person:alexis jenni

  • Les contrôles d’identité au faciès - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Les-controles-d-identite-au-facies

    Le qualificatif de suspect ne doit pas être entendu au sens strictement policier du terme : il s’agit ici d’un doute proprement politique sur la légitimité de la présence ou de la condition juridique de certaines personnes. Le romancier Alexis Jenni l’exprime de façon particulièrement claire dans L’art français de la guerre, déjà cité en exergue de cet article :

    « L’agent qui contrôle l’identité se moque bien du contenu, de déchiffrer l’écriture, de lire les noms : le contrôle d’identité est un enchaînement de gestes, toujours les mêmes (…) Il suit une logique circulaire : on vérifie l’identité de ceux dont on vérifie l’identité, et la vérification confirme que ceux-là dont on vérifie l’identité font bien partie de ceux dont on la vérifie. Le contrôle est un geste, une main sur l’épaule, le rappel physique de l’ordre ».

    Il ne faudrait cependant pas croire que cette logique circulaire tournerait à vide et n’aurait d’autres sens que la légitimation policière. « Dans un pays comme la France, qui a au fil de l’évolution du droit de la nationalité, érigé la carte d’identité comme symbole fort de l’appartenance à la communauté nationale, le contrôle d’identité (…) mobilise le sentiment d’appartenance, la légitimité d’appartenance à la communauté nationale, et ce de manière publique puisque le contrôle est effectué devant les passants » rappellent Fabien Jobard et René Lévy [16].

    Les contrôles d’identité ont ainsi une fonction, bien plus politique que strictement policière. Exiger de quelqu’un qu’il s’exécute suite à une injonction discrétionnaire et imposer qu’il justifie de son identité est une manière de nier l’évidence et la légitimité de sa présence et de sa condition. En empruntant au vocabulaire du sociologue Harold Garfinkel, nous sommes bien ici en présence de « cérémonies de dégradation [17] ».

    Par le dispositif policier du contrôle, il s’agit de dévaloriser l’identité sociale et politique de personnes que les discriminations et les stigmatisations empêchent de pleinement faire valoir leurs droits. Ce que les jeunes contrôlés qualifient d’humiliation, de manque de respect et de défaut de reconnaissance s’ancre dans la longue histoire des relations entre la police française et certains « citoyens diminués ». Pendant la guerre d’indépendance algérienne, des policiers parisiens déchiraient régulièrement les papiers présentés par les « Français musulmans » qu’ils contrôlaient. Au-delà des conséquences pratiques générées par ces gestes (impossibilité de circuler, conduites au poste, voire internements administratifs…), il s’agissait avant tout de nier leur appartenance à une communauté française considérée comme simplement « de papiers », quand bien même elle était défendue militairement au sud de la Méditerranée.

  • « La race n’existe pas, mais elle tue »
    Vacarme
    http://www.vacarme.org/article2736.html

    « La race n’existe pas mais elle tue. » Effet sans cause, irréelle réalité, la race est le produit prématuré d’un insatiable besoin de classement. « La race a la simplicité des grandes folies, de celles qu’il est simple de partager car elles sont le bruit de nos rouages quand plus rien ne les dirige. », écrit Alexis Jenni dans L’art français de la guerre (2011). Penser la race, c’est toujours opérer la pensée raciale, en dénuder le mécanisme primaire. La comprendre, c’est déjà reconnaître qu’elle opère.

  • Quelques #citations sur la #race tirées de « L’art français de la guerre » d’Alexis Jenni, paru en 2011.

