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  • Pourquoi il faut en finir avec l’expression “frotteur du métro” - ChEEk Magazine
    http://cheekmagazine.fr/societe/frotteur-du-metro-expression

    Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’il surgisse dans la rubrique faits divers : le “frotteur du métro” est toujours là. Mais pourquoi parle-t-on de “frotteur” et pas “d’agresseur” ?

    À Paris, plus de 1000 agressions sexuelles ont été dénombrées l’an passé dans les transports en commun. Au travers de ces témoignages sont évoqués ceux que l’on nomme les “frotteurs”. Dans le métro, ils se frottent aux usager·e·s, caressent des passagères, se masturbent, jusqu’à l’éjaculation parfois. Mais pourquoi appelle-t-on ces agresseurs des “frotteurs” ? Et faut-il en finir avec ce terme ? On s’est posé la question.

    Le dico à l’heure #MeToo

    En février dernier, un “frotteur” du métro qui sévissait à Paris a été condamné à un an de prison ferme. Certaines victimes n’hésitent plus à filmer leurs agresseurs. Le terme semble terriblement actuel. Pourtant, il n’a rien du néologisme. Si le mot date du XIVème siècle, désignant ceux qui frottent les parquets ou les meubles, son usage contemporain apparaît dès 1883 dans les textes encyclopédiques. Agissant au milieu de la foule, le “frotteur” fait état d’une perversion sexuelle clinique, frottant ses organes génitaux contre des individus féminins dans des endroits bondés. “Le mot est attesté depuis longtemps, mais on ne le trouvait pas forcément dans les dictionnaires non spécialisés, car il était considéré comme familier ou relevant d’un jargon spécial (celui de la police)”, développe la maîtresse de conférences en langue française Laélia Véron, pour qui le terme a été largement popularisé depuis, “notamment avec tous les débats autour du harcèlement sexuel dans les transports en commun”. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si le “frotteur” intègre notre langue un demi-siècle après l’apparition en France desdits transports.

    Le frotteur, achève le linguiste Alain Rey dans son Dictionnaire historique de la langue française, est celui “qui cherche à aguicher par des contacts physiques plus ou moins furtifs”. Pour plus de précisions sémantiques, il faut s’aventurer du côté du Petit Robert, qui a accueilli le terme -comme ceux de “queer”, “grossophobie” ou “écriture inclusive”- dans les pages de sa dernière édition en date : le frotteur est “une personne qui recherche les contacts érotiques en profitant de la promiscuité dans les transports en commun”.

    Mais cette définition ne convient pas. Pire, elle indigne. Sur les réseaux sociaux, on conteste l’usage du mot « “érotique”, ce qualificatif qui, à l’instar du verbe “aguicher”, ferait presque du frotteur un dragueur comme un autre. “Pour beaucoup de lecteurs, ‘érotique’ avait une valeur positive (alors que ce n’est pas toujours le cas) et la notion de non-consentement n’était pas assez claire”, admet le lexicographe Edouard Trouillez, qui participe à la rédaction de l’ouvrage de référence.

    Du frotti-frotta au troussage de domestiques

    La “polémique du Robert” a eu le mérite d’éveiller les consciences : la définition du terme a été modifiée sur la version numérique du dictionnaire. Est désormais frotteur “la personne (un homme, le plus souvent) qui profite de la promiscuité des lieux publics, notamment des transports en commun, pour rechercher l’excitation sexuelle, par des contacts subreptices avec une autre personne”, rappelle avec minutie Edouard Trouillez, qui nous affirme que cette actualisation figurera dans la future édition papier. Comme on peut le voir, cette définition est dépourvue du mot “érotisme”. Mais également d’un autre : consentement. Pour pallier ce manque récurrent, l’article du Robert précise qu’en France “les frotteurs peuvent être condamnées pour agressions sexuelles”.

    Il n’empêche, quelque chose dérange dans cet intitulé à la fois précis et vague. Pour la linguiste Sophie Wauquier, “frotteur” est un mot “métonymique” en cela qu’il illustre l’acte physique qu’il désigne (le frottement, la masturbation qui en résulte) mais le fait “de manière euphémisée”. Cette dénotation pointe du doigt l’acte, mais pas l’agression, ne laisse entrevoir que la surface de la situation. En somme, “il dit implicitement tout”. L’érudite poursuit : “Le frotteur est ‘l’agent’ du frottement, celui qui frotte, quelque chose ou quelqu’un, mais l’on ne sait pas trop quoi. C’est un mot qui dit et qui ne dit pas.” Au gré des articles, le terme devient tantôt “frotteur en série” ou “serial frotteur”.

    Plus la situation est grave, moins le mot paraît crédible. Puisqu’il désigne un geste, le frotteur côtoie des expressions familières : le “coureur de jupons”, les “mains baladeuses”. Des dénominations qui font de la “liberté d’importuner” un jeu de séduction ludique -bien qu’aussi archaïque que le “droit de cuissage”. Pour Laélia Véron, ce champ lexical se prolonge jusqu’au tristement fameux “troussage de domestiques” décoché par le journaliste Jean-François Kahn lors de l’affaire DSK. Cette euphémisation constante semble faire de la moindre agression un “non-événement”.

    Dans le cas de “frotteur”, “utiliser un euphémisme pour un tel comportement a pour effet d’en minimiser le caractère indésirable”.

    L’enseignante-chercheuse en linguistique Maria Candea s’étonne d’ailleurs de l’écho entre le “frotteur” et le “frotti-frotta”, cette expression populaire “désignant les couples qui dansent de manière très rapprochée, sexuelle”. Rien ne semble rapprocher les deux pratiques -l’une est consensuelle- mais un lien les unit : la langue, son usage, sa nature étonnamment implicite. Dans le cas de “frotteur”, “utiliser un euphémisme pour un tel comportement a pour effet d’en minimiser le caractère indésirable”, déplore la spécialiste. Ce qu’englobe le phénomène du “frotteur” témoigne d’une incapacité à dire l’agression sexuelle. Tantôt elle sera minimisée, tantôt déréalisée : c’est ce que démontre la campagne de lutte contre le harcèlement dans les transports imaginée par le RATP, qui fait dudit “frotteur”…un requin tout droit sorti des Dents de la Mer.

    “La langue évolue puisque le monde évolue”

    Alors, pourquoi ne pas simplement remplacer “frotteur” par “harceleur” ? “Il faudrait trouver un mot plus précis”, conteste la sociolinguiste Maria Candea, “car ‘harceleur’ est trop vague, désigne beaucoup de choses à la fois”. Autre souci, l’acte du “harcèlement” n’implique pas toujours le contact physique, la masturbation ou l’exhibition. Et “agresseur” alors ? “C’est un mot très large. ‘Frotteur’ est plus précis pour ce qu’il désigne, et suffisamment installé dans le vocabulaire français”, avance Edouard Trouillez. Si le terme de “frotteur” semble trop familier pour être modifié, son sens, lui, peut l’être, enrichi de nuances et de subtilités qui permettraient de saisir la réalité de la situation dans sa globalité.

    Les évolutions se font en effet par le biais du langage. Loin d’être anodin, le choix d’un mot “reflète les structures de pouvoir dans une société donnée”, affirme Sophie Wauquier. Le langage s’exprime à l’extérieur -par écrit ou à l’oral- mais rend compte d’habitudes comportementales que l’on porte en soi. “Il y a des attitudes que l’on intériorise. On ne se dit pas qu’elles sont normales, mais inévitables, attendues, d’où l’absence d’insistance sur la notion de ‘harcèlement’ ou de consentement”, détaille la linguiste, pour qui l’époque change et avec elle “les représentations sociales” qui la définissent. Actualiser le corps des mots, c’est bien là le travail des petites mains du Robert, qui “font attention aux termes nouveaux mais aussi aux événements liés à l’actualité”, précise Edouard Trouillez. Le lexicographe nous l’assure : “On se pose davantage la question de la représentation du masculin et du féminin lorsque l’on rédige une définition. Il ne faut jamais oublier que la langue évolue puisque le monde évolue.”

    Clément Arbrun

  • Plus de 500 mots couramment utilisés en français portent la marque de l’arabe
    https://www.franceculture.fr/sciences-du-langage/plus-de-500-mots-couramment-utilises-en-francais-portent-la-marque-de-

    n d’une journée internationale organisée par les Nations unies. Une langue qui a irrigué le français, en particulier depuis le Moyen Âge, selon des voies parfois surprenantes, révélées par le lexicographe Roland Laffitte.

    #langue #langage #arabe

  • « Con », « hystérique », « vertu »… Ces mots français à l’étymologie sexiste
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/11/24/con-hysterique-vertu-ces-mots-francais-a-l-etymologie-sexiste_5219962_435577

    Le débat sur l’écriture inclusive rappelle que la grammaire du français préfère les hommes. Mais même son lexique montre, par son histoire, le peu de cas que la langue fait des femmes.

