person:amin maalouf

  • Ziad Doueiri, réalisateur de “L’Insulte”, en lutte contre les tabous du Liban - Cinéma - Télérama.fr
    http://www.telerama.fr/cinema/ziad-doueiri,-realisateur-de-linsulte,-en-lutte-contre-les-tabous-du-liban,

    A côté de cet article "mesuré", publié à la date du 31 janvier, on trouve dans la version papier et sous la même signature ("propos recueillis par Jacques Morice") des propos répugnants, à commencer par le surf (assez maladroit) entre antisionisme et antisémitisme. Comme cela ne figure pas sur internet, je cite in extenso ce qui mérite le détour :

    LE LIBAN EST-IL MINE PAR L’ANTISEMITISME ?

    Un vent de censure semble souffler sur la création au Liban. De plus en plus d’artistes ont du mal à y montrer leurs oeuvres pour la seule raison qu’ils ont travaillé avec des Israéliens. Le réalisateur de L’Insulte fait même face à la justice militaire.

    A mon retour de la Mostra de Venise, où l’Insulte a été primé, j’ai été arrêté à Beyrouth. J’ai dû comparaître devant un tributnal militaire, après la plainte dune personne liée au BDS (Boycott, désinvestissements et sanctions). Le BDS, soutenu par Roger Waters et Ken Loach, c’est ce groupe de pression issu de la société civile palestinienne qui veille à interdire tous ceux qui se sont rendus en Israël. Leur méthode est fasciste. L’écrivain Amin Maalouf et le metteur en scène Wajdi Mouawwad ont du mal à revenir à Beyrouth parce qu’ils ont parlé ou travaillé avec des Israéliens. Pentagon Papers vient d’être retiré de l’affiche parce que Sielberg est juif ! Que se passe-t-il ? Le Liban n’a jamais été un pays antisémite... Heureusement, L’Insulte est sori au Liban, où il a très bien marché, mais il est interdit en Palestine et en Jordanie. C’est d’autant plus triste que l’acteur palestinien Kamel el-Basha a remporté le prix d’interprétation à Venise. Une première dans l’histoire de la Palestine.! Mes parents sont des musulmans laïcs qui ont toujours été propalestiniens. Pour L’Attentat, l’ai voulu donner une voix aux deux parties, arabe et israélienne. J’ai fait pareil sur L’Insulte, avec un réfugié palestinien et un chrétien libanais ? En levant un coin du voile sur un autre tabou. Si tout le monde connaît le massacre de civils palestiniens dans le camp de Sabra et Chatila en 1982, beaucoup ignorent celui de Damour, où plus de cinq cents civils chrétiens ont été assassinés en 1976. Je me souviens très bien que, dans ma famille, on l’avait presque célébré. Avec le recul, cela fait froid dans le dos.

    #antisémitisme #antisionisme #BDS #palestine #fakenews

  • Sentiment d’appartenance et territoires identitaires | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2006-4-page-298.htm

    « À ceux qui me demandent d’où je viens, j’explique donc patiemment que je suis né au Liban, que j’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, que l’arabe est ma langue maternelle, que c’est d’abord en traduction arabe que j’ai découvert Dumas et Dickens et ‘Les Voyages de Gulliver’, et que c’est dans mon village de la montagne, le village de mes ancêtres, que j’ai connu mes premières joies d’enfant et entendu certaines histoires dont j’allais m’inspirer plus tard dans mes romans. Comment pourrais-je l’oublier ? Comment pourrais-je m’en détacher ? Mais d’un autre côté, je vis depuis vingt-deux ans sur la terre de France, je bois son eau et son bon vin, mes mains caressent chaque jour ses vieilles pierres, j’écris mes livres dans sa langue, jamais plus elle ne sera pour moi une terre étrangère. Moitié français, donc et moitié libanais ? Pas du tout ! L’identité ne se compartimente pas, elle ne se répartit ni par moitiés, ni par tiers, ni par plages cloisonnées. Je n’ai pas plusieurs identités, j’en ai une seule faite de tous les éléments qui l’ont façonnée, selon un ‘dosage’ particulier qui n’est jamais le même d’une personne à l’autre. ».
    Amin Maalouf, 1998

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    Le sentiment d’appartenance à un territoire figure parmi la multitude des référents identitaires potentiels que sont l’appartenance sociale, religieuse, familiale, professionnelle, etc. Cette composante n’est pas nécessairement présente dans le registre identitaire et, si c’est le cas, elle n’est pas forcément mise en avant par les individus. Si certaines personnes se définissent plus volontiers par leur appartenance géographique, d’autres mettent en avant leur situation familiale, leur métier, etc. La place accordée aux différentes appartenances, leur hiérarchie, constitue l’identité de chacun. Loin d’être donnée une fois pour toutes, l’identité se modifie et évolue tout au long de la vie : selon les contextes et les moments du cycle de vie, certaines appartenances sont mises en avant, d’autres écartées momentanément ou durablement, parfois même occultées. C’est la manière de chacun d’agencer ces différentes composantes qui confère à l’identité son caractère unique. « En considérant séparément ces deux éléments de mon identité (le fait d’être arabe et chrétien), je me sens proche, soit par la langue, soit par la religion, d’une bonne moitié de l’humanité ; en prenant ces deux mêmes critères simultanément, je me retrouve confronté à ma spécificité. » (Maalouf, 1998).

