person:alain badiou

  • Lettre ouverte à Alain Finkielkraut, par Alain Badiou - Bibliobs - L’Obs
    http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151112.OBS9357/lettre-ouverte-a-alain-finkielkraut.html

    Lors des discussions, publiques et publiées, que nous avons eues naguère, je vous avais mis en garde contre le glissement progressif de votre position, et singulièrement de votre crispation #identitaire, que je savais être à l’époque sans doute déjà très réactive, mais que je considérais comme loyale et sincère, du côté d’un discours qui deviendrait indiscernable de celui des extrêmes-droite de toujours.

    C’est évidemment le pas que, malgré mes conseils éclairés, vous avez franchi avec le volume « l’Identité malheureuse » et le devenir central, dans votre pensée, du concept proprement néo-nazi d’#Etat_ethnique. Je n’en ai pas été trop surpris, puisque je vous avais averti de ce péril intérieur, mais, croyez-le, j’en ai été chagrin : je pense toujours en effet que n’importe qui, et donc vous aussi, a la capacité de changer, et – soyons un moment platoniciens – de se tourner vers le Bien.

    Mais vous vous êtes irrésistiblement tourné vers le Mal de notre époque : ne savoir opposer à l’universalité, abstraite et abjecte, du marché mondial capitaliste, que le culte, mortifère dès qu’il prétend avoir une valeur politique quelconque, des identités nationales, voire, dans votre cas, « ethniques », ce qui est pire.

    J’ajoute que votre instrumentation sur ce point de « la question juive » est la forme contemporaine de ce qui conduira les Juifs d’Europe au désastre, si du moins ceux qui, heureusement, résistent en nombre à cette tendance réactive ne parviennent pas à l’enrayer. Je veux dire, la bascule du rôle extraordinaire des Juifs dans toutes les formes de l’universalisme (scientifique, politique, artistique, philosophique…) du côté du culte barbare et sans issue autre que meurtrière d’un Etat colonial. Je vous le dis, comme à tous ceux qui participent à ce culte : c’est vous qui, aujourd’hui, par cette brutale métamorphose d’un sujet-support glorieux de l’universalisme en fétichisme nationaliste, organisez, prenant le honteux relais de l’antisémitisme racialiste, une catastrophe identitaire sinistre. 

    Dans le groupe des intellectuels qui vous accompagnent dans cette vilenie anti-juive, on me traite volontiers d’antisémite. Mais je ne fais que tenir et transformer positivement l’universalisme hérité non seulement d’une immense pléiade de penseurs et de créateurs juifs, mais de centaines de milliers de militants communistes juifs venus des milieux ouvriers et populaires. Et si dénoncer le nationalisme et le colonialisme d’un pays déterminé est « antisémite » quand il s’agit d’Israël, quel nom lui donner quand il s’agit, par exemple, de la France, dont j’ai critiqué bien plus radicalement et continûment, y compris aujourd’hui, les politiques, tant coloniales que réactionnaires, que je ne l’ai fait s’agissant de l’Etat d’Israël ? Direz-vous alors, comme faisaient les colons en Algérie dans les années cinquante, que je suis « l’anti-France » ? Il est vrai que vous semblez apprécier le charme des colons, dès qu’ils sont israéliens.

    Vous vous êtes mis vous-même dans une trappe obscure, une sorte d’anti-universalisme borné et dépourvu de tout avenir autre qu’archi-réactionnaire. Et je crois deviner (je me trompe ?) que vous commencez à comprendre que là où vous êtes, ça sent le moisi, et pire encore. Je me dis que si vous tenez tant à ce que je vienne à l’anniversaire de votre émission (à laquelle j’ai participé quatre fois, du temps où vous étiez encore fréquentable, quoique déjà avec quelques précautions), ou que je participe encore à ladite émission, c’est que cela pourrait vous décoller un peu de votre trou. « Si Badiou, le philosophe platonicien et communiste de service, accepte de venir me voir dans la trappe où je suis » - pensez-vous peut-être - « cela me donnera un peu d’air au regard de ceux, dont le nombre grandit, qui m’accusent de coquetterie en direction du Front National. »

  • Frédéric Lordon : Il faut défendre le social
    http://www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-frederic-lordon-il-faut-defendre-le-socia

    Guillaume Erner reçoit Frédéric Lordon, économiste, sociologue, directeur de recherche au CNRS, chercheur au Centre de sociologie européenne et membre du collectif Les économistes atterrés. Il publie Imperium : structures et affects des corps politiques (La Fabrique, 21 septembre 2015). (...) Source : France Culture

    • Lordon se prévaut de Bourdieu qui aurait finalement vu dans l’état « le seul moyen de ne pas s’en remettre aux puissances privées du capital ». Cette vision est radicalement erronée.
      Après la révolution de 17 et la crise de 29, l’état moderne avait précisément pour raison d’être d’obvier à l’anarchie capitaliste (les intérêts nécessairement contradictoires des capitalistes particuliers) non pas contre le capitalisme, mais en tant que #capitaliste_collectif.
      Dire que la tradition communiste n’a vu la fin de l’état que comme une finalité asymptotique, c’est se moquer du monde.
      Ce « nouveau » #étatisme est rien de moins qu’une manière d’éviter, au nom d’une impossible « protection » (on se demande quelles menaces imposeraient actuellement aux organisations inter-étatiques de concéder quoi que ce soit ?) la question de l’usage de la force.
      À une telle aporie (quelle puissance du populaire ?), béante, on trouvera toujours des ordures disposée à remédier Sapir ose, lui, aller plus loin en évoquant la nécessité d’une dictature pour restaurer la souveraineté (zut, celle-ci est nationale...).

    • Bizarre, je me rend compte que je suis pas le seul finalement à trouver que sa réflexion et sa manière de l’exposer laisse toujours planer un doute sur la question de savoir s’il défend l’institution en place ou non. Comme le dit Alain Badiou, il ne tranche pas son discours en omettant de déclarer que premièrement nous sommes en oligarchie, mot qu’il n’emploie jamais lorsqu’on l’écoute.

      Je retiens l’idée qu’il resouligne tout à la fin de l’interview, en disant que la démocratie n’est pas une théorie ou un produit qu’on peut vendre ou exporter clé en main, comme le font les pays riches occidentaux, mais une #expérimentation (au sens de l’arnarchisme, si j’ai compris).

      Dans l’expérimentation en question, j’aurais aimé qu’il insiste davantage sur les formes égalitaires et autogestionnaires d’expérimentation. Qu’il parle concrètement des possibilités de mettre en oeuvre cette égalité politique, qui à mon avis est la ligne de rupture entre faux_démocrates (les professionnels de la politiques, les appareils politiques, les intellectuels au service du pouvoir, etc) et vrais_démocrates (ceux qui dénoncent cette oligarchie).

      PS : expérimentation —> expérience

    • Ce « réformisme » là n’est que l’autre nom de la contre révolution. Ce type est l’un innombrables dirigeants CFDT sur lesquels a pu compter le socialisme français dès son arrivée au pouvoir en 1981 pour mater la société.

      Enquête sur la Fondation Saint-Simon
      Les architectes du social-libéralisme, par Vincent Laurent, septembre 1998, aperçu car #paywall
      https://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/4054

      « Menaces de dépression. » Pour la première fois, le « Financial Times » a reconnu les risques qui pèsent désormais sur la planète. Les plans de sauvetage massifs du FMI sont incapables de colmater les brèches (lire « La crise menace les digues de l’économie mondiale »). Les marchés européens et nord-américains pourraient être frappés à leur tour, ce qui menacerait la #croissance qui s’amorce. Pour les dirigeants de la gauche française, qui tablent sur cette dernière, les lendemains risquent d’être difficiles. Sont-ils prêts pour une nouvelle donne ? Il leur faudra d’abord se dégager des dogmes qui fondent l’action des gouvernants. Ces évidences ont été nourries par des « boîtes à idées » publiques et privées, comme la Fondation Saint-Simon, servant de pont entre droite et gauche. Des gouvernements #socialistes peuvent, par exemple, #privatiser avec autant d’entrain que des équipes conservatrices. Lorsque les responsables reprennent les idées développées par ces fondations, ils expliquent qu’elles ont pour auteurs des « #experts ». Combien de temps ces « vérités » résisteront-elles à la pression de la réalité sociale ?

      Dans le sixième arrondissement de Paris, la Fondation Saint-Simon occupe un espace d’une centaine de mètres carrés au rez-de- chaussée d’un immeuble cossu situé au 91 bis de la rue du Cherche-Midi. Cette association loi 1901 (en dépit de ce que peut laisser penser son nom) a vu le jour en décembre 1982 dans l’un des salons de l’hôtel Lutétia, sous l’impulsion de François Furet et de MM. Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora et Roger Fauroux. Ce dernier raconte : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’#entreprise et celui de l’Université se rencontrent. (...) Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise. »

      Ces confrontations auraient eu pour objet de surmonter « l’indifférence, l’incompréhension et même la défiance » entre ces deux planètes (Université, entreprise) et de favoriser « une fertilisation croisée », assise sur des « besoins » réciproques. Président de Saint-Gobain, M. Roger Fauroux avait, avant d’implanter une usine de verre en Iran, vérifié les ressources du pays en hydrocarbures, mais omis de prendre en compte l’influence chiite à la veille de la révolution islamique. Tirant les leçons d’une telle expérience, il souligne le « besoin de sciences sociales » que ressentiraient des chefsd’entreprise.

