person:alain deneault

  • Quand le management martyrise les salariés, par Alain Deneault (Le Monde diplomatique, novembre 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/11/DENEAULT/59210

    Étrange paradoxe que celui du salariat. Graal moderne, le contrat de travail constituerait un préalable à l’émancipation : n’est-il pas supposé garantir les moyens de subsister ? Pour beaucoup, vivre revient donc à pointer. Mais entrer dans le monde de l’entreprise représente souvent aussi un asservissement aux contraintes liées à l’obsession du rendement. En d’autres termes, une entrave à la vie.

    • ’Benalla et l’arc d’extrême droite" par Frédéric Lordon, 23 juillet 2018
      ....Faire peur en massacrant le premier venu et, sous le regard terrorisé des autres, faire passer à tous l’envie de revenir. Voilà le régime politique dans lequel nous vivons, dont les médias, dans un mélange de collusion fondamentale et d’insuffisance intellectuelle, ne diront jamais le moindre mot en toute généralité – l’affaire Benalla de ce point de vue est idéalement faite pour leur (re)donner l’impression d’être le fer de lance de la démocratie : parbleu, ils enquêtent ! ils soulèvent, ils sont intransigeants, ils n’hésitent pas à fièrement bousculer le pouvoir, ils sont la liberté en marche (pardon – enfin oui quand même, justement, la « liberté en marche », c’est-à-dire la version « En marche » de la liberté, la liberté Potemkine qui ne sait rien, ne veut rien savoir, et ne rien dire, de toutes les offenses aux libertés réelles).

    • Comme une illustration supplémentaire de cette propension des médias à croire s’acquitter d’un devoir de rapporter sans en fait jamais rien montrer, on devrait se souvenir de cette étude d’un chercheur américain (2), reprise aussi platement que possible et sans aucun esprit de suite dans la presse française, s’appuyant sur le World Values Survey et l’European Values Survey pour établir ce paradoxe que les électeurs du centre, et non les « extrémistes » comme on l’aurait attendu (souhaité), sont les moins attachés aux principes de la démocratie. Ici, il faut sans doute en revenir à la catégorie d’extrême centre, proposée par Alain Deneault (3) pour dire comme il convient cette forme inaperçue de fanatisme qu’emporte le néolibéralisme, et être un peu plus au clair quant à la question de savoir qui sont les vrais radicalisés dans la société – ils sont au pouvoir.

      (2) https://seenthis.net/messages/697160

      Traduit ici : https://lemediapresse.fr/politique-fr/les-centristes-sont-les-plus-hostiles-a-la-democratie-pas-les-extremis

    • Alors désormais nous attendons. Nous attendons de voir s’il se trouve quelque média pour enfin montrer toutes ces choses, entendons : pour les montrer vraiment, c’est-à-dire autrement que comme une série d’articles factuels mais sans suite ni cohérence, par-là voués à l’oubli et l’absence d’aucun effet politique, quelque média pour connecter ce qui doit l’être, non pas donc en en restant au confortable FN, mais en dessinant enfin l’arc qui est maintenant sous nos yeux, l’arc qui emmène de Marine Épouvantail Le Pen à Valls, Collomb, Macron, qui fait le rapport entre la violence pluri-décennale dans les banlieues et celle plus récente dans la rue, ou contre les syndicalistes trop remuants, et ceci quitte, s’il le faut (on sent qu’il le faudra…), à demander aux journalistes-remparts-de-la-démocratie d’aller puiser dans leurs souvenirs d’enfance : « relie les points dans l’ordre des numéros et tu verras apparaître une figure ». Avertissons d’emblée ces âmes sensibles : ici on va voir apparaître une sale gueule.

      Article remarquable ! C’est comme si au travers de cette affaire, tout devenait transparent jusqu’au mensonge du Monde à propos de son soit-disant contrepouvoir

    • merci @aude_v parce que la façon de crier au loup de Lordon est fatiguante (et à côté de la plaque compte tenu de la violence policière intrinsèque cf Maurice Rajsfus) et combien je suis d’accord avec ta phrase

      est-ce que le rôle de la police est de dispenser des châtiments corporels ou d’amener les personnes qui ont commis des délits devant la justice

      #punishment_park

    • Lordon est comme pleins d’autres intellos qui n’ont un point de vue sur les choses que très éloigné... « du terrain ». Ils ont une pensée très construite, très intéressante, ils font des liens entre les choses passionnants. Mais oui, ils ont des « blancs » dans leur réflexion, simplement parce qu’ils n’y croient pas à ces violences tant qu’elles ne les touchent pas. Ils ne le savent pas qu’elles font système, et qu’elles disent quelque chose.

      Cela m’a aussi choqué cette tentative de sa part de mettre une date sur le début d’un quelque chose plus violent. Ce quelque chose, pour lui, dans l’alimentation de sa culture politique, c’est de découvrir que les socialistes AUSSI sont des pourritures, et que même, ils le sont encore plus que les ennemis politiques « normaux », ceux de droite. Nous, là, ici, on le sait « à coup sûr » depuis 2005 en général que les PS sont des ordures. On savait que le ver était dans le fruit depuis un moment... là, si je cherche, je me souviens de DSK et du gouvernement Jospin... Les 35 heures d’un côté, les privatisations à tout va de l’autre... Mais on pourrait aussi se souvenir de Delors, de Maastricht... puis de 1983 encore plus loin...

      Bref. On en revient à l’état et à sa violence légitime qui mériterait bien qu’on la remette en cause. La peine de mort est abrogée et on (la justice, les journalistes, nous ?...) trouve « normal » que des citoyens meurent au contact des forces de l’ordre. Comment ne pas utiliser le mot « impunité » quand on constate que ces membres des forces de l’ordre ressortent d’un tel évènement sans aucune sanction d’aucune sorte.
      Et on pourrait ensuite embrayer sur les mutilations. Sur Ruffin qui n’est au courant de rien à propos d’Adama Traoré ; lui aussi, très cultivé, mais grosse impasse sur les violences racistes...
      Etc.

      @aude_v : Condoléances. On ne choisit pas forcément les gens qui nous accompagnent tout au long de notre vie... mais même avec des désaccords, ils étaient là et en faisaient partie... de notre vie.

    • Au journal télévisé, ils ont (très rapidement) montré des vidéos où ces deux personnes lançaient des verres en direction des forces de l’ordre. Ce n’était pas du « canardage ». Mais à priori, ils avaient commis un acte répréhensible (justifiant tabassage et pourquoi pas, mise à mort, évidemment, si par hasard, ces fâcheux avaient eu l’outrecuidance d’obliger les forces de l’ordre d’en arriver à de telles extrémités).

    • Quelle honte, ce comportement d’Alexandre Benalla lors de la manif du 1er mai ! Les syndicats de policiers en ont eu l’estomac retourné : « Nous sommes ici face à un comportement de petite frappe de cité qui tranche avec l’attitude professionnelle des CRS », s’est insurgé Patrice Ribeiro, patron du syndicat Synergie-Officiers ("Le Figaro", 20/7).
      Quand les CRS matraquent eux-mêmes les manifestants, c’est beaucoup plus « professionnel ».

      #Le_Canard_enchaîné 25/7/2018


      https://trouden.blogspot.com
      #Troud #police #matraque

    • Vidéo : comment Benalla et Crase, au cœur du dispositif policier, lancent les deux interpellations - Libération
      http://www.liberation.fr/france/2018/07/22/video-comment-benalla-et-crase-au-coeur-du-dispositif-policier-lancent-le

      Presque au contact de la ligne de CRS, on reconnaît sans difficulté les deux manifestants qui seront quelques instants plus tard interpellés par Alexandre Benalla et Vincent Crase. Ce couple, qui parle en grec et en français dans les vidéos et qui n’est pas réapparu depuis, jette alors violemment trois objets sur la ligne de CRS, qui est à quelques mètres d’eux. Juste avant que la jeune femme leur fasse un bras d’honneur.