    « Clitoris »

    Si l’histoire est écrite par les vainqueurs, le corps des femmes est baptisé par les hommes. C’est au XVIe siècle, relate la professeure de littérature Michèle Clément, qu’à la manière d’explorateurs-géographes, plusieurs anatomistes masculins se sont disputés la découverte du clitoris et le droit de le nommer. Jusqu’alors, il était appelé dans la langue vulgaire langue, landie, ou encore affiche, voire tentigo dans les traités latins, mais sans avoir été réellement étudié. Gabriel Fallope se vante en 1561 d’être « le premier (…) qui l’ait mis au jour », et la baptise d’un « verbe [grec] jugé obscène », Κλειτορίζειν, kleitorizein, « masturber [le clitoris] ». Il passe dès lors dans la langue française sous la forme clitoris, entérinant l’influence de Fallope, qui a par ailleurs donné son nom aux trompes homonymes.

    « Con »

    La plus commune des insultes du lexique français vient du latin cunnus, qui désigne dans le langage familier le sexe de la femme (on le retrouve presque tel quel dans cunniluningus). Sous ses multiples formes (connaut, connin, connasse), ce fut d’ailleurs longtemps son unique emploi, jusqu’à ce qu’à partir du XVIIIe siècle con ne prenne la valeur d’« imbécile ». La raison est obscure. Le Robert historique de la langue française avance une possible confusion avec le terme vieilli cornard (celui qui a des cornes, qui est cocu), qui a lui-même évolué en connard.

    Et dans les autres langues ? En anglais également, cunt sert à la fois à désigner de manière familière le sexe de la femme et d’injure, tout comme пизда, pizda, en russe. Il en va de même en allemand, avec Fotze, mais l’insulte ne s’emploie que pour les femmes.

    « Femmelette »

    Quand il apparaît au XIIe siècle et se substitue progressivement à femmette, ce terme décrit seulement une femme de constitution fragile. Il prend peu à peu le sens de « femme craintive », avant de muer au XVIIe siècle en qualificatif péjoratif… masculin. Pour l’anecdote, le mot jupe a suivi l’exacte trajectoire contraire : il définit aujourd’hui un vêtement associé à la féminité, au point d’avoir donné naissance à l’expression coureur de jupons, alors que jubba désigne en arabe une robe masculine, relate Alain Rey dans Le Voyage des mots. De l’Orient arabe et persan vers la langue française.

    « Hystérique »

    Difficile de faire plus sexiste que cet adjectif. Il s’agit historiquement d’un terme médical désignant un trouble psychique strictement féminin et que les médecins attribuaient à un trouble des organes génitaux maternels (du grec ὑστέρα, hustéra, « matrice »). En 1611, une affection hystérique désigne, littéralement, une maladie utérine (le latin uterus dérive de la même racine grecque). Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que la psychiatrie étendra l’emploi d’hystérique aux hommes.

    « On »

    Ce pronom personnel indéfini est issu du vieux français hom ou le hom, également attesté sous les formes om et hum, et cousin du mot… homme. Si ce pronom est neutre et non pas masculin, c’est qu’il descend du terme latin homo qui, à l’origine, désigne les humains sans distinction de sexe (au contraire de mas et vir, spécifiquement masculins). Un sens générique que l’on retrouve dans homo erectus, terme désignant nos premiers ancêtres à s’être dressés sur leurs jambes. En français, ce sens générique s’est notamment conservé dans les « droits de l’homme », qui proclament officiellement l’égalité des sexes, mais est de plus en plus contesté par les tenants de l’écriture inclusive.

    Et dans les autres langues ? L’anglais possède avec man le même problème que le français avec homme. C’est un terme historiquement neutre (en vieil anglais, man est l’équivalent de notre on, il désigne « le peuple » ou « les gens » en général, souligne Etymonline), mais dont le second sens, celui de la personne de sexe masculin, a pris de plus en plus importance, suscitant confusion et sentiment de sexisme. Ainsi de l’un des termes désignant le genre humain, mankind, qui peut sembler le réduire au genre masculin. Les adeptes de l’écriture inclusive lui préfèrent humanity (l’« humanité ») ou human beings (les « êtres humains »), plus neutres. De même, à manpower (la « main-d’œuvre ») et à chairman (le « président » d’assemblée) sont préférés workforce et chairperson.

    « Patrie »

    Comme ses sonorités le laissent deviner, la patrie désigne littéralement le pays du père (du latin patria, dérivé de pater, « père ») : étymologiquement, c’est la filiation masculine qui crée l’appartenance à un pays. Cet héritage est aujourd’hui désamorcé dans la paradoxale expression mère patrie. Une expression qui n’a rien d’inclusive : son sens premier est colonialiste. Attestée dès 1978, elle désigne le pays d’origine des colons expatriés, et par extension la puissance dont dépend un territoire colonisé. Par analogie, l’Algérie a pu être qualifiée au début du XIXe siècle de « fille de France ». En somme, un terme à la fois sexiste et paternaliste.

    « Patrimoine »

    On y retrouve à la fois pater, « père », et munio, « munir, bâtir, enceindre ». L’étymologie du mot exprime l’idée, présente dès le latin patrimonium, que les biens de la famille sont les biens du patriarche (littéralement, le « père chef »). Par extension, le terme désigne tout leg ou tout héritage, matériel comme spirituel. Il s’emploie également dans le vocabulaire des sciences, à l’image de l’étonnant concept de patrimoine biologique, qui fait bien peu de cas de l’apport génétique de la mère.

    « Vertu »

    Le mot a beau être féminin, historiquement, la vertu est une affaire d’hommes. C’est ce que nous dit le latin virtus, dérivé de vir, « mâle », que l’on retrouve dans viril. Dans l’antiquité latine, la vertu désigne les qualités considérées comme proprement masculines, le courage, la force et la droiture morale. Lorsque son usage s’étend aux femmes au XVIIe siècle, ce n’est plus pour louer leur bravoure, leur force ou leur intégrité, mais ce qui est considéré comme la qualité féminine la plus valorisée, la chasteté. De là provient l’expression femme de petite vertu, qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui. Vertueux et virtuose appartiennent à la même famille.

    Et dans les autres langues ? En chinois et en japonais, certains composés graphiques encapsulent de manière notable la répartition sociale des tâches. Ainsi de l’idéogramme signifiant « gentil » ou « aimable », 好, (hǎo en mandarin, suki en japonais), qui se compose du symbole de la femme et de l’enfant. 数, shù/kazu, « chiffre », est, lui, composé des clés de la femme, du riz et de l’énonciation : traditionnellement, c’est la femme qui comptait les grains de riz récoltés dans les rizières, rôle de gestion des comptes domestiques qui leur reste souvent dévolu encore aujourd’hui en Chine et au Japon. 嫁, jià/yome, « épouse, se marier », associe, lui, les idéogrammes de « femme » et de « foyer ».

    #vocabulaire #misogynie #sexisme #langage

    • Pour l’hystérie illes ont été soft sur la définition. Le concept d’hystérie c’est que les femmes à la puberté deviennent des etres déficients. Si une femmes est pas enceinte ou en train de se faire pilonner le col de l’utérus par une verge, elle court un grave danger. Son utérus risque de se décrocher, puis de se promèner un peu n’importe où et finir par leur monter à la tête et les rendre folle.
      Freud à adoré le concept et on l’utilise encore.

    • Boh, tu sais, Le Monde …

      Avant qu’elle ne vire essentialiste, Nancy Huston avait commis un excellent livre
      1980 : Dire et interdire : éléments de jurologie, Payot & Rivages

      dans lequel, (il me semble me rappeler) elle indique que CON vient de LAPIN
      voir à ce propos
      http://etimologias.dechile.net/?conejo

      Con respecto al vulgarismo <i>conejo</i> para referirse al órgano sexual femenino y su relación tan discutida con <a href="/?con.o"><i>coño</i></a>, parece evidente que es producto de una broma algo soez formada sobre el diminutivo en <i>-ejo</i> que partiendo de *<i>coñejo</i> ha hecho una metáfora habitual con animales de piel velluda que se da en casi todos los idiomas haciendo referencia a la mata de pelo de la vulva.

      Pour les discussions sur l’étymologie de coño cette page est assez intéressante http://etimologias.dechile.net/?con.o

    • Con c’est le trou, et par extension le terrier et le vagin. Le lapin, s’appelait conin parcequ’il habite un terrier. Pour éviter les jeux de mots sous la ceinture, ca à été remplacé par lapin/lapine ce qui évité pas les jeux de mots.

  • Alain Rey rappeur, en featuring avec Squeezie, Oli et Bigflo
    https://www.actualitte.com/article/zone-51/alain-rey-rappeur-en-featuring-avec-squeezie-oli-et-bigflo/85470

    Alors que la rentrée littéraire battait son plein, le grand architecte des éditions Le Robert, se lançait dans un jeu digne des contraintes de l’Oulipo. Et avec lui, on retrouvait le youtubeur Squeezie, dans un clip, en featuring avec Bigflo et Oli. Mazette, Alain Rey se lancerait dans une carrière de rappeur ? Presque. Enfin, pas tout à fait non plus...

