person:adrien genoudet

  • Ma toubib a la classe intégrale avec un immense dessin de François Matton dans sa salle d’attente et quel ! Jeune bergère, documentaire de Delphine Détrie, dont je ne pense pas grand-chose, c’est le moindre que l’on puisse dire, Le Rapport sexuel existe, dixième relecture, on s’approche de la fin ? une journée à Strasbourg avec Zoé, laquelle a désormais quinze ans ! Au fil du temps de Wim Wenders, décortiqué pour vous au Kosmos, de l ’ail des ours en veux-tu en voilà, merci Marie, Bertrand Gauguet en duo avec Franz Hautzinger à la rue de l’Acqueduc, Orchestra of Constant Disorder, Arnaud Rivière et Olivier Brisson aux Instants, les lycéens de Pablo Picasso à Fontenay assurent en bandes dessinées, La Strada de Fellini avec Sophie, Michele m’a fait une très belle bande son pour un des douze petits films de Clignements, quelques idées pour reconstruire Notre-Dame de Paris, toutes et tous aux abris : j’ai appris à faire des copies d’écran sur mon téléphone de poche, Dadada au Comptoir à Fontenay, séjour autunois, jusqu’au bout du monde, tentative de restauration d’un très ancien cours de perspective avec Marilou Lantieri, L’Etreinte avec Adrien Genoudet au théâtre Blocry à Louvain-la-Neuve, l’exposition de Wim Delvoye au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, As A Mother Of Fact d’Oriane Varak par la Notch Company, visite du Kanal, une petite semaine dans les Cévennes, retrouver un vieux journal et jouer au jeu de la Dyslexie créative. Quel mois d’avril !

    http://desordre.net/photographie/numerique/divers/201904.htm

  • http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/2018/201812.htm

    Un extrait de Ja de Thomas Bernhard, un extrait de Barbe bleue de Georges Mélies, Shoot de Chris Burden, le Rosebud d’Orson Welles, les grands boulevards à Paris filmés depuis un bus en 1913, L’Etreinte d’Adrien Genoudet, Hard Eight de Paul Thomas Anderson, Le Temps des arbres de François-Xavier Drouet, Perdre le Nord avec Hamsih Fulton, un piano qui prend cher, L’Insoutenable Effervescence du fantôme de JLG, Premières Solitudes de Claire Simon, les vingt ans de l’Atelier du Tampon, le fameux mouvement de zoom dans l’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville tel qu’il est décrit et décortiqué par Grégoire Bouillier dans Le Dossier M., L’Esprit de la ruche de Victor Erice, Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer, Théo Girard et Les Pensées rotatives, Nina dans le Désordre, Eve Risser et Naïny Diabeté, Orsay contre le PUC, Sarah Murcia joue My Favorite Things, la visite des expositions d’Egon Schiele, Jean-Michel Basquiat et Tomas Saraceno, de la musique, Leto de Kirill Serebrennikov, dont je ne pense pas grand-chose, Shimmer Lake d’Oren Uziel dont je pense le plus grand bien, Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda qui m’a fait pleurer de bonheur, une collaboration avec B., céramiste, Pupille de Jeanne Herry dont je pense le plus grand mal et un banquet végétarien, préparé par Zoé et moi, avant qu’il ne soit dévoré par personnes qui mangent de la viande.

    Un mois de décembre 2018, bien rempli. La Vie, quoi.

  • http://desordre.net/spectacles/l_etreinte

    Il était temps, sans doute, que je me prenne par la main pour fabriquer une page du Désordre qui rende compte de la lecture de L’Etreinte par Adrien Genoudet et moi-même.

    L’Etreinte c’est ce texte magnifique d’Adrien ( https://inculte.fr/produit/letreinte ) dont je ne saurais trop vous recommander la splendide lecture, ça pourrait changer pas mal de choses pour vous, dans un premier temps dans la façon dont vous pensez les attentats du 13 novembre et par extension le reste du monde et de l’existence.

    Lorsque j’ai découvert ce texte assez inouï, j’ai écrit une longue lettre à Adrien que je ne connaissais pas du tout. Six mois plus tard Adrien et moi étions transits de trac dans les coulisses du musée de la danse à Rennes où nous avons présenté une première lecture-projection d’un mélange de très beaux extraits de l’Etreinte et de ce qu’ils m’inspiraient dans cette fameuse lettre à Adrien.

    Depuis nous l’avons relue-rejouée à Beaubourg en février dernier, à Autun, à la Folie, chez Martin et Isa, en juin, et nous serions sur le départ d’une tournée internationale (et triomphale) à Louvain-la Neuve en Belgique, mais chut.

  • On s’excuserait presque de ne plus avoir de blog pour rendre compte de ce genre de choses, mais voilà cet hiver Adrien Genoudet et moi-même avons donc lu l’Etreinte d’Adrien, et des extraits de la lettre que j’avais écrite à Adrien après avoir lu son livre à Beaubourg, ce dont il nous est revenue cette petite vingtaine de photographies d’Hervé Véronèse

    #shameless_autopromo

  • Je sais que je l’ai déjà dit ici ( https://seenthis.net/messages/699666 ), mais si vous êtes dans la région d’Autun demain soir, Adrien Genoudet et moi-même, lisons L’Etreinte, texte d’Adrien Genoudet, qui est, à mon sens, l’une des très rares réponses littéraires intelligentes aux attentats du 13 novembre 2015 en Ile de France. On y projetera également cinq minutes de très belles images d’archives des boulevards à Paris en 1913 issues du fond Albert Kahn, le tout sur un solo de guitare électrique de votre serviteur (je vous raconte un peu la fin là, réalise-je !).

    Et avant cela vous pourrez vous régaler puisque mon amie Isa Bordat fait un Mordre et Unir du feu de Dieu (et là je vous raconte un peu le début).

    Vous ne pouvez pas rater cela.

  • C’est à Autun, chez Martin et Isa, dans les faubourgs de la Folie, 10, route de Château-Chinon, le 16 juin à 20H00, Isa Bordat nous fera la grâce d’un Mordre et Unir , puis Adrien Genoudet et moi-même feront une lecture-veillée de L’Etreinte , d’après le texte éponyme d’Adrien, entrecoupé d’extraits d’une lettre que je lui ai écrite après la lecture de L’Etreinte .

    Ce sera l’occasion de déguster des petites choses qui n’ont lieu que dans les chaudrons d’Isa, de découvrir le très beau livre d’Adrien et même, de repartir avec un exemplaire dédicacé de L’Etreinte , d’ Une fuite en Egypte ou encore de Raffut , qui vient de sortir

  • Vous entrez dans un théâtre, sur scène une grande table noire, de part et d’autre de la-quelle, deux chaises indiquent qu’il y aura, conformément à l’affiche du spectacle, deux lec-teurs, d’ailleurs leurs deux textes sont posés sur la table au-devant des chaises et sont éclairés vivement dans un rectangle de lumière qui emprisonne parfaitement les deux tas de feuilles, la réflexion des deux tas de feuilles blanches est d’ailleurs le seul éclairage, si ce n’est la lumière rouge d’un écran, au lointain, derrière la table. La sonorisation de la salle de spectacle passe en boucle une chanson d’un autre temps, Smile, chantée par Timi Yuro. Vous vous installez et discutez, ou pas, avec les personnes autour de vous. Ça dure un peu, on vous passe bien cinq fois la chanson, c’est un peu lassant à vrai dire, puis au moment, où cela pourrait presque devenir plaisant, panne d’électricité, toutes les lumières s’éteignent et la chanson est brusquement interrompue. La rumeur autour de vous cesse. Deux ombres viennent s’assoir, l’une à jardin, l’autre à cour. Puis tout d’un coup le vidéoprojecteur envoie une image générique et sombre de la ville de nuit et, avec elle, la sonorisation, elle, crache des coups de feu, des cris, des invectives et pendant cinq minutes le plan fixe de la ville ne bouge pas, il se rapproche d’un immeuble, il y a une vie silencieuse dans des appartements, en revanche la bande-son est insoutenable parce que vous avez compris, assez rapidement, qu’il s’agissait d’un enregistrement aux abords du Bataclan un soir de 13 novembre 2015. Et très franchement, vous seriez en droit de vous demander si on vous a bien regardés, qui sont les personnes qui sont en train de vous imposer ces longues minutes, de les revivre d’une façon spectaculaire, vous êtes à deux doigts de vous lever et de foutre le camp, d’autant que la probabilité n’est pas faible que vous ayez perdu un proche dans les attentats du 13 novembre 2015, ou dans un autre attentat, ou encore que vous connaissiez, parmi vos proches, une personne qui a effectivement perdu quelqu’un dans des conditions tellement éprouvantes et, donc, qui sont les personnes - les deux ombres sur scène - - qui sont en train de faire spectacle de tout et de justement d’un événement pareillement mortifère ? Pour tout vous dire, les deux ombres en question y pensent salement et même redoutent qu’effectivement, vous vous leviez et même que vous les invectiviez et les deux ombres le redoutent tout particulièrement qu’elles trouveraient la chose, votre désertion, vos invectives, parfaitement justifiées et ces deux ombres sont en train de spéculer dans le noir, sans même se regarder, mais elles en ont parlé entre elles, plus d’une fois, et longtemps, de savoir si c’est ce qu’il va se passer ou si, au contraire, elles vont pouvoir s’appuyer sur la confiance du public pour lui dire ce qu’elles ont à vous dire - lire.