  • Macron, le Médiocrate 13 juin 2018 - Anticons
    https://anticons.wordpress.com/2018/06/13/macron-le-mediocrate

    Réformateur, pragmatique et efficace, il est “l’homme que nous attendions”, nous laissent entendre des responsables des grands médias. Intellectuellement, il fut très proche du philosophe Paul Ricoeur, nous rabâchent ses admirateurs. Dès 2014, Attali annonçait :  « Macron sera président en 2017 » ,  « Nous avons élu un oiseau très rare ! » nous dit Kouchner.  « Il a résisté pendant quelques secondes à la poignée de main Donald Trump » commente Christophe Barbier. « L’échange est ferme, viril mais correct, et hisse la France au niveau de l’Amérique » garantit l’éditocratie.  « Macron c’est moi, en mieux » certifie Sarkozy.  « Il est mi-Kennedy, mi-Alcibiade » écrit BHL toujours bien inspiré (Alcibiade fut condamné à l’exil et Kennedy mourut assassiné). Pour Alain Minc, « Macron, c’est Bonaparte Premier consul « . Alain Juppé  « partage en grande partie » la vision d’Emmanuel Macron. Valéry Giscard d’Estaing « distribue des bons points » à Macron. Bref, cet échantillon de louanges dithyrambiques indique à quel point Emmanuel Macron est le modèle d’une très grande partie de la classe politico-médiatique. N’ayons pas peur des mots, Emmanuel Macron fait consensus auprès des oligarques.
     


    Esprit éclairé ou confusion mentale ? Macron, le best of !
    Nous avons sélectionné quelques citations emblématiques du Président Macron. Parmi les constantes figure en premier lieu la certitude pour lui d’être un homme d’exception. D’autre part, Emmanuel Macron à une fâcheuse tendance à perdre son sang froid dès qu’il est contrarié. Ajoutons que notre Président méprise totalement les classes populaires. Enfin, autre point inquiétant, Emmanuel Macron ne cesse de se contredire et, peut-être pire encore, il semble prendre ses croyances pour des vérités absolues. Voyons cela plus en détails.

     « Je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque »

     « Aujourd’hui, je ne suis pas prêt à faire les concessions que m’impose le Parti socialiste, c’est-à-dire m’excuser d’être un jeune mâle blanc diplômé. En d’autres temps, c’était un avantage compétitif inouï. Un jeune mâle blanc inspecteur des finances, il y a soixante ans, était le maître du monde »

     « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort »

     « Je mise sur la révolution démocratique »

     « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires »

     « Il aurait fallu une Margaret Thatcher à la France »

     « Fillon, c’est Thatcher dans les années 80, la France mérite mieux que ça »

     « Je n’ai pas de leçons à recevoir. »

     « Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler »

     « Le libéralisme c’est la loi du plus fort, l’esprit des réformes que nous proposons c’est tout l’inverse »

     « Le libéralisme est une valeur de gauche »

     « Je suis maoïste, […] un bon programme c’est ce qui marche »

     « La politique c’est mystique »

     « Quand t’es jeune, 35h c’est de la pipe »

     « Travailler plus, sans être payé plus »

     « Monsieur Trump » ou  « l’Américain » : « N’oubliez jamais que si vous êtes une nation libre, c’est parce que des ambitieux sont partis de ces terres avec l’amour de la liberté, avec le même rêve, le rêve français, le rêve européen. Monsieur Trump, n’oubliez jamais ce que vous nous devez. La liberté, votre existence, c’est celle de Lafayette, c’est la nôtre »

     « Avec Trump, nous contribuerons à la création d’un ordre mondial du 21e siècle pour le bien de nos concitoyens »
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=DXcrghQfslU

     « Il y a dans cette société (Gad), une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique : Vous n’avez plus d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km ! Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ? »

     « Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord »

     « Mes prédécesseurs n’avaient absolument aucune idée pour l’Europe »

     « J’ai une loyauté personnelle envers François Hollande. Je lui dois de m’avoir fait confiance et de m’avoir nommé au gouvernement. En même temps, lorsqu’un président nomme quelqu’un ministre, il le fait parce qu’il pense que c’est bon pour son pays, pas pour en faire son obligé »

     « François Hollande, sa présidence bavarde et son “absence d’idée” sur l’Europe »

     « Comme De Gaulle, je choisis le meilleur de la gauche, le meilleur de la droite et même le meilleur du centre »

     « Je suis l’anti-système »

     « J’ai condamné toujours la colonisation comme un acte de barbarie. […] La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité. Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes »

     « En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé et je ne regrette pas cela parce que – il y a une jolie formule qui vaut pour l’Algérie – la France a installé les droits de l’homme en Algérie, simplement elle a oublié de les lire. […] Tout en reconnaissant ce crime, je ne veux pas qu’on tombe dans la culture de la culpabilisation sur laquelle on ne construit rien »

     « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien, parce que c’est un lieu où on passe, un lieu que l’on partage »

    Difficile, au milieu de tant d’inconséquence, de comprendre comment Macron a pu séduire autant de français. Le philosophe Alain Deneault montre qu’Emmanuel Macron, à l’instar de Justin Trudeau, premier ministre du Canada depuis novembre 2015, est devenu une figure charismatique uniquement parce que des médias complaisants lui attribuent plus de qualités qu’il n’en a réellement.

    Une figure de proue de l’extrême centre…
    Alain Deneault définit l’extrême centre comme un nouvel ordre politique qui s’efforce de liquider les notions de droite et de gauche. Cette nouvelle droite, puisque nous allons voir qu’il s’agit bien de cela, s’applique selon lui à garantir plus d’argent pour les multinationales, plus de dividendes versés aux actionnaires, plus de facilité d’accès aux paradis fiscaux, moins de services sociaux, et le démantèlement des droits des travailleurs.
     « Emmanuel Macron, c’est Robin des bois à l’envers : il prend aux pauvres pour donner aux riches » a déclaré le journaliste François Ruffin. Et au vu du bilan de sa première année de présidence, il semble difficile de donner lui tort :

    • Suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) dès 2017
    • Suppression de l’impôt pour freiner l’exil fiscal (exit tax) pour 2019
    • Suppressions de 120 000 postes de fonctionnaires
    • Gel du point d’indice et rétablissement du jour de carence pour les fonctionnaires
    • Diminution des aides au logement
    • Hausse de la CSG
    • Stigmatisation des chômeurs
    … pour ne retenir que quelques mesures.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=ZnWgYicjYAQ


    Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, serait-on tenté de dire, puisque l’économiste libéral Milton Friedman soutenait qu’une entreprise ne devrait pas avoir de  « responsabilité sociale » envers le public ou la société. Pour Friedman, le seul souci qui doit peser sur l’entreprise est d’accroître les profits pour ses actionnaires ainsi que pour elle-même. Pour les tenants de la doctrine Friedman, en particulier Reagan, Thatcher et Pinochet, la question sociale doit être subordonnée au bon vouloir de l’initiative privée. Une théorie très fortement contestée par la journaliste Naomie Klein qui démontre que la plupart des citoyens s’appauvrissent tandis que les élites corporatives gagnent une énorme richesse. En janvier 2018, l’ONG Oxfam International rapportait dans un rapport consacré à l’année 2017 que les 1% les plus riches ont empoché 82 % des richesses créées cette année-là, tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en n’a pas eu une miette.

    L’extrême centre ne tolère pas d’opposition
    Deneault explique clairement que l’#extrémisme ne s’évalue pas en fonction du curseur gauche-droite. L’extrémisme nous dit-il, est l’attitude qui consiste à être intolérant à ce qui n’est pas soi. Ainsi, l’extrême centre se présente arbitrairement comme étant “le” centre. L’extrême centre serait donc en somme l’équilibre, la voie médiane qui évite raisonnablement les deux extrêmes. Mais comprenons bien qu’il s’agit avant tout d’une posture. Or la question du positionnement faussement modéré ne date pas d’hier, et l’exemple le plus parlant est peut-être celui d’ #adolphe_thiers qui fut le fut le premier président de la République française (1871-1873), partisan libéral dans un premier temps d’une monarchie constitutionnelle. Adolphe Thiers est l’une des figures emblématiques de l’histoire du #Centre_Gauche, dont il est la représentation de la fausse modération. Honoré de Balzac s’inspirera de Thiers pour créé Eugène de Rastignac, un personnage qui est décrit par Balzac comme ambitieux et prêt à tout pour parvenir à ses fins. L’extrême centre au nom de la raison est violent, cruel, destructeur et aveugle nous enseigne Deneault. Partant de là, rappelons-nous qu’en novembre 1831 débutait à Lyon la première révolte des Canuts, ces ouvriers de l’industrie de la soie. Contre les insurgés, Thiers déclara :  « il vaut mieux l’arme blanche que l’arme à feu » . Ce qu’il voulait, c’était éviter de lire dans la presse :  « On tire sur le peuple » . Les canuts se soulèveront à nouveau en 1834. Cette nouvelle insurrection sera une fois encore réprimée dans le sang par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Adolphe Thiers. La Commune de Paris est une autre période insurrectionnelle de l’histoire de Paris. Elle s’est développée à partir du 18 mars 1871 pour aboutir à la fameuse  « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Le chef du pouvoir exécutif Adolphe Thiers, réfugié pour l’occasion à Versailles, lancera contre la capitale cinq corps d’armée. Le résultat sera terrible, avec plus de 20 000 victimes dont beaucoup de femmes et d’enfants. Et bien évidemment, pour Macron… Thiers a sauvé la République en 1871.
    https://blogs.mediapart.fr/jean-claude-meyer-du-18/blog/100518/thiers-sauve-la-republique-en-1871-selon-macron