      Or, de leur côté, des intellectuels souhaitaient eux aussi, selon lui, ne pas se cantonner à la sphère spéculative et sortir de « leur tour d’ivoire, où n’arrivaient de l’#économie que les échos des catastrophes sociales ». Traduction immédiate : François Furet et Pierre Rosanvallon participèrent aux conseils d’administration de filiales de Saint-Gobain...

      La Fondation Saint-Simon
      http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article106

      La Fondation Saint-Simon a été fondée en décembre 1982, sous l’impulsion de François Furet et Roger Fauroux (co-présidents), Pierre Rosanvallon (secrétaire général), Alain Minc (trésorier), Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora, bientôt suivis par Jean-Claude Casanova, Jean Peyrelevade et Yves Sabouret (administrateurs). Il s’agissait de « développer l’analyse du monde contemporain », comme le Club Jean Moulin l’avait fait en son temps. Roger Fauroux se souvient de ces débuts dans Le Débat (1986, n°40) : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’entreprise et celui de l’Université se rencontrent. [...] Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise . » Alain Minc, reformulant la rhétorique aronienne, parle d’une alliance entre « la gauche intelligente et la droite intelligente » (Les Echos, 4-5 avril 1997).

      Pendant 17 ans, la Fondation va rassembler l’élite dirigeante française. Aux côtés de François Furet, on trouve donc Roger Fauroux (énarque et inspecteur des finances, successivement président de Saint Gobain, directeur de l’ENA, ministre de l’industrie dans le gouvernement de Michel Rocard de 1988 à 1991), Pierre Rosanvallon (ancien conseiller d’Edmond Maire, devenu directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, directeur du Centre de recherches politiques Raymond Aron, professeur au Collège de France), Alain Minc (passé par Saint-Gobain et l’italien Benedetti, conseiller économique d’Edouard Balladur, par qui il est nommé au conseil d’administration d’Air France, avant de se rallier à Lionel Jospin, administrateur d’Yves Saint Laurent, consultant auprès de plusieurs grands chefs d’entreprises, dont François Pinault, président du conseil de surveillance du Monde et président de la société des lecteurs), Simon Nora (grand commis de l’Etat, l’un des fondateurs de L’Express puis du Point, alors directeur de l’ENA, qui rejoindra la banque d’investissement américaine Shearson Lehman Brothers en 1986). Les saint-simoniens sont des philosophes (Alain Finkielkraut, Edgar Morin, Luc Ferry), des éditeurs (Pierre Nora des éditions Gallimard, Yves Sabouret d’Hachette), mais surtout des journalistes (Françoise Giroud de L’Express, Jean Daniel, Jacques Julliard et Laurent Joffrin du Nouvel observateur, Franz-Olivier Giesbert du Figaro, Serge July de Libération, Jean-Marie Colombani du Monde, Albert du Roy de L’Evénement du Jeudi, Jean Boissonat de L’Expansion, Alain Duhamel), des journalistes de télévision (Anne Sinclair, Christine Ockrent, Jean-Pierre Elkabbach, Michèle Cotta), des patrons de presse (Jacques Rigaud, président de la CLT (RTL), membre du conseil de surveillance de Bayard-Presse (La Croix), Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, vice-président de L’Oréal, qui contrôle la SOFRES et diverses publications (Le Spectacle du Monde, Valeurs actuelles...), également vice-président de la Fondation Agir Contre l’Exclusion de Martine Aubry), des hauts fonctionnaires (Pierre-Yves Cossé, commissaire général au Plan), des patrons d’entreprise (Jean-Luc Lagardère, président du groupe Matra-Hachette, Antoine Riboud, président de Danone, Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, ancien vice-président de la Compagnie Générale des Eaux, Maurice Lévy, PDG de Publicis), des banquiers (Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque de France, Michel Albert, membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France, Jean Peyrelevade président du Crédit Lyonnais, René Thomas, président de la BNP), et des politiques (Martine Aubry, Robert Badinter, Jean-Paul Huchon, Bernard Kouchner), dont certains venus de l’entreprise (Francis Mer, directeur général d’Usinor-Sacilor, Christian Blanc, président d’Air France) ou allés à elle (Philippe Pontet, conseiller ministériel auprès de Valéry Giscard d’’Estaing).
      Au nombre des contributeurs de la Fondation, on compte la Caisse des dépôts, Suez, Publicis, la Sema, le Crédit local de France, la banque Worms, Saint-Gobain, BSN Gervais-Danone, MK2 Productions, Cap Gemini Sogeti, Saint- Gobain... La Fondation Olin verse à elle seule quelque 470 000 dollars à François Furet, enseignant à l’université de Chicago depuis 1985, au titre de son programme d’étude des révolutions américaine et française, à l’époque de leur bicentenaire . Environ 100 membres cooptés participent à des rencontres régulières à huis clos. C’est rue du Cherche-Midi que se tient le déjeuner-débat mensuel organisé autour de l’exposé d’un des membres ou d’un invité. Helmut Schmidt et Raymond Barre, Mgr Lustiger, Robert Badinter, Jacques Chirac, Edmond Maire, Michel Rocard, Laurent Fabius, Valéry Giscard d’Estaing... se sont succédé au siège de la Fondation. La quasi-totalité des premiers ministres français y ont commenté leur politique. Un cercle plus large de 500 personnes participe sur demande à des séminaires interdisciplinaires, tandis qu’un public plus vaste reçoit une note de synthèse mensuelle. L’activité principale de la Fondation regarde la réunion de groupes de réflexion traitant des questions économiques, sociales ou internationales. Les travaux sont édités sous forme d’ouvrages ou de notes. Ces travaux s’adressent surtout à des hommes politiques, chefs d’entreprise, cadres supérieurs, hauts fonctionnaires, ainsi qu’à quelques intellectuels et à un nombre croissant de journalistes, économiques notamment. Certains de ces textes sont parfois publiés à l’extérieur, dans Le Nouvel Observateur, Esprit, Le Débat, Politique internationale, etc. La Fondation diffuse aussi des livres : elle dirige la collection « Liberté de l’esprit », aux éditions Calmann-Lévy.
      La Fondation Saint-Simon s’est dissoute en 1999. Selon Pierre Rosanvallon, elle avait « accompli sa mission ». Le bilan de la Fondation Saint-Simon a été salué de tous côtés : « Elle a œuvré à une véritable mutation du débat socio-politique en France », déclarait Denis Segrestin, professeur de sociologie et directeur du Cristo.
      La canonisation libérale de Tocqueville (Encadré 17, Chapitre 3), Claire Le Strat et Willy Pelletier, Syllepse, 2006.

      Parenthèse d’actu, si souvent oubliée : Aubry en a « ralbol de Macron » lit on dans le journal. Elle fut pour sa part non pas banquière mais pédégére dune des plus grosses boites française, ex bras droit de Jean Gandois, ex président du CNPF (ancêtre du Medef) à la direction de Péchiney.

    • Une recherche sur Wikipédia sur Pierre Nora, cofondateur avec Pierre Rosanvallon de la Fondation Saint Simon, et notamment ayant un certain pouvoir et un certain rôle dans le monde de l’édition :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Nora#Critiques_et_controverses

      Le pouvoir certain de Pierre Nora dans le monde de l’édition française l’a exposé à des critiques. Ainsi, il refuse en 1997 de faire traduire l’ouvrage d’Eric Hobsbawm The Age of Extremes (1994), en raison de l’« attachement à la cause révolutionnaire » de son auteur.

    • you’re welcome. une chose étrange est le peu de consistance de ce que dit Badiou face à ce gars (Rosanvallon est depuis longtemps membre du #Siècle), comme si il voulait croire que les derniers entrechats de Rosanvallon sur la scène intellectuelle (démocratie bla bla bla) constituait une amorce de retour critique... c’est pourquoi j’ai posé de maigres références pour situer rapido la #fondation_Saint_Simon, dont le rôle dans la glorification socialiste de l’entreprise « seule productrice de richesse » (comme il fut dit autrefois du travail...) et « coeur de la société », dès les années 80, préparait la « #refondation_sociale_patronale » qui donna lieu à la création du Medef à la fin des années 90.

      Dès l’orée des années 80, le P.S est l’ardent promoteur colberto-saint simonien des intérêts de la grand industrie (précarisation de l’emploi ++ et licenciements massifs), tout en faisant l’apologie de l’entrepreneur « individuel » (Tapie nommé ministre...) comme forme de vie exemplaire, à reproduire par chaque un.

