person:alfred de vigny

  • Le big data face à ses premiers accidents industriels
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/03/20/le-big-data-face-a-ses-premiers-accidents-industriels_5273627_3234.html

    Passante tuée par une voiture autonome Uber, fuite massive de données d’utilisateurs de Facebook… Deux accidents industriels qui arrivent à point nommé pour infléchir le destin d’une technologie, explique Philippe Escande, éditorialiste au « Monde ». Le numérique compte ses victimes. Cette semaine, une voiture autonome Uber a causé la mort d’une passante aux Etats-Unis, tandis que l’on apprend qu’une entreprise britannique a siphonné à des fins politiques les données personnelles d’une cinquantaine de (...)

    #Facebook #Uber #algorithme #élections #manipulation #BigData #électeurs

    • Le numérique compte ses victimes. Cette semaine, une voiture autonome Uber a causé la mort d’une passante aux Etats-Unis, tandis que l’on apprend qu’une entreprise britannique a siphonné à des fins politiques les données personnelles d’une cinquantaine de millions de citoyens américains.

      Bien sûr, la marche du progrès, comme celle de l’histoire, s’accompagne toujours de martyrs. Et repose à chaque fois la question de son utilité. Le 8 mai 1842, le tout jeune train Paris-Versailles déraille à Meudon. On dénombre plus d’une centaine de victimes, dont l’explorateur Dumont d’Urville. La presse s’enflamme contre le train et Alfred de Vigny évoque « le sacrifice horrible fait à l’industrie ». La sécurité a été renforcée et le train a repris sa route à toute vapeur.

      Un modèle remis en cause

      Parfois pourtant, les accidents industriels arrivent à point nommé pour infléchir le destin d’une technologie. La catastrophe de Fukushima a provoqué un reflux mondial du nucléaire civil dans le monde entier, tandis que le scandale du dieselgate a sonné le glas, à terme, de la propulsion diesel dans les automobiles. Dans ces deux exemples, la défiance s’était installée, que ce soit pour des raisons économiques ou d’acceptation sociétale.

      Le cas d’Uber relève plus de l’exemple ferroviaire. L’essor de la voiture autonome semble suivre les rails du progrès, comme le train au XIXe siècle, quelles qu’en soient les conséquences à brève échéance.

      L’histoire de Facebook est différente car elle interroge à la fois une pratique et un modèle économique dont les fondements pourraient bien être remis en cause. Tout d’abord parce qu’elle concerne une industrie de réseau, ce qui potentiellement lui donne un pouvoir dévastateur.

      Un chercheur britannique obtient le consentement de 270 000 utilisateurs Facebook pour passer un test psychologique. Ce faisant, il aspire en même temps les données sur les « amis » de ces cobayes volontaires. Comme chaque usager possède en moyenne environ 200 amis sur Facebook, il se retrouve à la tête des données concernant près de 50 millions d’Américains. Informations qu’il a ensuite cédées à une entreprise « amie », qui les a utilisées à des fins politiques.

      Question de confiance

      Aucun piratage dans l’affaire : jusqu’en 2014 les conditions d’utilisation du réseau social stipulaient que l’accord d’un usager permettait d’accéder également aux données de ses amis sans avoir l’accord de ces derniers.

      Facebook a modifié ses règles et a demandé la destruction des données, ce qui n’a pas été fait. Le problème est que le modèle même d’un réseau social gratuit repose sur l’exploitation commerciale des données personnelles de ses membres. Il ne peut prendre de mesures draconiennes sans altérer la source de ses revenus.

      De plus, son existence repose sur la confiance. Lorsque celle-ci est brisée, le consommateur se fait vite volage et méfiant, comme on l’a vu dans le cas du diesel. L’étau se resserre, notamment en Europe, autour des usages débridés du « big data » et Facebook est en première ligne.

  • Ecriture inclusive : c’est la panique à l’Académie française - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20171027.OBS6605/ecriture-inclusive-c-est-la-panique-a-l-academie-francaise.html

    Tous les hommes un peu réveillés, ces jours-ci, sont en train de rembobiner le film de leur vie d’homme. De tenter de comprendre comment ils ont pu si longtemps prêter la main, être complices, et dans le meilleur des cas rester indifférents, trouver anecdotiques, tolérables, des comportements masculins qui provoquaient tant de souffrance.

    Comment ils ont pu rester prisonniers de phrases comme : "de toutes manières, les actrices ont toujours dû coucher pour décrocher les rôles". Ou bien : "quand elles disent non, ça veut dire oui".