    #Repérage #Rap #Dictionnaire #Alain_Rey

  • Zézette, mounette, cerise... Comment nomme-t-on le sexe des filles ?
    https://www.franceinter.fr/societe/zezette-mounette-cerise-comment-nomme-t-on-le-sexe-des-filles

    « Zézette », c’est concon, non ? Mais je vais quand même pas apprendre à ma fille de 2 ans les mots « vulve » ou « vagin » !

    s’interroge une maman sur l’un des forums que j’ai parcouru. (oui, il y a des forums (nombreux même) qui abordent le sujet)

    Et pourquoi pas lui répond Maelle Challan-Belval (Educatrice à la Vie affective, relationnelle et sexuelle​)

    "L’enjeu ? Rendre son enfant bilingue. Qu’elles connaissent les mots familiers ET les mots officiels, explique-t-elle. Vulve, lèvres, vagin ou clitoris ? Des fillettes peuvent apprendre sans gêne ces mots-là dès la maternelle. C’est notre gêne d’adulte qui est un frein à l’apprentissage, pas celle des enfants. C’est utile pour comprendre le monde et son corps de connaître les mots que certains adultes, que les médecins, ou que les livres utilisent."

    Comme le dit Jul, qui s’est penché sur la question pour son Guide du moutard : "il y autant de nom que de famille..."

    Et ce n’est pas nouveau
    Qu’en pense Alain Rey ?

    Interrogé par Causette (Dossier spécial Vulve - Causette #26), le linguiste confirme "qu’avant le XVIIIe siècle (et Sade), le vocabulaire relatif à l’entrejambe féminin était très fleuri et positif." Jugez plutôt : berlingot, choune, cramouille, fendasse, craque, craquette, frifri, baba, abricot, maternelle (pour l’utérus). Mais aussi motte, touffe, chatte, minette ou minet en rapport avec la pilosité.

    Puis le vocabulaire a évolué reflétant la société ce qui fait dire à Alain Rey que "la dérision ou la description négative du sexe féminin, c’est le signe que la langue française est extraordinairement antiféministe."

    Et de conclure

    Dans l’idéal, il faudrait un nom inventé par une femme … Le seul que je connaisse, c’est celui d’une petite fille de 5 ans, qui n’a pas du l’inventer : "quiquine"

    Terminons avec une petite liste, non exhaustive, de noms glanés sur les forums :

    Mounette, minette, jardinet, foufoune, frifri, zizouille, quiquine, chat, paquerette, poupiou, chounette, petite fleur, founette, fentounette, fifi, chipounette, toutoune, koukoune, guiguitte, margoulette, cucunette, chéchette, prune, framboise, rose ou nénuphar....

    #vocabulaire #vulve #femmes #sexisme #langage #féminisme

    • ma mère disait tutu pour le sexe des filles, comme si quelque part il fallait le taire et robinet pour celui des garçons, ça me faisait marrer de savoir que ça pouvait aussi servir à remplir d’eau un évier, le tutu ne servait pas à grand chose mais c’était pas un truc bassement trivial

  • NE RIEN FAIRE EST VITALE POUR LA SANTÉ

    Un célèbre neuropsychologue explique comment le fait de “ne rien faire” est en fait vitale pour la santé.

    Contrairement aux idées reçues, il est bon pour la santé de ne rien faire même si cela est généralement mal perçu en société, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle.

    En effet, une étude a été menée qui démontre que lorsque le corps humain ne fait pas d’activité, son cerveau se met en mode ” par défaut ” et fait alors le tri des informations qu’il contient. Cette étape est absolument indispensable pour le neuropsychologue Francis Eustache qui exerce au CHU de Caen.

    De cette façon, il pourra mieux comprendre l’environnement qui l’entoure et pourra mieux composer avec les situations ultérieures qui se présenteront à vous.

    En consultant cette vidéo, vous pourrez avoir la preuve que l’oisiveté n’est pas forcément un vilain défaut et qu’elle est essentielle pour votre cerveau. Conservez là bien sous la main car si on vous fait des reproches, vous aurez de quoi justifier votre choix de ne rien faire et mettre un terme à toute polémique. Désormais, vous pouvez rester allongé (e) sur votre canapé pendant des heures ou prolonger considérablement votre grasse matinée sans culpabiliser !

    https://share2give.eu/un-celebre-neuropsychologue-explique-comment-le-fait-de-ne-rien-faire-est

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    NE CULPABILISEZ PAS DE GLANDER

    Selon le neurochirurgien Caennais Francis Eustache, ne rien faire le dimanche aprèm est une chose absolument vitale pour votre moral, mais aussi pour votre mémoire. Oui, VITALE.

    Le scientifique, qui officie au CHU de Caen, en Normandie et qui travaille principalement sur la mémoire traumatique explique, dans un reportage consacré à l’art de ne rien faire pour France Télévisions, que lorsque l’on ne fait rien, une activité cérébrale vitale se met en place. Ce phénomène, nous l’appelons le « mode par défaut ».

    Le « mode par défaut » désigne ces instants d’oisiveté, faits de voyages de la pensée, ces pensées qui vont et qui viennent, ces mêmes instants qui nous permettent de consolider notre mémoire : « On se tourne vers nos pensées, on se tourne vers des informations récentes, auxquelles on a été confronté. Notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des informations plus anciennes. […] C’est un des temps indispensables à la création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, notre autobiographie va manquer de pages, mais surtout une cohérence d’ensemble » explique le neurochirurgien.

    Nous sommes stimulés en permanence par des éléments extérieurs. Constamment sollicités par nos responsabilités personnelles et professionnelles, mais aussi par nos ordinateurs et nos smartphones, nous croulons, parfois sans le savoir, sous un flux astronomique d’informations.

    Et si vous mettiez fin, pour quelques heures seulement, à l’hyperstimulation que vous vivez au quotidien ? Et si, le temps d’un dimanche après-midi, vous fermiez le robinet des informations ? Cette fois, ne culpabilisez plus : c’est pour la bonne cause. Protégez votre « mode par défaut ».

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    QUE FAIT LE CERVEAU QUAND IL NE FAIT RIEN ?

    Même au repos, le cerveau demeure très actif. En fait, il ne s’arrête jamais. Plusieurs régions cérébrales, distantes les unes des autres mais activées de façon synchrone, forment un réseau étendu dont on découvre l’implication dans de nombreuses pathologies neuropsychiatriques comme la maladie d’Alzheimer, la dépression, la schizophrénie, l’autisme.

    Tout commence en novembre 1992 par une découverte fortuite faite par Bharat Biswal, un étudiant ingénieur électricien alors âgé de 25 ans. Voulant se former en biophysique et neurosciences, il se voit proposer un poste dans le département de radiologie de la faculté de médecine du Wisconsin, à Milwaukee (Etats-Unis). Il entreprend alors de réduire le bruit de fond des signaux générés par l’IRM fonctionnelle (IRMf) afin d’améliorer l’interprétation des données recueillies lors de la réalisation d’une tâche motrice.

    « Je ne pouvais travailler que tous les samedis soir car le reste du temps presque tous les scanners étaient pris par les cliniciens. A ma grande surprise, j’ai remarqué la présence d’une forte corrélation entre l’activité des cortex moteurs gauche et droit, alors même que le sujet était parfaitement immobile ! », se souvient Bharat Biswal, aujourd’hui ingénieur biomédical au département de radiologie de la New Jersey Medical School. Il venait de découvrir l’existence d’une activité spontanée, au repos, entre des régions distantes du système moteur qui apparaissent fonctionnellement couplées.

    « Réseau du mode par défaut »

    « D’autres études montreront qu’il existe dans le cerveau au repos, lorsque notre activité cognitive n’est pas dirigée vers un objectif spécifique, une activité cérébrale intense et soutenue dans des régions spatialement éloignées, indique le professeur Francis Eustache, qui dirige l’unité Inserm du laboratoire de neuropsychologie du CHU de Caen. « Ces structures sont fortement connectées sur le plan fonctionnel et forment un réseau caractérisé par la présence de fluctuations synchrones de basse fréquence. »

    Ce réseau est composé de régions du cortex préfrontal en avant et du cortex pariétal en arrière. Dans un article paru en 2001 dans les « Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS) », Marcus Raichle, professeur de radiologie à la Washington University School of Medicine (Saint Louis, Missouri), l’a baptisé « réseau du mode par défaut » pour signifier qu’il fonctionne même lorsque l’on ne fait rien. Depuis, cet article a été cité 2 595 fois dans la littérature scientifique.

    Le cerveau reste donc actif au repos. Un repos très relatif dans la mesure où « le cerveau, qui représente seulement 2 % de la masse corporelle totale, consomme au repos 20 % de l’énergie du corps. De plus, la réalisation d’une tâche n’exige qu’un faible surcoût d’énergie par rapport à celle consommée par un cerveau au repos : moins de 5 % », indique Marcus Raichle.

    Activités mentales d’introspection

    L’activité au repos du réseau par défaut (RD) présente la particularité de diminuer dès lors que le sujet réalise n’importe quelle tâche cognitive. Autrement dit, le RD se « désengage » lorsque le sujet réalise une action avec un objectif spécifique, tandis que l’activité des réseaux liés à une tâche diminue. Les activités de ces réseaux et celle du RD sont « anticorrélées », variant en sens inverse. Ainsi, une récente étude japonaise, conduite lors du visionnage de vidéos de « Mr Bean », a révélé que les clignements des yeux s’accompagnent d’un bref désengagement du réseau attentionnel en même temps que d’une activation du RD.

