person:anna boschetti

  • Tristes tropismes À propos d’Anna Boschetti, Ismes. Du #réalisme au #postmodernisme.
    http://zilsel.hypotheses.org/1693

    L’accumulation des « ismes » dans les domaines savants, au même titre que l’« effet logie »[1] ou bien encore l’omniprésence actuelle des « studies » presse à un travail réflexif des chercheurs en sciences sociales ­– et, sans doute également, des philosophes, des historiens de l’art et des spécialistes en études littéraires – sur la genèse des représentations sociales des savoirs et des catégories de pensée qui leur sont associées et qui sont acceptées comme des éléments de classification allant de soi, en quelque sorte pseudo-évidents et unitaires. Bien entendu, ces exemples marqueurs ne sont pas identiques et ne peuvent se confondre ; ils partagent néanmoins comme propriété commune, au-delà de signifier un tropisme académique, d’être des notions-concepts vagues permettant à certains acteurs ou collectifs d’acteurs de surfer dessus pour se faire un nom (et tout ce qui va avec). Ces marqueurs sont proches mais non identiques puisque, comme il va en être question dans cette recension du dernier ouvrage d’Anna Boschetti, les « ismes » ont existé et demeurent en dehors des champs académiques et scientifiques, contrairement aux « logies » et aux « studies » (parmi d’autres envisageables), qui produisent leur petit effet d’attraction par ailleurs.
    Dans son dernier ouvrage, la sociologue des intellectuels et de la culture entend rompre avec toutes ces habitudes de pensée savantes qui consistent – par séduction ?, par mimétisme ?, par paresse ? – à confondre les catégories d’analyse et autres formes de classification avec les objets d’étude, tout autant qu’à concevoir leur développement global suivant des « mouvements » successifs (p. 6), comme si elles naissaient, murissaient, se diffusaient et déclinaient naturellement – ce faisant, une génération en remplace une autre.

    #épistémologie

  • Tristes tropismes | Zilsel
    http://zilsel.hypotheses.org/1693

    L’accumulation des « ismes » dans les domaines savants, au même titre que l’« effet logie »[1] ou bien encore l’omniprésence actuelle des « studies » presse à un travail réflexif des chercheurs en sciences sociales ­– et, sans doute également, des philosophes, des historiens de l’art et des spécialistes en études littéraires – sur la genèse des représentations sociales des savoirs et des catégories de pensée qui leur sont associées et qui sont acceptées comme des éléments de classification allant de soi, en quelque sorte pseudo-évidents et unitaires. Bien entendu, ces exemples marqueurs ne sont pas identiques et ne peuvent se confondre ; ils partagent néanmoins comme propriété commune, au-delà de signifier un tropisme académique, d’être des notions-concepts vagues permettant à certains acteurs ou collectifs d’acteurs de surfer dessus pour se faire un nom (et tout ce qui va avec). Ces marqueurs sont proches mais non identiques puisque, comme il va en être question dans cette recension du dernier ouvrage d’Anna Boschetti, les « ismes » ont existé et demeurent en dehors des champs académiques et scientifiques, contrairement aux « logies » et aux « studies » (parmi d’autres envisageables), qui produisent leur petit effet d’attraction par ailleurs.

    Dans son dernier ouvrage, la sociologue des intellectuels et de la culture entend rompre avec toutes ces habitudes de pensée savantes qui consistent – par séduction ?, par mimétisme ?, par paresse ? – à confondre les catégories d’analyse et autres formes de classification avec les objets d’étude, tout autant qu’à concevoir leur développement global suivant des « mouvements » successifs (p. 6), comme si elles naissaient, murissaient, se diffusaient et déclinaient naturellement – ce faisant, une génération en remplace une autre. Cette insatisfaction apparaît d’ailleurs dans la structure de la publication, à la fois sobre et ambitieuse. Composée de cinq chapitres (« romantisme », « avant-gardisme », « existentialisme », « structuralisme » et « postmodernisme ») de prime abord distincts mais entretenant cependant certains rapports d’affinité, cette structure exprime la volonté de l’auteure de s’émanciper des routines de la casuistique qui s’exerce dans les études littéraires et en sciences sociales. Ce sont toutes ces sortes d’habitudes consistant à les traiter suivant le format d’une simple juxtaposition, vis-à-vis de laquelle la confrontation et la comparaison ne sont pas pensées, ou bien à insister exagérément sur une forme de continuité qui laisse supposer une causalité établie (i.e. tel concept est le produit ou a été nécessairement généré par tel autre). Anna Boschetti ne cache pas que cet attachement à l’émancipation de la fausse alternative continuiste/discontinuiste trouve sa source dans les travaux sur l’art de Pierre Bourdieu, tout particulièrement au travers de la notion de « révolution symbolique ». Il y a chez tous les deux une même attention portée à la cumulativité des pratiques, des représentations et des savoirs, qui se distingue de l’emploi à toutes les sauces du concept de « paradigme » de Thomas Kuhn. De la même façon, elle rejette l’antinomie supposée dans l’étude des concepts des approches internaliste et externaliste. Pour tout dire, l’auteure emprunte toute sa méthodologie et sa terminologie à Bourdieu (celui des Règles de l’art et du cours sur Manet), jugeant par exemple insuffisante la sémantique historique (Geschichtliche Grundbegriffe) portée par Reinhart Koselleck (insuffisante en quoi, ce n’est pas très clair…) et le cadre théorique des « mondes de l’art » de Howard Becker, pas assez puissant selon elle, car il réduit les rapports sociaux à un simple processus de coopération entre acteurs agents individuels sans hiérarchies et facteurs de lutte apparents (p. 11).

    Ainsi donc, il est question d’habitus et de champs, d’espace des possibles, d’économie des biens symboliques, mais aussi de dispositions, de trajectoires, de classements, d’intérêts, de concurrence…