person:alain finkielkraut

  • parite [4611686018427689139].jpg

    Le philosophe Alain Finkielkraut est entré, le 28 janvier 2016, à
    l’Académie française, au fauteuil de Félicien Marceau, récemment
    disparu . C’est donc chose faite : notre symptôme préféré vient
    d’accéder, en bonne et due forme, à l’Immortalité. Non,
    effectivement, ils ne sont pas tout jeunes. Et pas très paritaires non
    plus puisque à première vue, si l’on compte bien, il y a deux femmes et
    trente-sept hommes (soit un ratio de 95% d’Immortels contre 5%
    d’Immortelles). Et enfin pas très cosmopolites et (...)
    http://lmsi.net/Immortel

    • Bon. J’y étais à cette journée. Et franchement sa question était bonne mais en finissant par l’insulte, elle a donné la possibilité à Finkielkraut d’échapper à un auto-examen méthodologique par l’offuscation. C’est un peu dommage. Oui. Je comprends l’effet libératoire de l’insulte et je pense comme elle mais j’ai du mal à en voir l’intérêt pour une discussion philosophique. D’une manière général cette stratégie contre l’extrême droite et ses penseurs montre aujourd’hui sa limite. Loin de le faire baisser, bien au contraire ça justifie sa position de victime.

    • C’est ce qui est cool avec la position victimaire systématique de ces gens (les gens biens racistes et sûrs de leurs bons droits). C’est bien connu, il n’y a qu’aux vraies victimes que l’on peut reprocher une posture victimaire... Un peu comme de constater que de fantasmer un éventuel racisme anti-blanc, ce n’est pas insulter ceux que l’on désigne comme tels, mais que c’est là aussi faire œuvre de salubrité publique...

      Je le dis plus clairement : ceux qui parlent de racisme anti-blanc ne sont pas décris comme des insulteurs. Ceux qui se disent victimes en ayant de toute évidence une position de privilégié ne sont pas décris comme des professionnels de la position victimaire, à la façon dont les palestiniens peuvent l’être, par exemple, pour ne prendre qu’un seul exemple, mais on pourrait aussi évoquer tous les groupes non-privilégiés faisant mine de réclamer justice, à la façon des féministes, des noirs, etc. (désolé pour tous les groupes non-cités...).

      Vouloir à tout prix reprocher à ceux qui expriment la vérité des faits des histoires de forme est contre-productif, et c’est cette contre-productivité que nous payons aujourd’hui collectivement... parce que cela dure depuis bien trop longtemps... l’on se force à l’auto-censure depuis bien trop longtemps.

    • Ce sale type aurait effectivement été beaucoup plus emmerdé si l’argument était resté "il était assez intéressant de constater que notre académicien a défini « l’être-français » par la négative : être français, c’est ne pas être une femme musulmane voilée." , quitte à demander si d’autres comportements relevaient d’une telle incompatibilité (le verlan ? le rap ? une condamnation pénale ? un refus d’emploi ? bref, chercher à énoncer une critique impersonnelle, non assignable à une identité, un rôle, une fonction), quitte à ajouter un mot tout aussi "neutre" sur l’éventualité de déchoir de la nationalité les faux français, fausses françaises, ce qui au vu du nb d’apatrides crée par les déchéances de Vichy, pouvait aussi le mettre dans la merde.

      Je sais d’expérience (pour avoir souvent dit sans fards de quoi il est question, de façon contre productive) que le mi-dire est parfois beaucoup plus efficace que le défoulement d’un dire vrai. Il en est de même, à l’occasion à propos de l’état ethnique défendu par ce salaud. Il pouvait être en plein caca et avoir à s’en débrouiller, mais une voie de fuite lui a été offerte, le cocorico de la dignité blessée (insultée). Plutôt d’accord avec @mguiraud donc. La #tactique c’est souvent mais pas toujours) le renversement de la stratégie, pour mieux la servir.

    • Réponse de M. Pierre Nora au discours de M. Alain Finkielkraut

      http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-m-alain-finkielkraut

      "Soustrait par votre date de naissance, 1949, à ce qui ne s’appelait pas encore la Shoah, vous vous êtes retrouvé comme un bénéficiaire de l’horreur, ce que vous appelez cruellement « un rentier de l’extermination ». « Avec le judaïsme, dites-vous, j’avais reçu le plus beau cadeau dont puisse rêver un enfant de l’après-génocide. » Vous héritez d’une souffrance que vous n’aviez pas subie, vous étiez le persécuté qui n’endurait pas la persécution, « le pyjama rayé en robe de chambre ». Entouré d’une aura magique qui vous rendait intéressant, mystérieux, singulier, vous jouissiez en toute quiétude d’un destin exceptionnel."

      "Vos thèmes de prédilection restent inchangés et vous les déclinez avec une virtuosité d’expression qui donne parfois aux malveillants l’impression d’un ressassement obsessionnel, d’un piétinement répétitif, d’un enfermement en vous-même. "

      #Alain_Finkielkraut #Pierre_Nora

  • Le jeudi noir d’Alain Finkielkraut
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/280116/le-jeudi-noir-dalain-finkielkraut

    Élu à l’Académie française au fauteuil d’un ancien collabo, Félicien Marceau, auquel il doit rendre hommage ce 28 janvier lors de son discours de réception, #Alain_Finkielkraut s’est laissé piéger par une institution à la mémoire longue. Le voici en dindon de la tragédie...

    #Culture-Idées #Académie_française #idées

    • Ah, je comprends ton avertissement @reka, heureusement que lorsque j’entends cette émission à la radio, je bascule automatiquement en mode self-défense.

      En faite, le samedi matin je laisse souvent la radio allumée sur France Culture, depuis la fin des Nuits de France Culture, en passant par Terre à Terre de Ruth Stégassy, et souvent ensuite j’oublie d’éteindre la radio qui se situe dans la cuisine. Et quand je passe devant je tends l’oreille, et à quelques occasions je peux rester coller devant la radio, quand j’entends une chose intéressante.

      Mais hier, dans le contexte des événements de vendredi 13, c’était intéressant que je laisse cette radio allumée toute la matinée, parce que je m’étais coupé volontairement des médias toute la semaine pour ne pas subir le lavage de cerveaux.

  • Lettre ouverte à Alain Finkielkraut, par Alain Badiou - Bibliobs - L’Obs
    http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151112.OBS9357/lettre-ouverte-a-alain-finkielkraut.html

    Lors des discussions, publiques et publiées, que nous avons eues naguère, je vous avais mis en garde contre le glissement progressif de votre position, et singulièrement de votre crispation #identitaire, que je savais être à l’époque sans doute déjà très réactive, mais que je considérais comme loyale et sincère, du côté d’un discours qui deviendrait indiscernable de celui des extrêmes-droite de toujours.

    C’est évidemment le pas que, malgré mes conseils éclairés, vous avez franchi avec le volume « l’Identité malheureuse » et le devenir central, dans votre pensée, du concept proprement néo-nazi d’#Etat_ethnique. Je n’en ai pas été trop surpris, puisque je vous avais averti de ce péril intérieur, mais, croyez-le, j’en ai été chagrin : je pense toujours en effet que n’importe qui, et donc vous aussi, a la capacité de changer, et – soyons un moment platoniciens – de se tourner vers le Bien.

    Mais vous vous êtes irrésistiblement tourné vers le Mal de notre époque : ne savoir opposer à l’universalité, abstraite et abjecte, du marché mondial capitaliste, que le culte, mortifère dès qu’il prétend avoir une valeur politique quelconque, des identités nationales, voire, dans votre cas, « ethniques », ce qui est pire.