    Médiocratie : La marque de l’extrême centre
    En politique selon Deneault, être médiocre signifie satisfaire une oligarchie. Aussi la médiocratie est incarnée par l’extrême centre, commente-t-il. Deneault insiste sur le fait que la  « médiocrité” est en français le substantif désignant ce qui est moyen, tout comme supériorité et infériorité font état de ce qui supérieur et inférieur. Il n’y a pas de  « moyenneté » . En conséquence la médiocrité désigne le stade moyen érigé au rang d’autorité.

    Pour Deneault, la principale compétence d’un médiocre est de reconnaître un autre médiocre. Ensemble, ils organisent des réseaux afin d’établir un puissant système de collusions et de renvois d’ascenseurs. Dans un article précédent consacré à Emmanuel Macron, il nous était apparu important de faire la liste des groupes de pression et des réseaux très opaques du patronat qui gravitent autour de notre nouveau président.

    Et comme il faut bien que l’extrême centre se distingue de la droite stricto sensu, la duperie va s’accomplir dans la bonne humeur. Étant entendu que c’est uniquement le maquillage qui distingue l’extrême centre de la droite à papa, la mystification repose par conséquent sur une #novlangue. La “théorie du ruissellement” selon laquelle “enrichir les riches profite à tout le monde” est contestée par le Gouvernement Édouard Philippe car trop droitière dans son apparence ? Qu’à cela ne tienne, le problème est contourné par Emmanuel Macron en personne, qui lui prône la théorie des  « premiers de cordée » _. Mais comprenons bien que chez Macron, le premier de cordée n’est pas l’instituteur, ni même l’infirmière, l’ingénieur ou l’ambulancier. Les premiers dans le logiciel Macron sont les #réseaux qui lui ont permis d’accéder au pouvoir.

    Les médiocres sont au service d’instances transnationales
    Si nous suivons Alain Deneault dans son raisonnement, nous sommes tous potentiellement des médiocres. Nous sommes donc susceptibles de régresser intellectuellement et moralement. De ce fait, la minorité possédante (oligarchie) qui nous domine et qui emploie Macron met tout en œuvre pour faire de nous des médiocres. Cet asservissement a pour but de nous imposer des protocoles qui insensiblement modifient les consciences, justifiant en cela un discours qui vante les bienfaits de la concurrence. En conséquence, il est facile de comprendre comment la dialectique peut devenir guerrière.

    Souvenons-nous : a posteriori, nous avons eu la confirmation que l’explication humanitaire à la guerre de Libye n’était qu’un prétexte. Bis repetita au printemps de cette année : l’histoire se répète avec Macron en Syrie. Cette fois-ci l’acte qui déclenche les hostilités et une (présumée) attaque chimique à la Douma le 7 avril 2018. En quelques jours, ce qui n’était que supposé va devenir avéré dans les bouches du trio Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump. Ce qui est remarquable, c’est qu’il y a peu de temps encore, la presse occidentale présentait ce dernier comme un adepte des théories du complot, tout en l’accusant d’être à la solde de la Russie, qui attendrait un retour sur investissement.

    Rappelons donc qu’Emmanuel Macron vient de s’allier à deux États, en l’occurrence les États-Unis et la Grande Bretagne, qui dans un passé récent ont sciemment menti pour envahir l’Irak, et sur bien d’autres motifs de guerre. Qui sont donc ses “amis” ? La guerre d’Irak ou seconde guerre du Golfe commence officiellement le 20 mars 2003. A cette époque, Theresa May était Présidente du parti conservateur qui a toujours soutenu la guerre en Irak. Donald Trump lui, a promu (en mars 2018) le néoconservateur John Bolton au poste très influent de conseiller à la sécurité nationale. En bon néoconservateur, Bolton fut un farouche partisan de la guerre en Irak et du concept de guerre préventive. En 2002, il enterre le protocole de vérification de la convention sur les armes biologiques. En 2002 encore, il signe la lettre qui indique que les États-Unis renoncent à toute participation à la Cour pénale internationale (CPI). Puis Trump nomme Gina Haspel à la direction de la Central Intelligence Agency (CIA). Gina Haspel a été directement impliquée dans la pratique de la torture de détenus. Dans le Washington Post, John Kiriakou, ancien officier du contre-terrorisme de la CIA, explique qu’il est allé en prison pour avoir divulgué les tortures de la CIA. Gina Haspel a aidé à les dissimuler. En s’associant sans la moindre légitimité au duo Trump / May, Macron vient en notre nom à tous, de légitimer la quintessence du Monde selon Bush : torture, traitements cruels, séquestrations illégales, ingérences, guerres sous faux prétextes, (…). Cela nous ramène à la conclusion d’un dossier précédent, où il nous était apparu nécessaire de souligner qu’étape après étape, la pensée politico-médiatique dominante en France est devenue néoconservatrice.

    Confus et nébuleux
     « La grosse colère d’Emmanuel Macron face aux eurodéputés hostiles aux frappes en Syrie « , titra la presse sous l’influence des réseaux de l’OTAN, après que la question des preuves d’armes chimiques lors des attaques en Syrie ait été soulevée à l’Assemblée européenne. Une intervention “irresponsable, risquée et sans perspective politique”, indiquaient certains responsables politiques européens, qui notaient que Trump, May et Macron avaient agi sans preuves ni mandat de l’ONU.

    Face aux eurodéputés hostiles aux frappes en Syrie, Macron s’improvisa défenseur de la veuve et de l’orphelin, et s’adressa à son opposition en ces termes :  « Les mêmes, les mêmes qui à chaque fois s’indignent devant les images que nous avons vu, d’enfants, de femmes, morts d’attaques de chlore, les mêmes, restons-nous assis ? Défendons nous des droits en disant ‘les droits c’est pour nous, les principes c’est pour nous, la réalité c’est pour les autres ? Non, non ! » Le reste est tout aussi indigeste, mais surtout le Président Macron répond totalement à côté, car la seule chose qui lui fut demandée était tout simplement de fournir ses preuves. Par la suite la “médiocrasphère” viendra à la rescousse du nouveau boss :  « Révisionnistes, dégueulasses, sont ceux qui réclament des preuves » , affirme #BHL qui sans vergogne recourt une fois encore au point Godwin (l’arme favorite des médiocres).

     « Bonnet blanc, blanc bonnet »
    Selon les critères définis par A. Deneault, il n’est pas vain d’établir une ressemblance entre le néo-conservatisme et l’extrême centre. Rappelons que le néo-conservatisme est une variante du conservatisme. Sa spécificité est de conserver les caractéristiques du conservatisme traditionnel qui promeut des valeurs établies issues de coutumes et de traditions. Ces règles (foncièrement opposées au progressisme) sont ainsi combinées à l’individualisme, que le #néo-conservateur qualifie de libre entreprise. Sur ce point, la convergence avec le président français est établie par Forbes le magazine d’affaires américain pour qui Macron est le leader des marchés libres.

    Dès qu’ils ont eu accès à des postes de pouvoir et d’autorité, les néo-conservateurs ont approuvé la totalité des programmes anti-sociaux. Pour eux, seules les initiatives privées ont pour fonction de renforcer l’action sociale, via le financement d’organisations religieuses qui ont seules la vocation à s’occuper des pauvres et des marginaux. Autant dire que chez les #néocons l’aide sociale, qui repose en principe sur des actions d’insertion, de prévention et de secours, doit-être réduite à sa plus simple expression. La promotion de la #philanthropie est également le leitmotiv du programme économie sociale et solidaire de La République En Marche.

