie commerciale démarre, la monnaie fiduciaire circule, le change se développe, la propriété collective disparait progressivement au profit de la propriété individuelle, et tout cela sans affecter le recrutement de nos soldats et marins (dont des milliers, une fois convertis à l’Islam, viendront gentiment se faire exterminer dans les tranchées en 14/18). Et tout ça grâce à quoi ? Grâce à l’islamisation de l’Afrique noire. En un mot comme en cent, la colonisation et l’islamisation marchent la main dans la main, chacune tirant bénéfice des progrès de l’autre. C’est la conclusion à laquelle parvient, après sa longue étude, Quellien. C’est pourquoi, a contrario, il comprend qu’un des obstacles qui peuvent bloquer les « progrès » de la colonisation, c’est… la critique de l’Islam. C’est pour lutter contre cette possibilité d’entraver la colonisation que Quellien crée le terme « islamophobie » (10) et c’est pourquoi aussi il pourfend cette « islamophobie » dans tout un long chapitre.

    Cependant, s’il accorde une « valeur » à l’Islam (celle de constituer un palier bien utile entre « le nègre » et l’Européen et de faciliter ainsi grandement la colonisation), Quellien affiche un certain mépris pour cette religion dont le

    « … dogme est simple, [qui] manque d’originalité et de sacerdoce… [qui] traite de la vie matérielle et des occupations sensuelles chères aux noirs, dont il flatte les instincts. L’islam est en harmonie avec les idées du milieu, car il tolère l’esclavage et admet la polygamie et la croyance aux génies et aux amulettes… ».

    Bien plus, le créateur du concept d’islamophobie affirme qu’ « Il importe avant tout de réprimer, immédiatement et énergiquement, toutes les tentatives de soulèvement qui revêtent un caractère plus ou moins religieux » des islamistes. Des positions qui, aujourd’hui, le feraient taxer « d’islamophobe » !

    Le concept « d’islamophobie » est donc, depuis son invention, un concept pervers. Il a été inventé pour servir les intérêts du colonialisme français. Aujourd’hui il sert les intérêts du capitalisme international. Sûrement aurons-nous l’occasion de revenir sur ce dernier point…

    1.- Ainsi, Wikipédia écrit : « En fait, le terme « islamophobie » était apparu en 1910 dans l’ouvrage d’Alain Quellien La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » . Les autres ouvrages cités sont plus tardifs d’une paire d’année.

    2.- Ainsi, dans l’article «  Islamophobie : une invention française  »
    (mai 2012) de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, le terme « administrateurs-ethnologues » est utilisé plusieurs fois. C’est seulement dans une note de bas de page que les véritables fonctions de Quellien sont indiquées. L’article, s’il souligne que c’est un français qui a inventé le terme se garde bien de dénoncer le racisme de ses écrits et sa volonté colonialiste affirmée.

    3.- http://www.humanite.fr/que-recouvre-le-terme-dislamophobie-568608

    4.- Termes des remerciements que Quellien lui adresse dans son ouvrage.

    5.- Facilement consultable en fac-similé sur le site de la bibliothèque Gallica. Toutes les citations de l’ouvrage sont extraites de cette édition.

    6.- Edouard Viard. Au Bas-Niger. Q. trouve cette opinion trop tranchée.

    7.- Plus prudent en cela que les politiciens actuels – car s’étant donné la peine de bien étudier le sujet – Quellien est plus réservé sur les conséquences, à terme, de cette islamisation.

    8.- E.-L. Bonnefon. L’Afrique politique en 1900.

    9.- Qu’il définit très clairement comme un : « préjugé contre l’Islam  » , définition actuelle.