    J’ajoute que votre instrumentation sur ce point de « la question juive » est la forme contemporaine de ce qui conduira les Juifs d’Europe au désastre, si du moins ceux qui, heureusement, résistent en nombre à cette tendance réactive ne parviennent pas à l’enrayer. Je veux dire, la bascule du rôle extraordinaire des Juifs dans toutes les formes de l’universalisme (scientifique, politique, artistique, philosophique…) du côté du culte barbare et sans issue autre que meurtrière d’un Etat colonial. Je vous le dis, comme à tous ceux qui participent à ce culte : c’est vous qui, aujourd’hui, par cette brutale métamorphose d’un sujet-support glorieux de l’universalisme en fétichisme nationaliste, organisez, prenant le honteux relais de l’antisémitisme racialiste, une catastrophe identitaire sinistre. 

    Dans le groupe des intellectuels qui vous accompagnent dans cette vilenie anti-juive, on me traite volontiers d’antisémite. Mais je ne fais que tenir et transformer positivement l’universalisme hérité non seulement d’une immense pléiade de penseurs et de créateurs juifs, mais de centaines de milliers de militants communistes juifs venus des milieux ouvriers et populaires. Et si dénoncer le nationalisme et le colonialisme d’un pays déterminé est « antisémite » quand il s’agit d’Israël, quel nom lui donner quand il s’agit, par exemple, de la France, dont j’ai critiqué bien plus radicalement et continûment, y compris aujourd’hui, les politiques, tant coloniales que réactionnaires, que je ne l’ai fait s’agissant de l’Etat d’Israël ? Direz-vous alors, comme faisaient les colons en Algérie dans les années cinquante, que je suis « l’anti-France » ? Il est vrai que vous semblez apprécier le charme des colons, dès qu’ils sont israéliens.

    Vous vous êtes mis vous-même dans une trappe obscure, une sorte d’anti-universalisme borné et dépourvu de tout avenir autre qu’archi-réactionnaire. Et je crois deviner (je me trompe ?) que vous commencez à comprendre que là où vous êtes, ça sent le moisi, et pire encore. Je me dis que si vous tenez tant à ce que je vienne à l’anniversaire de votre émission (à laquelle j’ai participé quatre fois, du temps où vous étiez encore fréquentable, quoique déjà avec quelques précautions), ou que je participe encore à ladite émission, c’est que cela pourrait vous décoller un peu de votre trou. « Si Badiou, le philosophe platonicien et communiste de service, accepte de venir me voir dans la trappe où je suis » - pensez-vous peut-être - « cela me donnera un peu d’air au regard de ceux, dont le nombre grandit, qui m’accusent de coquetterie en direction du Front National. »

  • Dans le tombeau de l’intellectuel français de souche - Page 4 | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/171015/dans-le-tombeau-de-l-intellectuel-francais-de-souche?page_article=4

    Cela fait des années maintenant que les médias, avec une persévérance qui confine à l’obsession, sont devenus le théâtre de l’emphase identitaire, la scène sans cesse rejouée de l’inconfort français : identité malheureuse, racisme anti-Blanc, phobie de l’autre s’y donnent à lire sans scrupule ni recul. Et sur cette scène, c’est la même histoire qui est racontée, celle du « petit Blanc » oublié, méprisé, insulté par le « méchant » Maghrébin et sa femme voilée, la masse colorée des Français sans souche qui transgressent les règles du jeu de la laïcité, de la République.

    L’objectif est clair : connecter les transformations de la société française à la question de l’immigration. Et pour cela, construire la figure d’un ennemi intérieur, un autre inassimilable, le Musulman, le Rom, l’Étranger, le jeune de banlieue, selon les mêmes méthodes utilisées par les antisémites pour construire la figure du Juif malfaisant. Il s’agit moins de défendre le vrai peuple injustement méprisé, comme le prétend Onfray, que de reconfigurer la société, en traçant une frontière entre les insiders et les outsiders, les Français et les réfugiés, le Citizen et le Denizen…

    Ce message, ce sont les médias qui le formatent et le diffusent. Les intellectuels médiatiques n’en sont que les porte-parole. Il n’ont même pas le privilège de l’antériorité. C’est flagrant dans le cas de Michel Onfray, qui ne fait que suivre, à l’instar de politiques, la pente d’une opinion publique formatée par les médias. Ça l’est plus encore d’Éric Zemmour, qui n’appartient pas à la sphère intellectuelle mais à l’univers médiatique des radios et des talk-shows. C’est aussi vrai d’Alain Finkielkraut, qui se confie depuis des années à ce qu’il dénonce et se précipite dans le grand trou noir médiatique qui nourrit et aiguise ses obsessions et ses peurs.

    La dérive droitière des intellectuels est la forme que prend leur ralliement à la doxa médiatique, leur soumission à l’air du temps. Ils ne dérivent pas à droite, ils suivent la pente des idées reçues. Ils sont absorbés par le trou noir des médias, cette bouche d’ombre qui avale et dévore toute expérience réelle de création ou de pensée. Ce n’est pas seulement à la dérive droitière d’intellectuels que nous assistons, mais à la dévoration médiatique de toutes les figures publiques de la représentation. Homo politicus. Homo academicus. Homo mediaticus. Toutes les figures publiques y succombent l’une après l’autre : la figure du politique, privée de sa puissance d’agir, celle du journaliste, de son indépendance, celle de l’intellectuel, du magistère de la pensée.

    Homme politique sans pouvoir, journaliste embedded et intellectuel sans œuvre : voilà les trois figures de la dévoration médiatique. Déchargées de leur puissance d’agir, ayant perdu toute autonomie, elles fusionnent sous nos yeux pour donner naissance à l’histrion, au polémiste, qui est la forme terminale de l’intellectuel médiatique. Dans un univers où la manipulation des pulsions a pris la place de l’échange des idées et des expériences. C’est la mort de l’intellectuel français de souche.

    Il ne manquait qu’un meeting à la Mutualité, sans autre prétexte que la défense de Michel Onfray, pour lui servir d’obsèques nationales. Ce sera chose faite le 20 octobre prochain. Qui s’en plaindra ?

    #médias #intellectuels

  • Dans le tombeau de l’intellectuel français de souche - Page 1 | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/171015/dans-le-tombeau-de-l-intellectuel-francais-de-souche

    Homme politique sans pouvoir, journaliste embedded et intellectuel sans œuvre : voilà les trois figures de la dévoration médiatique. Déchargées de leur puissance d’agir, ayant perdu toute autonomie, elles fusionnent sous nos yeux pour donner naissance à l’histrion, au polémiste, qui est la forme terminale de l’intellectuel médiatique. Dans un univers où la manipulation des pulsions a pris la place de l’échange des idées et des expériences. C’est la mort de l’intellectuel français de souche.