    Dans leur logique, l’État est relégué au rang de simple auxiliaire des conglomérats de la finance, de l’énergie et de l’armement. Moins de ressources pour les classes populaires et plus de dividendes pour les groupes financiers constituent également la ligne économique et sociale de l’extrême centre comme nous l’avons vu précédemment. La seule différence est relative à sa forme. Le plus souvent les #néoconservateurs ont migré du trotskisme pour aller vers la droite. De Trotksy, les néocons ont conservé l’idée d’exportation de la révolution, qu’ils ont fait évoluer en ingérence américaine. En résumé, ils se revendiquent ouvertement à la fois pro-israéliens, anticommunistes et anti-New Deals. Ainsi pour les néocons, la réglementation en matières économiques et sociales est un échec. L’extrême centre quant à lui avance masqué. Ses objectifs profonds sont tout aussi cruels que ceux du néo-conservatisme. Mais Deneault nous signale que le médiocre de l’extrême centre est cool, jeune, nouveau, sympathique dans sa présentation. “Il faut penser printemps” prêche son illustre représentant Emmanuel Macron. Cela nous rappelle Michel Clouscard qui surnommait George Pompidou  « l’oncle libéral débonnaire » .

    Ne perdons pas de vue qu’avant de cautionner la politique pro-Arabie Saoudite, pro-Israël, et anti-Iran que mène Donald Trump, les poids lourds du néoconservatisme, déjà membres influents du parti républicain, avaient jeté leur dévolu sur la candidate Hillary Clinton qui reste par ailleurs une référence de l’extrême centre.

    Ainsi nous comprenons pourquoi, vis à vis des crimes de guerre israéliens, l’extrême centre se situe toujours dans un semblant de consensus. Le plus souvent cela débouche sur des formules expéditives. Par exemple Macron appelle Netanyahou au  « dialogue » avec les Palestiniens. Sans mentionner Israël, Trudeau a condamné  « l’emploi présumé d’une force excessive et de munitions réelles » qu’il juge  « inexcusable » . Mais ces annonces laconiques ne débouchent jamais sur aucune action concrète, et leurs contenus sont invariablement ponctués par des  « Israël est une grande démocratie » , ou encore  « A Paris, Macron joue la proximité avec le premier ministre israélien » .

    Le discours paradoxal
    Le médiocrate de l’extrême centre peut apparaître déroutant pour son auditoire, tant ses contradictions sont nombreuses. Ainsi pour battre Donald Trump, Hillary Clinton se revendiquait féministe et engagée pour les droits des femmes, alors même que parmi les donateurs de la fondation Clinton, nous retrouvons l’Arabie Saoudite, pays qui condamne les femmes adultères à la mort par lapidation.

    Dans le même style, le gouvernement Macron prétend vouloir déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes. Et simultanément la famille Macron entretient une relation fusionnelle avec #philippe_de_villiers qui est pourtant l’archétype du porte-parole au style paranoïaque selon les critères définis par l’historien américain Richard Hofstadter, lorsqu’il établit le portrait robot du théoricien de la conspiration à partir de postulats caractéristiques. Ces postulats nous les retrouvons dans les livres de Philippe De Villiers. Pour lui :

    1.  La conspiration dure depuis plusieurs décennies
    2. Il y a allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe)
    3. La France sacrifie ses valeurs
    4. Les arabes imposent leur langue et leur religion
    5. L’alliance France-monde arabe s’appuie sur une politique commune hostile à la chrétienté
    6. Il y a complicité des instances dirigeantes française
    7. Il y a complicité des médias
    8. L’idéologie islamique imprègne les institutions scolaires et universitaires.

    https://www.youtube.com/watch?v=P4U3wBAcMSg

    Pour la petite histoire, vous noterez aussi que d’un côté règne l’harmonie parfaite avec Philippe de Villiers, “tête de gondole du pôle vieille France” qui se revendique 100 % souverainiste, tandis que d’un autre côté Macron entretient des relations étroites avec Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil, deux figures du libéralisme libertaire qui se proclament foncièrement européistes. S’il y a autant de contradictions en médiocratie, c’est tout bonnement parce que l’extrême centre est avant tout la sphère des faire-valoir et des faux-semblants. C’est ainsi que Nicolas Hulot a été nommé ministre de la Transition écologique et solidaire par Emmanuel Macron, alors que ce dernier multiplie les camouflets à l’encontre de son ministre et souhaite même rétablir les chasses présidentielles ?… Il va de soi que cet héritage de la monarchie se pratique uniquement entre pairs.
    https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/festival-de-cannes/video-quand-emmanuel-macron-fait-une-apparition-dans-le-film-de-daniel-

    Conclusion : un “Président des riches » _
    Il n’est ni Machiavel, ni Alcibiade, ni Kennedy, ni Bonaparte. Plus modestement il est le représentant d’une droite qui n’a jamais cessé de modifier son apparence. Son objectif ? Déconstruire méthodiquement le modèle social français. Ses arguments, une fois l’emballage retiré, sont ceux qu’utilisent les différentes droites depuis des lustres :  « nous sommes soumis à la concurrence internationale » , « le nombre des fonctionnaires doit-être réduit » , « il faut impérativement contrôler les chômeurs », « les cheminots sont des privilégiés » , « nous devons insuffler un élan méritocratie » et enfin  « baissons massivement les impôts des plus riches afin que la théorie du ruissellement opère » .

    Il est clair que pour des raisons de convergence d’intérêts, les milliardaires qui possèdent la presse ont pour la plupart soutenu la candidature de notre nouveau président, qui dispose désormais de la quasi-totalité des moyens de communication pour promouvoir sa politique. Ce constat nous renvoie à la question centrale : Pourquoi les médiocres de l’extrême centre dépensent-ils autant d’énergie pour se déguiser ? Ne serait-il pas plus simple de déclarer : “Nous sommes avant tout au service d’une classe sociale communément appelée élite qui, puisqu’elle est élite, doit naturellement dominer” ?

    Selon toute vraisemblance la réponse à ces interrogations réside dans le fait que si les médiocres et en particulier Macron, nous imposent ce jeu de dupe, c’est parce que s’ils “mettaient carte sur table”, l’oligarchie qui les emploie n’aurait pas la moindre chance de conserver ses privilèges. Rappelons nous que la médiocratie est le monde des collusions et de la corruption. De ce fait, les médiocres trahissent une idée qui comporte trois mots : “Liberté, Égalité, Fraternité”. Cette devise est en fait l’ADN de la société républicaine. Fortement influencée par Du Contrat social de Rousseau, elle postule que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Ainsi nous comprenons aisément pourquoi cet axiome qui est l’un des fondements de la morale moderne est incompatible avec l’affairisme, les réseaux, et le renvoi d’ascenseur que favorisent les médiocres de l’extrême centre

    https://www.youtube.com/watch?v=oXsFb6iCDZU

    Même si le peuple est tour à tour désabusé, désillusionné, perverti ou complice, les principes républicains sont implantés dans sa conscience par l’entremise de l’éducation. Spontanément, le tout-un-chacun juge le monde en vertu de cette maxime  « Liberté, Egalité, Fraternité » , que l’on retrouve déjà en gestation dans la littérature antique. L’universalité des valeurs républicaines a supplanté depuis longtemps la morale élitiste du droit divin. Le premier médiocrate à avoir pleinement intégré cette donnée s’appelait Adolphe Thiers. Royaliste à ses débuts, il évoluera vers un projet aux allures républicaines, ce qui lui permettra de combiner ses ambitions personnelles à une stratégie globale qui, sous couvert de libéralisme, garantira à une caste sociale la primauté sur la majorité. Depuis lors, la contre-révolution (représentée par les médiocrates) réinvente à intervalle régulier sa rhétorique pour continuer de faire illusion.

    Emmanuel Macron est la nouvelle égérie de la lignée médiocrate. La résurgence de son archaïsme ne laisse planer aucun doute sur ses véritables aspirations (de #Rothschild, de Villiers, Versailles, Chambord… ). Cependant, intuitivement, la plupart des français ont désormais compris à qui ils avaient affaire : Selon le sondage du mois de mai 2018 Odoxa-Dentsu Consulting, les trois quarts des français (72%) perçoivent Emmanuel Macron comme un  « président des riches » .

