person:alain vigneron

  • Un homme est mort, une classe joue sa survie | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/homme-est-mort-classe-joue-sa-survie

    Le parcours d’Alain Vigneron exprime bien les promotions sociales que ce type de grande industrie a permis : entré dans le monde du travail à quatorze ans, notamment chez un sous-traitant de la sidérurgie, il rejoint Cockerill Sambre passé l’âge de trente ans. Il y fait une carrière ascendante en passant par tous les postes de contrôle automatique des engins avant de devenir brigadier (équivalent chef d’équipe), le rang le plus élevé de la hiérarchie ouvrière. De loin, on ne mesure pas le déplacement social opéré, on ne voit pas les compétences qu’exigent une telle carrière. La sidérurgie apparaît à tort comme une industrie désuète, mais elle est le siège d’une très grande technicité, plus grande que la plupart des industries dites de pointe. Les postes que cet ouvrier a successivement occupés au laminoir demandent le contrôle de très nombreux réglages automatiques, une connaissance fine de la gamme des tôles réalisées et un savoir-faire délicat dans l’ajustement au collectif de travail. Ses collègues attestent de ses savoir-faire et de l’implication de cet homme de métier dans son activité. Ou comme le dit sa fille lors des funérailles : « Tu avais de l’or dans les mains et l’amour du travail bien 
fait (…). Pour toi, le travail était si important ». Cette carrière demande des efforts très importants, parfois au détriment de la vie en dehors de l’usine, notamment pour suivre les formations de jour comme en cours du soir (en soudure dans ce cas). Cela répond également à un message porté par la direction de l’entreprise qui exigeait un investissement très important de la main-d’œuvre, présentée comme un « capital humain » en période de croissance de la demande. Pour ceux qui s’étaient engagés pour faire tourner les usines et qui sont réduits aujourd’hui à un coût économique, la volte-face de la direction est radicale et très violente. Leur désarroi est d’autant plus grand qu’ils ont souvent cru aux messages des pouvoirs publics wallons (dirigés par une coalition entre social-démocrate et centristes) qui laissaient entendre, comme pour Florange, au portage public de structures industrielles, d’autant que les expertises qu’ils avaient commandées à des consultants concluaient à la possibilité économique du maintien de l’activité sidérurgique dans la région. Ce qui est remis en cause avec ces fermetures, ce ne sont pas seulement des emplois, c’est aussi un engagement et une intelligence du travail acquise après l’école qui rapproche l’activité des ouvriers de celle des métiers de classe moyenne (les techniciens), voire de classe supérieure (les ingénieurs). En proposant bien souvent de reclasser ces ouvriers dans des secteurs peu qualifiés et précaires, comme la manutention – puisque c’est souvent ce que les cellules de reclassement ou les agences d’intérim leur proposent –, on ne fait pas que déplacer des travailleurs. On transforme radicalement le groupe en le réduisant à sa force physique de travail. On participe à accentuer les rapports de domination dans la société et à dénier la capacité à des groupes dominés de sortir du rôle de l’exécutant.

    #Arcelor_Mittal #Full_Mittal_Racket

    à rapprocher de http://seenthis.net/messages/192300

  • Un homme est #mort, une #classe joue sa survie | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/homme-est-mort-classe-joue-sa-survie

    Le parcours d’Alain Vigneron exprime bien les promotions sociales que ce type de grande industrie a permis : entré dans le monde du travail à quatorze ans, notamment chez un sous-traitant de la sidérurgie, il rejoint Cockerill Sambre passé l’âge de trente ans. Il y fait une carrière ascendante en passant par tous les postes de contrôle automatique des engins avant de devenir brigadier (équivalent chef d’équipe), le rang le plus élevé de la hiérarchie ouvrière. De loin, on ne mesure pas le déplacement social opéré, on ne voit pas les compétences qu’exigent une telle carrière. La sidérurgie apparaît à tort comme une industrie désuète, mais elle est le siège d’une très grande technicité, plus grande que la plupart des industries dites de pointe. Les postes que cet ouvrier a successivement occupés au laminoir demandent le contrôle de très nombreux réglages automatiques, une connaissance fine de la gamme des tôles réalisées et un savoir-faire délicat dans l’ajustement au collectif de travail. Ses collègues attestent de ses savoir-faire et de l’implication de cet homme de métier dans son activité. Ou comme le dit sa fille lors des funérailles : « Tu avais de l’or dans les mains et l’amour du #travail bien 
fait (…). Pour toi, le travail était si important ».

  • Un ouvrier d’Arcelor se suicide : « M. Mittal, merci d’avoir tout détruit » - RTBF Regions
    http://www.rtbf.be/info/regions/detail_un-ouvrier-d-arcelor-se-suicide-m-mittal-merci-d-avoir-tout-detruit?id=8

    Il s’appelait Alain Vigneron, il avait 45 ans. Il était brigadier, reponsable de production au laminoir de Chertal. Il s’est pendu, samedi dernier. Et, dans la lettre d’adieu qu’il a adressée à ses proches, et à son délégué syndical, il explique les raisons de son geste. Un texte qui suscite une vive émotion, et qui met en cause et le groupe ArcelorMittal, et les gouvernements.

    "Chère famille, je vous dis mes derniers mots.

    Je veux que vous respectiez ma femme et ma fille. Elles n’y sont pour rien. Je les ai fait souffrir énormément à cause de mon boulot pour monsieur Mittal. Il m’a tout pris, mon emploi, ma famille. Combien de familles va-t-il encore détruire ? Moi je n’en peux plus de ce milliardaire. Vous savez, je me bats depuis 31 ans pour avoir un petit quelque chose et voilà, je vais perdre mon emploi et combien de familles vont le perdre, monsieur Mittal ?

    Cher gouvernement, allez vous enfin sauver les milliers d’emplois des familles qui en valent la peine ?

    #ouvrier
    #Arcelor
    #suicide
    #Mittal
    #destruction