    • « Il ne manquait qu’un meeting à la Mutualité, sans autre prétexte que la défense de Michel Onfray, pour lui servir d’obsèques nationales. Ce sera chose faite le 20 octobre prochain. »

      Michel Onfray convoque ses soutiens à la mutualité
      Olivier Faye, Le Monde, le 19 octobre 2015
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/09/19/michel-onfray-convoque-ses-soutiens-a-la-mutualite_4763591_823448.html

      « Régis Debray, Alain Finkielkraut , Pascal Bruckner, Jean-François Kahn, Jean-Pierre Le Goff et bien d’autres devraient être présents... »

    • Ce matin il passait sur France culture dans la matinale. C’est très étrange. Quand on lui demande pourquoi il écrit une tribune dans éléments dans le voisinage antisémtite de Ratier, l’explication est remarquablemnt capillo-tractée, j’en concevrais presque de l’admiration pour sa part de fiction et d’improvisation et limite je me dirais, ça se teindrait presque si, et c’est là où je veux en venir, il ne finissait pas par expliquer qu’en gros il est obligé, contraint, à son corps défendant, de parler et d’écrire partout parce que sinon on ne parle pas assez de lui et de son oeuvre. Et alors là les bras m’en tombent. Par exemple en été depuis douze ans, son temps d’antenne sur France Culture est de 28 heures mensuelles, ce dont personne ne peut se targuer. Et donc quand on lui fait remarquer que tout de même il bénéficie d’une émission sur le même France Culture , le monde selon Michel Onfray, là je dois dire que je n’ai pas le courage d’aller écouter pour voir, en gros il répond que oui, mais vraiment à Libération on dit que du mal de lui et on ne le publie pas. Et pire au Monde

      En fait ce type a un problème de mégaphone, il voudrait un autre modèle dans une autre marque.

      Sans compter que je trouve remarquable quand un intellectuel est à ce point persuadé que son travail mérite une plus grande audience. Je n’ai jamais compris sur la base de quel raisonnement, il parvenait à jauger ce manque à gagner.

  • Georges Bensoussan, une « répliques » de trop
    http://contre-attaques.org/l-oeil-de/article/georges

    Considérant que les propos tenus par Georges Bensoussan, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, lors de l’émission Répliques, sont racistes, un groupe d’enseignants, chercheurs, et journalistes demandent au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’intervenir en condamnant ses propos. L’émission « Répliques » a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant (...)

    #L'œil_de_Contre-Attaques

    / #Ailleurs_sur_le_Web, #Racisme, #Médias

    "http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop"

  • L’identité malheureuse d’Alain Finkelkraut - Contre-attaque(s)
    Par Raphaël Liogier
    http://contre-attaques.org/magazine/article/l-identite

    Le Complexe de Suez. Le vrai déclin français (et du continent européen) est le titre du nouveau livre de Raphaël Liogier que publient l’éditeur Le Bord de l’eau. Avec l’autorisation de l’auteur nous publions des pages de l’ouvrage consacrées à l’omniprésent Alain Finkelkraut.

    Ces trois fronts (le multiculturalisme, l’islam et la globalisation) sont plus ou moins équivalents, ou contigus, dans le best-seller du philosophe Alain Finkelkraut, L’identité malheureuse (Stock, 2013), qui fut présenté comme un événement intel¬lectuel et qui se lit comme la longue plainte d’un Européen souffrant au milieu des tumultes d’une guerre de civilisa¬tion presque perdue. Le sentiment de la défaite, à laquelle ne saurait se résoudre l’auteur de l’ouvrage (le propre du héros tragique étant de se battre même s’il semble savoir que son combat est perdu d’avance), est partout présent. La solution proposée, implicitement mais clairement, parce que c’est la guerre et qu’en temps de guerre on ne peut se permettre de tergiverser, c’est le différencialisme non plus seulement passif et ségrégatif, mais actif et intrusif. Parce que, déjà, nous ne serions plus chez nous, expropriés, et même colonisés par les autres (ceux que nous avions jadis nous-mêmes colonisés). Les vrais français, qui résisteraient encore à la colonisation des quartiers périurbain seront ainsi appelés des autochtones, des exilés dans leur propre patrie : « Les autochtones ont perdu le statut de référent culturel qui était le leur… » « Quand le cybercafé s’appelle « Bled.com » et que la boucherie ou le fast-food ou les deux sont halal, ces sédentaires font l’expérience déroutante de l’exil. Quand ils voient se multiplier les conversions à l’islam, ils se demandent où ils habitent. Ils n’ont pas bougé, mais tout a changé », plus loin « … ils se sentent devenir étrangers sur leur propre sol », et plus loin encore, reprenant les analyses de Christophe Guilly (Fractures françaises, Flammarion, 2013) : « Les voici minoritaires dans un espace dont ils ont perdu la maîtrise. » (p. 123) Il est étonnant – ou pas si étonnant plutôt, puisqu’il s’agit de pureté culturelle et non de religiosité en réalité – que seules les conversions à l’islam, en fait très faibles, soient inquiétantes. Alors que les conversions aux mouvements néo-évangéliques sont, elles, réellement massives, et touchent aussi ces espaces périurbains dont les « autochtones » auraient « perdu la maîtrise ».

    • INTERVIEW : Raphaël Liogier dénonce « la laïcité au service de l’hygiénisme identitaire »
      http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/interview-rapha-l-liogier-d-nonce-la-la-cit-au-service-de-l-hygi-nism

      Finkielkraut affirme, par exemple, que parce qu’il se sent solidaire d’Israël en tant que juif, il sait ce que c’est que d’être menacé par le monde musulman. Pour lui, c’est comme si les musulmans français étaient automatiquement des Palestiniens de l’intérieur alliés de l’islam mondial ayant pour objectif de s’emparer de la culture européenne. Détruire Israël serait une première étape. Israël serait comme une avant-garde européenne au milieu du monde musulman, une citadelle sur le point de tomber, préfigurant l’effondrement de l’Europe elle-même.

      Il y aurait ainsi une culture européenne au sens de culture de domination. En réalité, les vrais enjeux sont ailleurs. Le dollar a retrouvé sa suprématie mais les Européens, incarnés par Finkelkraut et consorts, se concentrent sur les enjeux identitaires. Le vrai déclin, ce sont eux.

    • Alain Finkielkraut ou la défaite d’une pensée, Aude Lancelin
      http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151008.OBS7315/alain-finkielkraut-la-defaite-d-une-pensee.html

      Le plus emblématique des essayistes néoréactionnaires français, qui entre à l’#Académie_française ce 28 janvier 2016, a récemment publié “la Seule Exactitude”, recueil de ses chroniques sur RCJ et dans “#Causeur ” (dont l’actionnaire majoritaire n’est autre que l’ex-patron de « Minute », ancien torchon de référence de l’extrême droite.). Un “livre événement” dans un pays en perte de repères intellectuels.

      (...) il ne cesse d’installer toujours plus profondément au coeur du débat français ordinaire le sinistre mensonge du « grand remplacement » usiné par son ami Renaud Camus.

      (...) nouvelle idée fixe (...) : le passé est un mauvais maître, il nous aveugle, nous empêche de saisir l’irréductibilité absolue du moment historique que nous vivons, un moment inédit, fait de burqas sans gêne et d’« on n’est plus chez nous ». En ligne de mire bien sûr : la référence aux années 1930, qu’il détecte autant chez un Pierre Rosanvallon que dans toute la gauche radicale, et qui fait littéralement trépigner d’indignation Finkielkraut.

      Rien à voir donc à ses yeux entre ce qu’un Zemmour ou lui-même écrivent aujourd’hui des enfants d’immigrés et le portrait qu’un écrivain comme Giraudoux infligeait aux ashkénazes en 1939 dans « Pleins Pouvoirs ». Pour repousser cette idée sans nul doute effrayante, un crime tel que toute l’eau de la mer ne pourrait il est vrai le laver, l’auteur en vient à se retourner contre le « devoir de mémoire » lui-même.

      A ce dernier il consacre en effet ici un texte très étrange, « l’Ornière morale d’Auschwitz » (p. 237), d’où il ressort qu’à ses yeux le « Plus jamais ça » est devenu la meilleure arme de ceux qui haïssent sourdement les juifs. Le rayon paralysant préféré de la gauche morale.