    Le RD serait associé à des activités mentales d’introspection, de référence à soi. Il serait également lié à la capacité de construire des simulations mentales basées sur des souvenirs autobiographiques, les expériences présentes, mais également sur des projections dans le futur. « Cette projection de soi par anticipation serait un élément-clé de l’activité cérébrale au repos. Le RD interviendrait dans l’élaboration de scénarios mentaux visant à imaginer ou planifier le futur, comme lorsqu’on se voit déjà se prélasser sur une plage en pensant à ses prochaines vacances d’été. Le RD pourrait également être requis lorsqu’on imagine des situations alternatives, qu’elles soient réalistes ou fantaisistes », déclare Gaël Chételat, directrice de recherche au CHU de Caen.

    De même, l’activité du RD serait sollicitée pour notre capacité à comprendre les états mentaux d’autrui. Autrement dit, à voyager dans la tête des autres. Enfin, l’activité de régions-clés du RD apparaît corrélée à la fréquence des rêveries diurnes, ces moments durant lesquels on se perd dans ses pensées.

    Evaluation de nombreuses hypothèses

    Selon le professeur Andreas Kleinschmidt, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève, notre cerveau passerait son temps au repos à évaluer de nombreuses hypothèses concernant une situation qui pourrait se produire dans le futur. « Il s’agit d’un processus dynamique et évolutif, qui n’arrête pas de tourner. Selon nous, le cerveau cherche constamment à rétablir un équilibre entre les mondes intérieur et extérieur, ce qui sous-entend qu’il nous permet d’éviter les mauvaises surprises en faisant des hypothèses sur l’avenir. »
    Ainsi, poursuit-il, « lorsque nous sommes au volant de notre voiture, notre cerveau n’arrête pas de mettre à jour des spéculations qui nous préparent à nombre de situations qui pourraient se produire », comme anticiper que la voiture qui nous précède tombe brusquement en panne ou qu’un animal traverse subitement la route. Si cela devait se produire en réalité, nous serions à même de réagir rapidement.

    Pour le professeur Maurizio Corbetta, de la Washington University School of Medicine, Saint Louis (Missouri), « cette activité spontanée est une façon de garder opérationnels des processus qui peuvent servir. Cela prend moins d’énergie et cela va plus vite de garder un ordinateur avec tous ses programmes en mode veille, mais actifs, que de le rallumer à chaque fois quand vous faites quelque chose ».

    Niveau de conscience résiduelle des patients comateux

    L’activité du RD n’est pas altérée lors des premiers stades du sommeil, peu ou pas pendant une anesthésie légère ou en état d’hypnose. De façon encore plus surprenante, l’équipe du professeur Steven Laureys, de l’université de Liège, a montré que le RD des patients atteints du « locked-in syndrome », éveillés et conscients, mais incapables de bouger si ce n’est les yeux, est quasiment identique à celui de sujets sains. En revanche, l’activité du RD est significativement diminuée chez les patients en état végétatif, inconscients mais présentant un état d’éveil minimal, et chez les patients comateux. Elle serait complètement absente lors d’un coma irréversible.

    Les chercheurs belges considèrent que le niveau de connectivité au sein du RD pourrait renseigner sur le niveau de conscience résiduelle des patients comateux totalement incapables de communiquer et serait associé à la capacité de récupération de certains patients présentant un état de conscience altéré. Selon eux, l’IRMf au repos pourrait constituer un outil particulièrement intéressant, mais qui reste à valider, pour aider le clinicien à prédire les chances de récupération.

    Le RD n’est qu’un des « réseaux de l’état de repos », même si c’est celui qui possède les interconnexions les plus robustes et constantes, ainsi que l’activité métabolique la plus intense. De nombreux réseaux fonctionnels au repos ont été décrits, en rapport avec des systèmes cérébraux aussi divers que ceux impliqués dans la motricité, l’attention, la vision, l’audition, le langage. Ces réseaux liés au repos sont présents chez les primates et les rongeurs.

    Facteurs génétiques et environnementaux

    Le professeur Michael Greicius, du département de neurologie de la faculté de médecine de Stanford, en Californie, voit dans l’activité de ces réseaux fonctionnels au repos « un moyen de conserver les connexions qu’ils entretiennent constamment entre eux. On sait que les synapses [les points de liaison entre neurones] tendent à disparaître lorsqu’elles ne montrent pas une activité minimale. Ainsi, l’activité cérébrale au repos permettrait de préserver ces réseaux qui participent à l’organisation globale du cerveau ».

    Reste à comprendre les facteurs génétiques et environnementaux qui interviennent dans la construction et le maintien des réseaux liés à l’état de repos, mais également « les mécanismes cellulaires qui sous-tendent leur activité, ce que l’on ignore totalement aujourd’hui », souligne Marc Raichle.

    « Le but ultime est de comprendre comment des comportements humains complexes émergent de l’activité et de l’interaction de ces réseaux cérébraux fondamentaux, résume Michael Greicius. L’IRM fonctionnelle permet une acquisition relativement aisée des données d’activité des réseaux fonctionnels au repos, dont le RD. Contrairement à d’autres techniques d’imagerie, l’IRMf peut être utilisée chez des patients souffrant de démence ou de troubles psychiatriques sévères incapables de réaliser des tâches. La seule chose que l’on demande au sujet est de rester tranquille pendant environ huit minutes. » Cette facilité d’accès explique l’engouement de très nombreuses équipes pour cette technique.
    L’IRMf au repos a été utilisée pour analyser l’activité du RD dans une trentaine de troubles neuropsychiatriques, ainsi que pour évaluer l’impact de la privation de sommeil, de la méditation, de la musique sur ce réseau.

    « Hyperactivité du RD dans la schizophrénie »

    Susan Whitfield-Gabrieli, du département cerveau et sciences cognitives du MIT (Cambridge, Massachusetts), a rapporté la présence d’une « hyperactivité du RD dans la schizophrénie qui pourrait témoigner d’une amplification de la focalisation sur le monde mental intérieur dont témoigne la paranoïa ». Cette chercheuse a par ailleurs observé « une activité accrue du RD chez des individus sains, parents de premier degré de patients schizophrènes, ce qui suggère que ces perturbations fonctionnelles seraient associées aux processus physiopathologiques plutôt qu’une conséquence de la maladie ».
    Le réseau par défaut a été étudié dans les épisodes dépressifs majeurs. « Il existe une connectivité fonctionnelle accrue du RD dans la dépression, maladie dans laquelle on observe une rumination, les patients ne cessant de ressasser des idées négatives sur eux-mêmes », indique le professeur Philippe Fossati, psychiatre (centre émotion, CNRS, Pitié-Salpêtrière, Paris).

    Les patients dépressifs ayant une tendance à une focalisation sur soi excessive, les processus de référence à soi ont été étudiés en relation avec le RD. Ceux-ci interviennent à chaque fois que l’on se pose la question de savoir si un terme évoquant un trait de personnalité (avare, généreux, susceptible, etc.) s’applique à nous-même. L’équipe de Philippe Fossati a montré que la partie antérieure du réseau par défaut, normalement sollicitée dans les processus de référence à soi chez le sujet sain, était activée de manière excessive chez l’individu déprimé.

    Imagerie cérébrale

    Par ailleurs, certaines études ont montré une corrélation entre le niveau de connectivité au sein du RD et la durée de l’épisode dépressif. Des résultats obtenus par l’équipe de Philippe Fossati, non encore publiés, montrent que les données de l’imagerie cérébrale permettraient de prédire la réponse à tel ou tel type de traitement antidépresseur, ce qui ferait gagner du temps dans une prise en charge médicamenteuse efficace.

    De très récentes études tendent à montrer l’existence d’altérations du RD qui pourraient en partie expliquer certaines anomalies du comportement social chez des individus atteints d’autisme. On observerait une moindre activation au sein du RD, qui serait par ailleurs corrélée au degré des difficultés sociales éprouvées chez ces patients.

    Des anomalies du RD ont également été décrites chez les enfants d’âge scolaire souffrant de « trouble déficit d’attention/hyperactivité ». Enfin, des travaux ont évalué les altérations de certains réseaux fonctionnels au repos après survenue d’un dommage cérébral de moyenne gravité, qu’il s’agisse d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme.
    « Nous avons montré en IRMf, après AVC, l’existence de perturbations de l’activité des réseaux fonctionnels au repos, même dans des régions intactes sur le plan structurel, et rapporté qu’elles sont corrélées à des déficits comportementaux ainsi qu’aux capacités de récupération », indique Maurizio Corbetta, directeur du département de neuroréhabilitation (Saint-Louis, Missouri).

    Comprendre les mécanismes par lesquels des troubles neuropsychiatriques fort différents induisent des perturbations de la connectivité du réseau par défaut, et dans quelle mesure son atteinte renseigne sur le pronostic des patients : tel est désormais l’objectif majeur de ces recherches.

