person:angel llovera

  • Gaffe à la charge de l’éléphant par François Maliet
    http://cqfd-journal.org/Gaffe-a-la-charge-de-l-Elephant

    « Ce sont des mercenaires, leur boîte s’appelle Escort sécurité », grince un ouvrier en désignant les gros bras qui gardent l’entrée de l’usine. En ce jeudi 5 avril, il faut montrer patte blanche à quatre gorilles arborant un brassard rouge pour pénétrer sur le site. Malgré tout, l’ambiance est plutôt décontractée, même si les gars et les filles de Fralib savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’un mauvais coup de leur direction. En novembre dernier, Angel Llovera, le taulier de la boîte, s’est pointé avec une vingtaine de vigiles pour prendre possession des lieux, en bousculant quelques salariés au passage. Depuis, le matin, « il vient au bureau accompagné de ses gardes du corps, comme un président ou comme un… grand voyou ! », persifle un des gars.

    Depuis septembre 2010, cette usine de Gémenos (Bouches-du-Rhône) qui conditionnait thés et infusions aromatisés des marques Éléphant et Lipton, est le théâtre d’une longue guerre d’usure. D’un côté le propriétaire, la multinationale Unilever – Lipton, donc, mais aussi Sun, Dove, Signal, Cif, Amora… –, qui a décidé de fermer le site pour raisons économiques, et de délocaliser la production à Bruxelles (Belgique) et Katowice (Pologne). « Unilever affirme que nous ne sommes pas assez compétitifs, que nous coûtons trop cher. Mais ils ont organisé notre surcapacité en nous retirant des produits. Et Unilever, en 2010 et 2011, est largement bénéficiaire ! » explique Gérard Cazorla. Lui, il est secrétaire du Comité d’établissement (CE), dans le camp d’en face, celui des cent trois salariés [1] qui tiennent la dragée haute au géant de l’industrie agro-alimentaire depuis plus d’un an et demi. Par deux fois, la justice leur a donné raison en retoquant les plans sociaux successifs de la direction. Ils attendent le rendu du troisième procès le 20 avril prochain, mais, pour le moment, les licenciements sont annulés. « Nous ne travaillons plus– il n’y a pas de matière première ! – mais nous touchons toujours nos salaires », précise l’un d’eux.