      #domination ; succès de la #lutte_de_classe (la leur)

    • Finalement, est-il possible de prendre partie pour la démocratie au sens ethymologique et grecque du terme, lorsqu’on appartient à des clubs privés qui maintiennent en place l’#oligarchie ? En effet le nombres de publications et de conférences sur le thème de l’#égalité ("La société des égaux" par exemple) de Pierre Rosanvallon pousse à penser qu’il est défenseur et promoteur de la démocratie, et que ses recherches vont dans ce sens. Mais avec un doute qui peut émerger en arrière fond.

      Lorsqu’on le présente dans les médias, ce qui est drôle c’est qu’on ne restitue pas son parcours académique, le fait qu’il fait partie des universitaires qui se sont rapprochés de l’oligarchie ou de la #synarchie.

      cc @colporteur

      PS : mais la question à se poser est « à qui ses recherches s’adressent véritablement ; quel sont les destinataires du message ? », et la réponse est certainement l’élite et l’oligarchie.

    • Un complément d’info qui répond à sa façon à la question à qui s’adresse cet « expert » (et bien d’autres), à nous tous pour nous coloniser le temps de cerveau disponible et corrompre la réflexion.
      Pierre Rosanvallon, un évangéliste du marché omniprésent dans les médias, Acrimed
      http://www.acrimed.org/Pierre-Rosanvallon-un-evangeliste-du-marche-omnipresent-dans-les-medias

      État, experts, média, telle est la multitudinaire sainte trinité du dieu économie, ou si on préfère, de la #politique_du_capital.

  • Les Mots d’Alain Badiou
    http://www.radiogrenouille.com/programmes-radio/emissions-speciales/les-mots-dalain-badiou

    Une série radiophonique en 10 épisodes. Des mots appartenant au vocabulaire, aux écrits du philosophe – des mots concepts, d’une certaine manière. Au terme de cette série c’est tout autant une toile tissée qu’une cartographie de la pensée d’Alain Badiou. Liste des mots : Philosophie / anti-philosophie ; Être / Existence / Intensité ; Vérité ; Identité et différence ; Monde ; Événement ; Décision et fidélité ; Réveil de l’Histoire ; Le Réel ; Poésie. Source : Radio Grenouille

  • BALLAST Victor Hugo, la grande prose de la #révolte
    http://www.revue-ballast.fr/victor-hugo-la-grande-prose-de-la-revolte

    Le philosophe et dramaturge Alain Badiou, reconnu, décrié ou parfois craint pour ses positionnements anticapitalistes et communistes, interroge ici Les Misérables de l’illustre Hugo. Que peut nous apprendre ce #roman, paru en 1862, pour notre temps (ce temps, estime le philosophe, de l’homme nihiliste puisqu’il ne croit plus en rien et se contente du monde pour n’avoir pas à le bouleverser) ? En quoi ce #livre est-il porteur de révolte ? Quelles différences entre l’émeute, l’#insurrection, la révolte et la révolution ? La République garantit-elle l’émancipation ? Pourquoi Hugo n’aurait-il jamais pu considérer le « populisme » comme une injure ? Autant de questions que ce texte prend en main.

  • Sur l’« esprit du 11 janvier » : le débat Emmanuel Todd - Alain Badiou
    http://www.dailymotion.com/video/x2qadz7_sur-l-esprit-du-11-janvier-le-debat-emmanuel-todd-alain-badiou_

    C’est le démographe par qui le scandale arrive : Emmanuel Todd. Avant même la parution de son dernier livre Qui est Charlie ? : Sociologie d’une crise religieuse (Éditions du Seuil) on a assisté à un véritable tir de barrage. Contre le livre lui-même, mais aussi contre son auteur, qualifié carrément d’« intellectuel zombie », pris à partie par le premier ministre, etc. Emmanuel Todd est l’invité d’Aude Lancelin et Alain Badiou pour ce nouveau numéro de Contre-courant.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/160515/sur-l-esprit-du-11-janvier-le-debat-todd-badiou

    #Alain_Badiou #Attentats_de_janvier_2015_en_France #Charlie_Hebdo #Démographie #Emmanuel_Todd #France #Islam #Laïcité #Manifestations_des_10_et_11_janvier_2015 #République

  • La subjectivation condition du bonheur réel ? | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/100797/subjectivation-condition-bonheur-reel

    En préambule de sa Métaphysique du bonheur réel, Alain Badiou met en garde : chez lui comme chez Platon et Spinoza dont il revendique l’héritage, le bonheur est « l’affect du vrai » et partant n’est pas du côté de la facilité. Conception exigeante s’il en est, le bonheur selon Badiou implique que l’individu fasse le choix de se subjectiver (de devenir autre en lui-même), donc de s’extraire de la médiocrité de la satisfaction. Si le chemin y conduisant est escarpé, le bonheur demeure, du moins en droit, accessible à tous, puisque « tout individu dispose, plus ou moins secrètement, de la capacité de devenir Sujet ».

    Le premier mérite de cette conception est de prendre l’exact contre-pied de la tendance contemporaine à réduire le bonheur à une forme d’acceptation de l’existence ou de contentement né de l’accomplissement de certains désirs socialement prédéterminés, dont la liste non-exhaustive inclurait le couple épanoui, le travail intéressant et la vie sociale bien remplie. La perspective de Badiou sur le bonheur, qui fait passer l’opposition conceptuelle fondamentale entre bonheur et satisfaction, s’inscrit dans un programme critique. En s’élevant contre ces conceptions molles du bonheur, le philosophe cherche à montrer que non seulement celles-ci confondent le bonheur avec son simulacre qu’est la satisfaction, mais servent également le maintien de l’ordre établi. La satisfaction, en effet, tend à étouffer la possibilité qu’advienne le sujet et, par là même, le bonheur réel.

    Or, nous dit Badiou, c’est précisément la fonction de la philosophie que de faire advenir le bonheur réel. La philosophie se trouve définie comme une révolte contre les opinions dominantes. Cette révolte est dite à la fois orientée vers la réalisation d’un bonheur universel, soucieuse de rationalité et porteuse d’une part de risque. Or le monde contemporain, dans son organisation même, opposerait des obstacles de taille à ces quatre composantes de la philosophie. Il serait d’abord inapproprié à la révolte, dans la mesure où il se présente lui-même comme le lieu où se trouve réalisée la plus grande liberté possible. Soumis au règne de la communication, « dont le principe assumé est l’incohérence », il serait également inapproprié à la rationalité. En outre, l’argent, donc l’universalité monétaire, se présenterait comme la seule universalité possible. Enfin, en imposant aux individus de se soumettre au calcul de leur sécurité, le monde contemporain semble également inapproprié au risque.

    #Alain_Badiou #Métaphysique_du_bonheur_réel

  • Alain Badiou : « La philosophie doit affronter l’amour et le bonheur » - regards.fr
    http://www.regards.fr/idees/article/alain-badiou-la-philosophie-doit

    Dans un livre prospectif, qui en annonce un autre sur le statut des vérités, le philosophe Alain Badiou s’interroge sur la question du bonheur, qu’il analyse comme une « exception ». Et dont il décrit, notamment, les conditions affectives et politiques.

    #bonheur #philosophie #politique

  • Le rouge et le tricolore | par Alain Badiou
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/27/le-rouge-et-le-tricolore_4564083_3232.html

    Il y a eu en France, depuis bien longtemps, deux types de manifestation : celle sous drapeau rouge, et celles sous drapeau tricolore. Croyez-moi : y compris pour réduire à rien les petites bandes fascistes identitaires et meurtrières, qu’elles se réclament des formes sectaires de la religion musulmane, de l’identité nationale française ou de la supériorité de l’Occident, ce ne sont pas les tricolores, commandées et utilisées par nos maîtres, qui sont efficaces. Ce sont les autres, les rouges, qu’il faut faire revenir.

    • Le Rouge et la Marseillaise, par Bernard Chartreux, dramaturge
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/10/le-rouge-et-la-marseillaise_4573404_3232.html

      Ne pas signaler, comme le fait Badiou , ce versant religieux des crimes fascistes, c’est fermer volontairement les yeux devant ce qui est sans doute l’événement marquant –en concomitance il va sans dire avec la chute du communisme– de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, savoir le retour en force (et inattendu ?) tant sur le plan individuel qu’au niveau géo-stratégique, de la religion. C’est ne pas vouloir voir son caractère impérialiste, dominateur, conquérant, propre à toutes les dérives sectaires et criminelles. C’est s’imaginer que l’on peut l’utiliser (la religion) à des fins politiques toutes différentes de sa finalité propre –un ordre moral coercitif ici bas et la récompense céleste post mortem– alors qu’en réalité c’est elle qui, en dernière instance, va manipuler les apprentis manipulateurs (cf. par exemple les Etats Unis et le fondamentaliste afghan) .

      Avec la classique simplification aberrante sur l’"#opium_du_peuple" qui ne fait aucun cas de ce qui précède l’expression, à propos de la #religion comme « âme d’un monde sans coeur, esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu ».