    Marc Gozlan, le Monde science et techno, 21/03/2013
    --
    https://youtu.be/566kRI-y3Uw

  • portrait de l’artiste en travailleur | TANX
    http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/9983

    Sur son petit piédestal, l’artiste, le créateur, le scientifique, le professeur, le journaliste, clame à la face du monde qu’il est exceptionnel et mérite un traitement de faveur et pleure que sa situation est insoutenable, le sel de la terre est triste comme un caillou et il trépigne d’être traité comme les autres et le dit sans même rougir.

    C’est un piège, et le piège est monté d’un part par nos exploiteurs et d’autre part par nous-mêmes : à aucun moment on ne décide de laisser tomber cette singularité en toc pour enfin constater qu’avant d’être intellectuel ou créatif, on est un prolétaire (quand on en est un, évidemment, mais là on entendra pas l’artiste bourgeois se plaindre de ses conditions de travail, pardi, he). Si ces métiers-là ont essuyé les plâtres des statuts ultra-précaires rêvés du patronat, nous n’avons jamais envisagé que ça puisse être une incroyable occasion à une solidarité de classe. Plutôt qu’alerter les autres travailleurs sur le recul des droits sociaux – ce qu’on vit déjà, n’ayant aucune couverture sociale en dehors de la santé – pour soutenir les luttes, et y participer pleinement, on n’a eu de cesse de rappeler notre singularité.

    En oubliant au passage que le capitalisme est un empêchement à nos ambitions intellectuelles et artistiques. La perte de sens dans beaucoup de domaines, tout aussi singuliers et autrement indispensables (chez les soignants par exemple, ou à l’inspection du travail), mène des cohortes de travailleurs à la dépression, à l’alcool, aux drogues légales ou non, et au suicide.
    Exactement comme les travailleurs de domaines moins prestigieux. L’ouvrier sur une chaine de montage ne mérite pas plus cette vie de merde que nous, nous ne méritons aucun traitement de faveur, nous devons rejeter l’exploitation pour ce qu’elle est, et non pas uniquement quand elle nous touche, nous.

    Ce qui relie l’ouvrier, le soignant et l’artiste prolétaire c’est le statut social, et ça n’est pas dire que tous les boulots sont les mêmes, mais que nous sommes tenus par la même obligation de remplir le frigo, de payer un loyer ou des crédits. Les métiers intellectuels et créatifs sont prestigieux, et nous le savons puisque notre activité est la première chose que nous mettons en avant. Pourquoi choisir cet angle d’attaque quand on parle de conditions de travail, si ça n’est pour appuyer l’idée qu’on est au dessus de la plèbe ? Se situer au dessus de la masse est à la fois une absurdité et dans un sens une réalité, sauf que cette réalité nous la renforçons au lieu de la combattre et de chercher à la détruire. Parce que l’idée que l’accès aux arts est une question de bon vouloir uniquement est une idée largement répandue y compris chez nous, créateurs. Cette idée est merdique. Relire Bourdieu que j’ai pas lu d’ailleurs. Non : relire Lucien Bourgeois.

    • Tout à fait d’accord avec toi @aude_v
      C’est pour ca que je ne peu pas me revendiqué prolétaire comme Tanx et que je préfère dire travailleuse pauvre puisque je bénéficie de nombreux privilèges de ma classe même si mes revenus sont très faibles.

    • D’un point de vue personnel, je me sens à l’autre bout du spectre social : je suis née prolo, j’ai grandi prolo et j’ai accédé à l’éducation et la « création » comme prolo.

      Du coup, en lisant le texte de Tanx, je me sens une fois de plus marginalisée et illégitime. Parce que c’est bien ça qui caractérise le prolo qui sort de son parcours de prolo : son #illégitimité (qui se traduit aussi, parfois, par un gros complexe de la #fumiste, aussi appelé syndrome de l’#impostrice — même si je poste beaucoup).

      Le prolo est héréditaire, son statut de classe est d’ailleurs son seul héritage, bien collant( y a pas un truc qui s’appelle le sticky floor ?). Et l’incapacité à rester à sa place est sanctionnée non seulement par les bourgeois (la figure du #parvenu) que par les autres prolos (celle de l’ingrat qui pète plus haut que son cul).

      D’un autre côté, ce texte me fait mieux comprendre mon perpétuel pas de côté, mon non-casisme.

      Effectivement, bien qu’adhérant à un syndicat de caste (donc d’artistes), je me rend compte que ma vision est souvent assez contraire à celle des autres. Je ne veux pas de statut particulier, mais bien le fait de retrouver un statut général : sécu générale, impôts comme les autres et protection sociale convergente avec le modèle salarial itou.

      Je me rend bien compte que dans ma #corporation, il n’y a précisément aucune homogénéité de #caste, entre ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir sortir assez de revenus du (im)pot commun, les dilettantes et ceux qui créent à « l’abri » du RSA.
      Pas les mêmes besoins, pas les mêmes attentes, mais effectivement, un profond désir de distinction, de n’être pas mélangés avec la plèbe, parce qu’on n’est pas à l’usine quand même !

      Comme sur les bancs de la fac, où les vrais prolos étaient plus rares que les poils sur le cul d’un hipster, ou même ensuite, dans le monde du travail, tu te rends compte que prolo est un état permanent et acquis comme une grosse tâche de naissance sur la gueule : pas le réseau, pas les moyens, pas la love money qui file le petit coup de pouce indispensable de ceux qui se sont fait tout seuls !
      Ce que ça peut me faire rire, le mythe des 3 gus dans un garage.
      Ils avaient déjà un garage, les cons !

      Du coup, je rejoins plutôt @mad_meg sur les privilèges de classe qui prédominent sur les revenus et le capital financier.

      En fait, pour conclure prématurément, avec le texte de Tanx, je me sens juste niée une fois de plus…#anomalie #reproduction_sociale

    • Je sais très bien faire la distinction entre la figure rhétorique du prolétaire — celui qui n’a que le revenu de SON travail — et le prolo, cette construction sociale du travailleur populaire qui n’est pas arrivé à entrer dans la vaste fumisterie qu’est la classe moyenne où l’on se donne les moyens de croire qu’on échappe à sa condition en mimant le mode de vie des bourgeois.

      De manière intellectuelle, on pourrait parler du lumpenprolétariat, mais concrètement, c’est le prolo, même si dans le prolo, il y en a une bonne mesure qui a cru à la France des proprios et qui s’est endettée à la toque pour pour son Sam Suffit tout poucave qui, sans qu’il le sache, ne vaut déjà même plus le prix de ses matériaux bruts.
      Ceci le renvoyant une fois de plus à son statut de prolo…

    • Rgngngngn. J’ai le sentiment que le truc est mal posé. J’ai tendance à penser que l’art n’est pas un secteur d’activité, qu’être artiste, c’est pas un métier. Je crois d’ailleurs que ce n’est pas à soi de décider si on est artiste ou pas. Si l’art est à part, c’est pas au-dessus de ceci ou en-dessous de cela, c’est une qualité transversale qui peut être contenue dans n’importe quel geste, parole ou production de la part de n’importe qui sans distinction social, racial, sexuel, historique ou géographique.
      Après il y a des métiers : peintre, graphiste, photographe, sculpteurice, architecte, auteurice...
      Après les conditions d’exercice : indépendant·e (ou freelance comme on dit) ou ouvrier·e pour le compte d’un·e autre professionnel·le (cabinet, agence), d’une industrie, d’une institution, d’un pouvoir politique (ne pas oublier que les « artistes » ont souvent servis et servent encore la cause du pouvoir). Il y a des ouvrier·es dessinateurices comme il y a des ouvrier·es agricoles ou ébénistes. On peut exercer avec un certain talent ou pas. Enfin, je dis ça mais je ne sais pas, je réfléchis tout haut. Qu’est-ce que l’art, vaste question n’est-ce pas ?
      Perso j’ai jamais été à l’aise avec le mot « artiste » et j’ai longtemps résisté à me l’attribuer malgré le fait que c’est ainsi que les gens me voient que je le veuille ou non. Il faut croire que j’ai la tête de l’emploi. Par paresse j’ai finalement adopté ce terme parce que comme ça que l’Insee m’enregistre dans son catalogue et c’est obligatoire de figurer dans un catalogue. Et aussi parce que pour moi « artiste » ça ne veut pas dire grand chose, cette espèce de flou (artistique) m’arrangeait bien mais je me rend compte qu’il va falloir que je trouve autre chose :)
      Enfin, sur le niveau de vie, je sais pas si ça m’intéresse de savoir dans quelle autre case je dois me situer, prolo, travailleuse pauvre, classe moyenne plutôt basse, ça m’est complètement égal. Tout ce que je sais c’est qu’on mal barré.

    • Attention, Tanx, de ce que je comprends, parle spécifiquement de travail prolétaire, elle ne parle pas ici de statut dû à tel capital culturel (ou à son manque).

      Elle utilise bien le terme dans son sens de base, celleux qui n’ont que leur force de travail. Et dit justement que même si on pense qu’on est supérieur (parce qu’on aurait tel capital cultu, ou tel prestige dû à une activité plus reconnue), bah non, on est tous dans une certaine même merde.