     #oligarques #alain_deneault #droite #gauche #centre #extrême_centre #canada #médiocratie #gouvernance #éditocratie #ISF #exit_tax #APL #CSG #chômeurs #milton_friedman #Social #Naomie Klein #citations
     #emmanuel_macron #guerre_aux_pauvres #macron #enmarcheverslefn #france #gouvernement_macron #réformes_antisociales

  • Alain Deneault : euthanasier le capitalisme !
    https://la-bas.org/5082

    Colonne de chiffres ou colonne de chars ? Qu’est-ce qui nous préoccupe le plus ? La colonne de chars, mais uniquement si elle augmente la colonne de chiffres. À l’heure où, un peu partout, les destructions et les dégâts du néo-libéralisme entraînent des rejets et des mouvements profonds, en France, « le leader » du « free markets » s’impose avec violence. La violence de ce que le philosophe québécois Alain Deneault nomme « l’extrême centre ».Continuer la lecture…

    #Mondialisation_libérale #Vidéo #La_Guerre_des_Idées

  • ALAIN DENEAULT

    L’ENTRETIEN LIBRE #11 : AUDE LANCELIN / ALAIN DENEAULT
    Le Média
    Diffusé le 30 avr. 2018
    https://www.youtube.com/watch?v=Zq9cqddCm24

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    Le langage au service des puissants ? Alain Deneault
    Thinkerview
    Diffusé le 4 mai 2018
    https://www.youtube.com/watch?v=IBdj4Z0FtZU

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    La censure de la haine avec Alain Deneault
    La Grande table (2ème partie) par Olivia Gesbert
    04/05/2018
    http://rf.proxycast.org/1430591977585385472/12360-04.05.2018-ITEMA_21668674-1.mp3
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/largent-un-objet-culturel-comme-un-autre

  • “L’Amérique a vaincu Hitler, mais, par elle, l’hitlérisme a vaincu”, par Bruno Adrie – In cauda venenum
    https://brunoadrie.wordpress.com/2018/01/24/lamerique-a-vaincu-hitler-mais-par-elle-lhitlerisme-a-vaincu-p

    Le totalitarisme d’aujourd’hui s’est déboutonné, son pouvoir s’est fait soft. Et ce n’est pas ça qui le définit. Ce qui le définit, ce n’est ni l’apparence donnée à sa violence, ni la façon dont il l’applique à la société, mais contre qui, précisément, il la dirige. Et il la dirige toujours contre les mêmes ennemis, contre les salaires et contre la pensée, contre les salaires qui raccourcissent les profits et contre la pensée qui démonte les échafaudages de mensonges inventés pour supporter les vices du système d’accumulation capitaliste.

    Interview D’Alain Deneault, autour de son dernier ouvrage Le Totalitarisme Pervers, Rue de l’Échiquier, 2017.
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=26&v=KKY8XWLfqLw

    • Alain Deneault nous invite à penser les #multinationales non pas comme des entreprises mais comme une nouvelle forme de souveraineté, une forme totale, engagée dans toutes les sphères de l’activité humaine. Les puissances d’argent, qui, autrefois, utilisaient l’État comme un instrument pour satisfaire leurs ambitions, ont compris qu’elles devaient s’en débarrasser le plus possible et n’en maintenir que la portion congrue, qu’une partie visible et apparemment agissante aux yeux du commun, en détournant, en délocalisant, en décentrant et en recentrant les prises de décisions. L’#État ne doit plus être qu’un décor, une scène destinée à attirer les regards pour mieux hébéter l’intelligence et faire ignorer le grand changement qui se joue dans le secret des alcôves patronales. Pas étonnant que la #démocratie recule et se trouve peu à peu vidée de substance devant la privatisation du fait politique. Pas étonnant que notre démocratie se soit trouvée réduite, lors des dernières présidentielles, à choisir entre le commis satisfait des puissants et la fake Walkyrie de Montretout dont les médias ont fait la promotion pour mieux la désigner comme bête à abattre au deuxième acte de cette comédie en deux actes…

      Ceux qui ne voient dans le #totalitarisme qu’un État policier et répressif en sont restés aux photographies en noir et blanc des années 20 et 30. Ils ne voient dans le totalitarisme que défilés de bottes, forêts de bras levés – il est vrai qu’il y en a encore chez notre allié ukrainien – ou étendards géants déroulés, surplombant des dictateurs crispés et grimaçants dans des uniformes au boutonnage parfait. Mais le totalitarisme, ce n’est pas cela. Ces images ne présentent qu’une version du totalitarisme, qu’un allèle du totalitarisme adapté au milieu d’autrefois. Le totalitarisme d’aujourd’hui est joyeux et coloré et la violence qu’il exerce est aussi joyeuse et colorée – même si la répression n’est jamais loin. Le totalitarisme d’aujourd’hui s’est déboutonné, son pouvoir s’est fait soft. Et ce n’est pas ça qui le définit. Ce qui le définit, ce n’est ni l’apparence donnée à sa violence, ni la façon dont il l’applique à la société, mais contre qui, précisément, il la dirige. Et il la dirige toujours contre les mêmes ennemis, contre les salaires et contre la pensée, contre les salaires qui raccourcissent les profits et contre la pensée qui démonte les échafaudages de mensonges inventés pour supporter les vices du système d’accumulation capitaliste.

      Et pour ce faire, pour mener à bien son offensive, le totalitarisme n’a plus besoin de massacrer des #syndicalistes – il le fait encore, mais aux périphéries -, car il suffit de les acheter ou de les neutraliser sous un infatigable déversement de propagandes qui les présentent comme les preneurs d’otages et comme des conservateurs agrippés à leurs privilèges dans un monde qui bouge, qui change et auquel ils refusent de s’adapter. Il n’a pas non plus besoin de fusiller des révolutionnaires puisque les Karl Liebknecht et les Rosa Luxemburg d’antan ont laissé place à des #radicaux assagis, à des petits-bourgeois indignés, à des #insoumis mais pas trop, volontairement enfilés dans la camisole des élections à bulletins préimprimés, dans la camisole de la palabre interrompue par les empoisonneurs de radio et de télévision, dans la camisole d’une Assemblée qui n’est plus qu’une grande cellule capitonnée dans laquelle des paraphréniques en costards jouent aux élus et font semblant de se chamailler.

      Georges Bernanos avait compris tout cela quand il écrivit en 1947, un an avant sa mort : « L’Amérique a vaincu Hitler, mais, par elle, l’hitlérisme a vaincu » (La France contre les robots, 1947).

      #Bruno_Adrie

      #Alain_Deneault #emmanuel_macron #Karl_Liebknecht #propagande #Rosa_Luxemburg #totalitarisme #hitler #Georges_Bernanos

  • Alain Deneault : « On est à l’aube d’une conjoncture révolutionnaire »
    https://la-bas.org/4714

    Il est devenu en quelques années l’un des plus importants intellectuels de la gauche critique du Canada, avec Naomi Klein. En France, Alain Deneault s’est fait connaître en 2013 par une réflexion sur la « gouvernance » comme façon de transformer la #Politique en discours purement gestionnaire, prétendument rationnel, en management apparemment soft, et en réalité très coercitif.Continuer la lecture…

    #Mondialisation_libérale #La_Guerre_des_Idées #Vidéo

  • La Guerre des idées #10Alain Deneault : « On est à l’aube d’une conjoncture révolutionnaire »
    https://www.youtube.com/watch?v=GhCEZ1nvzrQ

    Aude Lancelin reçoit Alain Deneault

    [Lᴀ Gᴜᴇʀʀᴇ ᴅᴇs ɪᴅᴇᴇs #10] Alain Deneault : « On est à l’aube d’une conjoncture révolutionnaire »

    Il est devenu en quelques années l’un des plus importants intellectuels de la gauche critique du Canada, avec Naomi Klein. En France, Alain Deneault s’est fait connaître en 2013 par une réflexion sur la « gouvernance » comme façon de transformer la politique en discours purement gestionnaire, prétendument rationnel, en management apparemment soft, et en réalité très coercitif. La publication de La Médiocratie (Lux Éditeur) en 2016 le fera connaître du grand public.

    […]

    Il publie aujourd’hui Le Totalitarisme pervers aux éditions Rue de l’échiquier, digest passionnant de sa thèse sur la multinationale Total, De quoi Total est-elle la somme ?, qui dispute la première place boursière au groupe LVMH. Autrefois en charge des intérêts pétroliers de la France, désormais majoritairement passée sous capitaux étrangers, la pieuvre Total est ici prise comme emblème de ce que peut produire de pire une firme au-dessus des lois, issue d’une longue histoire de spoliations diverses, d’abus, et de familiarité dangereuse avec tous les pouvoirs. À travers ce cas d’école, Deneault pointe notamment les transferts de souveraineté de l’État vers les multinationales qui furent colossaux depuis quelques années, au point que ce sont quasiment les entreprises du CAC 40 qui choisissent désormais les gouvernants, on le voit, et leur réclament des comptes.