    Ce genre de phrases, on est en train de réaliser qu’on nous les a mises dans la tête. On n’est pas né.e.s. avec. Combien sommes-nous, à réaliser en ce moment que nous avons été prisonniers de notre regard d’hommes, et d’une vaste narration collective exclusivement construite par les hommes ?

  • Du serial lover au serial rapist ; comprendre la sexualité pour comprendre les violences sexuelles - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2017/10/17/violences-sexuelles

    Pourtant tout nous prouve, dans la construction de la sexualité occidentale, que le sexe entre hommes et femmes est traversé de rapports de pouvoir, de violence, de domination et d’abus. « Baiser quelqu’un » désigne à la fois le fait de pénétrer une femme (une femme ne baise pas les hommes dans le langage courant, elle est baisée) et le fait de piéger quelqu’un. Dans une société où le sexe ne serait que source de plaisirs et de joies, « se faire baiser » devrait être synonyme d’une situation très agréable. On dirait alors : « ah je suis allée au restaurant, j’ai très bien mangé, j’ai bien été baisée » pour qualifier son contentement. Or, non « se faire baiser » est synonyme d’une situation où l’on s’est fait avoir, où l’on se sent un peu ridicule, d’où rien de positif ne ressort. Le langage familier autour du sexe est lui aussi synonyme de violences, blessures, chasse, meurtre : baiser, défoncer, percer, trouer, casser les pattes arrières, bourriner, défoncer, déglinguer, etc. Les métaphores autour de la sodomie sont l’archétype de moments très désagréables ; ainsi les syndicats persistent, à chaque manifestation, à les employer pour qualifier des mesures jugées mauvaises. Encore une fois, si vraiment la sexualité était une pratique dénuée de rapports de pouvoir et de violence, pourquoi la pénétration qui en constitue une part importante, est-elle systématiquement synonyme d’événements négatifs ?

    Guillaume Erner, hier sur France Inter, s’émouvait du fait qu’on puisse établir un continuum entre violences sexuelles et drague lourde. J’irai plus loin. Il y a un continuum entre la sexualité, au moins hétérosexuelle, et les violences sexuelles. Les réactions négatives aux témoignages de violences sexuelles en sont d’ailleurs un bon indice. Beaucoup d’hommes et de femmes sont totalement incapables de percevoir que ce qui pose problème dans les violences sexuelles est le non consentement de la victime. Comment le pourraient-ils ? Est-il tellement pris en compte dans ce qu’on appelle le sexe consenti ? Regardez des séries, regardez des films, lisez ! Constatez le nombre de fois où l’on sent les femmes totalement consentantes aux actes sexuels. Ils sont peu nombreux. Constatez les fois où leur non consentement nous est présenté comme excitant et prélude à une sacrée bonne baise.

    • Il faut étudier par le prisme féminisme et les rapports de genre, la sexualité. Si les violences sexuelles étaient si a-normales, si éloignées de la sexualité consentie qu’on le dit, je prétends qu’elles ne seraient pas si nombreuses. Les violences sexuelles sont perçues comme du sexe, non pas consenti car on l’aura compris le consentement ne compte pas vraiment dans la sexualité (et c’est bien ce qu’il faudrait questionner), mais comme du sexe quand même. Il ne s’agit pas de parler de « zone grise » qui est du langage de prédateur pour justifier les violences sexuelles mais bien de continuum entre la sexualité et les violences sexuelles. C’est à ce prix que nous ferons diminuer les violences sexuelles ; en détricotant ce qui constitue la sexualité, en s’attardant sur ses « évidences ». Bien évidemment, nous serons - mais c’est déjà le cas - traitées de mal baisées et de vouloir mettre à mal les fondements de la société occidentale (ce qui ne sera pas tout à fait faux).

    • oui j’ai vu mais comme dit Crèpe Georgette (et Dworkin) la sexualité patriarcale est toxique et joue sur le viol, le non consentement, la violence. Je dit pas ca pour te dédouane de tes actes, mais au moins tu as l’air de pas fuir le problème ou de l’évacué sur un autre groupe (haute-bougeoisie, arabes/musulmans beaufs...).

      Tu me fait pensé à une phrase d’Alfred de Vigny que j’aime beaucoup :

      Après avoir étudié la condition des femmes dans tous les temps et dans tous les pays, je suis arrivé à la conclusion qu’au lieu de leur dire bonjour, on devrait leur demander pardon.