      #incarnation

    • Le texte de Badiou dans sa version non tronquée par Le Monde

      Le Rouge et le Tricolore
      Alain Badiou

      1. Arrière-plan : la situation mondiale.
      Aujourd’hui, le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité. Nous vivons un pénible intervalle : celui qui sépare la fin de la deuxième étape historique de l’Idée communiste (la construction intenable, terroriste, d’un « communisme d’Etat ») de sa troisième étape (le communisme réalisant la politique, adéquate au réel, d’une « émancipation de l’humanité tout entière »). Dans ce contexte, s’est établi un conformisme intellectuel médiocre, une sorte de résignation à la fois plaintive et satisfaite, qui accompagne l’absence de tout futur autre que la répétition déployée de ce qu’il y a.
      Nous voyons alors apparaître, contre-partie à la fois logique et horrifiante, désespérée et fatale, mélange de capitalisme corrompu et de gangstérisme meurtrier, un repli maniaque, manœuvré subjectivement par la pulsion de mort, vers les identités les plus diverses. Ce repli suscite à son tour des contre-identités identitaires arrogantes. Sur la trame générale de « l’Occident », patrie du capitalisme dominant et civilisé, contre « l’Islamisme », référent du terrorisme sanguinaire, apparaissent, d’un côté, des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant pour se faire obéir le cadavre de quelques dieux ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique…) et faisant des milliers de victimes, sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.
      Il en ira ainsi tant que l’universalisme vrai, le prise en main du destin de l’humanité par l’humanité elle-même, et donc la nouvelle et décisive incarnation historico-politique de l’Idée communiste, n’aura pas déployé sa neuve puissance à l’échelle mondiale, annulant au passage l’asservissement des Etats à l’oligarchie des propriétaires et de leurs serviteurs, l’abstraction monétaire, et finalement les identités et contre-identités qui ravagent les esprits et en appellent à la mort.
      La situation mondiale, c’est que tarde à venir, mais viendra – si nous parvenons à le vouloir à grande échelle – le temps où toute identité (car il y aura toujours des identités, y compris différentes, y compris formellement contradictoires) sera intégrée égalitairement et pacifiquement dans le destin de l’humanité générique.
      2. Détails français : Charlie-Hebdo et la « République ».
      Né du gauchisme révolté des années soixante-dix, Charlie-Hebdo est devenu, comme nombre d’intellectuels, de politiciens, de « nouveaux philosophes », d’économistes impuissants et d’amuseurs divers, un défenseur à la fois ironique et fiévreux de la Démocratie, de la République, de la Laïcité, de la Liberté d’opinion, de la Libre entreprise, du Libre sexe, de l’Etat libre, bref, de l’ordre politique et moral établi. Ce genre de renégation, qui est comme le vieillissement des esprits au fil des circonstances, pullule, et n’a en soi-même guère d’intérêt.
      Plus nouvelle semble la construction patiente, entamée en France dès les années quatre-vingt du dernier siècle, d’un ennemi intérieur de type nouveau : le musulman. Cela s’est fait dans la foulée de diverses lois scélérates poussant la « liberté d’expression » jusqu’au contrôle tatillon des vêtements, de nouveaux interdits concernant le récit historique et de nouvelles franchises policières. Cela s’est fait aussi dans une sorte de rivalité « de gauche » avec l’irrésistible ascension du Front national, lequel pratiquait depuis la guerre d’Algérie un racisme colonial franc et ouvert. Quelles que soit la diversité des causes, le fait est que le musulman, de Mahomet à nos jours, est devenu le mauvais objet du désir de Charlie-Hebdo. Accabler de sarcasmes le musulman et faire rire de ses façons est devenu le fonds de commerce de ce crépusculaire magazine « humoristique », un peu comme il y a un petit siècle on se moquait, sous le nom de « Bécassine », des paysannes pauvres (et chrétiennes, à l’époque…) venues de Bretagne pour torcher les enfants des bourgeoises de Paris.
      Tout cela, au fond, n’est pas si nouveau. L’ordre établi parlementaire français – au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche « républicaine », de vingt mille ouvriers dans les rues de Paris – ce « pacte républicain » auquel se sont ralliés tant d’ex-gauchistes, a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. Il a toujours envoyé de fortes brigades policières dans ces endroits, et peuplé les prisons, sous d’innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Il a introduit dans les « bandes de jeunes » des délateurs corrompus. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d’esclavage requis par le maintien de l’ordre dans l’Empire colonial. Cet Empire sanguinaire, où l’on torturait avec constance les « suspects » dans le moindre commissariat de la moindre bourgade africaine ou asiatique, avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry, – décidément un activiste du pacte républicain – lesquelles exaltaient la « mission civilisatrice » de la France.
      Or, voyez-vous, un nombre considérables des jeunes qui peuplent nos banlieues, outre leurs louches activités et leur manque flagrant d’éducation (étrangement, la fameuse Ecole républicaine n’a rien pu, semble-t-il, en tirer, mais n’arrive pas à se convaincre que c’est de sa faute, et non de la faute des élèves), ont des parents prolétaires d’origine africaine, ou sont eux-mêmes venus d’Afrique pour survivre, et, par voie de conséquence, sont souvent de religion musulmane. A la fois prolétaires et colonisés, en somme. Deux raisons de s’en méfier et de prendre les concernant de sérieuses mesures répressives. La police, heureusement, sous la direction éclairée de nos gouvernements, tant de droite extrême que de gauche résolue, fait ce qu’il convient. Supposons que vous soyez un jeune noir ou un jeune à l’allure arabe, ou encore une jeune femme qui a décidé, par sens de la libre révolte, puisque c’est interdit, de se couvrir les cheveux. Eh bien, vous avez alors neuf ou dix fois plus de chances d’être interpellé dans la rue par notre police démocratique et très souvent retenu dans un commissariat, que si vous avez la mine d’un « Français », ce qui veut dire, uniquement, le faciès de quelqu’un qui n’est probablement ni prolétaire, ni ex-colonisé. Ni musulman. Charlie-Hebdo, en un sens, ne fait qu’aboyer avec ces mœurs policières.
      On prétend de ci de là que ce n’est pas le fait d’être musulman en soi, comme indice négatif, que visent les caricatures de Charlie-Hebdo, mais l’activisme terroriste des intégristes. C’est objectivement faux. Prenez une caricature typique : on y voit une paire de fesses nues, c’est tout, et la légende dit « Et le cul de Mahomet, on peut s’en servir ? ». Le Prophète des croyants, cible permanente de ces stupidités, serait-il un terroriste contemporain ? Non, cela n’a rien à voir avec quelque politique que ce soit. Rien à voir avec le drapeau solennel de la « liberté d’expression ». C’est une ridicule et provocatrice obscénité visant l’Islam comme tel, c’est tout. Et ce n’est rien d’autre qu’un racisme culturel de bas étage, une « blague » pour faire péter de rire le lepéniste aviné du coin. Une complaisante provocation « occidentale », pleine de la satisfaction du nanti, envers, non seulement d’immenses masses populaires africaines, moyen-orientales ou asiatiques qui vivent dans des conditions dramatiques, mais envers une très large fraction du peuple laborieux ici même, celui qui vide nos poubelles, nettoie la vaisselle, s’éreinte au marteau piqueur, fait à cadence accélérée les chambres des hôtels de luxe ou nettoie à quatre heures du matin les vitres des grandes banques. Bref, cette part du peuple qui, par son travail seul, mais aussi par sa vie complexe, ses voyages risqués, sa connaissance de plusieurs langues, sa sagesse existentielle et sa capacité à reconnaître ce que c’est qu’une vraie politique d’émancipation, mérite au moins qu’on la considère, et même, oui, qu’on l’admire, toute question religieuse mise de côté.
      Autrefois déjà, dès le XVIIIe siècle, toutes ces blagues sexuelles, antireligieuses en apparence, antipopulaires en réalité, avaient donné un « humour » de caserne ou de salle de garde. Voyez les obscénités de Voltaire à propos de Jeanne d’Arc : son La Pucelle d’Orléans est tout à fait digne de Charlie-Hebdo. A lui seul, ce poème cochon dirigé contre une héroïne sublimement chrétienne autorise à dire que les vraies et fortes lumières de la pensée critique ne sont certes pas illustrées par ce Voltaire de bas étage. Il éclaire la sagesse de Robespierre quand il condamne tous ceux qui font des violences antireligieuses le cœur de la Révolution, et n’obtiennent ainsi que désertion populaire et guerre civile. Il nous invite à considérer que ce qui divise l’opinion démocratique française est d’être, le sachant ou non, soit du côté constamment progressiste et réellement démocrate de Rousseau, soit du côté de l’affairiste coquin, du riche spéculateur sceptique et jouisseur, qui était comme le mauvais génie logé dans ce Voltaire par ailleurs capable, parfois, d’authentiques combats.