      Et que donc il y a matière à se reconnaitre comme faisant partie d’une même classe, à partir de ça (classe pour soi). Mais sans oublier que le préambule, elle l’introduit rapidement, est la mort de l’artiste, en tant qu’artiste séparé (donc l’acceptation de ne pas avoir de prestige particulier).

      http://lafeteestfinie.free.fr/a_mort.htm

    • Bien d’accord avec toi @odilon, « artiste » c’est une étiquette fourre-tout (comme « intermitent du spectacle »).
      Me revient à l’esprit cette phrase de Gérard Lauzier (en substance) « l’art est pour les jeunes bourgeois ce que le sport est pour les classes populaires, l’espoir d’arriver rapidement »
      Le parallèle est juste en ce sens que dans ces deux catégories quelques elu·es sont élevé·es au rang d’idoles inatteignables, ce statut (et les revenus astronomiques qui vont avec) participant pleinement au maintien du status-quo de la domination.

    • @rastapopoulos « Elle utilise bien le terme dans son sens de base, celleux qui n’ont que leur force de travail. »
      Du coup je ne suis vraiment pas prolétaire puisque je n’ai pas que ma force de travail pour moi, je suis propriétaire de mes outils de production (c’est à dire papier, encre et plume) et j’ai eu une stagiaire la semaine dernière ce qui fait de moi une patronne. A mon avis le mot prolétaire est trop précis et c’est pas étonnant que peu d’artistes (même chez les très pauvres) ne se reconnaissant pas dans cette catégorie.

      Par rapport au mot artiste, c’est peut être mon coté bourgeois mais je ne me sent pas du tout être une artisane, même si j’ai une maîtrise technique du dessin ce que je fait n’est pas de l’artisanat. Et je ne dit pas ca en méprisant les artisans mais l’art c’est pas la même chose. J’ai un diplôme d’artisanat et l’artisanat ca m’avais juste rendu dépressive car la liberté de création est proche de zéro et le peu de créativité on y a accès de toute façon après des années de brimades hiérarchique et de tâches fastidieuses et répétitives. Dans l’artisanat si on a la chance de faire de la création c’est en général près de la retraite et à destination de très grands bourgeois qui ont les moyens de se payé non seulement un objet fait à la main, mais en plus sur mesure pour leur satisfaction de riche d’exception.

      Si il n’y a plus de statu d’artiste je ne voie pas comment je pourrais continuer mes grands dessins ni de quel droit je les montrerait et dans quel cadre ou dans quelles conditions.
      C’est d’ailleurs ce que pense paul emploi et la caf qui me presse de me chercher un « vrai travail » dans le nettoiement.

    • Bé oui, ça me parait « naturel » que dans le cadre capitaliste et bourgeois actuel, en restant dans cette manière de vivre, bah t’es obligée « d’être artiste », d’avoir ce statut, pour faire ce genre de choses. Ça n’est pas trop le sujet de départ, il me semble, vu que Tanx se place dans un cadre où elle critique ce mode de vie, et où elle ne cherche pas le status quo mais à changer les choses. La mort de l’artiste (selon la brochure qu’elle met en lien), ce n’est pas la mort de l’art ou de l’œuvre, c’est la mort de l’artiste en tant que séparation, d’après ce que je comprenais (je ne l’ai pas encore lu en entier, je le dis).

      Et non tu n’es pas vraiment propriétaire de moyen de production, il me semble, puisque pour produire, tu dois toi travailler, passer des heures de travail (en créant de la valeur donc). Tu ne payes pas des gens pour ça qui le font, et tu n’as pas de machine qui le fait tout seul.

      C’est vraiment dommage que Tanx ne soit plus là pour participer. :)

    • Merci @rastapopoulos j’ai peu de culture politique sur les questions marxistes d’où mes incompréhension et maladresses sur le sujets. Il faut que je me mette à ces lectures.

      Les artistes ne sont pas une categorie homogène d’un point de vue des classes. Il y a des artistes prolétaires et des artistes milliardaires. la plus part des gens sacralisent les artistes quant ils ont les revenus de Koons ou alors quant ils sont morts. A part ca l’artiste qui ne vie pas de son art est l’objet d’un parfait mepris y compris de la part de personnes prolétaires.

      Au XIX ème il y avait des artistes solidaires des prolétaires. Le plus célèbre etait Courbet. Je pense que la plus part des artistes du XIXÈME ont été oubliés et de préférence celleux qui etaient solidaires des prolétaires et qui se sont engagés.

      L’art des classes dominantes (masculine, blanche, hétéro, religieuse puis issue de la noblesse et ensuite de la bourgeoise) ne laisse pas de place aux artistes des autres classes, sexes et races. C’est même à mon avis la fonction principale de l’art de figer et hiérarchise ses catégories et donner ses « lettres de noblesse » a la classe dominante de son époque. C’est pour ça entre autre que les femmes n’y sont toujours pas les bienvenus, y compris avec les artistes engagés auprès des prolétaires.

      Tous les artistes ne sont pas « séparés », seuls ceux de la classe dominante (et donc deja séparés) le sont. Les artistes prolétaires ne sont pas séparés des prolétaires, mais leur art est souvent dévalorisé comme etait de l’art populaire, de l’art brut, de l’art amateur, de l’art feminin... Pour ces artistes la pas besoin de séparé l’œuvre de l’artiste, ce privilège est réservé aux artistes des classes dominantes.

      Un artiste « séparé » c’est un artiste de la classe dominante dont la production artistique sert a l’édification de cette classe.

      Pour le côté sacralisé de l’artiste, à mes yeux c’est en lien avec le culte des #grand_homme qui veux que l’histoire sacralise les gros trouduc. Les peteux qui se prennent pour le mâle alpha et se comportent comme tel sont toujours très appréciés et ont un boulevard devant eux. Il n’y a qu’à voire comme les médias bossent dur sur la postérité de Polansky.

      Vouloir que les artistes soient solidaires des classes proletaires me semble impossible, seul les artistes proletaires peuvent l’être et il me semble qu’illes le font deja.

    • Le peintre-graveur libertaire, Germain Delatousche (1898-1966), connut une période de purgatoire après sa mort, mais grâce à quelques ventes publiques et leurs répercussions sur Internet, il réapparut peu à peu dans l’espace public, donnant l’image d’un peintre du Vieux-Paris, d’un peintre également de la misère. Pauvre et handicapé, il occupait un atelier à la Butte-aux-Cailles et organisa, des années durant, avec l’aide de l’association qu’il avait fondée, « Les Compagnons », des expositions de groupes accueillies d’abord par des auberges, des cafés, puis par des galeries. Il a côtoyé les #écrivains_prolétariens et les milieux anarchistes aux journaux desquels il a fourni maintes illustrations, tandis que plus de cinquante livres furent ornés de ses #bois_gravés. Notre recueil présente environ 200 d’entre eux, reproduits à leur format original. Germain Delatousche fut principalement soutenu par un mécène amateur d’art, de musique et de poésie, Jean-Daniel Maublanc, par ailleurs industriel, éditeur et critique, qui lui a consacré en 1941 une belle monographie dont nous reprenons de larges extraits accompagnés de textes de ses amis Lucien Bourgeois, René Virard, Georges Turpin, Henry Poulaille, Treno – du Canard Enchaîné.

      http://www.pleinchant.fr/titres/TypeType/Delatousche.html

      Tanxxx est dans la suite de Frans Masereel, Lynd Ward, Myron Waldman, William Gropper, Milt Gross ...
      #linogravure
      Où est la ligne de séparation entre l’ouvrier et l’artiste dans une oeuvre de Robert Tatin, où du facteur cheval ?
      #Art_Brut

    • Ce que dit wiki sur l’artiste

      Un artiste est un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l’originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses œuvres sont source d’émotions, de sentiments, de réflexion, de spiritualité ou de transcendances.

      Le Dictionnaire historique de la langue française publié sous la direction d’Alain Rey donne d’autres origines de ce mot au Moyen Âge, mais avec des significations différentes, qui pour certaines ne sont plus d’usage, comme « étudiant des arts libéraux à l’université ». Il a aussi été utilisé à la place d’artisan ou pour indiquer qu’un objet a été « fait avec habileté et méthode, avec art ».

      ...

      Un étudiant ou un enseignant de la faculté des arts était appelé un artiste4. Il terminait ses études en obtenant la maîtrise ès arts.

      Les sept arts libéraux sont représentés par sept femmes décrites par Martianus Capella.

      En parallèle se développe le système des neuf Muses venues de la tradition homérique qui en fait les filles de Zeus et que Platon décrit comme les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur intellectuel. Cependant il n’y a aucune Muse pour les arts manuels comme la peinture, la sculpture ou l’architecture.

      Cet enseignement ne fait aucune place aux activités manuelles qui étaient souvent pratiquées dans l’Antiquité par des esclaves. L’esclavage et le servage disparaissant au cours du Moyen Âge, des hommes vont développer leurs techniques ou artifex5 dans les arts manuels ou mécaniques. Le développement de la société urbaine à partir du XIIe siècle va transformer leur travail qui d’abord itinérant va pouvoir s’exercer dans une ville où ils peuvent se regrouper en corporations, appelées Arti en Italie. Ce sont des artisans.