    Et pour tout vous dire, les deux ombres en question ne sont pas exactement des professionnels du spectacle, elles ont un putain de trac et cette entrée en matière ne fait qu’ajouter de la peur à leur peur, la peur du public à la leur. Sans compter, répétitions obligent, que cette bande-son les deux ombres l’ont entendue un très grand nombre de fois et que ce n’est pas parce qu’elles l’ont déjà entendue un grand nombre de fois qu’elle fait moins mal à entendre, ce serait plutôt le contraire. De là à vous dire que les deux ombres s’imposent à elles-mêmes ce qu’elles sont en train de vous imposer. Dans la bande-son, la voix angoissée et incrédule d’un journaliste du Monde, voisin du Bataclan, qui, réflexe professionnel, filme au téléphone de poche la petite rue derrière le Bataclan - le passage Saint-Pierre Amelot - par lequel s’échappent des personnes, comme elles peuvent, parmi lesquelles une femme qui explique être enceinte et qu’elle va bientôt lâcher - de la rembarde de fenêtre à laquelle elle s’est suspendue pour s’échapper. Et de fait elle finira par tomber - ici, je préfère tout de suite dire que cette femme est toujours en vie et que son enfant est né quelques mois plus tard. Le journaliste du Monde filme et enregistre sa propre voix, trempée dans l’angoisse qui exige de savoir : « mais qu’est-ce qu’il se passe ? »

    Et maintenant que se passe-t-il ?

    Les deux îlots de lumière éclairent à nouveau les tas de feuille. Une voix off, jeune, en-tame la narration : « Désormais, nous le savons, tout est à recommencer. »

    Si vous avez reconnu l’incipit de L’Étreinte d’Adrien Genoudet, vous avez bon. Et vous vous doutez depuis le début que je suis une des deux ombres et que l’autre c’est celle d’Adrien Genoudet et que nous sommes en train d’entamer la lecture spectacle de l’Étreinte, vous avez bon aussi. Et à vrai dire si vous n’avez pas encore lu L’Étreinte d’Adrien, je ne peux que vous encourager à le faire et vous allez enfin lire quelque chose de sensible, d’intelligent et de cultivé sur le sujets des attentats du 13 novembre 2015, ça devrait vous changer de tout ce que vous avez déjà lu sur le sujet. Le texte d’Adrien va vous prendre par la main, vous emmener partout où la violence a éclos et semé la mort et vous dire d’une très poétique façon que Notre Mal vient de plus loin, pour reprendre le titre d’Alain Badiou. Adrien avec force exemples, comparaisons, métaphores, symboles, citations, bref avec toutes les armes de la littérature, va faire rien moins que de vous dire que pour monstrueux que soient les attentats de novembre 2015, ils ne venaient pas de nulle part, qu’ils étaient en nous, prêts à germer, que notre part inconsciente, mieux encore, notre histoire, et notre culture, portaient tout cela en elles et en nous. Et pour comprendre, entendre de telles atrocités en somme, il va falloir nous faire confiance. Une confiance presque aveugle et qu’en quelque sorte ce qu’on vous a imposé au début de notre affaire c’était une manière, un peu maladroite, de vous demander cette confiance.

    Et aussi invraisemblable que cela puisse paraître à la fin, vous serez remué et retournée ou retourné et remuée. En tout cas pas indemnes. A Rennes, après la première lecture, au foyer, un homme un peu plus âgé que moi est venu me trouver pour me dire que cette lecture lui avait fait prendre conscience que depuis le 13 novembre 2015 il se trompait du tout au tout dans sa lecture de ces faits affreux, et que pour ainsi parler, sur le sujet, on nous raconte beaucoup de carabistouilles, on nous fait avaler des couleuvres.

    Il n’empêche la question des moyens employés subsiste, pourquoi ce début, et d’autres effets - je e vais pas tout vous dire non plus, des fois qu’on le rejoue, notamment le 16 juin à Autun, notez ! - et qui sommes-nous pour nous permettre de tels effets, une telle violence ?

    Nous avons joué deux fois ce spectacle. Les deux fois, pendant tout le début, j’étais au bord de vomir de trac et d’angoisse, et quand c’est à moi de prendre la parole le premier - « Adrien, je viens de lire l’Étreinte que Tiffanie avait mis de côté pour moi » - je peux vous dire que je ne fais pas le fier, en revanche je suis vidé d’une chose, je n’ai plus peur et je vais pouvoir faire ce que j’ai à faire et que je ne sais pas vraiment faire, à savoir lire en public, devant une centaine de personnes, et même - les idées d’Adrien, des fois ! - vous gratifier de cinq dix minutes de complète improvisation sur une guitare électrique, instrument que je maîtrise presque aussi bien que des patins à glace. Bref je suis lancé. Et pour Adrien, c’est un peu pareil, pour lui c’est plus dur que pour moi, ses parties de texte sont plus longues à lire et c’est un peu son texte qu’on est en train de défendre ici. Et lancés, nous avons acquis une forme de légitimité, en tout cas, j’en ai le sentiment, après-coup.

    Et pour tout vous dire une chose qui me donne à moi, pour Adrien je ne sais pas, je pense que cela vient d’ailleurs, cette forme à la fois de légitimité et de courage, c’est que je me dis que je ne pourrais jamais dire quelque chose de plus stupide que tout ce que j’ai entendu de la part des femmes et des hommes politiques de ce pays en commençant par le premier d’entre eux, le précédent président de la République, je sais je l’ai déjà dit, les deux pieds mal assurés sur les décombres du Bataclan, déclarer, faussement martial, que la France est en guerre. Et il s’est dit des choses plus stupides encore, notamment le 14 juillet suivant après les attentats de Nice, quand cet abruti de Guaino - l’homme qui vomit ses électeurs aux dernières législatives perdues par lui - qu’il faudrait installer des lance-roquettes sur des endroits comme la promenade des Anglais à Nice. C’est qu’elle va être belle la promenade des Anglais, ses palmiers et ses lance-roquettes, parfaitement intégrées dans le paysage, Philippe Stark nous fera bien quelque chose.

    Je ne vais pas m’attarder sur le fait que l’état d’urgence décrété en 2015 n’a finalement été levé qu’une fois que ses dispositions avaient été intégrées au sein même du code civil, en revanche je ne doute pas qu’à la prochaine occasion, quand l’état d’urgence sera de nouveau décrété, cela permettra de corser encore un peu plus l’affaire, je crois même que militaires et bleusaille pourront désormais décider d’élire domicile chez qui leur semble bon, peut-être au-rons-ils la politesse d’apporter leurs propres brosses à dents, mais cela ne sera pas tant par politesse mais par souci, sans doute, de ne pas mélanger torchons et serviettes dans leurs petits fichiers de collectes d’ADN. Bref l’état d’urgence c’est maintenant. Surtout, comme l’ont amplement montré les journées du procès de Tarnac, la lutte contre le terrorisme, si fictive soit-elle, c’est en fait le Nord des gouvernements de droite qui se succèdent sur le trône. Ce serait très injuste et incorrect de ma part sans doute de sous-entendre que pendant que d’amples ressources matérielles et humaines étaient dédiées à la surveillance d’un magasin d’épicerie dans un petit village de la Creuse, d’aucuns se radicalisaient, et pas que sur internet.

    D’ailleurs il est désormais loisible de prendre la mesure de cette menace, tout du moins ce que l’on veut bien nous en dire. Vous n’imaginez pas à côté de quoi nous sommes passés. Le journal Le Monde - au sommet sa volonté de nous informer sans doute, ou est-ce de nous pousser dans le gosier des données, graphiques compris, toutes droites pondues et made in ministère de l’Intérieur - nous donne donc le récit, à la fois exhaustif et pléthorique, de tous les attentats manqués ou réussis - leurs mots, pas les miens. Et cela me met dans une colère noire, vous n’avez pas idée.

    Voici désormais les impensés du pouvoir et de leur chambre à écho, la presse.

    À l’antiterrorisme, ils et elles sont trop forts, ils et elles n’arrêtent pas de nous éviter la mort au coin de la rue. Regardez tout ce qu’ils et elles ont déjoué.
    Mais il faut quand même continuer d’avoir peur.
    Grâce à l’état d’urgence, qui fait tellement l’économie de la liberté de chacunes et cha-cuns, on n’a pu déjouer tant et tant d’attentats (dont par ailleurs il est assez difficile de déter-miner le niveau de terreur, quelques empêchements de quitter le territoire national pour des mineurs sont parfois caractérisés, hypothétiquement, comme des évitements de grands mal-heurs, ce qu’ils sont peut-être, c’est possible, mais sont-ce vraiment des attentats déjoués)
    Mais il faut quand même continuer d’avoir peur.
    Lisez bien cette longue liste d’attentats déjoués et vous devriez normalement en trouver un près de chez vous. Elle n’est pas passée bien loin celle-là. Couplez cela avec un peu d’intelligence artificielle et la prochaine fois vous devriez avoir les horaires de passage manqué de la grande faucheuse. Quand on vous dit que l’antiterrorisme est une fiction - je vais finir par leur envoyer mon C.V. d’auteur et donc des compétences à revendre dans le domaine de la fiction, au moins je serais vraiment payer pour de telles compétences qui seraient enfin reconnue à leur insurpassable hauteur.
    Mais il faut quand même continuer d’avoir peur.
    Last but not least, ne perdez jamais de vue, braves gens, que le sujet de préoccupation principale qui doit être le vôtre c’est que le terrorisme est partout - devenez un peu comme Finkielkraut, désolez-vous que Nuit debout détourne l’attention publique de l’islam radical.
    Mais il faut quand même continuer d’avoir peur.

    Est-ce que la logique pure ne pourrait pas nous venir un peu en aide, chers et chères journalistes du Monde, le journal qui décode ? Est-ce qu’un attentat déjoué n’est pas, en soi, un non-événement par excellence ? Et est-ce qu’un non-événement n’est pas une non-information ? Et est-ce qu’une non-information n’est pas, par définition, de la désinforma-tion ? De la fiction ?

    D’ailleurs posez-vous un peu la question, là, tout de suite, de quel fait d’actualité le pouvoir, et ses médias inféodés, aimeraient détourner notre attention, là, tout de suite, maintenant ?