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    CITATION
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    « D’une manière générale, l’islamisme politique propage une idéologie conservatrice et libérale, favorable aux intérêts capitalistes (...). Relayant historiquement les fascismes occidentaux (...) sa devise pourrait être ‘Religion, ordre, autorité, morale et communauté’. Comme les fascismes, il dénonce la ‘pourriture’ et la ‘décadence’ des mœurs. Il professe une idéologie, réfractaire au pluralisme, remettant en cause l’individualisme non des fortunes et de la propriété, mais des opinions et des mœurs. Il préconise une société organique de la communauté des fidèles, offrant une perspective intégrative à ceux qui se sentent exclus, et, parfois, au nom de la morale, dénonce les formes les plus criantes de l’injustice sociale. A part l’ajout d’Allah, c’est une copie conforme des fascismes historiques européens. (...) Lorsqu’il se converti à la violence armée, l’islamisme ‘théo-fasciste’ ne la dirige jamais contre les intérêts capitalistes ou les patrons. (...) Il est un allié objectif des régimes politiques en place et des intérêts capitalistes qu’il n’attaque pas. Les peuples, ainsi neutralisés, au lieu de songe à défendre ou conquérir de nouveaux acquis sociaux, sont embrigadés dans d’interminables croisades religieuses qui durent depuis 2001 et dont on ne voit pas la fin. Pendant ce temps, le capitalisme se porte de mieux en mieux. »

    Extraits de : «  Terrorisme néo-fasciste islamiste, généalogisme et mondialisation capitaliste  » , Ahmed Henni, Raison présente n° 197, 1er trimestre 2016

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°149 Avril-Mai 2016
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

  • Loi de 2004 et violences ordinaires, retour sur un échec de l’école publique
    http://contre-attaques.org/magazine/article/loi-de-2004-et

    Entretien avec Abdellali Hajjat, sociologue, maître de conférences en science politique à l’université paris-ouest nanterre. Depuis la loi de 2004 d’interdiction des signes ostensibles à l’école, les femmes sont les premières victimes d’islamophobie. Violence physique, psychologique, déshumanisation, retour sur une loi de légitimation du « problème musulman ». Abdellali Hajjat est l’auteur de Les Frontières de l’’identité nationale (La Découverte, 2012), La Marche pour l’égalité et contre le racisme (...)

    #Magazine

    / #Voile, #Interview

  • Loi de 2004 et violences ordinaires, retour sur un échec de l’école publique
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/loi-de-2004-et

    Entretien avec Abdellali Hajjat, sociologue, maître de conférences en science politique à l’université paris-ouest nanterre. Depuis la loi de 2004 d’interdiction des signes ostensibles à l’école, les femmes sont les premières victimes d’islamophobie.Violence physique, psychologique, déshumanisation, retour sur une loi de légitimation du « problème musulman ». Abdellali Hajjat est l’auteur de Les Frontières de l’’identité nationale (La Découverte, 2012), La Marche pour l’égalité et contre le racisme (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #carousel, #Interview, #Voile

  • l’islamophobie en tant que théorie profondément complotiste gagne du terrain dans la société française.

    Une mutation de l’islamophobie ?

    L’islamophobie est selon la formule d’Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed dans Islamophobie, Comment les élites françaises fabriquent le "problème musulman" : « le processus social complexe de racialisation/altérisation appuyée sur le signe de l’appartenance (réelle ou supposée) à la religion musulmane . »

    http://www.crepegeorgette.com/2015/07/28/mutation-islamophobie

  • Statistiques de l’islamophobie : misère du journalisme mensonger - Par Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed

    http://blogs.mediapart.fr/blog/abdellali-hajjat/260215/statistiques-de-lislamophobie-misere-du-journalisme-mensonger

    Dans sa chronique du 15 décembre 2014 sur France Culture, la journaliste Caroline Fourest remet en cause notre intégrité professionnelle et le caractère scientifique de notre livre Islamophobie (La Découverte). Elle s’appuie sur le livre d’Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, Islamophobie : la contre-enquête (Plein jour, 2014). Cette mise au point démonte les arguments de cette pseudo « contre-enquête » qui cherche à relativiser l’existence du phénomène islamophobe.

  • Deux #communautés, un destin
    http://www.laviedesidees.fr/Deux-communautes-un-destin.html

    Le livre de Maud Mandel sur les juifs et musulmans en France montre la nécessité d’aborder antisémitisme et islamophobie comme des phénomènes liés l’un à l’autre dans notre société depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Abdellali Hajjat et Nonna Mayer en proposent une lecture croisée.