      Le peintre, le sculpteur, l’orfèvre exercent une activité manuelle. Ils ne vont que progressivement se détacher de la condition inférieure due ces activités. Ils sont alors pour la plupart anonymes. Pour les clercs, c’est parce qu’ils créent de la beauté à partir de la matière brute qu’ils reproduisent l’acte divin de la Création de Dieu, que saint Thomas d’Aquin décrit comme un artifex mundi. Cependant, pour saint Thomas d’Aquin, l’exécutant d’une œuvre doit la réaliser conformément aux règles définies par son commanditaire ecclésiastique.

      Au XIIe siècle, le moine Théophile écrit une somme des arts mécaniques du Moyen Âge : Schedula de diversis artibus. Pour lui la beauté de la création et la belle âme du créateur sont indissociables.

      Progressivement, les chroniqueurs vont montrer les qualités morales des créateurs des œuvres. Pour Hugues de Saint-Victor les arts mécaniques sont trop souvent méprisés et doivent acquérir un statut de science. Il les groupe en sept sciences mécaniques en reprenant la division des arts libéraux. Dans le second ensemble qu’il appelle l’ armatura, il a placé l’architecture, la peinture, la sculpture et les arts mineurs. Dans son De divisione philosophiae, Dominique Gundissalvi soutient l’égalité des arts libéraux et des arts mécaniques. Dans le Defensor pacis, Marsile de Padoue distingue les arts mécaniques servant aux nécessités matérielles de ceux qui sont de l’ordre du plaisir et de l’agrément : la peinture, la sculpture et l’architecture. Il considère que ces derniers ont un statut intermédiaire entre les arts manuels et les arts libéraux6.

      ...

      Les caractères utilisés à propos des artistes sont particulièrement variables dans l’histoire et n’ont pas de définitions universelles (de même que pour l’art, un « faux concept8 » anhistorique). Ils ont comme origine une expérience, une appréciation personnelle, un regard9 et sont la conséquence d’un intérêt collectif propre à une culture10. De plus, la notion d’artiste – ou son absence – et l’imaginaire qui l’accompagne, est liée à l’idée de sujet et d’altérité chez un groupe humain, à une époque déterminée.

      Certains usages traditionnels distinguent l’artiste de l’artisan11 en se fondant sur la condition d’auteur, ou d’interprète, du premier12. Soit un producteur de créations de l’esprit13 en opposition aux travailleurs manuels, aux exécutants14 anonymes, à ce qui est utile ou fonctionnel.

      J’appelle artiste celui qui crée des formes... et artisan celui qui les reproduit, quel que soit l’agrément ou l’imposture de son artisanat. Malraux, Les Voix du silence,1951, p. 308.

      Depuis le XVIIIe siècle, ces activités concernent principalement les accomplissements de l’humanité différents des sciences et du droit15, qui ne prétendent ni « dire le vrai », ni établir des règles. Cependant, pour l’anthropologue Lévi-Strauss16, la démarche de l’artiste relève à la fois de celle du bricoleur17 et du scientifique. (j’aime bien cette définition)

      Statut

      Dans l’Antiquité gréco-romaine ceux que l’on nomme aujourd’hui artistes « ont cherché à s’élever au-dessus de cette condition commune [...] en écrivant des traités sur leur art » (Agnès Rouveret18). Aristote, évoquant « ceux qui furent exceptionnels19 », les caractérisait par leur mélancolie20. Plus tard, du XIIIe siècle au XVe siècle européen, le statut social de l’artiste se résume essentiellement à celui de simples artisans ou domestiques de cour21.

      Mais, au cours de la Renaissance italienne, l’image des artistes est façonnée par des personnalités telles que Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, dont l’influence sur leurs contemporains dépasse ce qui a précédé, ainsi que par l’apport de théoriciens comme Castiglione, Dante, Cennini, Ghiberti et Alberti22 inscrivant le « pouvoir créateur de l’esprit humain23 » au cœur de la culture humaniste.
      Points de repères notables

      En 157124, un fait marquant est le décret pris par Côme de Médicis exemptant les peintres et sculpteurs florentins d’appartenir à une corporation. Cela est, huit ans après la fondation de l’Accademia del Disegno par Giorgio Vasari25, un des prémices de la fin du système médiéval des guildes d’artistes et de leurs accès au rang d’hommes de science26.

      De même, trois personnages sont significatifs de la transformation du statut des artistes en occident, entre le Moyen Âge et la période contemporaine : Albrecht Dürer affirmant la « valeur ajoutée » qu’il apporte à l’œuvre, au-delà de la qualité des matériaux ; Nicolas Poussin, avec sa célébrité inédite, obligé de fuir ses commanditaires ; et Pierre Paul Rubens pour l’importance prise par la vie sociale et intellectuelle, autour de l’artiste, désormais concurrente de l’œuvre elle-même27.

      Avec Vincent van Gogh, la représentation que l’on se fait de l’artiste se combine avec l’ancien mythe du poète maudit28, très vivant depuis le XIXe siècle, vers une figure de l’artiste en martyr, en marginal. Cela alors que dès les années 1920, Marcel Duchamp29, tirant les conséquences de la mort d’une certaine conception de l’art30, voire du discrédit des artistes concernés, envisage que « chacun serait un artiste, mais méconnu en tant qu’artiste31 ».
      Sociétés modernes

      La sociologue Nathalie Heinich32 propose plusieurs angles pour comprendre la place des artistes dans les sociétés modernes : « conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, catégorie d’appartenance, fortune, mode de vie, accès à la notoriété, critères d’excellence, représentation qu’eux-mêmes, et les autres, se font de leur position – et jusqu’à leur caractère ou leur aspect physique... »

      La France, par le code général des impôts33 et les organismes de sécurité sociale (La Maison des artistes et AGESSA), définit administrativement une ébauche de statut professionnel social et fiscal de l’artiste actuel. En date de 2012, en France, l’artiste est un indépendant34 soumis à un régime social et fiscal original.

      Dans mon entourage perso la plupart des artistes plasticiens que je connais sont des enseignants et ils formaient une espèce de caste. Je dis formaient parce que l’un d’eux (L.) a disparu, puis l’une d’elle (S.) ce qui fait que maintenant le groupe a éclaté (et il a encore plus éclaté quand j’ai révélé mon agression par un « pote » musicien puisqu’on m’a reproché d’avoir parlé). Je me souviens que L. aimaient organiser des expo dans des lieux inhabituels. J’avais participé à la première à l’époque où je bidouillais la photo. Par la suite, il m’a exclu en organisant des expos entre anciens des beaux-arts (je viens des arts graphiques) au grand étonnement des autres mais j’ai pas cherché à m’imposer je ne sais pas si c’était pas une petite vengeance parce que j’avais mis fin à notre relation. Bref.
      Politiquement c’est un groupe situé à gauche qui participait plus ou moins aux manifestations ouvrières. Ici les artistes les plus actifs dans les manifs sont des théâtreux et les absents sont les musiciens.

      Par ailleurs, je constate que les quelques artistes plasticiens que je connais qui vivent de leur art sont des personnes qui ont trouvé deux trois pistes de travail qu’ils déclinent à l’infini. Parfois ça reste créatif, mais parfois c’est un peu ronron.

    • J’ ai emprunté à la médiathèque un #roman_graphique de Giacomo Patri - Col blanc (White collar) publié une première fois en 1940. Né du krack boursier de 1929 et de la crise économique qui l’avait suivi.

      « Le roman en images, une forme inspirée à l’origine par les films muets, est un défi pour l’illustrateur. Comme les images sont en général susceptibles d’une interprétation plus large que la prose, chaque dessin de la séquence doit fonctionner non seulement comme une composition close sur elle-même, mais aussi comme une sorte d’écriture hiéroglyphique. La page fonctionne comme un rideau que l’on lève, réservant chaque fois de nouvelles surprises visuelles. Pendant la Grande Dépression, le genre s’est épanoui avec des illustrateurs tels que Lynd Ward, Otto Nïckel et Giacomo Patri, tous auteurs de magnifiques romans en images. » Art Spiegelman.

      La préface de l’auteur à l’édition de 1975 est également très éclairante - les notes de l’éditeur sur l’édition française, aussi. Dans cette préface #Giacomo_Patri dit qu’après une large distribution de son livre à une convention de la CIO ( Congres of Industrial Organisation, le plus important syndicat américains ) "... pour la première fois, je me confrontais à la réalité. La vie est un travail et la réussir est une lutte."

      Ce « roman en images » raconte la vie quotidienne, les espoirs brisés d’une famille de la classe moyenne américaine durant la Grande Dépression. Dans un style inpsiré de l’expressionnisme allemand et du cinéma muet, Giacomo Patri a réalisé une bande dessinée sans parole qui frappe par sa force, sa beauté épurée et sa radicale modernité. Col blanc est un véritable chef-d’oeuvre oublié, un des premiers « romans graphiques » américains, où Patri réussit en images ce que Steinbeck a fait avec des mots : un puissant documentaire social, sombre et saisissant, qui est aussi un hymne à la solidarité de tous les exploités.

      des #cols_blancs comme des #cols_bleus.