  • Le musée Sursock tourne le dos à la #francophonie - Sibylle RIZK - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/949003/le-musee-sursock-tourne-le-dos-a-la-francophonie.html

    Beyrouth s’enorgueillit à juste titre de l’inauguration du nouveau musée Sursock, magnifiquement rénové, appelé à devenir l’un des cœurs de la culture libanaise. Mais le nouvel établissement a délibérément choisi de tourner le dos à un pan entier de cette culture : la francophonie. Au prétexte que « l’anglais domine désormais », c’est la langue de Shakespeare qui côtoie l’arabe dans toute la signalétique du musée ainsi que dans les expositions permanentes. Le français fait une brève incursion sur la plaque d’inauguration du musée datant d’avant-guerre et dans l’une des premières expositions temporaires, sur l’histoire de Beyrouth. Et c’est tout.

    Est-ce un combat d’arrière-garde de s’en offusquer ? À quoi bon dans ce cas continuer de lire en français dans ce quotidien ? À quoi bon nous, journalistes et éditeurs en français, nous battons-nous pour continuer de faire vivre cette langue et toutes les valeurs, la culture, la structure de pensée qu’elle véhicule ?

    Le choix du musée est d’autant plus incompréhensible que le président de son comité, l’ancien ministre Tarek Mitri, la directrice Zeina Arida, la directrice adjointe Elsa Hokayem, l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, son partenaire libanais Jacques Aboukhaled, et j’en passe, sont tous bien entendu francophones ; de même que la municipalité de Beyrouth (à qui Nicolas Sursock a légué sa demeure pour en faire un musée) : la ville appartient à l’association des mairies francophones.
    La francophonie a pourtant depuis longtemps déjà abandonné la défense de la seule langue française au profit de la diversité culturelle. Un combat que le Liban, pays symbole des diversités – pas seulement linguistique – devrait être le premier à mener car il en va de son existence même. Il ne s’agit donc pas de réclamer le français à la place de l’anglais, mais de s’indigner de l’éradication pure et simple de la langue d’Amin Maalouf.

    Sibylle RIZK
    Rédactrice en chef du Commerce du Levant

  • Pour lutter contre le racisme, déconstruire les identités - Idées - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-brice-couturier-pour-lutter-contre-le-racisme

    Le sociologue Jean-Claude Kaufmann (Identités, la bombe à retardement), comme l’économiste Amartya Sen (Identité et Violence), ou l’écrivain Amin Maalouf (Les identités meurtrières), ne cessent de nous mettre en garde : la manie identitaire contemporaine a engendré de nouvelles formes d’ethnocentrisme, qui prennent des formes différentes du vieux racisme biologique, mais qui n’en sont pas moins explosives.

    #identités #racisme

  • L’intégralité du discours d’Amin Maalouf à l’Académie française | À La Une | L’Orient-Le Jour

    http://bit.ly/M6LYUz

    (...)

    Après les roulements de tambours, les roulements de langue !
     
    Cet accent, vous ne l’entendez pas souvent dans cette enceinte. Ou, pour être précis, vous ne l’entendez plus. Car, vous le savez, ce léger roulement qui, dans la France d’aujourd’hui, tend à disparaître a longtemps été la norme. N’est-ce pas ainsi que s’exprimaient La Bruyère, Racine et Richelieu, Louis XIII et Louis XIV, Mazarin bien sûr, et avant eux, avant l’Académie, Rabelais, Ronsard et Rutebeuf ? Ce roulement ne vous vient donc pas du Liban, il vous en revient. Mes ancêtres ne l’ont pas inventé, ils l’ont seulement conservé, pour l’avoir entendu de la bouche de vos ancêtres, et quelquefois aussi sur la langue de vos prédécesseurs. Qui furent nombreux à nous rendre visite - Volney, Lamartine ou Barrès (...)

  • Discours de réception d’Amin Maalouf à l’Académie française

    http://www.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20120614/1718788_57bc_af-discours-maalouf1406.pdf

    Quand on a le privilège d’être reçu au sein d’une famille comme la vôtre, on n’arrive pas les mains vides. Et si on est l’invité levantin que je suis, on arrive même les bras chargés. Par gratitude envers la France comme envers le Liban, j’apporterai avec moi tout ce que mes deux patries m’ont donné : mes origines, mes langues, mon accent, mes convictions, mes doutes, et plus que tout peut-être mes rêves d’harmonie, de progrès et de coexistence.
    Ces rêves sont aujourd’hui malmenés. Un mur s’élève en Méditerranée entre les univers culturels dont je me réclame. Ce mur, je n’ai pas l’intention de l’enjamber pour passer d’une rive à l’autre. Ce mur de la détestation − entre Européens et Africains, entre Occident et Islam, entre Juifs et Arabes −, mon ambition est de le saper, et de contribuer à le démolir. Telle a toujours été ma raison de vivre, ma raison d’écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie. Sous l’ombre protectrice de nos aînés. Sous le regard lucide de Lévi-Strauss.