person:alberto toscano

  • Dans le dernier paragraphe de "Transition et tragédie" Toscano Insiste sur quelque chose qui me semble bien pertinent je le reproduit ici plus bas. Ce qui me fait dire que dans pas mal de lieux (type NNDDL et autres...) se joue sans tapage mais avec beaucoup de détermination cette fameuse transition que relève ce texte. Cela mérite que nous y soyons particulièrement attentif

    "... Un point d’appui possible pour commencer à penser la transition concrètement serait de prendre en considération le phénomène crucial de ce que l’on pourrait appeler une sorte de double biopouvoir – c’est à dire la tentative collective de s’approprier politiquement des aspects de la reproduction sociale que l’État et le capital ont abandonnés ou rendus insupportablement excluants, qu’il s’agisse de logement ou de médecine par exemple. Ces aspects – qui sont aussi, d’ailleurs, des sites privilégiés pour toute réforme non-réformiste que l’on pourrait proposer à l’heure actuelle – sont les principales bases sur lesquelles s’organisent les mouvements populaires qui obtiennent des succès aujourd’hui, que ce soit sous le signe du progrès ou de la réaction. Ce sont également les pivots d’une pensée du démantèlement des formations sociales et rapports sociaux capitalistes qui ne prenne pas pour préalable une rupture politique dans les opérations de pouvoir, qui n’attende pas « le jour d’après », la prise ou l’« évaporation » de l’appareil répressif. Alors qu’on pourrait en faire une lecture modeste, en termes d’amélioration de la vie quotidienne, je pense que les expériences – violemment réprimées – des Black Panthers dans le domaine de la santé en direction du « lumpen » noir (cette terminologie était la leur) en sont un exemple, et leur conception de l’auto-défense n’a pas perdu sa pertinence dans notre temps. A mesure que nous commençons à voir des « dualités » spatiales et temporelles dans le domaine de la reproduction sociale, et la formation de collectivités à travers ces dualités, dans la grande irrégularité temporelle et spatiale de la crise, nous pouvons également commencer à nous demander lesquelles de ces expériences peuvent être propagées ou élevées à une échelle supérieure – pas dans le fantasme de la sécession, ni dans l’illusion que le post-capitalisme soit réellement possible dès maintenant, mais comme autant de façons d’enraciner le besoin de défaire les relations capitalistes dans l’expérience réelle (quoique partielle), dans le but de limiter les pouvoirs du capitalisme et de donner une nouvelle utilité à son (à notre) travail mort. Le réalisme d’une conception « tragique » de la transition sera alors indispensable, surtout lorsque l’affirmation d’un modèle différent de reproduction sociale se confrontera, sous des formes explicitement politiques, à la nécessité pour le capitalisme de se reproduire.

    • Transition et tragédie, Alberto Toscano
      http://revueperiode.net/transition-et-tragedie

      Parler de transition, en ces temps d’émeutes qui sont également des temps de stagnation, de réaction, de contre-révolutions-sans-révolutions, est presque une affaire de mauvais goût, un peu comme, pour reprendre la vieille expression situationniste, parler avec des cadavres dans la bouche. Non seulement la discussion paraît déplacée, dans l’espace et le temps, étant donné le rapport de forces global, mais toutes les principales variantes de ce que l’on pourrait appeler une « orientation communiste » dans la pensée politique semblent fondées sur le rejet de la transition ; un rejet valant pour tous les éléments qui composent ce concept.

      Le temps de la transition, compris en termes d’étapes se succédant de façon linéaire. L’espace de la transition, qu’il s’agisse d’une commune, d’un État, d’une enclave ou d’une zone. La forme politique et la subjectivité de la transition, incarnées par le parti et les institutions afférentes. À la négation, ou la déclaration d’obsolescence de ces éléments, s’ajoute un rejet plus large de la philosophie « progressiste » de l’histoire qui sous-tend l’image classique de la transition, établissant une analogie entre institution et destitution du capitalisme, révolution bourgeoise et révolution prolétarienne.

      Il serait relativement aisé, quoique futile peut-être, de plonger dans le désordre des archives des révolutions réelles, pour montrer comment ce stéréotype héroïque de la transition fut ouvertement dénoncé par ses partisans supposés, pour ses liens trop ténus avec la pratique révolutionnaire réelle. Ironie de l’histoire, dans certaines niches exiguës de l’extrême-gauche, on astique encore les idoles de Lénine pour mieux ignorer comment la pratique politique a rompu, en diverses circonstances, avec presque tous les éléments de la logique linéaire de la transition – en sautant des étapes réputées nécessaires, en reconnaissant la disparition sociologique de la classe ouvrière qu’elle devait représenter, en rétablissant partiellement le capitalisme après l’avoir démantelé de façon accélérée dans le communisme de guerre, et ainsi de suite.

      #communisme #transition

  • Transition et tragédie, #Alberto_Toscano | Période
    http://revueperiode.net/transition-et-tragedie

    La #transition a mauvaise presse. Si le communisme est à nouveau prononçable, ce n’est plus le nom du passage vers une société sans classes et sans État, mais seulement celui du projet générique de l’émancipation. Alberto Toscano revient sur la difficulté actuelle à penser la transition, après les catastrophes du 20e siècle et à la veille de catastrophes annoncées. Il est temps de penser la transition sous la forme tragique qui est la sienne. C’est là la grande leçon à tirer de l’expérience #communiste si l’on veut conserver un sens pratique à l’émancipation.

