Pourtant... si le but du dominant est de perpétuer sa domination, il a tout intérêt à la rendre invisible, naturelle, à l’institutionnaliser. Et d’effacer aussi les classes, de nier leur existence. Le discours explicite (dans le cadre du patriarcat) n’est pas « les hommes ont gagné, ce sont les plus forts, soyons fiers d’être des hommes, des gagnants » mais plutôt « la société est très bien comme ça, tout le monde est heureux, il n’y a vraiment aucune raison de parler de rapports de force, d’ailleurs les femmes sont des hommes comme les autres (ou presque) ». La classe dominante devient hégémonique, crée un discours qui nie les rapports de domination entre classes, qui nie les classes... et donc cette classe dominante disparait ! Du moins dans le champ de vision de ses membres. Elle cesse d’être une classe « pour soi », elle devient « la norme, le point de référence » (on passe de « le masculin l’emporte sur le féminin » #rapportdeforce à « le masculin est le neutre » #hégémonie). Les réactions #notallmen consistent à ramener le problème au niveau des comportements individuels ("je ne me comporte pas comme ça, donc je ne suis pas un dominant"), ne pas reconnaître (ou comprendre) les rapports de classe et comment celles-ci sont intériorisées, à quel point leur reproduction est inconsciente. Ces réactions, elles peuvent même être comprises comme des distanciations (maladroites) de la part de certains de ces hommes, du fait qu’ils ne se considèrent pas membre d’une classe masculine oppressive, et même qu’ils ne perçoivent pas l’existence des classes. Ce que je veux dire en fait, c’est que je pense que ces réactions que tu cites ne sont pas tant des « défense de classe » que l’expression du malaise devant un discours qui rompt totalement avec leur vision de la société. Ce n’est même pas le refus de se faire assigner à une classe d’oppresseur... c’est le refus de voir et de comprendre la société en matière de classe et d’oppression. Tu me disais toi-même « les hommes comme classe sociale ça a vraiment du mal à être intégré par les mecs ». Ceux qui défendent le système ne sont pas nécessairement conscient de défendre une classe, ils n’ont pas besoin d’en être conscients pour le défendre. Je pense que c’est un trait de l’hégémonie, du succès de la domination y compris sur les dominants. Et c’est ce qui explique que des dominés peuvent tout à fait se retrouver à défendre la domination, à la justifier, à nier leur oppression. Ce pavé est beaucoup trop long parce que je n’arrive plus à revenir à la ligne dans les commentaires, désolé.