      (...) les allusions historiques les plus hallucinées fourmillent, Vincent Peillon, inoffensif exministre socialiste de l’Education nationale, se voyant dès les premières pages comparé à Mao Tsé-toung.

      (...) Que reproche en tout et pour tout Finkielkraut au parti de [MLP] ? Trois choses, et l’on notera que la #xénophobie n’y est pas. La première, c’est d’être démagogique. La deuxième, c’est de « méconnaître les règles de l’économie ». La dernière, c’est d’en pincer pour les hommes forts comme Poutine. C’est tout, et c’est trop peu, même si cela suffit semble-t-il amplement à certains pour répondre de l’innocuité entière de sa pensée.

  • Une « répliques » de trop
    Bensoussan et les territoires perdus de la République
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop

    L’émission "Répliques" a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant de débat démocratique, en invitant des intellectuels aux positions antagonistes. Bien qu’il ne sorte souvent pas grand-chose de ces face-à-face, certains se plaisent encore à y trouver quelques références, et l’opportunité d’un débat d’idées policé. Mais de fait, cette émission est devenue depuis longtemps l’antichambre faussement feutrée de la banalisation des idées les plus réactionnaires.

    Jusqu’ici, nous nous contentions d’en regretter l’audience et la publicité. Mais lors de l’émission consacrée au « sens de la République », les propos tenus par l’un des invités, Georges Bensoussan, historien, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, ont très largement dépassé le cadre de ce que le service public peut accepter en son sein.

    À la 28e minute, Georges Bensoussan, souhaitant étayer son hypothèse d’un antisémitisme généralisé des populations dites « musulmanes » en France, prononce ces mots : « Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. (...). Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : "C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère". » À cet instant, nous assistons en direct au glissement assumé d’un racisme culturel à un racisme biologique, condamnant au délit, sans distinction, une partie de la population française dès la naissance.

  • Une « répliques » de trop
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop

    L’émission Répliques a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant de débat démocratique, en invitant des intellectuels aux positions antagonistes. Bien qu’il ne sorte souvent pas grand-chose de ces face-à-face, certains se plaisent encore à y trouver quelques références, et l’opportunité d’un débat d’idées policé. Mais de fait, cette émission est devenue depuis longtemps l’antichambre faussement feutrée de la banalisation des idées les plus réactionnaires.

    Jusqu’ici, nous nous contentions d’en regretter l’audience et la publicité. Mais lors de l’émission consacrée au « sens de la République », les propos tenus par l’un des invités, Georges Bensoussan, historien, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, ont très largement dépassé le cadre de ce que le service public peut accepter en son sein.

    À la 28e minute, Georges Bensoussan, souhaitant étayer son hypothèse d’un antisémitisme généralisé des populations dites « musulmanes » en France, prononce ces mots : « Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. (...). Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : "C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère". » À cet instant, nous assistons en direct au glissement assumé d’un racisme culturel à un racisme biologique, condamnant au délit, sans distinction, une partie de la population française dès la naissance.

    #répliques #France_Culture #Finkielkraut #antisémitisme #Bensoussan

  • Le politiquement correct à toutes les sauces
    http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2015/05/21/le-politiquement-correct-a-toutes-les-sauces_4638058_3246.html

    En bonne logique,une frange de l’Hexagone devient à son tour anti-politiquement correct. Mais le miroir qu’elle tend aux Américains est inversé. Là-bas, les néoconservateurs brandissaient cette expression contre la percée à l’université de théories françaises. Ici, ce n’est plus seulement la droite, mais aussi une certaine gauche républicaine qui s’en empare, pour critiquer… le modèle américain. Vingt ans plus tard, l’opération rhétorique a réussi. «  On ne peut plus rien dire  », martèle à l’envi la caste des incorrects décomplexés comme Eric Zemmour ou Alain ­Finkielkraut, qui dénoncent les ayatollahs de la «  bien-pensance  ».

    Les tabous, pourtant, ont parfois du bon. Sans eux, pourquoi ne traiterait-on pas les Noirs de «  nègres  » ou les homosexuels de « pédales »  ? «  Le politiquement correct vaut mieux que le “politiquement abject” de ceux qui défendent la supériorité de la race blanche ou du sexe masculin, rappelle le philosophe et linguiste Tzvetan Todorov. Aujourd’hui, on parle de “censure”, alors qu’on pourrait parler de responsabilité. Depuis la seconde guerre mondiale, il est resté un tabou sur la persécution des juifs, et c’est tant mieux ! “Il est interdit d’interdire”, c’est une jolie formule, mais il n’existe aucune société qui ne comporte pas d’interdits. Ils sont présentés comme des privations de liberté, alors que ce sont des acquis positifs.  »

    #politiquement_correct #débat_public

    • Quel regard portez-vous sur la pensée française d’aujourd’hui ? Dans votre livre, vous parlez d’une « tentation du repli » pour caractériser la période actuelle. Quelles en sont les caractéristiques ?

      Sudhir Hazareesingh : Selon moi, quatre phénomènes définissent la situation actuelle. Le premier, c’est le fait que le déclinisme et le pessimisme ne sont plus l’apanage de la droite antimoderne et réactionnaire. Aujourd’hui, l’idée que « rien ne va plus » ou que « tout fout le camp » dépasse de loin cette famille de pensée, au point que certains de ses porte-parole les plus éloquents viennent de la gauche, comme Michel Onfray ou Régis Debray. Ce qui est d’abord nouveau aujourd’hui, c’est cela : une forme de fusion des pensées antimodernes dans un éloge commun d’un « républicanisme » nostalgique et passéiste qui réunit les ennemis d’hier, ceux qui sont effectivement les héritiers d’une culture républicaine comme ceux qui s’inscrivent dans une tradition profondément antirépublicaine.

      La deuxième chose qui me frappe, c’est la dimension très franco-française de cette pensée du repli. Il y a deux siècles, les auteurs français réactionnaires avaient un rayonnement international. Joseph de Maistre, par exemple, appartenait au patrimoine mondial de la pensée. Il était lu et discuté à l’étranger. Aujourd’hui, les pamphlétaires français antimodernes n’écrivent que pour un public hexagonal. A l’étranger, personne ne lit Eric Zemmour, Michel Onfray ou Alain Finkielkraut. Il y a quelques années, l’historien Pierre Nora avait dénoncé le « provincialisme » croissant de la vie intellectuelle française. J’adhère totalement à son analyse.

      Troisième élément qui caractérise notre époque : l’absence de véritable débat. Autrefois, l’antimodernisme n’était qu’une composante de la scène intellectuelle française. Face aux déclinistes et aux pessimistes, il y avait des progressistes et des optimistes qui pouvaient leur porter la contradiction. De nos jours, il n’y a quasiment plus personne dans le camp d’en face. On n’entend plus de contre-discours. Les antimodernes ont cannibalisé l’espace public.

      Lire aussi : Quand les polémistes supplantent les politiques

      Enfin, quatrième point frappant : la tendance très actuelle à diaboliser tout ce qui est « autre ». Dans un livre merveilleux, traduit en français sous le titre Deux siècles de rhétorique réactionnaire (Fayard, 1991), le sociologue américain Albert O. Hirschman expliquait qu’un élément central de cette rhétorique était la notion de « mise en péril ». C’est exactement ce qu’on observe aujourd’hui. Tout ce qui est « autre » est représenté comme une menace pour « l’identité française », cet autre étant à la fois l’étranger (l’Allemagne, les Etats-Unis, le monde arabo-musulman) et le minoritaire (les féministes, les homosexuels, les immigrés, etc.).