    (double) #biopouvoir #reproduction

  • Le fantasme de l’abstraction réelle
    http://revueperiode.net/le-fantasme-de-labstraction-reelle

    La critique marxienne de l’économie politique est souvent réduite à une critique de l’exploitation. Mais Le Capital de Marx propose un projet plus ambitieux : analyser les abstractions qui gouvernent nos conduites. Dans cet article, Alberto Toscano propose une synthèse des différentes interprétations du thème de « l’abstraction réelle » proposée dans le marxisme. Qu’il s’agisse de dégager, avec #Sohn-Rethel, les conditions sociales de la pensée, de déterminer, avec Althusser le statut de la science marxiste, d’exposer, avec #Finelli l’autodéploiement du capital ou d’isoler, avec #Virno, les transformation contemporaines du procès de production, l’abstraction réelle ne désigne jamais une simple illusion : elle indique l’existence, dans les rapports d’échange et de production, d’une « pensée antérieure et (...)

    #Uncategorized #abstraction_réelle #Adorno

    • L’article fournit de bonnes bases pour appréhender la coupure épistémologique introduite par Marx avec la notion d’abstraction réelle (même si lui-même emploie peu le terme : la catégorie en question se déduit plutôt des catégories plus fondamentales auxquelles Marx a rendu leur caractère historiquement et socialement situé : valeur, travail, marchandise..., avec leur forme bifide spécifique)

      Mais l’article fait aussi encore la part belle à l’abstraction comme processus (historique), alors qu’une approche plus féconde à mon avis est celle de l’abstraction comme catégorie du capital pleinement développé. Dans ce cas, l’abstraction réelle est une catégorie logique et non plus historique : Elle permet de comprendre le « fonctionnement » du capital (et de reconstituer le lien avec les phénomènes apparents que le sujet moderne prend pour des évidences), pas directement d’expliquer son avènement à partir d’un ressort trans-historique (impasse méthodologique notamment reconduite par Althusser, mais aussi Adorno, Sohn-Rethel...)

      Cela permet d’éviter deux écueils

      1) brandir le concret comme pole positif à revendiquer en tant que tel face à l’abstraction : le concret est un pole constitutif de la dynamique capitaliste (dialectique concret/abstrait) en ce qu’il est le support de son déploiement, son appui nécessaire, un pis-aller qui ne peut malgré tout pas être contourné sans que la dynamique s’évapore par là même. Le concret est un contenu particulier qui se développe « sous contrainte » de la dynamique du capital. A ce titre, le concret est tout aussi critiquable et doit être critiqué (ex : l’appareil industriel)

      2) chercher dans le passé l’événement déclencheur, la source, la bifurcation qui nous fait rentrer dans le capitalisme. Il n’y a pas d’origine en soi, seulement des conditions propices successives au cours desquelles les alternatives n’ont pas été sélectionnées. Le constat de ce qui est advenu trouve une explication dans le résultat. Le développement du capitalisme s’explique avec ses catégories propres, pas avec des catégories pré-capitalistes ou trans-historiques ("L’anatomie de l’homme est la clé de l’anatomie du singe" disait Marx). L’histoire du capital n’est ni contingente ni déterministe mais contradictoire, et c’est la raison même pour laquelle on peut envisager d’en sortir un jour (et que cela ne se fera pas seulement par hasard, par pure volonté ou par automatisme).

  • Cartographies of the Absolute: new book | Open Geography

    https://opengeography.wordpress.com/2015/05/31/cartographies-of-the-absolute-new-book

    A fascinating new book by Alberto Toscano and Jeff Kinkle. From the blurb:

    Can capital be seen? Cartographies of the Absolute surveys the disparate answers to this question offered by artists, film-makers, writers and theorists over the past few decades. It zones in on the crises of representation that have accompanied the enduring crisis of capitalism, foregrounding the production of new visions and artefacts that wrestle with the vastness, invisibility and complexity of the abstractions that rule our lives.

    #cartographie #visualisation #alberto_toscano

  • Chrono-cartography of the Paris Commune

    By Miri Davidson / 18 May 2015

    http://www.versobooks.com/blogs/2001-chrono-cartography-of-the-paris-commune

    For Marx, the greatest achievement of the Paris Commune was its “actual working existence”, and we should certainly not exclude its geographical organisation and defensive arcitecture from this category. Ahead of Kristin Ross’ discussion with Alberto Toscano at Goldsmiths tonight on the political imaginary of the Paris Commune, we share a series of maps created by Leopold Lambert detailing the shifting architecture of the Commune over time. You can download a high-resolution version of the map here.

    #cartographie #paris #histoire #commune #bibliographie

  • Marxisme et fanatisme. Entretien avec Alberto Toscano (Contretemps)
    http://www.contretemps.eu/interviews/marxisme-fanatisme-entretien-alberto-toscano

    Dans cette histoire, je crois que le moment-clef de la genèse d’une matrice discursive ou idéologique sur (c’est-à-dire contre) le fanatisme, on peut l’identifier avec la réponse de certains philosophes à la Révolution française. Dans le livre, c’est la figure d’Edmond Burke qui est retenue, et surtout son texte de 1790, Reflections on the Revolution in France, qui tient ce rôle tout à fait fondateur pour ce qui est du discours sur le fanatisme. Au point que Burke reste une référence constante, jusque dans des textes contemporains, comme ceux de John Gray, en Angleterre (sur les utopies apocalyptiques, ce type de textes qui cherchent à établir des analogies entre l’extrémisme de la révolution française, les utopies communistes, et les mouvements islamiques contemporains.)