      Mais aujourd’hui, tout cela pue la mentalité coloniale – comme du reste la loi contre le foulard « islamique » rappelait, en bien plus violent, hélas, les moqueries contre la coiffe bretonne de Bécassine : tous points où le racisme culturel racoleur fusionne avec l’hostilité sourde, l’ignorance crasse et la peur qu’inspire au petit bourgeois de nos contrées, très content de lui-même, l’énorme masse, banlieusarde ou africaine, des damnés de la terre.
      3. Ce qui est arrivé, 1 : Le crime de type fasciste.
      Et les trois jeunes Français que la police a rapidement tués ?
      Remarquons en passant que c’était faire, à la satisfaction générale, l’économie d’un procès où il aurait fallu discuter de la situation et de la réelle provenance des coupables. C’était aussi un trait tiré sur l’abolition de la peine de mort, le retour à la pure vengeance publique, dans le style des westerns.
      S’il faut les caractériser, disons qu’ils ont commis ce qu’il faut appeler un crime de type fasciste.
      J’appelle crime de type fasciste un crime qui a trois caractéristiques. D’abord, il est ciblé, et non pas aveugle, parce que sa motivation est idéologique, de caractère fascisant, ce qui veut dire : stupidement identitaire, nationale, raciale, communautaire, coutumière, religieuse... En la circonstance, les assassins avaient visiblement comme cibles trois identités souvent visées par le fascisme classique : les publicistes considérés comme du bord opposé, les policiers défendant l’ordre parlementaire haï, et les Juifs. Il s’agit de la religion dans le premier cas, d’une Etat national dans le second, d’une prétendue race dans le troisième. Ensuite, il est d’une violence extrême, assumée, spectaculaire, parce qu’il vise à imposer l’idée d’une détermination froide et absolue, qui du reste inclut de façon suicidaire la probabilité de la mort des meurtriers. C’est l’aspect « Viva la muerte ! », l’allure nihiliste, de ces actions. Troisièmement, le crime vise, par son énormité, son effet de surprise, son côté hors norme, à créer un effet de terreur et à alimenter, de ce fait même, du côté de l’Etat et de l’opinion, des réactions incontrôlées, lesquelles, aux yeux des criminels et de leurs patrons, vont justifier après coup, par symétrie, l’attentat sanglant.
      Ce genre de crime demande des tueurs que ceux qui les manipulent peuvent abandonner à leur sort dès que l’acte a eu lieu. Ce ne sont pas de grands professionnels, des gens des services secrets, des assassins chevronnés. Ce sont des jeunes du peuple, tirés de leur vie, qu’ils prévoient sans issue, ni sens, par la fascination de l’acte pur mêlé à quelques ingrédients identitaires sauvages, et qui accèdent aussi, ce faisant, aux armes sophistiquées, aux voyages, à la vie en bande, à des formes de pouvoir, de jouissance, et à un peu d’argent. En France même, on a vu, à une autre époque, des recrues de groupes fascisants capables de devenir des meurtriers et des tortionnaires pour des raisons du même genre. Ce fut notamment le cas, pendant l’occupation de la France par les nazis, de bien des miliciens embauchés par Vichy sous le drapeau de la « Révolution nationale ».
      Si l’on veut réduire le risque des crimes fascistes, c’est de ce portrait qu’il faut s’inspirer. Les facteurs décisifs autorisant l’apparition de ces crimes sont clairs. Il y a l’image négative que la société se fait des jeunes venus de la misère mondiale, la façon dont elle les traite. Il y a le maniement inconsidéré des questions identitaires, l’existence non combattue, voire encouragée, de déterminations racialistes et coloniales, les lois scélérates de ségrégation et de stigmatisation. Il y a surtout sans doute, non pas l’inexistence – on trouve dans notre pays des militants pleins d’idées et liés au peuple réel –, mais la faiblesse désastreuse, à échelle internationale, des propositions politiques hors consensus, de nature révolutionnaire et universelle, susceptibles d’organiser ces jeunes dans la solidité agissante d’une conviction politique rationnelle. Ce n’est que sur le fond d’une action persistante pour modifier tous ces facteurs négatifs, d’un appel à changer de fond en comble la logique politique dominante, qu’on aurait pu raisonnablement faire prendre à l’opinion la vraie mesure de ce qui se passait, et subordonner l’action policière, toujours dangereuse quand elle est livrée à elle-même, à une conscience publique éclairée et capable.
      Or la réaction gouvernementale et médiatique a fait exactement tout le contraire.
      4. Ce qui est arrivé, 2 : L’Etat et l’Opinion.
      Dès le début, l’Etat s’est engagé dans une utilisation démesurée et extrêmement dangereuse du crime fasciste. Au crime à motivations identitaires, il a opposé dans les faits une motivation identitaire symétrique. Au « musulman fanatique » on a opposé sans vergogne le bon Français démocrate. Le scandaleux thème de « l’union nationale », voire de « l’union sacrée », qui n’a servi en France qu’à envoyer les jeunes gens se faire massacrer pour rien dans les tranchées, est ressorti de ses placards naphtalinés. Que du reste ce thème soit identitaire et guerrier, on l’a bien vu lorsque nos dirigeants, les Hollande et les Valls, suivis par tous les organes médiatiques, ont entonné l’air, inventé par Bush à propos de la sinistre invasion de l’Irak – dont on connaît aujourd’hui les effets dévastateurs et absurdes –, de la « guerre contre le terrorisme ». C’est tout juste si, à l’occasion d’un crime isolé de type fasciste, on n’a pas exhorté les gens soit à se terrer chez eux, soit à revêtir leur uniforme de réserviste et à partir au son du clairon en Syrie.
      La confusion a été à son comble quand on a vu que l’Etat appelait, de façon parfaitement autoritaire, à venir manifester. Ici, au pays de la « liberté d’expression », une manifestation sur ordre de l’Etat ! On avait de bonnes raisons de se demander si Valls n’envisageait pas d’emprisonner les absents. On a puni, de ci de là, ceux qui étaient rétifs à la minute de silence. Nous aurons vraiment tout vu. C’est ainsi qu’au plus bas de leur popularité, nos dirigeants ont pu, grâce à trois fascistes dévoyés qui ne pouvaient imaginer un tel triomphe, défiler devant un million et quelques de personnes, à la fois terrorisées par les « musulmans » et nourries aux vitamines de la démocratie, du pacte républicain et de la grandeur superbe de la France. Il a même été possible que le criminel de guerre coloniale Netanyahou figure au premier rang des manifestants, supposés venir là célébrer la liberté d’opinion et la paix civile.
      La « liberté d’expression », parlons-en ! La manifestation affirmait au contraire, à grand renfort de drapeaux tricolores, qu’être français c’est d’abord avoir tous, sous la houlette de l’Etat, la même opinion. Il était pratiquement impossible, tous ces jours -ci, d’exprimer sur ce qui se passait une autre avis que celui qui consiste à s’enchanter de nos libertés, de notre République, à maudire la corruption de notre identité par les jeunes prolétaires musulmans et les filles horriblement voilées, et à se préparer virilement à la « guerre contre le terrorisme ». On a même entendu le cri suivant, admirable dans sa liberté expressive : « nous sommes tous des policiers ».
      Comment du reste ose-t-on aujourd’hui parler de « liberté d’expression » dans un pays où, à de très pauvres exceptions près, la totalité des organes de presse et de télévision sont aux mains de grands groupes privés industriels et/ou financiers ? Faut-il que notre « pacte républicain » soit souple et accommodant pour qu’on s’imagine que ces grands groupes, que Bouygues, que Lagardère, que Niel, et tous les autres, sont prêts à sacrifier leurs intérêts privés sur l’autel de la démocratie et de la liberté d’expression !
      Il est très naturel en réalité que la loi de notre pays soit celle de la pensée unique et de la soumission peureuse. La liberté en général, y compris celle de la pensée, de l’expression, de l’action, de la vie même, consiste-t-elle aujourd’hui à devenir unanimement des auxiliaires de police pour la traque de quelques dizaines d’embrigadés fascistes, la délation universelle des suspects barbus ou voilés, et la suspicion continue concernant les sombres « cités de banlieues », héritières des « faubourgs » où l’on fit autrefois un carnage des Communards ? Ou bien la tâche centrale de l’émancipation, de la liberté publique, est-elle bien plutôt d’agir en commun avec le plus possible de jeunes prolétaires de ces banlieues, le plus possible de jeunes filles, voilées ou non, cela n’importe pas, dans le cadre d’une politique neuve, qui ne se réfère à aucune identité (« les prolétaires n’ont pas de patrie ») et prépare la figure égalitaire d’une humanité s’emparant enfin de son propre destin ? Une politique qui envisage rationnellement que nos vrais maîtres impitoyables, les riches régents de notre destin, soient enfin congédiés ?
      Il y a eu en France, depuis bien longtemps, deux types de manifestations : celles sous drapeau rouge, et celles sous drapeau tricolore. Croyez-moi : y compris pour réduire à rien les petites bandes fascistes identitaires et meurtrières, qu’elles se réclament des formes sectaires de la religion musulmane, de l’identité nationale française ou de la supériorité de l’Occident, ce ne sont pas les tricolores, commandées et utilisées par nos maîtres, qui sont efficaces. Ce sont les autres, les rouges, qu’il faut faire revenir.