    La race n’existe pas. Elle existe suffisamment pour qu’une gare flambe, et que des centaines de personnes qui n’avaient rien en commun s’organisent par couleurs. Noirs, bruns, blancs, bleus. (…) (p. 214)

    Avec qui puis-je parler ? De qui descends-je ? De qui puis-je dire que je tiens ?
    J’ai besoin de la race.
    La race a la simplicité des grandes folies, de celles qu’il est simple de partager car elles sont le bruit de nos rouages quand plus rien ne les dirige. Laissée à elle-même, la pensée produit la race ; car la pensée classe, machinalement. La race sait me parler de mon être. La ressemblance est mon idée la plus simple, je la quémande sur les visages, j’explore le mien à tâtons. La race est une méthode de classement des êtres. (p. 216)

    La race n’existe pas, mais la réalité ne lui donne jamais tort. Notre esprit la suggère sans cesse ; cette idée-là revient toujours. (p. 217)

    Je ne sais pas de quel peuple je descends. Mais peu importe, n’est-ce pas ?
    Car il n’est pas de race. N’est-ce pas ?
    Elles n’existent pas ces figures qui se battent.
    Notre vie est bien plus paisible. N’est-ce pas ?
    Nous sommes bien tous les mêmes. N’est-ce pas ?
    Ne vivons-nous pas ensemble ?
    N’est-ce pas ?
    Répondez-moi. (p. 226)

    La race n’existe pas, mais elle est une identité effective. Dans la société sans classes, dans la société moléculaire livrée à l’agitation, tous contre tous, la race est l’idée visible qui permet le contrôle. La ressemblance, confondue avec l’identité, permet le maintien de l’ordre. (p. 231)

  • Gallimard : le dernier Goncourt corrigé par la communauté pirate [MAJ x4] | eBouquin
    http://www.ebouquin.fr/2011/11/13/gallimard-le-dernier-goncourt-corrige-par-la-communaute-pirate

    On connaissait le très bon travail de certains teams de pirates sur la qualité de leurs fichiers EPUB (ou Mobipocket) et sur les corrections effectuées avant la mise en ligne. Visiblement, la pratique n’est pas la même chez Gallimard qui vend un fichier avec des coquilles. Et pas n’importe quel livre : le dernier Goncourt, L’art français de la guerre d’Alexis Jenni.

    • Il faut lire le billet de la team Alexandriz : http://www.teamalexandriz.org/un-pave-dans-la-mare-correction-2 (le gras est de moi)

      Quelques précisions et corrections :

      Les corrections n’ont pas été effectuées spécialement pour le livre d’Alexis Jenni. Nous effectuons ces corrections et vérifications pour tous nos ebooks.

      [...]

      Pour le cas présent (Goncourt), toutes ces fautes ont été trouvées via le banal correcteur orthographique de Word (logiciel non professionnel accessible à tous). Seul le point mal placé ne « sonne » pas et a été trouvé par macro (CheckBook).

      [...]

      Mais la plupart des ebooks commerciaux que nous traitons sont dans le même cas, et L’art français de la guerre s’en tire même plutôt bien par rapport à d’autres.

      [...]

      En tant que client de ces maisons d’édition, et en tant que lecteurs numériques, nous appuyons tous les blogueurs qui ont souligné le prix excessif pratiqué par certaines maisons d’édition ainsi que le frein et surtaxe de prix qu’imposent les DRM à l’achat des clients et au développement d’une offre légale viable (toutes autres industries culturelles : musique, vidéo, ayant d’ores et déjà arrêté ces pratiques qui nuisent aux consommateurs et n’empêchent pas le piratage).

      [...]

      Les lecteurs numériques aimeraient aussi pouvoir bénéficier de leur droit à la copie privée (taxe qu’ils paient sur leurs supports numériques : clé USB, disque dur, etc.) et pouvoir acheter une œuvre au lieu d’un support (papier, format numérique), les obligeant à racheter cette œuvre pourtant déjà payée s’ils souhaitent changer de support.

      Les DRM, quant à elles n’empêchent absolument pas le piratage, gonflent anormalement le prix d’achat, brident les utilisateurs de leurs usages normaux d’un livre (changement de support, rachat en cas de changement de matériel, prêt, etc.) et éventuellement les empêchent de corriger les erreurs présentes.