    Aujourd’hui de passage dans « La Guerre des idées », il dénonce un monde où les politiques d’« extrême centre » sont en train de priver l’humanité de ses sources vives, qu’elles soient écologiques, sociales ou intellectuelles, mais annonce aussi que des points de rupture dans le système restent possibles. Ainsi à tout moment une étincelle peut-elle selon lui mettre le feu à la plaine. Une bonne nouvelle inattendue dans cet océan de désespérance.

    • L’entretien est vraiment très intéressant ! Le format de l’émission est aussi très bien. Dans la même série il y a aussi cet entretien avec Bruno Latour, sans être fana de sa pensée, je la trouve toujours intéressante :

      https://www.youtube.com/watch?v=SGkM-74-cv0

      Aᴜᴅᴇ Lᴀɴᴄᴇʟɪɴ ʀᴇçᴏɪᴛ Bʀᴜɴᴏ Lᴀᴛᴏᴜʀ [Lᴀ Gᴜᴇʀʀᴇ ᴅᴇs ɪᴅᴇᴇs #12]

      Bruno Latour : « Le Peuple a été froidement trahi » On ne comprend rien aux positions politiques dans le monde depuis 50 ans, si l’on ne donne pas une place centrale à la question du dérèglement #climatique et surtout à sa dénégation. Tel est le point de vue développé par le philosophe Bruno Latour, l’un des penseurs français les plus connus au sein du monde anglo-saxon, dans son nouveau livre : Où atterrir ? Comment s’orienter en #politique (La Découverte).

      Une réflexion extrêmement originale sur notre situation, qui entend lier dans une même chaîne de causalité la dérégulation financière depuis les années 80, la #climato-scepticisme qu’on a vu croître dans les années 2000, et l’extension actuellement vertigineuse des #inégalités.

      Tout se passe au fond comme si, compte tenu des perspectives climatiques désastreuses, un petit groupe de super #riches en était arrivé à la conclusion qu’il n’y avait plus assez de place sur terre pour tout le monde, et que l’idée même d’un #monde #commun devait être abandonnée. Ainsi, l’auteur de Nous n’avons jamais été #modernes et de Politiques de la #nature explore-t-il sous un jour nouveau la question du Brexit et de l’élection de #Trump, mais aussi plus largement celle des migrations, et de la montée des « populismes », que lui interprète comme un désir somme toute hélas bien compréhensible de revenir aux anciennes protections de l’#État national. Un désir à la fois panique et totalement vain, comme on le verra dans l’entretien.

      Dans un des livres certainement les plus engagés qu’il ait écrit, #Bruno_Latour évoque un peuple « froidement trahi » par une classe mondiale de puissants, qui ont abandonné en cours de route l’idée de réaliser la #croissance pour tous, faute d’une planète capable de supporter la démesure du système qu’ils lui ont infligé, mais se sont bien gardés d’en avertir les populations.

      On trouvera aussi chez le philosophe une remise en cause des médias courageuse et particulièrement pertinente. À travers la création du concept d’« #alternative_facts », et la pente à voir du « #complotisme » derrière chaque effort de lucidité, les #journalistes ont voulu s’exonérer de toute responsabilité, et s’auto-persuader que le peuple avait perdu pied par rapport à la réalité, suscitant la création de véritables monstres #politiques. Or chacun sait que les médias n’ont pas qu’un peu contribué à les abreuver de mensonges sur les points politiquement les plus décisifs. « Il n’est donc pas étonnant que les gens croient à des #faits_alternatifs, quand on les fait vivre dans des mondes alternatifs. » Au passage, #Latour rappelle salutairement que les faits ne tiennent pas tout seuls, « sans monde partagé, sans institution, sans vie publique », et que la responsabilité des soi-disant élites est donc écrasante dans cette affaire. Un penseur qui s’exprime rarement en France, à découvrir dans cette nouvelle édition de « La Guerre des idées ».

      journaliste : #Aude_Lancelin
      réalisation : Jonathan Duong et Cécile Frey
      son : Alexandre Lambert
      Extrait de film : L’an 01 de #Jacques_Doillon, #Gébé, #Jean_Rouch et #Alain_Resnais (1973) - LCJ Editions

      https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/bruno-latour-le-peuple-a-ete-froidement-trahi

    • Visiblement les vidéos ne sont plus accessible... je dois dire que je suis assez consterné de voir des média de gauche, qui ne cessent de critiquer la privatisation des ressources, privatiser, enclore, exclure ceux qui ne paient pas d’abonnement en mettant sous propriété intellectuelle et derrière des paywall leurs productions.

      Le pire étant certainement ceux qui font la promotion des communs comme @hlc mais qui mettent leurs publications sous propriété intellectuelle. Image-t-on Richard Stallman mettre ses logiciels sous licence privatives en déclarant « non mais là j’en ai besoin pour mon business mais plus tard, dans un monde idéal, je mettrais mes logiciels sous Gnu-GPL » ? Sans oublier que Hervé Le Crosnier a déjà un salaire et un emploi stable et sécurisé fourni par une université publique française.

    • Marrant que tu parles sous un de mes propres messages de Hervé, dont je ne connais ni la situation, ni les motivations, alors que ce que tu qualifies de « pire », c’est assez nettement ce que je fais (moi-même-personnellement) régulièrement.

      Comme tu le sais peut-être, je fais justement la promotion du libre, j’y ai beaucoup contribué et je continue à y contribuer. Mais dans le même temps, de ce que je développe, je ne donne pas tout, ni tout le temps, ni immédiatement.

      Parce que, pour faire simple :
      – on ne vit pas déjà dans un monde non-marchand où tout serait libre, et « mon business » paie mon loyer et nourrit mes enfants ; alors oui, je fais régulièrement le calcul de ce que je peux distribuer, et de ce que je vais distribuer « plus tard » parce que je ne veux pas créer ma propre concurrence immédiatement ;
      – parce que des comportements prédateurs, parasites ou complètement cons, dans le libre, c’est pas rare du tout et ça calme très sérieusement les tendances à la générosité (le calcul sur le fait de ne pas créer sa propre concurrence, ça vient largement de là)…
      – parce que la gestion des comportements inappropriés, les incompréhensions naturelles, le besoin d’explications permanentes, les inévitables crises à la con, ça use et ça fait perdre beaucoup de temps, et qu’au bout de 20 ans de ça, tu peux avoir envie de limiter les possibilités que ça arrive à tout bout de champ ; pour le coup, pas parce que les gens seraient méchants, mais parce que c’est un sacré bazar à la fois excitant et épuisant ;
      – et plein d’autres raisons, mais si tu veux t’en prendre à Hervé, le mieux serait plutôt d’aller lui causer à lui que sous un de messages qui n’a rien à voir, non ?

  • De quoi Total est-elle la somme ?
    https://soundcloud.com/magnetobalado/de-quoi-total-est-elle-la-somme-conference-dalain-deneault

    Faire la somme d’une société pétrolière comme Total, c’est faire la cartographie de cette institution qui domine nos sociétés en ce début de XXIe siècle : la multinationale. Puisqu’il est toujours plus aisé de combattre une entité que l’on comprend, De quoi Total est-elle la somme ? nous rappelle que les peuples doivent urgemment reconquérir leur souveraineté politique. Une conférence d’Alain Deneault prononcée le 29 mars 2017. Source : Magnéto

  • « Nous n’avons pas besoin des #Multinationales. La solution, c’est leur dissolution »
    https://www.bastamag.net/Nous-n-avons-pas-besoin-des-multinationales-La-solution-c-est-leur-dissolu

    Savons-nous vraiment ce qu’est une multinationale aujourd’hui ? Comprenons-nous la nature de son pouvoir, de son « totalitarisme pervers » et les moyens de le combattre réellement ? Dans un livre important, De quoi Total est-elle la somme ?, le philosophe Alain Deneault dresse, à partir du cas de ce géant pétrolier, le portrait d’une multinationale comme un acteur #Politique mondiale. Un acteur au-dessus des souverainetés démocratiques nationales ou internationales : un « pouvoir » en soi, évoluant (...)

    #Décrypter

    / A la une, Politique, Traités de libre-échange : les multinationales contre la démocratie ?, #Entretiens, Multinationales, #Néo-colonialisme, #Oligarchies, Souveraineté (...)