    • Le #philosophe et le #djihadiste, Jacob Rogozinski
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/20/le-philosophe-et-le-djihadiste_4580674_3232.html

      Dans une récente tribune (Le Monde, 28 janvier), Alain Badiou qualifie de « crime #fasciste » l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo et des Juifs de l’hypermarché casher. Peu importe que les tueurs se soient réclamé Al-Qaida et de Daech, peu importe qu’ils aient donné à leur acte une signification religieuse (« nous avons vengé le Prophète ! ») : comme si rien n’avait changé depuis les années 1930, notre philosophe n’y voit que du « fascisme ». Il s’obstine en effet à ressusciter le vieux nom sanglant de « communisme » et à désigner comme « fasciste » ce qui lui fait obstacle. Obstination qui le rend sourd et aveugle à ce qu’il y a de nouveau, de singulier dans la situation présente. (...)

      Foucault ne s’est pas assez interrogé sur ce qui incite les individus à adhérer aux dispositifs de pouvoir. Pour qu’un homme accepte de se soumettre à un dispositif, il faut que celui-ci soit parvenu à capter certains de ses affects, de ses désirs, de ses fantasmes, à les intensifier ou les modifier, à les infléchir en les orientant vers certaines cibles. Les affects qui animent un grand nombre de jeunes, victimes du chômage, du racisme, de leur relégation dans des quartiers déshérités, sont des sentiments de révolte contre l’injustice : l’indignation, la colère. Il arrive toutefois qu’une juste colère se transforme en un autre affect qui ne tient plus aucun compte du juste et de l’injuste, mais vise uniquement à détruire son objet.
      Cet affect mortifère est la haine. En captant la révolte, l’indignation, la colère, les dispositifs de terreur les exacerbent, les font virer à la haine et donnent à cette haine des cibles contre lesquelles se déchaîner. Comment empêcher le djihadisme d’exploiter une rébellion légitime ? En luttant concrètement contre l’injustice qui l’engendre, contre toutes les formes d’oppression et de ségrégation ; mais aussi en travaillant collectivement, patiemment, à re-fonder un projet d’émancipation qui aura tiré la leçon des désastres du XX° siècle. Seule une politique d’#émancipation qui saurait « tirer sa poésie de l’avenir et non du passé » pourra parvenir à briser la logique de la haine.

      Encore une alternative piégée, #mao_stal et/ou #anticommuniste.

      #dispositifs_de_terreur

  • Séminaire Alain Badiou | La Commune - Aubervilliers - centre dramatique national
    http://lacommune-aubervilliers.fr/seminaire-alain-badiou-7

    Présentation d’un séminaire d’Alain Badiou au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers

    Le constat que l’on peut faire aujourd’hui est le suivant : Au fur et à mesure que le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité ; dans l’intervalle qui sépare la fin de la deuxième étape historique de l’Idée communiste (la construction intenable d’un « communisme d’Etat ») de sa troisième étape (le communisme réalisant la politique, adéquate au réel, d’une émancipation de « l’humanité toute entière ») ; dans ce climat, donc, de terrorisme idéologique rampant et d’absence de tout futur autre que la répétition déployée de ce qu’il y a, nous voyons apparaître, contre partie à la fois logique et horrifiante, désespérée et fatale, mélange de capitalisme corrompu et de gangstérisme meurtrier, un repli maniaque, manœuvré subjectivement par la pulsion de mort, vers les identités les plus diverses, suscitant à leur tour les contre-identités identitaires les plus archaïques. Sur la trame générale de « l’Occident » (patrie du capitalisme dominant et « civilisé ») contre « l’Islamisme » (référent du terrorisme sanguinaire), on voit d’un côté des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant Allah ou tout autre fétiche, soutenus à distance par des patrons obscurs, mais intéressés à tout ce qui touche au pétrole, aux mines et aux diamants ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique, …), sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.

    • voilà le texte (même si l’intérêt de l’article est la vidéo) :
      Pour la reprise de notre émission « Contre-courant », une rencontre exceptionnelle entre le philosophe Alain Badiou et l’économiste Thomas Piketty. Au programme, le rapport de Thomas Piketty à la pensée de Marx et à l’idée de révolution ; et surtout une discussion sur les chances d’une réforme de la société qui passerait par une nouvelle répartition des richesses et non par des conflits violents.

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      Une nouvelle saison de débats d’idées s’ouvre pour l’émission « Contre-courant ». Pour ce nouveau numéro, Aude Lancelin et Alain Badiou reçoivent Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’École d’économie de Paris.

      Depuis la parution aux États-Unis de son livre Le Capital au XXIe siècle (Le Seuil), le succès planétaire de celui-ci ne se dément pas. Ces dernières semaines en Corée et en Allemagne, le mois de novembre prochain en Chine, l’économiste français connaît partout des audiences impressionnantes autour de la thématique de l’explosion mondiale des inégalités.
      Lire aussi

      Piketty ausculte le capitalisme, ses contradictions et ses violentes inégalités

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      Par Joseph Confavreux et Jade Lindgaard
      Hollande-Piketty : confrontation sur la révolution fiscale

      Par Laurent Mauduit et Hugo Vitrani

      Au programme de cet entretien, bien sûr le rapport de Thomas Piketty à la pensée de Marx et à l’idée de révolution, ainsi que sa position par rapport aux échecs communistes passés. Mais surtout une discussion sur les chances d’une réforme de la société qui passerait par une nouvelle répartition des richesses et non par une série de conflits violents. Que nous est-il encore permis d’espérer quand le capitalisme globalisé, libéré de tout contre-pouvoir sérieux, ne semble plus connaître le moindre frein ? Telle est la question dont l’économiste et le philosophe débattent.

  • François Wahl ou la vie dans la pensée, par Alain Badiou
    http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/09/16/francois-wahl-ou-la-vie-dans-la-pensee-un-temoignage-d-alain-badiou_4488663_

    Le philosophe Alain Badiou a confié au Monde ce témoignage sur l’éditeur et philosophe François Wahl, mort à Paris le 15 septembre, à qui il était lié par une profonde amitié et un long compagnonnage intellectuel.

    Il a dit, une fois : « j’ai découvert en même temps, j’avais quinze ans, que j’étais juif et que j’étais homosexuel. Et j’ai décidé d’assumer les deux choses ». Cette détermination à ne jamais céder sur ce qu’il était éclaire que François Wahl ait vu bien plus tard en Jacques Lacan un maître d’existence, ce Lacan qui avait écrit que l’éthique se ramenait à une seule maxime : « ne pas céder sur son désir ». Ce Lacan dont il fut le vrai découvreur éditorial, par ce coup de génie que fut la réalisation des Ecrits.

    Mais « ne pas céder sur son désir », disait aussi Lacan, est bien souvent, dans les circonstances concrètes, l’équivalent d’une autre maxime très simple, très classique et très difficile : « faire son devoir ». Disons donc qu’avant tout, dans toutes les sphères d’activité qui étaient les siennes, François Wahl a été, presque implacablement, un homme de devoir.

  • Par #Yvan_Najiels

    Etre juif, c’est être propalestinien (contre le monde à l’envers)

    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/210714/etre-juif-cest-etre-propalestinien-contre-le-monde-lenvers

    L’antienne gouvernementale alignée sur le consensus siono-fasciste est insupportable, insultante mais aussi foncièrement mensongère et à visée raciste sur le territoire national.

    Crier à l’antisémitisme alors que dans la manif parisienne de samedi, interdite par le pouvoir CRIF-LDJ-PS, il n’y a pas eu d’incidents de ce genre et alors que, aujourd’hui davantage qu’auparavant, de nombreuses autres voix juives, antisionistes ou à tout le moins critiques sur Israël se font entendre, c’est en vérité souhaiter ce que le fin et mesuré Cukierman appelle des « pogroms » ou une nouvelle « Nuit de Cristal » (ce qui, je le redis, est une insulte aux juifs allemands persécutés et/ou assassinés par les nazis). Sans l’antisémitisme, sans « le coup de l’antisémitisme » comme dirait Alain Badiou qui l’a, ici en France, abondamment subi pour avoir critiqué Israël, l’Etat d’Israël et sa politique répugnante seraient traités comme les fascistes qu’ils sont. Israël a beau mépriser le juif faible, diasporique, c’est sur la souffrance épouvantable de celui-ci qu’il fait son beurre. C’est la raison pour laquelle Israël tient à l’antisémitisme (et à des gens comme Dieudonné et Soral) comme le névrosé à son symptôme. Par ailleurs, se penser - comme de nombreux Israéliens - victimes absolues permet d’aller assez loin dans la folie criminelle puisque celle-ci, à leurs yeux, ne pourra jamais égaler Auschwitz.

    Notre gouvernement de gauche - n’est-il pas temps, vraiment, d’en finir avec la gauche et de trouver d’autres noms pour l’émancipation politique ? - reprend donc ce discours. Nous avons au pouvoir d’opiniâtres relais de l’establishment israélien qui soufflent tant qu’ils peuvent sur les braises d’une passion triste, criminelle et mortifère, mais largement affaiblie par le bilan épouvantable du nazisme dont Bernanos pouvait dire qu’il « (avait) deshonoré l’antisémitisme ».