      Quelle est cette identité française qui serait mise en péril ?

      Je dirais volontiers que ces auteurs définissent l’identité française comme un archipel d’îlots menacés. Le premier de ces îlots, c’est la laïcité, dont l’ennemi est à leurs yeux le multiculturalisme. Le deuxième, c’est la souveraineté : ici, l’adversaire s’appelle la mondialisation (ou l’Europe). Le troisième de ces îlots, c’est la civilisation française au sens large : dès lors que tout ce qui est français est par définition supérieur à ce qui ne l’est pas, tout doit être fait pour éviter l’invasion d’une culture étrangère, par essence barbare et immorale. D’où, chez ces auteurs, l’éloge fréquent de la notion de frontière et, à l’inverse, le rejet de toute forme de cosmopolitisme.

      Face à l’intérêt que suscitent ces intellectuels, les responsables politiques semblent peu audibles. Pourquoi ?

      Il y a un élément très important, a fortiori dans un pays comme la France, où l’on aime les idées : c’est la langue. Que l’on partage ou non leurs analyses, force est de constater que les auteurs dont nous parlons savent manier la langue française. Certes, tous ne brillent pas dans le même registre : Finkielkraut, par exemple, est assez mauvais à la télévision mais il écrit remarquablement bien ; Zemmour, même si sa prose n’est pas exceptionnelle, a un talent oratoire hors pair ; Onfray, lui, est bon à peu près partout, que ce soit dans ses livres, dans ses cours ou sur un plateau télévisé, comme celui d’« On n’est pas couché ».

      Lire aussi : Eric Zemmour candidat à la présidentielle, sur une idée de Patrick Buisson

      De l’autre côté, le problème est que l’on a une génération d’hommes politiques qui utilisent tous, peu ou prou, une langue technocratique. Ce sont des gestionnaires, incapables de varier de registre en citant un écrivain ou un poète. Or, quand vous mettez des gestionnaires face à des intellectuels qui savent manier la rhétorique, il est logique que l’on écoute davantage les seconds.

      Ce que vous observez en France, l’observez-vous ailleurs en Europe ?

      Non, pas vraiment. Dans d’autres pays européens, le réflexe souverainiste et pessimiste peut exister : il est le socle des populismes qui se manifestent un peu partout. Mais la manière dont cette pensée se présente en France est particulière, autant dans sa substance que dans son style. En Grande-Bretagne, par exemple, vous avez actuellement, autour de UKIP (United Kingdom Independence Party), un état d’esprit un peu analogue. Mais c’est un mouvement très anti-intellectuel et antipolitique, qui ne repose sur aucun système de valeurs cohérent. Surtout, il n’est pas obsédé par l’idée de déclin.

      En France, par contre, le pessimisme repose fondamentalement sur le déclinisme, et s’appuie sur certains traits caractéristiques de la tradition intellectuelle nationale : le penchant pour le schématisme, l’abstraction et le refus des faits, le goût du paradoxe, le recours systématique à la diabolisation et aux arguments extrêmes, et une vision apocalyptique de l’avenir.

    • Bizarre, je me rend compte que je suis pas le seul finalement à trouver que sa réflexion et sa manière de l’exposer laisse toujours planer un doute sur la question de savoir s’il défend l’institution en place ou non. Comme le dit Alain Badiou, il ne tranche pas son discours en omettant de déclarer que premièrement nous sommes en oligarchie, mot qu’il n’emploie jamais lorsqu’on l’écoute.

      Je retiens l’idée qu’il resouligne tout à la fin de l’interview, en disant que la démocratie n’est pas une théorie ou un produit qu’on peut vendre ou exporter clé en main, comme le font les pays riches occidentaux, mais une #expérimentation (au sens de l’arnarchisme, si j’ai compris).

      Dans l’expérimentation en question, j’aurais aimé qu’il insiste davantage sur les formes égalitaires et autogestionnaires d’expérimentation. Qu’il parle concrètement des possibilités de mettre en oeuvre cette égalité politique, qui à mon avis est la ligne de rupture entre faux_démocrates (les professionnels de la politiques, les appareils politiques, les intellectuels au service du pouvoir, etc) et vrais_démocrates (ceux qui dénoncent cette oligarchie).

      PS : expérimentation —> expérience

    • Ce « réformisme » là n’est que l’autre nom de la contre révolution. Ce type est l’un innombrables dirigeants CFDT sur lesquels a pu compter le socialisme français dès son arrivée au pouvoir en 1981 pour mater la société.

      Enquête sur la Fondation Saint-Simon
      Les architectes du social-libéralisme, par Vincent Laurent, septembre 1998, aperçu car #paywall
      https://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/4054

      « Menaces de dépression. » Pour la première fois, le « Financial Times » a reconnu les risques qui pèsent désormais sur la planète. Les plans de sauvetage massifs du FMI sont incapables de colmater les brèches (lire « La crise menace les digues de l’économie mondiale »). Les marchés européens et nord-américains pourraient être frappés à leur tour, ce qui menacerait la #croissance qui s’amorce. Pour les dirigeants de la gauche française, qui tablent sur cette dernière, les lendemains risquent d’être difficiles. Sont-ils prêts pour une nouvelle donne ? Il leur faudra d’abord se dégager des dogmes qui fondent l’action des gouvernants. Ces évidences ont été nourries par des « boîtes à idées » publiques et privées, comme la Fondation Saint-Simon, servant de pont entre droite et gauche. Des gouvernements #socialistes peuvent, par exemple, #privatiser avec autant d’entrain que des équipes conservatrices. Lorsque les responsables reprennent les idées développées par ces fondations, ils expliquent qu’elles ont pour auteurs des « #experts ». Combien de temps ces « vérités » résisteront-elles à la pression de la réalité sociale ?

      Dans le sixième arrondissement de Paris, la Fondation Saint-Simon occupe un espace d’une centaine de mètres carrés au rez-de- chaussée d’un immeuble cossu situé au 91 bis de la rue du Cherche-Midi. Cette association loi 1901 (en dépit de ce que peut laisser penser son nom) a vu le jour en décembre 1982 dans l’un des salons de l’hôtel Lutétia, sous l’impulsion de François Furet et de MM. Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora et Roger Fauroux. Ce dernier raconte : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’#entreprise et celui de l’Université se rencontrent. (...) Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise. »

      Ces confrontations auraient eu pour objet de surmonter « l’indifférence, l’incompréhension et même la défiance » entre ces deux planètes (Université, entreprise) et de favoriser « une fertilisation croisée », assise sur des « besoins » réciproques. Président de Saint-Gobain, M. Roger Fauroux avait, avant d’implanter une usine de verre en Iran, vérifié les ressources du pays en hydrocarbures, mais omis de prendre en compte l’influence chiite à la veille de la révolution islamique. Tirant les leçons d’une telle expérience, il souligne le « besoin de sciences sociales » que ressentiraient des chefsd’entreprise.

      Or, de leur côté, des intellectuels souhaitaient eux aussi, selon lui, ne pas se cantonner à la sphère spéculative et sortir de « leur tour d’ivoire, où n’arrivaient de l’#économie que les échos des catastrophes sociales ». Traduction immédiate : François Furet et Pierre Rosanvallon participèrent aux conseils d’administration de filiales de Saint-Gobain...