    Je vous aide un peu ou vous trouvez par vous-mêmes ?

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Adrien Genoudet et moi-même relisons l’Etreinte d’Adrien, entrecoupé de passages d’une lettre que je n’aurais jamais du lui écrire, voilà où cela me mène : faire, à mon âge, des trucs qui sont de mon âge.

    C’est à Beaubourg, le samedi 3 février à 20H (entrée libre dans la limite des places disponibles), cela fait partie de la manifestation Gardez les yeux ouverts d’Adrien, elle-même incluse dans le festival Hors-pistes

    Et c’est présenté là : https://horspistes13.fr/l-etreinte

    Quelques photographies d’Adèle-Zoé

  • Chères toutes et tous

    Comme on peut l’apprendre, de temps en temps, en lisant #mon_oiseau_bleu, je travaille en ce moment à un texte intitulé Frôlé par un V1, dont l’une des recherches les plus saillantes est de s’intéresser aux figures de l’invisible. Dit comme cela ça peut paraître un peu mystérieux. Je vous donne un exemple : les standardistes de téléphone qui invariablement se présentent comme Arnaud ou Nathalie (et qui en fait s’appellent Mehdi ou Djemila - ce qui est tellement plus joli ceci dit par ailleurs) et auxquelles on compose des visages fictifs dont on ne saura jamais s’ils ont la moindre part de ressemblance (surtout si on prend pour argent comptant qu’elles s’appellent Nathalie ou Arnaud). Le texte procède beaucoup par petites fiches quand ce n’est pas par petites touches, voici une des fiches.

    Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 - 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité, des fantômes par excellence.

    Je crois qu’assez nombreuses sont effectivement les personnes dont j’ai découvert l’existence en lisant leur chronique nécrologique. En revanche si je voulais dresser une liste de ces personnes, et bien, je ne me souviens pas d’un seul nom !

    Du coup je me demandais si dans notre belle et riante communuaté d’omniscientes et d’omniscients, il n’y aurait pas quelques-uns de ces fantômes que les unes et les autres pourraient me prêter pour me dépanner dans cet effort de fiction qu’est donc Frôlé par un V1

    D’avance #merci

    • Comme par exemple, ce patron de bar tabac dont une amie m’a annoncé la mort alors que je le connaissais pas. Je l’ai imaginé tout grisouille : la cinquantaine, de taille moyenne, le visage un peu carré, une chevelure courte, légèrement bedonnant, habillé d’une chemise et d’un pantalon gris bleuté. La voix un peu rocailleuse. Sans doute le côté tabac qui ressort :) Je ne connais pas son nom.

    • @james Oui, ça marche à fond. On n’est pas obligé que ce soir la jour-même.

      @odilon Disons que c’est mieux si la personne est effectivement connue d’un panel plus large de personnes, limite célébrité, mais je garde le buraliste en question, qui si cela se trouve était au contraire fort bel homme et gentil comme tout, et avec la chemise parfaitement rentrée dans le pantalon.

    • Je pourrais alors dire « Paul VI ! », mais ce serait un peu hors sujet. Juste que c’est le jour où il est mort que j’ai découvert qu’il y avait un Pape. À l’époque, ça m’a franchement intrigué mais honnêtement, ça ne me hante pas ...

    • @james Je n’en reviens pas. Il se trouve que je fais partie des rares personnes qui l’ont vu vivant une dernière fois alors qu’il tentait d’obtenir du connard de gardien du 22 rue Monsieur le Prince le code pour se réfugier dans la cour intérieure et que nous n’avons pas eu le temps de lui gueuler que c’était le 9573 depuis le fond de la cour, parce qu’il a pris ses jambes à son cou mais pas assez vite puisque les voltigeurs l’ont rattrapé juste après la rue Racine devant le numéro 20 où il y a désormais une plaque à son nom.

    • J’ai vécu un moment, hier, qui se rapproche un peu de ta recherche de fantômes. L’enterrement d’un proche : J-F 1964-2018, dernier oncle maternel de ma fille. J’ai approché ce fantôme que les 12 dernières années de sa vie. (il cumulait une douzaine d’année derrière les barreaux entre entrée et sortie).
      Beaucoup plus que sa mort, c’est son enterrement qui m’a appris la difficulté de se faire enterrer comme indigent. Et fantôme de la bouche de la grand-mère de ses 2 fils, Mehdi & Milhan, qui disait qu’elle avait eue accident, hier, en venant à Rennes (elle a pliée sa voiture, c’est tout) que J-F avait dévié sa trajectoire pour que ses fils ne voient pas son cadavre.
      #bleu_comme_un_cadavre
      Aujourd’hui 4 personnes sur les 9 qui ont assisté et arrosé sa sépulture ont le bruit d’un V1 dans le cerveau.
      J-F lui est une nouvelle fois entre 4 murs et cette fois-ci pour perpète. R.I.P

    • @odilon et @james oui, un chapitre en soi celui des anonymes qui deviennent connus par leur décès qui résulte donc des violences policières. Du coup là je me demande si je ne devrais pas ouvrir une catégorie spécifique.

      Cookie Muller, je ne connaissais pas. Merci @vanderling

      Une fois deplus, et c’est le cas presque à chaque fois que je suscite l’intelligence collective de seenthis, ça débloque pas mal de choses.

    • Ça m’a toujours amusé de me retrouver à habiter des rues portant le nom de total·es inconnu·es : Simone Bigot à Clichy, Louis Vestrepain à Toulouse et maintenant Emile Duployé.

      dans le genre parfaitement inconnu, même mort, sauf quand on doit donner l’adresse !
      et pourtant !

      Duployé wrote a series of books on this subject, whose first edition was named Stenography-Duployé, writing easier, faster and more readable than any other, which applies to all languages (published in Lyon in 1860).

    • Je disais hier que parfois j’ai envie de tuer des gens, les deux filles étaient gênées, j’ai cru que j’allais prendre un couteau. Où est la peur ? le jeu ? J’ai dit qu’au contraire, j’aurais du faire du cinéma, au cinéma on peut mourir pour pas cher, on y tue beaucoup plus que dans la vraie vie, et surtout on ressuscite à chaque fois. Le cinéma est fait par des psychopathes détournés de leur dessein premier, des sortes de gentils dont il faudrait quand même se méfier. Et j’y repense aujourd’hui quand le gars fonce à moitié sur nous avec sa voiture, qu’il crève en enfer me dis-je. Mais bon, il parait que si je questionne pourquoi sa copine était gênée c’est que moi-même je devais connaitre la réponse, qu’elle non plus, jamais de chez grand jamais elle n’a pensé à tuer quelqu’un. Mais penser n’est pas tuer, quand même ? et écrire alors ? Bande d’hypocrites.

    • Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov
      J’ai appris son existence le jour de la fermeture de l’usine qui fabriquait le fameux AK-47.
      Donc pas vraiment le jour de sa mort, quoi que...
      En réalité, dans son cas la (les) mort ça ne (se) compte pas.
      Et le plus sidérant pour moi fut d’apprendre qu’à la fin de sa vie il aurait mis au point ... un piège à taupes !

      « Au total, Mikhaïl Kalachnikov a créé à peu près cent-cinquante armes diverses. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Kalachnikov

    • Merci à toutes et tous. Même si je vais seulement picorer dans vos suggestions, il n’en est pas moins que vous avez ouvert une brêche pour ce qui est des personnes, notamment militantes, anonymes qui ont accédé regrettablement à la notoriété par leur mort, voilà typiquement des fantômes qui ont leur place dans mon récit décousu des Frôlés par un V1 .

      On n’est décidément jamais déçu quand on suscite l’intelligence collective de seenthis .

      Et surtout que ce mot de remerciement ne dissuade personne de continuer de forer dans cette tempête de cerveaux , je suis encore très éloigné d’une forme fermée de mon texte.

      Encore une fois, #merci

    • Peut-être d’autres brêches

      Les militant·es des droits des peuples autochtones, des terres, de l’environnement ayant un certain renom dans leur pays et qui ont été assassiné·es :
      Berta Cáceres militante écolo assez connue au Honduras
      Rodrigo Tot, leader indigène au Guatemala qui avait reçu le Goldman Environmental Prize
      Isidro Baldenegro López, mexicain, Goldman Prize 2005
      Si tu as besoin d’une liste tu peux faire une recherche #assassinat ou #meurtre, j’en ai référencé quelques uns

      Les femmes assassinées par leur compagnon ou leur ex :
      Zenash Gezmu, marathonienne éthiopienne réfugiée en France

      et aussi
      les victimes d’homophobie
      Hande Kader, l’héroïne de la Gay Pride retrouvée brûlée à Istanbul

    • Alain Kan est un chanteur français né à Paris le 14 septembre 1944 et disparu le 14 avril 1990. Sa carrière, qui s’étend du début des années 1960 au milieu des années 1980, est assez atypique, du fait de son passage d’un style à l’autre : d’abord chanteur de variétés, il passe au glam rock puis au punk, gagnant en originalité artistique tout en se marginalisant. De manière inhabituelle pour l’époque, il affirmait ouvertement son homosexualité, à laquelle il faisait référence dans certaines de ses chansons, mais aussi sa toxicomanie qui a contribué à nuire à sa carrière. Vu une dernière fois dans le métro parisien, il disparaît sans laisser de traces.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Kan#Disparition
      https://www.discogs.com/fr/artist/493333-Alain-Kan
      #Alain_Kan

    • Bon je vous livre, je vous dois bien ça, l’extrait en question écrit, grâce à ce que je qualifie dans cet extrait-même comme l’intelligence collective de Seenthis.