    Pour ce qui est du PS qui confond à dessein politique et histoire (au sens où la politique est un ici-maintenant et l’histoire, le passé), le discours qui fait des propalestiniens des pronazis ou des héritiers politiques de Vichy (car crier à l’antisémitisme, c’est renvoyer exclusivement à cela) est scandaleux à plusieurs titres. C’est une insulte à la face de celles et ceux qui militent contre le calvaire sans fin des Palestiniens devenus victimes expiatoires du Crime de l’Occident. De la part d’un PS dont la majorité des députés (alors SFIO), en 1940, vota les pleins pouvoirs à Pétain et dont le héros éternel, Mitterrand, vichyste jusqu’à ce que le vent tourne, protégea son ami René Bousquet jusqu’à ce que celui-ci soit descendu par un idéaliste trop exalté, l’injure « antisémite ! » est proprement obscène. Ainsi, s’agissant de la mémoire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, si cet épisode hautement sinistre de l’histoire de la République a à voir avec des gens d’aujourd’hui, c’est au PS de balayer devant sa porte puisque René Bousquet appartenait à cette gauche-là.

    L’accusation d’antisémitisme proférée par le pouvoir PS n’a donc aucun fondement réel et constitue exclusivement une insulte et un souhait qui justifierait l’existence de l’Etat ségrégationniste israélien et le soutien de la France à cet état et cette politique. Alors, oui, des synagogues ont été attaquées hier à Sarcelles et on peut le déplorer. Mais, inutile de se cacher derrière son petit doigt, si de telles attaques ont lieu, c’est parce que les institutions officielles juives - religieuses et/ou communautaires - soutiennent la politique israélienne et les bombardements épouvantables sur Gaza faisant suite à presque 70 ans de crimes contre le peuple palestinien. Si l’Etat d’Israël et ses relais hexagonaux passent leur temps à exhiber le nom « Juif » pour justifier leur politique, on ne s’étonnera guère qu’ils soient parfois pris au mot. De ce point de vue, une organisation valeureuse comme l’UJFP fait beaucoup plus contre l’antisémitisme que la nébuleuse sioniste. Que des gens s’émeuvent, parfois violemment, de cet état de fait est prévisible car voulu par la clique CRIF-LDJ-Likoud. Les traiter d’antisémites ne relève pas moins de l’outrage absolu, a fortiori pour le parti de Laval, Déat et Mitterrand. Antisémitisme renvoie au nazisme alors que, dans la situation présente, c’est l’insulte que le gouvernement et les sionistes jettent à la figure de gens révoltés par une injustice flagrante et criminelle. En cela, mêler notre époque à celle de l’hitlérisme est une injure grave y compris à l’encontre de gens comme Marek Edelman ou Henri Krasucki qui, eux, étaient des opprimés alors qu’on accuse aujourd’hui d’antisémitisme celles et ceux qui contestent la mise à genoux sans fin d’un peuple sans défense par un état surarmé et choyé par l’Occident blanc impérialiste. Traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris, c’est insulter le Shtetl. C’est en ce sens que comme le disait l’UCFml au moment des massacres de Sabra et Chatila : être juif, c’est être propalestinien (du côté de l’opprimé, contre l’oppresseur).

    L’obstination du pouvoir « socialiste » à traiter d’antisémites celles et ceux que révoltent les bombardements israéliens a cependant aussi à voir avec notre pays, la France. Le soutien néoconservateur de Hollande et du gouvernement Valls aux crimes israéliens dit aussi quelque chose sur le peuple multinational de ce pays et cet aspect n’est pas à négliger. C’est, purement, la dimension finkielkrautienne du discours gouvernemental.

    Dans les manifestations propalestiniennes s’exprime aussi une solidarité arabe aux opprimé-e-s de Palestine et il n’y a, évidemment, rien à redire à cela. Dès lors, traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris ou d’hier à Sarcelles, c’est endosser l’antienne de Finkielkraut ou Riposte laïque contre les Arabes et/ou les musulman-e-s présentés comme les nouveaux barbares qui, pour reprendre Finkielkraut, sous couvert d’antiracisme seraient de fieffés antisémites, des « racailles ». Comme le dit du reste le lumineux Bruckner qui a compris là beaucoup de choses bien que n’entendant rien à rien : le racisme anti-blanc, c’est l’antisémitisme. Antienne qui mène d’ores et déjà au fascisme comme l’illustre ici Jacques Kupfer, représentant du Likoud en France.

    Le discours du PS actuel est donc, pour ce qui concerne la France, un pas supplémentaire franchi dans le consensus islamophobe. Par l’utilisation de l’insulte écarlate « antisémite », c’est la population arabe et/ou musulmane que l’on stigmatise violemment et qu’on autorise à pourchasser au nom de bons sentiments « démocratiques » comme l’Occident blanc sait faire depuis si longtemps. Au juif mangeur d’enfants succède, sous la houlette du PS, l’Arabe fanatique et antisémite. À l’antisémitisme usé et désormais de l’ordre exclusif de la psychopathologie politique succède une islamophobie consensuelle et « démocratique » pleine d’avenir : l’Occident a trouvé, une fois le shtetl à jamais détruit, ses nouveaux « barbares » (d´où le tournant « philosémite » du FN). Le PS, on le voit, prépare avec talent le soixantième anniversaire du gouvernement dirigé par Guy Mollet. La police française a plus que jamais quartier libre.

    Et, aujourd’hui comme hier, le PS épouse comme toujours l’oppression - bien qu’il s’en défende.

  • ▶ « Contre-courant » : Alain Badiou face à Michel Onfray - Vidéo Dailymotion
    http://www.dailymotion.com/video/x1nrryt_contre-courant-alain-badiou-face-a-michel-onfray_news

    Pour cette nouvelle édition de « Contre-courant », Alain Badiou et Aude Lancelin reçoivent Michel Onfray, fondateur de l’Université populaire de Caen, auteur de nombreux ouvrages de philosophie depuis le Ventre des philosophes, paru en 1989 aux éditions Grasset. Figure désormais très médiatique du paysage intellectuel français, auteur de best-sellers controversés comme le Traité d’athéologie ou Le Crépuscule d’une idole, brûlot consacré à Freud en 2010, Michel Onfray se réclame aussi, on le sait, d’une gauche libertaire, anti-antiautoritaire et autogestionnaire.

    Au programme de la discussion du jour : la nomination de Manuel Valls comme premier ministre, l’avenir de l’internationalisme, la question de l’individu face au capitalisme mondialisé, la vitalité de l’Islam face à un monde occidental en plein doute, la guerre continuée à travers les époques de figures intellectuelles comme Sartre et Camus. Autant de questions politiques et philosophiques conflictuelles évoquées au cours de cette heure d’entretien.

    #Contre-courant
    #çafaitdubien

  • Petit conseil de lecture
    Pornographie du temps présent d’Alain Badiou

    « ...Nous devons comprendre, ce qui est pour nous très difficile, que la vraie critique du monde, aujourd’hui, ne saurait se ramener à la critique académique de l’économie capitaliste. Rien n’est plus facile, rien n’est plus abstrait, rien n’est plus inutile, que la critique du capitalisme réduite à elle-même. Ceux qui mènent grand bruit sur cette critique en viennent toujours à de sages réformes de ce capitalisme. Ils proposent un capitalisme régulé et convenable, un capitalisme non pornographique, un capitalisme écologique et toujours plus démocrate. Ils exigent un capitalisme confortable pour tous, en somme : un capitalisme à visage humain. Rien ne sortira de ces chimères.
    La seule critique dangereuse et radicale, c’est la critique politique de la démocratie. Parce que l’emblème du temps présent, son fétiche, son phallus, c’est la démocratie. Tant que nous ne saurons pas mener à grande échelle une critique créatrice de la démocratie d’État, nous resterons, nous stagnerons, dans le bordel financier des images. Nous serons les serviteurs du couple formé par la patronne du bordel et le chef de la police : le couple des images consommables et du pouvoir nu. »

    « C’est peut-être la meilleure définition de la classe moyenne contemporaine : participer naïvement à la formidable corruption inégalitaire du capitalisme, sans avoir même à le savoir. D’autres, en très petit nombre, et placés plus haut, le sauront pour elle. »

  • Alain BADIOU « Contre le négationnisme »
    http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2923

    En lien avec les émissions du 20 et 21 janvier 2014 consacrées au « malaise Dieudonné », nous vous proposons la lecture d’un texte d’Alain Badiou, « Contre le négationnisme ».

    Ce texte est issu d’une intervention d’Alain Badiou lors d’une journée contre le négationnisme, organisée dans le cadre du Collège international de philosophie le 14 octobre 1996. Il est paru en 2005 dans le chapitre V de Circonstances 3. Portées du mot « juif », aux éditions Ligne et Manifeste.

    Lire le texte en cliquant ici

  • Théâtre, quand tu nous tiens ! | AR...

    http://www.scoop.it/t/artpol/p/4009179985/theatre-quand-tu-nous-tiens?hash=802a8ecf-9d7f-42c8-881b-7a4077727b88

    "Une interview du philosophe Alain Badiou sur le théâtre et les liens entre théâtre et politique, par l’intermédiaire d’une réflexion sur le spectateur.