      Giacomo Patri (1898-1978), illustrateur et activiste, fils d’un barbier-coiffeur italien émigré aux Etats-Unis, fonda notamment le premier syndicat des artistes de Californie.

      http://www.editions-zones.fr/spip.php?article17

    • Drame du quotidien dans le #monde_du_travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de #travailleuse_indépendante. Jusqu’alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. En 2016, elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série en deux volumes Des croûtes aux coins des yeux. Dans ce second opus, la rigolarde piétine purement et simplement le syndrome de Stockholm en chantant à tue-tête des hymnes punks et met à nu tous ces personnages en les affublant de têtes de mort (plus nu, tu peux pas). Ça cause beaucoup de style, de dessin, de bande dessinée et d’introspection, de changement de direction dans le #travail_artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi d’actualité et de politique : les années 2013 à 2016 auront donné matière à s’énerver. Des croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l’autrice d’être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le #ministère_de_la_Cuculture.
      En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d’une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l’Art et des idées. Des croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in vivo, bouillonnant d’idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.

      http://6pieds-sous-terre.com/collection-monotreme-mini/tanx-des-cro%C3%BBtes-aux-coins-des-yeux/-u2215

  • Les migrations des Roms roumains en Europe

    Mihaela Nedelcu et Ruxandra-Oana Ciobanu
    Les migrations des Roms roumains en Europe : politiques d’#inclusion, stratégies de distinction et (dé)construction de frontières identitaires [Texte intégral]
    The Migrations of Romanian Roma in Europe: Politics of Inclusion, Strategies of Distinction and (De)construction of Identity Boundaries
    Las migraciones de gitanos rumanos en Europa: políticas de inclusión, estrategias de distinción y (de)construcción de los límites de identidad
    Alain Reyniers
    Mouvements migratoires et #circulation des Roms roumains en Europe [Résumé | Accès restreint]
    Migratory Movements and Circulation of Romanian Roma in Europe
    Movimientos migratorios y circulación de los roma rumanos en Europa
    Marion Lièvre
    Roms roumanisés, Ciurari, Ursari : ethnicité et appartenances sociales. Ethnographie des migrants roms roumains à Montpellier [Résumé | Accès restreint]
    Romanized Roma, Ciurari, Ursari: Ethnicity and Social Belongings. Ethnography of Romanian Roma Migrants in Montpellier
    Roma romanizados, Ciurari, Ursari: etnicidad y pertenencias sociales. Etnografía de los roma rumanos migrantes en Montpellier
    Pietro Cingolani
    “Good Romanian Gypsy Looking for a Home”. Housing Policies and Politics of Identity among Roma and non-Roma in #Turin, Italy [Résumé | Accès restreint]
    « Roms roumains respectables recherchent une maison ». Politiques du #logement et politiques de l’identité parmi les Roms et les non-Roms à Turin en Italie
    «Roma rumanos respetables buscan una casa». Políticas de vivienda y de identidad en población roma y no roma en Turín, Italia
    Kàtia Lurbe i Puerto
    From Slum to City Dweller, Trajectories of Integration of the “Roma” Families of an Affirmative Action Program in France [Résumé | Accès restreint]
    Du #bidonville à la vie citadine, les trajectoires d’#intégration de familles « roms » ayant participé à un projet de #discrimination_positive en #France
    Del chabolismo a la vida citadina, las trayectorias de integración de familias «roma» que participaron a un proyecto de acción positiva en Francia
    Céline Bergeon
    Les Roms roumains en région parisienne : les mobilisations associatives au prisme des temporalités migratoires et de l’#habitat [Résumé | Accès restreint]
    Romanian Roma in Paris: Activities Associated to Migratory Temporalities and Housing
    Los gitanos rumanos en la región parisina: movilizaciones asociativas bajo el prisma de las temporalidades migratorias y de la vivienda
    Ryzlène Dahhan
    Relations interethniques dans un espace urbain ségrégué. Une étude de cas de l’insertion des Roms dans un marché à la périphérie de #Nice [Résumé | Accès restreint]
    Interethnic Relations in a Segregated Urban Space. A Case Study of the Integration of Roma in a Marketplace on the Outskirts of Nice
    Relaciones interétnicas en un espacio urbano segregado. Un estudio de caso acerca de la inserción de los roma en un mercado de la periferia de Niza
    Norah Benarrosh-Orsoni
    Phones, Small Talk and Disputes. Transnational Communications and Community Cohesion among Roma Migrants in the Outskirts of Paris [Résumé | Accès restreint]
    #Téléphones, petites conversations et disputes. Communications transnationales et cohésion communautaire chez les migrants roms en banlieue parisienne
    Teléfonos, chismes y conflictos. Comunicaciones transnacionales y cohesión comunitaria entre los migrantes roma en los barrios periféricos de París


    http://remi.revues.org/7549
    #Roms #migrations #Roumanie #revue #UE #Europe #EU #ségrégation #Italie #Paris

  • Faire taire les fausses rumeurs sur la nouvelle orthographe (GQMNF)
    http://www.gqmnf.org/NouvelleOrthographe_FaussesRumeurs.html

    On a depuis toujours écrit nénufar : ce n’est qu’en 1935 qu’une erreur a été enregistrée dans le Dictionnaire de l’Académie française : on a cru à tort que ce mot était d’origine grecque et on a alors écrit nénuphar. Les rectifications viennent réparer cette erreur humaine de 1935. Par respect de son étymologie, on redonne aujourd’hui à nénufar la graphie qu’il avait en 1900, en 1800, en 1700… C’est le seul mot en français dont le ph a été rectifié en f récemment. Aucun autre ph n’a été touché.

    Donc le buzz est relancé sur une réforme de l’orthographe qui date de 26 ans déjà, une réforme émanant d’un groupe de gauchistes ultraviolents : l’Académie Française.
    Je vous épargne les multiples articles de presse sur la survie ou non de l’accent circonflexe et les commentaires nostalgiques, élitistes, apocalyptiques et péremptoires qui les accompagnent.

    Outre l’article mentionné ci-dessus, on pourra se référer aux livres d’Alain Rey comme par exemple :
    L’Amour du français : contre les puristes et autres censeurs de la langue, Denoël, 2007

    Ou encore jeter un œil à :
    RENOUVO (Réseau pour la nouvelle orthographe du français)
    http://www.renouvo.org/introduction.php

    #éducation #orthographe #réforme #accent_circonflexe

    [Edit : je corrige suite au message du Monolecte, c’est 26 ans et non 16. Comme le temps passe…]

  • Le mot de l’année 2015

    À l’occasion du Festival du Mot, une liste de 11 mots sélectionnés par Alain Rey, Président honoraire, est soumise au vote du Jury* du Festival et au #vote du Public, en association avec France Inter, France Télévisions, TV5MONDE et 20 Minutes. A cette liste, s’ajoute le Mot élu par 5 500 Collégiens et des Lycéens de la Nièvre : LIBERTÉ (D’EXPRESSION) à partir d’une liste établie par les élèves de 10 établissements du département.

    Liste des mots soumis au vote pour 2015 :

    abstention
    binôme
    caricature
    crispation
    Daesch
    frondeur
    intégrisme
    laïcité
    lâcheté
    réchauffement
    zadiste.

    formulaire de vote en ligne :
    http://www.motdelannee.fr/vote2015.php

    #mot #2015

    • « l’aberration » avec deux R, c’est pas parce que c’est la journée de la femme et que la femme a moins accès à l’instruction qu’on peut tout se permettre hein !

      (et paf :D orthograffkiller spotted ! mais en vrai je suis gentil hein !)

      D’ailleurs, en parlant d’orthographe c’est quand qu’on arrête avec la fameuse règle du « masculin l’emporte sur le féminin » ?

      Je crois qu’Alain Rey avait fait une étude (vieux souvenir de fac) sur la misogynie dans la langue française, je me souviens particulièrement de l’exemple frappant : un homme fort / une femme forte.

    • Désolé pour mon orthographe, j’essaye de faire attention, mais je sais que ça ne se voie pas trop. Le correcteur automatique bosse dur avec moi, me lire sans lui te ferais saigner des yeux ^^. J’ai toujours trouvé que la langue française était misogyne, en CE2 je dégainait déjà mes intentions procédurales sur la règle du masculin l’emporte. :)

  • Tsiganes et Voyageurs : identité, rapport au voyage, économie, éducation et rapport à l’école dans le contexte de la société contemporaine
    http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00089314

    HAL-SHS : : [halshs-00089314, version 1]

    par Alain Reyniers
    Anthropologue, université Louvain-La-Neuve (Belgique)
    Directeur de la revue Etudes tsiganes

    Texte intégral de la conférence donnée par Alain
    Reyniers, le 12 février 2003, dans le cadre du cycle
    de conférences organisé par le CASNAV-CAREP de
    Nancy-Metz.

    Sommaire

    – L’#identité des #Tsiganes
    – Origines et histoire des Tsiganes
    – Le rapport au voyage : #nomadisme et #sédentarisation
    – L’économie tsigane
    – Discussion (extrait ) : rapport au savoir et rapport à la scolarisation