    #Traités_de_libre-échange_:les_multinationales_contre_la_démocratie ? #Souveraineté_populaire

    • De quoi #Total est-elle la somme ?

      « Total » : c’est ainsi qu’ils ont choisi de la nommer, comme dans un mauvais film tout en hyperboles. Active dans plus de 130 pays, cette société s’affaire à exploiter, traiter et distribuer des produits issus du pétrole, tout en oeuvrant dans le #gaz, l’#énergie solaire, la production électrique et l’industrie chimique. Le capital dont dispose cette firme traduit le fait d’une histoire chargée, couverte par l’état du droit ou par la complicité des États. Ce capital est le fruit d’actions tentaculaires sur un plan politique et économique, allant de la participation à des cartels internationaux capables de jouer sur les prix à l’accaparement de ressources dans le contexte néocolonial africain, en passant par la délocalisation d’actifs dans des États complaisants, par l’externalisation des coûts de production sous une forme massivement polluante et par la collaboration avec des partenaires pratiquant le travail forcé.
      Dans cet essai, Alain Deneault démontre que le cas Total ne témoigne pas seulement du pouvoir de cette entreprise en particulier, mais de celui d’une poignée de multinationales qui font aujourd’hui la loi.

      Se pencher sur l’histoire de Total et de ses composantes, c’est montrer comment l’état du droit et la complicité des États ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de coloniser l’Afrique à des fins d’exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d’interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques surendettant leurs peuples, de polluer de vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques en théorie pourtant souverains, de nier des assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d’asservir des populations ou de régir des processus de consultation.
      Chacun de ces verbes fait l’objet d’un chapitre dans cet ouvrage. Ils représentent une série d’actions sidérantes que l’ordre politique actuel ou récent a permis à une multinationale de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, ou grâce à eux.

      En complément, un court essai intitulé Le Totalitarisme pervers met en perspective les cas décrits précédemment et interroge de façon conceptuelle le fonctionnement même des multinationales.


      http://www.ruedelechiquier.net/diagonales/69-de-quoi-total-est-elle-la-somme-.html

      #livre #pétrole
      cc @albertocampiphoto

    • C’est donc trop simplement qu’on présente Total comme « une société pétrolière française » ; chacun de ces quatre termes pose problème. Total n’est pas « une » ; ce sont 882 sociétés autonomes actives dans plus de 130 pays. Total n’est « française » ni par son actionnariat, puisque 72% du capital est détenu par des investisseurs internationaux, ni par les intérêts qu’elle défend. C’est un groupe qui n’hésite pas à fermer des raffineries en France pour en ouvrir en Arabie saoudite. Total est bien plus qu’une « pétrolière », puisqu’elle fait aussi du gaz, de la chimie, des agrocarburants, du courtage, de la recherche et même du solaire. C’est comme si McDonald’s se mettait aux produits bio. Ce qui montre bien que Total n’est plus une simple « société » au sens traditionnel, dédiée à une seule activité. C’est un pouvoir en soi qui se déploie sur plusieurs terrains et plusieurs secteurs, pour pouvoir profiter de toute conjoncture. Une multinationale, ce n’est jamais « une société » : c’est un réseau d’entités qui agit avec toute la force de frappe du groupe dans différentes législations, sans qu’aucune de ces législations soit capable de légiférer à l’échelle à laquelle la multinationale se déploie.

    • Une connaissance qui me causait de sa vie dans sa boite. Une boite dans le solaire, en France, appartenant à Total, a été rachetée par une boite américaine. Cette boite américaine appartient à Total. Mais visiblement, devait y avoir un intérêt à.
      Il y avait un gars dans cette boite, qui avait pour mission parfois... d’aller voir d’autres boites, de secteurs plus ou moins proche, de s’incruster dans des réunions de direction, et de faire passer des messages. Ca fait très mafieux. Et en fait ça l’est. Mais y-a pas de sang partout, y-a pas de menaces physiques. Y-a juste des messages, à faire passer.

      #féodalité

  • « Total s’est érigé en autorité souveraine capable de rivaliser avec les Etats »
    http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2017/05/22/total-s-est-erige-en-autorite-souveraine-capable-de-rivaliser-avec-l

    Docteur en philosophie de l’université Paris-VIII et directeur de programme au Collège international de philosophie de Paris, le Canadien Alain Deneault, a publié, en février, De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit. Fruit d’un travail minutieux de deux ans et demi, ce livre de plus de 500 pages détaille comment la firme, par un entrelacs de sociétés, est devenue « une autorité souveraine, capable de rivaliser avec des Etats et de générer un nouveau rapport à la loi ».

    J’ai abouti à la conclusion que Total est une autorité souveraine d’un genre nouveau, capable de rivaliser avec des Etats et de générer un nouveau rapport à la loi. Elle est composée d’un réseau d’entités indépendantes partout dans le monde, via 882 sociétés présentes dans 130 pays. Aucun Etat n’est à même d’encadrer Total, puisque la firme évolue sur une échelle qui échappe à leur portée législative. C’est une firme qui, en étant éclatée et active dans un très grand nombre de secteurs, ne peut être réduite à la seule filière pétrolière.

    #multinationales #pétrole #corruption

  • Macron, le produit de la situationhttp://www.regards.fr/web/article/macron-le-produit-de-la-situation

    Mirage sur le point de s’évanouir ou aboutissement logique de la décomposition politique ? À un mois de l’élection, presque toutes les conditions semblent réunies pour faire d’Emmanuel Macron, candidat de synthèse, le premier président post-politique...

    À force de décréter la fin de la pertinence du clivage gauche-droite, tout en continuant à utiliser ces étiquettes, on a rendu possible la chimérique victoire du centre – ou de l’extrême centre selon l’expression du philosophe Alain Deneault. Ce serait la victoire de l’abolition de la politique, du trou noir qui s’est formé là où le pouvoir s’exerce (ou plutôt renonce à s’exercer). Macron, homme dépolitique, candidat de la post-politique, est celui que tout mène au pouvoir.

    On peut en effet railler son discours creux d’étudiant en école de commerce, ses paroles qui semblent issues d’un générateur de poncifs, mais c’est ce qui fait en partie sa force. Aujourd’hui, il se sert à rien de faire sens ; le sens fait émerger des contradictions, des polarités, des aspérités qui accrochent le sens critique de ceux qui écoutent. Il vaut mieux, au contraire, se glisser dans le courant, ce qui permet de ne pas être disqualifié comme « irréaliste », « utopique » ou « populiste ». Macron est le candidat naturel de notre époque, sa créature.

    Libéral nouvelle formule
    La petite musique de Macron est une musique d’ascenseur : lénifiante, elle n’attire pas l’attention, elle est dans son élément. Lui-même peut n’être qu’une image, une marque. Le produit (jeune, enthousiaste, moderne), c’est le message, et le message passe très bien tant les esprits ont été formés au langage publicitaire. Faire moins de part aux projets et aux idées qu’aux stratégies de communication et au marketing électoral favorise nécessairement le meilleur produit. L’avènement de Macron, c’est l’emballage final.

    #Eux #Nous #Frontière_politique #La_Force_du_peuple

  • Alain Deneault : « Une multinationale comme #Total n’est pas ‘une société’ au sens traditionnel : c’est un pouvoir »
    http://multinationales.org/Alain-Deneault-Une-multinationale-comme-Total-n-est-pas-une-societe

    Savons-nous vraiment ce qu’est une multinationale aujourd’hui ? Comprenons-nous la nature de son pouvoir et les moyens de le combattre réellement ? Dans un livre important, De quoi Total est-elle la somme ?, le philosophe Alain Deneault dresse, à partir du cas de Total, le portrait d’une multinationale comme acteur politique ou – pire encore peut-être – comme acteur au-delà de la politique : un « pouvoir » qui parvient à pervertir le droit à son propre profit. Rencontre. Votre livre De quoi Total (...)

    #Invités

    / A la une, #France, Total, #droit_international, #responsabilité_juridique_des_entreprises, #dirigeants_d'entreprises, #concentration, #société_mère, #influence, normes et (...)