    (...)

    "L’articulation du propos se manifeste dans cinq parties de dialogue : “Défense d’un art menacé”, “Théâtre et philosophie, histoire d’un vieux couple”, “Entre la danse et le cinéma”, “Scènes politiques”, “La place du spectateur”. Ce découpage tient à de nombreuses raisons, mais surtout il est construit pour faciliter la compréhension de la position de Badiou, relativement au théâtre. Elle est résumée ainsi : “Ce que nous devons aimer et soutenir, c’est un théâtre complet, qui déploie dans le jeu, dans la clarté fragile de la scène, une proposition sur le sens de l’existence, individuelle et collective, dans le monde contemporain.” (...)"

    #art #théâtre #politique #représentation #engagement #création #activisme #artivisme #culture #sens #Artpol #vangauguin

  • Derrière la « loi foulardière », la peur - par Alain Badiou
    http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/laic/badiou.htm

    Au demeurant, n’est-ce pas la vraie religion massive, celle du commerce ? Auprès de laquelle les musulmans convaincus font figure de minorité ascétique ? N’est-ce pas le signe ostentatoire de cette religion dégradante que ce que nous pouvons lire sur les pantalons, les baskets, les tee-shirts : Nike, Chevignon, Lacoste,... N’est-il pas plus mesquin encore d’être à l’école la femme sandwich d’un trust que la fidèle d’un Dieu ? Pour frapper au cœur de la cible, voir grand, nous savons ce qu’il faut : une loi contre les marques. Au travail, Chirac. Interdisons sans faiblir les signes ostentatoires du Capital.

    11. Qu’on m’éclaire. La rationalité républicaine et féministe de ce qu’on montre du corps et de ce qu’on ne montre pas, en différents lieux et à différentes époques, c’est quoi ? Que je sache, encore de nos jours, et pas seulement dans les écoles, on ne montre pas le bout des seins ni les poils du pubis, ni la verge. Devrais-je me fâcher de ce que ces morceaux soient « dérobés aux regards » ? Soupçonner les maris, les amants, les grands frères ? Il y a peu dans nos campagnes, encore de nos jours en Sicile et ailleurs, les veuves portent fichus noirs, bas sombres, mantilles. Il n’y a pas besoin pour cela d’être la veuve d’un terroriste islamique.

    12. Curieuse, la rage réservée par tant de dames féministes aux quelques filles à foulard, au point de supplier le pauvre président Chirac, le soviétique aux 82 %, de sévir au nom de la Loi, alors que le corps féminin prostitué est partout, la pornographie la plus humiliante universellement vendue, les conseils d’exposition sexuelle des corps prodigués à longueur de page dans les magazines pour adolescentes.

    13. Une seule explication : une fille doit montrer ce qu’elle a à vendre. Elle doit exposer sa marchandise. Elle doit indiquer que désormais la circulation des femmes obéit au modèle généralisé, et non pas à l’échange restreint. Foin des pères et grands frères barbus ! Vive le marché planétaire ! Le modèle, c’est le top modèle. 14. On croyait avoir compris qu’un droit féminin intangible est de ne se déshabiller que devant celui (ou celle) qu’on a choisi (e) pour ce faire. Mais non. Il est impératif d’esquisser le déshabillage à tout instant. Qui garde à couvert ce qu’il met sur le marché n’est pas un marchand loyal.

    #laicité #islamophobie #loi_sur_le_voile @rezo @mad_meg @touti

    • L’argument important, c’est aussi l’emprise sociale sur les corps, lesquels doivent se montrer pour exposer leur « normalité ». Parce que sans parler forcément de burqa sociale, la grosse qui exhibe ses jambons ou la poilue son pelage de terre-neuve, est vite sommée de remballer toutes ces choses insupportables au regard, alors que, pour l’instant, le gras du bide ou le velu sont encore assez tolérés dans l’espace public.
      Je remarque que la dictature vestimentaire/corporelle pèse très fortement sur les femmes.

      Ensuite, effectivement, tout cela participe très bien à la #marchandisation du corps féminin.

    • c’est vrai que le point 13 rejoint ce qui est évoqué ici, à savoir l’obligation plus forte chez la femme que chez l’homme, de se « mettre en valeur », pour être gratifiée socialement (et professionnellement..)
      http://seenthis.net/messages/157286
      Ce qui, de fait, confine la femme dans l’image, l’encourage à se spécialiser dans un rôle d’utilité « visuelle » à ne jamais négliger ses atouts visuels, ou y consacrer une énergie non négligeable, tandis que le mâle lui est tranquille pour occuper le terrain organisationnel, décisionnel...
      Je pense que ce phénomène tend à se réduire, une femme n’est plus obligée de se mettre en tailleur pour aller bosser, et elle peut y aller sans se maquiller, cela ne doit plus trop lui nuire. Par contre ce faisant elle s’expose fortement : son apparence « brute de fonderie » sera une circonstance aggravante, au moindre reproche, une allusion perfide sur son apparence physique sera rajoutée...

    • Tout à fait d’accord avec toi @monolecte
      Les femmes sont des territoires, annexables, violable, apprenants aux uns et aux autres mais ne s’appartenant pas à elles mêmes (sinon la patriarquie est en péril comme dirait Zemmour et Soral). Dans le meilleur des cas il faut protéger le territoire, ca donne la version prince charmant.
      En patriarquie les femmes sont des médailles, des titres de noblesses qui prouvent la virilité de leurs propriétaires masculins vis à vis des autres hommes. Un homme viril doit avoir plusieurs « conquêtes », il doit « prendre » des femmes, en « pénétrer » le plus possible, les « niquer » (je me demande toujours si cette expression est en rapport avec Athéna Niké, victorieuse. Niqué voulant dire ici vaincre en fait).
      Il y a même des gros crétins misogynes qui déclarent fièrement « se les faire toutes », j’en ai vu un de mes yeux il y a peu.

      L’avis des femmes dans tout ceci importe peu, l’autre wiki1000 et ses conseils d’élégance en est une nouvelle illustration. Depuis quant on consulte les territoires avant de se les appropriés ?

      C’est comme si il n’y avait pas de tête sous les voile pas plus qu’au sommet des décolletés.

    • La peur ?

      Quel joli greenwashing de ce qu’on devrait plus simplement nommer de la xénophobie. Et tant qu’à faire aller chercher des arguments dans le catalogue des causes en vogue de l’instant, dans l’espoir d’une invitation sur France Culture, l’ami du pacte social ?

      Enième splendide illustration du rôle des intellectuels dans la cohésion sociale : surtout éviter de nommer un chat un chat, et laisser chacun ronronner lové dans ses préjugés.

    • @bp314 : qu’est-ce qu’une phobie, sinon une réaction de rejet essentiellement déclenchée par la peur ?

      Je ne suis pas d’accord avec toi. Le travail de l’intellectuel est d’essayer de comprendre. Dépasser le jugement et la condamnation, le réflexe de chacun d’entre nous, quand nous n’adoptons pas une démarche d’analyse.
      Comprendre n’est pas disculper. C’est aller au delà du procès. Car les procès n’ont jamais trop réussi à élever la conscience humaine...

    • @bp314 Le rôle de l’intellectuel est sans aucun doute de nommer. Mais la nomination a plusieurs fonctions. En l’occurrence, elle sert à donner une cause. Parler de peur ne vise pas à occulter la xénophobie mais à affirmer qu’elle repose sur un affect passif, négatif.

  • Les fondements politico-économiques du fémonationalisme | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/fondements-politico-%C3%A9conomiques-f%C3%A9monationalisme

    Les femmes migrantes, cependant, sont aussi des marchandises, puisque l’on exige d’elles qu’elles se comportent conformément aux valeurs supposées des femmes occidentales émancipées. Ici, en considérant le fémonationalisme contemporain comme une construction idéologique éclairant les processus de marchandisation des femmes non-européennes, je considère que nous avons besoin de poursuivre la logique proposée par Alain Badiou il y a quelques années. Après le vote de la loi contre le hijab dans les écoles publiques en France – une loi qui a concentré le débat sur l’équation entre l’Islam et l’oppression des femmes –, le philosophe français l’avait définie comme « une loi capitaliste pure ». Pour que la féminité opère sous le capitalisme, le corps féminin doit être exposé pour pouvoir circuler « sous un paradigme marchand »43. Une fille musulmane doit donc montrer « ce qu’elle a à vendre ». En d’autres mots, elle doit accepter et soutenir activement sa propre marchandisation. L’insistance sur le dévoilement des musulmanes en Europe combine donc à la fois le rêve durable des hommes occidentaux de « découvrir » la femme de leurs ennemis, ou des colonisés, ainsi que la demande d’en finir avec l’incongruité du corps féminin caché en tant qu’exception à la règle générale selon laquelle elles devraient circuler comme des « valeurs franches »44.

    #femonationalisme #féminisme #migration #islamophobie @mona