    #Revue

    / #islam, #judaïsme, communauté, #conflit, #conflit_israélo-arabe

  • Islamophobie : du déni à la reconnaissance
    http://jefklak.org/?p=1001

    À l’heure où agiter les épouvantails de groupuscules extrémistes permet d’oublier les causes des conflits mondiaux et de conforter le rôle protecteur de l’État, tout en ratissant des voix fondées sur la peur et le racisme, l’analyse de l’habitus islamophobe des gouvernants et des médias semble un réflexe salutaire. Dans ce texte écrit en juillet 2013, et dans le prolongement de leur ouvrage Islamophobie - Comment les élites fabriquent le « problème musulman » et de l’entretien qu’ils ont accordé à Jef Klak, Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed font le bilan de la reconnaissance d’un racisme institutionnel fondé sur les options religieuses et les origines convenues. Source : Jef (...)

  • « La “nouvelle laïcité” est une technique disciplinaire »
    http://jefklak.org/?p=342

    Des premières « affaires » médiatisées de lycéennes portant le hijab en 1989 à la loi de 2004 interdisant le voile à l’école – alors pudiquement qualifié de signe religieux ostensible –, la peur de l’islam a gagné l’État et les médias. Au cours de ces vingt dernières années, la France a lentement mais sûrement imposé un régime d’exception à toute une partie de sa population. Entretien avec Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, auteurs d’Islamophobie – Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », aux éditions de La Découverte, 2013. Source : Jef Klak

  • 30 ans après : la Marche pour l’égalité et contre le racisme, avec Abdellali Hajjat
    http://www.loldf.org/spip.php?article409

    Le 18 décembre 2013, nous avons fait un retour sur la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 avec le sociologue Abdellali Hajjat, qui vient de publier La marche pour l’égalité et contre le racisme, paru aux éditions Amsterdam. Présentation de l’éditeur : « Trente ans après, que reste-il de (...) Source : Les oreilles loin du front

  • Peut-on être islamophobe tout en se croyant antiraciste ?
    http://www.bastamag.net/Peut-on-etre-islamophobe-tout-en

    Augmentation des agressions et des #Discriminations, amalgames toujours plus fréquents entre islam, intégrismes et terrorismes, loi interdisant certaines pratiques religieuses… L’islamophobie est bien une réalité en France. Pire : « Pour beaucoup de gens, l’islamophobie est justifiée comme un combat nécessaire », y compris à gauche, expliquent les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat. Ils analysent la montée et les ressorts de cette islamophobie à la française, alors qu’ailleurs en Europe les (...)

    #Résister

    / #A_la_une, #Atteintes_aux_libertés, Discriminations, #Classes_populaires, #Entretiens

    • @lieuxcommuns : le problème c’est quand ces antiracistes n’assument pas leur islamophobie en tant que telle, et que dans leur expression on ne distingue pas bien s’il s’agit d’une phobie de la frange intégriste de l’Islam qui fait de l’activisme politique, d’une phobie de l’Islam en tant que nébuleuse religieuse, ou d’une phobie des musulmans. C’est cette confusion apparente qui pose problème, car en trahissant une hostilité certaine contre les pratiquants de la religion musulmane, on ne voit pas bien ce qui distingue ces anti-racistes des racistes tout courts...

  • "L’islamophobie, « Le Monde » et une (petite) censure"

    http://blog.mondediplo.net/2013-11-05-L-islamophobie-Le-Monde-et-une-petite-censure

    sur un texte intéressant de Thomas Deltombe (comme bien souvent)

    Une idéologie rance et raciste abritée derrière un masque humaniste

    On a pu croire, en cet automne 2013, que l’ère du déni était terminée. Après la série d’agressions antimusulmanes de cet été, qui — pour la première fois — ont été médiatisées, deux livres venaient rappeler que l’islamophobie n’est pas une lubie : celui du journaliste Claude Askolovitch, dont le titre, Nos mal-aimés. Ces musulmans que la France ne veut pas, indique clairement que son auteur, jadis moins lucide, a rompu avec le petit milieu qui prospère sur la haine des musulmans ; et celui des sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », qui fait le point sur les recherches académiques menées depuis une dizaine d’années, en France et ailleurs, sur ce racisme New Age. Commentant ce dernier ouvrage, un éditorial du Monde du 27 septembre admit enfin l’évidence : l’islamophobie n’est pas un « fantasme », mais bien une « réalité ».