    #normes_et_régulations

  • « De quoi Total est-elle la somme ? »
    http://survie.org/publications/article/de-quoi-total-est-elle-la-somme-5220

    Survie s’associe à la sortie aujourd’hui en librairies du livre « De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit » aux éditions Rue de l’échiquier. Il s’agit du dernier livre d’Alain Deneault, compagnon de longue date de Survie et déjà auteur de plusieurs livres remarqués ; « Noir Canada », « Paradis sous terre » ou « Médiocratie ». Via ce dernier livre, l’auteur dresse un tableau en douze chapitres des activités de Total à travers le monde et pose ainsi la question du pouvoir exercé (...)

    #Publications

  • « C’est inquiétant. Très inquiétant », remarque Alain Deneault au sujet du résultat des élections du 8 novembre. Ce qui est inquiétant aussi ? « Soit nous sommes dans l’emballage de l’extrême centre qui nous dit qu’on n’a d’autre choix que d’être pondérés, neutres, rationnels et managériaux, soit nous sommes face à des formes violentes d’expression de ce même pouvoir. »

    À lire, Politique de l’extrême centre, en préface à l’édition en format poche de La médiocratie.

    https://www.luxediteur.com/alain-deneault-avons-assiste-a-defaite-de-lextreme-centre

    #Alain_Deneault #extreme_centre #Etats-Unis

  • Le défilé des prophètes laïcs Gaëtan Pelletier
    https://gaetanpelletier.wordpress.com/2016/09/23/le-defile-des-prophetes-laics
    « Le monde a besoin de plus de Canada. Le monde a besoin de plus de pays comme le Canada ! » Bono 
    « La pauvreté est sexiste ». Justin Trudeau
    « Je l’admets, je suis un peu obsédé par les engrais. À vrai dire, c’est leur rôle qui me fascine, pas leur utilisation. J’assiste à des réunions où les engrais constituent un sujet de conversation des plus sérieux. »  Bill Gates 


    . . . .

    Fascinés par le Canada ? On notera que le Canada est le pays qui a le plus encouragé les investissements offshore. 

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Canada favorise de mille manières les détenteurs de fortune et les entreprises cherchant à contourner son système fiscal et ses lois. Pour ce faire, il a largement contribué à créer les paradis fiscaux des Caraïbes à partir des années 1950. Sous l’impulsion de banquiers, juristes et hommes politiques canadiens, ces législations se sont converties en des États de complaisance dont certaines comptent aujourd’hui parmi les plus redoutables du monde. Un ancien ministre canadien des Finances a développé le modèle offshore des Bahamas. Un avocat de Calgary, ancien bonze du parti conservateur, a structuré aux Îles Caïmans des lois rendant opaque le secret bancaire. Le gouvernement du Canada a fait de la Barbade le havre fiscal de prédilection des entreprises canadiennes. Aujourd’hui, le Canada partage son siège dans les instances de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international avec un collectif de paradis fiscaux de la Caraïbe britannique. Inévitablement, le Canada s’est trouvé dominé par ses propres créatures. Le voici à Halifax ou à Toronto liant ses destinés avec des institutions des Bermudes, quand le gouvernement fédéral n’en est pas à signer un accord de libre-échange avec le Panama, repaire mondial des narcotrafiquants. Cela, sur fond de rumeur persistante d’une annexion directe au territoire canadien de législations de complaisance telles que les Îles Turques-et-Caciques. Les échappatoires qu’il prévoit au profit des sociétés justifient à l’étranger des délocalisations vers chez lui, exactement comme s’il s’agissait du Luxembourg ou de Belize. Ce livre porte sur ces dérives qui, de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui, font structurellement du Canada un paradis fiscal. (3) La médiocratie, Alain Deneault.

    On dirait maintenant que les miroirs se regardent entre eux. Ça dépasse le Frankenstein de Mary Shelley : on veut créer ne créature mono-penseure à la limite de la robotique qui a l’avantage d’être guérie à grands coûts… par des laboratoires pharmaceutiques qui vendent à coûts grands. On se miroite narcissiquement jusqu’à la moelle.

    . . . . .

    #Canada #offshore #Caraïbes #Bahamas #Îles_Caïmans #Bermudes #Panama #paradis_fiscaux #évasion_fiscale #paradis-fiscaux #CETA

  • La fabrique de la #soumission – Le Monolecte
    http://blog.monolecte.fr/post/2015/12/18/la-fabrique-de-la-soumission

    J’observe ma fille quitter définitivement les rivages de l’#enfance et se cogner aux limitations extrêmes de ce que nous appelons l’#adolescence, où la chose que nous cultivons probablement le plus chez ces jeunes personnes pleines d’élan, de force, d’enthousiasme et de vigueur, c’est la #passivité. Je vois bien à quel point prétendre lui apprendre la vie en l’enfermant entre quatre murs et en la vissant sur une chaise l’essentiel de la journée est une vision complètement folle et carcérale de la #jeunesse. On va t’apprendre la vie en t’en écartant, en t’en refusant l’accès et l’apprentissage des codes induits pendant encore de très longues années. Et plus les années d’isolement du monde seront longues et sages et plus tu pourras espérer être un élément décidant de cette société que tu ne connais pas.

    #éducation #école #société #exclusion

    • Sous le règne de la médiocratie, la moyenne devient une norme, le compromis domine : idées et hommes deviennent interchangeables. Il faut résister à la révolution anesthésiante, alerte le philosophe Alain Deneault.

      C’est d’une « révolution anesthésiante » qu’il s’agit. Celle qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l’ordre économique et social.

      « Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu, écrit le philosophe Alain Deneault qui enseigne la pensée critique en science politique à l’Université de Montréal. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. » Explications.

      Qu’entendez-vous par « médiocratie » ?
      En français, il n’existe pas d’autre mot que celui de « médiocrité » pour désigner ce qui est « moyen ». « Supériorité » renvoie à ce qui est supérieur, « infériorité » à ce qui est inférieur, mais « moyenneté » ne se dit pas. Il y a pourtant une distinction sémantique entre la moyenne et la médiocrité, car la moyenne relève le plus souvent d’une abstraction : revenu moyen, compétence moyenne, c’est-à-dire une place au milieu d’une échelle de valeurs. La médiocrité, en revanche, est la moyenne en acte.

      La médiocratie désigne ainsi un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu’il s’agit d’incarner. C’est l’ordre médiocre érigé en modèle. Il ne s’agit donc pas pour moi de stigmatiser qui que ce soit, mais plutôt de comprendre la nature de cette injonction à être médiocre qui pèse aujourd’hui sur des gens qui ne sont pas forcément enclins à l’être.

      Quelle est cette injonction ? D’où vient-elle ?
      La médiocratie vient d’abord de la division et de l’industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. Marx l’a décrit dès 1849. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l’a dévitalisé, le taylorisme en a poussé la standardisation jusqu’à ses dernières logiques. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée.

      Aux yeux d’un grand nombre de salariés, qui passent de manière indifférente d’un travail à un autre, celui-ci se réduit à un moyen de subsistance. Prestation moyenne, résultat moyen, l’objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d’à peu près tout le monde, à l’exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires.

      A l’origine de la médiocratie, vous insistez également sur la montée en puissance de la « gouvernance »
      C’est le versant politique de la genèse de la médiocratie. D’apparence inoffensive, le terme de gouvernance a été introduit par #Margaret_Thatcher et ses collaborateurs dans les années 80. Sous couvert de saine gestion des institutions publiques, il s’agissait d’appliquer à l’Etat […]

      On ne le répetera jamais assez.
      https://seenthis.net/messages/437868

      https://www.les-crises.fr/en-politique-comme-dans-les-entreprises-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir

      #Alain_Deneault #Médiocratie #Gouvernance #médias #Histoire #oligarchie #soumission

  • Gouvernance, le #management totalitaire - L’Hubservatoire
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/95982951996

    Bruno Caillet de l’agence le Hub livre un passionnant retour sur l’ouvrage du philosophe Alain Deneault, Gouvernance, le management totalitaire. La gouvernance a-t-elle d’autre logique que de renforcer la privatisation de toute chose ? Derrière sa dynamique d’optimisation, elle a pour but d’appliquer les principes de management et de marchandisation à l’organisation même de l’Etat. Le mode projet et la gouvernance substituent l’évaluation chiffrée et l’intérêt de quelques-uns aux desseins communs.

    "Si clairement la chose publique, les dépenses notamment, doivent être pensées de manière plus rationnelles, peuvent-elles l’être selon des normes principalement édictées par des acteurs privés ? Ces derniers n’ont in fine qu’une visée selon l’auteur : prolonger la situation de crise pour déstructurer tout (...)