      Extrait donc de Frôlé par un V1, roman en cours

      Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 – 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité en somme. L’écrivant, je me suis rendu compte que ce paradoxe relevait presque d’une expression du langage courant, Untel ou Unetelle, c’est la première fois que j’en entends parler, dit-on lors de certains décès, de certaines disparitions. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai pareillement et paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des fantômes par excellence. Mais alors, je me suis rendu compte que je n’avais pas d’exemples en tête de tels fantômes, de personnes apparaissant dans mon existence littéralement en mourant, et pourtant je jurerais que de telles personnes sont légions. Je tentais par exemple de parcourir les rayonnages désordres de ma bibliothèque tentant de me rappeler quels seraient les auteurs et les auteures que j’aurais lues, ma curiosité intriguée, pour ainsi dire, par l’annonce de leur décès, mais je me rendais bien compte que je regardais au plus mauvais endroit qui soit, ma bibliothèque qui recèle de morts bien vivants dans mon esprit, et celles et ceux que j’aurais adoptés tout juste post mortem et dont j’aurais lu les livres, parfois avidement, auraient rejoints le corpus quasi familial de mes auteurs et auteures avec lesquelles j’entretiens des relations quasi amicales quand ce n’est pas familiales. Je demandais un peu autour de moi, amis et famille, y compris à celles et ceux de mes proches dont justement je me souvenais qu’ils aient un jour proféré cette étrange parole de la naissance d’une personne à sa mort ― je me souvenais assez distinctement par exemple avoir appris la mort de je ne sais plus qui à B. qui me disait ne pas connaître tel auteur ou telle artiste, mais, pareillement, ces proches, B. compris, étaient comme moi, incapables de donner le moindre exemple, la liste de ces fantômes allait donc être très courte : l’ensemble vide, Ø, un ensemble fantôme en soi. Cela m’a vraiment taraudé quelques jours, je ne supportais plus l’idée que ce livre ne compte pas de ces authentiques fantômes, lesquels étaient en train, tels les fantômes qu’ils sont, de me poursuivre dans mes nuits jusqu’à m’en gâter le sommeil ― il m’en faut peu, on l’a vu, une scène d’égorgement nocturne, un octopode imaginaire...―, jusqu’à ce que j’en vienne à utiliser une de mes bottes secrètes, l’intelligence collective de Seenthis. Je m’explique. Seenthis est un réseau social libre, dont on doit, pour beaucoup, la conception, la réalisation, les nombreuses améliorations et l’entretien à un certain @arno ― toutes les personnes dont il va être ici question vont être appelées par leur nom de profil dans ce réseau social, dans lequel je suis moi-même @philippe_de_jonckheere. Il me faudrait sans doute plusieurs douzaines de pages pour décrire à la fois le fonctionnement de cet édifice mais surtout la très intense vie intelligente et cultivée qui y a cours, sans parler de ses très riches débats. Je donne un exemple malgré tout. L’année dernière ma fille Sarah, en préparant ses épreuves de baccalauréat, rencontrait de véritables difficultés avec ses exercices de cartographies, une épreuve, la cartographie, pour laquelle elle se faisait un souci insigne et je n’étais d’aucune aide pour elle, je m’en rendais bien compte, d’une part la géographie n’a jamais été ma matière forte ― ai-je une matière forte ? ― et par ailleurs je suis un très piètre pédagogue. Pour rire, je faisais remarquer à Sarah que c’était d’autant plus idiot que sur Seenthis je suivais, avec grand intérêt, les travaux de quelques cartographes fameux, @reka, @fil, @simplicissimus, @odilon, @visionscarto et leurs discussions passionnantes qui concernaient beaucoup la visualisation de données ― sujet auquel je trouvais une pertinence remarquable, une vieille marotte à moi : les images sont en train de devenir le langage etc… je vous épargne. « Ah Seenthis…, ton Facebook bio », avait répondu pleine de dédain juvénile Sarah, 18 ans. Vexé, évidemment, je décidais de mettre mon Facebook bio à l’épreuve et m’ouvrais, sur mon compte, @philippe_de_jonckheere, à la fois de l’incrédulité de Sarah ― ce qui fit bien rire et même adopter l’expression Facebook bio ― et, à la fois aussi, de la problématique ― la difficile mémorisation d’une carte qu’il faut ensuite restituer depuis un fond de carte, exercice nettement plus difficile qu’il n’y paraît ―, et quelle ne fut pas la richesse des réponses ― il fut même offert à Sarah une possible leçon particulière par visioconférence avec le célèbre @reka ―, et si j’exagérais un peu, ce que je ne fais pas naturellement, je pourrais pousser jusqu’à dire que grâce à Seenthis, mon Facebook bio, Sarah a finalement obtenu un très belle mention à son baccalauréat ― elle a obtenu la note de 15 sur 20 à son épreuve d’histoire-géographie. Il n’empêche, toutes plaisanteries et exagérations mises à part, il règne sur ce réseau de demi-savants une atmosphère d’intelligence collective et de mise en commun remarquable. Je décidais donc de m’ouvrir de ma difficulté du moment dans l’écriture de mon texte en cours, Frôlé par un V1. Je n’ai pas été déçu du résultat, puisque @odilon, @james, @vanderling, @touti, @alexcorp, @vazy ont participé à une conversation longue de quarante-deux messages, laquelle a été suivie, de près, par @marielle, @line_d, @7h36 et @reka et de laquelle est ressortie une figure particulièrement proéminente de fantômes , auxquels je n’avais pas du tout pensé : les victimes anonymes de violences policières, anonymes un jour, fondus et fondues dans la masse en somme, et parce que tués et tuées par les violences policières, ces personnes accédaient à une forme de notoriété étrange, il n’est que de ce citer certains de leurs noms pour vous faire toucher du doigt cette extraction surnaturelle de la masse indifférenciée de la foule, Malik Oussekine (1964 – 1986) ― le premier exemple donné par @james, qui, comme on va le voir, a résonné très étrangement à mes oreilles ―, Rémi Fraisse (1993 – 2014), Adama Traoré (1992 – 2016) et tant d’autres ― lors du printemps 2016, qui a été un véritable déluge de violence policières, s’est tenue une manifestation à Rennes qui a été elle-même violemment réprimée, et pour cause : les manifestants avaient peint au pochoir sur le pavé les noms des très nombreuses victimes de violence policières en France ― depuis 1945, si mes souvenirs sont bons. Mais le nom de Malik Oussekine cela avait une résonnance toute singulière, dont j’ai tenté en plusieurs endroits de mes différents textes ― dans le Jour des Innocents ( http://desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine ) notamment, mais aussi dans la longue lettre que j’ai écrite à Adrien Genoudet à propos de son livre l’Étreinte passage qui est devenu un élément saillant de notre spectacle éponyme ― de dire, justement, le frôlement qui a été le nôtre, Malik Oussekine et moi, et qui est, en soi, la figure du fantôme et du frôlement mêlés, fantôme et frôlement qui sont les deux thèmes de ce texte à propos de ce qui est à peine visible, quand ce n’est pas entièrement invisible. Malik Oussekine était un étudiant contestataire, à juste titre, des lois Devaquet-Monory en décembre 1986 ― et comme j’ai été rattrapé par une tristesse boudeuse, précisément en réglant les droits d’inscription élevés pour l’entrée à l’université de Sarah en septembre dernier, et dont je me souvenais que de tels droits, une telle somme, étaient l’une des mesures prévues par ces lois scélérates, et combattues pour cela, et dont je mesurais qu’elles avaient sans doute toutes été plus ou moins adoptées et mises en application, au fil des trente dernières années, en douceur, si j’ose dire, par les différents gouvernements de droite qui se sont succédés, sans discontinuer depuis décembre 1986, hiver au cours duquel, les manifestants avaient fini par obtenir, fort justement et dans la douleur, l’annulation des fameuses lois Devaquet-Monory (1923 – 2009). À ce titre dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 Malik Oussekine a été poursuivi dans la descente de la rue Monsieur de Prince à Paris par une escouade de voltigeurs ― sur une motocyclette, deux gendarmes, l’un pilote l’engin pendant que le second assis derrière, fait usage de sa matraque, notamment en frappant les personnes qui fuient leur charge dans les jambes, mais pas que dans les jambes, sont-ils maladroits ! Malik Oussekine a tenté de trouver refuge dans la très belle cour intérieure du 22 de la rue Monsieur le Prince mais dont l’accès était barré par un digicode ― le 9573 ―, lesquels n’étaient pas aussi fréquents alors, et que le gardien de cette adresse ― un type immonde de bêtise crasse et dont je dois confesser que j’ai souvent rayé, suis-je maladroit ! la carrosserie de cette voiture qu’il entourait de mille soins attentifs, notamment dans la cour intérieure le dimanche matin (Daphna ironisait souvent que sa femme ne devait pas connaître tant de douceur ― Daphna), et on a beau être étudiant aux Arts Déco, il est admirable à quel point on peut manquer d’imagination, et de compétence graphique, finalement, pour ce qui est des représentations obscènes gravées à la clef sur l’acier, des bites donc ― le gros gardien donc, n’a pas voulu lui donner le code, ce qui a condamné Malik Oussekine à prendre la fuite toujours plus bas dans la rue Monsieur le Prince, il a tout juste eu le temps de traverser la rue Racine avant d’être repris par un duo de voltigeurs et donc battu à mort ― je me souviens qu’Élie, le frère de Daphna, et moi, cruels et jeunes, avons tenté de faire valoir, les jours suivants, auprès de cet abruti de gardien qu’il portait la mort de Malik Oussekine sur la conscience, mais j’ai pu constater à quel point de tels concepts pénétraient imparfaitement l’intelligence si rare chez lui, qui nous a répondu, sans surprise, que tel n’était pas son problème à lui, à l’époque le point Godwin n’existait pas, mais je vous laisse imaginer le genre de reducio ad Hitlerum dont Élie et moi, nous sommes rendus coupables, brodant, sans grande imagination, sur des thèmes arendtiens pas spécialement bien maîtrisés par nous, je ne sais pas pour Élie, mais pour ma part il allait encore se passer de nombreuses années avant que je ne lise Hannah Arendt (1906 – 1975), qu’est-ce qu’on peut être péremptoire quand on est jeune ! Ce dont je me souviens surtout c’est que nous avons hurlé, Daphna et moi, depuis le fond de la cour, que le code c’était le 9573 ― pas une fois que je ne passe dans ce quartier sans que je ne tente, vainement depuis, de composer ce code à quatre chiffres au 22 de la rue Monsieur le Prince, rituel morbide, mais dont je ne peux m’empêcher ―, mais que Malik Oussekine dont j’ai le vague souvenir du visage lointain, souvenir qui ne correspond pas du tout à l’unique photographie connue de lui, comme si dans mon souvenir, vieux de plus de trente ans, son visage avait déjà été partiellement happé par la mort, tandis qu’il ne lui restait plus qu’une minute ou deux à vivre, Malik Oussekine ne nous a pas entendus, nos voix sans doute couvertes par le bruit de la rue et justement celui de la motocyclette qui approchait ― et peut-être aussi, je suis en train de m’en souvenir et de m’en rendre compte en l’écrivant, que Daphna et moi, dans notre précipitation, avons dit la même chose, 9573, de deux manières différents et finalement concurrentes, Daphna à l’américaine, neuf-cinq-sept-trois et moi à la française, quatre-vingt-quinze soixante-treize, concourant, presque autant que le gardien abject, finalement, au drame. Ici je dois aussi expliquer, j’imagine, que Daphna et moi résidions, alors, chez le père de Daphna, qui lui-même résidait ailleurs, dans ce qui avait été l’ancien atelier du photographe touche-à-tout pas forcément génial, André Vigneau (1892 – 1968), atelier dont le père de Daphna avait hérité du bail et dans lequel, aux mains justement de cet André Vigneau, Robert Doisneau (1912 – 1994) avait fait ses classes en photographie, ce dont il gardait un souvenir immuable, qu’il avait été content de partager avec moi, nous l’avons vu, lors d’un vernissage au Palais de Tokyo, du temps où ce dernier était le Centre National de la Photographie, avant d’être désamianté et laissé dans cet état assez lamentable qui est celui d’aujourd’hui et qui sert de façon assez décorative, il faut bien le dire, de décor de pseudo friche industrielle et qui permet sans doute à des artistes en manque de sensations révolutionnaires, tels Thomas Hirschhorn, de nous faire croire à leurs vagues intentions anarchistes, parfaitement cadrées par ailleurs, ce n’est pas l’absence de crépi sur les cimaises qui permet d’annuler l’institution. Mais je m’égare. Il y a, malgré tout, dans mon esprit, souvent désordonné, j’en conviens, des liens de sens quasi directs entre Malik Oussekine et Thomas Hirschhorn, les-quels passent étonnamment par le photographe Robert Doisneau. Et il y aura désormais ce genre de liens distendus et capillotractés dans mon esprit entre Raymond Samuel Tomlinson et Malik Oussekine. À la réflexion ce n’est pas le plus inadéquat des hommages si l’on consi-dère que Raymond Samuel Tomlinson a contribué, grandement ― le courrier électronique est la plus belle des fonctionnalités d’Internet ― à la construction et à l’essor d’Internet, qui est le lieu même de la sérendipité, le passage du coq-à-l’âne, grâce, notamment, aux invraisemblables catapultes que sont les liens hypertextes, l’autre merveilleuse fonctionnalité d’Internet. #merci #Raymond_Samuel_Tomlinson_, comme on dit sur _Seenthis. Sur Internet.