      La Fondation Saint-Simon
      http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article106

      La Fondation Saint-Simon a été fondée en décembre 1982, sous l’impulsion de François Furet et Roger Fauroux (co-présidents), Pierre Rosanvallon (secrétaire général), Alain Minc (trésorier), Emmanuel Le Roy-Ladurie, Pierre Nora, Simon Nora, bientôt suivis par Jean-Claude Casanova, Jean Peyrelevade et Yves Sabouret (administrateurs). Il s’agissait de « développer l’analyse du monde contemporain », comme le Club Jean Moulin l’avait fait en son temps. Roger Fauroux se souvient de ces débuts dans Le Débat (1986, n°40) : « Nous avons pensé qu’il fallait que le monde de l’entreprise et celui de l’Université se rencontrent. [...] Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que ces rencontres ne pouvaient être fécondes et durables que si nous avions des actions concrètes à mener, ce qui exigeait un cadre juridique et de l’argent. Alors nous avons cherché des adhérents, d’où un aspect club. Chacun a rassemblé ses amis. François Furet et Pierre Rosanvallon dans l’Université, Alain Minc et moi dans le monde de l’entreprise . » Alain Minc, reformulant la rhétorique aronienne, parle d’une alliance entre « la gauche intelligente et la droite intelligente » (Les Echos, 4-5 avril 1997).

      Pendant 17 ans, la Fondation va rassembler l’élite dirigeante française. Aux côtés de François Furet, on trouve donc Roger Fauroux (énarque et inspecteur des finances, successivement président de Saint Gobain, directeur de l’ENA, ministre de l’industrie dans le gouvernement de Michel Rocard de 1988 à 1991), Pierre Rosanvallon (ancien conseiller d’Edmond Maire, devenu directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, directeur du Centre de recherches politiques Raymond Aron, professeur au Collège de France), Alain Minc (passé par Saint-Gobain et l’italien Benedetti, conseiller économique d’Edouard Balladur, par qui il est nommé au conseil d’administration d’Air France, avant de se rallier à Lionel Jospin, administrateur d’Yves Saint Laurent, consultant auprès de plusieurs grands chefs d’entreprises, dont François Pinault, président du conseil de surveillance du Monde et président de la société des lecteurs), Simon Nora (grand commis de l’Etat, l’un des fondateurs de L’Express puis du Point, alors directeur de l’ENA, qui rejoindra la banque d’investissement américaine Shearson Lehman Brothers en 1986). Les saint-simoniens sont des philosophes (Alain Finkielkraut, Edgar Morin, Luc Ferry), des éditeurs (Pierre Nora des éditions Gallimard, Yves Sabouret d’Hachette), mais surtout des journalistes (Françoise Giroud de L’Express, Jean Daniel, Jacques Julliard et Laurent Joffrin du Nouvel observateur, Franz-Olivier Giesbert du Figaro, Serge July de Libération, Jean-Marie Colombani du Monde, Albert du Roy de L’Evénement du Jeudi, Jean Boissonat de L’Expansion, Alain Duhamel), des journalistes de télévision (Anne Sinclair, Christine Ockrent, Jean-Pierre Elkabbach, Michèle Cotta), des patrons de presse (Jacques Rigaud, président de la CLT (RTL), membre du conseil de surveillance de Bayard-Presse (La Croix), Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, vice-président de L’Oréal, qui contrôle la SOFRES et diverses publications (Le Spectacle du Monde, Valeurs actuelles...), également vice-président de la Fondation Agir Contre l’Exclusion de Martine Aubry), des hauts fonctionnaires (Pierre-Yves Cossé, commissaire général au Plan), des patrons d’entreprise (Jean-Luc Lagardère, président du groupe Matra-Hachette, Antoine Riboud, président de Danone, Jean-Louis Beffa, président de Saint-Gobain, ancien vice-président de la Compagnie Générale des Eaux, Maurice Lévy, PDG de Publicis), des banquiers (Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque de France, Michel Albert, membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France, Jean Peyrelevade président du Crédit Lyonnais, René Thomas, président de la BNP), et des politiques (Martine Aubry, Robert Badinter, Jean-Paul Huchon, Bernard Kouchner), dont certains venus de l’entreprise (Francis Mer, directeur général d’Usinor-Sacilor, Christian Blanc, président d’Air France) ou allés à elle (Philippe Pontet, conseiller ministériel auprès de Valéry Giscard d’’Estaing).
      Au nombre des contributeurs de la Fondation, on compte la Caisse des dépôts, Suez, Publicis, la Sema, le Crédit local de France, la banque Worms, Saint-Gobain, BSN Gervais-Danone, MK2 Productions, Cap Gemini Sogeti, Saint- Gobain... La Fondation Olin verse à elle seule quelque 470 000 dollars à François Furet, enseignant à l’université de Chicago depuis 1985, au titre de son programme d’étude des révolutions américaine et française, à l’époque de leur bicentenaire . Environ 100 membres cooptés participent à des rencontres régulières à huis clos. C’est rue du Cherche-Midi que se tient le déjeuner-débat mensuel organisé autour de l’exposé d’un des membres ou d’un invité. Helmut Schmidt et Raymond Barre, Mgr Lustiger, Robert Badinter, Jacques Chirac, Edmond Maire, Michel Rocard, Laurent Fabius, Valéry Giscard d’Estaing... se sont succédé au siège de la Fondation. La quasi-totalité des premiers ministres français y ont commenté leur politique. Un cercle plus large de 500 personnes participe sur demande à des séminaires interdisciplinaires, tandis qu’un public plus vaste reçoit une note de synthèse mensuelle. L’activité principale de la Fondation regarde la réunion de groupes de réflexion traitant des questions économiques, sociales ou internationales. Les travaux sont édités sous forme d’ouvrages ou de notes. Ces travaux s’adressent surtout à des hommes politiques, chefs d’entreprise, cadres supérieurs, hauts fonctionnaires, ainsi qu’à quelques intellectuels et à un nombre croissant de journalistes, économiques notamment. Certains de ces textes sont parfois publiés à l’extérieur, dans Le Nouvel Observateur, Esprit, Le Débat, Politique internationale, etc. La Fondation diffuse aussi des livres : elle dirige la collection « Liberté de l’esprit », aux éditions Calmann-Lévy.
      La Fondation Saint-Simon s’est dissoute en 1999. Selon Pierre Rosanvallon, elle avait « accompli sa mission ». Le bilan de la Fondation Saint-Simon a été salué de tous côtés : « Elle a œuvré à une véritable mutation du débat socio-politique en France », déclarait Denis Segrestin, professeur de sociologie et directeur du Cristo.
      La canonisation libérale de Tocqueville (Encadré 17, Chapitre 3), Claire Le Strat et Willy Pelletier, Syllepse, 2006.

      Parenthèse d’actu, si souvent oubliée : Aubry en a « ralbol de Macron » lit on dans le journal. Elle fut pour sa part non pas banquière mais pédégére dune des plus grosses boites française, ex bras droit de Jean Gandois, ex président du CNPF (ancêtre du Medef) à la direction de Péchiney.

    • Une recherche sur Wikipédia sur Pierre Nora, cofondateur avec Pierre Rosanvallon de la Fondation Saint Simon, et notamment ayant un certain pouvoir et un certain rôle dans le monde de l’édition :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Nora#Critiques_et_controverses

      Le pouvoir certain de Pierre Nora dans le monde de l’édition française l’a exposé à des critiques. Ainsi, il refuse en 1997 de faire traduire l’ouvrage d’Eric Hobsbawm The Age of Extremes (1994), en raison de l’« attachement à la cause révolutionnaire » de son auteur.