    On dut pourtant rapidement déchanter. Car la machine islamophobe, si puissante, si violente, se remit immédiatement en branle. Après avoir reconnu — fait inédit — qu’il existait un « racisme antimusulman », la polémiste Caroline Fourest précisa que ce racisme était l’exclusivité de quelques excités et nia toute validité au concept d’« islamophobie », qu’elle incarne pourtant parfaitement (France culture, 1er octobre). Les hebdomadaires ressortirent de leurs tiroirs leurs éternels « intégristes » qui, coupables de tout, permettent aux éditorialistes de rameuter les troupes. Il est urgent de « combattre », nous exhorte Christophe Barbier en préambule du énième dossier que L’Express consacre au « communautarisme » (8 octobre). Quant à l’éditorial du Monde, il fut confirmé trois jours plus tard à la une du journal par un de ses dessins douteux dont Plantu est devenu coutumier (Le Monde, 1er octobre). Faisant une analogie entre un musulman haineux (« Islamorama ») et un syndicaliste hargneux (« Castorama »), cette « caricature » rappela à certains lecteurs — comme le rapporte le médiateur (Le Monde, 4 octobre) — l’iconographie antisémite et anticommuniste du journal Je suis partout dans les années 1940.

    Le dessin de Plantu rappelle aussi un autre événement qui mérite d’être mentionné, car il peut être considéré comme l’acte de naissance de l’islamophobie contemporaine en France. C’était il y a trente ans, en janvier 1983 : confronté à un vaste mouvement social dans une industrie automobile en crise, le gouvernement « socialiste », en pleine reconversion néolibérale et décidé à ne rien céder aux ouvriers, discrédita médiatiquement les grévistes, dont beaucoup étaient immigrés, en les assimilant aux mollahs iraniens. « Des grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites ! », s’enflamma le ministre de l’intérieur. Le stratagème provoqua quelques remous à gauche. Le Nouvel Observateur dénonça cet « anti-islamisme indistinct » qui « conduit à voir en chaque musulman un complice virtuel de Khomeyni ». Quant à Libération, il y vit le prélude d’un raz-de-marée « raciste ». Malgré ces avertissements, vite oubliés, l’entourloupe fonctionna. La presse obéissante fit ses choux gras des « intégristes » en col bleu. Satisfaites, la droite et l’extrême droite constatèrent à cette occasion qu’il était plus efficace, pour insulter les « bougnoules », de les appeler « musulmans ».

    Car telle est la fonction de l’islamophobie : encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable. C’est cette machine à raffiner le racisme brut, lancée par les socialistes en 1983, qui tourne à plein régime depuis trente ans, à gauche comme à droite. On ne parle évidemment jamais de « bougnoules » à la télévision et dans la presse, et assez peu d’Arabes et de Noirs. Mais on diffuse à flux continu des reportages où se déverse un magma confus de « musulmans », d’« islamistes » et autres « communautaristes ». Rien de raciste, bien sûr ! C’est simplement que ces gens-là posent « problème », nous dit-on, car ils menacent la « république », la « laïcité », le « féminisme », le « vivre ensemble ». Ainsi encodé, ce racisme raffiné, produit dans les beaux quartiers, imprimé dans les journaux, mis en scène à la télévision, propagé par email et sur réseaux sociaux, se dissémine dans toute la société. Laquelle, ainsi habituée à vivre dans un mélange de peur identitaire et d’angoisse sécuritaire, est sommée de traquer les voiles litigieux, de mesurer les poils de barbe et de signaler le moindre « colis suspect ». Attentifs ensemble !