    • Je ne connaissais pas le mot sérendipité @philippe_de_jonckheere je regarde dans le dico, rien. un deuxième rien non plus, doivent être trop vieux.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rendipit%C3%A9

      La sérendipité est le fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique de façon inattendue à la suite d’un concours de circonstances fortuit et très souvent dans le cadre d’une recherche concernant un autre sujet.

      sans parler de découverte scientifique, ça m’arrive souvent sur le net et sur @seenthis où je dérape souvent, Je sais d’où je pars sans savoir où je vais et bon dieu, j’adore ça. La merveilleuse glissade.

    • Jusque-là, j’associai @davduf à l’histoire de Malik Oussekine, bien que je ne retrouve pas de traces écrites. Je suppose qu’il a fait un travail de mémoire à ce propos, mais je ne me souviens plus :/

      Maintenant vous serez 2 pour me rattacher à lui. Et par lui, à qui j’etais en 1986...

      Bref, ce fil de discussion provoque en moi un vertige que j’ai du mal à exprimer. De l’inventeur du courrier électronique qu’on oubliera à nouveau dans un certain temps et cet étudiant qu’on ne pourra pas oublier... je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

    • @james

      je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

      Ben tu vois moi cela faisait des années que j’essayais d’en dire quelque chose, ce que j’ai donc déjà essayé de faire, et puis je n’y parvenais pas et c’est finalement toi, qui dans ce post de seenthis , a déclenché cet extrait dans une forme que je trouve enfin satisfaisante, ce dont je te suis reconnaissant.

      Si tu veux on peut échanger sur le sujet en dehors de seenthis par mail (pdj arotruc desordre.net), ce qui serait peut-être plus facile, je sens bien que tu es ému, je le suis également.

      Et si tu es francilien, samedi soir, à 20H, à Beaubourg, Adrien Genoudet et moi lisons l’Etreinte et la lettre que j’ai écrite à Adrien que je ne connaissais pas alors, et dans laquelle il est très brièvement question de la génération Malik Oussekine, c’est gratuit, je crois que cela vaut le jus.

      Amicalement

      Phil

    • @vanderling En fait c’est une traduction littérale de serenpidity en anglais et qui est désormais plus ou moins courament admis en Français. C’était même le plaisir par excellence sur Internet il y a vingt ans (@arno portait encore des culottes courtes) notamment parce que les moteurs de recherche alors n’étaient pas du tout pertinents dans les résultats qu’ils fournissaient, on avait coutume de dire qu’on obtenait pas souvent ce qu’on cherchait et presque toujours ce que l’on ne cherchait pas ou plus.

    • J’ai lu hier le très beau texte publié sur médiapart à propos de la disparition de Patrice_Barrat que je ne connaissait pas et ça m’a vraiment donné envie d’en savoir plus sur lui. J’ai cherché vainement et engluée dans ce vide, je n’ai pas eu le reflex de poster cette info sur seenthis.

    • Ma séquence « #vu_de_Gelbique » du coup...

      #Semira_Adamu https://fr.wikipedia.org/wiki/Semira_Adamu dont je découvre que l’ignoble meurtre s’est passé il y a presque 20 ans et dont le fantôme me soutient à chaque discussion avec mes contemporains moins ouverts à l’altérité

      #Julie et Mélissa, victimes de la perversion de Marc Dutroux. Deux fillettes dont la disparition avait semé l’émoi, provoqué bien des fantasmes puis fait découvrir que, si l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui, on peut aussi le regretter durement quand l’incertitude baignée de distance et de pseudo indifférence laisse la place à l’horrible cruauté de la perversion mortelle

      #René_Michaux qui a droit à une brève notice Wikipédia en flamand mais pas en français ! https://nl.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Michaux. Un gendarme passé tout près d’être le héros qui aurait retrouvé les précédentes vivantes et, n’ayant pu l’être, s’est retrouvé anti-héros au coeur des discussions sur la guerre de polices. Il en est mort pendant 13 ans, avant de décéder.

      #Thierry_Lotin, lieutenant de l’armée belge mort au Rwanda avec les 9 membres de son peloton, en 1994 juste au début de ce qui est devenu le génocide.

      #Aaron_Swartz, militant superbe dont le nom m’était vaguement connu jusqu’à ce que la nouvelle de son suicide attire mon projecteur personnel sur son oeuvre militante...

      #Ian_Murdock, créateur et fondateur de Debian et du projet Debian. Un nom connu mais une personne inconnue. Une fiche Wikipedia tellement courte pour une trace tellement grande dans le monde du libre.

      Merci @odilon d’avoir attiré mon regard sur ce fil riche :-)

  • Pierre m’appelle au secours
    Sa maison biscornue est inondée
    Son équipe de rugby va mal

    Je ne passe pas l’inspection
    Des vestiaires
    Je suis envahi de punaises

    Sarah et moi
    Pas bien réveillées
    Du tout

    Tentative d’autoradio
    Du Macron en veux-tu en voilà
    Tu n’en veux pas, en voilà quand même

    De temps en temps
    La rubrique nécrologique
    Apporte de douces nouvelles

    Les syndicalistes ont tellement l’habitude
    De ne rien faire que lorsqu’ils font grève
    Ils appellent ça une journée d’action

    Jean d’Ormesson
    (1925 - 2017)
    Et nous respirons tous mieux

    Ce sont des massacres grandioses
    Dans des paysages sublimes

    C’est beau comme du Jean d’Ormesson

    Ennui profond
    Aucun courage
    Faim froid fatigue

    Ne serait-ce que sortir
    Marcher jusqu’à la cantine
    Et prendre un café

    De la table depuis laquelle
    Je prends mon café, vue sur la terrasse
    Où, comme au cinéma, P. Rebbot boit un coup

    De la table depuis laquelle
    Je prends mon café, je lis
    Deux fois né, Constantin Alexandrakis

    De la table depuis laquelle
    Je prends mon café, je finis
    Par me lever et rentrer au travail

    Ces derniers jours
    J’avais le souci de rattraper
    Mon retard dans Mon Oiseau bleu

    L’ayant rattrapé (Mon Oiseau bleu)
    Je m’ennuie (beaucoup)
    Et je n’ai plus rien (du tout) à écrire

    Désœuvrement
    Et si je faisais des poèmes
    Avec les objets-sujets de mes mails ?