    • you’re welcome. une chose étrange est le peu de consistance de ce que dit Badiou face à ce gars (Rosanvallon est depuis longtemps membre du #Siècle), comme si il voulait croire que les derniers entrechats de Rosanvallon sur la scène intellectuelle (démocratie bla bla bla) constituait une amorce de retour critique... c’est pourquoi j’ai posé de maigres références pour situer rapido la #fondation_Saint_Simon, dont le rôle dans la glorification socialiste de l’entreprise « seule productrice de richesse » (comme il fut dit autrefois du travail...) et « coeur de la société », dès les années 80, préparait la « #refondation_sociale_patronale » qui donna lieu à la création du Medef à la fin des années 90.

      Dès l’orée des années 80, le P.S est l’ardent promoteur colberto-saint simonien des intérêts de la grand industrie (précarisation de l’emploi ++ et licenciements massifs), tout en faisant l’apologie de l’entrepreneur « individuel » (Tapie nommé ministre...) comme forme de vie exemplaire, à reproduire par chaque un.

      #domination ; succès de la #lutte_de_classe (la leur)

    • Finalement, est-il possible de prendre partie pour la démocratie au sens ethymologique et grecque du terme, lorsqu’on appartient à des clubs privés qui maintiennent en place l’#oligarchie ? En effet le nombres de publications et de conférences sur le thème de l’#égalité ("La société des égaux" par exemple) de Pierre Rosanvallon pousse à penser qu’il est défenseur et promoteur de la démocratie, et que ses recherches vont dans ce sens. Mais avec un doute qui peut émerger en arrière fond.

      Lorsqu’on le présente dans les médias, ce qui est drôle c’est qu’on ne restitue pas son parcours académique, le fait qu’il fait partie des universitaires qui se sont rapprochés de l’oligarchie ou de la #synarchie.

      cc @colporteur

      PS : mais la question à se poser est « à qui ses recherches s’adressent véritablement ; quel sont les destinataires du message ? », et la réponse est certainement l’élite et l’oligarchie.

    • Un complément d’info qui répond à sa façon à la question à qui s’adresse cet « expert » (et bien d’autres), à nous tous pour nous coloniser le temps de cerveau disponible et corrompre la réflexion.
      Pierre Rosanvallon, un évangéliste du marché omniprésent dans les médias, Acrimed
      http://www.acrimed.org/Pierre-Rosanvallon-un-evangeliste-du-marche-omnipresent-dans-les-medias

      État, experts, média, telle est la multitudinaire sainte trinité du dieu économie, ou si on préfère, de la #politique_du_capital.

  • Finkielkraut, la décolonisation et la rigueur intellectuelle (ou son absence)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/frederic-debomy/300715/finkielkraut-la-decolonisation-et-la-rigueur-intellectuelle-ou-son-a

    Dans un entretien récent, paru dans Le Figaro le 11 mai 2015, l’essayiste Alain Finkielkraut s’attaquait une fois de plus au « dogme de la critique sociale », affirmant que celui-ci domine désormais des programmes scolaires où l’on expliquerait, pour l’excuser, que « le fanatisme islamique [...] est le produit de la malfaisance coloniale et de sa continuation postcoloniale ». Il s’agirait de soumettre les élèves à « un endoctrinement aussi précoce que possible ».

    Diable. Finkielkraut, à vrai dire, en veut depuis longtemps aux sciences humaines et nous aurions tendance à penser que c’est parce qu’elles entravent – théoriquement, mais sans doute davantage que la philosophie - le libre épanchement de l’opinion. Le sociologue ou l’historien, en effet, n’ont pas à priori la liberté de penser (éventuellement n’importe quoi) du philosophe. Historiens et sociologues ne naviguent pas seulement dans le ciel des idées - d’où la prétention de ces disciplines à être considérées comme des sciences. Le sociologue, par exemple, a un terrain : il doit l’étudier, et n’est pas censé le faire sans méthode.1

  • Archives : mars 2006, Golias sur Le retour des athées dévôts ?
    http://golias-news.fr/article709.html

    En réalité, pour intéressante que demeure en soi cette formule choisie, elle s’inscrit peut-être dans une visée d’ensemble de plus en plus cultivée par le courant catholique intransigeant dans nos contrées occidentales. Il s’agit d’une nouvelle apologétique, plus habile, mais non moins dogmatique et assurée d’elle-même.

    […]

    En somme, la nouvelle apologétique saura faire flèche de tout bois ; invoquer à l’appui des positions catholiques souvent les plus conservatrices le soutien inespéré de ceux que Alberto Melloni désigne justement comme des « athées dévots » : à savoir des hommes et des femmes éloignés dans leur propre vision du monde et de l’existence de la foi catholique mais qui, sur tel ou tel ou tel point, ou quant à la pertinence d’une référence plus forte aux racines chrétiennes, se font, pour des raisons variées, les alliés objectifs du christianisme intransigeant de reconquête.

    Souvent ces « athées dévots » partagent étrangement avec leurs alliés du moment une analyse critique souvent très négative de la société contemporain, de ce que Jurgen Habermas fustige sous le nom d’"individualisme effréné". Ainsi, en France, Alain Finkielkraut accorde-t-il au mensuel très traditionnel « la nef » une interview dans laquelle il corrobore à sa manière, tout en continuant à se dire athée, les volontés théocratiques de la revue.

    […]

    En même temps, l’arsenal de munitions exploitées ainsi élargi permet de faire davantage impression. Une position intransigeante invoquant le patronage d’un penseur athée suggérera à celui qu’il s’agit de persuader « si même celui-là qui est athée dit cela, c’est donc bien vrai... ».

    (Thème lié : Oriana Fallaci)

  • La « réforme de l’Islam » : à quand « réformer l’autre » ?

    Certains espèrent voir en ce débat un caractère endogène, d’autres sont satisfaits qu’un débat non endogène ait lieu en France. Nous avons d’un côté la formule de la doxa intellectuelle française laïque qui envisage l’éradication de sourates coraniques jugées « criminogènes » ; puis nous avons la solution offerte par des savants musulmans dits « modérés », emprunts d’un « soufisme démocrate », qui appuie une initiative sur le travail de réforme des interprétations des dogmes, revenant sur la définition de la notion de « réforme » afin de ne pas laisser interpréter leur projet de grande envergure comme une « éradication » de sourates telle que l’imposerait Alain Finkielkraut . C’est en cela que le débat est considéré comme important. Est-il indispensable ?

    Cette initiative de « Réforme de l’Islam » semble ne pas s’éloigner du principe de réforme individuelle. Cependant elle reste encore floue dans les esprits. Et la présence d’Alain Finkielkraut ne facilite pas un équitable traitement du terrorisme en général surtout quand ce dernier est pluriels et qu’il est très présent chez les aspirants franco – israéliens nés en France, qui partent faire leur « jihad » en Territoires Occupés pour l’intérêt de leur deuxième pays : l’Etat hébreu. Nous n’avons jamais entendu Alain Finkielkraut s’exprimer sur ce terrorisme-là. Le malaise exprimé par les musulmans sur ce « deux poids – deux mesures » est légitime dans la mesure où il ne s’agit que de cantonner le terrorisme à la religion musulmane et de demander aux musulmans d’arrêter d’afficher une position victimaire, de prendre position en tant que « modérés » pour une réforme salutaire. Cela dit la majorité musulmane qui a fermement condamné les attentats en France souhaite vivement combattre tous les terrorismes et leurs causes afin de préserver un vivre ensemble sans devoir s’aligner sur les conclusions d’Alain Finkielkraut ou un espèce d’Islam Républicain dit modéré et laïc expérimenté ailleurs par des tyrans arabes, grands réformateurs dans leur genre.

    https://liliamarsali.wordpress.com/2015/04/27/la-reforme-de-lislam-a-quand-reformer-lautre

  • +Entretien avec Ivan Segré
    La philosophie française et les « Juifs »+
    Basile Dewez et Ivan Segré
    http://labyrinthe.revues.org/4092

    L’apparition d’un courant intellectuel français qui, au nom de la « défense d’Israël » et de la « lutte contre l’antisémitisme », a développé un argumentaire réactionnaire, contre les Maghrébins ou les Noirs d’identité musulmane, plus largement contre les jeunes des quartiers populaires, et contre les progressistes, est un phénomène notoire. L’originalité de mon analyse, c’est de montrer que, à y bien regarder, ce courant intellectuel français n’est absolument pas le symptôme d’un « repli communautaire juif », comme on a pu le penser, mais plutôt l’avant-garde d’une réaction idéologique dont le mot d’ordre véritable est la défense de l’Occident, et non la défense des Juifs ou d’Israël.