    Alimentée depuis trois décennies par des bataillons d’éditocrates sur-payés, l’islamophobie est devenue une arme psychologique redoutable. Les premières victimes sont bien sûr « musulmanes », ou supposées telles. Suspectées, disqualifiées, déshumanisées par la propagande néo-raciste, elles sont d’autant plus « légitimement », et parfois légalement, discriminées, exclues, arrêtées ou agressées qu’on en a fait des « objets phobogènes », comme disait le psychiatre Frantz Fanon. Mais derrière les musulman.e.s, la cible est plus large : l’islamophobie est devenue l’arme secrète d’une guerre sociale diffuse. Par effraction, ce racisme sans race, cette haine respectable, installe dans nos têtes l’idée d’une société assiégée, allergique à la nouveauté, à l’étrangeté, à la pluralité. Derrière son masque « humaniste », parfois même « antiraciste », cette idéologie rance ne rejette pas seulement les musulmans. Elle chasse aussi les roms, fabrique des « clandestins », protège les privilégiés contre les « parasites », quels qu’ils soient. Des musulmans d’Islamorama aux syndicalistes de Castorama : raccourci édifiant.

    En 1984, un an après la manœuvre anti-ouvrière du gouvernement socialiste, le Front national remportait ses premiers succès électoraux, lors des scrutins municipaux et européens. En 2014, le parti lepéniste est d’ores et déjà assuré d’un nouveau triomphe. Mais ceux qui nourrissent la bête immonde depuis trente ans n’y sont pour rien. C’est la faute aux « intégristes » !

  • L’islamophobie, « Le Monde » et une (petite) censure - Les blogs du Diplo

    http://blog.mondediplo.net/2013-11-05-L-islamophobie-Le-Monde-et-une-petite-censure

    Le débat sur l’islampohobie en France a été relancé ces dernières semaines. Les agressions physiques contre des jeunes filles portant le foulard — les femmes sont toujours les premières victimes —, la proposition de feu le Haut conseil à la (désin)tégration d’interdire le port du foulard à l’université, le livre de Claude Askolovitch, Nos mal-aimés, ces musulmans dont la France ne veut pas (Grasset), le premier travail universitaire approfondi et remarquable, publié sous la direction de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, Comment les élites françaises fabriquent “le problème musulman” (La Découverte) y ont contribué [1].

    Les pages débat du Monde (1er novembre) ont donné la parole à divers intervenants défendant, comme il se doit, des positions diamétralement opposées. Ces textes sont accessibles aux abonnés. Mais je reproduis ci-dessous le texte de Thomas Deltombe, auteur de L’islam imaginaire, la construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005 (La Découverte) : « Une idéologie rance et raciste abritée derrière un masque humaniste ». D’abord parce que je le trouve remarquable. Ensuite parce qu’il a fait l’objet d’une petite censure des responsables du journal, censure sur laquelle l’auteur n’a jamais été consulté.

    #islamophobie #thomas_deltombe

  • “Islamophobie” : une invention française | Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed (Islamophobie)
    http://islamophobie.hypotheses.org/193

    Selon certains intellectuels médiatiques parisiens, “islamophobie” est un terme à bannir absolument du vocabulaire français. Un des principaux arguments mobilisés pour justifier ce bannissement symbolique réside dans l’affirmation selon laquelle le terme a été forgé par les “intégristes iraniens” dans les années 1970 soit pour disqualifier les femmes refusant de porter le tchador, soit pour empêcher toute forme de critique de la religion musulmane : Source : Islamophobie

  • L’extension de la “fonction publique” : argument juridique d’une discrimination légale par capillarité | Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed (Islamophobie)
    http://islamophobie.hypotheses.org/66

    e 7 décembre 2011, les sénateurs français vont discuter d’une proposition de loi déposée le 25 octobre par Mme Françoise Laborde, sénatrice radicale de Haute-Garonne depuis septembre 2008, dont l’objectif est d’”étendre l’obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité”. La justification de cette loi est accessible dans le rapport de la commission des lois du Sénat, rédigé par Alain Richard, sénateur PS du Val d’Oise (le contenu et la liste des auditionnés sont emblématiques de l’orientation du rapport). Cette proposition de loi est perçue comme une “nouvelle étape” après le vote de la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux aux élèves de l’école publique et fait explicitement référence à l’”affaire Baby Loup” (...) Source : Islamophobie