    D-O-U-D-O-U (Julia)
    Comme dans Matrix, tu vois ? (Adrien Genoudet)
    Le CNL s’offre à un clown (L.L.d.M.)

    Contrat TNB (TNB)
    Abraham Pointcheval (Hélène Gaudy)
    Lecture (Oana Munteanu)

    Neil Young (Neil Young)
    Mon cœur balance (L.L.d.M.)
    Curatelle renforcée (pdj@desordre.net)

    Sur la mauvaise péniche (pdj@desordre.net)
    Caroline et les cailloux (Gilles Coronado)
    On dit lourdement armé (Adrien Genoudet)

    (no subject) (Sarah Cillaire)
    Notules dominicales de culture domestique (P. Didion)
    Le bon numéro (terrier@rezo.net)

    Mon Oiseau bleu à Rennes (pdj@desordre.net)
    Rêve du premier décembre (pdj@desordre.net)
    Encore de la pédagogie (terrier@rezo.net)

    Elle nous dit rien (terrier@rezo.net)
    Alice (terrier@rezo.net)
    Syntaxerror (terrier@rezo.net)

    Une sortie au théâtre (Decroly)
    Organisation projet (Decroly)
    Trio de solos de saxophones (J.-L.G.)

    L’Étreinte (T.N.B.)
    Sélection à l’université (D. Pifarély)
    Merci (Monika)

    Fuir ? (J.)
    Decroly, le chinois et le tennis (J.)
    Le Père Noël analysant (J.)

    Toute ma vie
    Mon œuvre majeure
    Me désennuyer en open space

    Puisque j’aime tant la scène
    Je devrais écrire une pièce
    Qui se passe en open space

    Ou, est-ce qu’au contraire
    Écrivant pour m’évader
    Porter l’action dans les Cévennes ?

    Dans une réunion au travail, sentir
    Qu’on ne prend pas la bonne direction
    S’en moquer, s’en réjouir presque. Mauvais esprit

    Revenir exsangue du travail
    Trouver Zoé affairée au repas du soir
    Et Laurent et Ransley apportent le dessert !

    Rien
    À
    Faire

    Lire quelques pages
    Écrire un poème
    Ressortir chercher les amis

    Passer prendre Emile au rugby
    Bref échange avec Léo
    Plaisir de le voir répéter ses gestes

    Le dal de Zoé déchire sa race
    Je ne sais pas si on peut dire les choses
    Comme ça dans un poème

    Ransley a apporté
    Un gâteau de châtaignes drômois
    Tellement différent du mien cévenol

    On rit beaucoup
    Autour de cette table
    Surtout à mon propos

    La complicité de Laurence
    Avec mes enfants
    Chaque fois, me bouleverse

    Je dépose Laurence et Ransley
    En chemin je raconte ma mésaventure
    De péniches de dimanche

    Il faut vraiment
    Que je retravaille
    Ce récit : ça vaut le jus

    Je tombe de fatigue
    Je tente un peu de lecture
    Le livre tombe de fatigue aussi

    #mon_oiseau_bleu

  • Les Breton⋅ne⋅s ont RDV avec @philippe_de_jonckheere : Le bloc-note du desordre : 2017-11-19 - 2017-11-26
    http://desordre.net/blog/?debut=2017-11-19#3144

    A Rennes, le premier décembre à 19H00, au Centre de Chorégraphie National de Bretagne (38 Rue Saint-Melaine, 35000 Rennes, entrée libre dans la limite des places disponibles, réservation conseillée au 02 99 63 88 22), Adrien Genoudet et moi-même lirons L’Étreinte d’Adrien Genoudet (éditions Inculte), dans une mise en scène d’Adrien Genoudet, avec des extraits d’une lettre que je lui ai écrite à la lecture de son très beau livre.

  • A Rennes, le premier décembre à 19H00, au Centre de Chorégraphie National de Bretagne (38 Rue Saint-Melaine, 35000 Rennes, entrée libre dans la limite des places disponibles, réservation conseillée au 02 99 63 88 22), Adrien Genoudet et moi-même lirons L’Étreinte d’Adrien Genoudet (éditions Inculte), dans une mise en scène d’Adrien Genoudet, avec des extraits d’une lettre que je lui ai écrite à la lecture de son très beau livre.

    L’Étreinte sur le site d’ Inculte ( http://www.inculte.fr/catalogue/letreinte )
    Une note de lecture de la librairie Charyde ( https://charybde2.wordpress.com/2017/09/27/note-de-lecture-letreinte-adrien-genoudet )
    Article dans La Croix ( https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Il-etait-fois-13-novembre-2017-09-28-1200880311%C2%A0%C2%BB%20target= )
    Adrien Genoudet répond aux questions de Fabien Ribery ( https://fabienribery.wordpress.com/2017/10/04/on-avait-mis-des-fleurs-dans-les-impacts-de-balles-entretien )

  • Courriel de John Cale
    Qui me demande de refaire
    Le site Internet du Velvet

    Dans les archives
    Que John Cale me confie
    Un film rare, Sarah Murcia dans Caroline says

    N’empêche cela arriverait
    Je ne serais pas
    Par quel bout commencer

    C’est presque rassurant
    Après le rêve torrentiel de la veille
    De faire un rêve qui tient en quatre lignes

    Café au lait
    Camembert
    Gelée d’airelles

    Échange de mails avec Dominique
    À la recherche d’un ou d’une musicienne
    Pour l’Étreinte , impressionné par certains noms

    Il faudrait
    Que je me mette
    Au travail

    Sous la poussière
    Le découragement
    Rangement du garage

    Sous la poussière
    Les éternuements
    Le Désordre se défend

    http://desordre.net/musique/augmentee/frith.mp3

    Fred Frith
    Lutte contre
    Le lave-linge

    L’imprimante
    Chauffe pour recracher
    Élever des chèvres en open space

    Petites rates et patates douces
    Cuites au four, huile, citron et Noilly
    Conté et Sancerre de Sarah

    Un jour, presque pour rire
    J’écris une longue lettre à un jeune auteur
    Six mois plus tard je dois la lire au théâtre

    J’accompagne Zoé au collège
    Nous traversons le Bois, très en retard,
    On s’en moque éperdument l’une et l’autre

    On ne peut pas recevoir
    Un courriel de John Cale
    Dans tous les rêves

    Ni même
    Pouvoir entendre et regarder
    Sarah Murcia faire sa Caroline, enfant

    Le nouvel ordinateur
    N’est pas très obéissant
    Mais je ne peux pas le gifler !

    Il est remarquable de constater à quel point
    Les nouveaux ordinateurs prennent
    Leur utilisateur pour un idiot

    J’imagine que l’on peut divorcer
    Assez facilement d’un ordinateur
    Ne fut-ce qu’en le revendant

    Je devais bien sentir qu’entre lui et moi
    Cela ne collerait pas, c’est le premier ordinateur
    Auquel je n’ai pas donné de nom

    Et si je me mettais
    À la musique ? À la contrebasse ?
    Et si je me remettais au dessin ?

    Dehors il pleut
    C’est samedi après-midi
    Et c’est mortel de confort

    Je lis
    J’écris
    Je relis

    Mais au lit
    Je suis
    Fort seul

    Le vieil ours
    Sort de son trou
    Et va au cinéma

    La Quinzaine claire
    Adrien Genoudet
    Du documentaire ?

    Ou alors du documentaire
    Qui prend prétexte à un sujet
    Pour en documenter un autre

    Dans un film d’Adrien Genoudet
    Si une personne s’assoupit et rêve
    C’est Albert Kahn qui fournit les images

    Un artiste ne fait pas grand-chose
    Mais regarde beaucoup, attend pas mal
    Et de temps en temps s’endort et rêve

    C’est chouette de croiser
    Julien et Guillaume
    Un vieil ours sort et va au ciné

    Le vieil ours
    Est habillé encore
    Faut voir comme

    Ramassant le verre de Margaux
    Tenant donc deux verres de vin (blanc et rouge)
    Il y a quinze degrés d’écart entre les deux

    http://www.desordre.net/musique/comelade.mp3

    Dans la voiture au retour
    Le disque de Pascal Comelade
    Est prisonnier de l’autoradio

    De retour à la maison
    Le vieil ours se demande
    S’il n’a trouvé le début de la suite

    La petite fille
    Qui sautait sur les genoux
    De Céline
    (je garde le titre)

    Le film que je voulais faire
    Aurait dû commencer
    Par un générique de fin

    Et
    C’est
    Parti !

    #mon_oiseau_bleu

  • Pendant le week-end
    La Très Grande Entreprise
    A annexé l’ open space voisin

    Ouverture d’un café à la mode
    Où l’on ne vous sert jamais
    Ce que vous commandez

    Les rêves
    De cette nuit
    Sont des rêves de lundi !

    Appelant les enfants à la maison
    Depuis l’ open space , la douceur
    De leur voix et l’ambiance sonore de chez soi

    Corée du Nord :
    Les Etats-Unis prêts à utiliser
    Leurs capacités nucléaires

    Comment les parents
    Contournent la carte scolaire
    Et renoncent à la mixité

    Septembre, des jeunes gens
    Arrivent dans le monde du travail
    Leur dire de fuir, le ventre noué

    Déjeuner avec Zoé
    En entrée, à bouche que veux-tu, du rire
    Pour le plat de résistance et le dessert, aussi

    Des sushis
    Et du rire
    Et du nougat

    «  ? Je n’ai pas manqué un seul jour de classe
    L’année dernière ? Tu n’as pas été malade ?
     ? Si mais mon père me forçait à aller en classe »

    Elle a encore grandi
    Elle est jolie, ma fille Zoé
    Et maintenant elle a de la poitrine !