    Des intellectuels comme Shmuel Trigano, Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Emmanuel Brenner (alias Georges Bensoussan) ou encore Pierre-André Taguieff, bien loin de s’inscrire dans une pensée sioniste ou de se soucier de la « lutte contre l’antisémitisme », renouent en fait avec le mot d’ordre réactionnaire et xénophobe de la « défense de l’Occident ». Car, comme je l’indiquais plus haut, la défense de l’État d’Israël ne comptera bientôt pour rien dans cette affaire, l’essentiel étant de produire une argumentation qui désigne le « musulman » et le « gauchiste » comme des ennemis de la démocratie occidentale. Pour exemple, je cite dans mon livre un texte d’Alexandre Adler qui, dans l’Odyssée américaine (Grasset, 2004), nous fait part de ses visions prophétiques sur l’avenir de l’État d’Israël, et conclut : « L’une des frontières de l’Amérique se situera bientôt sur le Jourdain, mais ce sera une frontière électronique, cybernétique, balistique, laissant aux gardes-frontières juifs et druzes le soin de faire la police au sol, face à un État palestinien qui, étroitement relié aux forces nationalistes et sunnites les plus résolues, fera toujours partie du problème et non de la solution, au Moyen-Orient. » Il me semble que les visions prophétiques d’Alexandre Adler font clairement apparaître qu’en guise de défense d’Israël, ces intellectuels défendent une conception du judaïsme qui n’a d’autre consistance que celle-ci : des « gardes frontières juifs et druzes » chargés de faire « la police au sol » sur la frontière américaine du Jourdain.

    « La réaction philosémite ». Entretien avec Ivan Segré
    http://indigenes-republique.fr/la-reaction-philosemite-entretien-avec-ivan-segre

    #racisme #antisémitisme #philosophie #histoire #anti_philosophie #Marx #juifs #Ivan_Segré

  • «L’esprit du 11-Janvier», vraiment ? - Page 2 | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/170215/l-esprit-du-11-janvier-vraiment?page_article=2

    En utilisant la formule « islamo-fascisme », Manuel Valls sait qu’il reprend là un terme utilisé la veille par l’UMP Christian Estrosi – il parle lui de « Troisième Guerre mondiale contre l’islamo-fascisme » –, comme il l’est régulièrement par les néoconservateurs de tout crin (de BHL à Pascal Bruckner, en passant par l’inévitable Alain Finkielkraut) et ceux qui assimilent la laïcité à un souverainisme borné. En faisant une fois de plus injonction à « l’islam de France » de « prendre ses responsabilités » (lesquelles ?), il marque du sceau du soupçon la deuxième religion du pays.

    Ce discours désormais libéré, décalque presque parfait des néoconservateurs américains de la période post-11-Septembre, se traduit désormais en actes.

    #11_janvier #49-3 #loi_Macron #Guerre_contre_le_terrorisme

  • Dernière production de Houellebecq : A. Finkielkraut a aimé.

    À la fin de l’entretien, cette « pensée » sur les statistiques…

    Alain Finkielkraut : « Le parti de Houellebecq, c’est le neutre » - leJDD.fr
    http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Alain-Finkielkraut-Le-parti-de-Houellebecq-c-est-le-neutre-708942

    W. H. Auden disait : « Les mots du menteur rougissent, mais les chiffres du statisticien n’ont jamais honte. » La sociologie contemporaine nous submerge de statistiques pour nous interdire de ressentir ce que nous ressentons et de voir ce que nous voyons. Son expertise disqualifie notre expérience et les journalistes prennent le relais pour dénoncer nos peurs irrationnelles et le fantasme de l’immigration de peuplement. Dans ces conditions, c’est à la littérature, ou du moins aux écrivains courageux, que le réel revient en héritage.

  • Etat palestinien : la leçon de « Proche-Orient » d’un Israélien à BHL et Finkielkraut - Rue89 - L’Obs

    http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2014/12/02/etat-palestinien-lecon-proche-orient-dun-israelien-a-bhl-finkielkra

    Je poste ça, non pas pour finkie ni pour bhl dont je n’ai strictement rien à foutre, mais pour une phrase de Nissim Zvili, ancien ambassadeur d’Israël en France et membre du parti travailliste, à l’adresse des deux « intelletuels » français :

    c’est sûr qu’on a âbimé les valeurs du sionisme en dominant un autre peuple pendant 47 ans. Vous savez ce que ça veut dire dominer 4,5 millions de Palestiniens ? Vous savez ce que ça veut dire une occupation ?

    Ce qui rappelle une déclaration d’Ariel Sharon, qui, lors d’une réunion publique et filmée, avait reconnu qu’Israël "occupait" des territoires qui ne lui appartenait pas et qu’il faudra bien un jour y renoncer ("appelons les choses comme elles sont ! Il faut bien l dire, ce que nous faisons, c’est de l’occupation !") - Je vais essayer de retrouver la référence et le film d’où est extraite cette séquence.
    #israël #palstine #occupation #colonisation

  • Le mythe de l’invasion arabo-musulmane, par Raphaël Liogier (mai 2014)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/05/LIOGIER/50422

    La maison du maître d’école « vendue par la mairie et transformée en mosquée »… Ces propos — pour le moins approximatifs — tenus le 11 avril sur Europe 1 par le philosophe Alain Finkielkraut révèlent des fantasmes désormais très répandus. Notamment grâce à « Eurabia », paru en 2005.

  • Alain Finkielkraut : « Au nom de la lutte contre l’islamophobie, on sous-estime la haine des Juifs et de la France »
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/07/26/31001-20140726ARTFIG00004-alain-finkielkraut-au-nom-de-la-lutte-contre-l-is

    Gardons-nous cependant de tout confondre. Les Israéliens n’occupent plus Gaza. Il n’y a plus de présence juive sur ce territoire. Si les leaders du Hamas avaient choisi d’y construire un commencement d’Etat et, pour y assurer une vie décente à leurs administrés, de coopérer avec Israël, il n’y aurait pas de blocus et le camp de la paix israélien serait assez fort aujourd’hui pour imposer le retrait de Cisjordanie. Au lieu de cela, le Hamas a employé tout l’argent de ses généreux donateurs à l’achat de missiles et de roquettes et à l’édification d’une ville souterraine pour enfouir cet arsenal, pour cacher ses dirigeants et pour permettre à ses combattants de mener des incursions meurtrières dans les kibboutz du sud d’Israël.

    Bon j’arrête de lire là.
    Il se définit au début "en tant qu’intellectuel juif", assurément il y a au moins un mensonge.