    Hier encore je la portais
    Dans le sac à viande
    Dans les rues de Fontenay

    Hier je lui donnais le biberon
    Lui changeais ses couches
    Et lui donnais le bain. Hier

    Et elle me fait rire
    Comme personne
    Zoé est le 7ème Monty Python

    Psychologue, orthophoniste, rugby,
    Échecs, céramique, orthophoniste
    Théâtre, équitation. Tout est calé !

    Je peux passer
    Des heures
    Sans penser à elle !

    Elle peut sans doute
    Passer des jours
    Sans penser à moi !

    Je change,
    Je peux trouver
    Une certaine paix à plier mon linge

    Je ne change pas
    Même pour faire des pâtes
    S’appliquer et ne négliger aucun raffinement

    Pâtes au saumon fumé
    Crème fouettée, pignons de pin
    Paprika et basilic

    Une belle promenade avec les enfants
    Deux belles parties avec Émile
    La belle soirée, un peu de lecture

    Nous cueillons
    Des marques-pages
    Sur un ginko

    Je rêve d’une bibliothèque
    Dont chaque livre aurait pour marque-page
    Des feuilles du même arbre

    Adrien Genoudet
    Me propose
    Une belle aventure

    #mon_oiseau_bleu

  • Évidemment
    Ce matin rêve
    De Solaris

    Et pour la première fois depuis
    Cinq mois, j’entends la benne à ordure
    Le samedi matin sans penser à son sexe

    Un jour j’irai vivre en théorie
    Parce qu’en théorie tout se passe bien
    Est écrit sur ma tasse de café

    En faisant le tri de mes brouillons
    D’Élever des chèvres en open space
    Je retrouve la transcription du rêve du 6/6

    Dans ce rêve j’occasionne le vol
    De la contrebasse de Jean-Luc
    Et je le retrouve à la mer

    J’avais fini par comprendre qu’il était prémonitoire
    Le relisant ce matin, je ne savais pas à quel point :
    Cet été j’étais invité par Jean-Luc et L. à la mer

    Dans le rêve je suis empêché d’y aller par elle
    Cet été j’ai été empêché d’y aller
    Par mon érysipèle

    Un jour
    J’irai vivre
    En théorie

    Me manque le courage
    C’est le dernier jour pour cela
    De terminer le ménage et le rangement

    Plusieurs cafés
    Quelques galettes de free jazz
    Sont moins fortes que la procrastination

    Une fois par an
    Je me fais
    Couper les cheveux

    Et cela change
    Considérablement
    Mon visage

    Je n’ai pas le temps de franchir le seuil
    De chez lui que Pierre me montre la photo
    De sa rencontre avec Jean-Pierre Rives

    Mais Pierre, Rives n’est pas plus grand que toi ?
    À l’époque on pouvait jouer 8 en équipe nationale
    Avec 180 cm sous la toise et moins d’un quintal !

    J’aime les sourires des enfants de Pierre
    Ce sont des sourires que j’ai connus
    Bien avant leur naissance

    À table j’explique aux petites
    Que leur père est un grand sorcier
    Il écoute les os et les muscles

    Lorsqu’elles reviennent de la piscine
    Les filles de Pierre ont sur elles
    Une odeur que je connais bien

    En revanche en partant de chez Pierre
    Je découvre que le bus 431 n’existe plus
    Et c’est à pied jusqu’à Suresnes

    Je passe à pied devant des lieux
    À la fois familiers
    Et défigurés par le temps

    Tel gymnase
    Où j’ai joué au volley
    Et dont j’ai été le gardien

    Telle grande barre d’immeuble
    Dans laquelle se trouvait le cabinet
    D’une merveilleuse orthoptiste

    Telle petite maison de banlieue
    Dans laquelle j’ai vécu une aventure
    Photographique grotesque !

    Et arrivé chez Julien et Maryam
    La vue de chez eux, celle
    Avec laquelle j’ai grandi

    Sur la petite terrasse
    Je travaille au téléphone
    Sur un spectacle

    Après les courriels
    Je découvre la voix
    D’Adrien Genoudet

    Je m’étonne moi-même
    Je suis en train de réciter la leçon
    De théâtre de Sébastien Michaud

    Du balcon je joins Dominique
    Qui, en me parlant
    Caresse le museau de chevaux

    Puis j’appelle Michele
    Que j’interromps
    À un mariage à Rome !

    Est-ce vraiment moi
    Qui fais tout cela
    Avec un téléphone de poche ?

    Je rejoins mes hôtes, on se congratule
    Depuis le bastingage de leur terrasse
    Devant nous, Paris, pas moins

    Je ris intérieurement, Paris, à plat, horizontal
    Et non vue de haut comme sur la couverture
    De L’Étreinte d’Adrien Genoudet

    Julien, Maryam, Guenael, Parisa
    Patrick, Nathalie, Poyan, Francesco
    Olivia et moi, quelle chaleur !

    J’en veux à mon correcteur orthographique
    De souligner, tels des intrus
    Les prénoms de mes trois amis perses

    On rit beaucoup ce soir
    On écoute aussi, on fait mieux connaissance
    Et les fromages de Suresnes sont délicieux

    Où je découvre que les fromages
    Proviennent de la crémerie
    Où mon père faisait son marché

    Patrick me parle
    D’ Une fuite en Égypte
    Dont il rit encore

    La scène de la morgue ! dit-il
    J’aurais donc fait rire avec le souvenir
    Le plus douloureux de toute une vie

    Comme souvent
    Avec la mafia rennaise
    On rit en parlant de L.

    Au-revoir
    Avec
    Effusion

    #mon_oiseau_bleu

  • Passage matinal du cantonnier
    Débroussailleuse sous ma fenêtre
    Je me serai cru dans les Cévennes. Bientôt !

    Où je découvre
    Médusé
    Que je fais de l’épanorthose

    Une Fuite en Egypte
    Est un récit en épanorthose
    C’est mon ami Sébastien Rongier qui l’écrit

    À la piscine
    Je combats mon arthrose
    Et je rumine mon épanorthose

    À la piscine je suis dépassé
    Dans ma longueur de sprint par un jeune nageur
    Qui, lui, est dans son rythme de fond !

    Je ne suis pas sûr de faire la différence
    Entre être lu aussi intimement
    Et être déshabillé. Sébastien !

    http://www.desordre.net/bloc/contre/sons/tetreault_yoshihide.mp3

    Otomo Yoshihide
    Toshimaru Nakamura
    En duo. Concentration

    33/cd
    34/cd
    35/dvd

    Les musiciens japonais
    Et les titres
    De leurs morceaux

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140227_jean-luc_guionnet_toshimaru_nakamura.mp3

    Otomo Yoshihide / Toshimaru Nakamura
    Jean-Luc Guionnet / Seijiro Murayama
    Je veux retourner au Tracé provisoire !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/sons/jlg_seijiro_murayama.mp3

    A Nantes, Seijiro Murayama m’avait expliqué
    Que les Japonais, aussi,
    Aimaient les contrepèteries

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu finis de lire Ruine d’Alain Spiess

    Dans la salle d’attente
    De chez l’orthophoniste
    Tu as lu tant de (grands) livres

    Le soir, tu lis l’Étreinte
    D’Adrien Genoudet
    Tu oscilles sans cesse

    Tu lis l’Étreinte d’Adrien Genoudet
    Tu détestes certains passages
    D’autres sont lumineux

    Tout comme Adrien Genoudet
    Tu te demandes si tu n’as pas croisé
    Salah Abdeslam, un jour

    De même,
    Le 13 novembre 2015
    Tu as peut-être croisé Adrien G.

    #mon_oiseau_bleu

  • Épanorthose et arthrose
    Piscine et musiciens japonais
    Adrien Genoudet et Salah Abdeslam

    La tension perceptible
    De Sarah ce matin
    Avant l’épreuve de philosophie

    Le mot
    Philosophie
    Coupé en deux

    Cheap
    Price
    Virility


    http://www.desordre.net/musique/bach.mp3

    Télétravail
    Le café est meilleur à la maison
    Et j’écoute de la musique, Bach

    Le midi je suis impliqué
    Dans une bagarre au restaurant japonais
    Le soir j’écris des haïkus

    Télétravail, il fait tellement chaud
    J’en viendrais à regretter
    La climatisation du bureau

    Télétravail
    Les soucis et les amertumes du bureau
    Entrent chez toi

    Le caillou
    Dans la chaussure
    De Poutine

    Vous me manquez
    Elle me manque.
    Tu m’as manqué

    Troisième douche de la journée
    Tu vas finir par être propre
    Mais personne pour te lécher les testicules

    Cela fait deux mois
    Qu’elle t’a quitté
    Et plus personne pour te lécher les testicules

    Plus personne
    Pour te lécher les testicules
    Même propres

    Le livre que tu lis, l’Étreinte de Genoudet
    Ne sort qu’en septembre
    Tu es son premier lecteur !

    Sondage officiel
    Êtes-vous pour ou contre
    Le départ de Donald Trump ?

    Je me demande bien ce que j’aurais pensé
    De l’Amant d’un jour de Philippe Garrel
    Il y a deux mois, ignorant de tant alors

    Et quand bien même
    Aujourd’hui, je ne suis plus ignorant
    Et pourtant, quel film médiocre !

    Et je découvre
    Que Philippe Garrel, l’ange
    Peut rater un film

    Même dans un film raté
    De Philippe Garrel
    Il y a de ces pépites !

    Finalement
    Je crois que je m’en fous
    Des histoires d’amour au cinéma

    Philosophie au réveil
    Bagarre dans un restaurant japonais
    Un mauvais film de Philippe Garrel

    #mon_oiseau_bleu (j’en fais une dernière pour la journée, pour être sûr que @reka passe par là)

  • Quand est-ce que
    Demain
    Sera un autre jour ?

    Les rêves érotiques
    D’un vieil homme
    Quelle misère !

    Certains matins
    Tu ne penses plus
    À elle

    Quand tu ne penses plus à elle
    Tu as le sentiment d’être infidèle
    Tu es bien seul à t’en préoccuper

    L’Humanité
    Emet-elle
    Moins de CO2 ?

    Tu relis ton tapuscrit
    À la terrasse d’un café
    C’est vendredi, déjà !

    Et si tu l’oubliais
    Entièrement
    Faire comme si. Essayer

    D’ailleurs, bénéfice de l’âge
    Tu vois bien que tu ne te souviens
    Plus bien de tout, plus si bien

    Discussion avec Tiffanie
    A propos de L’Étreinte
    Tu es si vieux dans tes vues

    Ton collègue, parti à la retraite
    L’année dernière, tellement heureux
    T’appelle aujourd’hui, cancer

    Et si plutôt que
    De remonter au bureau
    Tu passais la journée au café

    Souvenir d’un bulletin de notes
    Sèche parfois le café
    Pour venir en cours

    Tu
    La
    Détestes

    Tiens !
    C’est
    Nouveau

    Es
    Tu
    Fou ?

    Tu la détestes
    Tiens c’est nouveau !
    Es-tu fou ?

    Vent de liberté
    Qui souffle sur le café
    C’est vendredi

    Même les serveuses
    Ont l’air heureuses
    Elles, pourtant au travail

    Treize poèmes
    Écrits
    Au café

    Je vois mon reflet
    Massif dans une devanture
    Qui pourrait avoir envie de m’étreindre ?

    J’écris une longue lettre
    À Adrien Genoudet
    Qu’il lira peut-être

    J’écris une longue lettre
    À Adrien Genoudet
    La comprendra-t-il ?

    J’entame la lecture
    De Reniement
    D’Alain Spiess

    Que n’ai-je connu
    Alain Spiess
    De son vivant !

    C’est vendredi soir
    J’écoute Count Basie.
    Contre elle !

    Finalement, je ne vais pas au cinéma
    Je fais beaucoup mieux
    Je passe chez Éric et Daphna

    Lettre à Adrien Genoudet
    Count Basie
    Daphna et le cidre !

    #mon_oiseau_bleu

  • Lettre à Adrien Genoudet
    Count Basie
    Daphna et le cidre !

    L’opposition existera-t-elle
    A l’Assemblée nationale
    Face à Macron ?

    http://www.desordre.net/musique/basie.mp3

    Assis sur la lunette des chiottes
    Je rêvasse matinalement
    En écoutant Count Basie

    Mes rêves, en ce moment, semblent
    Avoir retrouvé le trou d’anguilles
    Par lequel ils ont toujours disparu

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/sons/ffffffpoc.mp3

    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc Fait le disque de Count Basie
    Pendant que j’écris mon dernier poème

    krkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkrkr Fait la cafetière
    Pendant que je fignole un poème

    Indescriptible le bruit
    De la benne à ordure
    Pensée pour son sexe offert

    Je pense à lécher son sexe
    Chaque fois que j’entends
    La benne à ordure

    Surtout
    Le samedi
    Matin

    A la fin du disque j’écoute, avec attention
    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc J’écoute trop de musique improvisée

    En juin
    Je voudrais qu’il soit entre 7 et 8 heures
    Toute la journée

    http://www.desordre.net/musique/mjq.mp3

    Et c’est le piano
    De John Lewis
    Qui remet la journée d’aplomb

    Te préparant un nouveau café
    Tu remarques
    Que la coriandre a pourri sur pied

    Tu n’as toujours pas
    Passé l’éponge
    Sur la table de ton déjeuner

    Rendez-vous raté chez le psy d’Emile
    Envoi d’un message textuel d’excuse
    Sa réponse, pleine d’ironie, cite Lacan

    Ne pouvant plus attendre de message d’elle
    Tu attends, avec impatience, la réponse
    D’un jeune homme, Adrien Genoudet

    Mes voisins aiment-ils
    La musique que j’écoute
    Fenêtres ouvertes ?

    On ne peut pas relire
    Son roman à l’écran
    Mais des poèmes, on peut, je crois

    Relire
    Soft City de Pushwagner
    A plat-ventre

    Your penis
    Will never
    Let you down again

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Sa guitare abandonnée

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Des framboises, toutes petites

    Dans le jardin
    Du psychologue d’Émile
    Tu lis Alain Spiess, Reniement

    Il fait chaud
    Tellement chaud
    Tu écris nu

    À la piscine,
    En maillot de bain,
    Pas un poème qui ne vienne

    Change donc
    Un de disque
    Et fais le ménage !

    C’est Sarah qui a raison
    Cinq minutes de ménage et je dois
    M’arrêter pour écrire des poèmes

    Quand je pense qu’il faut encore moins
    De matériel pour écrire un poème
    Qu’il n’en faut pour prendre une photographie

    Je ne prends plus de photographies
    J’écris des poèmes
    Les premières remplacées par les derniers ?

    Tu écoutes des fadaises (pour le ménage)
    Jealousy de Queen
    Tu fonds en larmes, jalousie

    Ce soir
    Tu voudrais être son instrument
    Pas son jouet, plus jamais

    Pas une note
    De contrebasse
    De la journée !

    Je dépense
    Tout mon argent de poche
    En bandes dessinées

    Je dépense tout mon argent de poche
    En bandes dessinés
    Hoochie Coochie

    L.L. de Mars,
    Loïc Largier
    Jean-Pierre Marquet !

    Dans le métro
    Je pouffe de rire
    En lisant la nouvelle d’Alexandre Balcaen

    Une blague interminable
    A propos du disque
    Good Night Good Morning

    Je m’offre un verre de blanc
    En lisant Alain Spiess
    En attendant le concert

    Conversation avec Antonin Rayon
    Hanno, Nicolas Stéphane
    Et même Asha Griffith, qui m’étreindra

    Les concertinos
    Se succèdent
    A moins de cent mètres de mon bureau

    Tu raccompagnes
    Hanno
    Comme autrefois

    Adrien Genoudet
    M’a répondu
    Pas elle

    Quel écrivain
    Cet Adrien
    Genoudet !

    pocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpocffffffpoc
    Bandes dessinées et concerts
    Adrien a répondu

    #mon_oiseau_bleu

  • Dessiner l’Histoire par Adrien Genoudet | Carnet de l’Institut d’histoire du temps présent
    https://ihtp.hypotheses.org/1002

    “La #bande_dessinée « historique » ou d’ « histoire » pose une question fondamentale qui se place au niveau du geste du dessinateur : comment dessiner un récit d’histoire qui traite d’un passé par définition non-vu, invisible ? Pour cela, le dessinateur engage et se réapproprie tout un imaginaire qui lui permet de représenter et de donner à voir les époques révolues.

    C’est en s’intéressant aux techniques des dessinateurs que l’on arrive à comprendre que le dessin est dominé par une part inspirée. Les dessinateurs s’approprient de nombreuses #images#photographies, #gravures, #photogrammes, images issues d’internet – pour venir composer leurs cases et leurs récits.

    Cependant, ces jeux d’appropriations interrogent directement la notion culturelle de #passé en tant que #récit et en tant qu’image chez certains auteurs. David Vandermeulen (Fritz Haber) ou encore Séra (L’eau et la terre, Lendermains de cendres) mettent en place des opérations plurielles de reprises en main d’images photographiques ou autres par des systèmes de collages, de calques et de retouches graphiques. Les travaux de ces deux auteurs sont traités dans cet ouvrage à travers deux courtes études.

    Plus largement, Dessiner l’#histoire tente de savoir en quoi ces procès d’appropriations conditionnent notre perception du temps historique et du passé en tant que concept visuel. Ces auteurs produisent, à travers ces opérations, des images composites du passé qui se retrouvent appropriées et diffusées par les lecteurs et la société contemporaine. En quoi cette généalogie visuelle reconstituée nous permet-elle de comprendre que le passé, en tant que récit partagé et raconté, est avant tout un passé-composé ? Nous discutons cette notion en proposant que ces bandes dessinées se donnent à voir, à travers ces différentes pratiques, comme d’excellents lieux d’analyses pour comprendre que le passé est une image composite partagée et à disposition – c’est-à-dire à son tour appropriable.” (cf. la présentation de l’ouvrage sur le blog Fovea)

    #BD #livre

  • Entretien avec Adrien Genoudet pour son livre « Dessiner l’histoire » | Cases d’Histoire
    http://casesdhistoire.com/entretien-avec-adrien-genoudet-pour-son-livre-dessiner-lhistoire

    En me focalisant sur le dessin et en l’interrogeant dans toute son historicité – « dans chaque geste affleure beaucoup de sa préhistoire » note Harun Farocki – il m’a semblé qu’on pouvait parler autrement de ce couple « histoire et bande dessinée ». Mais il y a encore beaucoup à faire. Ce n’est qu’une ébauche, qu’une première proposition…

    suite de http://seenthis.net/messages/411072

    #histoire #dessin

  • Athènes, cité visuelle | Adrien Genoudet (Fovéa)
    http://culturevisuelle.org/fovea/archives/287

    Au-delà d’une remémoration teintée de crasse, de saleté et de poussière (encadrait-il cela dans ce mot générique anglais ?), la cité de l’Acropole s’affichait colorée, peinte, un camaïeu de couleurs et d’émotions… En un mot, Athènes devenait dans mon souvenir une cité visuelle, une ville d’images et de dessins, de coloriage et de graffitis. Fort de ce ressenti, je décidai de photographier la ville sous cet angle lors de mon retour des Cyclades. Ce sont quelques-unes de ces photographies que je propose ici, appuyées par différentes considérations qui peuvent aider à comprendre – et peut-être à expliquer – une part de cette caractéristique de la ville d’Athènes : à savoir sa puissance visuelle sur le promeneur. Source : Fovéa